La philosophie d’A. T. Still sur l’immortalité1
Discours prononcé à Kirksville le 24 mais 1912, par Andrew Taylor Still, fondateur de l’ostéopathie, lors
d’une réunion des associations d’ostéopathes de la vallée du Mississippi et de l’état du Missouri.
Je ne sais pas si la philosophie de la vie et de la mort que je vais vous présenter aura le moindre intérêt pour
vous.
Pendant cinquante ans, j’ai cherché quelque canon ou artillerie permettant de tuer le Loup Noir de la Mort,
ou peur, existant dans toutes les geôles des agneaux de Dieu. Par geôles, j’entends toutes les églises, catholi-
que, protestante, mahométane et toutes les autres.
Lorsque le prêtre ou le pasteur arrive à l’heure de sa mort et que vous, son médecin, lui dites qu’il est sur le
bord de la Rivière de la Mort, qu’il ne vivra pas vingt quatre heures et que demain, il sera cadavre , vous savez
comment il a vécu, consacrant tout son temps au service du Dieu vivant, même le pape , si vous lui disiez que
demain il sera cadavre et lui demandiez ce qu’il voit de l’autre côté de la rivière, la réponse du prêtre et du
pasteur et, je pense, également celle du pape, serait : « c’est vraiment un saut dans l’inconnu. »
J’ai maintenant quatre vingt trois ans et, en tant que médecin, je me suis trouvé au chevet de tous, aussi bien
en temps de paix qu’en temps de guerre. Je me suis trouvé au chevet de pasteurs dévoués, ayant passé leurs jours
à préparer la traversée de ce fleuve, et lorsqu’ils me demandèrent d’être honnête avec eux, disant : « Pensez-vous
que j’ai une chance de m’en tirer ? » – et que je leur répondais qu’ils ne vivraient pas, qu’ils seraient cadavre dès
le lendemain, et leur demandais ce qu’ils voyaient au-delà du fleuve de la mort, leur réponse était : « c’est vrai-
ment un saut dans l’inconnu. »
Je commencerai par mon père. Entre dix huit et soixante et onze ans, il fut un dévoué serviteur de Dieu et
pratiqua sa religion. Lorsqu’il fut très malade à cause d’une pneumonie, j’allais le voir et il me dit : « Andrew,
sois honnête avec moi, n’aie pas peur, dis-moi, ai-je la moindre chance de m’en tirer ? » Je dis : « Papa, tu me
pose une question bien grave demain, tu seras cadavre. Je sais aujourd’hui comment tu as vécu, comment tu
t’es dévoué et s’il y a quelque chose en religion, tu as été un fidèle serviteur de Dieu toi qui est sur sa rive, dis
moi ce que tu vois au-delà du Fleuve de la Mort. » Il répondit : « Andrew, c’est vraiment un saut dans
l’inconnu, » j’espère être entre les mains d’un Dieu miséricordieux et que tout se passera bien. » Je lui
dis : « j’avais espéré que tu allais me dire ‘de l’autre côté du fleuve, je discerne une lumière brillante,’ mais c’est
un saut dans l’inconnu. » Je pense que c’était un bien maigre salaire pour une vie entière consacrée à la religion.
Il s’appelait Abram Still, il avait soixante et onze ans et il était pasteur méthodiste.
Abram Roffrock, un Dunker2, fut l’un des hommes les plus pieux et religieux que j’aie connu. Curieuse-
ment, lui et mon père moururent tous les deux à soixante et onze ans. Il était atteint de dysenterie et me demanda
s’il allait s’en sortir. Je lui dit que le lendemain il serait cadavre. Alors, je lui dis : « Puisque tu es sur sa rive, que
vois-tu de l’autre côté du Fleuve de la Mort ? » Il répondit : « c’est vraiment un saut dans l’inconnu, j’espère être
entre les mains d’un Dieu miséricordieux. »
Ce loup d’épouvante est dans toutes les prisons ou églises de tous les agneaux de Dieu. Le pape, les évê-
ques, les doyens et les dirigeants de toutes les églises redoutent ce loup et tourneraient le coin pour se cacher
aussi vite que n’importe quelle brebis dans le troupeau. Ils redoutent le loup de la mort tout autant que n’importe
qui. Je sais de quoi je parle.
