L’AFRIQUE DANS LE NOUVEAU DISPOSITIF SECURITAIRE DES ÉTATS-UNIS
De la lutte contre le terrorisme à l’exploitation des opportunités
commerciales les nouveaux paradigmes de l’interventionnisme américain.
Djibril DIOP
Dr en Géographie (Ph. D.)
Chercheur Postdoc au CERIUM - Université de Montréal (Québec)
Mots clés : Sécurité, Terrorisme, Armée, Militaire, Pétrole, Commerce, États-Unis,
Afrique.
INTRODUCTION
Naguère quantité négligeable aux yeux de Washington, l’Afrique est devenue
aujourd’hui une priorité géopolitique pour les États-Unis. En effet, les évolutions
récentes qui caractérisent le durcissement des mouvements islamismes dans
plusieurs régions du monde imposaient une nouvelle stratégie. Mais jusqu’aux
attentats contre les ambassades des États-Unis à Nairobi au Kenya et à Dar es-
Salaam en Tanzanie en 1998, les services de renseignement occidentaux avaient
porté peu d’attention à l'Afrique subsaharienne. Depuis la donne a changé. Ainsi,
après l'Afghanistan en 2001 et l’Irak en 2003, l’Afrique fait l'objet de toutes les
attentions d'une Amérique mobilisée pour une « riposte planétaire » contre le
terrorisme.
Dans le cadre de cette sécurité préventive, les autorités américaines déclarent
chercher à adapter leurs ponses aux circonstances et au contexte du moment.
Pour les États-Unis, la menace que l'islam politique fait peser sur la sécurité et la
stabilité du continent africain et sur les intérêts occidentaux dans cette partie du
monde, n’est donc pas exagérée1. Du Kenya à Djerba en passant par Casablanca
des exemples d’actes terroristes ne manquent pas, alors que le terrorisme islamiste
pourrait basculer au gré des convergences d’intérêts, des revendications etc. C’est
ainsi que les États-Unis ontcidé de renforcer leurs contrôles sur la région. Cette
perception de la menace terroriste sur le continent englobe une autre dimension du
dispositif sécuritaire américain. En effet, compte de l’insécurité qui ne cesse de
croitre sur le Moyen-Orient principale région pourvoyeuse de pétrole pour les
États-Unis il fallait trouver d’autres sources alternatives pour minimiser les risques
d’approvisionnement pour l’économie américaine. C’est dans ce contexte que
l’accès au pétrole africain est devenu le second pilier de la nouvelle stratégie
sécuritaire des États-Unis. Mais avant d'investir massivement dans l'économie, il
faut d’abord sécuriser.
Cet article tente de donner un éclairage sur cette nouvelle orientation sur un
continent autrefois oublié. Il est structuré en deux parties. La première analyse le
contexte géopolitique qui sous-tend cette implication directe des États-Unis et dans
la deuxième partie, nous exposerons les mécanismes sécuritaires mis en place par
les États-Unis dans la région.
I. CONTEXETE GÉOSTRATÉGIQUE
I. 1. La lutte mondiale contre le terrorisme
Coincée entre l’Océan Indien, l’Océan pacifique à l’Est, la Mer Méditerranéenne et
la Mer Rouge au Nord et au Nord-Est le Moyen-Orient, la Corne de l’Afrique
constitue cœur stratégique à chaque crise pétrolière (Carte 1). Soucieux de protéger
la production et l’évacuation dutrole du Golfe, de veiller sur l’équilibre régional,
en particulier sur l’Irak et l’Iran, de contrôler le débouché de la Mer Rouge et du
1 En effet, en dehors des attentats meurtriers d’Oklahoma City en 1995 et du World Trade Center de 2001, les
intérêts américains ont été beaucoup plus menacés dans le reste du monde, en particulier en Afrique.
1
canal de Suez, de surveiller les détroits qui relient océans Indien et le Pacifique
ainsi que la route maritime du Cap, de pouvoir intervenir sicessaire en Afrique,
et enfin, de maintenir une présence en Asie les tensions entre l’Inde et la Chine
d’une part et le Pakistan et l’Inde d’autre part sont récurrentes, les États-Unis y
maintiennent une présence active et hégémonique2. Cette présence américaine se
manifeste aussi comme un contrepoids aux prétentions navales chinoises « les
petits rivaux en mer de Chine », mais aussi face à l’émergence de puissances
régionales telles que l’Afrique du Sud, l’Australie et surtout l’Inde.
