Synthèse Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014 ; 12 (4) : 404-12 Le cerveau a-t-il un genre ? Revue de la littérature chez les adultes jeunes et âgés Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Does the brain have a gender? A literature review in younger and older adults Laurie CompÈre Pascale Piolino Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Paris, France ; Institut de psychologie, Boulogne Billancourt, France ; Inserm U894, Centre de psychiatrie et neurosciences, Laboratoire mémoire et cognition, Paris, France <[email protected]> Tirés à part : P. Piolino Résumé. Bien que les origines des différences liées au genre soient encore controversées, aujourd’hui leur existence au niveau cognitif ne l’est plus. Les données de la littérature favorisent l’hypothèse de style cognitif, qui suggère qu’hommes et femmes ne privilégieraient pas les mêmes stratégies lors de la réalisation d’un certain nombre de tâches. La mémoire épisodique autobiographique se trouve être une des fonctions cognitives marquée par de tels effets et être également une des premières fonctions cognitives touchée par l’âge. Le peu d’études de la littérature s’étant penchées sur la question des différences liées au genre laissent penser que cet effet disparaîtrait avec l’âge. Nous discutons cependant de l’intérêt d’étudier ces différences afin de mieux comprendre les différents profils cognitifs dans le vieillissement normal et pathologique. Une meilleure connaissance de l’évolution de ce facteur au cours du vieillissement fournirait ainsi l’opportunité de proposer une prise en charge personnalisée tenant compte des stratégies favorisées lors de la réalisation de tâches que l’âge ou la pathologie rendrait problématique. Mots clés : âge adulte, genre, mémoire, vieillissement pathologique, vieillissement sain Abstract. There are no longer doubts about the existence of gender’s differences in cognition, only their origin is still controversial. The literature provides evidence of differences in cognitive performance and brain activation patterns and links these differences in men and women with biological, social and psychological measures. To date, the favored hypothesis explaining these differences is the cognitive style hypothesis according to which women and men would favor different strategies while resolving some tasks. Some of these tasks are autobiographical memory tasks, which are also the most sensitive to the effects of age but very few studies had explored the impact of aging on the differences in cognition between men and women. We discuss the importance of such studies about the gender’s differences in aging. A better understanding of gender differences in cognition in pathological aging as in health would provide the opportunity to offer a more personalized care. Key words: adulthood, gender, memory, healthy aging, pathological aging D 404 Bien que différents auteurs se soient intéressés aux différences liées au sexe ou au genre dans la cognition dans une perspective développementale, peu se sont intéressés à leur persistance ou modification lors du vieillissement. Pourtant, compte tenu du nombre croissant de liens effectués entre l’expression de ces différences dans la population saine et l’expression de certaines pathologies, la prise en compte de ces différences liées au genre dans la population âgée pourrait contribuer à une meilleure compréhension du vieillissement normal et pathologique. La question des effets du sexe ou du genre sur la cognition a été l’objet de vifs débats entre inné et acquis. En effet, la question de qui de la nature, le sexe, ou de la culture, le Pour citer cet article : Compère L, Piolino P. Le cerveau a-t-il un genre ? Revue de la littérature chez les adultes jeunes et âgés. Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014; 12(4) :404-12 doi:10.1684/pnv.2014.0496 doi:10.1684/pnv.2014.0496 ans la littérature clinique et scientifique, le terme de « sexe » correspond souvent à l’aspect biologique exprimé en termes dichotomiques alors que le « genre » se réfère généralement aux aspects psycho-sociaux et comportementaux qui dépassent cette catégorisation binaire. Cependant, comme le « sexe », le « genre » a également tendance à être exprimé en termes dichotomiques dans la plupart des sociétés occidentales et de ce fait, ces termes peuvent parfois être utilisés de façon interchangeable bien que le terme de « genre » soit préférablement choisi pour désigner une variable de nature psychologique, se référant à la combinaison de la conception du self d’un individu et de son rôle dans la société [1]. