Lettre d’information n°
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°9 – 1er trimestre 2011 http://bluetongue.cirad.fr
Les Culicoides et transmission de la fièvre catarrhale ovine
Le Cirad effectue-t-il des recherches de virus de la FCO dans les insectes collectés ?
Aucun essai de détection virale (RT-PCR ou isolement) n’est réalisé en routine sur les Culicoides de la
surveillance. Le taux d'infection "naturel" des insectes avec des arbovirus est toujours très faible, même
au moment et à l'endroit de la transmission, de l'ordre de 1 à 3/1000. En période de vaccination (et de
quasi absence de trace de circulation), la probabilité de trouver des individus infectés sur le terrain est
très très faible, voire nulle.
De plus, cette recherche demanderait beaucoup de temps et
d'énergie pour une probabilité de trouver quelque chose très faible.
Quelles espèces de Culicoides sont impliquées dans la transmission de la FCO en Europe ?
On connaît mal quelles espèces sont vectrices du virus de la FCO en Europe. On considère une
espèce comme vectrice i) si des individus capturés sur le terrain ont été trouvés positifs au virus, ii) si en
laboratoire, de façon expérimentale, celle-ci a montré qu'elle était capable de transmettre le virus et
iii) si elle est capable de piquer les ruminants dans les zones de transmission. La difficulté de prouver ce
statut réside dans le faible taux d’infection naturel des Culicoides sur le terrain même en période de
forte circulation virale (voir ci-dessus), dans le maintien d’élevages de Culicoides pour les infections
expérimentales et dans la difficulté de capturer des Culicoides directement sur les animaux.
Aujourd’hui, les espèces reconnues comme potentiellement vectrices sont les espèces du Groupe
Obsoletus, C. obsoletus, C. scoticus, C. chiopterus, C. dewulfi, et les espèces du Groupe Pulicaris. Les
recherches sont toujours en cours et il est possible que de nouvelles espèces s’ajoutent à la liste
actuelle.
Si je connais les espèces de Culicoides présentes sur un site, je peux conclure sur le risque de
transmission. Vrai ou faux ?
La relation entre abondance, diversité d’espèce et transmission n'est pas directe.
Certaines études ont montré que les résultats de capture par piège lumineux (piège utilisé pour la
surveillance) n'étaient pas toujours les mêmes que lorsqu'on capturaient les Culicoides directement sur
les animaux. De plus, si 2 espèces piquent les animaux de la même manière, cela ne veut pas dire
qu'elles peuvent transmettre la maladie au même niveau. En effet, une des 2 espèces peut être plus
apte à s'infecter, multiplier et transmettre le virus (c'est ce qu'on nomme compétence vectorielle : elle
dépend de facteurs génétiques) ou une des 2 espèces pourrait vivre plus longtemps, la rendant plus
apte à transmettre (plus les individus sont âgés et plus ils ont eu au cours de leur vie la possibilité de
s'infecter, de multiplier le virus et donc de retransmettre).
Actualités scientifiques
Roger Venail (EID-Méd) associé au Cirad et à l’IPPTS vient de publier un article intitulé « Laboratory and
field-based tests of deltamethrin insecticides against adult Culicoides biting midges » dans le numéro
du mois de mars 2001 du Journal of Medical Entomology. Cette publication évalue la sensibilité
intrinsèque d'espèces de Culicoides à la deltaméthrine et l'efficacité d'une formulation pour-on de
cette molécule.
La reprise de l’activité vectorielle a été officiellement déclarée à partir du 17 janvier 2011 (note de
service DGAL/SDSPA/O2011-8001 en date du 26 janvier 2011).
Le projet EDENext « Biology and control of vector-borne disease in Europe » financé par le FP7
(commission européenne) à hauteur de 12 millions d’euros sera lancé fin mars 2011 à Budapest en
Hongrie pour une durée de 4 ans. Dans le cadre de ce projet, le groupe de travail Culicoides
comprend 7 instituts européens et 1 institut africain. Pendant la durée du projet, le groupe s’attachera
à comprendre la compétence vectorielle des espèces de Culicoides de la région européenne aux
différents sérotypes de la FCO, à décrire les caractéristiques biologiques propres aux espèces d’intérêt
vétérinaire en fonction de différentes conditions climatiques et enfin, d’évaluer les méthodes de lutte
anti-vectorielles dans différents scénarios.
Femelles Culicoides en train de se gorger (photos: IAH et J.-B. Ferré (EID-Méd))