Placée à l’extrémité sud de la Mer Rouge, la Corne de l’Afrique contrôle l’accès au
canal de Suez et au Golfe persique ce qui lui confère une position géostratégique
idéale. Cette région revêt également un caractère particulier du fait des liens
historiques qu’elle a tissé avec la France notamment. L’influence française y est
toutefois menacée depuis quelques années par l’islamisme. En effet, des écoles
coraniques financées par les Wahhabites saoudiens y concurrencent les écoles
laïques où l’on enseigne en français. C’est contexte que le Soudan qui a une longue
tradition de pays parrain du terrorisme international est également le théâtre d’une
guerre civile dans le sud du pays entre musulmans d’une part et chrétiens et
animistes de l’autre depuis son indépendance en 19563. L’autonomie régionale
tentée par général Gaafar Nimeiri entre 1969 et 1983 n’a pas donnée les résultats
escomptés. La découverte du pétrole dans le sud en 1978, mais surtout son
exploitation à partir de 1999 n’a fait qu’exacerber les antagonismes4. Les accords
de Kampala qui mettent fin à ce conflit ont laissé entrevoir un autre front au début
de l’année 2003, dans le Darfour à l’ouest du pays avec à peu près la même
problématique. A côté l’Éthiopie et l’Érythrée sont en conflit ouvert depuis
l’indépendant de cette dernière, le 24 mai 1993, alors que la Somalie reste un pays
sans gouvernement depuis plus de ans. Dans la donne de l'après-11 septembre, on
note trois « gagnants » : Djibouti, Soudan et l’Éthiopie et deux perdants probables :
la Somalie et l’Érythrée.
2 La Ve flotte à la Méditerranéen et la VIe dans l’Océan Indien.
3 Le terroriste Carlos Ramirez auteur de plusieurs actes terroristes dans le monde, notamment en France y avait
trouvé refuge avant que les autorités soudanaises ne livrent à la France en 1997.
4 Les revenus pétroliers du Soudan s’élevaient en 2001, à 150 millions de dollars par an pour une production
journalière de 250 000 barils.
2
Djibouti bénéficie d’une situation ographique exceptionnelle avec la présence de
forces alliées. Alors que le Soudan ancien parrain du terrorisme international est
devenu un allié stratégique pour Washington dans la région, alors le 20 août 1998
en riposte aux deux attentats contres les ambassades américaines à Nairobi et à
Dar-es-Salam, le président Bill Clinton avait ordonné le bombardement d’une usine
pharmaceutique dans la banlieue de Khartoum, accusé de fabriquer des ares
chimiques. En effet, entre temps le Soudan est devenu un pays pétrolier. En outre,
le président Omar El-Bashir a réussi une opération analogue que son collègue
pakistanais, Musharaf, en s’alliant avec Washington après l’épisode islamiste. C’est
dans ce cadre que le gouvernement soudanais accepte l'ouverture à Khartoum d'un
bureau des services antiterroristes américains. Un accord secret lierait les deux
pays dans ce sens accordant le droit à une quinzaine de fonctionnaires américains
de siéger en permanence au ministère soudanais de l’intérieur. Ce dernier
accorderait aux services américains, aussi le pouvoir de donner des ordres aux
services soudanais de sécurité… et d’obtenir qu’ils les exécutent5. Pour
récompenser la nouvelle position de Khartoum, le Conseil de sécurité des Nations-
Unies sous l’initiative américaine, a levé le 29 septembre 2001, les sanctions contre
le pays, en vigueur depuis 1996. De son côté le Premier ministre Éthiopien, Meles
Zenawi, a immédiatement proposé une expédition contre les islamistes radicaux
d'Al-Ittihaad al-Islami (AIAI) (Unité de l'Islam), mouvement actif en Somalie
méridionale et dans l'Ogaden éthiopien. Également la Banque centrale d'Éthiopie a
accédé aux demandes des États-Unis relatives aux vérifications de détenteurs de
comptes et au gel des avoirs pour lutter contre le financement du terrorisme. En
outre, pour parer à la menace du mouvement Al-Ittihaad, l'Éthiopie a accru les
effectifs de ses forces armées le long de sa longue frontière avec la Somalie. Tout
comme la Soudan, l'avantage politique pour le pouvoir éthiopien est évident. D’une
part, dans le cadre de sa lutte contre ses rebelles, il maintient depuis dix ans, une
Somalie éclatée en quatre ou cinq micro-États à base clanique6 ; et d’autre part, le
nouveau contexte a contribué à encore marginaliser son voisin d’ennemi,
l’Érythrée, sur la scène internationale7.