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Le cerveau a-t-il un genre ? genre, rend mieux compte des différences entre les capacités cognitives des deux sexes est toujours d’actualité. L’origine des différences liées au sexe ou au genre est donc un point controversé de la littérature, pour lequel cet article n’a pas vocation de proposer un consensus, mais de discuter les différentes interprétations proposées à ce jour en regard du vieillissement. Cependant, force est de constater que si certaines différences entre hommes et femmes sont souvent dichotomiques et liées au sexe comme les différences physiques, hormonales ou chromosomiques, certaines différences sont plus d’ordre statistique comme les différences de performances observées d’un point de vue cognitif entre les hommes et les femmes. Ainsi, nous faisons le choix d’utiliser le terme de différences de genre pour nous référer à ces différences de performances cognitives compte tenu de la grande variabilité inter individus incompatible avec la notion de sexe à connotation trop dichotomique. Ce choix est réalisé indépendamment de la nature biologique ou culturelle des facteurs qui influence les performances cognitives et en toute conscience que seule une partie des études citées rapporte des évaluations relatives au genre stricto sensu. Différences liées au genre dans la cognition Seules certaines tâches cognitives communément proposées en laboratoire sont sujettes à l’expression de ces différences. En effet, certaines tâches spatiales comme celles qui impliquent un traitement de rotation mentale d’objets en trois dimensions montrent les différences de genre les plus importantes en faveur des hommes. Néanmoins, ces résultats semblent varier selon les tâches examinées. En effet, seules la perception spatiale et la rotation mentale - c’est-à-dire, respectivement, la capacité à déterminer l’information spatiale en dépit d’informations distractrices et la capacité à faire pivoter rapidement dans son esprit des objets en deux ou trois dimensions - donnent lieu à des différences significatives entre les groupes [2]. L’ampleur de ces différences pourrait être affectée par l’utilisation de différentes stratégies de traitement à la résolution des items [3]. En effet, dans les tâches de navigation spatiale, par exemple, les hommes auraient tendance à favoriser une stratégie plus allocentrée, c’est-à-dire à plus se baser sur la position de points de repères généraux comme des distances ou des directions, tandis que les femmes auraient plus tendance à utiliser une stratégie égocentrée, c’est-à-dire qui implique plus de points de repères locaux et d’indices directionnels liés à soi [4]. Et, contre Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 4, décembre 2014 Tableau 1. Résumé des tâches en laboratoire dont les performances présentent un effet du genre. Table 1. Summary of laboratory tasks which performance presents a gender’s effect. Hommes Femmes Tâches spatiales Rotation d’objet Perception spatiale Navigation spatiale Localisation d’objets Tâches verbales Fluences Mots Images Tâches mnésiques Visages Textes Tâches motrices Atteindre une cible Motricité fine + + + - + - + - + + + + + - + toute attente, au moins une tâche spatiale, celle du rappel de la localisation d’objet, semble favoriser modérément les femmes [5]. Cette exception corrobore un certain nombre de résultats qui suggèrent un avantage féminin dans des tâches mnésiques concernant la rétention de tous types de matériel comme des mots, des images concrètes, des visages ou des textes narratifs, dans lesquelles l’utilisation de stratégies verbales pourrait parfois être à l’origine de ces différences [6]. Enfin, en ce qui concerne le domaine moteur, les résultats dépendent des tâches utilisées : les femmes vont obtenir de meilleures performances dans des tâches de motricité fine, tandis que les hommes présenteront un avantage dans les tâches motrices exigeant de lancer un objet afin d’atteindre une cible [7] (tableau 1). Des différences de structure cérébrale Ces différences apparaissant dans différentes cultures [8], les chercheurs ont longtemps étudié l’influence de facteurs biologiques régulant tant les aspects structurels que fonctionnels de la cognition. Du point de vue cérébral, il est effectivement intéressant de noter le nombre croissant d’études structurelles et fonctionnelles du cerveau chez l’humain mettant en évidence des différences liées au genre [9]. Ces différences sont également rapportées par des études neurobiologiques utilisant des animaux et pour lesquelles les explications culturelles humaines ne peuvent pas expliquer les différences observées et semblent révéler des mécanismes « spécifiques au sexe » dans le cerveau [1]. 