LE
PàTRIOTE
SAVOISIEN
rait
invité
à
déposer
comme
témoin,
sous la foi du
serment,
quant
à ce fait.
On
mande de San-Fraucisco, le 9
août :
Les
commissaires
envoyés
par la France pour ou¬
vrir
une
enquête
sur les faits relatifs à
l'évasion
de
Rochefort
se sont mis à
l'œuvre
et ont accompli leur
tâche.
Les conclusions de leur rapport sont que
tous
les
déportés
de la
Nouvelle-Calédonie
doivent
être
transportés
à
l'île
des Pins pour plus de
sécurité.
La
France
et
les
Bonaparte.
Dans une lettre
qu'il
a
adressée
au
Guetteur
de
Saint-Quentin, M.
Henri Martin
examinait «
dans
quel
état
les
Napoléon
ont
trouvé
la France et
dans
quel
état
ils l'ont
laissée.
»
II commence par
démontrer
que, « lorsque
com¬
mença
la grande
Révolution
de 1789, la France avait,
à
peu de chose
près,
le
même
territoire que
celui
qu'elle
conservait
dernièrement
avant la malheureuse
guerre qu'a entreprise
Napoléon 111
en 1870... La
Ré¬
publique
française,
en s'agrandissant de
tous
les pays
• situés
au couchant du
Rhin
et des
Alpes, possédait
désormais
tout le cours des trois fleuves de l'Escaut,
de la Meuse et du
Rhin,
elle avait acquis la posses¬
sion
de
toute
l'ancienne
Gaule,"la
patrie de nos
aïeux
les
Gaulois.
Elle
avait
réalisé
les plus hardies ambi¬
tions de nos anciens rois. La
République,
assaillie
de nouveau par
l'Autriche,
l'Angleterre et la Russie,
remporta deux victoires
décisives
en Suisse et en
Hollande,
et assura par là le maintien de ses nouvel¬
les
frontières.
>
Telles
étaient
les
frontières
de la France « lorsque
Napoléon
fit le coup d'Etat du 18 brumaire, et ren¬
versa la
liberté républicaine
pour lui substituer sa
dictature consulaire,
qu'il
changea
bientôt
en empire.
La
République,
en mourant sous ses coups, lui
lais¬
sait pour
héritage
la
frontière
du
Rhin
et des
Alpes.
»
Voyons
ce que
Napoléon
a fait de
cette
France-
là.
*
*
«
La France, devenue
si
grande, n'avait plus qu'une
chose à faire:
c'était
de
tâcher
de conserver
cette
gran¬
deur en s'organisant
dans
l'ordre et la paix, et en s'af-
fectionnant
tous
ces nouveaux citoyens de Belgique et
du Rhin
par les bienfaits du nouveau
régime
que la
Révolution
substituait à l'ancien. »
Mais Napoléon «
comprit qu'avec la paix, la
liberté
et la
République
reviendraient. Il voulut donc la
guerre. • Et on sait comment la guerre
fiait,
<
L'in¬
vasion,
que la
République
avait si glorieusement
repoussée
en 92 et 93, triompha en 1814 et 1815. La
France,
énervée
par le despotisme.,
épuisée
de
cœur
comme de sang, ne se retrouva plus ce qu'elle avait
été
pour
résister.
La
coalition étrangère
nous arracha
les provinces du
Rhin,
la
Belgique,
Sarrelouis,
Lan¬
dau, la Savoie et
Nice.
Le premier empire, en.tom¬
bant,
nous fit perdre
ainsi,
non-seulement les 'immen¬
ses acquisitions de la
République,
la
frontière
du
Rhin
et celle des
Alpes,
mais encore plusieurs places
fortes, à
l'entrée
de la
Belgique,
sur la Sarre et sur le
Rhin,
que nous devions a
Louis XIV
et au cardinal
de
Richelieu.
La France, par la faute de
Napoléon
I0',
était
donc amoindrie de ce qu'elle avait été sous nos
anciens reis, avant 1789. »
***
Voici
k
part
de
l'oncle.
