« Economie circulaire : prévenir et valoriser les déchets de chantier

publicité
« Economie circulaire : prévenir et valoriser les
déchets de chantier du BTP »
Retour sur la matinée technique
du 13 octobre 2016
Avec le soutien de
Table des matières
Un secteur à fort potentiel, Benoît LANFRY, Président de l’AREBTP Normandie .................................. 3
L’ambition d’une économie circulaire, Hubert DEJEAN DE LA BATIE, Vice-Président de la Région
Normandie en charge des questions environnementales ...................................................................... 3
1.
Définition de l’économie circulaire et contexte réglementaire .................................................... 3
2.
Les déchets du BTP en Normandie ................................................................................................. 4
3.
Prévention et gestion des déchets sur les chantiers, de la maîtrise d’ouvrage aux entreprises . 4
4.
Des outils à disposition des entreprises......................................................................................... 6
5.
Les filières de valorisation .............................................................................................................. 6
6.
Réemploi et intégration de matériaux de seconde main dans la construction............................ 7
L’ADEME aux côtés des acteurs, Fabrice LEGENTIL, Directeur régional de l’ADEME Normandie.......... 8
Convaincre et optimiser, Benoît LANFRY, Président de l’AREBTP Normandie ....................................... 8
2
Un secteur à fort potentiel, Benoît LANFRY, Président de l’AREBTP Normandie
L’activité du Bâtiment et des Travaux Publics génère environ 9 millions de tonnes de déchets par an en
Normandie. Il s’agit là d’un gisement dont la gestion intelligente peut venir enrichir la chaîne de valeurs
du BTP et ce dans un contexte législatif et réglementaire en pleine mutation1.
Il s’agit là du cœur de l’action de l’AREBTP : œuvrer au développement de la filière de valorisation et
sensibiliser l’ensemble des parties prenantes, privées et publiques. L’ambition est celle d’une nouvelle
dynamique, afin de démultiplier les opérations vertueuses de gestion et de valorisation des déchets
de chantier du BTP.
L’ambition d’une économie circulaire, Hubert DEJEAN DE LA BATIE, VicePrésident de la Région Normandie en charge des questions environnementales
La Région porte le « Plan Bâtiment Durable ». Le durable se joue dans les matériaux de construction,
l’efficacité énergétique mais aussi dans la gestion du chantier. Les enjeux de développement durable
s’inscrivent donc sur l’ensemble des facettes de la filière du BTP, du volet économique aux enjeux
environnementaux, en passant par la demande sociale. La Région s’engage fortement sur cette voie,
financièrement et politiquement, notamment avec l’élaboration en cours du PRPGD2 qui pose le défi
de repenser le cycle de vie des matières premières. Il faut réduire la consommation, puis prévoir la
réutilisation autant que faire se peut. C’est l’un des dossiers mis à l’agenda du Comité Normand de
l’Economie Circulaire, installé récemment.
1. Définition de l’économie circulaire et contexte réglementaire
Chloé SAINT-MARTIN, ADEME Normandie
Caroline MARC, DREAL Normandie
L’économie circulaire propose de changer de paradigme. L’économie linaire – Extraction –
Transformation – Distribution – Utilisation – Déchet – repose sur un modèle obsolète. Dans un monde
aux ressources finies, ce système n’est pas soutenable, notamment au regard de la hausse
exponentielle de la demande en matières premières3.
Avec l’économie circulaire, le modèle devient celui de boucles vertueuses.
« Un système économique d’échange et de
production qui, à tous les stades du cycle de vie
des produits (biens et services), vise à augmenter
l’efficacité de l’utilisation des ressources et à
diminuer l’impact sur l’environnement.4 »
Ce qui semblait auparavant être un simple déchet
peut réintégrer le cercle de la consommation en
devenant une ressource pour de nouvelles
activités économiques.
1
Dans le cadre de la loi transition énergétique notamment
Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets
3
Consommation multipliée par 10 en 100 ans (matériaux de construction)
4
Définition ADEME
2
3
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015 consacre son Titre
IV à l’économie circulaire. 35 articles s’attachent à deux enjeux : la préservation des ressources et
l’optimisation de la gestion des déchets. C’est ainsi qu’elle fixe un objectif de valorisation des déchets
du BTP à hauteur de 70% à l’horizon 2020. Pour ce faire, les maîtres d’ouvrage publics doivent s’assurer
que les déchets sont orientés vers des filières de réemploi ou de recyclage. Dès 2017, ils devront veiller
à ce que 50% des matériaux utilisés dans leurs chantiers de construction routiers proviennent du
réemploi, de la réutilisation ou du recyclage. Dans la même logique, dès 2017, les distributeurs de
matériaux doivent organiser la reprise des déchets ad hoc.
