« Les Pieds Tanqués » (2012)

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« Les Pieds Tanqués » (2012)
4 personnages, joueurs de pétanque, seront en scène dans cette partie de boules de tous les
dangers :
un Français provençal de « souche » – Loule
un Francilien fraîchement arrivé en Provence – M. Blanc
un Français d’origine algérienne – Yaya
un Français rapatrié d’Algérie – Zé
Quatre joueurs sont en scène dans cette partie de pétanque de tous les dangers : un rapatrié
d’Algérie, un Français de l’immigration algérienne, un Provençal « de souche » et un Parisien
fraîchement arrivé en Provence. Au fil du jeu, on apprendra peu à peu qu’ils ont tous une
blessure secrète, un lien filial et intime avec la guerre d’Algérie. Ils s’opposeront, se ligueront,
livreront leur vérité… ils auront cependant à cœur de finir cette partie, sur ce terrain qui les
rassemble et les unit.
Une pièce où les mémoires s’entrechoquent dans laquelle la gravité des propos n’exclut pas
l’humour. Une comédie dramatique sur l’identité et le vivre ensemble.
Jouée avec succès en plein air depuis 2012 sur des boulodromes, le spectacle est maintenant
présenté en salle dans une nouvelle scénographie.
Texte et Mise en scène : Philippe Chuyen, Jeu : Sofiane Belmouden – Philippe Chuyen –
Gérard Dubouche – Thierry Paul , Costumes : Corinne Ruiz, Décor : Christophe Brot, Régie :
Nolven Badeau
Note d’intention
Les thèmes : Guerre d’Algérie,
immigration, identité, vivre ensemble
Voici plus d’un an que je pense à la guerre d’Algérie et à l’horizon du 50eme anniversaire de
l’indépendance de ce pays. J’avais en effet en moi le désir et l’impérieuse nécessité de
produire, pour 2012, un spectacle ayant pour décor cette période douloureuse de l’Histoire de
France.
Passionné d’Histoire, je pense depuis longtemps que le théâtre peut, dans le domaine
historique, se faire le médiateur efficace d’un travail de mémoire. Et ceci, je le précise, non
pas pour le seul plaisir d’invoquer l’Histoire mais afin de servir le présent, sans désir de
polémique ni mise en accusation ou construction d’un discours culpabilisateur.
Durant ces derniers mois, au plus je
m’intéressais à ces évènements, au plus je comprenais qu’ils constituaient un moment
crucial du basculement de la France dans l’époque moderne : la fin de l’Empire, de la
décolonisation, de la grandeur vécue, la fin des chimères et tant de répercussions sur notre
quotidien du 21eme siècle. Cependant, la mémoire collective française a manifestement tiré
un trait sur cette guerre et l’amnésie (consciente ou inconsciente) quasi-collective qui a suivi
la décolonisation, les rancœurs et les haines qui en sont issues sont, je pense,
malheureusement toujours à l’œuvre dans la société française.
Il faut tenter par tous les moyens de comprendre et rompre cela, donner l’occasion aux gens
de regarder leur passé en face, en pleine lumière, ça fait 50 ans qu’on traine ces
démons ! Jeter un regard artistique pouvant permettre une libération de la parole, agir
par le théâtre comme d’autres le font par l’étude scientifique, le documentaire, le cinéma ou le
roman, et faire ce nécessaire travail de re-visitation lucide du passé à la lumière de notre
conscience d’aujourd’hui est, il me semble, un impératif de salut public.
Afin d’étayer au mieux cette note d’intention et les raisons de ma motivation, je précise qu’il
y a environ 1 an, j’ai commencé l’adaptation, avec l’aval de son auteur, du roman de Jérôme
Ferrari paru en 2010 aux éditions Actes Sud « Où j’ai laissé mon âme ». Ce roman évoque
superbement les cas de conscience de militaires confrontés aux opérations du maintien de
l’ordre et de la torture pendant la Bataille d’Alger en 1957. Après plusieurs mois de travail sur
ce texte et une approbation de l’auteur sur la qualité de mon adaptation, le projet n’a pas pu
aboutir pour des raisons indépendantes de ma volonté et trop longues à détailler ici. Le choc a
été grand et l’obligation de remiser ce travail douloureux, mais ma détermination intacte
quant à ce contenu « Algérien » pour mon nouveau projet théâtral. J’ai donc continué ma
recherche afin de trouver une forme originale et pertinente pour parler de ce sujet brulant
sur lequel j’avais jeté mon dévolu.
Pétanque et Guerre d’Algérie ?
