SONGS FOR MY BRAIN 11-10-13

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 SONGS FOR MY BRAIN SONGS FOR MY BRAIN Conception : Joachim Latarjet et Alexandra Fleischer Mise en scène et musique : Joachim Latarjet Distribution: Alexandra Fleischer, Hillary Keegin, Joachim Latarjet, David Stanley, Alexandre Théry Assistant à la mise en scène : Yann Richard Vidéo : Alexandre Gavras Lumières et régie générale : Léandre Garcia Lamolla Son : Tom Menigault Coproduction : Création et résidence, Les Subsistances, 2013, résidence LE CENTQUATRE-­‐Paris. Avec l'aide à la production de la DRAC Ile-­‐de-­‐France, le soutien de la Villa Gillet-­‐Lyon/Walls and Bridges-­‐New York, le studio Beau Labo-­‐Montreuil. Remerciements à la revue Eclair www.ohoui.org Conduite accompagnée Tel : 01 47 00 02 34 – 15, passage de la Main d’Or 75011 Paris Christine Tournecuillert – Tel : 06 62 60 96 36 – [email protected] Mina de Suremain – Tel : 06 60 20 77 26 – [email protected]
« Songs for my brain » est une revue neurologique musicale autour des écrits du neurologue Lionel Naccache pour parler du cerveau, de notre cerveau qui a tout moment créé de la fiction… Nous croyons ce que nous voyons, il n’y a pas d’autre réalité que celle que nous percevons. Aussi étrange et mystérieuse soit-­‐elle, la réalité reste la réalité, et pour en comprendre les contours, interpréter ses signaux et vivre au plus près d’elle, nous ne pouvons nous empêcher d’élaborer des scénarios, de créer des histoires qui donneront un sens au monde. Dans la vie de tous les jours, nous parvenons à réviser nos fictions pour qu'elles épousent au mieux les contours du réel. Il est donc difficile de mettre au jour la part d'interprétation, le caractère fictionnel de nos constructions et pensées conscientes. C’est par l’étude de cas pathologiques où cette révision ne peut pas avoir lieu que Lionel Naccache va mettre au jour cette fictionnalisation. Avec Songs for my brain, il ne s’agira pas de reconstituer au théâtre une série d’expériences spectaculaires menées sur des personnes atteintes de troubles neurologiques. Si ces histoires sont racontées, c’est parce qu’elles mettent en évidence le travail de fiction qu’effectue à tout moment notre cerveau qui ne supporte rien moins que le trouble, le malaise et les incertitudes… Ces histoires nous serviront donc de point de départ pour un voyage sensoriel et musical, une « revue » neurologique, musicale et dansée. Comment faire ressentir aux spectateurs que ce réel que nous percevons n’est qu’un réel fictionnalisé par notre esprit, souvent à notre insu ? Que notre identité même, notre date de naissance, notre prénom, notre nom, sont déjà des fictions ? Comment rendre sensible par tous ce que vivent les patients splitbrain ? Nous jouerons des frontières entre fiction et réalité, de glissements de l’un à l’autre. Les personnages d’un film sortiront de l’écran, mais ne pourront échapper dans le monde réel aux traumatismes subis sur la pellicule, tandis que les personnages du monde réel, voulant à tout prix donner du sens à ce qu’ils vivent, seront happés par la fiction. Le médecin lui-­‐même, l’expérimentateur, ne sera peut-­‐être au fond qu’un acteur en mal de contrats. La fiction et la réalité (ou ce qui sera supposé comme telle, par convention théâtrale) se confondront pour composer un monde où l’imaginaire l’emportera. Oh ! Oui… est une compagnie de théâtre musical et ce spectacle s’appelle Songs for my brain. Il nous a semblé évident de lier le cerveau et la musique, de lier notre capacité à créer de la