Le « déchet » doit être traité avec l’ordre de priorité suivant :
1) Prévention
2) Réemploi
3) Recyclage :
► valorisation matière
► valorisation énergétique
4) Elimination
2. Les déchets du BTP en Normandie
Cécile LAMBERT, AREBTP
Guillaume DEAL, Région Normandie
Avec 23 647 établissements et 90 730 emplois le secteur du BTP pèse dans l’économie régionale. Il
pèse également en termes de déchets produits. En parallèle, il faut noter que 350 installations
accueillent ces déchets et que près de 800 000 tonnes de déchets inertes sont d’ores et déjà valorisés.
La gestion des déchets est prise en compte sur le territoire régional, par le biais de 12 plans
départementaux et régionaux qu’il convient d’unifier à l’échelle de la nouvelle Normandie. Le PRPGD
constitue à ce titre la stratégie territoriale globale en matière de prévention, de gestion des déchets et
d’économie circulaire. Son élaboration est ouverte aux parties prenantes (experts, Etat, chambres
consulaires, éco-organismes, organisations professionnelles, associations environnementalistes, …) et
s’organise autour de groupes de travail thématiques qui se réuniront jusqu’en juin 2017, période à
laquelle débuteront les consultations réglementaires, pour une approbation finale prévue en juin
2018. La connaissance des gisements, le recensement des grands chantiers à venir, l’identification des
besoins, la définition d’objectifs et d’un programme d’actions et enfin la mise en place d’un
observatoire constituent le fil conducteur des travaux.
3. Prévention et gestion des déchets sur les chantiers, de la maîtrise
d’ouvrage aux entreprises
Table ronde :
 Silvia NOUGAROL, Recovering
 Mokrane CHEBLI, Qualiconsult
 Damien BENARD, Vinci Construction/SOGEA Nord-Ouest
 Rym MTIBAA, Recylum
Recovering a élaboré un référentiel de gestion de chantier, à la demande du syndicat des recycleurs
du BTP, suite au constat de l’impact limité et des exigences faibles des labels de type HQE. Ce
référentiel s’articule autour de principes et engagements portant sur la gouvernance et la
transparence de l’entreprise, la conformité réglementaire, le respect de l’environnement et la maîtrise
des impacts liés à l’exploitation, la sécurité des personnes et le respect des conditions de travail ainsi
que la performance de l’entreprise. A ce jour, une quinzaine d’entreprises l’utilisent et des maîtres
d’ouvrage commencent à le demander sur leurs opérations.
4
Le rôle du maître d’ouvrage est central puisque c’est lui qui impulse la dynamique grâce à sa position
de donneur d’ordre. Le maître d’œuvre, quant à lui, doit être le chef d’orchestre sur le terrain, au
contact des entreprises.
Qualiconsult est un bureau de contrôle qui accompagne les maîtres d’ouvrages et leurs entreprises
pour une gestion efficace et intelligente des chantiers, y compris le volet déchet. Une expertise a ainsi
été développée, basée sur une approche pédagogique qui repose sur les étapes du chantier.
C’est dès la conception de l’opération qu’il faut définir les exigences auxquelles devra répondre le
chantier par exemple avec la charte « Chantier à faible impact environnemental », avec un « Schéma
d’Organisation et de Gestion de l’Evacuation des Déchets ».
Ensuite, il faut traduire ces exigences dans l’organisation du chantier : tant sur le plan de l’organisation
de l’espace que de mobilisation des intervenants sur le chantier, avec une présentation et un plan
d’organisation remis à chacun.
Pendant le chantier, il faut s’assurer de visites régulières permettant un reporting au fil de l’eau, avec
fiches de suivi et photos, collecte des bordereaux d’évacuation, …
En phase de réception, le bilan du chantier doit de façon indispensable détailler la partie gestion des
déchets.
Dans la pratique, les situations varient fortement en fonction de la taille des entreprises, des modalités
d’allotissement. En général, plus les entreprises sont petites, plus il faudra prévoir de sensibilisation et
de communication.
Vinci Construction met en œuvre la gestion des déchets sur ces chantiers et par exemple sur
l’opération rouennaise du quartier Luciline. La première étape, bien en amont, consiste à s’interroger
sur l’optimisation des ressources. Calculer les besoins au plus juste, c’est choisir une mise en œuvre de
qualité, précautionneuse et peu génératrice de rebus. Sur le chantier, l’organisation spatiale de la
gestion des déchets doit être adaptée aux pratiques des ouvriers : il s’agit par exemple d’identifier les
cheminements logiques pour leur éviter de porter des charges lourdes. Les équipes de chantier seront
d’autant plus encline à suivre le plan de gestion des déchets que le dispositif leur rend la tâche facile
et protège leur santé.
