ni bien sûr avec la crise budgétaire. Un
récent sondage montre que tout le
monde pense qu’il est vital d’investir
dans l’éducation, mais que beaucoup
pensent que l’école coûte trop cher.
En parallèle, les milieux ensei-
gnants sont un peu désorientés. Au-
delà des plans d’études, des méthodes
et des didactiques, ils cherchent un
nouveau modèle de professionnalité,
ce qui entraîne entre autres une ré-
flexion sur les fondements éthiques de
la profession, en particulier aussi sur la
source légitime des connaissances
professionnelles et sur la tension entre
loyauté avec les usagers (élèves et
parents) et loyauté avec l’institution,
ses règles et sa hiérarchie.
PANORAMA: Et quel bilan fais-tu
plus particulièrement en ce qui con-
cerne la formation professionnelle?
Hutmacher: Dans une société à forte
composante tertiaire vers laquelle
nous nous dirigeons, même les
apprentissages de l’école primaire
deviennent objectivement partie inté-
grante d’une formation professionnel-
le: savoir lire, écrire, calculer, abstraire
et généraliser, raisonner et analyser de
façon autonome, négocier, communi-
quer, écouter les autres, etc., sont
dorénavant des compétences indis-
pensables dans l’exercice d’un nom-
bre grandissant de professions. A l’au-
tre bout, l’Université est de fait un lieu
de formation professionnelle, quelles
que puissent être les nostalgies d’un
humanisme de distinction qui hantent
encore le monde universitaire. Il
devient simplement impossible de
tirer une frontière nette entre forma-
tion générale et professionnelle.
Dans ce sens, on peut se demander
s’il ne serait pas souhaitable de duali-
ser dans une certaine mesure le sys-
tème d’enseignement dit général: il
est difficile pour une fraction en tout
cas des jeunes de se convaincre du
sens d’études détachées de l’univers
significatif pour les adultes
PANORAMA: Plus personne ne peut
croire aujourd’hui que notre système
de formation professionnelle est le
meilleur du monde. Quels sont les
défis principaux qu’il doit relever
aujourd’hui, et dans les années qui
viennent?
Hutmacher: Le système dual n’a pas
nécessairement les forces qu’on lui
prêtait. Il n’est plus tout à fait sûr
aujourd’hui qu’il est le seul ou le meil-
leur moyen de suivre l’évolution tech-
nologique; dans les faits, récemment,
une approche trop bureaucratique de
l’apprentissage a plutôt freiné les
capacités d’adaptation rapide.
Du point de vue de la demande de
formation, le système dual a gagné
quelques points récemment. D’une
part, il devient visible qu’en période
de récession les pays à système dual
connaissent dans l’ensemble moins de
chômage spécifique des jeunes.
D’autre part, l’apprentissage n’est plus
une voie sans issue. Grâce à la matu-
rité professionnelle et à la création des
HES, il devient plus crédible et plus at-
tractif aux yeux des jeunes. Dommage
que ces mesures soient si tardives.
La principale faiblesse du système
dual réside dans sa dépendance de la
volonté des entreprises de former leur
relève et celle de leur branche. Cette
volonté est plus chancelante aujour-
d’hui pour deux raisons. La première
est lié à l’internationalisation croissan-
te de l’économie et des entreprises; la
culture pédagogique des entreprises
que suppose le fonctionnement régu-
lier du système dual est une caractéris-
tique d’une portion très réduite du
monde (en gros l’Allemagne, l’Autri-
che, la Suisse). Chaque fois qu’une
entreprise suisse passe sous le con-
trôle d’une entreprise étrangère, la
participation au système dual est re-
mise en cause. Les entreprises inter-
nationales qui viennent s’implanter ne
se posent la plupart du temps même
pas la question. L’offre de places d’ap-
prentissage risque ainsi de se confiner
progressivement aux PME des sec-
teurs traditionnels de l’artisanat et des
services. La seconde raison tient aux
coûts de la formation. Notamment
dans la conjoncture concurrentielle
actuelle, la tentation est grande pour
les entreprises de transférer les charges
de la formation initiale à l’Etat, lui-
même dans une tourmente budgé-
taire. Il reste un travail à faire sur la
culture des entreprises (même
étrangères), pour qu’elles renoncent à
une logique économiste à courte vue.
PANORAMA: Si tu me permets pour
finir une question plus personnelle: je
sais que retraite ne signifie pas pour
toi inactivité. Quels sont tes projets?
Hutmacher: Dans l’immédiat, je garde
mon enseignement à l’Université pour
un an encore. Je vais certainement me
consacrer à la poursuite de projets
déjà engagés, notamment le PNR 33,
dont la synthèse et la clôture n’inter-
viendront qu’en 1999. Je pense aussi
conserver mon engagement dans la
politique de la science en faveur de la
recherche en éducation, et plus
généralement des sciences sociales,
aux plans suisse et international.
J’espère enfin avoir le temps de faire
un peu de recherche moi-même. Et je
vais essayer de réaliser un rêve: la
semaine des 35 heures. ■
48 PANORAMA 5/97
«Une approche trop
bureaucratique de l’appren-
tissage a freiné plutôt
que favorisé les capacités
d’adaptation rapide deve-
nues nécessaires pour suivre
l’évolution technologique.»
Pionier
der Erziehungs-
Soziologie
Namentlich seit den 60er Jahren ist
in den Sozialwissenschaften im Erzie-
hungsbereich (Soziologie, Wirtschaft,
Geschichte) eine Entwicklung festzu-
stellen; in der Schweiz gehört Walo
Hutmacher zu den Pionieren. Die
Erziehungssoziologie, anfänglich vor
allem mit der sozialen Ungleichheit
befasst, interessiert sich heute eher
dafür, was sich in den Klassen
abspielt.
Wenn die SGAB seiner Meinung
nach den Anschluss in der Berufsbil-
dungsforschung nicht gefunden hat,
hat sie doch zu einer Verbesserung
der Beziehungen zwischen Forschern
und Akteuren beigetragen und erfüllt
ihre Mission als Vermittlerin gut.
Die Berufsbildung unterscheidet
sich nicht wesentlich von der All-
gemeinbildung. Das grundlegende
Schulwissen wird immer wichtiger
für jede Ausbildung und für die Aus-
übung vieler Berufe. Auf der anderen
Seite des Spektrums wird auch die
Universität ein Ort der Berufsbildung.
Das duale System vermindert zwar
die Gefahr der Arbeitslosigkeit bei
Jungen, hängt andererseits aber vom
Willen der Unternehmen ab, junge
Menschen auszubilden oder aber die
Kosten auf den Staat abzuwälzen.
D