Valorisation des campagnes à la mer
Navires Ifremer - IRD - IPEV
longs profils magnétiques de haute résolution à travers la « zone magnétique calme » Crétacée de l’océan Atlantique Central,
entre les îles Canaries et les îles du Cap Vert. Les profils devaient être réalisés de manière à éviter tout mont sous-marin et toute
complexité tectonique, susceptibles de brouiller le message temporel porté par les anomalies magnétiques océaniques. Pour cela,
la première partie de la campagne (de 2 semaines) a consisté en un levé géophysique conventionnel suivant plusieurs profils
considérés comme des cibles potentielles, de manière à choisir ceux qui présentent les conditions les plus favorables à la
réalisation de profils de haute résolution. La seconde partie de la campagne (de 3 semaines) s’est attachée exclusivement à la
réalisation des profils de haute résolution par magnétomètre de fond tracté à petite vitesse, profils destinés à reconstituer
l’historique des variations d’intensité géomagnétique durant la période magnétique calme.
Ce résultat permettrait de comparer les variations d’intensité géomagnétiques durant la période magnétique calme à celles de
périodes plus récentes affectées de nombreuses inversions de polarité, afin d’évaluer si la distribution des excursions
géomagnétiques y est semblable ou pas et, in fine, déterminer si l’absence d’inversion lors de la période magnétique calme
correspond à un blocage du processus à l’origine des inversions, et donc à un fonctionnement différent de la géodynamo, ou si au
contraire la période magnétique calme, pour en être un intervalle de polarité très long, n’est pas fondamentalement différent des
autres intervalles de polarité, le fonctionnement de la géodynamo restant sensiblement le même. Ce résultat est important pour
comprendre les processus à l’origine du champ magnétique terrestre et de ses inversions, et donc la dynamique du noyau terrestre.
Une importante conséquence de ce travail est la possibilité, une fois la séquence des variations d’intensité géomagnétique établie
pour la période magnétique calme, d’utiliser cette séquence pour définir des marqueurs temporels destinés à mieux contraindre
l'évolution des bassins océaniques et la cinématique globale entre 118 et 83 millions d’années. L’absence d’anomalie magnétique
dans ce long intervalle laisse subsister d’importantes zones d’ombre dans notre connaissance de l’histoire des plaques, que les
marqueurs ainsi définis pourraient permettre de lever.
3 – Principaux résultats obtenus (avec quelques illustrations)
La première partie de la campagne (Figure 1, en noir) s’est déroulé au mieux, permettant l’acquisition de données de sismique
rapide et de magnétisme de surface le long de deux profils traversant complètement la zone magnétique calme, de deux profils en
recoupant la moitié la plus jeune et d’un dernier profil le quart le plus ancien.
La seconde partie de la campagne (Figure 1, en rouge), dédiée à l’acquisition des données magnétiques de haute résolution, a
commencé par différents ajustements techniques du magnétomètre de fond (allongement de la longueur de câble entre le lest et le
magnétomètre, insuffisante du fait des aimantations de l’émerillon du câble SAR et de la BUC, remplacement d’un logiciel). Ces
problèmes résolus, le magnétomètre de fond a été progressivement immergé vers sa profondeur nominale de 4000 m… qu’il n’a
jamais atteinte, puisqu’une intrusion d’eau due à un joint torique mal monté par le fabriquant a causé la destruction de l’instrument
autour de 2000 m. Un magnétomètre de fond de secours, constitué d’un capteur vectoriel de type fluxgate (habituellement
maintenu dans une nacelle remorquée derrière le lest par le câble allongé a été testé et s’est montré suffisamment performant pour
acquérir, dans le temps restant, deux profils à une profondeur de 4000 m, le premier à travers la partie la plus jeune de la zone
calme, le second à travers sa partie la plus ancienne. La réalisation de ces deux profils, qui couvrent ensemble près de la moitié de
la période magnétique calme du Crétacé, a permis de « sauver » la seconde partie de la campagne, dont le bilan reste cependant
mitigé. En effet, ces deux profils ont été
réalisés entre 1000 et 1500 m au dessus du
fond (et non 500 m comme désiré) et
présentent donc une résolution moindre
que celle souhaitée, d’une part pour ne pas
soumettre les épissures réalisées à trop
forte pression, mais aussi parce que le lest
de 600 kg s’est révélé insuffisamment
lourd pour tracter le système à une vitesse
raisonnable. Par ailleurs, le second profil
n’a pu être réalisé à l’aplomb d’un des
profils sismiques réalisés lors du premier
leg, faute de temps. Remarquons enfin que
les « temps morts » occasionnés par les
différents incidents et réparations ont été
utilisés pour l’acquisition de profils
magnétiques de surface complémentaires.
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Figure 1 : Plan de position des campagnes
Magofond 3 Legs 1 et 2 (2005) et Magofond
3b (2008). Les lignes épaisses soulignent les
acquisitions de magnétisme de fond,
réalisées à moins de 2 noeuds.