Protéger l’économie nationale en gérant le bas Fraser Le bas Fraser revêt une importance considérable pour les 2,7 millions de personnes de la vallée du Fraser et de la région métropolitaine de Vancouver. Il est un des principaux moteurs économiques de la Colombie-Britannique et il apporte une contribution importante à l’économie nationale. L’activité portuaire dans le bas Fraser rivalise le trafic canadien dans la Voie maritime du Saint-Laurent et appuie une multitude d’activités économiques essentielles pour la région et au-delà. Port Metro Vancouver (PMV) est non seulement le plus grand port du Canada, mais également le plus important port selon le tonnage de l’Amérique du Nord et la principale porte océane de l’Asie-Pacifique. Bien que les ports des basses terres du Fraser aient été fusionnés en 2008, si le port du bas Fraser était autonome il resterait un port important pour le Canada. Avant la fusion, la Fraser River Port Authority était le troisième port du Canada selon le tonnage intérieur, d’exportation et d’importation. L’impact de la fonction portuaire du bas Fraser est comparable à l’impact du trafic canadien dans la Voie maritime du Saint-Laurent, tant sur le plan des tonnages que de l’emploi : Fret Emplois Salaires (millions de tonnes) (ETP) (milliards de $) Bas Fraser* 25,7 52,900 2,62 $ Saint-Laurent** 36,5 63,000 2,88 $ * L’impact du bas Fraser est pour l’année 2008 avant la fusion des trois autorités portuaires régionales pour former Port Metro Vancouver cette année-là; l’impact de la Voie maritime du Saint-Laurent est pour 2010. ** Les données du Saint-Laurent couvrent le fret canadien transporté dans la section Montréal – lac Ontario de la voie maritime et dans le canal Welland entre le lac Ontario et le lac Érié. Si l’on considère l’avenir, étant donné que la plupart des terres portuaires pouvant être aménagées pour accommoder la croissance prévue de PMV sont sur le fleuve Fraser, le bas Fraser est destiné à jouer un rôle de plus en plus important dans l’activité portuaire globale et la croissance future de l’économie canadienne. Outre le rôle intégral des opérations de PMV, il y a neuf ports pour petits bateaux du gouvernement fédéral sur le bas Fraser. Appuyant l’industrie de la pêche commerciale, ces ports pour petits bateaux soutiennent une variété d’activités notamment pêche, aquaculture, loisirs, tourisme, transport maritime et autres activités maritimes. Le fleuve Fraser appuie également d’autres industries clés : la production agricole de la vallée du Fraser en 2011 valait 1,5 milliard de dollars (c’était la majorité de la production agricole de la Colombie-Britannique) et environ 47 installations du secteur forestier exercent leurs activités dans et le long du fleuve. Le risque La croissance économique et le développement de la région sont apparemment irréversibles. Cependant, la plupart des terres agricoles et industrielles, ainsi que l’infrastructure routière et ferroviaire qui relie le Canada au port, sont vulnérables aux inondations et aux tremblements de terre. Chaque année durant la crue printanière, environ 32 millions de mètres cubes de sédiments sont acheminés dans le fleuve et quelque 10 % de ce matériel se dépose dans les chenaux de navigation des cours inférieurs. Pour assurer la continuation de la navigation et la prévention des inondations, on doit procéder régulièrement à des travaux de dragage d’entretien. Le dragage augmente le débit, ce qui est une mesure de prévention contre les inondations essentielle pour maintenir le fleuve en deçà du niveau des digues durant les périodes où l’écoulement de l’eau augmente. En 2007, le fleuve a failli passer par-dessus les digues de la vallée du Fraser durant la crue printanière. Si les digues s’étaient rompues, les voies ferrées nationales et l’autoroute transcanadienne reliant Vancouver au reste du Canada auraient été coupées, bloquant la circulation des marchandises à destination et en provenance du port le plus occupé du pays et causant d’importantes pertes économiques. À l’heure actuelle, les terres adjacentes au bas Fraser abritent plus de 50 % de la population de la Colombie-Britannique et, dans la plaine alluviale, des aménagements valant 50 milliards de dollars qui sont de plus en plus vulnérables aux événements climatiques extrêmes susceptibles, selon les prévisions, d’affecter le fleuve. Assurer la prospérité future Selon de récentes études, le niveau de la mer à l’embouchure du fleuve pourrait augmenter