AVENTURA UNEI ŞTIINŢE CONTROVERSATE: GEOPOLITICA

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The Annals of Valahia University of Târgovişte, Geographical Series, Tome 4-5, 2004-2005
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L’AVENTURE D’UNE SCIENCE CONTROVERSÉE: LA GÉOPOLITIQUE (I1)
Teodor Simion*
Mots cléfs: géopolitique, l’école allemande, l’école anglo-américaine, l’école française, l’école
roumaine, géopolitique classique, nucléaire, monde bipolaire, guerre froide, guerre de 100 secondes,
la globalisation, l’aire centrale, heartland, rimland, géostratégie, le troisième monde, terrorisme,
clivages et fractures.
Résumé: La fascinante évolution de la géopolitique débute à la fin du XIX -ième siècle par le
contournement des plusieurs écoles et étapes historiques. Pendant la période 1880-1945, la
géopolitique mondiale a été influencée par l’école allemande (caractérisée initialement par le
classicisme et le didactisme, finissant par l’agressivité et la compromission comme science), l’école
anglo-américaine (pragmatisme et géostratégie), l’école française (équilibre, rationalisme et esprit
critique a l’adresse de la géopolitique allemande) et terminant avec l’école roumaine (l’affirmation
de l’identité nationale dans un contexte géopolitique grave, pendant que la Roumanie était déchirée
par les impérialismes rus et allemand).
La géopolitique nucléaire s’est contouré dans la période d’après les deux guerres mondiales, pendant
que, dans la nouvelle conjoncture géopolitique mondiale (le monde bipolaire, la guerre froide, la
guerre de 100 secondes, le troisième monde, la globalisation), par la contribution des courants
scientifiques des États-Unis, des états ouest-européens (la France, la Grande Bretagne) ou autres
États de l’Amérique Latine, le Moyen Orient ou l’Australie.
Après l’implosion du communisme (1989/1991), la géopolitique est à nouveau ,,redécouverte”, y
compris dans les anciens États communistes, devenant au-delà de la valeur scientifique, un utile
instrument dans la politique et la diplomatie mondiale, tant que bien dans la mass media de partout.
Les profondes mutations dans le statut épistémologique de la géopolitique se reflètent aussi au
renoncement à quelques conceptions considérées aujourd’hui périmés (l’aire centrale, heartland,
rimland, zone tampon, puissance maritime/continentale, etc.), et l’affirmation, d’autres neuves
(géoéconomie, géoculture, globalisation et mondialisation, monde multipolaire, terrorisme, clivages
et fractures).
I. La géopolitique du romantisme/didactisme, au pragmatisme/agressivité
(1880-1994/1945)
Peut-être qu’aucune autre science du XX-ième siècle n’a pas connu une évolution
plus contradictoire et plus contestée que la géopolitique. Et cette chose, on peut l’expliquer
soit par l’objet, les moyens et les méthodes d’investigation avec finalité dans l’acte
politique/décisionnel, soit par la mise de cette science à l’interférence entre la géographie,
les sciences sociales et politiques.
L’évolution du concept de géopolitique, de la parution et de son positionnement
jusqu’à présent, constitue une fascinante aventure dans le labyrinthe de cette science de
contact, qui initialement s’est développé dans le cadre de la géographie.
De la géopolitique romantique et didactique des premières décennies du XX-ième
siècle, la géopolitique allemande engageante et justificative au ,,char” de la propagande
nazie des années ’30-’40, de la géopolitique ,,proscrite” des premières décennies après la
deuxième guerre mondiale, jusqu’à la géopolitique ,,nucléaire” et ,,redécouverte” après
l’implosion du communisme, voila, à bref, les jalons de cette démarche intellectuelle.
Dans ce contexte, on inscrit aussi la géopolitique roumaine des II-ième et IV-ième
décennies du XXL siècle, avec ses moments de grâce, mais aussi avec ses répercussions
négatives sur les principaux exposants après la communisation de la Roumanie. Des
raisons plus didactiques, on a réalisé une certaine périodisation de l’évolution de la
1
*
Deuxième part de cet article sera publie dans le numéro suivant
Université Valahia de Târgovişte
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géopolitique, mettant en évidence les principales ,,écoles géopolitiques” et représentants,
courants de méditation, mais aussi la réflexion dans les actions politiques qui ont
essentiellement modifié la stratégie et la tactique, l’évolution de la carte politique dans le
XX-ième siècle et début du XXI-ième siècle.
I. 1. L’école géopolitique allemande (de classicisme/didactisme, à l’agressivité
et la compromission comme science, par l’engrenage a la propagande fasciste)
Sans doute, l’école géopolitique allemande est considérée la plus ancienne et
importante coalition scientifique, marquant irrémédiablement la parution et l’évolution de
cette science, à la fin XIX-ième siècle et la première moitie du XX-ième. La parution de la
géopolitique dans l’espace allemand peut-être expliquée dans le contexte sociopolitique
européen général, mais surtout dans les conditionnements et les frustrations internes de
l’esprit allemand, en compétition avec les voisins et autres puissances déjà continentales
(la Grande Bretagne, la France ou l’Empire Austro-hongrois et même l’Empire Tsariste).
La construction progressive de l’unité allemande (Le Deuxième Reich, Le Traité de
Versailles et Le Traité de Frankfurt en 1871), assez tardive par rapport à ses puissants
voisins, induisent un sentiment d’inquiétude/frustration, déterminant de bonne heure la
,,passion de la géopolitique”, comme instrument efficace dans la clarification de sa
politique externe, à la fin du XIX-ième siècle.
La première guerre mondiale provoque un sentiment de grande frustration (des
pertes territoriales en Ouest et Nord, l’isolation de la Prussie Orientale, la monitorisation
par les pouvoirs gagnants, etc.), toutes ceux-ci générant un climat propice au glissement de
la géopolitique au ,,char” de la propagande nazie de plus tard, dans le nom du
nationalisme, déterminant la parution des quelques théories revanchardes, ,,l’espace vital”,
,,la route vers l’est”, ou ,,le peuple sans espace”. Les réflexions philosophiques dues à
Herder, influencent décisivement le contexte socioculturel allemand, comme une contra
pondération des impérialismes anglais et français.
Dans ce cadre socioéconomique et politique particulièrement complexe, la
géopolitique a une trajectoire sinueuse, avec des ,,exaltations”, mais aussi avec des
,,chutes” au-delà de la rationalité, jusqu’à la compromission de celle-ci comme science.
Mais, de la perspective d’un plus d’un siècle lors de sa parution, la géopolitique allemande
représente (avec toutes les réserves existantes), une précieuse contribution à l’affirmation
de cette science complexe dans le patrimoine culturel universel, ayant des adeptes, mais
aussi des détracteurs sur mesure.