fiction avec la musique, d’accompagner nos fictions conscientes par de la musique. La musique est un art rare qui offre au public de se laisser porter par ses seules émotions sans essayer de donner un sens à ce qu’il ressent. Peut-­‐être parce que la sensation est tellement limpide qu’on ne se pose plus la question du sens. C’est finalement assez mystérieux et pourtant bien réel… Une perte d’équilibre généralisée, des troubles sensoriels, une multitude de scénarios voilà ce que nous voudrions partager avec le spectateur. Songs for my brain est né de la lecture du livre de Lionel Naccache Le Nouvel Inconscient. Lionel Naccache est neurologue et chercheur en neurosciences cognitives. Il étudie, avec les concepts et instruments des neurosciences cognitives – tests psychologiques, imagerie cérébrale, mesures d’influx nerveux, études cliniques de troubles mentaux – la question de la conscience de soi et du monde, autrefois envisagée par les seuls philosophes et psychologues. « Notre but, dit-­‐il, est de découvrir les bases cérébrales de la conscience. » Quand on prend conscience de quelque chose, de quoi vraiment prenons-­‐nous conscience ? On pourrait imaginer, un peu naïvement, que la prise de conscience d’une situation commence par un premier modèle purement descriptif de cette situation, puis que dans un deuxième temps, on se mettrait à interpréter consciemment cette situation, à produire des significations. En fait, dans le processus de prise de conscience, il y a prise de conscience d'un contenu qui est déjà interprété à notre insu, déjà « fictionnalisé » en quelque sorte. La perception n'est pas dissociable de l’interprétation. Nous ne sommes pas de pures caméras de vidéosurveillance du réel, nous sommes des interpréteurs du monde. L’esprit a horreur du non-­‐sens. Les travaux du psychologue Daniel Kahneman ont montré comment, même quand on ne peut pas répondre à une question, on va produire une réponse. Lionel Naccache met au jour comment notre cerveau agit de la même façon. Nous avons un irrépressible besoin de produire des significations. On fictionnalise, on produit des interprétations non pour qu’elles soient vraies mais pour faire sens pour soi. D’où le sous-­‐titre du livre de Lionel Naccache : « Freud, le Christophe Colomb des neurosciences ». En effet, il considère qu’en « inventant » l'inconscient, Freud mit à jour un rouage essentiel de notre conscience : ce besoin vital d'interpréter, de donner du sens, d'inventer à travers des constructions imaginaires. « Pour les neurosciences cognitives, le contenu de la conscience est une représentation, un travail de production d’une fiction à laquelle on croit. »
Vous regardez cette photographie. Vous vous demandez ce qu’elle représente. C’est une chambre, vous en êtes certain : il y a au centre un grand matelas. Mais que s’est-­‐il passé dans cette chambre ? Quel événement a pu causer un tel chaos? Un tremblement de terre ? Sûrement pas, le matelas est comme éventré, et seul un couteau a pu faire une telle entaille. Une querelle d’amoureux ? Mais quel déchaînement de rage a pu à ce point dévaster ainsi une chambre… Et pourquoi avoir arraché des pans de murs ? Un cambriolage alors ? Ou une guerre ?... Et puis, en regardant plus attentivement on remarque sur la partie gauche de la photo des étais qui tiennent les parois… Un décor ? Pour un film, un spectacle ? Ce décor est une fiction. Cette photo est une fiction… À moins que vous n’ayez reconnu la photographie de Jeff Wall, The destroyed room, vous n’avez pu vous empêcher de chercher des