Voici
celle du neveu :
«
Quand
Napoléon
III se fut
emparé
du pouvoir
absolu.par le coup d'Etat du 2
décembre,
comme son
oncle
l'avait fait par le coup du 18 brumaire, il voulut
d'abord faire croire
qu'il
ne songeait qu'à favoriser
l'agriculture,
l'industrie, les chemins de| fer, les
bâti¬
ments, et il dit : « L'empire
c'est
la paix. »
Mais,
quand
il
dit cela,
il rêvait déjà
la guerre; car il savait,
comme son oncle, qu'elle
lui était nécessaire
pour faire
oublier
la
liberté
à la France. >
De
là, la guerre de
Grimée,
la guerre d'Italie, la
guerre du
Mexique,
et
enfin»
la fatale guerre qui a
mutilé
et a
failli
détruire
la France. Nous avons perdu
non
pas seulement ce que devions à
Louis XIV
et au
cardinal
de
Richelieu,
mais se quo nous devions aux
derniers
Valois,
aux anciens rois
d'avant
les
Bour¬
bons; par la faute des
Napoléon,
la
frontière
la plus
iuiporlun/e,
la plus
exposée
de la France, la
frontière
du
Nord-Est,
se trouve
reculée
en
deçà
du point où
elle
était il
y a plus de trois
cents
ans. •
Donc,
à
cette
question : —
«
Dans quel
état
les
Napoléon
ont-ils
trouvé
la
frontière
de la France, et
dans
quel
état
l'ont-ils
laissée?
> M.
Henri Martin
et
l'histoire
répondent
:
—
Ils ont
trouvé
la
frontière
de
la
France à
Cologne,
et ils l'ont
laissée
à
Verdun,
avec
Metz
dans
les mains de
l'étranger.:»: ;
V->HK
«**
m
De
ce qu'ont produit les deux empires,
M. Henri
Martin
conclut ce que produirait un
troisième
:
« Qu'arriverait-il
aveo un
troisième
empire ?
«
Les
mêmes
causes
ramèneraient
les
mêmes
ef¬
fets
en les
rendant
toujours pires. La mauvaise con¬
duite serait absolument
inévitable
avec les hommes
d'aujourd'hui et
dans
la situation actuelle. La mau¬
vaise conduite au
dedans
ramènerait
la guerre au de¬
hors, et
très-vite
; la guerre
dans
les plus
déplorables
conditions
; la guerre, non de la
défense
nationale,
mais de hasard, de coup de
tête,
pour
tâcher
de res¬
susciter un prestige
anéanti.
«
On reverrait les
mômes égarements,
les
mêmes
incapacités
qu'en 1870,
aggravées
encore s'il
était
possible : do nouveaux
désastres,
un nouveau
démem¬
brement et la ruine
entière.
•
La
République
peut
seule
rétablir
la France par
l'ordre et la paix, et seule pourrait la sauver par une
solide
organisation de la
défense
nationale, si quelque
jour
elle
était menacée
d'une
invasion nouvelle. »
M.
Henri Martin résume ainsi
les faits
qu'il
vient de
constater :
«
Le premier empire nous fait perdre la Belgique
et les provinces du
Rhin.
Le second empire nous a
fait
perdre
l'Alsace
et la
Lorraine.
Que resterait-il de
la
France
après
un
troisième
empire ? —
Rien.
>
Ou
sait
que le
passage
du président de la
République à
Morlaix
a donné lieu à une impo¬
sante
manifestation
républicaine.
Le
Finistère
donne
à ce
sujet
les détails ré¬
trospectifs
qui
suivent
:
•'«
A
l'arrivée
du train
présidentiel
ont
éclaté
de tou¬
tes
parts
des cris
énergiques
et nourris de
«
Vive
la
République
!»
Cela
sonnait
désagréablement
à certaines oreilles.
M.
le
général
Le Flô
tenta
de
détourner
la manifesta¬
tion
en exhortant la foule à crier :
«
Vive
la France
!
»
Mais
tout le monde n'a pas la
même|promptitude
que
M.