405 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. L. Compère, P. Piolino Globalement, les hommes ont un volume cérébral plus important que les femmes, mais des différences plus locales existent, par exemple, au niveau du volume et de la densité du tissu de l’amygdale, de l’hippocampe et de l’insula, des régions bien connues pour être impliquées dans la régulation émotionnelle et dans plusieurs pathologies psychiatriques dont l’expression et/ou la prévalence diffère selon le sexe des patients [10]. Le lien entre ces différences structurelles et les performances cognitives a été mis en évidence dans plusieurs études ; par exemple, en ce qui concerne la tâche de rotation spatiale les meilleures performances chez les hommes ont été mises en lien avec la volumétrie du lobe pariétal [11]. Ces données pourraient refléter l’effet d’un ensemble de facteurs multiples, ce qui constitue une question scientifique complexe. Des différences hormonales Les hormones influencent de façon non négligeable l’organisation de la structure cérébrale, que ce soit précocement, à la puberté ou à l’âge adulte. L’étude de l’influence des hormones prénatales dans des populations cliniques ou non cliniques exposées à de hauts niveaux d’androgènes in utero, comme le cas de personnes atteintes d’hyperplasie congénitale des surrénales [12] ou le cas des « faux » jumeaux de sexe différent [13], semble fournir la preuve que les hormones prénatales influencent la cognition et particulièrement les performances de rotation spatiale. Dans ce dernier cas par exemple, les études ont montré que les jumeaux de sexe féminin obtiennent de meilleures performances lorsque leur « faux » jumeau est de sexe masculin que lorsqu’il est de sexe féminin. Néanmoins, l’effet de ces hormones à un stade précoce du développement est difficile à déterminer : influencent-elles directement le pattern des performances cognitives ou le goût pour les activités qui le façonne ? En effet, il a également été mis en évidence que les capacités spatiales des femmes atteintes d’hyperplasie congénitale seraient en partie influencées par un intérêt prononcé pour les activités considérées comme typiquement masculines [14]. En ce qui concerne les hormones post-natales, l’étude des performances des femmes selon l’avancée de leur cycle menstruel, associée ou non à la prise d’un contraceptif oral, a mis en évidence un effet de cette avancée sur leurs performances lors de la réalisation de tâches de vitesse motrice, visuospatiale [15] et de mémoire verbale [16]. Ces résultats suggèrent que la phase lutéale, associée à une concentration plus importante d’hormones, soit le moment où les femmes présentent un fonctionnement cognitif le plus marqué par l’effet du genre. Ces 406 résultats sont également corroborés par des différences d’activations cérébrales en fonction des concentrations hormonales : les niveaux d’hormones semblent influencer le pattern d’activité cérébrale observé en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) lors de la réalisation de tâches sensibles aux différences de genre dans l’aimant chez les hommes comme chez les femmes [17]. Des différences de régulation de l’émotion Au-delà de ces différences liées au genre concernant certaines tâches proposées en laboratoire, il existe de plus en plus de preuves que les différences liées au genre sont plus étendues que ce qui était supposé au départ [1]. En effet, plusieurs sets de données dans la littérature suggèrent que les femmes ressentent les expériences négatives de façon plus intense et fréquente que les hommes. Par ailleurs, plusieurs études en neuroimagerie suggèrent également que les femmes pourraient recruter différentes régions cérébrales que les hommes durant la perception des émotions, il s’agirait donc plus précisément de différences dans les circuits neuronaux des processus de régulation de l’émotion [18]. Ces différences rendraient les femmes plus enclines à ruminer des pensées négatives à la suite d’un évènement négatif ou après induction d’une humeur négative, ce qui contribuerait à la prévalence double du trouble dépressif majeur chez les femmes [19]. Dans le domaine mnésique, les femmes rappellent