SCIENCES l
LE MOUSTIQUE TIGRE
Nuisibles & parasites information 80 l mai-juin 2013
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plusieurs conditions sont nécessaires :
• la présence du vecteur,
• l’exposition du moustique au virus de la dengue
ou du chikungunya,
• une « naïveté » immunologique de la population
humaine à ce virus, ce qui est le cas des métropoli-
tains, très peu confrontés à ces virus.
L’exposition des moustiques Ae. albopictus présents
en France aux virus de la dengue et du chikungu-
nya est notamment possible lorsque des voyageurs,
de retour de pays où ces maladies sont présentes
(Antilles, Amérique du Sud, Asie du Sud-Est, Océan
Indien) reviennent infectés, introduisent ces virus
en France métropolitaine et se font piquer par des
Ae. albopictus locaux.
Après quelques jours, ces moustiques seront
capables de transmettre à leur tour, sur le territoire
métropolitain, le virus à une personne qui n’a pas
voyagé.
Mesures de gestion mises en place
Ces moustiques constituent une nuisance importante
mais peuvent également être à l’origine de risques
d’ordre sanitaire. Face à ce constat, un dispositif
national a été mis en place en France métropolitaine
sous l’impulsion du ministère chargé de la santé (on
parle du plan anti-dissémination de la dengue et du
chikungunya en France métropolitaine).
Ce plan, qui est décliné au niveau local sous l’égide
des préfets de département, implique un grand
nombre d’acteurs : Agences régionales de Santé,
Opérateurs publics de démoustication, collectivités
locales (mairies, Conseils Généraux), professionnels
de santé. Il vise ainsi à coordonner l’ensemble des
actions dans un souci d’optimisation de la réponse
et s’articule selon trois axes :
• une surveillance entomologique, qui vise à
connaître aussi précisément que possible l’aire d’im-
plantation d’Ae. albopictus,
• une surveillance humaine ou épidémiologique,
permettant d’identifier les personnes potentielle-
ment porteuses des virus de la dengue et du chikun-
gunya dans les zones de présence d'Ae. albopictus,
• une gestion des situations à risque par la mise
en œuvre de manière rapide et coordonnée des
mesures proportionnées de contrôle du vecteur et
de protection des personnes.
L’action du public reste cependant essentielle, au vu
de la capacité d'Ae. albopictus à coloniser de petites
collections d’eau à proximité directe des habitations
(soucoupes, récipients divers, gouttières…). Dans
un souci de prévention et de réduction des popula-
tions de moustiques à la source, il est ainsi primor-
dial de sensibiliser les personnes résidant dans les
zones où la présence du moustique est avérée, à
détruire tous ces gîtes potentiels de développement
des moustiques.
Le rôle prépondérant des PCO
Les professionnels de la désinsectisation ont un rôle
prépondérant à jouer dans la lutte contre Ae. albo-
pictus, non seulement en termes de lutte mais aussi
en tant que relais d’information et de sensibilisation
de la population.
En effet, la grande majorité des gîtes larvaires se
situant sur le domaine privé, de nombreux parti-
culiers vont ou auront recours à des sociétés 3D
pour des traitements contre cette espèce. Il est donc
nécessaire que chaque acteur s’inscrive dans une
stratégie de lutte globale afin d’assurer l’efficacité
des actions de lutte, de préserver la sensibilité des
moustiques aux insecticides et de limiter les impacts
sur l’environnement.
Une telle démarche passe par le conseil en matière
d’aménagement de l’habitat (rectification des pentes
des gouttières, protection par moustiquaire des dis-
positifs de collecte d’eau pluviale, empoissonnement
des bassins, entretien des pièges à sable…), l’infor-
mation et la sensibilisation à la lutte contre les eaux
stagnantes, ainisi que le recours à des traitements
larvicides pour des gîtes non suppressibles.
Il est important de souligner qu’en matière de lutte
contre les moustiques le recours aux adulticides
doit être très limité et, idéalement, réservé à des
contextes sanitaires (épidémies).
Charles JEANNIN
Entente Interdépartementale
pour la démoustication du littoral méditerranéen
Frédéric JOURDAIN, Yvon PERRIN, Didier FONTENILLE
Institut de Recherche pour le Développement ,
Centre National d’Expertise sur les Vecteurs
>
Recommandations de bonne pratique sur la Protection personnelle
antivectorielle (PPAV).
Groupe de travail piloté par la Société de Médecine des Voyages
et la Société Française de Parasitologie.
Texte court
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Affichette
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Quelques règles simples...
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Un dispositif
national face
aux risques
épidémiologiques