causalités, d’imaginer des événements, de créer une histoire pour donner du sens à ce que vous voyez. La production de fiction, l’interprétation se fait en amont de la prise de conscience. Cette interprétation ne requiert pas la conscience, et opère à notre insu, sans effort, sans qu’on puisse l'introspecter. Dans la vie de tous les jours, ça nous arrive constamment, mais nous révisons cette interprétation, nous avons la capacité à incorporer les autres données du monde réel et à les utiliser pour corriger nos scénarios mentaux. Une des fonctions de notre lobe frontal est d'évaluer le niveau de crédibilité d'une représentation subjective. Si ce niveau n'est pas suffisant, il la rejette pour qu'on en cherche une autre, une dynamique se met en place entre interprétation et réinterprétation. Par cette dynamique, on arrive à obtenir quelque chose qu'on décide de croire. La prise de conscience intervient quand enfin on retient une interprétation, après avoir inhibé les autres. « Tous, nous fabulons ainsi, en toute bonne foi, sans le savoir. Si l’on y prête attention, on peut pour ainsi dire « surprendre » notre cerveau en train de nous raconter des bobards. Ainsi l’autre jour : j’arrive dans mon immeuble, vois que la cage d’ascenseur est arrêtée à un étage, entends quelqu’un y entrer et commencer à descendre. Quand les portes de l’ascenseur s’ouvrent au rez-­‐de-­‐chaussée, je m’attends naturellement à voir sortir un de mes voisins. Mais ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui… (Et maintenant il faudrait préciser : l’action mentale décrite dans le paragraphe qui suit n’a occupé que quelques millièmes de secondes.) A hauteur des yeux, je ne vois rien ; déroutée, je me dis : Ah ce n’est pas un adulte mais un petit enfant ; baissant les yeux je vois que non, c’est bien une femme adulte, mais dont la tête se trouve à la hauteur de ma taille. Elle est en train de déféquer, me dis-­‐je, non, elle vient de surgir d’un passage souterrain par un trou dans le sol de l’ascenseur, me dis-­‐je, non, elle a eu besoin de s’accroupir, me dis-­‐je, pour fouiller dans son sac à la recherche d’une clé. » Nancy Huston, L’espèce fabulatrice Dans la vie de tous les jours, nous parvenons à réviser nos fictions pour qu'elles épousent au mieux les contours du réel. Il est donc difficile de mettre au jour la part d'interprétation, le caractère fictionnel de nos constructions et pensées conscientes. C’est par l’étude de cas pathologiques où cette révision ne peut pas avoir lieu que Lionel Naccache va mettre au jour cette fictionnalisation. Notre cerveau est constitué de deux hémisphères : le droit et le gauche. L’hémisphère gauche perçoit les informations venues de la partie droite du champ visuel, et vice-­‐versa. Les aires du langage sont situées dans l’hémisphère gauche tandis que l’hémisphère droit peut comprendre des mots simples, mais ne peut les prononcer. Ces deux hémisphères sont reliés l’un à l’autre. Si les deux hémisphères ne sont plus reliés l’un à l’autre, on devient splitbrain : les deux hémisphères fonctionnent indépendamment l’un de l’autre, on a en quelque sorte deux consciences indépendantes. On demande à un patient splitbrain de fixer le centre d’un écran. Le mot « PARTEZ » apparaît brièvement à la gauche de l’écran, perçu uniquement par l’hémisphère droit. Le patient se dirige alors vers la porte. Alors qu’il va sortir, le médecin demande au patient, en fait à son hémisphère gauche qui sait parler, mais qui n’a pas vu le mot « PARTEZ » : « Où allez-­‐vous ? ». Sans hésitation, le patient