Dans le camp des « perdants », il y a d’abord la Somalie en décomposition avancée.
L’organisation de Ben Laden serait toujours bien implantée dans certaines régions
de ce pays contrôlées par des chefs de guerre locaux, en particulier près du cap
Kaambooni, à la frontière avec le Kenya8. Les témoignages recueillis lors du procès
des attentats contre les ambassades américaines en Afrique de l’Est en 1998 ont
montré que des membres dAl-Qaïda ont assuré l’entraînement des combattants de
certains clans Somaliens, clans qui ont combattu les forces américaines en 1993
lors de l’expédition Restor Hope. Toutefois, on ne saurait trouver meilleure
illustration de l'ambiguïté de ces alliances dans cette « guerre mondiale au
terrorisme ». En effet, l’intervention directe ou par puissance gionale interposée,
fait que les États-Unis se retrouvent dans le camp d’Hussein Mohamed Aïdid, un
ennemi qu’ils ont combattu en 1993. Ainsi, le principal chef de guerre Somali, hier
allié d'Al-Ittihaad, est désormais associé aux Éthiopiens qui s'opposent comme eux,
au « gouvernement transitoire » issu de la conférence d'Arta9. Ainsi, l’Érythrée, hier
bastion de la lutte contre l'islamisme militant dans la région, se retrouve
marginalisée sur la scène régionale. Certes, une des trois factions du djihad
érythréen continue de bénéficier de l'aide d'Al-Qaïda, mais ce groupuscule est peu
important et peu actif ce qui affaiblit encore sa position gionale. L'amertume fut
encore plus grande à Asmara, lorsque l’Érythrée a été citée sur une liste
américaine de vingt-cinq États musulmans soumis à une restriction de visas. A
cela s’ajoute la crispation autoritaire du régime du Président Issayas Afeworki,
alors que l'économie du pays est dans un état quasi désespéré10. anmoins, c’est
5 In JAI, n° 2147, p. 9.
6 L’Érythrée mène une guerre larvée contre l’Éthiopie en soutenant et en armant les derniers éléments de l’Union
des tribunaux Islamiques somaliens et les groupes de rebelles éthiopiens qui lancent des actions militaires contre
les troupes d’Addis-Abeba tant en Éthiopie qu’en Somalie. Les groupes rebelles les plus importants recensés en
Éthiopie sont le Front national de Libération de l’Ogaden, le Front de libération Oromo et Al-Ittihaad.
7 Les hostilités entre l’Éthiopie et l’Érythrée sont nées d’un différend frontalier qui a été jugé, il y a quelques
années par une commission frontalière indépendante. L’Éthiopie conteste toujours la décision de la commission
accordant à l’Érythrée la souveraineté sur la localité de Badme.
8 Stephen Morrison chercheur du Centre for Strategic and International Studies de Washington.
9 Cette conférence s’est tenue sous le patronage du président djiboutien en 2000, en l'absence des principaux
seigneurs de guerre de Mogadiscio et de représentants du Somaliland. Lire aussi Gérard Prunier, 2000.
10 Penoui J-L., 2001, pp. 20-21.
3
toute la région de l’Afrique de l’Est qui est désormais placée sur la sellette par les
États-Unis, qui soupçonnent Al-Qaïda de vouloir en faire sa nouvelle place forte11.
En effet, il est établi qu’on retrouve des « routes communes » entre le contexte du
terrorisme en Asie du Sud-Est et celui dont a été victime ces dernières années
l'Afrique orientale. Depuis longtemps, le Soudan est perçu comme un sanctuaire
pour les fondamentalistes islamistes, désireux d'essaimer dans les pays voisins12.
On sait aussi que Ben Laden y a séjourné entre 1992 et 1996 avant de repartir
pour l’Afghanistan. En effet, à la fin de l’année 1992, l’influence des mouvements
islamistes sous la conduite d’Hassan Al-Tourabi, éminence grise du régime issu du
coup d’État de 1989, était prépondérante. C’est dans ce contexte le pays avait
renforcé ses relations avec l'Iran, autres parrain du terrorisme international en vu
d’étendre les réseaux islamistes en Afrique noire et dans le Maghreb. Leur
coopération s’inscrivait alors à divers domaines : formation militaire, échanges
commerciaux, entre autres13. Le contexte de la guerre mondiale contre le terrorisme
et la mise à l’écart, à partir de fin 1999 et l’arrestation, en vrier 2001, d’Hassan
el-Tourabi, ouvrent de nouvelles perspectives pour ce pays.
