2010 Appel d Marcel Légaut du 21 avril 1989 Mazille, 15-17 octobre
(Mes sources : mon cu - La crise catholique de Denis Pelletier (2002) - Les Mémoires de Hans
Küng (2010) - Le Journal de Congar - Les actes du colloque Riobé (1988) - Vatican II, l'espoir déçu
de Pierre Hégy (1975 et 2006); Qu’as-tu fait de ton concile ? de Henri Denis…
I - Le contexte
L'appel de Marcel Légaut dans Le Monde du 21 avril 1989 ne vient pas seulement de l'inspiration du
Saint-Esprit. Pour le comprendre vraiment, il est nécessaire de le replacer dans le contexte de cette
époque. D'ailleurs, c'est vrai de tous les écrits de Légaut, on ne peut les comprendre qu'en les situant
dans son vécu. Ce qui est vrai pour Légaut, l'est aussi pour chacun de nous. Par conséquent, je vais
essayer de me ressouvenir de ce passé à travers mon vécu, mes propres expériences.
1- Mes débuts
a) Mes années de formation à l'universi de Fribourg ont été marquées, d'une façon plus ou moins
consciente, par l'expérience des prêtres ouvriers, la Mission de France, la Mission de Paris, les Frères
missionnaires des campagnes, les Petits Frères et Sœurs de Foucauld, Madeleine Delbl, le Père
Michonneau, La France, Pays de mission ? des abbés Daniel et Godin…
J'ai été ordonné en 1955. La veille de l'ordination, on m'a fait lire un texte en latin auquel je n'ai rien
compris mais que j'ai lu consenscieusement et signé, rite qui s'est renouvelé avant d'entrer dans
l'amphithéâtre où je devais soutenir ma thèse. À ma grande honte, j'ignorais de quoi il s'agissait. On ne
nous avait jamais parlé du Modernisme dans le cours d'Histoire).
Cette date de 1955 ne nous dit rien de particulier, sauf qu'elle vient après 1954 et 1954, c'est l'arrêt de
l'expérience des prêtres ouvriers. À ce moment-là, je n'ai pas vraiment pris conscience de la gravité de
ce coup porté à l'Église de France dont Légaut a écrit que peut-être l'institution ne s'en remettrait
jamais. L'arrêt de l'expérience des "prêtres ouvriers" a été particulièrement traumatisante pour toute
une partie des chrétiens engagés et soucieux de l'avenir de l'Église (Annexe 1, page 12). Des
théologiens qui les avaient accompagnés, soutenus, conseillés… furent les premières victimes de
l'incompréhension de la curie romaine et du Pape Pie XII, malgré les interventions des cardinaux qui
avaient compris la problématique et soutenu la création de ces mouvements (Annexe N° 2, page 14).
b) Je voyais ma vie de prêtre avec un certain idéal. Il n'était plus possible de vivre comme tous les
travailleurs, comme l'avaient vécu tant de prêtres ouvriers. Cependant, je voulais être proche des gens,
en particulier de ceux qui étaient loin du christianisme, pas pour moi, pour ma propre satisfaction,
mais pour donner de l'Église une image plus humaine. On m'a envoyé à Paris, dans un quartier
populaire, à la Porte d'Aubervilliers. Ce quartier était composé exclusivement d'HBM, habitations bon
marché, construits par le Front Populaire en 36-38, pour loger les zonards. Les zonards formaient une
population marginale qui s'était installée sur les terrains militaires des anciennes fortifications de Paris,
un bidonville fait de bric et de broc qui fut rasé pour laisser place à un terrain vague. Le quartier avait
plutôt mauvaise réputation. Or spontanément, je me suis intéressé à ces gens qui étaient à mille lieues
de préoccupations religieuses ou spirituelles. Les occasions de les rencontrer chez eux ne manquaient
pas : naissance, deuil, maladie, personnes âgées… Très spontanément, ces gens parlaient en toute
confiance de leurs problèmes, de leur vécu. Très vite, je me suis senti adopté par cette population.
Avec les chrétiens, nous avions privilégié la création de petites équipes de réflexion, du genre Action
Catholique ou autres,j'ai compris très vite que je n'étais pas seulement l'aumônier mais un membre
à part entière de l'équipe et les laïcs ne se gênaient pas pour me remettre en question.
C) Un autre point fort de cette époque a été le concile. Ce fut un moment prodigieux, sans doute pour
ceux qui l'ont vécu, mais pour nous aussi qui le suivions grâce aux commentaires de journalistes
devenus lèbres comme Henri Fesquet du Monde, Antoine Wenger pour La Croix, René
Laurentin… grâce aussi aux moignages de nos évêques missionnaires qui passaient dans la
communauté avant de regagner leur mission.