Le terme pétanque vient des mots de l’occitan provençal pè « pied » et tanca « pieu »,
donnant en français régional l’expression « jouer à pétanque » ou encore à «pés tanqués »,
c’est-à-dire avec les pieds joints et ancrés sur le sol, par opposition au jeu provençal où le
joueur peut prendre de l’élan.
Je rappelle cette définition pour expliquer le détournement de l’expression que je souhaite
opérer à l’occasion de cette création théâtrale qui aura donc pour titre « Les Pieds
Tanqués » et pour sujet la guerre d’Algérie. Dans ce spectacle, je souhaite signifier par
l’image du pied « tanqué » (au delà de la règle qui définit ce jeu) celle du pied enraciné; le
jeu lui-même signifiera les rapports humains qui sont l’œuvre dans une population de déraciné
ou d’enraciné; et le terrain lui, le territoire ou le pays dans lequel les protagonistes se
retrouvent et s’enracinent. Un jeu donc pour évoquer les problématiques d’appartenance à
un territoire, de déracinement et par opposition d’enracinement, d’identité. Une partie de
boule avec ses bons mots, ses galéjades, mais aussi ses coups bas, pour évoquer les blessures
de l’exil, de la culpabilité, des haines et des rancœurs, mais aussi des pardons.
Par Philippe Chuyen auteur et metteur en scène – Mai 2012
Forme: une partie de pétanque
Voici plusieurs années que Philippe CHUYEN pense adapter au théâtre
la dramaturgie du jeu de boules. Ce jeu, dont la règle impose d’être silencieux pour ne pas
déconcentrer l’adversaire est paradoxalement un lieu de la parole. Dans ce lieu d’une parole
hachée, d’une parole d’initié avec son vocabulaire propre, souvent au second degré quand on
est dans le Sud, moqueuse ou plus directement sérieuse pour celui qui se prend au jeu (et il faut
s’y prendre tout de même si l’on souhaite s’amuser), l’échange est quasi permanent : dans le
geste, les silences qui en disent long, mais surtout dans le verbe.
Yvan Audouard grand conteur du Sud a dit du jeu de boules qu’il était à la Provence ce que
le théâtre de Delphes était la Grèce antique, un lieu de Tragédie. Il terminait cependant en
disant qu’à la fin d’une partie tout le monde meurt … de rire. Au théâtre, on se relève aussi
après la mort et on en rit. Car c’est aussi cela la fonction du théâtre, rire de la mort parce que
ça nous tient en vie.
En regardant une partie de pétanque sur n’importe quel terrain de France on peut constater que
l’engagement et le sérieux sont de mise : il faut gagner la partie, et dans cet objectif, la vérité
du jeu est ce qui compte le plus au monde. De plus, ce qui s’y passe est naturellement mis en
scène : il y a, en effet, toujours un ou plusieurs spectateurs, badauds simplement intéressés par
le jeu ou plus secrètement par la relation entre les différents protagonistes. Ainsi, le corps et le
geste est en action, le joueur se dévoile et affirme son caractère, d’où une certaine fierté à
se montrer. Ces caractéristiques, nous pourrions les comparer facilement à la représentation
théâtrale et les joueurs à des comédiens avec leur technique et leur talent.
Un joueur de boules peut quant à lui avoir de l’élégance, de la retenue et beaucoup de savoir
vivre et tout comme l’acteur, il s’appuie sur la présence du public, il s’en nourrit. Entre jeu de
boules et théâtre la frontière est manifestement ténue.
Le but du projet n’est pas de reproduire en faux ce qu’une vraie partie fait très bien, mais
d’endosser la dramaturgie de la pétanque à des fins de théâtre, pour avant tout raconter une
histoire et exprimer des idées, des sentiments : le théâtre a, bien entendu, une visée que le jeu
de boules n’a pas. Certains penseront que cela est démagogique, veut caresser le populaire,
donner dans le racoleur. En effet, on pourra le penser, et toute la difficulté de ce projet sera
justement de dépasser les apparences. D’autres, au contraire, y accourront pour assister à une
bonne « pagnolade ».
En tout état de cause, l’objectif sera de réconcilier ces deux publics : inviter le spectateur à
un moment de détente qu’il connaît bien, tout en le plongeant peu à peu dans quelque chose de
suffisamment fort et intense sur le plan des rapports humains et des propos ; Et qu’il ait, en
définitive, le sentiment d’avoir vécu un moment d’émotion et de joie : un moment de théâtre.
