femmes traitées à l’isoniazide n’ont pas besoin de sup-
pléments de pyridoxine, à moins de recevoir le même
traitement.[11] En effet, si la mère et son nourrisson
prennent tous deux de l’isoniazide, le nourrisson peut
courir le risque d’en recevoir de trop fortes concentra-
tions. Une consultation avec un expert est alors indi-
quée.
En présence d’infections parasitaires comme le palu-
disme, l’allaitement devrait se poursuivre si l’état cli-
nique de la mère le permet. Diverses quantités de chlo-
roquine, d’hydroxychloroquine et de quinine, sont
transmises dans le lait maternel, mais ces trois antipa-
ludiques n’empêchent pas l’allaitement, à moins que le
nourrisson présente un déficit en glucose-6-phosphate
déshydrogénase (G6PD), auquel cas il est conseillé
d’arrêter la quinine.[12] De même, la primaquine est à
éviter, à moins que la mère et son nourrisson pré-
sentent tous deux des taux normaux de G6PD. Il faut
encourager les précautions pour réduire le plus pos-
sible les infections transmises par des insectes. Les ré-
pulsifs contre les insectes contribuent à réduire les pi-
qûres de moustiques, qui peuvent transmettre le palu-
disme ou des virus comme le virus du Nil occidental.
Aucun effet indésirable n’a été signalé après l’utilisation
de répulsifs contenant de la diéthyltoluamide, de
l’icaridine ou de la picaridine chez les mères allai-
tantes.[13]
Les infections fongiques de la mère, telles que la candi-
dose vaginale, peuvent coloniser le nourrisson, mais ne
sont pas une contre-indication à l’allaitement. Le trai-
tement de la mère par des médicaments antifongiques
topiques ou systémiques, comme le fluconazole, ne
l’est pas davantage.[12]
La poursuite de l’allaitement est recommandée en pré-
sence de la plupart des infections virales de la mère, à
quelques exceptions près (tableau 1).[2][14][15] Si la mère
est infectée par le VIH, l’allaitement n’est pas recom-
mandé dans les milieux riches en ressources comme le
Canada, où on peut accéder à un substitut sécuritaire
et accepté sur le plan culturel,[2] car la transmission
du VIH de la mère au nourrisson est bien étayée. La
mère qui ne peut pas allaiter aura peut-être besoin d’un
soutien émotionnel. Dans certaines situations, il faudra
aussi offrir un soutien financier pour l’achat des prépa-
rations lactées. Dans les pays pauvres en ressources
et conformément à l’évaluation des meilleures données
probantes à jour, l’OMS recommande que la mère sé-
ropositive ou son nourrisson exposé au VIH prenne
des antiviraux pendant toute la période de l’allaitement,
qui doit se poursuivre jusqu’à ce que le nourrisson ait
12 mois. En effet, le nourrisson peut profiter des bien-
faits de l’allaitement tout en courant très peu de risque
d’infection par le VIH.[16][17]
L’allaitement n’est pas davantage conseillé chez les
mères atteintes de l’infection par le virus T-lymphotrope
humain de type 1 ou 2.[2][15] Chez les mères atteintes
d’une infection latente par le cytomégalovirus (CMV), le
virus se réactive dans le lait maternel pendant la pé-
riode néonatale et peut être transmis au nourrisson par
l’allaitement. Cependant, cette transmission ne pose
pas de risque pour le nourrisson à terme, car les anti-
corps maternels transférés par le placenta préviennent
toute maladie grave.[2] Même chez le nourrisson pré-
maturé, la valeur de l’allaitement semble supérieure
aux risques potentiels d’une grave maladie causée par
une infection à CMV contractée lors de l’allaitement
pendant la période néonatale. Il n’y a pas de preuve
pour associer hors de tout doute un retard de dévelop-
pement ou une perte auditive neurosensorielle à cette
infection.[2][18] Ainsi, l’allaitement est recommandé en
cas d’infection à CMV de la mère, que cette infection
soit latente ou active.
La thérapie antimicrobienne de la mère
et l’allaitement
Très peu de médicaments antimicrobiens courants que
prend la mère justifient l’arrêt de
l’allaitement.[2][12][19]-[22] Même un traitement à la tétra-
cycline, aux aminoglycosides ou aux quinolones n’en
empêche pas le maintien. À;;; cet égard, la National Li-
brary of Medicine des États-Unis est dotée de la base
de données virtuelle LactMed, qui est mise à jour ré-
gulièrement et fournit de l’information aux mères allai-
tantes au sujet des médicaments.
, SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE | 0