République du Sénégal
Un Peuple Un But Une Foi
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MINISTERE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES
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CENTRE D’ETUDES DE POLITIQUES POUR LE DEVELOPPEMENT (CEPOD)
Groupe de travail
sur
les Etats-Unis d’Afrique
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Note introductive
Mars 2009
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Avant-propos
Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie et des Finances, a instruit le CEPOD de mettre
en place un groupe de travail sur les Etats-Unis d’Afrique. Cette instruction intervient à une
période l’Union Africaine prend de nouvelles initiatives pour accélérer la concrétisation
d’un tel projet. En particulier, le 12ème Sommet ordinaire de l’Union qui s’est tenu, les 1er, 2
et 3 février 2009 à Addis Abéba, entre autres décisions :
souligne que l’Union africaine en parlant d’une seule voix est la réponse collective
appropriée face à l’exercice du pouvoir par les Etats forts sur les Etats faibles à
travers, notamment, l’utilisation abusive du principe de compétence universelle ;
sur le gouvernement de l’Union, a pris la décision de transformer la Commission de
l’Union africaine en Autorité de l’Union africaine composée d’un Président, d’un
Vice-président et de Secrétaires ayant des portefeuilles basés sur des domaines de
compétences partagées ;
a approuvé l’idée d’une représentation de l’Afrique par une seule délégation habilitée
à négocier au nom de tous les Etats membres sur les changements climatiques ;
réitère que le NEPAD de par sa vision et son programme fait partie intégrante du
système de l’Union africaine ;
a sollicité un siège au G 20 pour la Commission de l’Union africaine.
Ces différentes décisions du 12ème Sommet ordinaire de l’Union africaine viennent s’ajouter
à celles déjà prises pour permettre à l’Afrique de parler d’une voix et de se faire entendre sur
la scène internationale.
La mise en place du Groupe de Travail sur les Etats-Unis d’Afrique intervient également à
une période la Gouvernance mondiale fait l’objet de questionnement, notamment à la
suite de la crise financière des risques subprime devenue une crise économique et sociale
mondiale. Au fur et à mesure de l’entrée en récession des grands pays pourvoyeurs de
capitaux (publics et privés) et de touristes, destinations des émigrés africains et des
exportations, la crise devient une source majeure de préoccupations quant à la menace
qu’elle fait peser sur la croissance et la lutte contre la pauvreté sur le Continent.
Du point de vue de la démarche économique qui est celle des structures comme le CEPOD,
une réflexion sur les Etats-Unis d’Afrique doit tenir compte d’un certain nombre de faits et
tendances lourdes qui vont survivre les prochaines générations.
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Aussi le plan d’articulation des résultats de la réflexion est-il proposé comme suit :
Avant-propos .............................................................................................................................. 2
I. Introduction générale .............................................................................................................. 4
II. Revue des projets en présence ............................................................................................... 5
1. Le projet fédérateur de la Libye et du panafricanisme ....................................................... 5
2. Le projet intégrateur de l’Afrique du Sud et de la renaissance africaine .......................... 5
3. Le compromis de Lomé : l’esprit de l’Acte constitutif de l’Union africaine .................... 6
III. L’enjeu des Etats-Unis d’Afrique en 2009 .......................................................................... 7
1. Le contexte de la mondialisation ........................................................................................ 7
2. Prospective 2050 de l’Afrique et des autres parties du monde .......................................... 8
A. Le monde à l’horizon 2050 ............................................................................................ 8
B. Les futurs possibles de l’Afrique .................................................................................. 10
C. Quels modes d’intégration à l’économie mondiale pour l’Afrique ? .......................... 11
2. Implications pour le Projet des Etats-Unis d’Afrique ..................................................... 12
Des Etats débordés ou des Etats facilitateurs du développement - rôle des institutions et
de la gouvernance ............................................................................................................. 12
La prévention des risques, des conflits et des catastrophes .............................................. 13
IV. Analyse des propositions alternatives ............................................................................... 14
1. Deux modèles de construction du développement de l’Afrique dans le contexte
actuel et futur ........................................................................................................................ 14
2. Comparaison des deux modèles de construction du développement du continent .......... 15
V. Présentation du projet des Etats-Unis d’Afrique ................................................................ 17
Le rôle de l’Etat entre développement et mondialisation ..................................................... 17
Le rôle de l’intégration régionale ......................................................................................... 17
La construction politique des Etats-Unis d’Afrique ............................................................ 18
VI. La mise en place des Etats-Unis d’Afrique ........................................................................ 20
A. L’Union africaine sur le chemin des Etats-Unis d’Afrique ............................................. 20
Le processus de mise en œuvre de l’UA : suivre sa propre trajectoire ................................ 20
B. Des « pères fondateurs » pour les Etats-Unis d’Afrique ................................................. 21
Bibliographie : .......................................................................................................................... 22
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I. Introduction générale
L’économie politique de la mondialisation peut elle associer à ses enjeux pour l’Afrique et
les africains, les déterminants économiques d’une rationalité politique cohabitant
harmonieusement avec le marché? C’est là la question à laquelle l’économie institutionnelle
ramène le projet des Etats-Unis d’Afrique en ce début du troisième millénaire.