Le précurseur et le fondateur de la géopolitique allemande a été Friedrich Ratzel
(1844-1904), créateur d’école, personnalité complexe qui a domine la fin du XIX-ième siècle
et le début du XX-ième. Fils d’un modeste employé de Karlsruhe, Fr. Ratzel parfait la
formation scientifique dans sa ville natale, et, plus tard, à Heidelberg (dans le domaine de
la géologie, de la paléontologie et de la zoologie, marqué par la personnalité du professeur
E. Haachel (le précurseur de l’économie moderne). Il a une vie agitée (il participe à la
guerre du 1870, il devient nationaliste fervent, voyage beaucoup en Europe et l’Amérique
du Nord), et, suite à un brillant doctorat, il occupe des prestigieuses chaires de géographie
aux grandes universités de Munchen et de Leipzig. Auteur prolifique et profond, promoteur
de nouvelles ,,voies” des domaines diverses, de la géographie humaine
,,Anthropogéographie”, à la géographie historique et surtout à la géographie politique
,,Politische Geographie” - 1897, ,,La grande source de puissance des peuples” - 1900, Fr.
Ratzel est vraiment un homme de sa époque, alliant l’activité professionnelle, scientifique,
avec celle de guide et cofondateur du ,,pangermanisme”, qui trouvait un ,,sol” fertile dans
l’esprit allemand.
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Parmi toutes ces ouvrages, une attention particulière on accordera, bien sûr, à son
œuvre fondamentale pour le sujet de cette étude ,,Politische Geographie” - 1897, avec le
sous-titre suggestif : ,,La géographie des états, du commerce et de la guerre”.
Même s’il s’agit d’un livre touffu, difficile à la lecture, basé sur une conception
darwiniste et organiciste (chose qui leur sera reproché plus tard), la ,,Géographie
politique”, due à Fr. Ratzel influencera ,,la marche des idées” et la fondamentation de la
géographie politique, en favorisant plus tard la parution de la géopolitique.
Fr. Ratzel souligne lors de ses premières pages que, ,,dans toutes les phases de leur
développement, les États seront considérées des organismes (s.n.) qui entretiennent avec le
sol un rapport nécessaire et qui, de cette cause, doivent être analysées aussi de perspective
géographique”.
L’évolution de l’État démarre pratiquement d’une zone centrale/noyau :,,Le
développement des états se trouve en solide liaison avec la floraison politique des peuples,
à mesure que celle-ci comprend une extension et une intensification des rapports avec le
sol”.
Intéressantes sont les considérations faites sur la mobilité des sociétés (des
peuples) : ,,La force politique la plus élémentaire réside en mobilité. Plus un peuple est
mobile, plus il occupe plus d’espace ou, on a l’impression que le peuple bouge avant ou à
l’arrière, pareille à une masse de liquide”.
Influencé par sa vision organicistique, Fr. Ratzel définit ,,la politique comme
l’esprit d’un État ou son individualité spirituelle, et l’idée politique ne contient pas, par
conséquent, jamais seulement le peuple, mais aussi son territoire.” Des réflexions
intéressantes se retrouvent concernant l’imperfection des États (l’État des hommes est avec
certitude un organisme imparfait), la grandeur des espaces (la grandeur des espaces où on
projette les idées et les plans politiques est subordonnée en totalité à la surface où on
bouge), et surtout à la problème des guerres (la guerre représente, de point de vue
géographique, un mouvement puissant, saccadé et violent, pendant lequel des nombreuses
masses humaines pénètrent d’un pays en l’autre, ou la guerre est restée depuis toujours, la
grande école de la domination de l’espace).
Marquée par le darwinisme et l’organicisme, ,,La géographie politique” est
considérée par P.Claval (2001) ,,une dimension géopolitique imparfaitement exprimée” ;
d’ailleurs, les limites de cette œuvre majeure ont été distingués par les géopoliticiens
français (M.Mauss, 1925, ou, plus tard, par M.Korinman, 1990).
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Ses contributions dans le domaine de la géopolitique se reflètent dans abordage des fois en première - des certaines problèmes extrêmement intéressantes : le rôle des États
comme organismes vivantes, la liaison entre le peuple et l’espace (d’où la célèbre formule
,,volk ohn raum” - ,,peuple sans territoire”, pour arriver plus tard à la théorie de ,,l’espace
vital”), les lois d’expansion des États (T.Simion, 2003), le rôle des puissances maritimes
(,,la grande source de pouvoir des peuples” - influençant plus tard la stratégie militaire et la
création d’une flotte de guerre redoutable). Son œuvre fondamentale (La géographie
politique) a influencé décisivement la parution et l’évolution de la géopolitique, quoique, à
coté des adulateurs enthousiastes, ont existé aussi des détracteurs sur mesure, surtout de
l’école géopolitique française, mais, au-delà de toutes ceux-ci, les idées de Fr. Ratzel ,,ont
fait l’histoire”, dans l’évolution scientifique de la géopolitique.
Mais le créateur du terme de ,,géopolitique” a été le suédois Rudolf Kjellen (18641922), dans une leçon magistrale de 1899, il utilise pour la première fois ce mot, qui
connaîtra une fascinante évolution, de l’adulation à la contestation.
Connu professeur de Droit et d’Histoire aux Universités d’Uppsala et Göteberg,
parlementaire et publiciste, il se naturalise plus tard en Allemagne, fasciné par la complexe
personnalité de Fr. Ratzel, mais aussi par le propice climat et par l’esprit allemand de
l’époque.
La carrière du mot ,,géopolitique” débute en 1903 (contesté par R.Sieger), continue
avec l’étude de R.Kjellen de 1905 (,,Considérations géopolitiques sur la Scandinavie”) et
le renom européen s’enregistre à peine en 1916, dues au même auteur (,,Problèmes
scientifiques de la guerre mondiale”). Par conséquent, le fondateur du concept de
géopolitique provenait des sciences politiques et considérait que la géopolitique n’est
qu’un chapitre des sciences politiques (I.Conea, 1937) et il étudie ,,position, la forme et le
territoire de l’État”.
Mais l’œuvre qui le consacre complètement paraît en 1916 ,,L’État comme forme
de vie” (,,Staten som Lisform”), où il sacralise l’espace (,,raumsin”), chose facile à
spéculer par les continuateurs de son œuvre.
Dans sa conception géopolitique, ,,l’État est considère comme un organisme
géographique, phénomène spatial, comme on dit, une terre, un territoire, un espace ou plus
exacte, une pays.” Donc l’État naît, vit et meure, il entre en compétition avec autres,
prouvant des certes influences de son mentor, Fr.Ratzel.