Parallèlement des mouvements intégristes avaient vu le jour en Éthiopie, en
Érythrée ainsi qu'en Somalie avec le soutien de Téhéran et de Khartoum. Les
Comores et l'île tanzanienne de Zanzibar sont aussi devenues des plaques
tournantes pour ces réseaux intégristes importés. Dans les différents attentats
commis en Afrique de l’Est, la responsabilité du groupe islamiste somalien Al-
Ittihaad, connu pour ses liens avec le réseau d'Oussama ben Laden a été
singulièrement mis en cause. Cette organisation serait, selon un rapport du
Département d'État américain sur le terrorisme, responsable des attentats d’Addis-
Abeba (Ethiopie) en 1996 et 1997. Elle serait également coupable d'une série
d'enlèvements de travailleurs humanitaires. Fort de quelques 2 000 hommes ayant
reçu un entraînement en Afghanistan et des armes en provenance du Soudan, elle
viserait l'instauration d'un strict régime islamiste en Somalie. Al-Ittihaad était placé
aussi au premier rang des suspects après les attentats du 11 septembre 2001 aux
États-Unis. Selon le quotidien israélien Haaretz, le responsable des attentats de
Mombassa, Fazel Abdallah Mouhamed, un Comorien de 30 ans avec la complicité
de six Pakistanais et de quatre Somaliens, serait membre de cette organisation. Il
figure actuellement sur la liste des 22 terroristes les plus recherchés par la police
fédérale américaine (FBI).
C’est compte tenu de ces liens connus ou supposés entre Al-Qaïda et certains pays
de la Corne de l'Afrique que les États-Unis ont opéré un retour en force après leur
retrait précipité de 199314. L'opération internationale menée en novembre 2001
contre Al-Barakat, une société de transfert de fonds entre les émigrés Somalis et
leur pays, la mise en cause de la banque Al-Shamal Islamic de Khartoum, ainsi que
publication de la liste d'organisations terroristes montrent que la Corne de
l’Afrique, après l'Asie centrale est devenue une source de préoccupation majeure
pour les États-Unis. Même si ces dernières années, on remarque une relative
régression de l'islamisme radical, particulièrement dans ses courants
internationalistes et terroristes, les autorités américaines continues de croire que
la région demeure une source d’insécurité élevée pour les États-Unis. En effet, Al-
Ittihaad pèse moins aujourd'hui en Somalie méridionale qu'il y a cinq ans15, alors
qu’au Soudan le Front National Islamique du Soudan (FNSS) a éclaté en deux
factions dont la plus modérée est solidement installée au pouvoir. On peut ainsi
s’interroger, si les Américains maîtrisent parfaitement la complexité des situations
locales, dont le trait principal, en Somalie comme au Soudan et à un moindre degré
11 Kevin J. Kelley et Faustin Rwambali, « The East African », in <www.courrierinternational.com>
12 Gandour I., 2002, op.cit.
13 Le président Rafsandjani s'était même rendu en visite officielle au Soudan en décembre 1991.
14 En octobre 1993, une mission de routine des Rangers et du commando Delta, des forces spéciales américaines
chargées de capturer des chefs de guerre dans un quartier de Mogadiscio dans le cadre de l’intervention Restor
Hope, avait tourné au désastre : deux hélicoptères lourds avaient été abattus, et dix-sept soldats avaient été tués, le
corps de l'un d'eux avant été traîné dans les rues derrière un « technical » véhicule de miliciens. Cet épisode a fait
l'objet du « film La Chute du faucon noir ». Voir aussi Alain Deschamps, Somalie 1993 : première offensive
humanitaire, l'Harmattan, 2000 ; et Stephen Smith, Somalie : la guerre perdue de l'humanitaire, Calmann-Lévy,
1993.
15 Al-Ittihaad al-islamiya est la plus connue des organisations islamistes somaliennes armées. Formée au début des
années 1990, elle est liée depuis 1993 au réseau Al-Qaïda. En 1997, les troupes éthiopiennes avaient envahi le
territoire somalien pour détruire plusieurs de ses bases.
4
en Éthiopie, est l'expansion ininterrompue depuis dix ans du poids des seigneurs
de guerre, aux alliances changeantes et fort peu terminées par l’idéologie
islamiste16.
