Jean-Pierre Minaudier. Lycée La Bruyère, Versailles, octobre 17, 2004. Fr 3.4
dont il était censé incarner la volonté générale. Il n'y avait même pas l'équivalent des partis
uniques du XXe siècle, une formation destinée à mobiliser la population au service du régime:
cela n'avait pas encore été inventé. Le bonapartisme était censé être non un courant
partisan, un objet de débat politique, mais un sentiment éprouvé par tous les Français
envers un homme et un régime, quelles que fussent par ailleurs leurs opinions sur tel ou tel
problème. Ce que résume une boutade fameuse de Napoléon III à propos de son entourage:
« l'Impératrice est légitimiste, Morny [demi-frère de l'Empereur] est orléaniste, Napoléon-
Jérôme [l'héritier du trône] est républicain, et je suis moi-même socialiste. Le seul
bonapartiste, c'est Persigny [un autre ministre], et il est fou »
Bien sûr, il y avait aussi une part de légitimité dynastique. le régime naissant se
réclamait de Napoléon Ier (le titre d'"Empereur des Français" que prit Napoléon III était le
même que celui de son oncle), moins en principe de sa gloire militaire que de son œuvre de
continuateur de la Révolution, de grand réorganisateur des institutions, d'homme qui avait
ramené la prospérité (le discours de Bordeaux était explicite à ce sujet — voyez au chapitre
2). Mais le second Empire revendiquait aussi, dans l'héritage du premier, le respect dont la
France avait joui en Europe et dans le monde; et concrètement, le régime faisait beaucoup
appel aux souvenirs des grandes épopées napoléoniennes, la campagne d'Italie, Austerlitz,
Wagram, Iéna, etc.1 Nous verrons dans la deuxième partie que ces problèmes de rapport au
premier Empire ne concernaient pas que la légitimité, la propagande et le décorum du régime,
mais eurent des conséquences très concrètes: le neveu se lança, pour imiter l'oncle, dans une
politique extérieure fort active.
Le régime était très centraliste, très jacobin (au sens dérivé de ce mot), et le demeura
jusqu'au bout; ce qui ne choquait personne à l'époque, c'était un très ancien héritage qui
remontait à l'Ancien Régime et que toutes les monarchies et républiques successives avaient
respecté (les opposants républicains au second Empire le critiquaient, mais il ne fut pas non
plus remis en cause en 1870). Ainsi les deux grandes villes les plus agitées du pays, Paris et
Lyon, n'avaient pas de maire! À Paris, c'étaient le préfet et le préfet de police qui en faisaient
office.
1 Χεπενδαντ, µµε σι χεσ ραππελσ φλατταιεντ λευρ νατιοναλισµε, χερταινσ Φραναισ
αϖαιεντ λε σεντιµεντ θυε λε τεµπσ αϖαιτ πασσ ετ θυε λα ρητοριθυε ιµπριαλε, λε δχορυµ
ναπολονιεν δυ ργιµε ταιεντ θυελθυε πευ αναχηρονιθυεσ εν χεσ αννεσ 1850, παισιβλεσ,
λιβραλεσ, αφφαιριστεσ… Εν τµοιγνε, συρ λε µοδε δε λ∍ιρονιε δισχρτε, λε ροµαν δ∍Εδµοντ
Αβουτ
Λ∍ηοµµε ◊ λ∍ορειλλε χασσε
, παρυ εν 1861, θυι ναρρε λεσ διφφιχυλτσ δ∍αδαπτατιον δ∍υν
οφφιχιερ δυ πρεµιερ Εµπιρε, ρεσσυχιτ παρ δεσ σαϖαντσ απρσ χονγλατιον δανσ λεσ γλαχεσ
δε Ρυσσιε.