Dans le quatrième chapitre, l’auteur montre un lien
négatif entre la désunion et l’insertion profession-
nelle, davantage rattaché cette fois à l’effet indirect
d’une moindre réussite scolaire qu’à un effet direct.
On sait qu’il existe un effet propre de l’origine
sociale sur la rentabilité des diplômes. L’effet de la
trajectoire familiale est moindre que l’effet de
l’origine sociale sur ce point. Toutefois, on remarque
un effet propre de la dissociation par un parcours
de stabilité plus long parmi les enfants de famille
dissociée. En revanche, l’effet n’existe pas sur les
risques de chômage de longue durée. Un effet
global, limité donc, qui est plus expliqué par la
précocité du départ du foyer parental. En outre, on
assiste à un effet moindre du parcours familial sur
la trajectoire en emploi des filles que sur celle des
garçons. Le cinquième chapitre étudie les effets de
la désunion sur la stabilité du premier couple ; des
études américaines ayant en effet montré une
moindre stabilité conjugale – dans des proportions
toutefois assez faibles – des enfants de familles
désunies. Là encore, les effets sont ambigus : on
note des effets différents selon le sexe et selon si la
famille s’est recomposée ou non. Ainsi, les filles
reproduiraient plus largement la famille mono-
parentale. Ces constats s’expliquent par la décoha-
bitation plus précoce chez les enfants de parents
désunis, cette décohabitation étant un facteur
d’instabilité du premier couple. D’autres effets sont
testés : la rapidité du mariage (moindre chez les
enfants de parents désunis alors que cela a un lien
avec la stabilité du mariage), l’intensité du senti-
ment amoureux (identiquement moindre, mais il
s’agit peut-être là d’une reconstruction a posteriori,
suite à l’échec plus fréquent du couple), l’impor-
tance de la stabilité professionnelle sur la réussite
du couple. Finalement, l’effet le plus déterminant
sur la trajectoire du couple semble être la précocité
du départ du foyer parental.
Le dernier chapitre est constitué d’une réflexion
sur les politiques publiques en faveur des familles
monoparentales. Comme usuellement, P. Archambault
décrit le système de protection sociale français
comme un compromis entre deux modèles : celui
de la Suède, universaliste et fortement redistri-
butif et celui du Royaume-Uni, qui concentre ses
moyens sur les plus démunis. Pour ce qui concerne
le public ciblé des familles monoparentales, la
France se classe plutôt parmi les pays généreux : le
taux d’activité des mères de famille monoparentale
est plus important que celui des mères en couple
(86 % contre 73 %) et le taux de pauvreté des
familles monoparentales avec un enfant passe ainsi
de 64,2 % à 26 % après transferts sociaux (*).
L’auteur décrit ensuite le fonctionnement redis-
tributif de la politique familiale :
•le système de quotient familial de l’impôt sur le
revenu (qui peut être considéré comme une aide
à la famille, ou comme une mesure d’équité
fiscale permettant d’égaliser les capacités contri-
butives en fonction du niveau de vie) est favorable
aux familles monoparentales qui bénéficient d’une
part supplémentaire dès le premier enfant.
Toutefois, son impact est limité par l’absence de
prise en compte de la progressivité du coût de
l’enfant en fonction de son âge et par l’importance
de la fiscalité indirecte (telle la TVA), non redis-
tributive (l’impôt sur le revenu représente ainsi
6 % du budget contre 17 % pour les autres impôts) ;
•la redistribution se fait également par le biais
des allocations spécifiques (notamment l’alloca-
tion de parent isolé) qui contribuent à réduire
sensiblement le taux de pauvreté de ces familles.
Toutefois, les familles monoparentales de plus de
deux enfants et les familles nombreuses de plus de
quatre enfants (dont une part sont recomposées)
sont encore victimes d’inégalités de niveau de vie
après transfert ; plus inquiétant, avec l’accroisse-
ment du nombre de familles monoparentales, le
pourcentage de ces familles en situation de pau-
vreté augmente. Or, ces inégalités sont nuisibles à
la santé et à l’acquisition de capital scolaire des
enfants vivant dans ces familles ; l’auteur suggère
alors trois séries de mesures :
•redistribution directe aux jeunes : faisant le
constat que la société fait aux jeunes l’injonction
paradoxale d’être autonome tout en ne leur
donnant aucun moyen de le devenir, P. Archambault
reprend à son compte l’idée d’une allocation pour
les jeunes, distribuée en fonction des revenus
parentaux, soumise, si le jeune travaille, à imposi-
tion, et tenant compte de l’éventuelle dissociation
du foyer parental. Une partie de ce financement
pourrait être octroyé sous forme de prêt. Cette pro-
position, qui poursuit son chemin dans la pensée
politique, a reçu une réponse très partielle dans la
mise en place du prêt jeune avenir, prêt à taux
zéro pour les jeunes débutant dans la vie active ;
•transformation de la pension alimentaire en
pension d’entretien : compte tenu de l’importance
des pensions non payées et des conflits ainsi générés,
ainsi que de l’absence de barème de pension,
l’auteur propose la fiscalisation de la pension
alimentaire. Ainsi, le parent non gardien serait
soumis à un prélèvement, sur son impôt sur le
revenu, proportionnel à son nombre d’enfants.
Parallèlement, le parent gardien serait bénéficiaire
d’une prestation dépendant du nombre d’enfants à
charge et de ses revenus. Ce système revient donc
à étatiser le système de pension alimentaire ;
•réformer la fiscalité familiale : puisque les
mécanismes fiscaux sont insuffisamment redistri-
butifs, l’auteur préconise de mieux tenir compte
du coût réel de l’enfant, et notamment du fait que
Recherches et Prévisions n° 93 - septembre 2008
122 Comptes rendus de lectures
(*) Source : DREES, ÉÉttuuddeesseettrrééssuullttaattssn° 621, janvier 2008.