Intéressantes sont les éléments définitoires d’un État, comme unité politique des
cinq composantes, pouvant être regardés de point de vue géographique, ethnique,
économique, social et juridique ; on appelle ces cinq visages de son être : pays, nation,
ferme du pays, structure sociale et gouvernement”.
En systématisant la géopolitique, R.Kjellen différencie les suivantes
sous-systèmes :
 La topopolitique (l’analyse de la position des États, la physionomie et leur
configuration)
 L’écopolitique (l’étude de l’économie nationale, l’étude de l’État comme ferme)
 La demopolitique (l’analyse de l’État comme peuple, l’étude des peuples dans leur
forme optimale, la nation qui occupe l’État concernant)
 La sociopolitique (l’analyse des États comme société, le rapport entre l’État - la
société)
 La cratopolitique (forme de gouvernement, les moyens de l’État d’expression
politique).
À coup sûr, l’évolution ultérieure du concept de géopolitique après la disparition de
R.Kjellen (en 1922), allait déterminer un véritable ,,avatar allemand”, après l’expression
heureuse de I.Conea (1937) - le plus important théoricien roumain de cette science.
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Jusqu’à l’affirmation complète de la géopolitique allemande due à K.Haushofer, on
mentionne quelques contributions géopolitiques/géographiques, appartenant à F. von
Richtofen (1833-1905 - études dédiés à la Chine et ou à l’Extrême Orient), T.Fisher (18461910 - la concurrence entre les pouvoirs européennes dans le Nord de l’Afrique), K.Dove
(1848-1916 - l’Afrique du Sud), A.Philippson (1884-1953) et O.Maull (1887-1957 - avec
des études dédiés à l’Europe Centrale et aux Balkans). Mais, le créateur de l’école
géopolitique allemande a été Karl Haushofer (1869-1946), militaire de carrière (il a atteint
le grade de général, proche des cercles dirigeants nazis, quoique, le comble de l’ironie, son
fils accusé de trahison, sera victime de la gestapo). Sa activité (entre la carrière de
militaire, celle universitaire et diplomatique), s’est matérialisé par des précieuses
contributions théoriques (,,La géopolitique”), pragmatiques (études sur le Japon, sur les
grandes pouvoirs) ou de coagulation et formation de l’école géopolitique allemande aux
environs de la publication ,,Zeischrift fur Geopolitik” (1924-1944), qui a réunit des
spécialistes allemands, mais aussi d’autres États européens. Dans sa démarche théorétique,
K.Haushofer considère que ,,la géopolitique est tout ce qu’on peut connaître aujourd’hui
sur une pays, regardée comme pièce ou comme organisme dans l’engrenage politique
mondial.” Il a proposé pour la géographie politique le terme de ,,géographie dynamique”,
et, dans sa vision, la géographie politique ,,s’occupe avec l’analyse de l’État du point de
vue de son instinct d’expansion, prenant naissance d’un complexe de fondements
géographiques.”
L’influence de l’œuvre de K.Haushofer a été impressionnante, théories de plus
agressives (l’espace vital, la classification des rases, la route vers l’est, le peuple sans
espace, etc.), deviennent des concepts ,,appliqués” de doctrine nazie ; il est arrivé le
moment quand la géopolitique est compromise au moins quelques décennies après la
deuxième guerre mondiale. Bien sûr un système complexe, une doctrine qui devait justifier
l’agression allemande en Europe et pas seulement, toutes ceux-ci ont déterminé que
Haushofer soit regardé comme ,,l’esprit malicieux” de la géopolitique allemande.
Il est vrai que, dans le ,,métier de géopoliticien”, on résume tout aux ambitions,
projets et intérêts” (M.Korinman, 1990) ; mais la géopolitique allemande, même si elle a
été utilisée par la propagande allemande, ne doit pas se confondre avec le régime nazi.
D’ailleurs, vers la fin de sa vie (1941), K.Haushofer se délimite du régime nazi, et sa morte
tragique, aussi celle de sa famille, semblant de l’absoudre du jugement de l’histoire (son
fils étant assassiné par le Gestapo, accusé d’espionnage).
Quelques commentateurs ont analysé ,,la mystique de frontières”, la dynamique et
les ambitions de l’Allemagne comme pouvoir, que K.Haushofer avait préconisé, et le
régime nazi à foison su profiter et justifier le déclenchement de la guerre, en utilisant la
démarche scientifique de la géopolitique.
P.Claval (2001) résume ainsi la contribution de la géopolitique allemande au
développement de la géopolitique :
 ,,une nation qui n’arrive que tard à une entité d’État, fait qui explique la place accordée
à l’idée de peuple en toute réflexion sociale” ;
 ,,un État où la psychose de l’encerclement se développe rapidement grâce à sa position
centrale” ;
 ,,un organisme politique naît si tard, que toutes les régions du monde, susceptibles
d’être conquis, le semblaient déjà l’être, ce qui entretient une rancune permanente à
l’adresse des grandes démocraties industrielles” ;
En conclusion, la géopolitique allemande, marquée fortement par l’organicisme,
renonçant au scientisme (à la mode au début du XX-ième siècle), doit être regardée et
comprise nuancée, certaines de ses remarquables contributions ne pouvant pas être
annulées malgré sa utilisation par la propagande nazie.
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I.2. L’école géopolitique anglo-américaine (pragmatisme et géostratégie)
Le contexte où la géopolitique est parue et s’est développé dans la Grande Bretagne
et les Etats-Unis, diffère fondamentalement de celui de l’Allemagne. Ainsi, la Grande
Bretagne, après le Traité de Paris de 1763, devient la première puissance mondiale,
consolidant le plus vaste empire colonial du monde, et la domination politique est doublée
par le rôle de la lire sterlyne et de la Bourse londonienne. Les États-Unis, après la
déclaration de Monroe (1823), devient la plus grande puissance régionale américaine, et
,,la fin de la frontière” et la division du monde (commençant avec 1890), génère une
nouvelle re-réflexion dans la politique externe dans la future évolution de leader mondial.
Ainsi, de façon suggestive comme écrivait P.Claval (2001) ,,N’est-il pas plus
convenable de «t’inviter» à la division de la planète, que l’Europe a réalisé seulement à son
profit ?”. La Grande Bretagne développe une géopolitique d’expansion impériale, lors du
XVII-ième siècle, alliant habile les tendances expansionnistes avec celles de missionnarisme
religieux.
