La réponse de Jésus (Mt 26, 58-75 ; Mc 14, 53-72 ; Lc 22, 54-71 ; Jn 18, 12-27).
« Jésus ne donne aucune place à une compréhension politique ou agressive de l'activité du Messie.
Non, le Messie, lui-même, viendra comme le Fils de l'homme sur les nués du ciel. [...] Il revendique le droit
de siéger à la droite de la Puissance, c'est à dire de venir à la manière du Fils de l'homme dont parle le livre
de Daniel, de venir de Dieu, pour ériger à partir de lui le Royaume définitif. [...]
Jésus avait exprimé sa mission selon les Ecritures, avec les paroles même de l'Ecriture.
Mais pour les membres du sanhédrin, à l'évidence, cette application des paroles sublimes de l'Ecriture à
Jésus apparut comme une attaque insupportable à la grandeur de Dieu, à son unicité. »[5]
Jésus est conduit devant Pilate.
La revendication de la royauté messianique était un crime politique, qui devait être puni par la justice
romaine. Avec le chant du coq, le jour s'était levé, et le gouverneur siégeait pour rendre la justice.
Qui étaient les accusateurs ?[6]
Chez Jean, ce sont les Juifs, mais attention, la communauté primitive était tout entière composée
d'Israélites : chez Jean, cette expression « les Juifs » a une signification précise : l'aristocratie du temple.
Chez Marc, apparaît aussi la masse qui opte pour la relaxe de Barrabas. Il s'agit des défenseurs de
Barrabas qui se sont mobilisés pour le jour de l'amnistie pascale. Tandis que ceux qui croyaient en Jésus,
apeurés, restaient cachés.
Matthieu parle de « tout le peuple », à coup sûr, il n'exprime pas un fait historique. Matthieu cherche très
probablement à s'expliquer le terrible destin d'Israël dans la guerre judéo-romaine. Et si, selon Matthieu, tout
le peuple avait dit « Que son sang soit sur nous et nos enfants ! » (Mt 27, 25), le chrétien doit se souvenir
que le sang de Jésus parle un autre langage que celui d'Abel (cf. He 12, 24[7]) ; il n'exige ni vengeance ni
punition, mais il est réconciliation. Il n'est pas versé contre quelqu'un, mais c'est le sang versé pour la
multitude, pour tous. « Tous ont péché... » (Rm 3, 23-25)
Chez Pilate
Pilate savait que Jésus n'avait pas suscité de mouvement révolutionnaire. Au regard des règlements romains,
il n'y avait rien de sérieux contre Jésus.
Mais au cours de l'interrogatoire, voici à l'improviste un moment qui soulève l'agitation : la déclaration de
Jésus. A la question de Pilate : Donc tu es roi ? , il répond :
« Tu le dis : je suis roi. Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la
vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. » (Jean 18, 37)
La vérité serait-elle donc une catégorie politique ? Pilate répond : « Qu'est-ce que la vérité ? » (Jn 18, 38)
Benoît XVI explique : « Le monde est vrai dans la mesure où il est reflet de Dieu [...] Rendre témoignage à