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Le jeu n’a pas non plus le même rôle
d’une époque à l’autre. La créativité, à
l’honneur aujourd’hui, ne trouve pas
grâce aux yeux de Platon: pour lui,
le jeu devait initier l’enfant aux lois
et en faire un bon citoyen. Pas ques-
tion d’inventer de nouvelles façons de
jouer! «Si le jeu et les enfants échap-
pent à la règle, il est impossible qu’en
grandissant les enfants deviennent
des hommes de devoir et de vertu so-
lide», affirmait le philosophe, se mon-
trant particulièrement... vieux jeu.
QUELQUES CLAQUES
Filles et garçons, dévolus à des rôles
bien différents, ne jouaient pas non
plus aux mêmes jeux. Platon préco-
nise qu’ils soient séparés dès l’âge de
six ans; puis qu’en jouant, les garçons
soient préparés à leur métier. Que le
futur architecte construise de petites
maisons, que le futur agriculteur s’amu-
se à travailler la terre. Même si, dans
les faits, le goût de l’enfant guidait par-
fois le choix des adultes, comme en
témoigne Lucien de Samosate, orien-
té par son père vers le métier de sculp-
teur : «Quand je revenais de l’école, je
prenais de la cire et j’en façonnais des
bœufs, des chevaux et, par Jupiter!
Même des hommes, le tout fort gen-
timent au goût de mon père. Ce talent
m’avait jadis attiré quelques claques
de mes maîtres; mais aujourd’hui, il
devenait un sujet d’éloges et le signe
d’une heureuse aptitude».
Quant aux filles, les pédagogues n’en
disent rien. On sait, au vu des objets
retrouvés dans les tombes, qu’elles
s’amusaient parfois avec les mêmes
jouets que les garçons, mais pas de la
même manière: les osselets, par exem-
ples, leur servaient à des jeux de divina-
tion et non de compétition. Feraient-
elles un bon mariage? Auraient-elles
des enfants? Survivraient-elles à leurs
accouchements? «Les jouets nous par-
lent de leur apprentissage de la vie re-
ligieuse et de leur futur rôle d’épouse
et de mère», conclut Véronique Da-
sen. Les féministes trouveront que...
ce n’est pas du jeu! I
Christine Mo Costabella
Le jeu dans l’Antiquité a ins-
piré le projet Agora Veni, vi-
di, ludique, soutenu par le
Fonds national suisse. Il re-
groupe trois expositions: la
première, sur les jeux et les
jouets, a déjà quitté Nyon. La
deuxième revisite l’Antiquité
à travers les jeux de table et
les jeux vidéo d’aujourd’hui;
elle est visible jusqu’au 19
avril au Musée suisse du jeu,
à La Tour-de-Peilz. La derniè-
re concernera la reconstitu-
tion des règles perdues et les
lieux de jeux, du 14 mars au
21 février 2015 au Musée ro-
main de Vallon. I
En savoir plus:
venividiludique.ch. CMC
Sous toutes
ses coutures
La Barbie grecque,
articulée, ressem-
ble à celle d’au-
jourd’hui. Mais
elle ne servait pas
aux mêmes jeux.
FÊTE EN FAMILLE
Le défi du
«
P
ourquoi c’est Jésus qui a son
anniversaire et nous qui rece-
vons les cadeaux?», demandait un
jour une petite fille philosophe à pro-
pos de la fête de Noël. Une excellente
question que les sociologues n’ont
pas manqué de se poser (voir enca-
dré); mais réfléchie ou pas, attendue
ou jugée exaspérante, la coutume des
cadeaux sous le sapin revient imman-
quablement chaque année. Jusqu’où
faut-il la suivre? Comment éviter les
excès?
La frénésie des achats qui entoure la
fête a beau stimuler l’économie (les
grandes surfaces réalisent 25% de leur
chiffre d’affaires en période de Noël,
les magasins de jouets 60%), elle pose
question à plus d’un, à commencer
par les parents, généralement les pre-
miers concernés. Noël est peu à peu
devenu la fête des enfants où les adul-
tes s’émerveillent de voir les petits des
étoiles plein les yeux... et les cadeaux
y jouent un grand rôle.
Pourtant, certains se demandent com-
ment ne pas tomber dans une suren-
chère nuisible à la magie même de la
fête puisque les cadeaux peuvent de-
Les cadeaux font partie
de la magie de Noël.
Mais multipliés à l’ex-
cès, ils peuvent nuire à
l’éducation des enfants et
encombrer les parents.
Des alternatives existent.