laire médiée par les lymphocytes T CD4 est insuffisamment
vigoureuse, ceci aboutit à la génération d’une destruction
chronique des hépatocytes insuffisante pour éliminer tou-
tes les cellules répliquant le génome viral et permettant
ainsi la perpétuation de la réplication virale et des lésions.
Ceci est donc à l’origine des lésions d’hépatite chronique
qui, par la suite, peuvent évoluer vers la cirrhose.
Les mécanismes de l’oncogenèse hépatique viro-induite
sont plus complexes et comprennent l’intégration du gé-
nome viral dans le génome de la cellule hôte, avec
possibilité de dérégulation d’oncogènes ou de gènes
cellulaires contrôlant la division cellulaire, l’expression de
protéines virales, comme la protéine X ou les protéines
d’enveloppe pouvant activer en trans certains gènes cellu-
laires ou induire des lésions cellulaires directes, le renou-
vellement hépatocytaire lié à la lyse de médiation immune
et la cirrhose [9]. Des cofacteurs de carcinogenèse ont été
parfaitement identifiés avec, notamment, la consomma-
tion d’alcool, l’exposition à l’aflatoxine induisant des
mutations dans le gène suppresseur de tumeur p53, la
co-infection avec le virus de l’hépatite C, le tabagisme
etc...
Les différentes phases de l'infection chronique
On distingue classiquement quatre phases dans l’évolu-
tion de l’infection par le virus de l’hépatite B (tableau 1)
[10, 11].
La phase d'immunotolérance
Cette phase se caractérise par un état de tolérance
immunitaire contre les cellules infectées. Cet état de tolé-
rance immunitaire pourrait être favorisé par l’antigène
HBe. Cette hypothèse est notamment évoquée dans le
cadre de la transmission mère/enfant du virus à l’accou-
chement où le passage transplacentaire de l’antigène
HBe rend le nouveau-né tolérant au virus de l’hépatite B,
lors de son exposition au moment de l’accouchement.
Cette phase se caractérise typiquement par la présence
de marqueurs de réplication virale avec un antigène HBe
positif, un ADN viral sérique extrêmement élevé. Du fait
de la tolérance immunitaire, les transaminases sériques
ont un taux normal. La biopsie hépatique n’est pas recom-
mandée dans cette situation, mais montrerait l’absence de
lésion ou des lésions hépatiques minimes et la présence
de très nombreuses cellules exprimant les antigènes vi-
raux. À cette phase, l’individu est extrêmement conta-
gieux et un dépistage systématique de l’entourage est
nécessaire avant de débuter une vaccination. Aucun
traitement antiviral n’a fait la preuve de son efficacité
durant cette phase de l’infection. Compte-tenu de
l’absence de lésion hépatique il n’y a pas d’indication
thérapeutique.
La phase de clairance immune
Durant cette phase, le système immunitaire entre en action
et le conflit entre la réplication virale et la réponse immune
de l’organisme aboutit à la constitution de lésions chroni-
ques nécro-inflammatoires du foie. On retrouve dans le
sérum des marqueurs de réplication virale avec un anti-
gène HBe positif, un ADN viral plus faible, compte tenu de
la destruction de cellules infectées, une élévation des
transaminases sériques, et la présence de lésions d’hépa-
tite chronique active à la biopsie hépatique, associées à
la présence d’un nombre plus faible de cellules exprimant
les antigènes viraux. C’est à cette phase qu’il est néces-
saire de débuter un traitement antiviral pour bloquer
la réplication du virus et induire un contrôle de l’infection
par le système immunitaire afin d’induire une rémission
histologique.
Portage inactif du virus de l'hépatite B
ou phase de rémission
Lorsque spontanément, ou sous l’effet de traitements antivi-
raux, le système immunitaire contrôle l’infection virale,
ceci conduit à la phase de portage inactif du virus de
l’hépatite B. Durant cette phase, les hépatocytes infectés
répliquent le génome viral a minima. La faible expression
des antigènes viraux et notamment de capside réduit donc
l’attaque des cellules infectées par la réponse immune
cellulaire. Le contrôle immunitaire de l’infection virale se
caractérise par la séroconversion HBe avec négativation
de l’antigène HBe, apparition d’anticorps anti-HBe,
diminution de l’ADN viral sérique en dessous de
10
4
copies/mL, normalisation complète des transamina-
ses, l’absence de signe d’inflammation hépatique sur la
biopsie. Il persiste toutefois dans le tissu infecté des
cellules comportant l’ADN superenroulé qui peut être à
l’origine d’une réactivation virale sous la forme d’un virus
sauvage ou d’un mutant pré-core (tableau 2), et des
cellules comportant le génome viral intégré dans le gé-
nome de l’hôte, pouvant être à l’origine de l’oncogenèse
viro-induite. De plus, des lésions de fibrose séquellaires
peuvent être présentes à ce stade. On n’emploie donc plus
le terme trompeur de « portage sain » du virus de l’hépa-
tite B, qui du fait de risque de réactivation virale et
d’oncogenèse hépatique, était porteur de confusion et
surtout faussement rassurant.
Élimination de l'antigène HBs
À cette phase, peut succéder une phase d’élimination de
l’antigène HBs qui se caractérisera par la négativation de
cet antigène viral, et éventuellement l’apparition d’anti-
corps anti-HBs qui pourront parfois diminuer et disparaître
au fil du temps. Très souvent, seul le marqueur de type
anti-HBc reste positif, témoignant d’un contact ancien
avec le virus de l’hépatite B. Parfois, ce marqueur peut
être absent. Il persiste alors des traces d’ADN viral circu-
lant détectables seulement des techniques de PCR ultra-
sensible. À ce stade de l’infection, il persiste dans le tissu
infecté des cellules comportant l’ADN viral superenroulé
pouvant être à l’origine d’une réplication virale a minima
et d’infection virale B occulte, et des cellules comportant le
génome viral intégré dans le génome de l’hôte pouvant
être à l’origine d’une oncogenèse viro-induite, notamment
lorsque cette phase survient à un stade de cirrhose hépati-
que [12, 13].
Les formes cliniques de l'hépatite B
Hépatites fulminantes
L’hépatite fulminante est une forme rare d’hépatite B qui
correspond à la destruction massive et rapide des hépato-
cytes infectés par le virus de l’hépatite B par la réponse
immune T cytotoxique. Il s’agit d’une forme typique d’hé-
patite fulminante évoluant vers l’insuffisance hépatocellu-
laire en quelques jours, indication classique de la trans-
plantation hépatique. Généralement, les transaminases
sont très élevées et les marqueurs viraux peuvent être
indétectables avec les techniques usuelles compte tenu de
la destruction massive des hépatocytes : l’antigène HBs
F. Zoulim, C. Trepo
J Pharm Clin, vol. 24, n° 4, décembre 2005
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