Ainsi, moitié du XVIII-ième siècle, on crée ,,London Missionary Society”, ayant
comme théoricien E.Wakerfield (1796-1826), qui s’oppose au commerce avec des
esclaves, mais suggérait l’envoi de condamnés dans de colonies (particulièrement en
Australie). Dans ce climat, paraît ,,Royal Geographical Society” qui encourage le
développement de la géographie comme science, mais appuie les expéditions
géographiques en différentes régions du monde. Dans le même temps, le développement de
l’industrie des deux grands États nécessite des matières premières de plus en plus meilleur
marché et abondants, mais aussi des marchés de vente des produits manufacturés. Bien
entendu que le ,,rôle de la mer” devient extrêmement important (rappelons nous de
l’appellative de ,,reine des mers” que la Grande Bretagne portait ; cela signifiant des flottes
commerciales et de guerre puissantes, des voies maritimes et le contrôle stratégique des
principales détroits et canaux, facteurs commerciaux et points d’appuis ou ,,des têtes de
pont” situés sur tous le continents). Bien sûr qu’ils ont existé des nombreuses rivalités
entre la Grande Bretagne et les États-Unis, mais, dans le nouveau contexte sociopolitique,
commençant avec le XX-ième siècle, ceux-ci deviennent partenaires, (de vieux rivaux), et le
centre de du monde s’est déplacé du bassin méditerranéen dans le basin atlantique, ample
processus avec des conséquences économiques (et pas seulement) pour les États riveraines.
Le premier grand politicien ,,de la mer” a été de manière indiscutable Alfred
T.Mahan (1840-1914), militaire de carrière (il atteint le degré d’amirale dans l’armée des
Etats-Unis) et professeur d’Histoire navale au Collège ,,Naval War” de Newport. Ses
principales ouvrages sont consacrés au rôle du pouvoir maritime (,,Sea power”) dans le
développement des conceptions stratégique-militaires. Ainsi, en 1880, il publie
,,L’influence de la puissance maritime en histoire (1660-1783)” (,,The influence of Sea
Power upon History”), ouvrage qui le rend célèbre. Il suit, en 1892, un nouvel ouvrage
intitulé ,,L’influence du pouvoir maritime sur la Révolution et sur l’empire français”
(1793-1812), qui lui consolide le statut de véritable ,,géopoliticien de la mer”.
L’écho de ses ouvrages déterminent la modification des stratégies militaires dans les
États-Unis (la création d’une flotte militaire adéquate), mais aussi en autres pays (y
compris l’Allemagne, quand l’amirale allemand von Tirpitz édifie une puissante flotte pour
,,le troisième Reich”). Si la première guerre mondiale a été plus ,,continentale”, dans la
deuxième, les confrontations maritimes ont été décisives.
Dans sa conception géopolitique, A.T.Mahan a soutenu trois objectifs
fondamentaux :
- la position géographique limitrophe sur une grande étendue de l’Océan Planétaire ;
- l’absence de voisins puissants/rivaux ;
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- le développement d’une capacité militaire navale remarquable (du type des flottes de
ligne britanniques).
La leçon ,,géopolitique” de A.T.Mahan est claire : quand un État bénéficie d’une
position géographique avantageuse du type insulaire ou isolé (par exemple la Grande
Bretagne) sans être forcée faire face à des voisins puissants, peut concentrer l’effort en vue
de devenir une puissance maritime à part, contrôlant ainsi les importantes voies maritimes,
les points stratégiques, et, implicite, les territoires d’outres mers” (en fait, les colonies
afférentes).
Continuateur de l’œuvre de A.T.Mahan peut être considère le britannique Julian
Corbet (1854-1922), professeur à ,,Naval War College” et après à l’Université d’Oxford,
un grand spécialiste en Histoire. Il est connu dans l’évolution de la géopolitique par ses
ouvrages : ,,Le pamphlet vert” (,,The green pamphlet”), parue en 1906, et ,,Les principes
de la stratégie navale” (,,Some principles of maritime strategy”), parue en 1911,
contribuant à la conceptualisation géopolitique de l’œuvre à son mentor américain. Mais, à
la différence de celui-ci, J.Corbet, accorde en mode égal importance tant à la stratégie
maritime, mais aussi à celle continentale, influençant la doctrine militaire et le déroulement
de la deuxième guerre mondiale.
Mais, le père de la géopolitique classique anglo-américaine est Halford J.Mackinder
(1861-1947), réformateur de la géographie britannique, avec des approfondies études à
Oxford, un ,,produit” typique de l’ère victorienne. Dans l’année 1887, il fonde à Oxford la
première Faculté de Géographie (School of Geography), financée jusqu’au 1894 par la
Société Royale de Géographie. Il crée, en outre, et il conduit entre 1903-1908 la célèbre
,,London School of Economics”, dans le but de la préparation complexe, et la géographie
est indispensable pour l’homme politique, appartenant ou royaume britannique. H.
Mackinder reprend, après 14 ans, la théorie du Mahan (le droit de la mer), en deux
ouvrages devenus classiques : ,,Le pivot géographique de l’histoire”, 1924 (,,The
Geographical Pivot of History”), et ,,Idéals démocratiques et réalité : une étude sur la
politique de la reconstruction”, 1919 (,,Democratic Ideals and Reality : a study in the
Politics Reconstruction).
Son principal concept introduit dans la géopolitique a été celui de ,,pivot du monde”
(Heartland), et dans sa conception, la partie continentale/centrale de l’Eurasie constitue
,,l’île du monde”, qui contrôle en effet l’entière planète. Sa théorie peut être résumée ainsi :
,,Celui qui contrôle l’Europe de l’Est contrôle le Heartland”
Celui qui contrôle le Heartland contrôle l’Île Monde ”
Celui qui contrôle l’Île Monde contrôle le Monde”
Suite à la conception de H. Mackinder, l’opposition entre les pouvoirs de la mer et
les pouvoirs centraux, devient communes. En vue d’argumenter ses théories géopolitiques,
il supralicite le rôle de la Russie, et, l’Europe Centrale devient une zone tampon (,,Isthme
Européen), entre les intérêts expansionnistes de la Russie en Est et de l’Allemagne en
Ouest. En 1943, par son nouvel ouvrage ,,The Round World and the Winning of the Peace”
(,,Le contournement du monde et le gain de la paix”), il reconsidère le concept de ,,pivot” :
,,celui-ci est le coté Nord et l’intérieur de l’Eurasie. Il s’étend de l’Océan Arctique
jusqu’aux déserts de l’Asie Centrale, et dans le Ouest, jusqu’au isthme qui sépare la Mer
Baltique par la Mer Noir”.