plus d’informations émotionnelles que les hommes. Néanmoins, l’émotivité per se semble être un prédicteur plus robuste de la mémoire de l’information émotionnelle [20]. L’influence différentielle de l’émotion sur la mémoire chez les hommes et chez les femmes est également soustendue par des données en neuroimagerie mettant en évidence des différences au niveau de l’implication de l’amygdale lors de l’encodage réussi d’un matériel émotionnel verbal comme visuel [21]. Cependant, les différences liées au genre apparaissant également sur du matériel neutre acquis lors d’un encodage incident, une gestion différente de l’émotion ne peut expliquer à elle seule l’avantage féminin constaté en mémoire [20]. L’influence des représentations sociales En effet, les effets liés aux stéréotypes de genre peuvent également influencer la cognition et présentent la Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 4, décembre 2014 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Le cerveau a-t-il un genre ? particularité de se développer très tôt dans la vie, et cela dans la plupart des cultures puisque presque toutes les sociétés possèdent des standards différents de comportement pour les femmes et les hommes [22]. Ainsi, les données issues de la recherche en psychosociologie cognitive suggèrent que les individus forment activement des schémas de genre à travers leurs relations sociales qui à leur tour sculptent leurs choix comportementaux [23]. Un des meilleurs exemples de l’impact des stéréotypes sur la cognition est le phénomène de menace du stéréotype lié à l’appartenance à un groupe social estampillé négativement ou positivement (exemple : « les personnes jeunes ont de meilleures performances que les personnes âgées »). Lorsque le stéréotype est activé, la personne présente une tendance plus importante à confirmer le stéréotype négatif ou positif à propos de son groupe social [24]. Par exemple, quand un test de mathématiques est décrit comme mettant en évidence des différences de genre dans les performances en faveur des hommes, les femmes obtiennent de moindres performances que les hommes ; mais quand le même test est présenté comme ne produisant aucune différence de performances, les femmes présentent des performances équivalentes à celles des hommes [24]. De la même façon, lorsque les consignes avant une tâche de rotation mentale insistent sur l’avantage féminin dû au fait que les femmes sont meilleures à prendre différentes perspectives que la leur, elles obtiennent de meilleures performances que les hommes [25]. Une étude en IRMf a mis en évidence que l’exposition a un stéréotype positif donne lieu à des activations plus importantes dans les régions nécessaires à la réalisation de la tâche tandis que l’exposition à un stéréotype négatif s’accompagne d’une activation plus importante dans les régions associées à la charge émotionnelle, ce qui suggère que les stratégies les plus adaptées sont favorisées par l’exposition à un stéréotype positif [25]. Sans exposition préalable à un stéréotype en particulier, plus les stéréotypes de genre sont présents (plus ou moins explicitement) dans les réprésentations d’une personne, plus les performances sont marquées par l’effet du genre. De plus, plus les performances sont marquées par l’effet du genre et plus les niveaux de testostérone sont élevés chez les hommes et bas chez les femmes, ce qui suggère que les hormones pourraient avoir un effet médiateur sur l’expression des stéréotypes de genre sur les performances comportementales [26]. L’influence des stéréotypes pourrait contribuer au fait que les femmes, en comparaison avec les hommes, présentent un avantage dans les fonctionnements sociocognitifs et affectifs qui sont liés au vécu et à l’expression de l’empathie, l’empathie étant définie comme la capacité Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 4, décembre 2014 à partager et comprendre les sentiments d’autrui [27]. En effet, la plupart des études concernant l’empathie se sont basées sur des autoquestionnaires, sensibles aux réponses normatives reflétant un biais et confirmant les stéréotypes du rôle social associés à un genre [28]. Néanmoins, bien que ces évaluations subjectives aient un effet sur les performances comportementales, elles ne les expliquent pas totalement. En effet, une fois contrôlé l’investissement social rapporté subjectivement, l’effet du genre dans la reconnaissance des visages diminue mais ne disparaît pas, ce qui soutient que l’engagement social subjectivement