Pendant cinquante ans, j’ai cherché dans toutes les armureries théologiques pour trouver le canon et les mu-
nitions permettrant de tuer ce loup de torture que les théologiens apprennent à partir de ce texte : « Soyez pour-
tant toujours prêts car c’est au moment où vous n’y penserez pas que le Fils de l’Homme viendra. »
J’ai enfin trouvé un canon qui a éloigné de moi ce loup d’épouvante. Aujourd’hui, je n’ai pas plus peur de
la mort que de la vie. J’ai une préférence pour la mort. Pourquoi ? Parce que je suis âgé et que j’ai été dans ce
1 Tiré de Early Osteopathy in the words of A. T. Still, p. 373-75. textes de Still, réunis par R. V. Schnucker, Thomas Jefferson
University Press, Kirksville, Missouri, 1991 Traduction Pierre Tricot DO MRO(F), 1998.
2 Dunker : membre de certaines églises baptistes d’origine germanique, pratiquant le baptême par immersion, refusant
l’allégeance à quiconque et le port des armes.
corps suffisamment longtemps, confiant dans le fait qu’il y aura une marche supérieure, nécessaire à la perfec-
tion spirituelle de l’homme.
À la recherche de vérités démontrables, et après avoir rencontré tous ces théologiens, je suis allé dans mon
poulailler, dans mon écurie, j’ai observé les animaux et j’ai découvert que toute nature animée, sauf l’homme,
vient au monde qualifiée, possédant la connaissance parfaite permettant de connaître et d’accomplir ce qui est
cessaire pour son confort et son bonheur. Lorsqu’à peine âgé de deux heures, le veau, le poulain ou l’agneau
se lèvent, vont à leur mère et à l’endroit correct du corps de la mère saisissent la tétine et tètent le lait nourricier,
chaque mouvement démontre une perfection mentale absolue dans leur domaine.
Lorsque, âgé de deux jours, le poussin sort de sa coquille, il démontre la perfection du savoir qui est en lui,
celle qui est reliée au domaine ou à la sphère d’un oiseau. Posez une araignée et une mouche sur le sol à côté
l’une de l’autre et il mangera la mouche, laissant l’araignée. Il mangera du pain sec, même s’il n’en a jamais vu
auparavant et, le morceau de ce pain sec dans le bec, ira tout droit à un récipient rempli d’eau, le mouillera et
continuera son repas. Si un faucon vole au-dessus d’un poussin sortant de couveuse, il se cachera jusqu’à ce que
le faucon soit parti. Ces exemples tirés de la nature nous fournissent des preuves évidentes de la parfaite intelli-
gence et des dispositions de Dieu pour tous les êtres animés, dans les différents domaines de la vie, dès leur
naissance, sauf pour l’homme.
Hélas, lorsque j’en arrive à l’homme, je le trouve sous dépendance à la fois physique et mentale. Il vient au
monde avec un mental vierge et à sa mort, il ne sait guère plus en dépit des jours et des années passées dans les
écoles scientifiques et théologiques. Par observation, il a appris juste suffisamment pour sa propre survie et celle
de ceux qui dépendent de lui Il aura donc bien peu à emporter avec lui. Vous pouvez fréquenter toutes les éco-
les possibles, lorsque vous partez, vous n’êtes toujours qu’un imitateur.
J’ai plus appris d’une vieille poule que de tous les théologiens. J’ai étudié la grande leçon qui est que nos
vies se déroulent dans un corps que l’on pourrait appeler incubateur, préparant l’homme spirituel à franchir
l’étape allant de la mortalité à l’immortalité. Cette poule s’asseyait sur ses œufs et les maintenait à une tempéra-
ture située entre 35 et 42°. Si la température avait varié de quelque degrés en plus ou en moins, le poussin serait
mort dans la coquille. Lorsque la température de l’homme descend en dessous de 32° ou monte au-dessus de 43,
il est hors de la coquille ; il meurt et l’union du spirituel et du physique cesse. J’ai réfléchi à ces choses. Que
signifient-elles ? Nous savons qu’un œuf est une substance qui produira un poussin à condition d’être maintenu à
la bonne température dans l’incubateur. Il est certain que si vous maintenez une température supérieure à 42°, le
poussin mourra.
La démonstration m’a ouvert les yeux sur la vraie philosophie de l’incubation chez l’homme et tous les
êtres animés et m’a convaincu que l’union de la matière et de la vie a pour dessein de développer l’homme jus-
qu’au degré de perfection prévu par le Dieu de la Nature.
