THEME BASE DE LA PATHOLOGIE Sous-thème 10 : Les maladies infectieuses 1 Le SIDA 1.1 Présentation 1.a Définition Le SIDA (Syndrome d’ImmunoDéficience Acquise) est une maladie infectieuse due à un virus appelé VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine) qui altère le système immunitaire de l’organisme contre les infections. Le VIH fait partie de la famille des rétrovirus, c'est-à-dire qu’il sait faire varier sans cesse certains éléments de sa structure de façon à échapper aux mécanismes de destruction que l’organisme lui oppose. Le virus pour se multiplier doit pénétrer dans une cellule hôte. Ces cellules hôtes sont préférentiellement les lymphocytes T4. Le virus peut alors se multiplier d’emblée ou se manifester après un temps de latence, ce qui explique la phase asymptomatique de la maladie. Les lymphocytes dans l’organisme sont responsables de l’immunité. L’infection des lymphocytes T4 par le virus entraîne donc la disparition des défenses immunitaires. C’est en 1983 que l’agent responsable du sida a été découvert à l’institut Pasteur à Paris, par Luc Montagnier. Ce virus était jusqu’alors inconnu. Il fut appelé peu de temps après sa découverte VIH1. En 1986, l’équipe de Luc Montagnier découvre un autre virus proche du VIH1, il le nomme VIH2. Celui-ci ne sévit que dans une région limitée de l’Afrique de l’Ouest, alors que le VIH1 sévit dans le monde entier. Ces scientifiques ont démontré que ces deux virus altéraient le système immunitaire de l’organisme et sont responsables de graves manifestations étudiées en 1981, regroupées alors sous le terme SIDA. La séropositivité : une personne chez laquelle le test de détection des anticorps contre le VIH est positif est dite « séropositive ». Cette personne a été en contact avec le VIH et doit être considérée comme contagieuse par le sang et par les rapports sexuels. Quand la personne ne possède pas d’anticorps, on dit qu’elle est « séronégative ». 1.b Moyens de transmission Pour être infectant, le virus doit entrer en communication directe avec les globules blancs. Par conséquent, il doit franchir la barrière constituée par la peau ou la muqueuse en profitant d’une plaie ou d’une piqûre. Certains liquides biologiques humains (ou encore des sécrétions) transmettent le VIH. Ils peuvent être classés en trois groupes. Il existe donc trois modes de contamination. Par voie sexuelle : le sperme, les sécrétions vaginales et les sécrétions séminales. Ce mode de contamination représente ¾ des cas en France. L’anus ou le vagin présente souvent des petites lésions pouvant favoriser la pénétration du virus si l’un des partenaires est porteur. C’est pourquoi, un rapport sexuel anal ou vaginal permet la contamination du partenaire sain. Le risque de contamination, même s’il est moindre existe quand même lors d’un rapport bucco-génital. Les facteurs favorisant donc ce mode de contamination sont des rapports non protégés par l’usage d’un préservatif masculin ou en cas de rapports sexuels nombreux et non protégés avec des partenaires multiples. Par les voies sanguines : la contamination intervient lorsque le sang de la personne contaminée entre en contact avec celui de la personne saine. Elle peut avoir lieu par l’utilisation de seringues souillées, piqûre accidentelle du soignant lors d’administration de soins, par geste médical ou chirurgical. La transmission par l’utilisation d’aiguilles de mésothérapie, d’acupuncture ou de piercing est également possible si les méthodes de stérilisation et de destruction ne sont pas respectées. Les facteurs favorisant ce mode de contamination sont d’une part, le partage de seringues souillées, d’autre part le non respect de précaution des professionnels lors des manipulations de seringues (pas de capuchon sur l’aiguille, non élimination des conteneurs spéciaux). Enfin, l’utilisation thérapeutique du sang et de ses dérivés sans contrôle préalable. Les donneurs de sang ne courent aucun risque puisque le matériel utilisé est stérile et à usage unique. Par voie fœtale : par le lait maternel et le sang. Tout femme porteuse du virus et souhaitant avoir un enfant court le risque de lui transmettre le virus. La contamination peut avoir lieu : o au cours de la grossesse via le placenta, o au moment de l’accouchement car l’enfant est en contact avec le sang de sa mère, o pendant l’allaitement. Actuellement, on ne peut que conseiller à toute femme séropositive d’éviter d’être enceinte. Le virus du SIDA ne se transmet pas par les gestes de la vie quotidienne tels qu’une poignée de main, un baiser, le contact avec les poignées de porte, les toilettes publiques ou encore les piqûres de moustiques. Contrairement aux idées reçues, le virus ne se transmet pas non plus dans les douches communes, à la piscine, par le téléphone public, les verres, tasses, couverts. 