Synthèse bibliographique - L’impact des extractions de granulats marins
sur les écosystèmes marins et la biodiversité
P. Goulletquer, J.-C. Lefeuvre
Les difficultés rencontrées à terre pour satisfaire les besoins en matériaux du BTP (Bâtiment
et travaux publics) ont conduit les voisins de la France, tels la Belgique ou l’Angleterre, à
utiliser depuis longtemps les granulats marins. La France est désormais contrainte, pour des
raisons liées à la raréfaction des ressources continentales à proximité des zones d’utilisation
des granulats et de transport, de se tourner vers la mer. Si l’extraction de granulats marins
devait croître à l’avenir, elle ne pourra se faire que dans le contexte d’une adéquation
avec le développement durable et d’une forte évolution du cadre réglementaire national
et communautaire. Cette évolution résulte en partie du Grenelle de l’environnement et du
Grenelle de la mer qui ont tenté de concilier l’accès à la ressource et la protection de
l’environnement, de la biodiversité au sens large, comprenant en particulier le fonctionnement
des écosystèmes.
La nécessité de politiques intégrées en complément des politiques sectorielles est maintenant
acquise. Le Grenelle de l’environnement a fait de cette approche intégrée et partenariale
le socle de la stratégie nationale maritime et littorale française qui se décline à l’échelle
des façades maritimes. La politique maritime intégrée pour l’Union européenne, avec cette
approche intégrée et intersectorielle des questions maritimes, en est également un exemple
récent. Celui de l’émergence d’une planification spatiale maritime européenne en est un
autre. A ce titre, la directive-cadre « stratégie pour le milieu marin » (DCSMM) est un élément
fortement structurant avec la définition du « bon état écologique » adossée à une évaluation
de l’état initial à l’échéance 2012, suivie de la mise en place d’un programme de surveillance
(2014), puis de mesures (2016) afin d’atteindre le bon état écologique en 2020.
De façon similaire, les stratégies nationale et européenne en matière de biodiversité–révision
de la Stratégie nationale pour la biodiversité 2011–permettent une meilleure prise en compte
des objectifs de biodiversité dans les politiques sectorielles.
Les préoccupations environnementales se traduisant par une réduction des impacts des
activités humaines demandent ainsi aux industriels et à l’ensemble des acteurs une implication
accrue sur ces sujets et une optimisation des efforts déjà entrepris.
La synthèse bibliographique qui est proposée concernant les impacts des extractions de
granulats sur les écosystèmes et la biodiversité doit être considérée comme une contribution
significative faisant suite aux travaux de 2004 de la Société de l’industrie minérale dans ce
domaine. Elle représente une très bonne valorisation des connaissances déjà acquises et
permet d’identifier les besoins encore importants, notamment dans l’évaluation des impacts
cumulés et leurs variabilités régionales, dans le contexte de la prochaine mise en œuvre
des cadres réglementaires comme celui de la DCSMM. La qualité de ce qui est proposé
dans les pages qui suivent conduit néanmoins à conclure que, malgré l’intérêt de certaines
recherches présentées dans cet ouvrage, l’amélioration des connaissances globales sur les
Préface des experts scientifiques