Lettre d’information n°° 9 – 1er trimestre 2011 Bilan http://bluetongue.cirad.fr au mois de mars 2011 Au 16 mars 2011, 708 captures (piégeage et identification des insectes effectués) ont été réalisées en 2011, avec un passage en mode de piégeage hebdomadaire en S7. Au total, 2 322 Culicoides, appartenant à au moins 14 espèces différentes, ont été capturés en France métropolitaine depuis le début de 2011 (figure 1). En S2, le grand nombre de Culicoides capturés est dû essentiellement à des captures importantes en Corse et dans les Landes (757 et 133 Culicoides/piège/nuit, respectivement) ; cette dernière ayant abouti à la déclaration de la reprise d’activité (voir Actualités scientifiques). Le nombre de Culicoides augmente en S10 – cette augmentation étant liée principalement à une capture importante dans les Landes (628 Culicoides/piège/nuit). Proportion du total des captures 0 1200 20 40 60 80 100 8 3 400 2 200 1 0 0 S2 S7 S8 S9 S10 S11 S12 S13 S14 S15 S16 Avaritia M Culicoides 4 groupe Nubeculosus S 600 groupe Pulicaris groupe Punctatus groupe Achrayi - 5 groupe Circumscriptus - 800 C. dewulfi C. chiopterus groupe Fagineus - Nombre total de Culicoides 6 complexe Obsoletus groupe Festivipennis - 7 Autres espèces - Total Moyenne 1000 Nombre moyen de Culicoides/piège C. imicola Culicoides sp. S17 Semaine Fig 1 : Nombre total et moyen de Culicoides capturés et identifiés par le réseau depuis le début 2011. Fig 2 : Diversité des espèces en 2011 La très grande majorité des Culicoides capturés (96 %) appartient au complexe Obsoletus (figure 2). En S2, on observe une activité des populations de Culicoides en Corse et dans les Landes (figure 3). Malgré un hiver long et rigoureux pour la plupart des départements français, la température suffisamment clémente par endroits permet une activité comme le montre la carte en S7, où le Var dépasse le seuil des 5 femelles pares/piège/nuit, et en S8, où les Landes et les Hautes-Pyrénées dépassent ce seuil. Après une semaine sans activité sur le continent (S9), l’activité semble démarrer dans l’extrême sud-ouest à partir de la S10. Figure 3 : Cartes de reprise d’activité en 2011 blanc : pas de piégeage réalisé, vert : aucune femelle pare collectée dans le ou les piège(s) du département, jaune : moins de 5 femelles pares capturées dans le département, rouge : plus de 5 femelles pares capturées dans le département, gris : pas de donnée disponible pour le département au moment de l’édition de la carte. (cartes en date du 31 mai 2010) Lettre d’information n°° 9 – 1er trimestre 2011 http://bluetongue.cirad.fr Actualités scientifiques Roger Venail (EID-Méd) associé au Cirad et à l’IPPTS vient de publier un article intitulé « Laboratory and field-based tests of deltamethrin insecticides against adult Culicoides biting midges » dans le numéro du mois de mars 2001 du Journal of Medical Entomology. Cette publication évalue la sensibilité intrinsèque d'espèces de Culicoides à la deltaméthrine et l'efficacité d'une formulation pour-on de cette molécule. La reprise de l’activité vectorielle a été officiellement déclarée à partir du 17 janvier 2011 (note de service DGAL/SDSPA/O2011-8001 en date du 26 janvier 2011). Le projet EDENext « Biology and control of vector-borne disease in Europe » financé par le FP7 (commission européenne) à hauteur de 12 millions d’euros sera lancé fin mars 2011 à Budapest en Hongrie pour une durée de 4 ans. Dans le cadre de ce projet, le groupe de travail Culicoides comprend 7 instituts européens et 1 institut africain. Pendant la durée du projet, le groupe s’attachera à comprendre la compétence vectorielle des espèces de Culicoides de la région européenne aux différents sérotypes de la FCO, à décrire les caractéristiques biologiques propres aux espèces d’intérêt vétérinaire en fonction de différentes conditions climatiques et enfin, d’évaluer les méthodes de lutte anti-vectorielles dans différents scénarios. Les Culicoides et transmission de la fièvre catarrhale ovine Le Cirad effectue-t-il des recherches de virus de la FCO dans les insectes collectés ? Aucun essai de détection virale (RT-PCR ou isolement) n’est réalisé en routine sur les Culicoides de la surveillance. Le taux d'infection "naturel" des insectes avec des arbovirus est toujours très faible, même au moment et à l'endroit de la transmission, de l'ordre de 1 à 3/1000. En période de vaccination (et de quasi absence de trace de circulation), la probabilité de trouver des individus infectés sur le terrain est très très faible, voire nulle. De plus, cette recherche demanderait beaucoup de temps et d'énergie pour une probabilité de trouver quelque chose très faible. Femelles Culicoides en train de se gorger (photos: IAH et J.-B. Ferré (EID-Méd)) Quelles espèces de Culicoides sont impliquées dans la transmission de la FCO en Europe ? On connaît mal quelles espèces sont vectrices du virus de la FCO en Europe. On considère une espèce comme vectrice i) si des individus capturés sur le terrain ont été trouvés positifs au virus, ii) si en laboratoire, de façon expérimentale, celle-ci a montré qu'elle était capable de transmettre le virus et iii) si elle est capable de piquer les ruminants dans les zones de transmission. La difficulté de prouver ce statut réside dans le faible taux d’infection naturel des Culicoides sur le terrain même en période de forte circulation virale (voir ci-dessus), dans le maintien d’élevages de Culicoides pour les infections expérimentales et dans la difficulté de capturer des Culicoides directement sur les animaux. Aujourd’hui, les espèces reconnues comme potentiellement vectrices sont les espèces du Groupe Obsoletus, C. obsoletus, C. scoticus, C. chiopterus, C. dewulfi, et les espèces du Groupe Pulicaris. Les recherches sont toujours en cours et il est possible que de nouvelles espèces s’ajoutent à la liste actuelle. Si je connais les espèces de Culicoides présentes sur un site, je peux conclure sur le risque de transmission. Vrai ou faux ? La relation entre abondance, diversité d’espèce et transmission n'est pas directe. Certaines études ont montré que les résultats de capture par piège lumineux (piège utilisé pour la surveillance) n'étaient pas toujours les mêmes que lorsqu'on capturaient les Culicoides directement sur les animaux. De plus, si 2 espèces piquent les animaux de la même manière, cela ne veut pas dire qu'elles peuvent transmettre la maladie au même niveau. En effet, une des 2 espèces peut être plus apte à s'infecter, multiplier et transmettre le virus (c'est ce qu'on nomme compétence vectorielle : elle dépend de facteurs génétiques) ou une des 2 espèces pourrait vivre plus longtemps, la rendant plus apte à transmettre (plus les individus sont âgés et plus ils ont eu au cours de leur vie la possibilité de s'infecter, de multiplier le virus et donc de retransmettre).