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LE NATURALISTE CANADIEN, VOL. 126 No 2 ÉTÉ 2002
FORESTERIE
Tableau 2. Évolution du nombre (N) et de l’importance (%R) des espèces depuis l’intérieur du milieu naturel (forêt
mixte) vers le centre de l’emprise selon leur affinité biogéographique. Les nombres correspondent aux valeurs
moyennes observées par section de 10 m (n = 10).
Milieu naturel Emprise
Forêt mixte Bordure Quart de l’emprise
Centre de
l’emprise
1-
10
11-
20
21-
30
31-
40
41-
50
51-
60
61-
70
71-
80
81-
90
91-
100
101-
110
111-
120
121-
130
131-
140
B N 16,8 14,5 13,5 23,2 23,9 29,5 25,0 21,8 21,2 24,0 23,1 28,3 26,4 23,9
%R 61,5 59,6 62,8 59,6 56,4 54,7 58,7 55,8 51,2 56,4 53,8 55,0 59,8 59,0
T N 11,3 8,5 9,2 15,3 17,4 17,4 14,7 13,6 14,4 14,2 13,9 16,3 12,1 12,1
%R 37,5 39,6 37,0 36,9 37,6 34,8 31,5 34,1 35,4 29,6 36,2 36,0 27,3 28,5
C N 0,0 0,0 0,0 0,0 0,4 1,0 0,9 0,9 0,8 1,0 0,6 1,0 1,0 0,9
%R 0,0 0,0 0,0 0,0 0,6 2,1 1,7 1,7 1,1 1,8 1,2 2,2 2,2 1,7
X N 0,5 0,4 0,2 1,9 2,4 4,2 3,0 2,9 3,6 4,2 3,4 2,8 4,8 3,1
%R 1,0 0,8 0,2 3,5 5,4 8,4 8,1 8,4 12,3 12,2 8,8 6,8 10,7 10,8
Total N 28,6 23,4 22,9 40,4 44,1 52,1 43,6 39,2 40,0 43,4 41,0 48,4 44,3 40,0
%R 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
B : espèces boréales ; T : espèces tempérées
C : espèces cosmopolites ; X : espèdes introduites
donc d’environ 4/1 en forêt à 2/3 dans l’emprise. Quant à
l’importance des espèces, elle varie sensiblement dans les
mêmes proportions, c’est-à-dire que, le long de la séquence
forêt – emprise, l’importance des espèces tolérantes diminue
de moitié alors que l’importance des espèces intolérantes est
multipliée par trois. Ainsi, l’accroissement dans le nombre
total d’espèces observé lors du passage de la forêt à l’emprise
est fondamentalement attribuable à une augmentation du
nombre d’espèces intolérantes qui s’ajoutent à un cortège
relativement uniforme d’espèces tolérantes. Les espèces
tolérantes semblent donc indifférentes à la nature du milieu,
alors que les espèces intolérantes apparaissent opportunistes
et bonnes colonisatrices, mais seulement dans les milieux
ouverts. Cette observation semble fondamentale et suggère
l’hypothèse suivante. Les comportements différents de ces
deux groupes d’espèces pourraient-ils être liés à des stratégies
de survie différentes, c’est-à-dire à des formes de croissance
préférentielles pour chacun de ces groupes d’espèces ?
Formes de croissance
Selon le tableau 1, les cinq formes de croissance
sont représentées dans la zone d’étude, tant en forêt que
dans l’emprise. Toutefois, trois groupes dominent par leur
nombre d’espèces. On note d’abord les hémicryptophytes,
qui comprennent près de la moitié des espèces ; ce groupe
est aussi le plus important de l’emprise. Suivent, dans des
proportions similaires, les phanérophytes et les géophytes.
Examinons d’abord la répartition des formes de croissance
le long de la séquence forêt – emprise (tableau 4). Les pha-
nérophytes (P), qui forment le groupe dominant en forêt,
voient leurs nombres d’espèces diminuer régulièrement à
mesure que l’on s’approche du centre de l’emprise, sans tou-
tefois montrer un effet d’écotone. Par contre, l’importance
relative de ces espèces chute brusquement à la lisière de la
forêt et continue à s’amenuiser davantage vers le centre de
l’emprise. Les chaméphytes (Ch) constituent un groupe de
faible importance et qui demeure marginal tout le long de
la séquence forêt – emprise. Tout au plus observe-t-on une
certaine tendance à l’accroissement de leurs effectifs vers le
centre de l’emprise. Les hémicryptophytes (Hc) présentent
un fort effet d’écotone à la limite de la forêt, et ce, tant par
les nombres d’espèces que par leur importance relative qui
atteint près des deux tiers de l’importance totale des espèces
vers le centre de l’emprise. Les géophytes (Gé), qui montrent
un faible effet d’écotone dans les nombres d’espèces, sont
surtout remarquables par la régularité de leur importance
relative tout le long de la séquence forêt – emprise. Enfin, les
thérophytes (T) forment un groupe marginal et d’impor-
tance plutôt négligeable, à l’instar des chaméphytes.