Troupe « Les Pieds Tanqués »
Philippe Chuyen – Comédien, Auteur, Metteur en scène
Il se passionne pour l’Art Dramatique depuis sa rencontre en 1989 avec Laure Fouilloux. Cette
dame fut élève de Louis Jouvet et animait depuis 1965 l’atelier de la Licorne à Toulon. Il
complète sa formation avec Jack Garfein à Paris autour des techniques de l’Actor’s Studio. La
danse contemporaine, la voix au théâtre sont, dans le même temps, des disciplines qu’il
pratique, notamment avec le Roy Hart Théâtre ou encore le danseur Dominique Dupuy et la
danseuse Christiane Vergne. En 1995, Il obtient à Avignon le prix du coup de pouce au Off,
pour son interprétation de « Comme la Pierre », un texte contemporain de Romain Weingarten
qu’il joue à Paris et en province. En 1998, Il fonde dans le Var la Cie Artscénicum et à partir
de 2001 crée ses propres spectacles. Les 6 créations qu’il écrit, adapte ou mets en scène ont
quasiment les mêmes dénominateurs communs : Histoire et Littérature du Sud. Recherche
d’identité, de racines, exploration des sources profondes pour trouver de la matière au théâtre,
sa terre est une porte d’entrée pour la scène.
Sofiane Belmouden – Comédien
Il débute au théâtre en 1991 à Marseille dans la Cie « Bas Les Masques » où il joue plusieurs
spectacles à partir d’improvisations théâtrales (Clap, Embrouille). Passionné de mise en scène,
il monte pour d’autres Cies des textes de répertoire (Shakespeare, Woody Allen, Cervantès…).
Mais c’est à partir de 1997 qu’il travaille pour le cinéma et la télévision sous la direction de
réalisateurs tels que Philippe Carrèse, Christophe Reichert, Ramid Issaad, Brigitte Rouan et
se distingue par un jeu vif et sincère. En 2004, La série «Plus Belle la Vie» lui propose le rôle
récurrent de l’avocat Malik Nassri qu’il décide lui même de quitter en 2008. Cette expérience
l’amène à ouvrir les yeux sur ses vrais désirs d’artiste, lui permettant de passer enfin à la
réalisation de son premier film, “ Moussa ”, court métrage sélectionné en 2010 dans les
festivals d’Aubagne et Rousset. Aujourd’hui, en collaboration avec le comédien et humoriste
Gérard Dubouche, il travaille à l’écriture d’un long métrage.
Gérard Dubouche – Comédien
C’est à Aix en 1984 qu’il effectue ses premiers pas sur scène, mais c’est à sa sortie du Cours
Florent qu’il décroche son premier rôle professionnel dans «Regain», aux côtés de Claude
Brosset. A partir de là, il enchaine rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma. Il est
notamment un des « Collègues » du film de Philippe Dajoux aux côtés de Patrick Bosso; un
routier dépressif dans « La Grande Vie » avec Michel Boujenah, film dont il est le coscénariste; le plombier Batavia, bête et raciste, dans « Travail d’Arabe » de Christian Philibert.
Doté d’un comique hors norme et ravageur, mêlant cynisme et grotesque servi par un physique
qui détonne, il créé avec Didier Landucci en 2002 à Marseille, « Bienvenue au Club », son
premier one man Show en guise de thérapie post divorce ; et en 2004, remplace au pied levé
Jean-Marc Michelangeli dans « les Bonimenteurs » au théâtre de Dix heures à Paris. En 2010,
de nouveau seul en scène il créé «Vive les Cons» coécrit avec Christian Philibert.
Thierry Paul – Comédien
Il débute au theatre à la fin des années 80 à Toulon avec L. Ziveri (Cie UppercuThéâtre) puis
avec Raphaël DJAÏN en 1992 dans la Cie Théâtre Automne de Nîmes dans « Esquisse
déraisonnable » d’après P. Handke et « la Maison des Artistes ». Il travaille ensuite avec Y.
Borrini (Cie Le bruit des hommes) essentiellement sur les écritures contemporaines. En 1996,
Il rencontre Philippe Minyana avec qui il travaillera à Bordeaux (Drames brefs 2) puis Noëlle
Renaude et Frédéric Maragnani (Cie Travaux publics) pour l’intégrale de « Ma Solange». A
Toulouse, il travaille avec J.J. Mateu (Petit bois Cie) . De retour à Toulon, il collabore sur
plusieurs spectacles d’Artscénicum avec Philippe Chuyen (1851, La Banquet des Insurgés, La
Mandragore, 1907 Batailles dans le Midi) puis André Neyton et le Centre Dramatique Occitan
et de nouveau L. Ziveri . Pour le cinéma et la télévision tourne sous la direction de P. de Brocca,
L. Jaoui, P. Boutron, P. Venault, E. Rochant, C. Baraud et P. Lary.
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