1.2 Etude clinique La maladie évolue en plusieurs stades : stade 1 : primo-infection Les signes cliniques apparaissent 2 à 12 semaines après la contamination, parfois il se peut qu’ils passent inaperçus, ce qui explique le retard porté au diagnostic. Les premières manifestations sont caractérisées par des adénomégalies (gonflement des ganglions lymphatiques), surtout au niveau du cou et des aisselles. La primo-infection se caractérise aussi par un état pseudo grippal (fièvre, douleur au niveau des muscles (myalgie)). Des ulcérations buccales peuvent également apparaître. stade 2 : phase asymptomatique C’est une période pouvant varier de 2 à 10 ans et durant laquelle il n’y a aucun symptôme apparent, 30 à 60% des séropositifs vont évoluer vers le SIDA maladie. stade 3 : phase symptomatique Cette phase est caractérisée par l’apparition de divers symptômes tels que des adénomégalies douloureuses et volumineuses, des manifestations inflammatoires (par exemple une arthralgie), des manifestations cutanées des muqueuses de type candidose (infection provoquant des rougeurs) buccale ou génitale. Durant cette phase, il y a une altération de l’état général qui se traduit par une fièvre modérée et/ou diarrhée qui va durer plus d’un mois ainsi qu’une perte de poids supérieure à 10%, des fièvres nocturnes. Ensuite le SIDA déclaré se manifeste. Au cours de cette période il y a apparition de troubles neurologiques tels que des encéphalites, myélites, polynévrites. C’est la naissance également des infections dites « opportunistes » en raison de la chute de la défense immunitaire de l’organisme (rétinite, tuberculose…). Finalement, des tumeurs malignes vont se développer telles que des lymphomes ou encore le syndrome de Kaposi (taches violettes au niveau de la peau qui ne sont pas douloureuses mais qui deviennent dangereuses lorsqu’elles s’étendent sur les poumons ou l’estomac). 1.3 Principales infections opportunistes Une maladie opportuniste est une maladie qui profite de la perte de vigilance du système immunitaire pour se développer. Pneumocystose : c’est une maladie qui atteint les poumons et qui est due à la présence d’un parasite. Elle se manifeste par une toux, une fièvre, un essoufflement et une détresse respiratoire. Cryptosporidiose : c’est une maladie provoquée par un parasite touchant les intestins. Elle se manifeste par l’émission de plus de 10 selles par jour sous forme de diarrhée pendant plus d’un mois. tuberculose : c’est une maladie provoquée par la présence d’une bactérie qui atteint les poumons. Elle se manifeste par une toux, de la fièvre, des sueurs nocturnes et amaigrissement. Zona : c’est une maladie provoquée par la présence d’un virus, elle se manifeste au niveau de la peau et des yeux par l’apparition d’éruption cutanée douloureuse. Cryptococcose : c’est une maladie provoquée par la présence d’un champignon. Elle touche le cerveau et se manifeste par des maux de tête, de la fièvre, et des signes de méningite. 1.4 Prévention 1c Prévention primaire La prévention primaire consiste à éviter la contamination par des informations, par des campagnes d’affichage, des spots télévisés, des conférences, des cours en milieux professionnels et scolaires sur les modes de transmission du virus et sur les mesures préventives selon le type de risque : risques sexuels : utilisation correcte de préservatifs masculins à chaque rapport et quel que soit la pratique sexuelle. Celui-ci représente actuellement la meilleure méthode de protection ; risques sanguins : information sur la toxicomanie en général portant surtout sur la présentation des produits de substitutions (méthadone, subutex) dans le but d’éviter le risque de contamination par l’échange de seringues souillées, maîtrise des gestes en milieu professionnel, utilisation de matériel stérile ou à usage unique en médecine, contrôle rigoureux des conditions de transfusion ; risques fœtaux : inciter les mères séropositives à accepter la contraception et à utiliser un lait artificiel. D’autre part, la pratique de la césarienne permet de diminuer le risque de contamination au cours de l’accouchement. Enfin, une insémination artificielle peut être proposée pour les couples désirant avoir un enfant et dont l’homme est séropositif et dans ce cas, on décontamine le sperme avant d’être inséminé. 