s,+ rrJ TftvGvs-i-,N
L,4 VR,4TE ]IELIGION lait> (Jean r, 1-3). Pour que l'âmc connaisse ce Verbe,
l'aime et trouve en lui la joie qui la guérisse et rende
I'esprit assez clairvoyant pour s'emplir d'une si écla-
tante lumière, on dit aux avarcs : ( Ne aous drnassez
p,oint ile trésors sur la terre, oit, la teigne et la rouîIle les
détruisent, où Les aolcurs les d,étcrrent et lcs aolent; nutis
anurssez-uous des tré,sors dans le ciel, oit, ni la teiEæ tr,i
la rouillc, ne détruisent, ot) les uoleurs ne d,éterrenl ni ne
aol,ent; car là où est ton trésor, .Ià est aussi ton c@ur >
(Matth. vr, 19-21) ; on dit aui voluptueux : < Qui sème
ilans Ia, cho,ir, de la chair moissonnera la corruption; qui
sèmn dans I'es7trit, de I'espr,it moissonnera la tie éterwlle n
(Gal. vr,8) ; aux orgucillcux: o Qui s'élèae sera abaissé
et qui s'abaisse, éIeué t (Luc, xrv, 11) ; aux emporbés :
{rTu as rEu un soufl,et? Tenils I'autre ioue> (Matth.v,39) ;
aux querelleurs : u Aimcz uos ennernis t (Ibid,. 44) ; aux
superstitieux : ( Le royaume dn, Dieu est au-iled,ans de
i)ov,ts D (Lu.c xvtt,21) ; aux curieux : < Ne cherchez Ws ce
qui se aoil, mais u qyi ne se aoit pas, ryr_ry qui se aoit
passe, ce qui np se oo,tl pas est éternel , (U Cor. rv, 18) ;
à tous enfi.n : << N'airnez pas lc monile, ni lcs choses d,u
nwruIe, wr tout ce qu'il !1 a ilans Ic, mond,e est conwitise
de h.choir, conuoitise iles yeur et ambiticin ilu silclc t
(I Jean rr, 15-16).
6. Ces maximes aujourd.'hui sont,, par le monde entier,
lues aux fouled, écoutées evec respeôt et empressement.
Apràs tout le s-âng,.tous les bûchers, toutes les croix des
martyrs, les Eglises n'en ont que poussé des rejetons
plus nombreux et abondants jusque chez les peuplades
barbares. Des milliers de jeunes gens et de jeunes filles
dédaignent le mariage et vivent dans la chasteté sans
que personne en soit surpris, alors qu-e Platon, pour eD
avoir fait autant, dit-on, fuù à ce point intimidé par les
idées perverses de son temps qu'il sacriût 4 la nature
pour. abolir ce passé comme une faute. Maintenant, ces
maximes regoivent un tel accueil qu'il serait monstrueux
de les attaquer, comme il l'était autrefois de ies soutenir.
A cette promesse, à cet engagement répondr pâr toute
la terre habitée, le don des mystères chrétiens. Chaque
jour ces maximes sout lues daus les églises et expliquées
par les prêtres; ceux qui tâ,chent de les pratiquer se
frappent la poitrine ; on s'engage dans cette voie en si
grand nombre que les hommcs de toute classe, délais-
sant richesses et honneurs de ce monde pour consacrer
leur vie entière au seul Dieu souverain, remplissent des
îles autrefois désertes et la solitud.e d.e i.ombreuses
contrées. Dans les villes et les cités, enfin, dans les bourgs,
les villages, la campagne même et les domaines parti-
culiers, on accepte et on désire ouvertement se détourner
des biens terrestres vers le Dieu unique et véritable,
à tel point que chaque jour, par le monde entier, d.'uue
seule voix ou pre_,lque, le genre humain répond : << Les
c@urs sont en haut, près d,u Seigneur >. Pourquoi, dès
lors, bâiller encore à i'orgie d'hier et chercher dans des
cadavres de bêùes des paroles divines? Et pourquoi, si
l'on en vicnt à la discussion, se dot't"'er pour idéal d'avoir
sa,ns ccsse lc nom de Platon sur les lèvres, plutôt que le
cceur lsmpli de la vérité?