Le Flô à changer d'opinion, et sa tentative
n'eut
aucun
succès.
M.
Bienvenue,
député, M.
le
préfet
du
Finistère,
M.
le sous-préfet
de
Morlaix,
faisaient aussi devant l'en¬
thousiasme populaire assez piteuse figure.
Un
prêtre (l'abbé
M...,
m'a-t-on dit) trouva le mo¬
ment opportun pour crier de
toutes
ses forces :
«
A
bas la
République !
»
Ce
fut le signal d'un redoublement d'acclamations.
Les
cris de :
<
Vive
la
République
!
»
répondirent
à
cette
provocation avec
éclat,
ce fut comme une
traî¬
née
de poudre qui vint faire explosion jusque sous la
marquise de la gare, à
quatre
pas du
maréchal.
Un
aide-de-camp, petit jeune homme
empanaché
et
décoré,
se tourna vers un conseiller
municipal,
mon
voisin,
et lui dit avec brusquerie :
—
Eh
!
vous l'avez, la
République
!
A
quoi mon
voisin répondit,
non
sans
à-propos.
—
Pas assez, monsieur.
De
son
côté,
le
général
Le Flô ne
décolérait
pas.
Je n'ai pu
le voir
que de
loin,
gesticulant,
écartant
le
cercle des soldats, donnant ses
démonstrations
de
colère
en spectacle. On
assure
qu'il
en vint à apostro¬
pher un enfant qui venait de suivre l'exemple
com¬
mun
en criant
auprès
de lui.
— Tais-toi,
polisson, lui
dit-il
; on a dû te donner
deux sous pour crier :
Vive
la
République
!
L'enfant
interloqué
ne
répondit
rien, mais
dans
la
foule,
très-compacte
en cet endroit, un assistant
répli¬
qua au
général
:
—
On vous donne bien 280,000 fr. pour servir la
République,
que vous ne
défendez guère.
Je vous
livre
sans
garantie ce dernier fait, qui est
universellement
raconté.
En
désespoir
de cause,
M.
Le Flô
finit
par
battre
en
retraite devant les clameurs qui ne cessaient d'aug¬
menter.
En
somme, la
soirée
a été bonne, et nous sommes
rentrés
contents d'avoir
montré
à
M.
le
président
de
la
République
que
l'idée républicaine
a fait son che¬
min
en Bretagne.
Puisse-t-il
maintenant conformer sa
politique
à ce
qu'il voit
et à ce
qu'il
entend !
On lit
dans
l'Electeur
du
Finistère
:
Dès
la
première
heure
de son
séjour
parmi nous, M.
le maréchal-président
a pu se convaincre des senti¬
ments
résolus
de la population pour le
régime
dont
nos adversaires politiques n'ont pu
détruire
le titre.
Les mêmes
acclamations l'avaient
accueilli
quelques
heures
avant à
Morlaix,
les
mômes
acclamations l'au¬
ront
accueilli
le lendemain à Quimper. Ce concours
des
volontés
du pays librement
exprimées
aura, nous
voulons
l'espérer,
une salutaire influence sur les agis¬
sements
futurs du gouvernement.
M.
le
président
de
la République
a
dirigé
son voyage
dans
les
contrées
qu'on lui
présentait,
sans
doute,
comme les
dernières
forteresses
de l'idée
monarchique.
Il
a
voulu voir
et
entendre
par
lui-même.
Il doit
être
édifié
aujourd'hui sur
l'opinion
du peuple
qu'il
gou¬
verne au nom de la
République.
Il ne manquera pas
de comprendre, nous
l'espérons,
qu'avec des
convic¬
tions aussi fermes et aussi unanimes, le nom de la
chose ne suffit pas, et que, pour le retour à la con¬
fiance, pour la garantie de l'avenir, pour la
stabilité
indispensable aux affaires, pour le bien du pays, en un
mot, il faut que la
République,
qui existe de nom,
existe de fait
également
et soit
établie
sur des
bases
définies
et durables.
——
iji.Sn.
fi
.
.K-
..