répond : « J’ai soif, je vais chercher à boire. » On aurait pu imaginer que l’hémisphère gauche (qui ignore la cause réelle du comportement) réponde « Je ne sais pas ». Au contraire, le voilà qui formule une fiction qui donne un sens à son propre comportement et à laquelle il croit. Nous faisons ça tout le temps, en permanence. Nous créons de la fiction pour donner du sens aux événements. Oh! Oui… c’est la rencontre d’une comédienne et d’un musicien, Alexandra Fleischer et Joachim Latarjet, un des membres fondateurs de la compagnie Sentimental Bourreau et compositeur de Solo de Philippe Decouflé. La compagnie est née de l’envie de faire des spectacles musicaux à partir de textes a priori non-­‐
théâtraux, d’utiliser les lumières, le son, la vidéo, pour élaborer des spectacles qui parlent de thèmes qui nous habitent. Sans que le théâtre ne devienne un endroit où l’on déballerait notre « petite affaire personnelle » comme dirait Deleuze, c’est le lieu où la fiction et la réalité sont intimement mêlées, où ces histoires « réelles », une fois prises en charge par la musique, les images, les corps, les voix, se transforment peu à peu en histoires rêvées ou fantasmées. La musique est omniprésente dans notre travail. Elle ne ponctue pas, elle ne décore pas, elle accompagne, elle exprime, elle raconte une histoire au même titre que le texte. La musique est structurante. Elle est comme un flux continu qui donne sa ligne au spectacle, une sorte de point fort, stable autour duquel les incertitudes, les expériences peuvent voir le jour. Nous envisageons la représentation comme un moment où le spectateur accepte de se laisser perdre et découvre l’endroit où la sensation est tellement limpide qu’il ne se pose plus la question du sens. Nous aimons utiliser le plateau comme un lieu de liberté par excellence. C’est ce qui anime notre travail car tout commence par là : le plaisir d'être ensemble sur un plateau et l’envie de faire partager ce plaisir. -­‐ 2000 : Du travail bien fait d’après H. Melville, F. Pessoa, H. Müller… Maison de L’Arbre (Montreuil) -­‐ 2002 : F. le fou, l’assassin d’après un fait divers… 1er volet d’une trilogie sur la folie 1Bis (Ivry/Seine) -­‐ 2004-­‐2011 : Oh ! Oui… d’après F. Béhar, T. Irokawa… 2ème volet d’une trilogie sur la folie Ménagerie de Verre (Paris), TILF (Paris), Théâtre de Cayenne, Confluences (Paris), La Filature-­‐scène nationale de Mulhouse -­‐ 2006-­‐2007 : HOX d’après des témoignages rassemblés par J. Rapopport, F. Béhar… 3ème volet d’une trilogie sur la folie Etrange Cargo-­‐Ménagerie de Verre (Paris), Les Intranquilles-­‐Subsistances (Lyon), Centre dramatique national de Besançon, Théâtre universitaire de Nantes, Carré des Jalles, Panta Théâtre (Caen), Mont Saint Aignan-­‐scène nationale de Petit-­‐Quevilly, Fondation Cartier (Paris) -­‐ 2007-­‐2008 : Acte V, happy end La filature-­‐scène nationale de Mulhouse, CDN & Scène nationale de Besançon, Le Carré des Jalles (Saint Médard) -­‐ 2008-­‐2012 : Charley Bowers bricoleur de génie, ciné-­‐concert La Filature-­‐scène nationale de Mulhouse, Le Manège-­‐scène nationale de Reims, le Théâtre 71-­‐scène nationale de Malakoff, Les Dominicains de Haute-­‐Alsace Guébwiller, le Vivat-­‐scène conventionnée d’Armentières, Les Tombées de la nuit (Rennes), Excentrique-­‐festival de la région Centre, La Filature-­‐