Les phllosophes palens IV. S. Ceux donc qui regar-
èn lace du christlanisme. dent commc inutile ou mauvais
le mépris de ce monde sensible, la purification morale de
l'âme et sa soumission ssmplète au Dieu souverain,
sont à réfuter autrement, si tôutefois cela vaut la peine
de discuter avec cux. Quant à ceux qui accord.ent que
c'est un idéal désirable, qu'ils reconnaissent le Dieu
dont I'action a répaud.u universellement ces croyanoes
et qu'ils ne lui résistent pas ! Ils le feraient sans doute,
s'ils en étaient capables ; faute de quoi ils ne pourraient
échappcr à l'accusation de mauvaise foi. Qu'ils se rend.ent
à l'auteur dc ce fait ; quo Ia curiosité ct la prétention
vaine ne les enp&hent'pas de teco''t'aître la difiéreuce
qu'il y a entre ies faibles hypothèses de quelques Pen-
seurs et la manifestation d.u salut et de la réparation
universelle. Car,. si les grands ho--es dont ils se ré-
clament revenaicnt à la vic pour trouvcr les églises
pleines, ies temples vides, Ie genre humain convié, non
plw à convoitér d'éphémères biens temporels, mais,
Le fait chrétlen et sa III. 3. I{ais ce que . je puis
dlffuslon unlverselle. affirmer à coup sùr, n'en déplaise
à tous ceux qui slobstinent à aimcr lcs livres dc ces philo-
sophes, c'est qu'à i'ère chrétienne la question ne €e Poss
plùs de la relifion à laquelle il faut adhérer de.préférence
-à tout autre eù qui conduit en fait à la vérité. et au
bonheur. Supposons que Platon lui-même soit. enco:e
vivant et qu'il-ne repousse pas mes questions.; ou plutôt,
supposono qu'&u temps où il vivait un de ses disciplea
I'ait interrogé. Platon cherchait à lui persuader que la
vérité sê voit non par les yeux du corps, mais par lc seul
esprit i que toute âme s'attachant à elle y trouve son
bonheur et sa perfection i quc rien n'cmpôche tant de la
percevoir qu'une vie de plaisirs et que les images trom-
pcuses des objets sensiblcs, imprimées en nous, au
moye.n du corps, par ce mond.e sensible. et sources des
erreurs et opinions diverscs i qu'il faut en conséquence
guérir son esprit, pour qu'il puisse flxer ses regards sur
lra forme immuable des choses et sur la beauté toujours
é,gale et en tout semblable à elle-même que ni I'espace
nè divise, ni le temps ne transforme, mais qui garde
intactes son unité et son identité et dont les hommes
n'admottcnt pas I'existence, bicn qu'clle soit sculcr à êtrc
vraiment et absolument i eue toutes les autres choses
naissent, meurcnt, s'écoulent, s'en vont et pourtant,
dans la mesure où elles sont, subsistent grâce au Dieu
éternel. qui les a façonnées par sa vérité i que, parmi
elles, seul l'être raisonnable et intelligent a reçu le pri-
vilège de trouver ses délices dans la contemplation de
l'éternité divine, de s'y transformer et de s'y enrichir
jusqu'à mériter la vie éternelle ; mais,'tant qu'il s'afiecte
d'amour.et de d.ouleur pour des ohoses qui naissent et
passent, tant que, livré à I'entraînement de cette vie
ôt des sens du corps, il se dissipe en de vaines images,
cet être ne peut que railler ceux qui affirment I'existence
d'un être invisible à nos yeux, inaccessible à toute ima-
gination, mais perceptible à.I'esprit seulement et à l'in.
telligence. Supposons, tandis que son ll{aître lui prêchait
cetté doctrine, que le disciple lui ait demandé : ( Àu cas
oir un homme grand et divin persuaderait aux foules
de croire au moins à ces vérités, si elles sont incapables
de les comprendre ou si ceux qui en sont capables, même
dégagés des fauqses croyances de la masse, étouffent
sous le poids des erreurs communes, le jugeriez-vous
digne des honneurs divins? r, Platon eût répondu, je
cràis,'que c'était æuvre impossible à un homme, à moins
que par hasard la force même de Dieu et sa sagesse
n'eussent soustrait quelqu'un à la loi de la nature et,
après l'avoir eclairé non par I'enseignement des horRmes,
dais, dès Ie berceau, par une illumiuation intime, Dê'
l'eussent doué tl'un ch-arme si vif, d'un ascendant si
fort, d'une dignité enfi.n. si haute que', détaché de tout
ce que désirent les méchants, patient à endurer toùt ce
qu'iis redoutent, accomplissant tout ce_qu'ils admirent,
iÎ convcrtît le genre humain, à force d'amour et d'au-
torité, à une tài si salutaire. Quant aux honneurs dus
à cet homme, inutile de le consulter : il n'est que de
calculer les honneurs dus à la Sagessc de Dieu, puisquc
c'est son action et sa conduite qui ont valu à cet homme,
pour le véritable salut dg. genre humain, un mérite
personnel immense et qui dépasse l'homme.
4. Or, Ia littérature et les monuments le proclament,
cela est' arrivé. D'un pays unique au mondc, I'e seul
oir fût ad.oré Ie Dieu unique et oir d'ût naître un homme
tel que je viens de dirc_, iont partis à travers Ie moud.e
entiôr des messagers choisis qui par leurs miracles ct
Icur prédication ônt ali_rlmé ltartout les feux du divin
o*oo'r. Après avoir solidemi'nt étâbli Ia doctrine du
saiut,, ils ônt laissé à leurs succcssours -dcs.pays tout
illumjnés. Bicn plus (pour ne pâs parler des-événernents
passés, auxquel-s on peut ne pas ajoutcr foi), aujour-
â'hoi môme ôir urrnonce parmi les nations et les peuples :
< Au con1l,nencernent éta,{t Ie Verbe et I'e Verbe était auec
Dieu et le Verbe était Dieu; iI était au conTnlencement
auec Dieu; per lui tout a été lait et sans lui rien n'a éLé