Telle qu’elle se développe ces dernières décennies, la mondialisation s’est accompagnée
d’une importance plus grande de la région, au sein des pays constitués comme à l’échelle du
continent. Il convient donc d’inscrire la réflexion sur la problématique des Etats-Unis
d’Afrique autour de deux axes :
la fédération de territoires locaux tels les comtés aux Etats-Unis et les départements en
France regroupés en Etats issus des frontières actuelles ;
la confédération de grands ensembles correspondant aux communautés économiques
régionales constituées de territoires locaux tels que ceux visés ci-avant.
En ce début du troisième millénaire :
le choix du niveau adéquat de gouvernement est une question qui n’admet plus une
réponse unique comme au temps des alternatives médiévales contre le système
westphalien moderne ;
l’interdépendance est devenue une exigeante réalité dont doit s’accommoder ce qui
reste de sens à la souveraineté ;
l’intégration dans les grands ensembles est devenue une façon de répondre aux défis
de la mondialisation.
Chaque pays espère trouver au niveau d’une union au sein d’une structure régionale un
pouvoir d’influence qui n’est plus accessible à l’échelle nationale, du fait de « la motivation
du rôle de l’Etat en tant qu’acteur dominant du système international, car il est confronté à
l’émergence d’autorités concurrentes ». Parmi eux notons des acteurs mondiaux tels que le
Fonds Monétaire International, la Banque mondiale et l’Organisation Mondiale du
Commerce.
Plusieurs projets convergent vers l’idée selon laquelle les stratégies d’insertion dans la
mondialisation par la mise sur pied de mécanismes et de structures appropriés sont devenues
un « impératif continental » au moment est en train de s’opérer la reconstruction du
continent de concert avec le reste du monde.
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II. Revue des projets en présence
1. Le projet fédérateur de la Libye et du panafricanisme
Lors du sommet extraordinaire de Syrte, le Colonel Mouammar Kadhafi avait dévoilé son
grand projet des Etats-Unis d’Afrique en s’inspirant du rêve panafricain de Kwame
Nkrumah pour prôner une approche fédérative à la construction de l’unité du continent avec,
en filigrane, le positionnement de la Libye comme locomotive.
Les travaux du Sommet de Syrte ont été placés sous le thème « comment renforcer la
capacité de l’Afrique à faire face aux défis du nouveau millénaire ». « J’ai étudié le
mouvement panafricaniste, j’ai examiné les textes de l’OUA et de la Communauté
économique africaine : je n’ai rien à y ajouter et ne demande que l’accélération de leur mise
en œuvre » avait conclu le guide Libyen. Fidèles aux antécédents idéologiques du groupe de
Casablanca depuis 1961, il a fait du mot d’ordre de Nkrumah « L’Afrique doit s’unir » et son
projet des Etats-Unis d’Afrique, les paradigmes mobilisateurs de son discours.
Pour Nkrumah, le continent africain devait se doter d’une nationalité, d’un drapeau, d’un
emblème et d’un hymne communs. La future union devrait disposer d’une politique
étrangère et de défense commune aux 53 pays. Le parlement panafricain devait être doté de
pouvoirs législatifs. A la place de l’unité comme « seul moyen de tenir tête au colonisateur »,
le projet fédérateur panafricaniste souhaite faire de l’Afrique « un acteur majeur du troisième
millénaire, au même titre que les Etats-Unis ou au moins l’Union européenne ».
2. Le projet intégrateur de l’Afrique du Sud et de la renaissance africaine
Le discours de la renaissance africaine a progressivement dépassé le cadre sud-africain. Il
cherche à contribuer à la production d’un espace de sens qui soit propre au continent africain
et à réinventer l’héritage du nationalisme noir en l’investissant de la mission de construction
de l’union de l’Afrique. « Lhomme de la renaissance africaine cherche à produire un
« imaginaire régional africain » dont la future organisation sera la représentation
institutionnelle. S’inspirant d’éléments puisés dans les discours philosophiques du passé sur
le panafricanisme, la négritude, l’Ubuntu et la conscience noire, la renaissance africaine
renvoie à un renouveau de l’Afrique en termes de démocratisation et de développement
économique et culturel.
Elle vise à construire un nouveau monde africain fait de démocratie, de paix, de stabilité, de
développement durable et de vie meilleure pour le peuple, d’absence de racisme et de
sexisme, d’égalité entre nations et d’un système de gouvernance international qui soit juste
et équitable. Le Président MBEKY proclamait lors de son investiture que le « XXIe siècle
sera africain », que « le temps de l’Afrique est arrivé » et « on ne peut parler de la
renaissance africaine sans de projeter à la fois le passé et dans l’avenir ». Et ceci pour des
questions aussi bien économiques que politiques. Il s’inspire pour cela de la renaissance
asiatique et du miracle économique de l’Asie du Sud-Est avec qui il trouve un destin
commun avec l’Afrique.
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