
Christian DEBLOCK
158 Études canadiennes/Canadian Studies, n° 78, 2015
entre 1985 et 2000, pour atteindre 45% en 2011. En clair, les exportations ne
suivent plus les importations, avec le résultat que la balance commerciale tend à
devenir de plus en plus déficitaire. C’est une situation à laquelle le Canada
n’était plus habituée. En effet, relativement équilibrée dans les années 1980, sa
balance commerciale va accumuler les excédents par la suite, jusqu’à atteindre
4,6% du PIB en 2001 sur la base des comptes nationaux. C’est après que les
choses se gâtent : négatif depuis 2005 selon les comptes nationaux, depuis 2009
selon les comptes de la balance des paiements, le solde commercial atteint –
10,6% du PIB selon les comptes nationaux, – 1,7% selon les comptes de la
balance des paiements.
Les investissements et les ressources naturelles
Très ouvert sur le monde pour le commerce, le Canada l’est également pour les
investissements. Son développement a d’ailleurs toujours beaucoup dépendu
des investissements étrangers. À son tour, le Canada est devenu un important
investisseur à l’étranger, et ce depuis le dernier quart du vingtième siècle.
Actuellement, le stock extérieur d’investissements directs étrangers (IDE)
représente 39% du PIB4, comparativement à 33% pour les États-Unis et 41,4%
pour l’ensemble des pays développés. Le rapport du stock intérieur d’IDE au
PIB s’élevait, de son côté, à 35,6% du PIB, comparativement à 23,5% pour les
États-Unis et 30,8% pour l’ensemble des pays développés. Sur un plan
historique, on notera que les rapports des stocks d’IDE extérieurs et intérieurs
au PIB étaient, respectivement, de 14,6% et de 19,4% en 1990. Autrement dit,
les deux rapports se sont accrus de quelque 25 points de pourcentage en
l’espace de deux décennies.
Outre le fait d’être tournée vers le monde, l’économie canadienne présente
deux autres caractéristiques. Tout d’abord, elle reste encore fortement tributaire
des ressources naturelles. Ainsi les produits de l’agriculture et de la pêche ont-
ils représenté 9% des exportations canadiennes en 20115, les produits forestiers
5,1% et les produits énergétiques 25,4%, soit en tout pour ces trois secteurs,
39,5% des exportations totales de marchandises. C’est vis-à-vis du secteur
pétrolier que la dépendance est la plus forte. L’exploitation des ressources
naturelles entraîne des externalités négatives, sur l’environnement évidemment
mais aussi sur la compétitivité de l’économie comme nous le verrons plus loin,
mais en même temps comment ne pas reconnaître que les ressources naturelles
ont fait et font toujours la richesse du Canada ? Je n’insisterai pas davantage sur
4 CNUCED, World Investment Report, 2012. Les données sont pour 2010.
5 Statistique Canada, tableau 228-0043.