La singularité et l’importance du quartier sont données, outre ses rues variées, parfois
au tracé irrégulier, et ses rangées de maisons du 19ème siècle, par l’enchantement oriental des
synagogues, le dédale des passages, l’architecture art nouveau remarquable et, par-dessus
tout, par le mélange créé par tous ces facteurs. Cet ensemble architectural et culturel malgré
les destructions récentes, est considéré comme une entité unique en Europe.
Le quartier abrite toujours une communauté juive vivante. La présence de la
communauté est permanente, sans aucune interruption, depuis presque deux siècles, malgré sa
diminution tragique pendant la guerre et après par l’émigration subséquente. La beauté de ses
synagogues, la variété de ses rues, son atmosphère caractéristique, les vastes cours et jardins
si rares au centre ville, les bâtiments classicistes et art nouveau, portant la trace des mains des
plus grands architectes hongrois, rendent ce lieu attirant et exceptionnel.
Le quartier est également un lieu de mémoire historique. Avant la deuxième guerre
mondiale, la plus grande partie de la communauté juive de la capitale – constituant à cette
époque un cinquième de la population de Budapest – habitait ici. C’était dans ce quartier que,
en décembre 1944, le ghetto de Budapest fut constitué. Contrairement aux communautés
juives d’autres villes d’Europe centrale, malgré les souffrances infligées et les assassinats, la
vie de la plupart des juifs entassés ici fut épargnée. Au dernier moment même les maisons et
les rues du quartier ont échappé à la destruction totale. Ainsi, dans ce lieu, ce ne sont pas
seulement les monuments officiels, mais chaque bâtiment, chaque pierre même qui
constituent un lieu de mémoire.
Cependant, tout ce qui a échappé aux destructions de la guerre est aujourd’hui en
danger.
On fait détruire en un rythme toujours croissant les maisons d’habitation du quartier, et
on altère le caractère de ses rues. Avec les bâtiments disparaissent leurs habitants, les
habitudes quotidiennes, les traditions historiques, les lieux de mémoire, les témoignages. A la
place des précieux bâtiments historiques on monte de nouvelles constructions
disproportionnées et sans valeur. Les nouveaux immeubles, même après des années
d’existence, sont quasi vides, ainsi que la plupart des parkings souterrains.
En l’an 2002 une grande partie de l’ancien quartier juif était déclarée « zone tampon »
du Boulevard Andrássy, faisant partie du patrimoine mondial culturel ; en tant que tel, ce
quartier est censé être protégé par l’UNESCO et par la loi internationale. D’une manière
paradoxale, cette protection n’a fait qu'accélérer le processus de destruction.
Au printemps de 2004, voyant la démolition insensée, ainsi que le volume et la
médiocrité inacceptables des nouveaux bâtiments, un mouvement de citoyens s’est lancé pour
sauver le quartier. Suite à l’initiative de l’Association ÓVÁS!, l’Office de la Protection du
Patrimoine Culturel a déclaré le territoire de l’ancien quartier juif de Pest « zone d’importance
patrimoniale » ; qui plus est, en 2005, l’Office a déclaré « monument historique » 51
bâtiments, parmi lesquels se trouvaient des maisons déjà destinées à la démolition.
Cependant, malgré ces interventions, la situation n’a fait que s’aggraver, en sorte que,
à présent, presque 40 pourcent des îlots intérieurs du 19ème siècle sont touchés, leur place étant