de plus d’un mètre d’ici à la fin du siècle. Pour protéger les entreprises et les moyens d’existence des personnes qui comptent sur le fleuve, ainsi que les résidents et les services publics (notamment l’infrastructure routière et de transport ferroviaire), un programme continu, coordonné d’investissement dans les digues, le dragage et autres mesures de protection s’impose. D’après les estimations préliminaires, le coût de ce programme requis d’ici à 2100 s’élèverait à près de 9 milliards de dollars pour les zones de marées et les sections côtières adjacentes. Les conséquences de l’inaction pourraient être graves. Les dommages économiques découlant de la perte d’un ou plusieurs liens ferroviaires, ainsi que des autoroutes de la vallée, seraient énormes pour l’économie nationale. Les dommages pourraient être semblables à ceux de la Nouvelle-Orléans et exiger de longues périodes de reconstruction coûtant des milliards de dollars qui s’ajouteraient à des milliards en activité économique perdue. Pour atténuer ces problèmes éventuels, on doit agir de toute urgence pour assurer que les réparations appropriées sont faites. Outre les enjeux environnementaux, la croissance urbaine exerce des pressions sur la prospérité future de la région. En effet, la demande de terrains résidentiels a exercé d’énormes pressions sur les terres industrielles qui sont en transition et, par suite de ces pressions, ces dernières ont été converties en terrains résidentiels, ce qui a entraîné la perte de quelque 3 000 hectares au cours des 30 dernières années. Coordonner l’enjeu administratif Au bout du compte, le fleuve Fraser est l’armature du transport pour la porte de l’Asie-Pacifique et il a une grande valeur économique pour le Canada tout entier. Il a la capacité de fournir un énorme avantage concurrentiel qui bâtira la prospérité économique de notre pays à mesure que l’Asie deviendra un partenaire commercial plus important. La rationalisation et la facilitation d’un processus qui favorisera l’entretien d’une voie de transport importante joueront un rôle primordial dans le développement de cette possibilité clé. Un des principaux défis en ce qui a trait à la gestion du bas Fraser consiste à coordonner les nombreux intervenants gouvernementaux et non gouvernementaux qui entretiennent le fleuve. À l’heure actuelle, il y a 15 administrations municipales et 29 Premières Nations le long des rives du bas Fraser. En outre, plus de 20 ministères provinciaux et fédéraux participent à l’administration du fleuve, ce qui a pour résultat une multitude de lois et de règlements à respecter. Étant donné que le pouvoir et la surveillance relèvent d’une multitude de ministères gouvernementaux, le travail sur le fleuve Fraser est souvent accompli en vase clos plutôt que dans le cadre d’un plan exhaustif et coordonné axé sur les exigences en matière d’entretien et de sécurité. Le règlement de ces questions exigera une gestion à long terme et un apport financier important. À ce problème s’ajoute la fragmentation qui requiert des compromis entre les diverses compétences et autorités. Tous les paliers de gouvernement et autres intervenants clés doivent se concerter pour administrer le bas Fraser comme un réseau interconnecté dans lequel les intérêts de l’économie, de la population, de la sécurité publique et de l’environnement naturel sont gérés de façon globale comme un système unique. Cela exigera le leadership du gouvernement fédéral, qui a pleins pouvoirs sur le fleuve. Recommandation Pour assurer la circulation continue du commerce à destination et en provenance du marché de l’Asie-Pacifique et la viabilité du bas Fraser, que le gouvernement fédéral travaille de concert avec les provinces, municipalités, groupes autochtones et entreprises concernées pour : 1. Mettre sur pied un groupe de travail composé d’intervenants concernés pour élaborer une stratégie globale visant à répondre aux impératifs de financement et de gestion à long terme associés au maintien, à la protection et à l’amélioration du bas Fraser. 2. Mandater ce groupe de travail pour élaborer un plan exhaustif concernant, mais non de façon limitative, la protection contre les inondations, la gestion de la navigation, la hausse du niveau de la mer, l’agriculture et l’aménagement des terres industrielles dans le bas Fraser et veiller à ce que le plan envisage le rôle que le fleuve Fraser peut assumer dans les prochaines étapes de la stratégie sur la Porte de l’Asie-Pacifique.