scène nationale de Mulhouse, Môm Théâtre (Rombas) -­‐ 2008-­‐2013 : Stille Nacht Subsistances (Lyon), La Filature-­‐scène nationale de Mulhouse, CDN de Besançon, l’Echangeur (Paris), Les Transversales (Verdun), The Invisible Dog Art Center dans le cadre du festival Walls & Bridges (New York) -­‐ 2008-­‐2011 : There it is! Fondation Cartier (Paris), Théâtre d’Arras, Théâtre d'Angoulème-­‐scène nationale, Le Carré-­‐Les Colonnes (Blanquefort), Journal L’Alsace en collaboration avec La Filature-­‐scène nationale de Mulhouse, Comédie de Béthune -­‐ 2009 : Ce Que Nous Vîmes La Filature-­‐scène nationale de Mulhouse, Théâtre d’Arras, Le Monfort (Paris) -­‐ 2009 : My Way (à notre façon), projet participatif avec les habitants de la Guillotière (Lyon) Ca tchache, Subsistances-­‐Lyon -­‐ 2010 : My Way. Les Subsistances-­‐Lyon, Le Carré-­‐Les Colonnes (Blanquefort), CDN de Besançon, Beaume-­‐Les-­‐Dames, La Filature (Mulhouse) -­‐ 2011-­‐2012 : Le Chant de la Terre La Filature-­‐scène nationale de Mulhouse, Le Garage/Théâtre de l’Oiseau-­‐Mouche (Roubaix), mc2-­‐
Maison de la Culture de Grenoble, L’Echangeur (Paris) -­‐ 2011-­‐2014 : Ciné-­‐concert King Kong Centre André Malraux (Hazebrouck), La Filature-­‐scène nationale de Mulhouse, Espace 1789 (Paris), Scènes Occupations (Dijon), Scène nationale de Besançon, Le Grand T (Nantes), Théâtre André Malraux (Chevilly Larue), Théâtre de Sartrouville, Maison de la musique (Nanterre), Théâtre de l’Agora (Evry), Ville de Vincennes, Le Rive Gauche (Saint Etienne du Rouvray) -­‐ 2012-­‐2014 : Songs for my brain Performance au New-­‐York Live Arts dans le cadre du festival Walls & Bridges, création Les Subsistances-­‐Lyon, Le Monfort (Paris), La Faïencerie (Creil), Le Garage/Théâtre de l’Oiseau-­‐Mouche (Roubaix) Joachim Latarjet Musicien tromboniste né en 1970, il fonde avec Alexandra Fleischer la compagnie Oh ! Oui…, et met en scène des spectacles de théâtre musical. Il a été artiste associé à La Filature, scène nationale de Mulhouse, 3 saisons, de 2008 à 2011. Il est un des membres fondateurs de la compagnie Sentimental Bourreau et a participé à toutes les créations de 1989 à 2000. Il a travaillé avec Michel Deutsch sur les Imprécations II, IV, 36. Il a composé la musique du Solo de Philippe Decouflé. Alexandra Fleischer Comédienne, Alexandra Fleischer fonde avec Joachim Latarjet la Cie Oh ! Oui… Elle participe à la conception, au montage et à l’écriture des textes des spectacles de la compagnie. Parallèlement elle continue de jouer pour d’autres metteurs en scène et chorégraphes. Au cinéma avec notamment James Huth, Nicole Garcia, Juliette Garcias... ; et au théâtre avec Lucie Nicolas, Nordine Lahlou, Pierre Cottreau et Geisha Fontaine… Hillary Keegin Comédienne new-­‐yorkaise, elle joue dans des mises en scène de Claudia Della Seta, Giovanni Savoia, Sam Buggeln, Jo Bonney, Simon Hammerstein, Jeff Cohen, Mark Wing Davey, David Esbjorson, Liviu Ciulei. Comme metteur en scène, elle monte This american lie avec la compagnie Doug Howe et Bright Room de Tony Kushner, dont elle signe aussi la traduction. Son expérience dans ce domaine s’étend à Extase et agonie de Steve Jobs de Mike Daisey (avec Eve Gollac), Non de Denis Baronnet et Sara Clifford, (Sic) de Melissa James Gibson (avec Pauline le Diset). David Stanley Comédien, il joue notamment sous la direction de Philippe Adrien, Jorge Lavelli, Gorges Weler, Jacques Bioulès, Clément Poiré, Sandra Hrzic. Au cinéma, il est l’interprète de Leos Carax, Timothy Miller, Antoine de Caunes, Emmanuel Broche… Il met en scène les pièces de Jacques Bioulés, Qui a tué le dictateur Allenc, Les fées du logis, Jérôme Pastel et Le Camp des malheureux de Thibault Fayner. Alexandre Théry Diplômé en architecture à Paris en 1996 grâce à un travail