QUELQUES EXTRAITS DE PRESSE
A propos d’Afropéennes
Eva Doumbia travaille sur les formes hybrides, au précipité
chimique instable, des formes qui mêlent théâtre,
chant et musique live selon un dispositif de cabaret où
le spectateur est invité à partager le jeu…L’esthétique
du plateau chez Eva Doumbia est une esthétique du
désordre de l’éclatement, une dispersion qui dit l’état
diasporique des corps…De cette instabilité qui peut
donner l’illusion de l’improvisation et de l’inachevé nait
une esthétique qui joue du réel comme la caméra de
Cassavetes dans Shadows… — Sylvie Chalaye Africultures
Quel nouveau regard sur la « France noire », quel virage
important que le nouveau spectacle d’Eva Doumbia,
Afropéennes ! La rencontre entre l’animatrice de la
compagnie La Part du pauvre et l’œuvre de l’auteure franco-
camerounaise Léonora Miano s’avère capitale. De deux
livres de cet écrivain, Blues pour Elise et Femme in a City,
Eva Doumbia a tiré une sorte de cabaret chahuteur et sans
barrières, qui prend à contrepied les stéréotypes entourant
les communautés black et leurs images médiatiques. Voilà
les femmes des classes moyennes, cultivées, soucieuses
de leur réussite, de leur beauté, de leur plaisir, en butte
avec le racisme sournois de l’administration et des patrons
mais aussi incomprises des hommes de leur entourage.
Trop belles, trop rebelles, trop libres ! Trop en avance dans
un monde en retard sur la conscience de ses mutations.
Six actrices et un acteur jouent ces rebonds de la parole et
cette danse libératoires d’une manière aussi amusée que
vitale. Moins un pamphlet qu’une mise en lumière, qu’un
éclairage enfin neuf et vibrant. — Gilles Costaz
A propos de « Moi et mon cheveu, cabaret capillaire »
…Ce Cabaret capillaire enchante les sens et éveille les
consciences. On lui tresserait bien des louanges si l’on
ne craignait que l’hommage ne soit un brin tiré par les
cheveux. — Fabienne Arvers
D’approche pédagogique et jamais moralisatrice ou
culpabilisante, la force du spectacle et de ne laisser
personne sur le bord, ni le Blanc qui ne connaît pas l’univers
des salons de coiffure de Château Rouge et le phénomène
que dissimule savamment le monde de l’esthétique afro
pour laisser croire à la réalité de ces chevelures ondoyantes
qui ne sont que postiche et artifice, ni la jeune femme
noire qui n’imagine même pas d’abandonner le défrisage.
Éva Doumbia aborde le propos sur un autre terrain que
celui de l’esthétique et de l’élégance, elle en fait un vrai
sujet anthropologique et métaphysique : le cheveu est le fil
vivant de la mémoire.
Le propos n’est jamais didactique ou dénonciateur, aucune
violence, mais Éva Doumbia nous donne de quoi écarquiller
les yeux des plus aveugles et des plus insensibles, tout en
s’amusant, car les comédiennes, les danseuses, danseur,
chanteurs, chanteuses et musiciens déploient une maestria
et une énergie qui emporte le spectateur. Et quand Éva
Doumbia ose, elle ne fait pas les choses à moitié.
Le plateau d’Éva Doumbia est un tissage, qui travaille les
racines, qui tresse les souvenirs d’enfance, les complexes
d’adolescence, les inhibitions de femme, un tissage qui
raconte le métissage autrement. Il n’y a pas de pays métis,
mais il y a un territoire du corps où s’écrit une histoire
nouvelle à partager — Sylvie Chalaye – Africultures
A propos de « Primitifs »
…Du rire franc au malaise palpable, Primitifs montre du
doigt le racisme qui se cache aussi bien derrière un sourire
débonnaire que des cuisses entrouvertes….Réflexion
commune, sensibilité d’acteurs (noirs, blancs, métis),
improvisation personnelle et mise en scène libre sont autant
de formes par lesquelles la pièce, inspirée de La fin d’un
primitif de Chester Himes, encourage le questionnement
permanent de notre rapport à l’autre et la remise en
question de nos valeurs. Une façon efficace d’aborder
les tenants et les aboutissants des rapports humains,
dans leur violence et leur détresse… » — Jennifer Luby
A propos de « J’aime ce pays »
La plus belle découverte de cette production c’est Eva
Doumbia – une toute jeune femme a peine sortie de la
fameuse unité nomade conduite par Josyanne Horville en
marge du conservatoire….C’est un travail qui…préfigure
bien ce que fera demain cette artiste intelligente…
— Armelle Héliot – Le Figaro
Il faut voir ce spectacle, véritablement engagé au
meilleur sens du terme : Cassandre répète depuis des
années que l’efficacité politique de l’art c’est l’efficacité
artistique. Le travail D’Eva Doumbia en est un exemple…
— Valérie de St Do — Cassandre
A propos de « Cancer Positif 2 « (d’après Edward Bond)
Lorsque je suis allé aux Bernardines, pour Cancer positif
2, un Maison d’arrêt ivoirien monté par Eva Doumbia,
jeune femme normande et africaine plus qu’à moitié
imprégnée de culture et d’imaginaire mandingue, je
n’attendais pas ça. Je redoutais un collage maladroit à la
mode très courue d’un mièvre et paresseux « métissage
culturel », une tentative artificielle de relier deux univers
opposés dont les codes ne correspondent pas, n’échangent
que dans le malentendu, ou ne se rencontrent que sous
forme de domination (néo) coloniale. Mais Eva Doumbia
le vit de l’intérieur ce déchirement, cet arrachement aux
valeurs sacrées, elle le vit en elle et en montre avec Bond
les ravages jusqu’à la moelle d’une Afrique déboussolée
qui, lorsqu’elle perd les pédales, n’a rien à envier à nos
fabriques de mort urbaine…. Mis en scène dans un contexte
africain désolé par la colonisation, ce texte qui décrit les
affres d’une Europe à bout de souffle, déploie et multiplie
sa signification en devenant un témoignage universel sur
la destruction des repères d’échange entre les êtres, sur
le meurtre identitaire, ce qu’Aminata Traoré nomme le
« viol de l’imaginaire ». La voix et le corps de l’Afrique
ancestrale, son adresse familière à l’autre, ses mélodies,
ses chants profonds, son chœur naïf et populaire, font
sonner ce texte accusateur comme une oraison funèbre
et comme une ouverture à la vie, par la beauté jamais
perdue. Un travail en mouvement, très dense, qui ne vise
aucune perfection esthétique, une bande de comédiens
très impliqués, engagés dans l’aventure, qui s’adressent
à nous et nous secouent — Nicolas Roméas – Cassandre