Caractère relativement plus ou moins concurrentiel du marché du

23 août 2012 – N°. 549
Caractère relativement plus ou moins
concurrentiel du marché du travail et du marché
des biens et services : une question très
importante pour les cycles et pour les politiques
d’ajustement
RECHERCHE ECONOMIQUE
Rédacteur :
Patrick ARTUS
Dans la majorité des pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Espagne, Italie,
Allemagne, Japon) il apparait que le marché du travail est plus concurrentiel
que le marché des biens et services. Dans les récessions, ou lorsque des
politiques d’ajustement sont mises en place, on observe alors une baisse
des salaires nominaux mais pas une baisse des prix : il y a recul des salaires
réels, donc de la demande, hausse des profits, absence d’amélioration de la
compétitivité-prix, et coût réel très élevé de l’ajustement, comme on le voit
aujourd’hui dans la zone euro.
Quelques autres pays ont des caractéristiques différentes :
- en France, ni le marché du travail ni le marché des biens et services ne
sont concurrentiels ; l’ajustement de la compétitivité et de la profitabilité
n’a donc pas lieu ;
- en Irlande, les deux marchés sont concurrentiels, ce qui permet un
ajustement de la compétitivité rapide et avec un coût réel réduit.
L’importance du
caractère concurrentiel
relatif du marché du
travail et du marché
des biens et services
Un marché concurrentiel est un marché où un excès de demande par rapport à
l’offre provoque une hausse importante du prix d’équilibre ; où un excès d’offre
provoque une baisse importante du prix.
Dans la période récente, la demande de biens et services (graphiques 1 a/b)
est faible par rapport à l’offre (graphiques 2 a/b) dans la plupart des pays de
l’OCDE ; et le taux d’utilisation des capacités est faible par rapport à sa valeur
normale, sauf en Allemagne.
Sauf en Allemagne qui est proche du plein emploi, la demande de travail est
faible par rapport à l’offre de travail (graphiques 3 a/b).
Graphique 1a
PIB (volume , 100 en 2002:1)
95
100
105
110
115
120
125
02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 95
100
105
110
115
120
125
Etats-Unis Royaume-Uni
Espagne Italie
Sources : Datastream, BEA, ONS, INE, NATIXIS
Graphique 1b
PIB (volume , 100 en 2002:1)
95
100
105
110
115
120
125
130
135
02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 95
100
105
110
115
120
125
130
135
Allemagne Japon
France Irlande
Sources : Datastream, Destatis, Cabinet ofice, Insee, CSO, NATIXIS
Graphique 2a
Taux d'utilisation des capacités
60
65
70
75
80
85
02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 60
65
70
75
80
85
Etats-Unis Royaume-Uni
Espagne Italie
Sources : Datastream, BLS, Eurostat, NATIXIS
Graphique 2b
Taux d'utilisation des capacités
40
60
80
100
120
02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 40
60
80
100
120
Allemagne Japon France
Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS
Graphique 3a
Taux de chômage (en %)
0
5
10
15
20
25
02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 0
5
10
15
20
25
Etats-Unis Royaume-Uni
Espagne Italie
Sources : Datastream, BLS, Eurostat, NATIXIS
Graphique 3b
Taux de chômage (en %)
2
4
6
8
10
12
14
16
02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 2
4
6
8
10
12
14
16
Allemagne Japon
France Irlande
Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS
Flash 2012 –549- 2
Si le marché du travail est concurrentiel, les salaires augmentent moins vite
ou même baissent ; si le marché des biens et services est aussi concurrentiel
que le marché du travail, les prix baissent aussi : on obtient une amélioration
de la compétitivité-coût et de la compétitivité-prix sans baisse du salaire réel,
donc sans perte moyenne de demande.
Mais si le marché des biens est peu concurrentiel alors que le marché du
travail est concurrentiel, les prix ralentissent peu : la compétitivité-prix ne
s’améliore pas, mais le salaire réel diminue, et il y a perte de demande
intérieure mais hausse des profits puisque les salaires baissent mais pas les prix.
On voit donc l’importance du degré concurrentiel relatif des marchés du
travail et des biens lorsqu’il y a politique d’ajustement structurel (donc baisse des
salaires avec la dérèglementation du marché du travail) ou récession : il
conditionne l’évolution des salaires réels, de la demande des ménages, des profits,
de la compétitivité-prix.
Dans la majorité des
pays, le marché du
travail est plus
concurrentiel que le
marché des biens et
services
Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie (faiblement), en
Allemagne, l’évolution du salaire nominal et réel est corrélée à celle du
chômage (comme on le voit dans la période récente, dans le sens opposé de celui
des autres pays en Allemagne, graphiques 4a à 4e, tableau 1).
Par contre, dans ces pays, la corrélation entre les hausses de prix et le taux
d’utilisation des capacités est faible (graphiques 5a à 5e).