1d Prévention secondaire La prévention secondaire consiste à dépister la maladie de façon précoce pour permettre une prise en charge médicale la plus rapide possible et éviter la contamination d’autres personnes. Le dépistage ne peut pas être fait sans l’accord du malade. Il peut être anonyme. Il est remboursé à 100% par la Sécurité sociale. Dès qu’une personne est contaminée, elle garde définitivement le virus en elle et peut donc le transmettre. Il existe un test fiable, le test ELISA, permettant de savoir si la personne est contaminée ou non par le virus du SIDA. Cependant le résultat qu’il soit positif ou négatif doit être confirmé un ou deux mois après par une autre méthode : la méthode Western Blot. Le test Elisa est réalisé à partir d’une prise de sang et peut être demandé auprès du médecin généraliste qui rappelons le, est tenu au secret professionnel. Il peut être réalisé dans un laboratoire d’analyses médicales, dans un centre de planning familial ou encore dans un centre de dépistage anonyme et gratuit. Ce test met en évidence la présence ou l’absence des anticorps normalement développés contre le virus du SIDA, produits par certains globules blancs de l’organisme. Cependant, il faut environ deux mois avant que l’organisme ne produise les anticorps contre ce virus. Par conséquent, si le test se révèle être négatif, ce n’est pas pour autant que le sujet n’est pas porteur du virus. Il faut donc attendre par précaution 3 mois après la date de prise de risque, puis refaire un second test, si celui-ci s’avère négatif alors le sujet est séronégatif. Si toutefois, le résultat du second test est positif, alors, pour éviter tout risque d’erreur, un autre test est réalisé à 7 jours d’intervalle environ. Il s’agit du test Western Blot. Ce n’est que lorsque celui-ci s’annonce aussi positif, que l’on peut considérer que le sujet est séropositif, c'est-à-dire porteur du virus du SIDA. 1.5 Traitement Actuellement, il n’existe aucun traitement curatif (qui permet de tuer le virus et d’enrayer la maladie). 1e Le principe du traitement Le traitement contre le SIDA a pour objectif de diminuer la prolifération du virus dans l’organisme afin de préserver le système immunitaire. Grâce au progrès des scientifiques, il permet actuellement à la personne séropositive de conserver une vie sociale normale le plus longtemps possible. Rappelons que ce traitement n’a pas pour mission de tuer le virus, il est donc pris à vie. Il est aménagé en fonction de l’état du patient que ce soit d’un point de vue biologique ou psychologique. En effet, d’un point de vue biologique, le traitement ne peut débuter que lorsque le nombre de lymphocytes est inférieur à un certain seuil. D’un point de vue psychologique, le patient peut vivre difficilement la maladie et la prise de médicaments. Il est cependant important qu’il comprenne l’importance de ce traitement puisque si ce dernier est mal pris le virus va fabriquer une résistance à celui ci et il n’aura donc plus d’effet sur l’organisme. 1f Les différents traitements La trithérapie Lorsque l’on parle de traitement contre le virus de SIDA, on fait référence à la trithérapie, c'est-à-dire que l’on administre au patient au moins trois médicaments antiviraux. Actuellement, on utilise divers produits antiviraux : o L’AZT (Azidothymidine, Zidovudine), o DDC (Zalcitabine), o DDI (Dideoxyinosine) sont les plus souvent associés. Ce traitement agit donc directement sur le virus. Le traitement est composé d’inhibiteur d’enzymes qui composent le virus (la protéase et la transcriptase inverse) ne permettant ainsi plus à celui-ci de survivre. En effet les inhibiteurs ont pour mission de rendre les enzymes inaptes à la création de protéines, éléments permettant la survie du virus. Cependant, à long terme la trithérapie s’avère néfaste pour l’organisme. Des recherches sont donc en cours, sur des médicaments permettant de stimuler les lymphocytes afin de retarder la prescription de ce traitement. le traitement des symptômes liés à la présence du virus Buts Moyens Lutte contre l’infection de Utilisation de traitements médicamenteux : antibiotiques, manière préventive ou antiparasitaires, antifongiques et antiviraux. curative. Lutte contre les tumeurs. Utilisation de traitements chirurgicaux. Utilisation de chimiothérapie ou de cryothérapie. Utilisation de traitements complémentaires : repas enrichi, nutrition artificielle pour lutter contre Améliorer l’état général. la cachexie lors de la phase sida, soutien psychologique lié aux difficultés personnelles, familiales et professionnelles que peut provoquer la maladie.