À Paris, en particulier avec la venue de François Marty, on a senti un souffle nouveau. Une direction
collégiale s'est mise en place pour gérer les affaires du diocèse, même les finances. Une Église
nouvelle était en train de naître.
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2- Les premières alertes
Pourtant des signes avant-coureurs auraient nous mettre en alerte, dès le concile d'ailleurs, à partir
du moment où Paul VI a fermé la porte à un certain nombre de questions réservées au Saint-Siège. Le
premier coup de tonnerre réellement inattendu a été Humanae Vitae, juste après les journées de mai
68. Ce fut un désastre pour beaucoup de nos militants chrétiens.
Les alertes ensuite n'ont cessé de se multiplier. Je les cite dans le désordre : les nominations des
évêques sans tenir compte de l'avis des gens en Allemagne, en Autriche, en Suisse (Mgr Haas n'a pas
pu entrer dans sa cathédrale pour sa consécration car le parvis était obstrué par des gens couchés par
terre), en Amérique latine, le démantèlement de l'Église de Hollande, les attaques contre la théologie de
la libération, les départs massifs de prêtres, la fermeture des petits puis des grands séminaires, la
reprise de la chasse aux sorcières contre les théologiens. En 1974 déjà, le Père Duperray, professeur à
l'Institut catholique de Lyon, nous disait : on peut encore parler, on ne peut plus écrire. Il y a eu le
schisme de Mgr Lefebvre, le mouvement des Silencieux dans l'Église auquel on peut rattacher le
groupement fondé par Gérard Soulages, Fidélité et Ouverture, qui a attiré un certain nombre d'anciens
du groupe Légaut, à commencer par Jacques Perret. Quelques-unes des vedettes du concile, des
théologiens pourtant renommés (Congar, Daniélou), semblent alors avoir troqué leurs convictions
contre un chapeau de cardinal… tandis que d'autres ont payé lourdement leur fidélité (Chenu).
3- Le côté positif
Mais l'espoir d'un renouveau de l'Église ne s'est pas effondré sans réaction. Dans le clergé, un certain
nombre de prêtres contestataires ont créé Échange et Dialogue qui a demandé, sans jamais l'obtenir,
un dialogue avec la hiérarchie sur des points sensibles comme le célibat des prêtres, la possiblide
gagner sa vie sans être dépendants des dons des fidèles…
Il y a eu toute une série de synodes diocésains où des chrétiens se sont engagés à fond, avec sérieux et
compétence. Des propositons concrètes ont été votées qui sont restées lettres mortes par prudence ou
manque de courage de la part des évêques.
En octobre 72, les évêques ont apparemment fait un pas de ant en acceptant le pluralisme politique
pour les chrétiens qui désormais pouvaient adhérer au PC.
On a connu également un engouement pour les communautés nouvelles comprenant des prêtres et des
laïcs, des groupes informels autour d'un leader mais aussi les mouvements charismatiques, les focolari
et tant d'autres groupes. C'est aussi le lieu de rappeler le souvenir de Boquen, de l'Association
Internationale des chrétiens critiques qui a rassemblé à Vaise, à l'initiative d'Échange et Dialogue, les
17 et 18 novembre 73, plus de mille participants.
4- Le groupe Concertation
Vous devez penser que nous sommes très loin de Marcel Légaut et de son appel. Nous nous en
approchons cependant. En effet, pendant cette période, s'est créé un mouvement dont on a oublié
même le nom, sauf pour quelques anciens, les groupes Concertation dont la première rencontre
nationale a eu lieu à Paris le 16 novembre 1969 et qui a élu un bureau de dix membres, cinq prêtres et
cinq laïcs dont Guy Lecomte.
Denis Pelletier, dans son livre La crise catholique (Annexe 3, page 16), voit dans les groupes
Concertation «un des relais de l'expérience de Marcel Légaut dont Guy Lecomte est le disciple et
l'ami (…) Marcel Légaut est en quête d'un mode de vie communautaire qui emprunte en partie au
mole monastique, en partie aux rencontres du Contadour de Jean Giono (…) Si Marcel Légaut
affirme avoir ignoré les événements de mai 68, l'essor des petites communautés projette son itinéraire
de solitaire sous les feux de l'actualité. Parus en 1970 et 1971, les deux ouvrages où il tire les leçons
de son expérience connaissent un succès inattendu. L'article qu'il a publié dans les Études en octobre
1970 sur la crise de l'Église a sans doute contribué à leur succès. Quel écho la pensée de Légaut
trouve-t-elle dans la génération 68 ? La réponse est double. D'une part, elle nourrit le versant spirituel
du mouvement communautaire (…) fondé sur la recherche intime de Jésus de Nazareth (…) D'autre
part, l'introspection spirituelle s'accompagne chez Légaut d'une critique souvent acerbe de l'Église
instituée, de ses théologiens et de son enseignement».
