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RÉSUMÉ
C’est à l’invitation du Ministère de la culture du Gouvernement
grec que l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce put conduire
en juin 1997 et en juillet 1998 deux campagnes de sonda-
ges stratigraphiques et divers nettoyages dans le théâtre
d’Erétrie. Les travaux furent placés sous la responsabilité de
Hans Peter Isler, avec la collaboration de Elisa Ferroni. L’Ecole
suisse réalisa à la même époque des relevés topographiques
et architecturaux du monument. Enfin, une équipe de cher-
cheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich dressa un
constat sur l’état de conservation du monument et formula
diverses propositions en vue d’assurer sa protection et sa
restauration.
La construction du théâtre
Le bâtiment de scène est édifié directement sur le sol natu-
rel, alors que l’orchestra a été creusée dans le terrain naturel.
Les récentes observations confirment l’existence d’irrégularités
dans la surface du terrain qui prouvent qu’il n’était pas aussi
uniforme qu’aujourd’hui, ce qu’avaient déjà noté les fouilleurs
américains. Ces derniers avaient remarqué que le sud du bâti-
ment de scène prend appui sur une fondation à deux assises
et avaient attribué cette construction à une légère déclivité.
On ne peut toutefois exclure que cet aménagement remonte
aux réparations intervenues lors de la troisième phase du bâ-
timent de scène.
Nos investigations sur le long mur qui prolonge le mur de
scène à l’ouest et sur lequel se dressent les monuments dédica-
toires ont mis en évidence dans ce secteur une autre irrégularité
du terrain. En effet, au nord du mur, il marque une dépression,
qui a été partiellement comblée par un remblai de pierres.
Le niveau supérieur de ce remblai correspond probablement
au sol de la parodos ouest.
Le koilon
Les travaux ont confirmé que le koilon était formé d’un rem-
blai fait de main d’homme. Il n’était limité par aucun mur
de soutènement et comprenait trente rangées de sièges. Au
sommet, des surfaces aplanies invitent à supposer cinq à six
rangées de places pour des spectateurs debout. Le mobilier
livré par le sondage pratiqué dans le koilon indique que ces
aménagements remontent à la seconde phase du théâtre,
soit à une période située vers 300 av. J.-C. ou de peu pos-
térieure.
L’orchestra et le canal d’évacuation des eaux vers l’ouest
Des éléments du revêtement du sol de l’orchestra subsistent
encore, de même que les indices de réparations ultérieures.
Une couche de terre battue comprenant du sable peut être mis
en rapport avec l’utilisation postérieure de l’orchestra comme
arène. Des cavités taillées dans les blocs bordant l’Euripe du
côté des gradins permettent de supposer qu’une barrière avait
été installée à cet emplacement pour protéger les spectateurs.
Enfin des cavités dans l’Euripe pourraient avoir servi à l’instal-
lation d’un velum. Les fouilleurs américains avaient décrit un
décor peint sur du stuc le long de la paroi intérieure de l’Euripe.
Il en subsiste encore quelques vestiges.
Une conduite d’évacuation des eaux prenait son origine
dans la partie sud-ouest de l’Euripe et se poursuivait sous le
bâtiment de scène. Il rejoignait sans doute le système de cana-
lisations repéré par les fouilleurs américains dans le secteur du
sanctuaire de Dionysos. La conduite se composait d’une série
de gros blocs de poros, où l’on avait creusé un canal. Le canal
composé d’éléments de terre cuite qui a été mis au jour dans
la partie est de l’orchestra par les archéologues américains
faisait parti d’une réfection postérieure.
Le bâtiment de scène
Le bâtiment de scène de la première phase (pl. 83, 1) compre-
nait cinq pièces. Les fondations sud ne sont pas conservées
dans leur état original, car elles ont été rénovées lors de la
troisième phase. Le seuil se trouvait entre les angles intérieurs
des paraskenia et formait la limite de la scène. Celle-ci était
peu élevée.
La première phase du bâtiment de scène fut précédée d’une
construction antérieure, qui fut abandonnée comme en témoi-
gne le nivellement de la zone par une couche de fragments de
poros. La fonction du long mur qui se dresse à l’ouest du n’est
pas assurée. Il est certain cependant qu’il appartient à la pre-
mière phase du bâtiment de scène et qu’il reposait sur le sol
vierge. Il n’était surmonté d’aucune construction.
Le passage voûté sous le bâtiment de scène appartient à
la seconde phase (pl. 83, 2). Il a été creusé dans le sol vierge.
L’étanchéité de la voûte a été renforcée par un mélange de
terre et de chaux. Le niveau d’utilisation du bâtiment de scène
de la seconde phase est le même que celui de la première. Le
mur postérieur de l’hyposkenion repose directement sur le sol
vierge, sans fondations. Le seuil du proskenion, en poros, est
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contemporain. Il est enterré plus profondément dans le sol.
Le mur sud du bâtiment de scène se rattache presque dans
sa totalité à la troisième phase (pl. 83, 3), ce qui n’était pas
connu jusqu’ici.
La datation des trois phases du théâtre
La première phase du bâtiment de scène peut être datée du
dernier tiers du IVe siècle av. J.-C. par les trouvailles résultant
de la fouille stratigraphique. Une monnaie d’Athènes de 330–
322/317 av. J.-C. fournit un terminus post quem.
Pour la datation de la seconde phase du bâtiment de scène,
on ne dispose d’aucun élément stratigraphique. Elle est pour-
tant est contemporaine du koilon, soit d’environ 300 av. J.-C.
ou des années immédiatement postérieures.
La troisième phase du bâtiment de scène se situe après le
milieu du IIe siècle av. J.-C. Cette datation est confirmée par les
modestes trouvailles provenant de l’orchestra.
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