Affaire suivie par Claire Nantier
d) Mettre à profit toutes les occasions de mobiliser sur le défi climatique
En inscrivant le sujet de la COP21 à l’ordre du jour de chaque entretien bilatéral, la France entend
afficher clairement la priorité qu’elle accorde à la plus grande réunion diplomatique
internationale jamais organisée sur son sol. Nous devons également veiller à ce que cette
mobilisation soit étendue aux enceintes multilatérales qui peuvent favoriser l’obtention d’un
accord ambitieux à Paris.
Les phénomènes climatiques extrêmes vont devenir plus fréquents et plus intenses du fait de
l’augmentation de la température moyenne. Lors de la troisième conférence mondiale sur la
réduction des risques de catastrophes qui a eu lieu à Sendai (Japon) du 14 au 18 mars, un
nouveau cadre d’action ambitieux pour l’après-2015 a pu être adopté. Le Ministre s’est fortement
mobilisé en faveur d’un renforcement des systèmes d’alerte face aux catastrophes naturelles
dans les pays les plus vulnérables. L’objectif est de permettre à un réseau d’acteurs de collecter
les données météorologiques pertinentes, de les analyser et de les diffuser rapidement afin que les
populations puissent se prémunir à temps contre le danger.
Le climat figure à l’ordre du jour du G7 de la présidence allemande qui s’est bien appropriée le
dossier. Une étude a été commandée par les ministres des Affaires étrangères sur les liens entre
climat et sécurité en vue de leur réunion des 14 et 15 avril à Lübeck (« A new Climate for Peace :
Taking Action on Climate and Fragility Risks »). Le sommet du G7 au château d’Elmau les 7 et 8 juin
sera essentiel pour émettre un signal fort de soutien aux négociations. La volonté de l’Allemagne de
mettre l’accent sur le renforcement de l’ambition climatique ou encore sur le long terme est
très utile. Cela permet de sensibiliser à l’importance de ces questions qui sont cruciales afin de
limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale en-dessous de 2°C par rapport aux
niveaux pré-industriels. La présidence allemande prévoit par ailleurs des résultats concrets sur les
financements qui pourraient par exemple prendre la forme d’un rapport sur les mécanismes
assurantiels du risque climatique ou de la production de lignes directrices pour les investissements
verts des institutions financières publiques et privées.
S’agissant du G20, la présidence turque donne le sentiment d’être plus frileuse sur les
questions climatiques. Néanmoins, le Sommet d’Antalya quelques semaines avant la COP21 devra
impérativement envoyer une impulsion politique forte de la part des plus gros émetteurs de gaz à
effet de serre à travers un communiqué final mobilisateur, qui pourrait idéalement mettre
l’accent sur certains consensus acquis. Le fait que de nombreux groupes de négociation y soient
représentés est en effet une chance à saisir.
2. Quels sont les objectifs de la France pour la COP21 ?
Depuis l’adoption de la CCNUCC en 1992 et du protocole de Kyoto en 1997, les responsabilités et les
capacités des États ont évolué. Lors de l’élaboration de la CCNUCC, les pays industrialisés et ceux
en transition vers une économie de marché ont été clairement identifiés, au nom de leur
responsabilité historique, comme devant être à l’avant-garde de la lutte contre le dérèglement
climatique à travers l’adoption de mesures visant à réduire leurs émissions de gaz à effet de
serre. Ils ont été rassemblés dans l’annexe I de la Convention. Par conséquent, les pays en
développement sont souvent qualifiés de « pays non-annexe I ». Cette répartition n’a pas évolué
depuis 1992, ce qui explique que la Corée du Sud ou encore Singapour soient perçus comme étant
des pays bénéficiaires d’assistance de la part des pays de l’annexe I, bien que cette situation puisse
sembler dérogatoire.
Les gaz à effet de serre ont longtemps été émis principalement par les pays développés, mais les
pays émergents et en développement les ont désormais dépassés. La Chine est ainsi devenue le
premier émetteur mondial, avec environ 25% des émissions mondiales, suivie par les États-Unis (un
peu moins de 15%), l’Union européenne (environ 10%), l’Inde et la Russie (avec approximativement
5% chacune). Afin que le régime climatique reflète ce nouveau contexte international, la
conférence sur le climat de Durban en 2011 a fixé un mandat clair aux 196 parties à la CCNUCC :
parvenir en 2015 à l’adoption d’un nouvel accord sur le climat applicable à tous les pays et qui
entrera en vigueur en 2020. Pour garantir son universalité, chaque État doit soumettre cette
année une « contribution » à l’accord. La feuille de route fixée lors de la COP de Varsovie en 2013
a en effet retenu ce terme car il est plus flou et laisse plus de marges de manœuvre que celui
d’ « engagement » auquel s’opposaient certaines parties.