Personnalité scientifique complexe, parlementaire et fondateur d’école,
H.Mackinder influence par sa œuvre les conceptions militaires, diplomatiques et
stratégiques, aussi le développement de la deuxième guerre mondiale, et dans l’évolution
de la géopolitique il reste, parmi autres, le fondateur des concepts de Heartland, Pivot
Area, World Island, et autres.
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Continuateur, mais, dans une vision critique de l’oeuvre de H.Mackinder, est
considère l’américain Nicholas Spykman (1893-1943), hollandais d’origine, professeur et
après directeur de l’Institut d’Études Internationales dans cadre de l’Université deYale.
Ses principales œuvres sont : ,,La stratégie de l’Amérique dans la politique
mondiale” (,,America’s strategy in World Politics”, 1942) et ,,La géographie de la paix”
(,,The Geography of the Peace”, parue posthume en 1944)
La contribution de ce géopoliticien peut-être résumée par l’analyse critique des
ouvrages dues à H Mackinder et K. Hanshofer, la reprise des quelques anciens concepts et
l’imposition de la notion de ,,rimland”, pour designer les pouvoirs de la périphérie
maritime, une région intermédiaire entre le heartland et les mers périphériques. N.Spykman
affirme que : ,,celui qui domine le Rimland, domine l’Eurasie ; celui qui domine l’ Eurasie,
possède le destin du monde entre ses mains.”
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La conception géopolitique influencera la politique des États-Unis pendant la
«guerre froide», réalisant une cohésion politico-militaire entre les États-Unis, l’Europe
Occidentale et l’Asie maritime, devant l’expansionnisme du bloque soviétique (Heartland).
N. Spykman accentue le concept de sécurité d’État, qui inclue des facteurs géographiques
(la grandeur du territoire, la position géographique, les ressources naturelles), des facteurs
économiques (potentiel industriel, démographique et agricole) et des facteurs politiques (la
stabilité politique, la démocratie ou l’intégration sociale). De même, il a insisté sur le rôle
politico-stratégique des régions costières, sur l’agencement entre le pouvoir continental et
celui maritime, sur les facteurs d’équilibre dans la balance du pouvoir mondial.
Un autre important représentant de la géopolitique anglo-américaine a été Isaiah
Bowman (1878-1950), le leader de la Société Américaine de Géographie, négociateur et
expert en problèmes européennes après la première guerre mondiale. Sa principale
contribution géopolitique date de 1921 : ,,Le Nouvel Monde. Problèmes dans la
Géographie Politique”. (,,The New World. Problems in Political Geography”), ou il
analyse avec objectivité les problèmes européennes parues après la première guerre
mondiale, les modifications sur la carte politique, la problème des minorités ou la viabilité
économique des nouveaux États parus après la chute des quelques entités hétérogènes,
comme, par exemple l’Empire Austro-hongrois.
Par son activité, il devient conseilleur de la Maison Blanche et il a été un des
experts qui se sont occupés des problèmes de la décolonisation, produites après la
deuxième guerre mondiale, au détriment des pouvoirs européens.
D’autres préoccupations géopolitiques américaines se rencontrent dans l’ouvre de
Ellsworth Huntington (1876-1947) : ,,Le caractère des races, tel qu’il est influencé par
l’environnement physique ambiant, de la sélection naturelle et l’évolution historique,
Stransz-Hupé, ,,Géopolitique. Lutte pour paix et pouvoir” (1942) ou Hans Weigert.
En conclusion, dans le monde académique anglo-américain, la géopolitique devient
une science autonome aux alentours de la deuxième guerre mondiale, grâce au danger
allemand qui inquiète évidement les États-Unis (comme récente grande puissance) et
surtout la Grande Bretagne comme reine de la mer et puissance mondiale incontestable.
Mais, comme une ironie scientifique, comme la nommait P. Claval (2001) ,,quand la
pensée géopolitique des premières décennies n’est plus à la mode, de façon paradoxale,
après tout l’effort américain d’appréciation et de critique, elle se maintient le mieux dans
les États-Unis. De toute manière, la contribution des quelques spécialistes angloaméricains ou développement de la géopolitique comme science, est remarquable.
I.3.L’école géopolitique française (critique sur la géopolitique allemande,
équilibre et rationalisme).
Le contexte dans lequel la géopolitique française est parue et développée est
totalement différent de celui de l’Allemagne. Les réalités historiques consacrées du Traite
de Vienne (1815), imposaient la France comme ,,une puissance continentale, mais aussi
maritime” indiscutable, et l’acceptation des frontières annulait toute tendance
expansionniste, pendant que l’empire colonial était bien consolidé. Cependant, suite à la
guerre de 1870, on a mis pour la première fois en discussion la place et le rôle de la
géographie dans le système scolaire. Dans ce sens, E. Levassent rédige des nouvelles,
programmes de géographie, se basant en fait sur des problèmes de population, de
ressources et du potentiel économique. Ses efforts se reflètent ainsi dans l’imposition de la
géographie dans le système d’enseignement, la création des premières cathèdres en
universités et la formation des premières générations de géographes.
En France, le terme de géographie politique est utilisé lors de 1750 dans les œuvres
de Turgot (P. Claval, 2001), qui couvrait l’aire de la géographie humaine actuelle.
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Le fondateur de la géographie politique (d’où dérive aussi la géopolitique française)
est Paul Vidal de la Blache (1845-1918), connu surtout comme fondateur de la géographie
humaine.
Quoique les influences de la géographie allemande sont évidentes (C.Ritter), P. Vidal
de la Blache réussit imposer un nouveau essor à la géographie française par l’impose ,,de
l’homme comme facteur géographique”, son rôle dans les échanges du milieu
géographique, la complémentarité géographique/économique des unités naturelles.
Lors de sa ouvrage parue en 1903 ,,Tableau de la géographique de la France”, P.
Vidal de la Blache (influencé par les études de J. Michelet), insiste sur la ,,personnalité” de
l’État français, l’organisation de l’espace, le développement de l’industrie et l’urbanisation,
le rôle des transports, etc. Bien sûr, cet ouvrage sort en évidence par la prégnance du
déterminisme géographique, une mode scientifique assez répandue dans cette période de
début du XX-ième siècle.
Mais l’ouvrage qui le consacre parmi les fondateurs de la géopolitique a été publiée
en 1917 et elle a réjoui d’un réel succès : ,,La France d’Est”, ou il analyse parmi autres, ,,la
problème” des provinces disputées : l’Alsace et la Lorraine. Face à ces provinces, P. Vidal
met en évidence les forces qui poussent à l’unification des ensembles régionales en unités
des dimensions plus vastes. De même, toujours dans le contexte de ces ouvrages,
paraissent des sérieuses critiques à l’adresse de la géopolitique allemande, qui évidement,
,,gênait” les intéresses françaises sur le continent. La dispute entre les deux coalitions
scientifiques continuera pratiquement aussi après la deuxième guerre mondiale. Bien sûr,
le géant prestige et surtout l’école de géographie humaine crée par P.Vidal de la Blache,
dominera au moins pendant la première moitié du XX-ième siècle. Les idées généreuses
suggérées par P.Vidal de la Blache, trouvent un terrain fertile par la contribution des
quelques géographes et historiens français, desquels on accorde attention à seulement
quelques-uns.