plus important des femmes explique seulement en partie la supériorité féminine dans la reconnaissance des visages [29]. De plus, l’appartenance à un genre ne semble pas être la seule variable influençant l’identité de genre. En effet, l’orientation sexuelle a également son importance dans le sens où les hommes homosexuels sont perçus comme ayant des traits de personnalité similaires aux femmes hétérosexuelles et les femmes homosexuelles comme ayant des traits de personnalité similaires aux hommes hétérosexuels [30]. Or, justement, les participants homosexuels présentent un pattern de réponse correspondant à celui de l’autre genre à certaines tâches sensibles aux effets du genre comme des tâches visuospatiales [31], motrices [7] et verbales [32], ce qui laisse supposer que ce sont les différences de représentations de différents groupes sociaux qui sont responsables de ces différences de performances. Le cas particulier de la mémoire autobiographique À l’intersection de ces différents traitements, se trouve la mémoire autobiographique. On distingue dans cette mémoire à long terme un versant plus épisodique, c’està-dire les évènements personnellement vécus avec leur contexte et leurs détails, et un versant plus sémantique des informations générales liées à soi. La mémoire autobiographique est, par sa nature, beaucoup plus complexe à évaluer d’un point de vue méthodologique en comparaison avec les traitements mentionnés jusqu’ici puisqu’elle nécessite d’évaluer la mémoire personnelle à partir d’indices standardisés. Cependant, l’intérêt croissant dont elle fait preuve est justifié par son importance dans le fonctionnement cognitif quotidien comme le prouvent les nombreuses plaintes mnésiques faisant l’objet d’une consultation dans les populations vieillissantes. Les gender’s studies ont également mis en évidence des patterns comportementaux différents qualitativement 407 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. L. Compère, P. Piolino et quantitativement entre hommes et femmes lors de l’évaluation de la mémoire autobiographique à des âges très différents. En effet, dès l’adolescence, les récits autobiographiques des femmes sont plus longs, plus élaborés et leur fil est plus cohérent que ceux des hommes [33] ; il en est de même à l’âge adulte, où les femmes se rappellent également plus d’évènements de vie, plus rapidement et les datent avec plus de précision que ne le font les hommes [1]. Il semblerait donc que ce soit plus la mémoire des détails donc la mémoire épisodique autobiographique qui soit sujette à l’expression de ces différences plutôt que la mémoire sémantique ou la mémoire des faits et connaissances générales autobiographiques. Deux hypothèses tentent d’expliquer ces différences de performances mnésiques : – l’hypothèse d’intensité d’affect propose que les femmes bénéficieraient d’un avantage mnésique dans la vie quotidienne parce qu’elles vivraient plus intensément les évènements de vie et se les rappelleraient donc plus intensément et plus souvent que les hommes [34]. L’intensité du ressenti des émotions aurait un impact sur les processus d’encodage et de récupération des souvenirs dont la trace mnésique serait plus distinctive et les processus de rappels répétés résulteraient d’une stratégie de régulation de l’émotion qui impacterait donc les processus de consolidation ; – en revanche, l’hypothèse du style cognitif avance que les femmes différeraient des hommes au niveau de la façon dont elles encodent, se souviennent ou pensent à leurs expériences du point de vue des stratégies privilégiées lors de ces processus, différences de stratégies mises en évidence en laboratoire, c’est-à-dire spatiales pour les hommes et verbales pour les femmes [35]. À ce jour, et à notre connaissance, seules trois études ont utilisé la neuroimagerie pour étudier les différences liées au genre dans le rappel en mémoire autobiographique. La première étude [36] met en évidence des mécanismes neuronaux communs et distincts sous-tendant le rappel en mémoire autobiographique chez les hommes et chez les femmes. Quel que soit le genre, les activations étaient observées bilatéralement dans le cortex cingulaire postérieur, dans les aires temporales latérales et médianes s’étendant aux régions hippocampiques et parahippocampiques et bilatéralement bien que surtout gauches dans les cortex préfrontaux dorsolatéraux et ventrolatéraux. Seule la région parahippocampique gauche était activée de façon plus importante chez les hommes que chez les