5- Le retour à l'ordre
Pendant vingt ans, Légaut ne cessera d'appeler à un renouveau de l'Église, d'abord dans ses grandes
conférences après la parution de ses livres, puis dans des articles il reprend les mes idées, les
mes propositions pour une «Église de l'avenir», et tout particulièrement dans ses derniers livres :
Croire à l'Église de l'avenir (1985) et Un homme de foi et son Église (1988). Il a gardé jusqu'au bout
l'espérance que son Église déborderait largement une institution irréformable, sans être dupe des
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signes de retour en arrière qui se multipliaient.
Parmi ces signes, on peut retenir en vrac :
- les nominations systématiques d'évêques conservateurs
- la mise à l'écart des évêques hors-norme, tels Mgr Riobé et Mgr Gaillot
- l'absence de concertation entre Rome et les Églises nationales, entre la hiérarchie et le clergé, entre le
clergé et les laïcs souvent
- le durcissement sur des positions moralisantes
- la fermeture aux avancées sur le plan de l'œcuménisme
- le repli sur des positions dogmatiques
- la condamnation du catéchisme progressif de Joseph Colomb
- le retour de la suspicion à l'égard des théologiens
- la montée en force lente mais régulière des traditionalistes et les tentatives de ramener au bercail les
partisans de Mgr Lefebvre
- l'application de la lettre du concile mais non de son esprit
- l'accent mis sur la peur du communisme et la condamnation des chrétiens soit-disant marxisants
- le refus de poser les questions urgentes sur le sacerdoce, la place de la femme dans l'Église
- le blocage sur des questions comme l'inter-communion, l'admission à l'eucharistie des divorcés-
remariés
Toutes ces questions reviennent constamment dans le courrier reçu. Je n'aurai donc pas à y revenir.
II - Les premiers appels
L'appel de Légaut n'est donc pas un cri isolé dans un désert vide.
1) L'Appel de Montpellier (Annexe N° 4, page 18)
Le premier est l'Appel de Montpellier (mars-avril-mai 1985) lancé par un groupe de chrétiens et qui a
pour titre : Oui au synode, non au démantèlement de Vatican II
- oui au synode, synode convoqué par Jean-Paul II (qui avait été élu en 1978) à l'occasion du
vingtième anniversaire du concile qui a fait renaître l'espoir d'un redémarrage du concile. Les
rédacteurs de cet appel rappellent les principales promesses du concile : l'ouverture au monde, la
liberté de conscience et les droits de l'homme, une Église non d'anathèmes mais d'accueil;
- non à l'enterrement du concile, en réponse au rapport sur la foi publié en 1984 par le cardinal
Ratzinger qui écrivait : «Les résultats du concile semblent cruellement opposés à l'attente de tous, à
commencer par celle de Jean 23 et de Paul VI (…) On attendait un nouvel enthousiasme et tant de
gens ont fini dans le découragement et l'ennui. On attendait un bond en avant et nous nous sommes
retrouvés, au contraire, dans un processus de décadence qui s'est développé largement sous le signe du
concile et a donc contribué à le discréditer aux yeux de beaucoup. Le bilan semble par conséquent
négatif».
Cet appel a reçu 7000 adhésions dont celle de Marcel Légaut qui fut invité à parler à ce même groupe
en octobre 85 à Cazevieille. Son intervention a été publiée par QN N° 236 et ss.
2) La Déclaration de Cologne (Annexe N° 5, page 19)
L'année 1989 se révèle particulrement riche sur le plan du réveil des chrétiens qui voient le concile
réduit à des slogans vides. C'est le cas, au mois de janvier, le jour de l’Épiphanie, des théologiens de
langue allemande qui publient une lettre de protestation pour demander plus de liberté pour leurs
recherches et qui a pris le nom de Déclaration de Cologne.Elle a été signée par 172 théologiens.
«Divers événements de notre Église catholique nous déterminent à livrer une déclaration publique.
Trois secteurs problématiques nous accablent le plus :
1) La curie romaine met pesamment en œuvre la conception selon laquelle les sièges épiscopaux,
dans le monde entier, sont à repourvoir exclusivement au mépris des propositions des Églises
locales et en négligeant leurs droits acquis.
