RETROSPECTIVES ET DEVELOPPEMENTS
Aux alentours de 3000 av. J.-C. (à l'âge de Bronze), commence la
civilisation crétoise, ou des Cyclades, qui sera remplacée par celle des
Minoens (tirée de Minos célèbre roi légendaire de la Crète) puis enfin par la
civilisation mycénienne vers 1550 av. J.-C. Cette période de –3000 à –1550
correspond à la préhistoire grecque. Nous n'avons que des informations
fragmentaires à son sujet. Notons qu'il est admis que jusqu'à cette époque un
culte consacré à une déesse unique était en vigueur. Il n'est d'ailleurs plus
contredit que durant près de 25 000 ans, les premiers Européens ont voué un
culte à ce symbole de Nature et source de vie ; la Grande-Déesse-Mère qui fait
naître les enfants et pousser les plantes. Les premières vagues indo-
européennes de guerriers semi-nomades, éleveurs de chevaux, ont déferlé sur
le Vieux Continent aux alentours du Ve millénaire av. J.-C. – d'abord sur les
bords de la Volga avant de se répandre sur tout le reste de l'Europe. Ils
imposèrent leur langue, leur pouvoir… et leurs dieux : masculins, violents,
autoritaires.24 Reléguant petit à petit la Déesse du matriarcat primitif à une
figure de second plan. Nous verrons cependant que chez les Grecs de
l'Antiquité, le compromis entre anciennes et nouvelles croyances fut de
rigueur. C'est aux alentours de 1200 av. J.-C. – période dite des siècles
sombres et marquée par la légendaire guerre de Troie25 – que les chroniqueurs,
historiens, prosateurs et poètes commenceront à conter les mythes et légendes
de leur peuple. C'est à partir de là que nous commencerons à piocher dans les
récits politico-religieux d'Homère ou d'Hésiode (les mythographes grecs les
plus fameux). Nous éviterons (espérons-le !) de sombrer dans les affabulations
appauvrissantes ajoutées par des Grecs, ne comprenant plus le sens originel du
mythe, en raison de l'usure des siècles. La civilisation des Cyclades, socle de
la future Grèce classique, avait établi depuis longtemps des relations
commerciales avec les Égyptiens.26 L'influence égyptienne débuta sans doute
dès les premiers échanges, se propageant de façon diffuse dans les futurs
cultes rendus sur l'ensemble du monde grec. De la même façon, les Grecs
seront inspirés des rites et dieux assyriens ; les deux peuples se croisant à un
incroyable carrefour multiculturel, l'Anatolie. Les Assyriens auraient même
constitué, selon certains chercheurs, une partie du peuple de la civilisation
24 Marija Gimbutas, Le langage de la Déesse, Éd. Des femmes/Antoinette Fouque, 2005.
25 Une guerre de Troie qui ne s'est peut-être finalement jamais déroulée à l'époque et au lieu qui
sont présentés de nos jours comme son cadre théâtral ; nous en rediscuterons dans le Tome 3.
26 Nous avons eu la preuve il y a peu que le commerce antique avait une portée plus importante
que ce que nous pensions jusqu'alors. L'analyse récente (fin 2014) de pierres précieuses
contenues dans la tombe d'un guerrier danois de l'âge de Bronze a montré la présence de
matériaux en provenance de Nippur (ancienne Mésopotamie) et d'Amarna (Égypte). Certains
scientifiques suggèrent qu'il ait pu exister une antique route de l'Ambre reliant les contrées de
la m e r B al t i q u e e t l es c iv i l is a ti o n s d u cr o i s s a n t f e r t i l e . S o u r c e :
http://www.archaeology.org/news/2771-141211-denmark-egypt-glass.
23