femmes tandis que le cortex préfrontal dorsolatéral droit était activé de façon plus importante chez les femmes que chez les hommes. Dans le cas des souvenirs anciens et négatifs, les femmes présentaient également une activation plus impor- 408 tante dans l’insula droite qui n’apparaissait pas dans le cas des souvenirs négatifs récents. Les auteurs n’ayant pas observé de différences comportementales entre les performances des hommes et celles des femmes, interprètent leurs données comme suggérant l’utilisation de différentes stratégies cognitives lors de la récupération des souvenirs autobiographiques. Selon eux, le recrutement plus important du cortex préfrontal chez les femmes refléterait une dépendance plus importante au contexte temporel alors que chez les hommes, l’activation du gyrus parahippocampique gauche impliquerait un appui plus important sur le contexte spatial. La deuxième étude en IRMf [37] réalisée sur les différences liées au genre dans la mémoire autobiographique a montré que les hommes présentent un pattern d’activation reflétant une reviviscence plus importante lors de l’évocation du souvenir autobiographique à partir d’indices de rappel visuo-spatiaux versus verbaux, tandis que les femmes ne présentent pas de différences entre les patterns d’activations évoqués par ces deux indices. Au plan du comportement, il n’y avait pas de différences liées au genre dans la reviviscence, l’émotion, l’importance et la spécificité des souvenirs autobiographiques, mais cette étude met le doigt sur un point important qui est que les différences dans certaines études comportementales de la mémoire autobiographique peuvent être le résultat d’un biais favorisant le traitement verbal dans la méthode d’évocation et d’évaluation des évènements rappelés, traitement pour lequel les femmes sont avantagées. Les auteurs de la dernière étude en neuroimagerie publiée à ce jour [38] portant sur l’effet du genre lors de l’évocation de souvenirs autobiographiques ont noté que les deux précédentes s’appuyaient sur un paradigme d’évocation de souvenirs autobiographiques sélectionnés soit à partir d’un entretien précédant le scan [36] ou en tenant un journal écrit d’évènements ou de photographies prises les semaines précédentes [37]. Afin de s’assurer que les résultats obtenus ne concernent pas seulement des souvenirs évoqués ou encodés récemment, les auteurs ont présenté aux participants des mots non présélectionnés précédemment par les participants sur la base de leur vécu. Contrairement aux deux précédentes études en neuroimagerie, les analyses comportementales montraient que les femmes rappelaient plus de souvenirs négatifs que les hommes. Outre les régions d’activation communes, les femmes présentaient une activité augmentée lors du rappel autobiographique spécifique en comparaison à la tâche contrôle de fluence catégorielle dans le cortex préfrontal dorsolatéral, l’insula antérieure dorsale gauche et le précunéus droit en comparaison aux hommes, toutes valences de souvenir confondues. De plus, la comparaison Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 4, décembre 2014 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Le cerveau a-t-il un genre ? Figure 1. Dans la figure de gauche sont représentées en vert les régions activées lors de l’évocation de souvenirs en mémoire autobiographique (régions hippocampiques et parahippocampiques, préfrontales dorsolatérales et ventrolatérales, le cortex cingulaire, les aires temporales latérales et médianes) ; dans la figure centrale, sont représentées en bleu les régions présentant des activations plus importantes chez les hommes (région parahippocampique gauche) et en jaunes les régions présentant des activations plus importantes chez les femmes (cortex préfrontal dorsolatéral, insula) lors de l’évocation de souvenirs autobiographiques épisodiques ; dans la dernière figure, en rouge, sont représentées les régions présentant des activations différentielles dans le vieillissement en mémoire autobiographique (cortex préfrontal dorsolatéral, régions hippocampiques et parahippocampiques, cortex cingulaire). Figure 1. In the left figure, activated regions are colored in green when reminiscing in autobiographical memory (hippocampal and parahippocampal regions, dorsolateral end ventrolateral prefrontal cortex, cingulate cortex, lateral and medial temporal areas); in the central figure, regions with greater activation are colored in blue in men (left parahippocampal region) and in yellow in women (dorsolateral prefrontal cortex, insula) during the evocation of episodic autobiographical memories. In the right figure are colored in red the regions with differential activations in autobiographical memory in aging (dorsolateral prefrontal cortex, hippocampal and parahippocampal regions, cingulate cortex. des souvenirs positifs versus négatifs laissait apparaître une activité augmentée dans le cortex préfrontal dorsolatéral et l’hippocampe de façon bilatérale chez les femmes et dans l’hippocampe droit chez les hommes. Ces auteurs proposent l’interprétation alternative de ces différences de pattern d’activation comme indiquant un contrôle émotionnel visant à minimiser l’évocation de souvenirs autobiographiques négatifs et leur intensité compte tenu des différences d’activation selon la valence des souvenirs. Dans l’ensemble, bien que les patterns d’activations diffèrent compte tenu de la valence des souvenirs évoqués, ces patterns diffèrent également lorsque l’on considère toutes les valences confondues. Ces données soutiennent plutôt l’hypothèse de style cognitif plutôt que celle d’intensité d’affect. Par ailleurs, il existe une preuve grandissante que les femmes et les hommes diffèrent de façon importante dans leurs mécanismes psychologiques et neurobiologiques ce qui pourrait engendrer une fragilité psychopathologique différente selon le genre. Par exemple, les différences de genre pourraient expliquer la prévalence augmentée de trouble dépressif majeur [39] ou anxieux chez les femmes [40] ou bien influencer l’expression du profil cognitif associé à l’autisme chez les hommes et les femmes [41]. Bien que le moment du développement auquel ces différences apparaissent reste un point controversé, peu d’études se sont intéressées au devenir de ces différences pendant le vieillissement. Pourtant l’une des principales fonctions touchées par le vieillissement sain et pathologique est justement la mémoire épisodique autobiographique, il serait donc intéressant d’étudier si l’existence de différences liées au genre persiste dans le vieillis- Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 4, décembre 2014 sement et si ces dernières permettraient une meilleure compréhension du vieillissement normal et pathologique (figure 1). Différences liées au genre et vieillissement Tout comme le genre, l’âge agit sur l’engagement préfrontal, hippocampique et parahippocampique dans le traitement de l’information et sur les qualités propres à la recollection comme le niveau de détails épisodiques et l’intensité émotionnelle des souvenirs [42]. Néanmoins, très peu d’études semblent s’être penchées sur la question de l’effet du genre dans le vieillissement. Une des rares exceptions à cette règle a permis de mettre en évidence que les performances à des tâches sensibles au genre du type rotation mentale, évaluation de la taille d’un angle, fluence verbale et mémoire de localisation d’objet, déclinaient avec l’âge chez des participants de 20-65 ans et ce plus rapidement chez les hommes que chez les femmes et sans influence de l’orientation sexuelle sur ce déclin [43]. Alors qu’une méta-analyse réalisée auparavant établissait le résultat inverse en ce qui concerne d’autres tâches, le déclin cognitif des hommes était moins important que celui des femmes dans les tâches de vitesse et de raisonnement [44]. Contrairement à l’âge adulte, il n’existe pas de pattern clair d’avantage de genre pour la mémoire chez la personne âgée et les différences mises en évidence semblent surtout dépendre des tâches utilisées : certaines études rapportant 409 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. L. Compère, P. Piolino un avantage féminin [45], d’autres masculin [46] tandis que d’autres rapportent que les femmes âgées conservent un avantage en ce qui concerne le matériel verbal et les hommes âgés, le matériel spatial [47]. Le fait que la littérature portant sur les effets du genre dans le vieillissement soit aussi peu abondante peut-il résulter d’un biais à ne publier qu’en présence de résultats positifs ? En effet, il a déjà été rapporté des interactions entre l’âge et le genre [étendue d’âge 16-47 ans] sur le fonctionnement de la mémoire verbale, mais pas chez les participants plus âgés [55-89 ans] [48]. Dans cette étude, la mémoire verbale devenait moins efficiente avec l’âge chez les hommes, mais cette modification des performances avec l’âge apparaissait plus tardivement chez les femmes, résultats à mettre en lien avec d’autres [49] qui montrent une atrophie de