Lu pour vous 2009/01 « Éthique et travail social » Brigitte Bouquet, Dunod, 2003 2
biais d’actions particulières ». L’éthique est une
activité réflexive car elle s’interroge sur le sens de
ce qui se manifeste au cœur de l’existence
humaine. L’éthique individuelle et professionnelle
est sans cesse à réactiver, à réinstituer. La
présence du travailleur social dans la sphère privée
engage sa responsabilité, et il lui appartient de tenir
une position éthique de la parole donnée.
L’ouvrage pose aussi des questions fondamentales
sur les formes de communication du social, d’autant
que « le secret met en cause les prétentions
universelles de la communication, fondées sur le
postulat d’ouverture et de transparence ». Pour
l’auteur, le respect du secret professionnel est
essentiel ; d’une part parce qu’il traduit la valeur
accordée à la personne et au respect de sa vie
privée, d’autre part parce qu’il est nécessaire à
l’établissement et au maintien de la relation de
confiance qui doit exister entre le praticien et les
personnes qu’il aide. Il s’inscrit donc dans deux
champs : éthique et technique.
Brigitte Bouquet s’est ainsi attachée à décrire les
liens entre l’éthique (de la transmission) et le
partage de l’information, et plus spécifiquement sur
certaines formes de la communication, en
particulier les écrits d’action et de décision
(informations des différents dossiers sociaux, droits
d’accès des usagers à ces derniers, devoir de
mémoire et droit à l’oubli…).
Les technologies de l’information et de la commu-
nication entrent elles-mêmes dans cet espace de
réflexion (partage de l’information et protection des
données). En effet, le partenariat et les interven-
tions en réseau se sont développés pour faire face
d’une part à la complexité et à la diversité des
situations, d’autre part à la nécessité de travailler
en commun entre professionnels issus de métiers et
de cultures différentes. La communication s’est
désormais introduite dans le champ de l’action
sociale et du travail social, et elle tend à s’imposer.
Il n’y a pas de travail social sans communication,
sans mise en commun des compétences, sans
actions communes. Sa place dans la pratique
assure la qualité et la coordination de l’intervention
sociale.
Si le partage de l’information « est devenu une
exigence fondamentale », l’auteur précise que « le
fondement éthique reste premier et détermine
l’information à transmettre selon l’usage qui en
sera fait et selon le degré d’astreinte au secret
professionnel des personnes qui la reçoivent ». Elle
appelle aussi à la vigilance en matière de Nouvelles
technologies de l’information et de la communi-
cation (NTIC) et les questions soulevées par leur
usage suscitent des controverses parce qu’il y a
risque d’atteinte au respect des libertés. Un certain
nombre de principes éthiques sont ainsi à mobiliser
et à concrétiser au quotidien. On ne peut se saisir
d’une technique sans interroger le sens qui lui est
attribué, l’univers symbolique dans lequel elle
s’inscrit.
Dans un autre registre, l’auteur s’intéresse dans
cette partie de l’ouvrage au mouvement de
rationalisation qui traverse les activités sociales et
médico-sociales, et plus précisément aux enjeux de
l’évaluation et de la qualité au regard de l’éthique.
La question de l’évaluation est un enjeu fort situé
au carrefour des besoins des personnes, d’un projet
associatif et d’une politique publique. Elle nécessite
une réflexion stratégique importante car le choix de
ce qui est évalué et de la méthode pour le faire est
à penser en fonction de l’objectif à atteindre. De
plus elle produit des effets variables en fonction du
type d’implication des acteurs, des zones
d’investigation et enfin du choix des indicateurs.
Comment vérifier que les évaluateurs ont une
pratique éthique et démocratique ?
L’évaluation et plus largement la démarche qualité
sont dorénavant des modalités de l’action sociale :
comment les effectuer dans un souci éthique ? En
premier lieu, se situer dans une approche
dynamique et participative avec des temps de
réflexion partagée pour que l’évaluation devienne
un processus d’apprentissage collectif ; vérifier par
ailleurs la place accordée à la personne accueillie
dans le processus évaluatif ; enfin un troisième
élément est d’ordre plus politique, il s’agit de
s’interroger sur la façon dont est exercée la mission
de service public. C’est au regard de ces trois
éléments de réponses que le sens éthique est
sauvegardé.
ôle et fonction de tout instrument
déontologique, comités d’éthique et instances
de discussion, formation et éducation à
l’éthique, interrogation sur l’éthique professionnelle,
autant d’enjeux identifiés par l’auteur dans la
troisième partie de l’ouvrage comme autant de
dimensions centrales à prendre en compte par les
acteurs sensibles à la question d’une « possible
éthique professionnelle commune » qui
s’exprimerait « dans un langage communicable,
clair et rigoureux ».
Concernant le premier enjeu - rôle et fonction de
tout instrument déontologique - l’auteur fait un
détour par la définition de la déontologie qui
regarde du côté de la norme et appartient à la règle
instituée. Car outre les fondements éthiques, les
règles peuvent être techniques ou juridiques. La
déontologie constitue un encadrement de l’action
qui doit se dérouler en conformité aux valeurs
admises par un corps professionnel, selon le
contexte social et en s’adaptant régulièrement aux
nouvelles techniques ou aux nouvelles missions.
« Opposant le privatisme des valeurs et l’instru-
mentalisme des normes, certains caractérisent
l’éthique comme la recherche de ce qui est le plus
juste, alors qu’ils perçoivent la déontologie comme