Voici
ce que
rapporte
Y
Avenir
de
Rennes
:
Nous
avons dit que le
général Loysel
faisait escorte
au
maréchal
sur le boulevard ; un monsieur âgé
d'une
cinquantaine
d'années, décoré
de la
Légion
d'honneur,
après s'être découvert,
poussa le cri de : «
Vive
la
République!
>
Le
maréchal
salua; mais
M.
le
général
Loysel,
qui est, comme on sait,
député
d'Ilie-et-Vilaine
et appartient à la fraction monarchiste de
l'Assemblée,
poussa vivement son cheval vers le
républicain
et fit
entendre
ce mot: «
Imbécile!
•
Celui
à qui
cette
in¬
jure
était adressée
riposta
immédiatement: « Imbécile,
vous-même, général!
»
M.
Loysel
a dû avoir à
répéter
bien souvent
cette
expression durant le voyage, car, à maintes reprises,
nous avons entendu
proférer
le vivat qui le met si fort
en
colère.
' v;
r''';j::::
Dimanche
dernier
le
comice
agricole
de St-
Dié a célébré sa fête
annuelle
à
Raon-1'Etape.
Au
dîner, où
avaient
pris
place
plus
de
quatre
cents
personnes,
appartenant
en majorité à la
profession
agricole,
M.
Jules
Ferry,
député
des
Vosges,
qui,
avec
ses collègues
MM.
Claude
et
George,
assistait
au
banquet,
a porté un
toast,
dont
nous
détachons les
passages
sui¬
vants
:
Je vous propose un
toast
qui doit
être
dans
tous
vos
cœurs
comme il est
dans
le
mien
:
A nos chers
absents!
A nos
frères séparés!
Aux membres arra¬
chés
de la patrie !
J'assombris
peut-être
cette
fête
joyeuse.
Mais
je crois
que notre devoir est de nous souvenir.
Je ne puis pas oublier
qu'il
y a
quatre
ans le co¬
mice
agricole de l'arrondissement
s'est
réuni
à
Raon-
1'Etape. La
famille
vosgienne
était complète,
et, du
haut
de ce plateau où nous avons vu se
célébrer
la
fête
de l'agriculture, nos yeux ne contemplaient que
des horizons
français. (Vifs
applaudissements.)
Aujourd'hui
ces montagnes qui nous servaient de
rempart sont devenues une menace; la plus
vieille
des montagnes gauloises, le
Donon,
est aux mains
de
l'étranger,
et nous
sentons
ici plus que partout
ailleurs
la douloureuse
réalité
de ce mot: la France
est ouverte... (Marques unanimes d'assentiment.)
...
Je vous souhaite une seule chose, une chose qui
comprend
toutes
les
autres,
une chose qui ferait
parmi
nous
l'union
:
je vous souhaite de ne pas ou¬
blier.
Agriculteurs
vosgiens, n'oubliez pas ce qui a été
fait
contre vous.
N'oubliez
pas surtout les
causes
qui
ont
amené
nos catastrophes.
N'oubliez
pas combien
est rapide,
décevant,
lugubre, le chemin qui
mène
du
sommet des
prospérités
du gouvernement person¬
nel
jusqu'aux effondrements que nous avons dû subir.
(Applaudissements.)
On
dit que
dans
certains pays de France, il y a des
gens
qui oublient. Ce
n'est
pas
dans
les Vosges qu'on
les trouvera
:
si vous pouviez oublier, Vosgiens, les
pierres de vos routes,
naguère humiliées
par le pied
de
l'étranger,
se dresseraient contre vous pour vous
faire
reproche. (Marques d'assentiment.) Si vous pou¬
viez
oublier, le sort de ceux qui manquent serait
moins cruel que le sort de ceux qui
restent
;
car eux
du
moins,
en
perdant
la patrie, ils n'ont pas perdu
l'honneur.
(Vifs
applaudissements.)
C'est pourquoi je me
permets
de terminer
cette
fête
par ce
toast
de
deuil
et de douleur : A nos
frères sépa¬
rés!