l’hippocampe avec l’âge chez les hommes, mais pas chez les femmes. Une autre étude [50] a également rapporté des interactions entre l’âge et le genre sur le rythme cardiaque lors de l’induction de différentes émotions par évocation de souvenirs autobiographiques. Ces auteurs ont montré que, lors de l’induction de sentiments de colère et de peur, les différences de genre dans la réactivité cardiaque dépendaient aussi de l’âge dans le sens que seules les femmes jeunes présentaient une réactivité cardiaque plus importante en comparaison aux hommes jeunes tandis que ces différences disparaissaient lors de la comparaison des hommes et des femmes âgés. Il est bien connu que le fonctionnement cognitif est modifié par le vieillissement. Par exemple, l’asymétrie cérébrale fonctionnelle de la mémoire épisodique, bien connue sous le nom de modèle HERA, a tendance à disparaître avec l’âge, les latéralisations des processus d’encodage et de récupération devenant moins marquées [51]. De même, ces quelques données suggèrent que les différences liées au genre auraient également tendance à disparaître avec le vieillissement. Influences culturelles, hormonales et cérébrales : quelle évolution avec le vieillissement ? Plusieurs hypothèses peuvent expliquer la disparition de ces différences. En effet, il se pourrait que le stéréotype de personne âgée devienne plus prégnant que le stéréotype d’individu masculin ou féminin passé un certain âge [52]. Une explication alternative pourrait être celle des changements liés à la ménopause chez les femmes, marquée par la cessation de la sécrétion d’œstrogènes et de progestérone par les ovaires. En effet, des études de la mémoire chez 410 Points clés • Les hommes présentent un avantage aux tâches spatiales et les femmes aux tâches verbales et mnésiques, tandis que les résultats concernant les tâches motrices dépendent des tâches utilisées. • Diverses origines des différences de performances entre hommes et femmes ont été explorées dans la littérature : cérébrales, hormonales et sociales. • Deux hypothèses tentent d’expliquer les différences de performances mnésiques chez les femmes : l’hypothèse d’intensité d’affect et l’hypothèse de style cognitif. • L’avantage mnésique féminin semble disparaître avec l’âge mais cela ne signifie pas pour autant que les différences de stratégie qui le sous-tendent tout au long de l’âge adulte disparaissent également. des femmes ménopausées bénéficiant d’une thérapie de remplacement d’œstrogène tendent à montrer une amélioration de la mémoire verbale associée à ce traitement [53]. Néanmoins, ces résultats restent controversés car d’autres études n’ont pas reproduit ce résultat [54]. Enfin, du point de vue de la structure cérébrale, certaines études rapportent que l’atrophie de la substance blanche [55] et du cortex [56] durant le vieillissement est plus importante chez les hommes que chez les femmes [55] tandis que d’autres ne reproduisent pas ces résultats [57]. Conclusion : les différences liées au genre dans le vieillissement, quel intérêt ? De par les modifications du fonctionnement cognitif au cours du vieillissement, la mémoire est souvent à l’origine de nombreuses plaintes chez les personnes âgées. Tout comme le genre, l’âge agit sur l’engagement préfrontal, hippocampique et parahippocampique dans le traitement de l’information et sur les qualités propres à la recollection comme le détail épisodique et l’intensité émotionnelle des souvenirs [42]. Le fait que les différences entre hommes et femmes aient été liées à l’occurrence plus importante chez les femmes que chez les hommes de certaines maladies psychiatriques comme la dépression n’est pas à ignorer lors de la conception de la prise en charge de patients de sexes différents. À ce jour, bien que la littérature des différences liées au genre dans le vieillissement soit encore peu consistante, il semblerait que les différences de performances mnésiques observées entre les Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 4, décembre 2014 Le cerveau a-t-il un genre ? hommes et les femmes auraient tendance à s’atténuer avec l’âge. Néanmoins, l’atténuation de ces différences ne signifie pas pour autant que les différentes stratégies utilisées tout au long de l’âge adulte chez les hommes et les femmes disparaissent tout à fait. Ainsi, une exploration plus approfondie des différences liées au genre dans la cog- Références Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. 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