Ainsi, Emile-Félix Gautier traite la problématique des États du Nord de l’Afrique :
,,Le passé de l’Afrique du Nord. Les siècles obscurs”, Jacques Weulersse s’arrête sur la
problématique du Moyen Orient, pendant que Fernand Braudel étudie la diversité et la
complémentarité des milieux méditerranéens de l’Europe de Sud et le Nord de l’Afrique.
Dans l’évolution de la géopolitique française, un rôle important a été détenu par
André Siegfried (1875-1955), connu, d’ailleurs comme homme de politique (sénateur et
président du Sénat de la France). Ses ouvrages visent la géographie et la sociologie
électorale (,,Le tableau politique de la France de Ouest” - 1913), le rôle des démocraties
protestantes (,,La démocratie en Nouvelle Zélande” - 1904), ou le rôle des transports dans
la première moitié du XX-ième siècle.
Étudiant les États qui dominent la scène mondiale, Siegfried classifie les États
d’après l’origine du peuplement et l’importance des structures sociales, initiant en fait une
géopolitique sans engagement idéologique, direction suivie malheureusement par peu des
disciples (les plus fréquent étant cité par Jean Gottman).
Albert Demangeon (1872-1940), un des plus connus élèves normalistes de P.Vidal de
la Blache et un proche collaborateur de celui-ci (rédigeant deux volumes de la
,,Géographie universelle”, un dédié au Pays-Bas, l’autre, à la Grande Bretagne).
Bénéficiant d’un vaste matériel amassé pour la ,,Géographie universelle”, il rédige
,,L’Empire Britannique”, 1933, ou il explique l’expansion et l’apogée de l’Empire
Britannique par les effets de la révolution industrielle, des performantes formes
d’organisation, des rapides voies de communication et de recherche scientifique.
Analystes de la géopolitique française considèrent cette étude comme un excellent
exemple de géographie coloniale (sur la ligne ouverte par A.Siegfried et L.Febvre).
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Une autre contribution valeureuse de A. Demangeon se rapporte au déclin de
l’Europe (,,Déclin de l’Europe”, 1920) : ,,l’unité territoriale avait été réalisée sur le plan
européen … on est les témoins du démembrement de l’Empire européen, cet empire dont
exploitation lui a apporté la richesse”; la conclusion devient claire : la géopolitique de
pouvoir est finie pour l’Europe, autres voies doivent être suivies, et quelle raison a eu cet
auteur.
De même, dans un autre étude de 1936 (,,Géographie politique”), A. Damangeon
donne une forte réplique à la géopolitique allemande : ,, … on constate que la géopolitique
allemande renonce intentionné à l’appui scientifique”, … tirant la conclusion que … ,,la
géopolitique est une machine de guerre”.
Parmi autres méritoires contributions au développement de la géopolitique française,
on mentionne Elisée Reclus (1830-1905), un connu et controversé géographe, mais
extrêmement prolifique, l’auteur de la ,,Géographie Universelle”, (écrite entre 1872-1894
en 19 volumes), ,,Introduction dans la géographie de la France” en 1905 ou ,,L’homme et
la Terre” (parue entre 1905-1908).
Dans tous ces vastes ouvrages, E.Reclus, contesté par les géographes universitaires,
fait appel à l’appui de la géopolitique, refusant le déterminisme géographique, ne se
laissant pas accablé par le scientisme à la mode à l’époque, dans les milieux intellectuels
français.
Mais, peut-être le plus brillant disciple de P.Vidal de la Blache a été Emm. de
Martonne (1872-1955), personnalité de la géographie française et mondiale, dans la
première moitie du XX-ième siècle. Eminent professeur aux Universités de Lyon (1899) et
de Sorbonne (de 1909), Emm. de Martonne a marqué l’époque par des œuvres
fondamentales : (,,Le Traité de Géographie Physique”, 1909 ; ,,L’Europe Centrale” de la
Géographie Universelle), ou des ouvrages régionales, la majorité étant dédie à la Roumanie
(de ,,Valachie” jusqu’aux ,,Alpes de Transylvanie” ou ,,La Nouvelle Roumanie dans la
Nouvelle Europe”), étant d’ailleurs un des savantes étrangers qui ont étudié, mais aussi
appui la réalisation de la Grande Roumanie, après la première guerre mondiale, expert à la
Conférence de Paix de Paris.
Autres représentants de l’affirmation de la géopolitique française ont été l’historique
Lucien Febvre (,,La Terre et l’évolution humaine”, 1923), ou il affirme : ,,le sol, non l’État,
voila ce qui doit retenir le géographe”, Jean Bruhnes (1869-1930), incontestable spécialiste
en géographie humaine (,,Géographie Humaine”, 1910) ou Camille Vallaux (,,Géographie
de l’histoire - Géographie de la paix et de la guerre”, 1921), avec des valeureuses
contributions concernant l’analyse des faits politiques , des phénomènes de
régionalisme/fédéralisme ou de fédéralisation des États.
Mais le vrai géopoliticien français est Jacques Ancel (1878-1943), qui réalise une
véritable synthèse de la géopolitique française, quoiqu’il fût influencé dans sa démarche
scientifique par Fr. Ratzel. Professeur d’Histoire et de Géographie dans un lycée parisien
entre 1908-1914, participant et après blessé dans la guerre des Balkans (où il découvre le
fascinant monde balkanique, avec ses multiples problèmes, auquel il consacrera en 1930 la
thèse de doctorat ,,La problème macédoine”), il revient après dans le monde scientifique
français avec des œuvres fondamentales, théoriques et pratiques.
Ses principales ouvrages destinées à la géopolitique sont : ,,Géopolitique” (1936),
,,La géographie des frontières” (1938), ,,Manuel géographique de politique européenne”
(I-er vol., 1936, II-em vol. parait posthume en 1945).
Les contributions de J.Ancel sont fondamentales dans l’affirmation de la
géopolitique française, de la ,,mystique des frontières” (,, … les frontières sont plus
mobiles que stabiles, plus souples que rigides, plus passagères que mouvantes” ), à la
critique de la géopolitique allemande, ou il souligne la manque de l’esprit scientifique, le
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caractère pseudo scientifique et racial, la problème des frontières et ,,l’espace vital”, la
politique panallemande dans l’Europe Centrale, concluant que ,,La Géopolitique est un
science après guerre”.