et à un film sur le thème « danse et architecture : le corps comme outil de perception du lieu architectural et urbain ». Pratique aujourd’hui les planches ou les tapis de danse des plateaux de théâtre, le sol souvent dur et lisse des centres d’art, l’asphalte rugueux des rues et des places publiques en tant que « performeur » et danseur protéiforme. Il travaille avec David Zambrano, Carlos Pez, Mark Tomkins… et participe aux spectacles de la compagnie Oh ! Oui… depuis 2008. Alexandra et Joachim se disent « Oh oui » au théâtre Monfort
Par Jean-Pierre Thibaudat | Journaliste | 19/10/2009 | 11H10
C'est l'histoire d'un grand joueur de trombone qui, un jour, rencontre une grande fille qui se trouve
jouer l'actrice. Et si on faisait des choses ensemble ? « Oh oui », disent-ils de concert. De fait, la
compagnie Oh ! Oui… présente un spectacle invraisemblable (comme les précédents) qui leur
ressemble et qui a pour titre « Ce que nous vîmes ». (Voir la vidéo)
Des mots accrochés au trombone
Elle, c'est Alexandra Fleischer. Lui c'est Joachim Latarget (un ancien de la compagnie Sentimental
bourreau). La première fois qu'on les a croisé à La Ménagerie de verre, ils étaient tous les deux. Lui,
au fond à droite, jouait du trombone et parfois de la batterie. Elle, « à la face » côté gauche, disait un
texte qu'elle avait écrit, sans doute avec lui, un beau duo assez chaud.
Cela s'appelait comment ? « Oh oui » peut-être, ou bien « Hox », les titres sont souvent aussi bizarres
que les spectacles, d'ailleurs celui-là tournait autour de la folie.
Récemment, on les a retrouvé à L'Echangeur de Bagnolet pour « Stille Nacht » (« douce nuit »). Outre
Alexandra et Joachim en robe et bas noirs (sa tenue de scène), on voyait un type sauter comme un
cabri : Alexandre Thery, un architecte qui après avoir bossé sur le thème « danse et architecture »
s'est mis à danser. On le croirait échappé d'un film de Jacques Tati, et d'ailleurs il a créé un duo
autour du cinéaste.
Le regard du silence
On voyait également le témoignage filmé de René Fleischer, le père d'Alexandra, qui racontait
comment on lui avait coupé sa langue natale, comment le bégaiement était entré dans sa vie,
comment son enfance pendant la guerre a été marquée par la peur, et comment tout cela est resté tu,
noué au fond d'un gouffre, bordé de silence.
La compagnie Oh oui aime bien laisser le silence baguenauder en scène.
Et la voici aujourd'hui au Monfort, l'ancien théâtre Sylvia-Monfort complètement relooké et dynamisé
par sa nouvelle direction : Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel. Après avoir fait le tour du
monde avec leur compagnie les Arts sauts, ils se posent au bord d'un parc pour accueillir des
spectacles qui ont la pêche sans se soucier de genres. Avec « Ce que nous vîmes », ils sont servis.
Plein de bouts d'histoires
De quoi ça parle ? D'un jeu télévisé qui s'appelle « Ce que nous vîmes », du bonhomme qui figure sur
les bouteilles de Johnny Walker, d'un type qui s'appelle vraiment Berlioz, d'une femme qui dort, d'un
ballon blanc gros comme un spoutnik et léger comme une plume, du colonel Sanders et j'en passe.
Un chouïa de vidéo, une page chipée d'un livre aimé, de la musique, des mots, un revolver pour en
finir. Tout cela ne fait pas une histoire. Mais plusieurs. Plein de bouts d'histoires qui s'amorcent et
s'évanouissent.
D'ailleurs, l'un des acteurs nous offre un cours accéléré de « storytelling », cette méthode Assimil pour
raconter des histoires et il le fait pour nous dire : méfiez vous des histoires qu'on vous raconte.