La vie humaine représente ici la liaison dans l’anneau connecté à l’anneau de la vie éternelle. Je n’ai au-
cune difficulté à me convaincre que le lien représente le corps humain et que lorsque nous partons après une
période d’incubation, nous sommes préparés à occuper la sphère de la vie parfaite pour laquelle la Nature nous a
conçus. Après la séparation du physique et du spirituel, le spirituel quitte le corps ou incubateur, préparé à rece-
voir et utiliser tous les attributs de la parfaite intelligence appartenant à son domaine, celui de l’homme.
Cette philosophie a chassé de moi toutes ces choses comme la peur de la mort au moment de quitter le corps
et a fait de moi un homme heureux. Cette philosophie m’a fait espérer qu’au moment de la maturité de mon
développement, je partirai avec la perfection projetée par l’Architecte de la nature. La seule évidence que j’ai
trouvée dans toute la nature, c’est que le Dieu de la Vie est un architecte, un constructeur, un ingénieur et
qu’aucune imperfection ne peut être découverte et il y a une perfection non atteinte pour laquelle l’homme
spirituel est retenu dans le corps physique jusqu’à ce que la Nature dise que c’est terminé, car elle a une connais-
sance absolument parfaite de tout ce qui est nécessaire à son confort et son bonheur.
Pour moi, cela a changé peur et épouvante en jubilation devant l’œuvre parfaite du Grand Architecte de
l’Univers, et je suis prêt à accepter tous les changements que l’Architecte pense nécessaires pour terminer
l’œuvre pour laquelle l’homme fut conçu.
Je terminerai en disant : « Connais-toi et sois en paix avec Dieu. »
June, 1912
Dr. A. T. Still's Philosophy of Immortality1
In a speech before the Missouri State and Mississippi Valley Osteopathic Associations, at Kirksville, Missouri,
May twenty-fourth, nineteen hundred and twelve, Doctor Andrew Taylor Still, the founder of the science of
Osteopathy, said the following :
I do not know that I can make the Philosophy of Life and Death that I will present to you at all interesting.
For fifty years I have sought for some kind of gun or artillery that would slay the Black Wolf of Death, or
fear, that is in all the pens of the lambs of God. I mean by the pens all the churches, Catholics, Protestants, Mo-
hammedans and all others.
When the priest or minister comes to the dying hour and you as his physician tell, him that he is on the
brink of the River of Death, that he cannot live twenty-four hours and to morrow will be a corpse, you know how
he has lived, devoted all his time to the service of the living God, even the pope, if you should tell him that to-
morrow he would be a corpse and ask him what he sees beyond the river, the answer of the priest and minister
invariably is and I think the pope's answer would also be, “ It is all a leap in the dark.”
As a physician I have stood by the bedsides of all of them, both in war and peace, and I am now eighty three
years of age. I have stood by the bedsides of ministers who were devoted and who tried to spend their days in
preparing to cross that river, and when they asked me to be honest with them, saying, “Do you think I can possi-
bly recover ?” and I told them they could not live, that they would be a corpse tomorrow, and asked them what
they saw beyond the River of Death, their answer was, “ It is all a leap in the dark. ”
I will begin with my father. From eighteen years old to seventy-one years he was a devout servant of God
and practiced his religion. When he was very low with pneumonia I went to him and he said, “Andrew, be hon-
est with me, don't be afraid, tell me, is there any chance for my recovery ?” I said, “Father, you have asked me a
serious question, tomorrow you will be a corpse. Now I know how you have lived, you are devout, and if there
is anything in religion you have been a faithful servant of God, tell me, what do you see beyond the River of
Death, you are on the brink of it.” He answered, “Andrew, it is all a leap in the dark, I hope I am in the hands of
a merciful God and that all will be right.” I said, “I had hoped you would say, ‘Beyond that river I see a brilliant
light,’ but it is a leap in the dark.” I thought it was poor pay for his lifetime's religions service. His name was
Abram Still, aged seventy-one, a Methodist preacher.
Abram Roffrock, a Dunker, was one of the most devout and religious men I ever knew. Peculiarly, he and
my father both died at seventy-one. He had flux and asked me if he could live through it. I told him tomorrow he
would be a corpse. Then I said to him, “What do you see beyond the River of Death, you are on the edge of it.”