2) Dans le monde entier, on refuse dans de nombreux cas, à des théologiens et des théologiennes
qualifiés, l'autorisation ecclésiastique d'enseignement. C'est une immixtion significative dans la
liberté de recherche et d'enseignement et dans la structure dialogale de la connaissance théologique.
On abuse de l'octroi de la permission ecclésiastique d'enseigner en le transformant en instrument
disciplinaire.
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3) Nous devenons témoins d'une tentative théologiquement très discutable qui consiste, à côté de la
compétence juridictionnelle du pape, à faire valoir de façon inadmissible sa compétence doctrinale.
Dans ces trois domaines les observations nous paraissent manifester des signes de modification
structurelle de l'Église post-conciliaire».
4) 157 théologiens de langue française ont suivi la même ligne au mois de février (Annexe 6,
page 25).
«Les théologiens francophones soussignés ont pris connaissance de la déclaration faite
publiquement, ces jours derniers, par 163 (172 à la date du 2 février) de leurs collègues allemands,
suisses et autrichiens.
Même si les uns et les autres peuvent avoir, sur les questions abordées par leurs confrères, des avis
diversifiés, ils estiment de leur devoir de faire connaître leur sentiment à la Commission
Internationale de Théologie, afin que celle-ci puisse en prendre acte dans le cadre des fonctions qui
sont les siennes.
Ils estiment en effet que les questions soulevées sont graves et qu'il ne serait pas sain de le
dissimuler. Ils pensent aussi qu'elles sont un sujet de préoccupation pour un nombre important de
croyants de leurs pays respectifs.
Leur conviction est qu'elles devraient, pour le bien de l'Église, être étudiées et débattues avec tout le
sérieux qu'elles réclament. Ils espèrent que cela pourra être fait dans le climat de liberté et de
loyauté qu'appelle l'évangile».
5) Profession de foi et serment de fidélité (13 mars 1989) (Annexe n° 7, page 23 )
a) Une note parue dans l'Osservatore romano du 13 mars 1989 a passé relativement inaperçue. Elle
s'adressait «aux croyants appelés à exercer un office dans l'Église». Cette profession de foi était déjà
demandée aux évêques depuis 1969. À partir du 1 er mars 1989, elle est demandée également à tous
ceux qui sont appelés à exercer une charge officielle dans l'Église, y compris les laïcs.
Cette démarche comporte deux volets :
1) une profession de foi comprenant :
- un acte de foi dans le credo de Nicène-Cosmopolite,
- une adhésion de foi à tout le contenu de la parole écrite de Dieu et de la tradition,
- une volonté d'embrasser fermement tout ce qui concerne la doctrine de la foi et de la morale,
- un acte d'obéissance aux doctrines proclamées par le pontife romain ou le collège des évêques.
2) un serment de fidélité sur la Bible qui contient la promesse :
- de garder toujours la communion avec l'Église Catholique dans ses paroles et ses actes,
- d'accomplir sa tâche selon les prescriptions de la loi,
- de garder intact le dépôt de la foi,
- de suivre la discipline commune à toute l'Église et d'observer les lois contenues dans le code du droit
canon.
b) Ce texte rappelait douloureusement un autre serment qui avait paralysé l'institution à la suite des
condamnations du Modernisme par Pie X (1903-1914) en 1907 dans l'encyclique Pascendi : le
serment anti-moderniste, promulgué le 1 er septembre 1910, que tous les prêtres étaient requis de
prononcer avant leur ordination. (Annexe 8, page 29) Il avait été supprimé par Paul VI (1963-
1978) pendant le concile Vatican II.
3) L'Appel de Témoignage Chrétien (mars 1989) (Annexe N° 9, page 31).
Témoignage Chrétien lance un appel très simple dans la semaine du 12 au 19 mars.
«Nous ne pouvons plus nous taire. Catholiques éclairés par l'évangile et l'enseignement du concile
Vatican II, attachés à une Église qui respire de son amour pour l'homme et de sa fidélité au Christ,
nous ne nous reconnaissons pas dans les atttitudes frileuses des plus hauts responsables de
l'épiscopat et du Vatican. Épris de liberté, nous nous étonnons des silences et des censures qui servent
à éluder le débat légitime des chrétiens membres d'une même Église.
