LES JEUX OLYMPIQUES ATHENES 1896 - LE RAPPORT OFFICIEL
J’aime à espérer que Votre Altesse Royale permettra d’ajouter ce prix que nous
a légué l’Antiquité à la coupe d’argent de M. le professeur Bréal. Le monde anti-
que paraîtra de la sorte s’associer au nouveau pour fêter ensemble la victoire du
vainqueur à la course de Marathon. »
A peu de distance du roi, se tiennent debout le Prince Héritier, les membres du
conseil des douze et le secrétaire général, M. Philémon. En face de l’estrade sont
alignés les olympioniques en costume de ville, on distingue parmi eux la blanche
foustanelle et la taille svelte de Louïs, qui a été tout particulièrement acclamé
lors de son entrée au Stade. M. Hadjipétros, capitaine d’artillerie, faisant office
de héraut, appelle à haute voix chacun des olympioniques en énonçant les noms
et prénoms et la patrie du vainqueur ainsi que le concours dans lequel il a excel-
lé. A cet appel, chacun des olympioniques s’avance, monte les degrés de l’estra-
de et s’incline devant le Roi, qui, lui adressant quelques paroles de félicitations,
lui remet le diplôme, la médaille commémorative et la branche d’olivier, lui ser-
re ensuite la main, après quoi l’olympionique fait une inclinaison et se retire. A
chacun des appels, la foule acclame le vainqueur.
Lorsque le héraut clama Louïs et que le vainqueur de la course de Marathon
monta sur l’estrade, l’amphithéâtre éclata en applaudissements, qui redoublèrent
quand des pigeons enrubannés aux couleurs nationales furent lancés en signe
d’allégresse d’un grand nombre de tribunes. Des drapeaux flottent en l’air, les
chapeaux et les mouchoirs s’agitent, les yeux s’humectent de larmes et les étran-
gers restent stupéfaits en présence d’un tel spectacle. Les champions Hongrois et
Américains ainsi que l’Allemand M. Schumann, qui tous portent sur leur poitri-
ne les armoiries helléniques, reçoivent des spectateurs de nombreux témoignages
de sympathie.
Vient ensuite le tour des seconds prix, qui, l’un après l’autre montent successive-
ment sur l’estrade, où le Roi remet à chacun d’eux une médaille de bronze et
une branche de laurier. On remet aussi aux premiers prix les dons réservés à
divers concours. Louïs reçoit, outre la coupe d’argent offerte par M. Bréal, un
vase antique donné par M. J. Lambros ;
M. Gravelotte, un magnifique vase
d’argent, don du Club Athénien ; M. Karassevdhas, un fusil et M. Phrangoudhis,
un pistolet. Enfin le Roi remet une branche de laurier à M. Robertson, auteur
de l’ode pindarique.
La solennité de la distribution des prix terminée, M. Gaebhart, représentant de
l’Allemagne à Athènes pour les Jeux Olympiques offrit au Prince Héritier une
couronne de laurier nouée de rubans aux couleurs de la Grèce et de l’Allema-
gne. En remettant la couronne, M. Gebhardt prononça une chaleureuse allocu-
tion, à laquelle le Prince Héritier répondit en allemand par quelques paroles de
remerciement.
Ensuite eut lieu, conformément au programme, le défilé des athlètes sur la piste.
Sous la conduite de M. Manos, directeur des Jeux, les olympioniques et les
seconds prix, portant tous leurs branches d’olivier ou de laurier, font à pas lents
le tour de l’arène, aux sons des marches triomphales qu’exécutent les diverses
musiques. Louïs est au premier rang ; ému et troublé, il remercie par ses gestes
la foule qui l’acclame, et agite continuellement un petit drapeau grec que lui a
fait passer un des spectateurs.
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