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Concernant le reste de la distribution, je retrouve Julie
Duchaussoy et Manuel Garcie-Kilian que j’ai connus à
l’école du Théâtre National de Bretagne, et qui, depuis
leur sortie, m’accompagnent sur certains de mes
spectacles. Ils interprètent respectivement les rôles de
Mme de Tourvel et du chevalier Danceny. Je retrouve
également Richard Sammut avec lequel j’ai travaillé
sur Hinkemann de Toller [créé la saison dernière], il
jouera Azolan, le chasseur de Valmont, personnage
populaire dans la veine de Sganarelle ; Guy Prévost
et Stéphanie Cosserat, qui ont travaillé avec moi
notamment sur Pasteur Ephraïm Magnus de Hans
Henny Jahnn et La Philosophie dans le boudoir de
Sade, incarnent des figures d’époque : un curé et
une courtisane. Quant à Fanny Blondeau, la petite
Cécile de Volanges dans la pièce, elle sort tout droit du
Conservatoire de Liège, c’est son premier spectacle ;
Véronique Willemaears est une comédienne que j’ai
rencontrée par le Théâtre de Liège, elle interprète
sa mère, Mme de Volanges. Karen Rencurel est une
comédienne que j’avais vue jouer à La Colline, elle
incarne la tante de Valmont, Mme de Rosemonde.
Comment bâtis-tu ton adaptation ?
Je reste au plus près de la fable, de l’intrigue, de
l'action. Il ne s’agit pas d’une « réécriture ». Mais je
dois bien sûr faire des choix, établir des principes
de narration, imaginer le « comment » avec les
outils du théâtre. Ce qui m'intéresse, c'est d'extraire
le théâtre − le roman en transpire − et de composer
une pièce avec des dialogues tout en restant au
plus proche de la langue et de l'esprit de Laclos.
Est-ce que tu écris en songeant au plateau ? As-tu
déjà une idée de ce que sera l’espace, par exemple ?
Ou les costumes ?
J'ai tout de suite vu le décor, ses escaliers, son
balcon, son étage, avant même d'adapter. Il faut
dire que je connaissais bien le texte. Ici, l’espace
renvoie à ce qu’est le texte à mon sens : un univers
cérébral plus que réaliste. Laclos était un militaire
de carrière. Dans le roman, à part deux moments
− celui avec la prostituée, Émilie, et celui avec Cécile
de Volanges lorsqu'elle est déniaisée −, il n'y a pas
de scènes libertines, tout passe par les mots et le
plaisir du dire, de se raconter. Dans le roman, il y
a très peu de descriptions des lieux, tout comme
il n'y a d'ailleurs pas de descriptions physiques
précises des personnages. Disons qu'il y a une
certaine abstraction. Le décor doit permettre
cette abstraction en gardant un côté forteresse. Le
plateau est nu. C’est le corps de l’acteur en costume
qui remplit l’espace.
En ce qui concerne les costumes, ils rappellent