m é m o i re à court term e , des capacités d’ab s t ra c t i o n , de l’at-
t e n t i o n , de la concentrat i o n , des fonctions visuo-motri c e s , d e s
s t rat é g ies (conclusions trop hâtive s , p e rs é v é r ation dans l’uti-
l i s ation de strat é gies ineffi c a c e s ) , de la fl e xibilité intellectuelle
( d i fficulté à adapter le comportement ou à conceptualiser une
s i t u a tion nouvelle). Il en résulte un pro f il de type frontal. Ap r è s
s ev rage, la récupération est plus ou moins rapide selon les
fonctions : une à deux semaines pour l’ap p r e n t i s s a ge ve r b a l
ou moteur, p l u s i e u rs mois (vo i r e plusieurs années) pour la
m é m o i re.
Il est donc important de dépister ces tro u ble s pour adapter les
p rogrammes thérapeutiques aux possibilités cog n i t i ves des
patients.
Encéphalopathies alcooliques carentielles
●
Encéphalopathie de Gayet-Wernicke
Elle est plus fréquente chez l’homme. Les tro u bles s’installent
p rogre s s ive ment. La tri a d e ,c a r a c t é ris tique mais inconstante,
associe un état confusionnel (tro u bles de la vigi l a n c e,d é s o ri e n-
t at i o n , ap a t h i e,i n d i ff é re n c e,e t c. ) , une ophtalmoplégie (at t e i n t e s
m o t r ices oculaires dans 20 à 50 % des cas) et une ataxie (tro u bl e s
de l’équilibre par atteinte ve s t i bu l a i re centrale). Il s’y associe
une hy p e r tonie oppositionnelle, un gra s p i n g, des signes céré-
b e l l e u x .
Le rôle d’une carence en vitamine B1 dans cette affection a été
largement documenté, mais d’autres facteurs s’y associent : effet
toxique direct de l’alcool et/ou de l’acétaldéhyde, facteurs géné-
t i q u e s , e t c. L’ é volution est fatale en l’absence de sev rage et
de traitement par la vitamine B1, classiquement à fortes doses
(0,5 à 1 g/j).
●
Syndrome de Korsakoff
Il peut être isolé ou, le plus souvent, faire suite à une encéphalo-
pathie de Gayet-Wernicke. Il associe une amnésie antérograde,
une désorientation temporo-spatiale,une fabulation, des fausses
reconnaissances. L’installation des troubles est progressive (plu-
sieurs semaines ou mois). Comme l’encéphalopathie de Gayet-
Wernicke, son traitement fait appel à la vitamine B1.
●
Atrophie cérébelleuse
Elle provoque un syndrome cérébelleux essentiellement statique
( é l a rgi ssement du poly gone de sustentat i o n , position deb o u t
instable, marche difficile, etc.) et un syndrome cinétique moins
important (membres supérieurs).
●
Atrophie cérébrale et démence alcoolique
Elle est cara c t é risée par une détéri o ration intellectuelle lentement
p rogre s s ive aboutissant à un syndrome démentiel complexe
(signes frontaux avec troubles mnésiques de type Korsakoff). Du
point de vue morp h o l ogi q u e, le scanner met en évidence une at ro-
phie corticale frontale et sylvienne,une dilat ation des ve n t ri c u l e s ,
une atrophie du vermis.
Sa pat h ogénie est mal connu e. Elle pourrait fa i re intervenir des
c a rences vitaminiques, notamment en vitamine B1 et peut-être
B6 et fo l at e s , un effet toxique direct de l’alcool ou de l’acétal-
d é h y d e , des tro u b les de la neuro t ra n s m i s s i o n , notamment un
d é ficit ch o l i n e rgi que suscep t i ble de favo riser une atteinte mné-
s i q u e.
Encéphalopathie hépatique et coma hépatique
Ensemble des manifestations neurologiques et psychiques pro-
voquées par une insuffisance hépato-cellulaire grave, aiguë ou
chronique, elle est la conséquence des shunts hépatiques (encé-
p h a l o p athie port o - c ave ) , de la destruction massive du fo i e
(nécrose) et, éventuellement, de son inhibition fonctionnelle par
certains médicaments. Elle ne sera pas développée ici.
Polyneuropathies alcooliques
L’alcool est, avec le diabète,le principal responsable des neuro-
pathies sensitivo-motrices chroniques périphériques de l’adulte.
Leur pathogénie est multifactorielle. Le rôle d’un effet toxique
de l’alcool ou de l’acétaldéhyde est pro b abl e. Le rôle de la care n c e
thiaminique est plus discuté.
Clinique : typiquement, la neuropathie alcoolique intéresse les
membres inférieurs de façon distale et symétrique. Elle débute
par des dy s e s t h é s i e s , des crampes nocturn e s , une sensation de
pieds froids. En l’absence d’abstinence,elle évolue progressive-
ment vers l’aggravation qui peut, au maximum, aboutir à un état
grabataire. À la phase d’état, on constate :
✓des troubles sensitifs subjectifs (paresthésies à type d’engour-
dissement ou de fourmillements, douleurs de type neurogène :
b r û l u re s , b roiements) et objectifs (hypoesthésie tactile et ther-
moalgésique, volontiers en “chaussette”, diminution de la sensi-
bilité vibratoire et du sens de la position des orteils) ;
✓des troubles moteurs : parésie, voire paralysie, avec hypoto-
nie et amyo t r o p h i e,t o u c hant principalement la loge antéro -
externe de la jambe ;
✓une diminution ou une abolition des réflexes ostéo-tendineux,
achilléens puis rotuliens, avec conservation du réflexe idiomus-
culaire ;
✓des tro u b les trophiques intéressant la peau qui est luisante,
épaisse, siège de troubles vasomoteurs à type d’hypersudation,
puis de sécheresse, mais aussi les phanères, les tendons, voire les
a r t i c u l ati ons. Un mal perfo rant plantaire ou des lésions ostéo-
articulaires (acropathie ulcéro-mutilante de Bureau et Barrière)
sont devenus exceptionnels.
L’EMG met en évidence un tracé de type neurogène avec chute
des vitesses de conduction sensitives et motrices et diminution
de l’amplitude des potentiels.
Le traitement nécessite l’arrêt complet de l’alcoolisat i o n , u n e
r é é d u c a t i o n , qui est sans aucun doute la méthode la plus effi-
c a c e ,e t , cl a s s i q u e m e n t , la pre s c r iption de vitamines B1 à
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 2 - vol. VII - mars-avril 2004
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DO S S I E R T H É M A T I Q U E