La raison et la croyance
Imprimé le 05/04/2016
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La philosophie ne considère pas que les questions relatives à la religion seraient un
domaine réservé à des spécialistes, par exemple, des théologiens. Elle exerce son pouvoir de
libre-examen sur tout objet, considérant que la capacité de découverte de la vérité s'exprime
par la seule puissance de la raison.
Certes, on peut supposer que la philosophie analyse le discours théologique comme
possédant un sens plus ou moins rationnel mais pour autant sans pouvoir déterminer si ce dis-
cours est vrai. Donc, si le philosophe cherche à établir un discours vrai, il lui faut faire preuve
de prudence pour ne pas se tromper dans l’étude de la religion.
Remarquons par ailleurs que les rapports entre les sciences expérimentales et les
croyances religieuses sont parfois aussi tendus. Par exemple dans le procès de Galilée : celui-
ci montre que la terre tourne autour du soleil, elle tourne aussi sur elle-même. C’est en oppo-
sition avec la Bible : il est donc condamné par l’Église catholique.
Avec le développement des sciences, on peut savoir si l’enseignement d’une religion
est en opposition avec la connaissance scientifique qui porte sur le monde ou l’existence des
hommes. On peut prendre deux autres exemples :
– La création de monde en six jours d’après la Bible : ce qui est maintenant im-
possible à accepter.
– La croyance en l’existence de l’âme. Depuis Descartes, on associe âme et
conscience. En neurologie, on montre que c’est le cerveau qui pense : la cons-
cience n’est pas séparable du corps. N’est-ce pas la même chose pour l’âme ?
Toutefois la question de l’existence de Dieu ne relève pas de la science. Il faut noter
que des philosophes - à la fois des théologiens qui ont fait oeuvre de philosophie et des au-
teurs reconnus comme spécifiquement philosophes1, tels que Aristote, Descartes - ont donné
une ou plusieurs preuves de l'existence de Dieu.
Par exemple, selon Aristote et Thomas d’Aquin, Dieu est cause première de toute cho-
se : il faut une cause qui soit première, autrement, on remonte de manière indéfinie de cause
en cause, et non peut pas déterminer l’existence du monde. Ce qui pourrait être conforté par
Leibniz. Lorsqu’il rappelle qu’en énonçant le principe de raison suffisante, tout effet a une
cause qui précède. Cela signifie que toute chose a une raison d’être, rien n’existe sans raison
(au sens de cause et de rationalité).
II. La raison n’est-elle pas elle-aussi fondée sur une forme de croyance ?
Nous devons remarquer qu’il n'est pas possible non plus de prouver que Dieu n'existe
pas, sauf à supposer que la notion même de Dieu est impensable, parce qu'elle serait contra-
dictoire.
Dans les premières définition, nous avions admis que la foi est une certitude immédia-
te, cette notion qualifie habituellement l'expérience religieuse. La raison elle-même ne peut
critiquer facilement la foi religieuse. En effet, la raison repose elle-aussi fondamentalement
sur la croyance en sa propre légitimité, comme la religion croit en la légitimité de sa démar-
che.
Qu'est-ce qui peut rendre raison de la raison, si ce n'est la raison elle-même ? Il fau-
drait donc croire en la raison elle-même. Pourquoi alors la foi religieuse ne pourrait-elle pas
revendiquer elle-aussi d’être légitime ?
1 On pourrait ajouter le scientifique Newton.