Le plaisir d'être ensemble
« Ce que nous vîmes » n'en finit pas de ne pas raconter des histoires. Bref, c'est irracontable et plein
de petits plaisirs furtifs. La musique (Latarjet joue cette fois de la guitare, et, à ses côté, Nicolas Barrot
s'occupe de cogner la batterie) est là, un peu trop dans l'ombre peut-être, elle nous arrive par effluves
comme les marées. En scène, on retrouve Alexandra et l'architecte-danseur, deux autres acteurs les
accompagnent.
Un tel spectacle risque de déconcerter ceux pour qui il n'y a de salut que dans un récit traditionnel
bien ficelé. Mais un large public qui va des accros du zapping aux nuitards de la Nuit blanche et des
nuits de France Culture en passant par le spectateurs de Heiner Goebbels, de Joan Le Guillern et des
vieux standards de Jean Luc Godard y trouveront de quoi picorer de plaisir.
Car tout commence par là : le plaisir d'être ensemble sur un plateau. Et l'envie de faire partager ce
plaisir. C'est pas plus compliqué
le blog de martine silber: marsupilamima,
le sens de l'hum our ne va pas toujours dans le sens de l'histoire.
samedi 26 septembre 2009
Théâtre : Stille Nacht à l’Echangeur de Bagnolet,
l’enfant juif qui avait perdu sa langue
La compagnie Oh ! Oui chez Public Chéri, cela ne peut que faire envie ! En tous cas à
moi puisque je n'ai trouvé personne pour m'accompagner. Ah la banlieue, même à 50
mètres d'une station de métro, le Parisien hésite. Et il a tort, le Parisien, hou les cornes.
Stille Nacht (Douce nuit) est un spectacle conçu, mis en scène et musique par Joachim
Latarjet (l'un des fondateurs de Sentimental bourreau) avec l'assistance de sa complice,
Alexandra Fleischer. Ils ont tous deux longuement écouté le père d'Alexandra, René
Fleischer, que l'on voit au cours du spectacle intervenir sur écran vidéo, ironique, plein
d'humour, se moquant de ses trous de mémoire, éminemment sympathique pour
raconter pourtant une difficile histoire d'enfance, la sienne.
Comment caché ou plus précisément enfermé à 5 ans chez une brave dame pendant
la guerre, et sans revoir ses parents jusqu'à la libération, il a oublié la langue maternelle
et paternelle, l'allemand, jusqu'à en détester encore l'accent quand après les
retrouvailles, ses parents lui parlaient en français. Enfant caché, sauvé par cette
étrange adaptation qui le rendra bègue, cette étrange manifestation de résilience,
oublier sa propre langue qui était aussi celle des bourreaux.
Sur ce thème de l’enfance, de la peur, du silence, de l'oubli, de l'apprentissage, la
comédienne Alexandra Fleischer et son partenaire, l'époustouflant mime et danseur,
Alexandre Théry, accompagnés dans la pénombre du fond de scène par la musique de
Joachim Latarjet, répétitive, obsessionnelle, ont presque l'air d'improviser comptines et
chansons, jeux de cache cache et cauchemars, danses folles, mots d'inquiétude, de
peur, de solitude, avec tendresse et humour.
Un beau spectacle créé à la Filature de Mulhouse et déjà donné à Besançon en mars
2009, à Lyon, au Subsistances en juillet 2008, et que l'on pourra voir aux transversales
de Verdun en février 2010.
A regarder avant ou après une exposition du Mémorial de la Shoah des images de Matt
Mendelsohn réalisées lors des recherches menées avec son frère Daniel en préalable à
l’écriture du roman Les Disparus (éd. Flammarion, 2007) présentée dans la verrière de
L’Echangeur.
On retrouvera la compagnie Oh Oui avec Ce que nous vîmes au théâtre Sylvia Montfort
du 15 au 31 octobre.
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