Aux membres
arrachés
de la patrie!
De
longues salves d'applaudissements ont
accuilli
ces
dernières
paroles.
Le
Progrès
de
l'Est
fait
à ce
propos
les ré¬
flexions
suivantes
:
^
On lisait
sur
tous
les visages et
dans
tous
les yeux
l'approbation volontaire et
réfléchie,et,
quand les
bat¬
tements
de mains
éclataient,
on devinait, à leur spon¬
tanéité
et à leur
intensité,
que l'orateur n'avait fait
qu'exprimer une
pensée
qui se trouvait au fond du
cœur
de tous. Des pessimistes
prétendaient
que le
parti
bonapartiste
essaye
de faire
dans
les Vosges
quelques recrues. Notre raison se refusait à le croire.
Nous
avons aujourd'hui une certitude : nous ne nous
étions
pas
trompés.
Ni les Vosges, ni la Meurthe ne
sont bonapartistes.
L'adhésion
unanime
donnée
par
les Vosgiens au discours de
M.
Ferry prouve
qu'ils
ne
le
deviendront jamais. .. • .,
L'entrevue
de
Dresde.
L'Opinion
nationale
rappelle un souvenir doulou¬
reux mais
caractéristique
du premier empire.
C'était
en 1813 ;
Napoléon
I", au retour de la campagne de
Russie,
avait
gagné
les victoires
stériles
de Lutzenet
Bautzen;.mais la
coalition
de
l'Angleterre,
de la
Rus¬
sie et de la Prusse ne s'en montrait nullement
décou¬
ragée.
L'empereur
d'Autriche,
le
beau-père
de
Napoléon,
vivement
sollicité
par ces trois puissances de se
join¬
dre à elles, voulut faire un dernier effort
auprès
de
son
gendre pour obtenir la paix.
L'Autriche déclara
aux
alliés
qu'elle se bornerait à demandera la France
l'abandon du
duché
de
Varsovie,
la reconstitution de
a
Prusse,
l'abolition
de la
confédération
du
Rhin,
la
restitution des
villes anséatiques.
Si,
après Moscou,
l'empereur des
Français
avait la
folie
de repousser ces conditions qui laissaient à la
France non-seulement les
frontières
du
Rhin
et des
Alpes,
mais la Hollande et l'Italie, l'empereur Fran¬
çois n'hésiterait
point à se joindre aux
alliés.
M.
de Metternich fut
chargé
de la
négociation
et se
rendit, le 25
juin
1813,
auprès
de
Napoléon,
qui
était
alors à Dresde.
^ï<
,(;i
.^uiA
Celui-ci
ne voulut d'abord
rien
entendre,
puis.un peu
radouci
par quelques paroles de son interlocuteur, il
lui
dit
qu'il
ne pouvait accepter.
* Moi,
dit-il,
je suis un
soldat,
j'ai
besoin d'honneur
«'
de
gloire;
je ne
puisjpasreparaître
amoindri
au mi-
« lieu
de mon peuple ;
il
faut que je
reste
grand, glo-
«
rieux,
admiré!...
» —Quand donc
finira
cet
état
de
choses,
répliqua
M.
de
Metternich,
si les
défaites com¬
me les victoires sont
un égal motif
de continuer
cette
guerre
désolante
?...
Victorieux,
vous voulez tirer les
conséquences
de vos victoires, vaincu ; vous voulez
vous relever ;
Sire,
nous serons donc toujours les
armes
à la main,
dépendant éternellement,
vous
com¬
me nous, du hasard des batailles!.,.;
;;„,,,
r,,,-\,?
—•
Mais,
reprit
Napoléon,
je ne suis pas a moi^je
suis à
cette
brave nation qui vient à ma
voix
de ver¬
ser son sang le plus
généreux ;
je dois lui conserver
tout
entière
la grandeur qu'elle a
achetée
par de si
héroïques
efforts. _
,..„•'
,.. ..,
— Mais,
'sire,
reprit à son tour
M.
de Metternich,
cette
brave nation dont tout le monde admire le cou¬
rage
a
elle
même
besoin
de repos. Je viens de traverser
vos
régiments
:vos'soldats sont des enfants.