Un autre intéressant auteur qui s’est illustré dans l’évolution de la géopolitique
française est Jean Gottman (1917-1994), assistent de A.Demangeon et plus tard, collègue
de A.Siegfred.
Son principal étude dans ce domaine a été publiée en 1954 : ,,La politique des États
et leur géographie”, ou il réalise une intéressante ,,iconographie” des réalités politiques, en
vue d’éviter l’engagement de la géopolitique dans l’esprit idéologique ; le contexte
d’après la deuxième guerre mondiale où est parue cet étude était totalement changé face à
la période interbelique, fait qui explique l’intérêt réduit dans l’époque pour cet étude.
Bien sûr qu’au contournement de la géopolitique française il faut ajouter aussi la
contribution d’autres chercheurs, comme : A.Chéradame (,,L’Allemagne, la France et la
problème autrichienne” - 1902), A. Briand (problèmes concernant la création d’une
Europe unie entre les années ’20-30) ou H.Hanser (la coopération internationale et la
nécessité du perfectionnement de quelques organismes correspondantes).
Dans l’ensemble, la géopolitique française doit être regardée comme un
groupement scientifique solide, caractérisé par équilibre et sobriété (T.Simion, 1998,
2003), apportant une sévère critique à la politique allemande, influençant décisivement la
parution et le développement de la géopolitique roumaine.
I.4. L’école géopolitique roumaine (l’affirmation de l’identité nationale,
réplique aux impérialismes rus et allemand qui ont déchiré le territoire national)
L’école géopolitique roumaine s’est cristallisée plus tard en comparaison avec les
écoles ouest-européennes, pratiquement au alentours de la deuxième guerre mondiale et
surtout aux environs de la revue ,,Géopolitique et géohistoire - revue roumaine pour le sudest européen”, éditée par la Société Roumanie de Statistique, à partir de 1941, rassemblant
des prestigieux géographes, historiques, économistes, ethnographes ou philosophes.
Le contexte sociopolitique roumain avait commencé se détériorer, débutant avec la
dictature royale (1938) et l’interdiction des partis politiques, ouvrant le chemin de la
dictature antonescienne (1940) et surtout aux grandes „raptures territoriales”, quand la
Roumanie perd des territoires importantes (environ 101.000 km2) et une population
d’environ 6.5 millions d’habitants. C’est le résultat du Pacte Ribentrop-Molotov et des
annexes secrètes par lesquelles l’URSS, par l’ultimatum donné à Stalin, entre en
possession de la Bassarabie, de la Bucovine de Nord et de Herţa, ajoutant à celle-ci le
Dictat de Vienne par lequel la Roumanie cède aux pressions de l’Allemagne, la
Transylvanie de Nord-Ouest et, finalement, pour que la pillage territorial soit complet,
toujours sous pression allemande, la Bulgarie arrache le Quadrilatère (les départements de
Durostor et de Caliacra) pour les incorporer à son propre territoire.
Dans un contexte de réel dramatisme, ont existé des réelles consciences qui ont
milité avec les arguments de la géopolitique pour maintenir l’identité nationale et qui ont
répliqué aux impérialismes foncières rus et allemand. Le théoricien et fondateur de la
géopolitique roumaine a été Ioan Conea (1902-1974), qui depuis 1937, publie l’étude
,,Géopolitique - une nouvelle science”, ou il aborde l’évolution du concept en Europe et
aux États-Unis, s’arrêtant particulièrement aux études dues à R.Kjellen, J.Ancel et
A.Demangeon.
Les formulaires concernant la géopolitique abordée par I.Conea sont mémorables :
géopolitique - ,,science de la journée”, qui s’occupe du ,,jeu politique entre les États”, étant
,,l’expression politique d’un ensemble d’éléments géographiques qui convergent entre
eux”, ou ,,la géopolitique se poursuit et s’explique par la carte politique”, ,,la vie politique
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planétaire se conditionne et s’explique par, «la géographie»”, ou, au final ,,la géopolitique
n’est que l’histoire déroulé époque par époque”.
I.Conea distinguait les régions géopolitiques de grande convergence qui suivent
être classées par l’établissement des analogies et des typologies et ensuite par l’énonciation
de quelques lois. En dehors de sa théorique contribution concernant l’affirmation de la
géopolitique dans l’espace académique roumain, nous remarquons les études de grand
impact dans l’époque : ,,Le destin historique des Carpates”, ,,Une position géopolitique”,
ou ,,Transylvanie, cœur du territoire roumain”.
Sans doute, l’œuvre de I.Conea dans le domaine de la géopolitique a été
remarquable et exemplaire, une conscience indiscutable de la géographie roumaine,
quoique après l’instauration du bolchevisme en Roumanie, celui-ci payera par un lourd
tribut, étant exclu sa chaire universitaire.
Dans la définition de l’objet, des méthodes et des moyens de la géopolitique, on
mentionne aussi la contribution d’Anton Golopenţia, par les études publiées à partir 1932
(,,Notes concernant l’achèvement de la préoccupation qui porte le nom de géopolitique”),
en 1937 (,,La contribution des sciences sociales à la conduite de la politique extérieure”),
ou celui de 1940 (,,Population des territoires roumains détachés en 1940”). A.Golopenţia
souligne le fait que l’objet d’étude de la géopolitique constitue le potentiel des États”, et la
géopolitique, à l’époque une science en pleine affirmation, était d’abord ,,informative”, et
les résultats de la démarche géopolitique, sont d’abord ,,nationales”.
Toujours dans le cadre de quelques délimitations critiques, théoriques, on
mentionne aussi la contribution de M. Popa-Vereş (,,Schéma concernant les recherches
géopolitiques sous l’aspect des intérêts nationales”), desquels on retient que ,, … l’objet de
la géopolitique est conditionné par la structure de l’espace géographique, par les
phénomènes sociales et économiques, par les idéals politiques et par les besoins historiques
de l’État comme expression de la communauté et de la souveraineté nationale”. Bien sûr,
sont remarquables les contributions de nos grands géographes à l’affirmation de la
géopolitique roumaine. De cette manière, Simion Mehedinţi n’est pas seulement le
fondateur de la géographie moderne roumaine mais aussi un brillant géopoliticien de la
,,Dacie Pontique et la Dacie Carpatique” (1928), ,,Qu est’que la Transylvanie ?” et ,,
Frontière de Roumanie vers l’Orient”, (1941), jusqu’à la ,,Question orientale de point de
vue ethnographique” (1944) et ,,Prémisses et conclusions de la Terre” (1945), prouvant
une des grandes consciences du peuple pendant un temps de grandes calamités.