He answered, “It is all a leap in the dark, I hope I am in the hands of a merciful God.
That wolf of (dread is in all the pens or churches of all the lambs of God. The pope, bishops, elders and
leaders of all the churches dread that wolf and will run into a corner and hide just as quickly as any sheep in the
flock. 'They fear the wolf of death just as much as anyone. I know what I say.
For, fifty years I have hunted in all the theological armories to find the ;gun and ammunition which would
shoot that wolf of torture which the theologians all teach from this text,
“Be ye therefore always ready for at such an hour as ye think not behold the Son of Man cometh.”
I have at last found a gun that has driven that wolf of dread from me. Today I have no more fear of death
than life. I have a choice for death. Why? Because when I am ripe and been in the body long enough I wish to
come out, being confident that it will be a higher step, which is necessary to man's spiritual perfection.
After going to all the theologians for demonstrable truth I went to my henhouse, to my stable, to animal
shows and I found that all animate nature, but man, came to the world qualified with perfect knowledge to know
and do that which was necessary for their comfort and happiness. When two hours old the calf, colt and lamb
1 In Early Osteopathy in the words of A. T. Still, p. 373-75. Still’s textes compiled by R. V. Schnucker, Thomas Jefferson
University Press, Kirksville, Missouri, 1991.
got up, went to the mothers and to the right place on the mothers' body, took hold of the teat and sucked the milk
of nourishment and every motion showed absolute mental perfection in their orbit.
When a chicken comes out of the shell and is two days old he proves the perfection of the knowledge that is
in him, that is according to the orbit or. sphere of a bird. You put a spider and a fly down on the ground together
and he will eat the fly, leaving the spider. He will eat dry bread which he never saw before, and with a portion of
this dry bread in his mouth walk right over to a saucer of water, moisten it and continue his meal in that way.
Should a hawk fly over a chicken which bas been developed in an incubator it will bide until the hawk has gone.
These examples of nature are ample evidence of the perfect intelligence and provision of God for all animate
beings at birth, but man, in their various departments of life.
But alas, when I came to man he was both a physical and a mental dependent. He comes into the world a
mental blank and when he dies he knows but little more, notwithstanding the days and years that he bas spent in
theological and scientific schools. By observation he has learned enough only to make a living for himself and
those dependent upon him, so he will have very little to carry away with him. You may go to all the schools
you wish but when you come out you are still an imitator.
I learned more from an old hen than all the theologians have ever taught me. I learned the great lesson,
which is, that our lives are in a body which could be called an incubator, developing the spiritual man to make
the step from mortality to immortality. That hen sat on her eggs and kept them at a temperature between 96° and
108°. Had the temperature varied a few degrees either way the chicken would have died in the shell. When
man's temperature goes below 90° or above 110° he is out of the shell and dead and the union of the spiritual
with the physical stops. I thought these things over. What do they mean ? We know an egg is a substance that
will produce a chicken if it is kept in the incubator at the proper temperature. As sure as you fun that above I08°
the chicken dies.
My eyes have been opened by demonstration to the true philosophy of incubation in man and all animate
beings and satisfied me that the union of matter and life is for the purpose of developing man to the degree of
perfection which the God of Nature designed.
Man's life here represents the link in the ring which is connected to the ring of eternal life. I had no diffi-
culty in satisfying myself that the link represents the human body, and that when we come out after the period of
incubation we are prepared to fill the sphere of perfect life for which Nature designed us. After the separation of
the physical and spiritual, the spiritual leaves the body, or incubator, prepared to receive and- use all the attrib-
utes of perfect intelligence which belong to his sphere, man.
This philosophy bas driven from me everything like the fear of death when I leave the body and has made
me a happy man. That philosophy has made me hope that at the mature hour of my development I will come out
with that perfection which the Architect of all nature intended. Every evidence that I have found in all nature is
that the God of Life is an architect a builder an engineer and no imperfection can be found,and there is no per-
fection short of completion, for which I think the spiritual man is retained in the physical body until Nature says
it is finished, having absolute perfect knowledge of all requirements for his comfort and happiness.
With me it has changed fear and dread to rejoicing at the perfect work of the Great Architect of the Uni-
verse, and I am ready to receive all changes that the Architect thinks are necessary to complete the work for
which man was designed.
I will close by saying, “Know thyself and be at peace with God.”
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