Vous
avez
fait
des
levées anticipées,
et
appelé
une
génération
à
peine
formée
;
cette
génération,
une fois
détruite
par
la
guerre actuelle, anticiperez-vous de nouveau ? en
appellerez-vous une
plus
jeune encore ?
Ces
paroles, qui touchaient au repro jhe
le
plus sou-
ve.it
reproduit par les ennemis de
Napoléon,
le pi¬
quèrent
au vif, il
pâlit
de
colère; son
visage se
décom¬
posa et,
n'étant
plus
maître
de
lui, il
jeta ou laissa
tomber à
terre
son chapeau, que
M.
de Metternich ne
ramassa point, et allant droit à
celui-ci
:
— Vous n'êtes
pas
militaire,
monsieur,
lui
dit-il
;
vous n'avez pas, comme
moi, l'âme
d'un soldat
;
vous
n'avez pas
vécu
dans
les camps ; vous n'avez pas ap¬
pris
à
mépriser
la vie d'autrui et la
vôtre.
Je
mef....
pas mal,
après
tout,
de
deux
cent
mille
hommes
/...
—JOuvrons
les
portes
et les
fenêtres,
dit
M.
de
Met¬
ternich,
il est bon que l'Europe, que
l'opinion publi¬
que
entende entende
un pareil langage.
Napoléon
se calma un peu, mais il n'en refusa pas
moins les conditions qui lui
étaient
offertes et, moins
de deux ans plus tard, la France vaincue, envahie,
perdait les
frontières
conquises par la
Révolution,
et
voyait
s'ouvrir la plaie
béante
par où les Prussiens
sont
entrés
si facilement .en 1870.
Et
nunc
erudimini! ^!% ^Ui^ ^
'*»r<-<*--#*.
CHRONIQUE
SAVOISIENNE
Dans une commune des .environs de
Chambéry;.-
dont nous pourrions citer
le nom,
des permis de chas^;
se
au
nombre de 4
ou
5
ont été
délivrés
portant enû;
tête les
mots :
Empire
français,
et plus bas : Au
nom,,
de
l'empereur.
- i.
•tio
L'émotion
a été grande
dans
la
localité,
d'autant
plus que les permis de chasse, l'an
passé,
portaient,
les mots de
Républiquefrançaise,
— Au
nomdupeupler
français,
et qu'on avait tout
lieu
de croire que, de-^
puis 4 ans, le stock des papiers de
l'empire
devait étr^
écoulé.
... '.:(>lh
Le
même
fait
s'est
reproduit à
Cb^ambéry
et,
dans
plusieurs
autres
communes..,,, i.pi
Cette
réapparition
en ce moment, en pleines int,
gués
bonapartistes, de
la
formule
impériale,
a produit,
nous le
repétons,
une
vive émotion
et une indigna¬
tion
bien
légitime.
: i
On
ne comprend pas que l'on puisse
délivrer
des{
papiers au nom de l'empereur, au nom de l'homme,
qui
a fait
tant
de mal à notre pays et que
l'Assemblée^
elle-même,
dans
un vote solennel, a
déclaré
<
respon¬
sable de
l'invasion,
de la ruine et du
démembrement^
de la
France.
» !
Dans
les
villes,
de pareils
procédés
administratifs
peuvent exciter
l'indignation
du
public,
mais non mo¬
difier
sa haine pour tout ce qui touche à 1'empire.Mal-j
heureusement,
il
n'en est pas de
même
dans
les cam-,.
pagnes.
L'effet
de ses maladresses —
peut-être calcul¬
ées —
est
déplorable.
