position genu pectorale chez le grand,
en lui demandant de pousser. La marge
anale est saine dans le prolapsus, par-
fois légèrement érythémateuse. Le
prolapsus est parfois reproductible en
consultation lors des efforts de poussée.
On fait ou non un toucher rectal selon
l’avancement du diagnostic, à la
recherche d’un polype rectal ; on peut
palper simplement des selles dures
encombrant le rectum. Le tonus sphinc-
térien est normal, ainsi que celui des
releveurs.
DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE
Prolapsus dû à une constipation
chronique
On s’enquiert du transit habituel (on
peut considérer qu’un enfant de 3 ans
est constipé s’il a moins de deux ou
trois selles par semaine, et/ou si ses
selles sont dures, impactées d’émis-
sion difficile et douloureuse). Ce
cadre représente plus de 90 % des
prolapsus. Selon certains auteurs, le
prolapsus serait une complication de
3 % des constipations de l’enfant.
Prolapsus dû à une poussée trop vio-
lente de selles molles (dans le cadre
d’un syndrome du côlon irritable ou
d’une diarrhée aiguë), ou d’une pous-
sée trop forte et “rectiligne” sur des
selles normales, lorsque l’enfant est
mis sur le pot
Prolapsus muqueux de la mucovis-
cidose
Un prolapsus pourrait survenir au moins
une fois chez 20 % des sujets de moins
de 5 ans atteints de mucoviscidose,
non traités pour leur insuffisance pan-
créatique externe, et chez 4 % des
enfants suffisants pancréatiques. Le pro-
lapsus peut être révélateur de la muco-
viscidose, et impose de rechercher des
signes associés (signes de malnutrition,
affections respiratoires sous-estimées,
ballonnement abdominal et selles
d’aspect gras).
Prolapsus chez un enfant ayant été
opéré d’une malformation anorectale
Ce cas est tout à fait à part. Le prolap-
sus est dû au glissement de la partie
distale de la muqueuse rectale à tra-
vers un sphincter faible ou inexistant.
Cela nécessite souvent une reprise
chirurgicale de la partie terminale du
montage.
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
Il n’y a pas d’indication à faire une
rectoscopie, sauf s’il y a un doute diag-
nostique avec un polype rectal (polype
juvénile).
La pratique d’un test de la sueur est
une nécessité souvent difficile à expli-
quer aux parents.
TRAITEMENT ET ÉVOLUTION
Le prolapsus muqueux n’entraîne pas
de complications, en particulier pas
d’étranglement, et est indolore ; au
maximum, il peut apparaître de petites
lésions de rectite avec un léger suinte-
ment hémorragique. Le traitement con-
siste à éviter la poussée excessive et à
diminuer l’adhérence du bol fécal.
Chez l’enfant en phase d’apprentissage
de la continence, il faut éviter la mise
sur le pot en position accroupie, ne
pas insister pour la propreté et propo-
ser plutôt les toilettes avec un “réduc-
teur” pour une défécation jambes pen-
dantes ; au maximum, on conseille de
revenir aux couches, avec défécation
en décubitus.
Il faut faciliter l’exonération au long
cours (minimum 3 mois), en prescri-
vant un lubrifiant (Laxamalt®) en cas
de selles normales, l’association d’un
lubrifiant et d’un laxatif osmotique en
cas de constipation (association Laxa-
malt®et Forlax®). Le traitement néces-
saire est de 3 à 6 mois, mais il est
nécessaire de revoir l’enfant avant
cette échéance pour s’assurer de la
diminution de fréquence ou de la dis-
parition des épisodes de prolapsus.
Chez l’enfant atteint de mucovisci-
dose, le prolapsus disparaît avec le
traitement de l’insuffisance pancréa-
tique externe.
Chez l’enfant opéré de malformation
anorectale, un prolapsus récidivant
nécessite une réévaluation chirurgicale.
ÉVOLUTION
Soit le prolapsus ne récidive pas ou
s’espace et disparaît sous traitement
lubrifiant et/ou laxatif osmotique : on
diminue et on interrompt progressive-
ment le traitement au bout de 6 mois.
Soit le prolapsus récidive systémati-
quement malgré un traitement bien
suivi : il y a alors indication à des
injections sclérosantes, réalisées sous
anesthésie générale par un chirurgien
pédiatrique. On pratique en trois séances
successives espacées de 2 ou 3 semaines
des injections à 8 heures, 12 heures,
4 heures en décubitus dorsal. L’injection
se fait en passant par la marge anale.
Le point d’injection se situe en haut du
canal anal sous la muqueuse ; il est
repéré et l’injection guidée par un doigt
intrarectal. Le produit injecté est du
chlorhydrate de quinine-urée à 5 %.
CONCLUSION
Le prolapsus muqueux rectal est une
pathologie bénigne qui inquiète beau-
coup l’entourage de l’enfant. Il est le
plus souvent une complication de la
constipation, et nécessite un traite-
ment au long cours pour faciliter la
défécation. La seule réelle inquiétude
est de ne pas reconnaître une muco-
viscidose. ■
D o ssi e r th m ati q ue
Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 4 - oct.-nov.-déc. 2003
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