
Question 254. Insuffisance respiratoire chronique
Module 12. Uro-Néphro-Pneumologie.
Service des maladies respiratoires et allergiques (Service Pr Lebargy)
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− Les maladies neuro-musculaires diffuses sont très
diverses. Elles regroupent les maladies
dégénératives de la corne antérieure de la moelle
(sclérose latérale amyotrophique en particulier) et
les myopathies pour la plupart de nature génétique.
Chaque étiologie imprime ses nuances au tableau
clinique et évolutif.
La sclérose latérale amyotrophique est une maladie
de l’adulte. Elles se traduit au début par une
faiblesse musculaire. Les fasciculations et
l’amyotrophie des muscles de la main et de la langue
sont évocateurs. Ultérieurement le déficit musculaire
s’étend aux autres groupes musculaires : l’atteinte
des muscles respiratoires conduit en quelques mois
ou quelques années à une insuffisance respiratoire.
L’atteinte des nerfs crâniens est responsable de
troubles de déglutition à l’origine de fausses routes
alimentaires précipitant les complications
respiratoires
Les myopathies sont d’évolution plus insidieuse et
débutent en général dans l’enfance. La plus
fréquente est la dystrophie musculaire de Duchenne
de Boulogne. Elle atteint les enfants de sexe
masculin. Les premiers signes apparaissent vers
l’âge de 2 à 3 ans, la marche est perdue entre 10 et
12 ans et les troubles respiratoires surviennent à
partir de l’âge de 12 ans. En l’absence de traitement,
le décès par insuffisance respiratoire ou cardiaque
survient vers l’âge de 20 ans.
Le syndrome hypoventilation-obésité (SHO) (+++)
• Définition : insuffisance respiratoire chronique
hypercapnique (PaCO2 > 45 mm Hg) survenant
chez un patient obèse (IMC > 30kg/m2) en dehors
de toute autre pathologie. En cas de BPCO
associée, on parle de syndrome de chevauchement
("overlap" syndrome). Fréquence : 30% chez les
sujets ayant un IMC > 35 kg/m2 et 50% chez ceux
ayant un IMC > 50kg/m2. Chez les obèses, la
mortalité est plus élevée en cas d'hypercanie.
• Physiopathologie : la masse graisseuse provoque
une augmentation de charge et donc de travail
respiratoire. Or les muscles ne sont pas capables de
compenser cette augmentation de charge car la
masse graisseuse (notamment la masse abdominale
en position couchée) entraîne des modifications
géométriques du diaphragme. Il en résulte une
altération de la fonction des muscles respiratoires
et une hypoventilation ()
L'augmentation de la masse graisseuse entraîne une
augmentation de production de leptine par le tissu
adipeux (la leptine théoriquement exerce une
activation du centre de la satiété conduisant à la
réduction de la prise alimentaire). Chez le rat obèse
génétiquement modifié pour la leptine (ob-/ob-)
(ces rats ne produisent pas de leptine et sont
obèses), on voit apparaître une hypoventilation
alvéolaire ( PaCO2). L'administration de leptine
exogène corrige l'hypoventilation alvéolaire en
stimulant les centres respiratoires. On peut donc
déduire de ce modèle expérimental que chez le
sujet obèse, il existe d'une part une résistance des
chémorécepteurs à la leptine (les taux sériques de
leptine sont élevés mais ne corrigent pas
l'hypoventilation) et d'autre part une diminution de
la sensibilité des chémorécepteurs à la PaCO2 ()
• Le traitement fait appel à des mesures diététiques
associées à une prise en charge psychologique, le
traitement des facteurs de risques associés (arrêt du
tabac, équilibre du diabète, traitement de
l'hypertension artérielle…) et une ventilation non
invasive habituellement à deux niveaux de pression.
Les atteintes pleurales
Elles sont moins fréquentes actuellement. Elles
correspondent à des séquelles étendues de pleurésies
infectieuses ou d’hémothorax. L’épaississement et la
rigidité de la plèvre entraînent une gêne à l’expansion
pulmonaire lors de l’inspiration dont témoigne le
syndrome restrictif identifié par les explorations
fonctionnelles respiratoires.
Les atteintes pulmonaires
Elles sont représentées par les fibroses pulmonaires.
Selon l’étiologie incriminée, on distingue
• les fibroses secondaires : elles peuvent être d’origine
iatrogène (traitement par amiodarone, antiseptique
urinaire, chimiothérapies anticancéreuses ou
radiothérapie) ou secondaires à une exposition
professionnelle à l’amiante. Enfin certaines fibroses
sont associées à des maladies de système (polyarthrite
rhumatoïde, sclérodermie…)
• les fibroses primitives ou idiopathiques sans cause
identifiée. Elles surviennent entre 50 et 60 ans, avec une
prédominance masculine. Le premier symptôme est une
toux sèche, quinteuse résistant au traitement.
Progressivement le tableau se complète par une dyspnée
d’effort s’aggravant en quelques années. Le scanner
thoracique permet d’affirmer le diagnostic en montrant
une rétraction pulmonaire et un épaississement des
espaces interstitiels. L’évolution se fait vers
l’aggravation du syndrome restrictif et la majoration de
l’hypoxémie d’effort puis de repos. La médiane de
survie est en moyenne de 5 ans à partir du diagnostic.
LES TRAITEMENTS
INSTRUMENTAUX DE L’I R C
L’oxygénothérapie de longue durée (OLD)
Généralités
L’oxygénothérapie consiste à enrichir l’air inspiré en
oxygène afin de corriger l’hypoxémie. Le bénéfice de
l’OLD a été démontré et résumé dans le tableau 3
Les sources d’oxygène
Il existe 3 grandes sources d’oxygène : l’oxygène
gazeux, le concentrateur et l’oxygène liquide.
• L’oxygène gazeux est comprimé à 200 bars dans
un
cylindre en fonte ou en aluminium (encore appelé
bouteille ou obus). La contenance des obus est de 0,4, 1
et 3 m3. L’autonomie en oxygène dépend de la