Le refus de voir un film, si contestable soit-il, les interdits moraux s, l'autoritarisme et le
cricalisme, les pressions du Vatican dans les nominations épiscopales, dans les débats bioéthiques,
autour des théologies de la libération, donnent actuellement de l'Église et de lvangile, une image
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tronquée. Non, la Bonne Nouvelle n'est pas dans ces raidissements peureux. Elle est d'abord une
Espérance, une marche à la suite de Jésus, une force d'amour que nous recevons de Dieu, un chemin
contre toutes les exclusions pour la paix, la justice.
Nous demandons aux responsables de notre Église, nos évêques, d'accepter le dialogue et le bat
entre les différentes sensibilités de l'Église catholique, entre l'Église et les composantes de la société.
De ce dialogue jaillit l'Espérance qui permet d'annoncer et de témoigner en actes et en paroles du feu
de l'évangile en 1989».
TC a reçu 26 400 adhésions et a organisé un grand meeting à Paris au mois d'octobre.
4) L'appel de Jonas (Annexe N° 10, page 33)
La revue Jonas qui se veut un lien entre les prêtres diocésains lance à son tour un appel au mois de
mars de la même année.
Il a été rédigé par cinq prêtres : Charles Antoine, Gérard Bessière, Henri Denis, Michel Pinchon et
Hyacinte Vulliez sur la base de plus de 250 lettres de prêtres catholiques de France.
Ce document se propose d'être un mouvement de concertation entre les prêtres diocésains pour
trouver une issue positive aux problèmes que connaît aujourd'hui l'Église catholique.
Leur projet était :
- d'être attentif à ce qui est vécu dans la vie quotidienne des chrétiens,
- d'échanger entre nous l'information et nos réalisations positives,
- et de proposer des rencontres locales ou nationales.
III - L'Appel de Marcel Légaut (Le Monde du 21 avril 1989)
(Annexe11, page 35)
L'appel degaut dans Le Monde arrive donc en dernier, le 21 avril 1989.
L'originalité du texte de Légaut vient sans doute de son souci d'élargir le dialogue à tous, y compris les
non-croyants car, dit-il, «l'avenir de l'Église concerne tout homme épris de liberté et de dignité car
l'Église, indirectement, retentit sur tout le devenir social et culturel de mon pays et bien au-delà».
1) Le contexte (interview de Légaut par Bertrand Revillion) (Annnexe N° 12, page 37)
Légaut a donné lui-même les raisons de son "Appel d'un catholique à son Église" à Bertrand Révillion
dans Panorama de juillet-août 1989.
«Sous le titre "Un catholique à son Église", vous avez lancé un cri d'alarme et manifesté votre
solidarité avec les mouvements de protestation qui se font jour actuellement dans l'Église. Pourquoi
cette initiative inhabituelle chez vous ?
Un certain nombre de prêtres, lecteurs de mes livres, m'ont demandé de lancer cet appel à davantage de
dialogue dans l'Église. Aprèsflexion, j'ai accep de faire cette démarche, effectivement inhabituelle,
car c'est sans doute plus facile à un simple laïc comme moi de dire tout haut ce que de nombreux
prêtres et religieux sont aujourd'hui obligés de penser tout bas, s'ils ne veulent pas encourir des
sanctions qui mettraient en cause leur action pastorale.
Qui sont ces prêtres ? Je me souviens qu'on a parlé d'un prêtre, que je situe de la région de Nantes, dont j'ai oublié
le nom; il aurait même financé en partie ce bloc publicitaire dans Le Monde. Il est venu à Mirmande au début de l'été
pour prendre connaissance des lettres. À mon avis, Légaut pensait qu'il prendrait en mains la suite de l'affaire. Je ne sais
pas ce qui s'est passé mais ce que je sais, c'est que Légaut, au mois d'octobre m'a confié tout ce courrier, peut-être parce
que j'avais fait une thèse de sociologie religieuse, sans me donner de consignes précises.
Vous témoignez d'un regard très pessimiste sur l'Église !
Je pense que la crise de l'Église ne fait que commencer et il me semble important que les chrétiens en
prennent toute la mesure. Devant une temte, il vaut mieux être actif que passif.
Qu'est-ce qui vous permet d'avancer ça ?
Depuis trois ans environ, les désirs secrets de la Curie romaine prennent de plus en plus de visibilité,
grâce notamment à la mise en place progressive aux postes clefs d'hommes tous représentatifs d'un
même courant de pensée, marqué notamment par une certaine défiance à l'encontre de l'esprit
conciliaire. En témoigne le rapprochement extrêmement rapide opéré avec les fidèles de Mgr Lefebvre
et les milieux traditionalistes, souvent d'ailleurs, il faut le noter, sans grande concertation avec les
responsables des Églises locales. En témoigne également le resserrement vigoureux contre toutes les
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