Autre dimension dans l’approche Vinci, celle du label interne « Attitude Environnement ». Ce label aux
critères évolutifs permet de valoriser les bonnes pratiques des équipes.
Néanmoins, il reste du chemin à parcourir, notamment pour mobiliser les sous-traitants qui parfois ne
sont pas encore tout à fait entrés dans la culture du réemploi, de la réutilisation et du recyclage.
Recylum porte le projet DEMOCLES, réunissant l’ensemble de la chaîne des acteurs concernés par les
déchets du second œuvre générés par les opérations de démolition ou de réhabilitation. A partir de 10
chantiers-test, il s’agit de définir un cadre relatif à la dépose sélective, pour une mise en filière de
recyclage à un coût maîtrisé. La finalité du projet vise également à établir des recommandations pour
la rédaction des documents de consultation des entreprises, le suivi en chantier, ou encore les
compétences nécessaires.
Cette démarche a permis de constater que les maîtres d’ouvrage restent encore trop peu avertis de
leurs responsabilités, peu outillés pour faire face à la complexité de la réglementation. Pour autant, les
exigences qu’ils sont en capacité de poser constituent la clé pour atteindre les performances
attendues. Il faut également inciter les entreprises à retravailler l’amont, c’est-à-dire l’optimisation des
matières premières : un gâchis monumental est largement constaté.
Lors des échanges, l’initiative du SDOMODE sera rapidement présentée : ouverture de 4 déchèteries
professionnelles pour répondre, entre autres, à la problématique des décharges illicites.
5
4. Des outils à disposition des entreprises
Cécilia GODIN, FRTP
Cécile LAMBERT, AREBTP
L’AREBTP constitue un outil pour les entreprises et les collectivités, leur permettant d’être
accompagnées sur les questions réglementaires, sur les bonnes pratiques et sur la connaissance du
territoire.
MyFRTP5 est une application mobile qui permet de localiser les sites de production et de valorisation
de granulats en Normandie et ainsi d’optimiser les flux et coûts de transports.
5. Les filières de valorisation
Table ronde :
 Raphaël BODET, UNPG
 Silvia NOUGAROL, Recovering
 Stéphane LEVESQUE, Eurovia/CBN
 Pierric HOURCOURIGARAY, ADRESS
L’UNPG porte le projet de recherche collaboratif Recybéton qui s’achèvera fin 2016. Il vise le recyclage
complets des bétons, issus de chantiers de déconstruction, pour les besoins de construction et
s’articule autour de 7 thématiques : travaux d’accompagnement, technologies et procédés, matériaux
et structures, développement durable, règlementations et normes, valorisation, mélange de granulats
naturels et recyclés. En s’appuyant sur des chantiers expérimentaux, un rapport de recherche sera
publié en 2017, complété par des recommandations. Ce projet s’appuie également sur des expériences
européennes d’utilisation de granulats recyclés. Il en résulte que la faisabilité industrielle du recyclage
du béton est prouvée.
Recovering a participé au projet européen d’économie circulaire sur la plaque de plâtre Gypsum to
Gypsum. En la matière, des objectifs sont fixés : 250 000 tonnes de déchets externes recyclés d’ici
2020. A l’heure actuelle, le recyclage atteint le tiers de cet objectif appelé le « Green Deal ». Ce projet
s’intéresse à toute la chaîne de valeurs et aborde ainsi les enjeux liés à l’écoconception, la démolition,
la collecte et le tri, la qualité et les potentialités de réintégration dans les process de fabrication. Le
principal défi identifié est celui de la mobilisation du gisement par la systématisation de la
déconstruction et de tri directement sur les chantiers. Le projet reste en cours de mise en œuvre.
Eurovia/CBN travaille en Normandie sur la valorisation paysagère des déblais. L’exemple de la carrière
d’Yville sur Seine est détaillé : dans le cadre d’un arrêté préfectoral, il s’agit de créer une zone humide
et d’assurer un suivi écologique. Une thèse de recherche est dans ce cadre financée sur le thème
« Restauration écologique de prairie humide à vocation agricole suite au comblement d’une ballastière
en basse vallée de Seine ».
Les acteurs du BTP peuvent ainsi agir pour la restauration d’écosystème. Pour ce faire, il est
indispensable de régler la problématique des décharges sauvages qui disséminent une ressource non
négligeable. Avec cette valorisation paysagère, les matériaux inertes non valorisables, c’est-à-dire
dépourvus de propriété technique intéressante, peuvent retrouver le chemin d’un cycle économique
à valeur ajoutée pour l’environnement.