I. 2. Coopération sécuritaire et militaire
Depuis quelques années la stabilité du continent africain est devenu un centre de
préoccupation majeure pour les Etats-Unis. C’est pour cette raison que l’Afrique
occupe désormais une place importante dans la coopération sécuritaire. Les États-
Unis collaborent déjà avec la Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO) en vue de faire face, depuis plusieurs années, à des événements
comme ceux de Sierra Leone et du Liberia. Ainsi, ils ont apporté leur soutien aux
Missions des Nations unies en Sierra Leone (MINUSIL) et au Liberia (MUNIL). Dans
ce cadre, il est prévu la mise en place d’un centre de formation et d'entretien
logistiques les pays membres de la CEDEAO pourront utiliser le matériel pour
des opérations de maintien de la paix dans la sous-région17. Également dans le
cadre du renforcement sécuritaire, ils entretiennent de nombreux projets et
programmes de coopération militaire avec les pays africains. Par exemple, dans le
cadre du programme Opération Focus Relief (OFR), cinq bataillons nigérians en
partance pour la Sierra Leone avaient é formés par des instructeurs des forces
spéciales américaines en 1999. Le ministère de la fense des États-Unis a
également fourni les uniformes, du matériel et les armes. Il y a aussi le programme
ACRI (Initiative de action aux Crises en Afrique) qui est l’équivalent du
Renforcement des Capacités Militaires pour la Paix (RECAMP) français. L’ACRI ne
prépare pas les soldats aux combats. Elle porte essentiellement sur le maintien de
la paix. Plus de 8 600 soldats originaires de cinq pays africains ont é ainsi
formés. En outre, depuis octobre 1999, quelque 600 hauts responsables civils et
militaires ont assisté à des cours au Centre Africain d'Études Stratégiques (CESA)
à Washington portant entre autres sur les relations entre les civils et les militaires,
la mise en place d’une stratégie de sécurité nationale et l’élaboration de budget de
défense en régime démocratique.
Dans ce prolongement, le MPRI, une firme américaine spécialisée dans le conseil en
matière de sécurité, encadre certaines armées africaines. Cette entreprise dirigée
en grande partie par d'anciens officiers, organise des programmes d'appui pour le
compte du gouvernement américain. Par exemple dans le cadre de la coopération
militaire entre les États-Unis et le Nigeria, les contrats sont confiés au MPRI. Ce
dernier gère ainsi les installations du Joint Combined Arms Training System
(JCATS) à Abuja18. Les JCATS sont une composante du programme African
Contingency Operations Training and Assistance Program (ACOTA), reposant sur un
partenariat entre le Département de la défense et les militaires africains afin de
renforcer leur capacité à établir la paix et l'ordre. Ces centres offrent aux forces
africaines des outils de renforcement de leur qualification et de préparation. Les
JCATS s’appuient sur l'utilisation de logiciels sophistiqués de simulation de guerre
qui s'inspirent de conditions réelles sur les champs de bataille. Outre les États-
Unis, le Nigeria et le Canada sont les deux seuls pays à disposer de ces logiciels19.
Il est prévu d’ouvrir d’autres centres de ce genre au Ghana et peut-être au Kenya.
Le programme ACOTA est quant à lui, un cadre de formation et de coopération
pour « les opérations d’urgence en Afrique » pour « appuyer les solutions africaines
aux problèmes africains ». Ce programme fait suite au programme ACRI, mais
couvre un plus vaste éventail de responsabilités que ce dernier, notamment dans le
maniement des armes. En effet, si les forces déployées dans le cadre de l'ACRI ne
sauraient être mises dans une situation leur sécurité serait menacée, celles qui
le sont dans le cadre de l'ACOTA, sont chargées de ramener le calme donc, faire
usage de leurs armes. Aussi, contrairement à l'ACRI ou l'OFR, la formation dans le
16 Pour le Soudan la guerre civile au Darfour, à l’Ouest du pays est venue complexifier la situation.
17 Les États-Unis ont apporté un soutien logistique aux soldats de la CEDEAO déployés en Cote d’Ivoire et au
Liberia en 2003.
18 Il a été officiellement inauguré le 25 novembre 2003, par Theresa Whelan directrice pour l'Afrique du Bureau
du ministère de la défense chargé des questions internationales et de sécurité (ISA).
19 Il s'agit en fait de rassembler des personnes pendant une quinzaine de jours pour des exercices de guerre, ce que
les militaires américains du XXIe siècle font déjà.
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