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que le rayon de la dimension ne pourra pas y entrer. Selon la mécanique quantique, qui
associe une onde à chaque particule, la longueur de nos atomes est beaucoup trop importante
pour que l’on puisse pénétrer dans ces dimensions supplémentaires si elles existent.
Les phénomènes se déroulent à un niveau beaucoup plus microscopique, ce qu’illustre la
phrase de Richard Feynman « Un chat ne peut pas disparaître à Pasadena et réapparaître en
Sicile, ce serait un exemple de conservation globale du nombre de chats, ce n’est pas la façon
dont les chats sont conservés ». C’est effectivement impossible à un objet macroscopique
comme un chat, mais ce serait possible pour une particule. Le démontrer expérimentalement
reviendrait à démontrer l’existence de dimensions supplémentaires. Nous savons maintenant
qu’il doit y avoir d’autres dimensions dans l’espace, mais quelle est leur dimension ? Existe-t-
il des particules ayant une longueur d’onde leur permettant de rentrer dans ces dimensions
supplémentaires, et donc de disparaître et de réapparaître ? Ce sujet a connu un
développement fulgurant ces dernières années. Les théories des supercordes développées
montrent en effet que les particules que nous connaissons (quarks, leptons et bosons de jauge)
sont confinées sur une membrane localisée à la surface de la dimension supplémentaire. Nous
n’entrons ainsi pas dans la cinquième dimension, non pas à cause de nos longueurs d’onde,
mais parce que nous sommes liés à une surface à quatre dimensions. Dans cette théorie, les
gravitons ne sont pas soumis au même phénomène et peuvent se propager partout, ce qui leur
donne des propriétés extraordinaires. Ainsi, lorsqu’il se produit une collision
positron/graviton, sept gravitons peuvent être produits et entrer dans la cinquième dimension.
La probabilité d’obtenir ce phénomène si la dimension s’accorde à l’énergie de cette particule
est assez grande. On a cherché dans les données expérimentales si l’on pouvait voir la
signature d’une disparition d’énergie, qui résulterait d’une interaction positron/graviton
produisant des photons, et des gravitons disparaissant. Une déviation est alors attendue, qui
n’est pas observée expérimentalement. On peut objecter que l’énergie est trop petite, et le
LHC devrait permettre de résoudre ce problème.
Un regard vers le futur
Dans le domaine de la physique des particules, le LHC est naturellement attendu avec
impatience. Quels sont les projets suivants ? Beaucoup de discussions ont été engagées sur la
construction d’un collisionneur linéaire électron/positron, qui permettrait de voir le boson de
Higgs. Dans le futur proche, deux devraient être construits (projet DESY en Allemagne et le
Next Linear Collider aux USA). Dans un avenir plus lointain, la formation d’un collisionneur
possédant plusieurs fois l’énergie du LHC, soit linéaire électron/positron, ou le Very Large
Hadron Collider de Fermilab qui devrait avoir une circonférence de plus de deux cents
kilomètres. Mais la physique des particules ne se fait pas seulement autour des accélérateurs
et des collisionneurs, mais aussi dans les laboratoires sous marins et souterrains. Les théories
prévoyant l’unification des forces entre elles et de la matière prédisent une instabilité du
proton que l’on n’a pas encore observé expérimentalement.
Dans le domaine de la cosmologie, le défi est maintenant de voir au delà du fond cosmique :
c'est-à-dire de voir ce qui s’est passé entre le Big Bang et la formation des atomes, 300 000
ans après. Les photons ne peuvent nous donner aucune information. Des télescopes à
neutrinos sont donc en construction ou déjà construits (Amanda au Pole Sud pour étudier si
des neutrinos traversent la Terre, Antarès Nemo dans la Méditerranée qui est en projet). Ces
laboratoires vont remplacer les laboratoires souterrains, et il est imaginable d’avoir ainsi des
laboratoires qui vont surveiller 1km3 de matière pour voir si quelques protons se désintègrent,
ou si des neutrinos traversent cette matière. Il existe aussi des détecteurs d’ondes
gravitationnelles (LIGO aux USA, avec des bras de cinq millions de kilomètres de long ou