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qui paraît difficile à résoudre, même si la tâche n’est pas à mon avis impossible. Une
telle tentative, qui ferait en sorte que le musulman d’aujourd’hui vivrait et
comprendrait l’Islam du 7
ème
siècle avec une mentalité du 21
ème
siècle me paraît
possible, dès lors que le Qoran, comme parole divine, a une résonance intemporelle.
Le Qoran a été transmis (Inzâl) intégralement au cours d’une période de 23
ans et chaque partie de ce texte est liée à une circonstance ou à un événement
déterminé (c’est ce qui est communément appelé dans le jargon des exégètes : les
causes circonstancielles de la descente (transmission) du Qoran : Asbâb a-Nuzûl). Ce
discours divin est ancien par rapport à notre génération, 14 siècles nous en séparent ;
mais il demeure en même temps continuellement récent, si l’on tient compte du fait
que son auteur se soustrait à la sphère du temporel.
Donc, à mon avis, on peut en déduire que le Qoran, même s’il est
contingent, c’est-à-dire du papier et de l’encre, demeure éternel. Ceci dit, il doit y
avoir, comme interlocuteur dans le cadre d’un dialogue permanent, une corrélation
intersubjective entre la conscience réflexive de l’exégète et l’auteur du texte
coranique. Ce qui nécessite une élimination totale et définitive du temps historique
qui nous sépare de l’époque du Prophète (psl). Cette démarche consiste à dénoncer
fermement tout abus et erreur résultant d’un traditionalisme aveugle et s’efforce de
concilier les exigences de la vie moderne avec les enseignements coraniques. En outre,
elle n’entraîne pas une incitation totale à renoncer à toute ancienneté (les acquis de nos
vertueux devanciers), mais elle implique tacitement une opération sélective qui réfute
tout archaïsme et approuve tout ce qui va de pair avec la «Modernité».
L’Imam Malick Ibn Anas
1
(mort en 179H – 795 A-J) avait raison de se mettre
en désaccord avec la proposition du calife abbasside Al-Mansour (712-775 A-J) qui
voulait imposer Al-Mouwatta (c’est un recueil de Hadith) comme la seule référence
pour tous les musulmans de son époque.
L’Imam Chafii
2
(Mort en 204H – 820 A-J) avait aussi raison de renoncer à
certains de ses avis juridiques (Fatwâ), une fois installé en Egypte à la suite de son
1
- L’Imam Malick est le principal fondateur du « rite malickite» en jurisprudence islamique.
2
- L’Imam Chafii est le principal fondateur du « rite chafiite » en jurisprudence islamique