Le prolifique géographe Vintilă Mihăilescu s’est illustré comme un géopoliticien
fin (,,La carte ethnographique de la Transylvanie” de 1940, ou ,,L’unité de la terre et du
peuple roumain”, 1942), qui a abordé des problèmes délicates concernant la Transylvanie
ou l’unité indestructible entre le territoire et le peuple roumain.
Bien sûr qu’autres importants géographes ont embrassé aussi l’incitant domaine de
la géopolitique roumaine. On commence avec le géographe de Jassy, Mihai David
(,,Problèmes d’ordre géographique de l’emplacement et de l’espace occupés par l’État
roumain”, 1939), N.Al. Rădulescu (,,Position géographique de la Roumanie”, 1938),
N.Popp (,,Roumains de Bessarabie et de Transnistrie”, 1941), C.Brătescu (,,Population du
Quadrilatère entre 1878-1938”).
À coté de géographes (ou on a développe en fait la géopolitique roumaine), on
mentionne la contribution des quelques brillants historiens : N.Iorga, Gh.I.Brătianu,
C.C.Giurescu, P.P.Panaitescu, et autres, à coté des sociologues et philosophes de la
culture : C.Răulescu-Motru, M.Vulcănescu, Tr. Herşeni ou des économistes de grande
valeur : A.Golopenţia, S.Mănuilă, et autres.
L’école roumaine de géopolitique, influencée par certaines directions de
géopolitique allemande et française, quoiqu’elle a pris contour plus tard (à partir du IV-e
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décennie du XX-ième siècle), a connu l’apogée au début des années ’40 et a été considérée
par les analystes comme étant une de plus valeureuses coalitions scientifiques de l’Europe
Centrale et des Balkans, abordant avec précision des problèmes critiques/théoriques, mais
aussi des questions de grande actualité pour la Roumanie déchirée par les impérialismes
rus et allemand. Les œuvres génères par la géopolitique roumaine, la contribution de la
revue ,,Géopolitique et Géohistoire” ont permis le
regroupement de quelques hautes
consciences nationales de géographie, histoire, sociologie, etc. ; la réalisation des quelques
ouvrages collectives (l’Atlas ethnique de la Roumanie” - 1941), qui seront utilisées plus
tard comme arguments scientifiques à la Conférence de Paix de Paris (1946), dans le
soutien du droit historique, ethnique, linguistique du peuple roumain, dans cette
tourmentée région géographique de l’Europe.
Malheureusement, le ,,rouleau” du communisme a compris la aussi la Roumanie, la
brillante pléiade d’érudites - patriotes a été ,,écrasée”, jetée dans des camps de prisonniers
ou enlevées des chaires universitaires, étant remplacées par des non-valeurs et des agents
soviétiques, et la carrière de la géopolitique termine pour à peu près une demi-siècle,
pratiquement jusqu’à la Révolution de décembre 1989.
I.5. Autres écoles géopolitiques (entre adulateurs et détracteurs)
La géopolitique s’est développée comme une réflexion, dans d’autres régions et
pays aussi, lors de la fin du XIX-ième siècle et le début du XIX-ième siècle. Ainsi, en Russie,
jusqu’à la Révolution bolchevique de 1917, se cristallisait une géopolitique avec une
double représentation (vers l’Occident et vers l’accès à la mer libre mais aussi vers
l’intérieur, des espaces étendus vers l’Est), les anciennes aspirations de l’expansionnisme
rus. Les représentants de cette géopolitique de double orientation ont été les historiens S.M.
Soloviev et G.P. Plehanov.
Après la révolution d’octobre 1917, la géopolitique ruse, devenue apanage de la
propagande bolchevique, est dominée par le géographe et l’anarchiste Piotr Kropotkin
(celui qui a inspiré Stalin et Trotki dire ,,C’est quoi la révolution ruse ? Les soviets et
l’électricité à la campagne”). Dans les décennies III et IV, s’affirment deux géographes du
parti N.Baranski et I.Kolosovsky, qui influencent les décisions politiques concernant le
développement économique et spatial de l’URSS.
Le géant espace eu à disposition, les vastes ressources naturelles, des régions
pratiquement inhabitées et pas valorisées, déterminent des plans ambitieux, et la stratégie
militaire (cas unique dans l’histoire moderne), aide à une nouvelle géographie économique
et politique (l’expansion vers le Nord, la Sibérie, le Caucase, l’Asie Centrale, l’Extrême
Orient, etc.)
Au Japon, les premières influences de la géopolitique allemande paraissent au
début des années ’30, étant caractérisées par nationalisme et des tendances expansionnistes
(Manchourie et Pacifique). Parmi les exposants de la géopolitique nippone on rappelle
S.Komaki, S.Shiga et T.Watsuji. Il est certain que des préoccupations géopolitiques pendant
cette période d’entre les deux guerres, on retrouve aussi quelques États européens (l’Italie,
le Suède) ou latino-américains (le Brésil et l’Argentine).
-
Conclusions
L’évolution de la géopolitique entre les deux guerres a ses racines en :
l’évolution des philosophies sur le pouvoir (par exemple la naissance ou la chute de
l’idée impériale) ;
la dynamique géographique (les peuples et leur milieu de développement, la supra
population ou le vide de peuplade) ;
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le progrès des techniques de production (la valorisation des ressources, le
développement des branches économiques, etc) ;
- la révolution des transports (la modernisation et la multiplication des voies et des
moyens de transport) ;
- le perfectionnement de quelques nouveaux types d’armement (qui modifie la
stratégie et en fait la démarche politique aussi).
La géopolitique d’entre les deux guerres mondiales stimule le développement de la
géostratégie, les géopoliticiens étant de plus de en plus ,,écoutés” par des facteurs de
décision politique et militaire. Les nouveaux types d’armement, le rôle de la mer, l’espace
aérien, la fin de la deuxième conflagration mondiale détermine, bien sûr, des mutations
profondes dans la géopolitique classique.
À la fin de la période d’entre les deux guerres mondiales paraissent des nouvelles
interprétations concernant la conception organicistique de l’État, les bases économiques du
pouvoir, les réalités supranationales, le développement de la géostratégie.
Bien sûr, la Deuxième Guerre Mondiale bouleverse la géopolitique classique,
infirmant certaines vieilles conceptions ou imposant autres (de la ,,mystique” des frontières
et les États ,,tampon”, à la ,,puissance de la mer” ou ,,la mystique” nucléaire, qui
révolutionnera la politique mondiale (inclusivement la géopolitique), pendant la deuxième
moitie du XX-ième siècle).
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