Entretien avec Jean-Pierre Becquemin, chef du service de
chirurgie vasculaire et endocrinienne, à l'hôpital Henri-
Mondor
En quoi consiste la “mission” du robot Magellan ?
Le pôle cardio-vasculaire de l’hôpital Henri-
Mondor, et plus spécifiquement le
service de Chirurgie vasculaire, a pour mission de développer
la chirurgie, moins invasives.
De plus en plus, nous privilégions pour nos patients des traitements
percutanés, sous anesthésie locale. Pour cela, nous utilisons traditionnellement
ce qu’on appelle un “guide”. Celui-ci se compose de p
dans les artères et dont nous suivons la progression sur un écran de radiologie.
Ces tuteurs sont manipulés directement par la main du chirurgien. Cela nous
permet de réaliser des interventions sur les coronaires, les anévrismes ou
encore les rétrécissements des artères périphériques. 60% de nos malades sont
ainsi soignés par traitement endovasculaire plutôt que par chirurgie ouverte.
Jean-Pierre Becquemin
Le robot Magellan, dont nous venons de faire l’acquisition, est une sorte de bras articulé connecté à une
console de navigation. Ce système permet de piloter à distance un cathéter très souple qui circule à l’intérieur
des vaisseaux d’un patient, jusqu’à sa destination finale. À l’inverse du “guide” qui suit l’anatomie naturelle
du patient (et va “buter” sur des angles, par exemple), le robot est très mobile et facilement orientable. Relié
au système de radiologie interventionnelle très sophistiqué, disponible à l’hôpital Henri-Mondor, le robot va
donc grandement faciliter la navigation endovasculaire.
En fait, la technique dans son ensemble consiste à réaliser une imagerie préopératoire par scanner. Une fois
copiée sous forme de cédérom, celle-ci sera insérée dans notre appareil de radiologie, qui est couplé à un
ordinateur. Une cartographie du malade sera ainsi réalisée. Une sorte de “Google Map” du paysage
endovasculaire ! Et c’est grâce au bras articulé (le robot Magellan) que nous pourrons aisément naviguer dans
les artères.
Quels avantages cette technique présente- t-elle pour le patient ?
Ils sont nombreux. Tout d’abord, la “navigation” à l’intérieur du corps du patient sera considérablement
facilitée, avec moins de risques d’abîmer les vaisseaux avec le cathéter ou d’échecs à atteindre l’organe
“cible” pour traiter la lésion artérielle ou veineuse. Cette technique dite “mini-invasive” apporte un gain en
termes d’efficacité. Ensuite, elle permettra une réduction du temps de procédure (l’intervention durera entre
30 minutes et deux heures, selon les cas), ce qui entraîne un gain de confort évident, avec moins de pénibilité
pour le patient. Dans le même temps, c’est l’occasion d’augmenter sensiblement l’activité avec des ressources
identiques (salle d’opération, personnel médical et paramédical).
L’irradiation sera également moindre pour le patient la procédure étant moins longue mais aussi pour
l’opérateur (le personnel médical) qui se tiendra désormais à distance pour piloter le cathéter. On notera que
ce nouveau système va dans le sens de notre démarche de pôle d’excellence. En effet, l’hôpital Henri-Mondor
a une activité académique très forte reconnue notamment dans le domaine cardiovasculaire et s’efforce de se
donner les moyens d’offrir aux patients les meilleurs traitements actuels, à la pointe de la technologie et du
progrès. Pour cela, rappelons que nous sommes notamment aidés par la Communauté d’agglomération Plaine
centrale, qui a largement subventionné l’acquisition du robot Magellan.
Qui pourra bénéficier de cette nouvelle technologie ?
Le robot vise à traiter les patients atteints de maladies artérielles occlusives et d’anévrismes. À ce jour, notre
service de Chirurgie vasculaire traite en moyenne près de 2000 patients, chaque année. Nous estimons que ce
nouveau système de téléguidage va permettre de traiter 120 d’entre eux. Cette technologie sera réservée aux
cas difficiles, retenus en fonction de leur anatomie et/ou de la sévérité de leur maladie.