i
Faits saillants
n La crise des infrastructures va bien au-delà du problème de sous-investissement chronique
dans l’entretien des routes ou de celui de la congestion. Elle dévoile les limites d’un paradigme
sociétal dominant qui arrive à la n de sa vie utile.
n La modernisation des infrastructures qui a été réalisée dans l’après-guerre a été pensée et mise
en œuvre dans le cadre d’un paradigme bien précis: celui du «modèle fordiste-providentialiste».
n Au Québec, la Révolution tranquille sera l’entrée de plain-pied dans ce processus accéléré
de modernisation politique, économique et social. On voit se mettre en place des infrastructures
modernes: de 1950 à 1965, les budgets de dépenses des ministères des Transports et de la Voirie
augmentent de plus de 400% en termes réels.
n Les années1960 seront celles du lancement et de l’achèvement des autoroutes10, 15, 20
et 40, des deux autoroutes vers les États américains ainsi que de la construction des grands échan-
geurs. De 1960 à 1965, la part occupée par les dépenses en immobilisations dans le budget du
ministère de la Voirie passe de 56% à 72%.
n Les années70 sont celles des chantiers du pont Pierre-Laporte et des autoroutes13, 440,
640 et 740. On termine la construction de la 40 et on commence celle des autoroutes25 et 30, qui
doivent permettre de contourner le trac du cœur de l’île de Montréal, mais qui ne seront nale-
ment terminées que dans les années2010.
n Ce qu’on appellera la «crise du fordisme» viendra mettre un terme à cette croissance sans
limites. Le secteur des transports sera le plus aecté par les compressions budgétaires du début
des années1980. Au total, un fossé de 1,9 milliard $ sépare l’année1975 de l’année1998, soit
une baisse de 62%. Ce qui conduit à la crise actuelle des infrastructures: le Conseil du trésor
estime que le Québec a cumulé un décit d’entretien à hauteur de 27 milliards $, en date de 2007.
Seulement 53% des ponts québécois étaient en bon état en 2005, comparativement à 68% en
Ontario et à 75% aux États-Unis.
n Les transports représentent par ailleurs autour de 16,5% des dépenses de consommation
nale des ménages québécois en 2012, une augmentation de plus de deux points de pourcentage
par rapport à 1981. Le carburant représente un fardeau nancier grandissant pour les ménages
québécois alors que les dépenses en carburant sont passées de 20% à 30% des dépenses en trans-
ports depuis dix ans.
n C’est en 1993 que le nombre de véhicules automobiles a dépassé le nombre de titulaires de
permis de conduire pour la première fois. Depuis, le ratio n’a jamais cessé de grimper et en 2012,
on comptait 117 véhicules pour 100 titulaires de permis. Les enquêtes O-D de la région métro-
politaine de Montréal montrent que le taux de motorisation des ménages est passé de 106 à 123
voitures par 100 ménages entre 1987 et 2008. Par ailleurs, l’automobile est le mode de transport le
plus utilisé en période de pointe du matin. Celle-ci servait pour 55% des déplacements en 1987
et 64% en 2003.