CONFERENCE ANNUELLE EUROMESCO 2007
UN AGENDA COMMUN CONTRE L’INTOLERANCE : LES DROITS HUMAINS EN TANT QU’INTERET PARTAGE
Lisbonne, 3-4 octobre 2007
ATELIER DE TRAVAIL B
UN BILAN DU ROLE DE L’EUROPE DANS LA PROTECTION DES DROITS
HUMAINS, A L’EST ET AU SUD
La protection des droits humains dans le Sud : l'Europe comme un catalyseur?
HAMID KADOURI. Doctorant, Université d’Angers
Depuis la création des Communautés européennes, la question des droits de l’homme et des libertés
fondamentales occupe une place importante dans la pratique communautaire. Cependant, ce n’est qu’avec la
consolidation formelle de l’Europe politique, en particulier avec l’Acte Unique Européen et les traités qui ont
suivi, que la question des droits humains est intégrée dans l’agenda européen. Aujourd’hui, cette question, qui
constitue une vocation essentielle de la construction européenne, est érigée au rang des valeurs fondamentales
sur lesquelles repose l’Union européenne et qui doivent guider son action.
Ainsi, les droits de l’homme constituent, désormais, une condition sine qua none de l’appartenance à l’Union. Il
en découle que tout État qui désire intégrer l’Europe doit répondre au préalable à la condition essentielle du
respect des droits de l’homme et des principes démocratiques. Aussi, les pays candidats doivent se conformer
au cahier des charges contenu dans l’Agenda 2000 avant l’ouverture des négociations d’adhésion. Cette stratégie
élaborée sur la base des critères d’adhésion, fixés par le Conseil européen de Copenhague en 1993, prévoit,
entre autres, qu’un pays qui souhaite intégrer l’UE doit être en mesure de donner des garanties quant à sa
capacité à respecter et à promouvoir ces principes.
De même, la qualité de membre de l’Union européenne ne dispense pas les États de cette obligation du respect
et de la promotion des droits de l’homme. Au contraire, ceux-ci sont tenus, plus que tout autre, au plein respect
des droits humains, sous peine de se voir infliger des sanctions lourdes. Il faut rappeler que le non respect des
principes fondateurs de l’Union européenne, prévus à l’article 6§1 du TUE tel que modifié par le traité
d’Amsterdam, est passible de sanctions pouvant aller jusqu’à la suspension du droit de vote au sein du Conseil.
L’inscription des droits de l’homme comme principe fondateur de l’Union européenne et condition
d’appartenance à celle-ci est révélatrice d’une volonté européenne d’affirmer le caractère universel et
incontournable de ces principes. Leur insertion dans la partie « dispositions communes » leur permet de
s’appliquer indifféremment aux trois piliers. Dès lors, les droits de l’homme sont une constante de la politique
européenne de développement au même titre que les politiques européennes internes.
Ainsi, contrairement aux accords préférentiels qui ont prévalu dans les années 70 et qui contenaient des
dispositions purement économiques et financières, la nouvelle génération des accords de coopération entre
l’Union européenne et ses partenaires méditerranéens accorde une place importante aux droits de l’homme.
Ceux-ci sont érigés au rang d’élément essentiel des accords d’association signés dans le prolongement du
Partenariat euro–méditerranéen lancé à Barcelone en 1995. Leur non respect par une partie autorise l’autre à
prendre des mesures appropriées en fonction de la gravité et de la persistance des violations constatées. Il faut
souligner que depuis 1992, tous les accords signés entre l’UE et ses partenaires contiennent une clause
suspensive relative aux droits de l’homme et aux principes démocratiques.
Dans le cadre du Partenariat euro–méditerranéen, cette clause « droits de l’homme » a été élargie aux
programmes MEDA, destinés à soutenir les réformes structurelles au sein des pays de la rive sud de la
Méditerranée. Dès lors et en principe, un pays qui ne respecterait pas les droits de l’homme sera privé
totalement ou partiellement de ses allocations au titre de MEDA.
Parallèlement à cette conditionnalité négative, l’UE développe une conditionnalité positive visant à inciter les
pays partenaires à respecter pleinement les droits de l’homme et les principes démocratiques en contrepartie
d’une augmentation des avantages financiers qui leurs seront versés. Cette technique vise à produire une sorte
de concurrence entre les partenaires dans la mesure où les meilleurs seraient mieux récompensés que les
retardataires. L’approche préconisée dans le cadre de la Politique européenne de voisinage s’inscrit dans la ligne
droite de cette conditionnalité. En effet, l’approche du voisinage privilégie une conditionnalité positive
puisqu’elle promet plus d’avantages économiques et financiers pour les bons élèves en matière de réformes
politiques et économiques. L’introduction du mérite comme critère d’attribution des avantages et du
renforcement des relations avec les partenaires est susceptible d’amener les voisins de l’Europe à se plier à ses
exigences notamment celles qui concernent les droits humains et la démocratie.