:
à>
Le
paysan
qui
lit peu
ou
pas,qui
n'est
pas au courant
des affaires politiques, s'imagiue facilement que l'em¬
pire est revenu ou va revenir, en voyant que le
droitî
de
chasse
est encore
donné
au nom de l'empereur, '-^u
Et
le paysan est
très-logique
en cela. Comment
voudrez-vous
lui
faire croire
qu'après
quatre
années
de
régime républicain,
on se servirait encore des pa¬
piers administratifs de l'empire, si on
n'espérait
pas1
voir bientôt
revenir
ce
dernier. On aura beau lui
direij;
c'est
par raison
d'économies;
il ne comprendra pas
mieux.
Pure plaisanterie, en effet, carsi demain onde-y
vait
subir le retour de la
royauté
on de l'empire, tous-,
les papiers
marqués
à
l'effigie
ou au nom de la Ré«
publique
disparaîtraient
comme par enchantement;-
Cela
s'est
vu pour
tous
les changements de gouverne^
ment et au
Deux-Décembre.
La
République
est trop
bonne
fille.
; <îV;9
Quoi qu'il
en soit, du
reste,
le paysan ne
voit
qqe^
le
fait brutal et il en tire, avec raison, la conclusions
qui
lui
paraît
la plus naturelle. •
Etonnez-vous,
après
cela, des
élections
bonapais*
tistes
dans
le Calvados et ailleurs ;
étonnez-vous
d&
voir
les chevaliers du
Deux-Décembre
relever la
tête
et poser hardiment leurs candidatures devant le suf*>
frage universel !
'••••&
On
prétend
que le
préfet
de la Savoie a vu
avecèe-
gret la nomination bonapartiste de M. de Launay
dans
le
Calvados,
— son pays. C'est
sans
doute une'
erreur. Il est, en tout, digne
d'être
un
préfet
de
l'em-'
pire,
de ce
régime qu'il
favorise en Savoie par tous1
les moyens en son pouvoir ;
qu'il
cesse donc de ver¬
ser des larmes de
crocodile
sur
l'échec
de son ami; lé1
légitimiste
de Fontette dont" il ne
paraît
plus parta¬
ger les opinions. •••. "' '•'• = •••" .:i.'
>-:.O.
Nous
espérons
toutefois
voir
disparailrie
•i!«f»fiî?fe
français
de nos papiers
publics,
de
même qu'il ,a,jUsç
paru de notre
sol,
ce pouvoir
détestable qui
nous,
a ç
duits à
l'invasion
et à la ruine. En tout cas, nous j
nions
à protester contre un tel
oubli
de la
dignité
tionale,
et à donner avis de ce qui se
passe
.à. l'
préfet déjà
Savoie,
à cet
étonnant
fonctionnaire lé
timo-bonapartiste qui laissera de son
parmi
nous les traces que l'on
sauV.,.
,;.<,,
M.
le ministre de la guerre a
décidé
que les
gêhè-j
raux commandant les corps
d'armée
pourront
désorr;
mais accorder directement l'autorisation de
contractée
mariage aux jeunes,
gens
inscrits;
sur la
l'e
partie des;
listes du recrutement,
tant
que
leur
classe,
n'aura
pas;,
été
appelée
à
ï'aolivit£xi^,.A^^^t^.^\.^\^p^
L'intérêt
de
l'armée exigé
toutefois que les
dëma%
des de mariage
formées
par
Iesjeunes
gens, que leurg
numéros
de tirage appellent à faire partie de la,!^
portion
de la classe, ne soient accueillies que
daji|
des cas
extrêmement
rares, et lorsque des informa^
tions
précises
auront permis de
reconnaître
que le^
pétitionnaires
sont
réellement
dans
une position de;
famille très-digne d'intérêt.
r
Quant aux hommes
désignés
pour faire partie de
la
seconde
portion,
ils
pourront
être
admis plus
facile¬
ment à se marier avant l'accomplissement du
temps
qu'ils
doivent
passer
sous les drapeaux, aux
termes
des articles 40 et
41
de la
loi
du
27 juillet 1872.
Maig
il
n'en conviendra pas moins d'exiger que leurs
cj&*
mandes
soient
motivées
sur quelque fait exceptionnel,
tel
par exemple que la
nécessité
de sauvegarder
l'honneur
d'une
famille,
ou la preuve qu'une
amélio-