L’ADRESS promeut le développement en Normandie de l’entrepreneuriat social et solidaire. Les
acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) ont un savoir-faire en matière d’économie circulaire et
de réemploi, d’Emmaüs à Envie, en passant par les ressourceries notamment. Les entreprises
5
Lien vers la version de l’application développée en région Limousin
6
d’insertion y apportent une dimension sociale importante pour l’emploi et la lutte contre la précarité
dans les territoires. Des initiatives existent dans le champ de la valorisation d’isolants thermiques et
de fenêtres en bois, la déconstruction, … Ces acteurs peuvent être mobilisés autour de projets
expérimentaux et innovants du fait de leurs capacités et expériences en matière de logistique du
réemploi. Il est primordial que ces filières de la valorisation des déchets du BTP intègrent l’ESS dans le
tour de table des parties prenantes.
6. Réemploi et intégration de matériaux de seconde main dans la
construction
Table ronde :
 Julie BENOÎT, Bellastock
 Coline RAILLON, SNED
 Clément NATAF, Albert & Co
Bellastock s’attache à proposer la programmation du réemploi en architecture. C’est avec cet objectif
que l’association est intervenue sur l’opération de création du centre de recyclage du Havre. Avec le
cabinet d’architecte missionné et le maître d’ouvrage, la méthodologie utilisée consiste à mener une
réflexion poussée sur la place du réemploi dans le projet en conception : dans quel environnement
patrimonial et architectural s’inscrit-il ? Quelles opérations de démolition seront engagées à proximité
et dans le même calendrier que le projet ? A partir de l’analyse de ces éléments, il est proposé des
interactions en circuits courts et en flux directs entre les sites de déconstruction et le site à construire.
C’est alors un projet territorial de réemploi qui est mis en œuvre. Il nécessite une ouverture d’esprit
forte du maître d’ouvrage afin de porter un autre regard sur les matériaux de seconde main.
Le SNED compte 150 adhérents dans les domaines de la démolition, de la découpe du béton et du
désamiantage. Afin de faciliter le réemploi des matériaux de déconstruction, il est indispensable de
connecter l’offre et la demande. De cette nécessité est né Imaterio, bourse aux déchets du BTP. Cette
plateforme Internet permet de publier et de répondre à des annonces, de créer des listes de diffusion,
de programmer des alertes et de faire des recherches à partir de critères à sélectionner. De plus, le
site permet de retrouver l’ensemble de la réglementation en vigueur. A ce jour, après 4 mois d’activité,
le site compte un peu moins d’une centaine d’utilisateurs. Sa pertinence à long terme implique que les
acteurs jouent le jeu en participant à la vie de la plateforme.
Albert & Co est une société coopérative qui travaille entre autres sur la problématique de
l’allotissement. Sur l’opération de réhabilitation de la Grande Halle à Paris, il s’agissait de trouver une
solution permettant de créer un lot « réemploi de matériaux ». Une des principales questions porte
sur la possibilité de répondre aux obligations d’assurance décennale tout en intégrant le réemploi.
L’option choisie consistait à faire de ce lot une plateforme de matériaux recyclés, et de prévoir une
rémunération sur une base forfaitaire, complétée par un marché à bon de commande. Mais une
difficulté ne doit pas être éludée : il est difficile pour le maître d’œuvre de chiffrer ce lot en amont...
Quelle reproductibilité de cette démarche ? Il est nécessaire pour cela de trouver des entreprises
intéressées et qualifiées pour répondre à ce type de marchés. Cette expérimentation a été rendue
possible parce que l’ensemble des parties prenantes travaillait de concert.
Lors des échanges avec la salle, on apprendra que l’ADRESS vient de lancer un groupe de travail
réunissant des entreprises rouennaises du BTP sur la question du réemploi des matériaux de
construction.
7
L’ADEME aux côtés des acteurs, Fabrice LEGENTIL, Directeur régional de
l’ADEME Normandie
L’ambition de 70% de valorisation des déchets du BTP doit être l’affaire de tous. Atteindre cet objectif
nécessite de penser cet enjeu dès la conception des projets, jusqu’à anticiper la phase « lointaine » de
déconstruction. Pour ce faire, l’ADEME est présente et souhaite accompagner les acteurs sur une
approche en Analyse de Cycle de Vie (ACV) à intégrer dès les appels d’offre. C’est aussi la logique de
circuits courts qu’il faut privilégier.
Convaincre et optimiser, Benoît LANFRY, Président de l’AREBTP Normandie
Optimiser la valorisation des déchets du BTP nécessite de convaincre l’ensemble des acteurs de la
chaîne de valeur. En cela, l’AREBTP se positionne comme « une passerelle de conviction ».
8
Téléchargement