Introduction générale
Au cours du siècle dernier, des progrès spectaculaires ont été accomplis dans le domaine
des sciences et techniques de l’information. Depuis la réalisation en 1948 [1] d’un des
premiers composants à base d’un matériau semi-conducteur : le transistor, l’intégration de
nombreuses fonctions électriques sur une même puce a permis de faire croître sans cesse la
capacité et la vitesse de nos ordinateurs. La microélectronique a envahi notre vie de tous les
jours et la plupart des appareils autour de nous contiennent au moins une puce électronique.
Des fonctions optiques ont également pu être développées avec des matériaux semi-
conducteurs, comme l’émission et la détection de lumière, ouvrant ainsi la voie de
l’optoélectronique. Les diodes électroluminescentes, les diodes lasers, et les capteurs CCD
(Coupled Charge Device) peuvent ici être cités.
Dans le domaine des télécommunications, la lumière s’avère être un très bon vecteur du
fait de son insensibilité aux perturbations électromagnétiques et de sa haute fréquence
(≈10
14
Hz) permettant d’envisager de hauts débits de transmission. De plus, le développement
des fibres optiques avec de faibles pertes rend possible le transport de l’information sur des
distances de plus de 100Km sans répéteurs [1]. Parallèlement, les calendriers technologiques
actuels indiquent que la microélectronique du futur devrait être confrontée à un problème
technologique important : les interconnexions électriques.
En effet, la poursuite des progrès d’intégration pourrait bientôt se heurter à des limitations
en terme de bande passante et de dissipation d’énergie et à des problèmes de capacités
parasites entre les pistes plus proches. De plus, l’augmentation de la taille des circuits pourrait
créer des problèmes de synchronisation d’horloge. Pour lever ce verrou, une des possibilités
serait justement d’utiliser des moyens d’interconnexion optique, soit entre puces, soit entre
certaines parties d’une puce, soit entre les transistors à l’intérieur même de celle-ci . Parmi les
solutions envisagées aujourd’hui, une voie intéressante serait de fabriquer des dispositifs
photoniques (émetteurs, modulateurs, détecteurs…).
Les photons sont apparus donc comme des vecteurs d'information performants. C'est dans
ce contexte qu'Eli Yablonovitch suggéra, dans un article fondateur daté de 1987 [2], d'étendre
les concepts de structure de bandes et de bande interdite. En structurant artificiellement la
matière, il est possible de contrôler la lumière. Yablonovitch souhaitait initialement appliquer
cette idée au problème du contrôle de l'émission spontanée, mais rapidement le caractère plus
général de ce concept est apparu : les cristaux photoniques (CPs) étaient nés.