Tableau 1
Corrélation entre les séries des graphiques 4
Etats-Unis Royaume -Uni Espagne
salaire réel
par tête
(déflaté
par le prix
conso, GA
en %)
Taux de
chômage
(en %)
Salaire
nominal
par tête
(GA en %)
salaire réel
par tête
(déflaté
par le prix
conso, GA
en %)
Taux de
chômage
(en %)
Salaire
nominal
par tête
(GA en %)
salaire réel
par tête
(déflaté
par le prix
conso, GA
en %)
Taux de
chômage
(en %)
Salaire
nominal
par tête
(GA en %)
Salaire réel
par tête
(déflaté par
le prix
conso, GA
en %)
1 1 1
Taux de
chômage
(en %) -0,37 1 -0,72 1 -0,23 1
Salaire
nominal par
tête (GA
en %)
0,63 -0,88 1 0,85 -0,64 1 0,71 -0,69 1
Italie Allemagne
salaire réel
par tête
(déflaté
par le prix
conso, GA
en %)
Taux de
chômage
(en %)
Salaire
nominal
par tête
(GA en %)
salaire réel
par tête
(déflaté
par le prix
conso, GA
en %)
Taux de
chômage
(en %)
Salaire
nominal
par tête
(GA en %)
Salaire réel
par tête
(déflaté par
le prix
conso, GA
en %)
1 1
Taux de
chômage
(en %) -0,08 1 -0,70 1
Salaire
nominal par
tête (GA
en %)
0,80 -0,10 1 0,78 -0,75 1
Sources : Datastream, NATIXIS
Flash 2012–549- 3
Graphique 4a
Etats-Unis : salaire réel par tête, taux de
chômage et salaire nominal par tête
-2
0
2
4
6
8
10
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 -2
0
2
4
6
8
10
Salaire réel par tête (déflaté par le prix conso, GA en %)
Taux de cmage (en %)
Salaire nominal par tête (hors benefits, GA en %)
Sources : Datastream, BLS, NATIXIS
Graphique 4b
Royaume-Uni : salaire réel parte, taux de
chômage et salaire nominal par tête
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
10
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 -6
-4
-2
0
2
4
6
8
10
Salaire réel par tête (déflaté par le prix conso, GA en %)
Taux de cmage (en %)
Salaire nominal par tête (GA en %)
Sources : Datastream, ONS, NATIXIS
Graphique 4c
Espagne : salaire réel par tête, taux de
cmage et salaire nominal par tête
-5
0
5
10
15
20
25
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 -5
0
5
10
15
20
25
Salaire réel par tête (déflaté par le prix conso, GA en %)
Taux de cmage (en %)
Salaire nominal par tête (GA en %)
Sources : Datastream, INE, NATIXIS
Graphique 4d
Italie : salaire réel par tête, taux de chômage
et salaire nominal par tête
-4
-2
0
2
4
6
8
10
12
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 -4
-2
0
2
4
6
8
10
12
Salaire réel par tête (déflaté par le prix conso, GA en %)
Taux de cmage (en %)
Salaire nominal par tête (GA en %)
Sources : Datastream, ISTAT, NATIXIS
Graphique 4e
Allemagne : salaire réel par tête, taux de
chômage et salaire nominal par tête
-4
-2
0
2
4
6
8
10
12
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 -4
-2
0
2
4
6
8
10
12
Salaire réel par tête (déflaté par le prix conso, GA en %)
Taux de cmage (en %)
Salaire nominal par tête (GA en %)
Sources : Datastream, Destatis, NATIXIS
Graphique 5a
Etats-Unis: prix du PIB, de consommation
et taux d'utilisation des capacités
62
66
70
74
78
82
86
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 -1
0
1
2
3
4
5
Taux d'utilisation des capacités (G)
Prix du PIB (GA en %, D)
Prix de consommation (GA en %, D)
Sources : Datastream, Fed , BLS, NATIXIS
Flash 2012 –549- 4
Graphique 5b
Royaume-Uni: prix du PIB, de consommation
et taux d'utilisation des capacités
69
71
73
75
77
79
81
83
85
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 0
1
2
3
4
5
6
Taux d'utilisation des capacités (G)
Prix du PIB (GA en %, D)
Prix de consommation (GA en %, D)
Sources : Datastream, ONS,
NATIXIS
Graphique 5c
Espagne: prix du PIB, de consommation
et taux d'utilisation des capacités
67
70
73
76
79
82
85
88
91
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 -3
-2
-1
0
1
2
3
4
5
Taux d'utilisation des capacités (G)
Prix du PIB (GA en %, D)
Prix de consommation (GA en %, D)
Sources : Datastream, INE, NATIXIS
Graphique 5d
Italie: prix du PIB, de consommation
et taux d'utilisation des capacités
62
65
68
71
74
77
80
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 -1
0
1
2
3
4
5
Taux d'utilisation des capacités (G)
Prix du PIB (GA en %, D)
Prix de consommation (GA en %, D)
Sources : Datastream, ISTAT, NATIXIS
Graphique 5e
A
llemagne: prix du PIB, de consommation
et taux d'utilisation des capacités
65
70
75
80
85
90
98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 -2
-1
0
1
2
3
Taux d'utilisation des capacités (G)
Prix du PIB (GA en %, D)
Prix de consommation (GA en %, D)
Sources : Datastream, Destatis, NATIXIS
La corrélation entre taux d’utilisation des capacités et hausse de prix n’apparait
qu’en 2009 avec le recul des prix des matières premières.
Dans la période récente, le taux d’utilisation des capacités remonte aux Etats-Unis
et au Royaume-Uni et l’inflation ralentit, le taux d’utilisation des capacités est faible
en Espagne, en Italie, et l’inflation subsiste ; en Allemagne, l’inflation reste très
faible même quand le taux d’utilisation des capacités est élevé.
Au Japon, depuis la fin des années 1990, la croissance faible a davantage
ralenti les salaires que les prix de consommation, d’où la baisse des salaires
réels (graphique 6).
Flash 2012–549- 5
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