Des stèles funéraires à l'histoire des communautés
Des stèles funéraires à l'histoire des communautés
Epitaphe élogieuse
"A l'écart des affrontements, et parfois des mesquineries, du quotidien, le cimetière juif apparaît bien souvent comme
un havre de paix. Les termes qui le désignent, "Beijss Aulem" ("La maison de l'éternité") et "Beijss'Hajem" ("la
maison de la vie"), au-delà de leur littéralité, évoquent pour le Juif d'Alsace un lieu qui est un repère essentiel dans
son espace de vie, un lieu qu'il a apprivoisé. C'est par lui qu'il s'inscrit à la fois dans une histoire singulière dans
laquelle ont oeuvré ses ancêtres, en une chaîne ininterrompue, et dans ce coin de terre qu'il considère - indûment,
prétendent certains - comme le sien. De ce double ancrage témoignent les deux expressions en "jédich-daitch" : "er
éch tsü füre komme", ("on l'a transporté") sous-entendu dans sa dernière demeure ; "tswécha Rocha Chône un Yom
Képar gäjn mar Käjfer Ofess" "entre Roch-Hachana et Yom Kippour on va sur les tombes des pères". La langue
traduit avec pertinence un rapport singulier à la mort, qui est éloigné de tout pathos ; celui-ci s'exprime dans une
gestuelle très maîtrisée, d'une grande retenue et dans des rites sobres et pudiques...." Freddy Raphaël (Préface de
Les cimetières Juifs en Alsace, de Elisabeth Louis et Geneviève Pic, éditions les Petites Vagues.)
Lorsqu'une communauté juive était autorisée autrefois à s'installer dans une localité, elle devait s'assurer de la
protection des autorités et en échange répondre à des conditions drastiques (le paiement de taxes et d'impôts
spécifiques, assurer une "utilité" sociale ou économique, vivre dans un quartier séparé de la population chrétienne..),
elle devait également créer sa structure de vie en conformité avec les règles de vie juive ; construire ou louer les
lieux de vie : lieu de culte, mikwé, abattoirs, cimetière. A partir de 10 hommes (Minyane) une communauté pouvait se
constituer. Nous constatons que souvent les localités alsaciennes ont mentionné qu'à l'origine des communautés
juives ne se sont installés que quelques individus (3 à 5 familles).
Généralement, les autorités locales leur désignaient le lieu de vie (rue, quartier, ghetto) suivant certains quotas et
numérus clausus ainsi que le lieu du cimetière hors de la ville (aux limites des remparts, sur un marécage, dans la
profondeur d'une forêt, dans un fossé ou sous un pont). Le terrain destiné au cimetière était toujours l'objet d'un
achat de la part des fidèles. La tradition juive veut que les tombes soient érigées à perpétuité, il en découle qu'elles
ne pouvaient être transférées, et qu'elles ne pouvaient être détruites, par des juifs. Cependant, par l'effet de
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