
II. Revue des projets en présence
1. Le projet fédérateur de la Libye et du panafricanisme
Lors du sommet extraordinaire de Syrte, le Colonel Mouammar Kadhafi avait dévoilé son
grand projet des Etats-Unis d’Afrique en s’inspirant du rêve panafricain de Kwame
Nkrumah pour prôner une approche fédérative à la construction de l’unité du continent avec,
en filigrane, le positionnement de la Libye comme locomotive.
Les travaux du Sommet de Syrte ont été placés sous le thème « comment renforcer la
capacité de l’Afrique à faire face aux défis du nouveau millénaire ». « J’ai étudié le
mouvement panafricaniste, j’ai examiné les textes de l’OUA et de la Communauté
économique africaine : je n’ai rien à y ajouter et ne demande que l’accélération de leur mise
en œuvre » avait conclu le guide Libyen. Fidèles aux antécédents idéologiques du groupe de
Casablanca depuis 1961, il a fait du mot d’ordre de Nkrumah « L’Afrique doit s’unir » et son
projet des Etats-Unis d’Afrique, les paradigmes mobilisateurs de son discours.
Pour Nkrumah, le continent africain devait se doter d’une nationalité, d’un drapeau, d’un
emblème et d’un hymne communs. La future union devrait disposer d’une politique
étrangère et de défense commune aux 53 pays. Le parlement panafricain devait être doté de
pouvoirs législatifs. A la place de l’unité comme « seul moyen de tenir tête au colonisateur »,
le projet fédérateur panafricaniste souhaite faire de l’Afrique « un acteur majeur du troisième
millénaire, au même titre que les Etats-Unis ou au moins l’Union européenne ».
2. Le projet intégrateur de l’Afrique du Sud et de la renaissance africaine
Le discours de la renaissance africaine a progressivement dépassé le cadre sud-africain. Il
cherche à contribuer à la production d’un espace de sens qui soit propre au continent africain
et à réinventer l’héritage du nationalisme noir en l’investissant de la mission de construction
de l’union de l’Afrique. « L’homme de la renaissance africaine cherche à produire un
« imaginaire régional africain » dont la future organisation sera la représentation
institutionnelle. S’inspirant d’éléments puisés dans les discours philosophiques du passé sur
le panafricanisme, la négritude, l’Ubuntu et la conscience noire, la renaissance africaine
renvoie à un renouveau de l’Afrique en termes de démocratisation et de développement
économique et culturel.
Elle vise à construire un nouveau monde africain fait de démocratie, de paix, de stabilité, de
développement durable et de vie meilleure pour le peuple, d’absence de racisme et de
sexisme, d’égalité entre nations et d’un système de gouvernance international qui soit juste
et équitable. Le Président MBEKY proclamait lors de son investiture que le « XXIe siècle
sera africain », que « le temps de l’Afrique est arrivé » et « on ne peut parler de la
renaissance africaine sans de projeter à la fois le passé et dans l’avenir ». Et ceci pour des
questions aussi bien économiques que politiques. Il s’inspire pour cela de la renaissance
asiatique et du miracle économique de l’Asie du Sud-Est avec qui il trouve un destin
commun avec l’Afrique.