Il y a bel et bien du Néandertalien en nous
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De plus, cette combinaison génétique se rencontrait chez les
populations d’origine européenne, asiatique, australienne et
amérindienne, mais était absente chez les Africains. En 2003,
son équipe émet l’hypothèse que ce variant génétique de
source inconnue devait possiblement provenir d’une population
archaïque ayant évolué à l’extérieur de l’Afrique. Même si le
génome du Néandertalien n’était pas séquencé à cette époque,
les membres de l’équipe ont familièrement baptisé ce segment
« haplotype de Néandertal », un haplotype étant une suite des sites polymorphes d’un
fragment d’ADN qui contient la signature d’un lignage génétique particulier.
En 2010, on réussit à séquencer le génome néandertalien à plus de 60 %. Le professeur
Labuda dispose alors d’un matériel de comparaison lui permettant de vérifier son hypothèse.
L’analyse comparative montre que la signature génétique de l’haplotype archaïque en
question provient du génome de Néandertal.
Pour le chercheur, il n’y a plus de doute possible: « Des croisements féconds entre
Néandertal et Homo sapiens ont bel et bien eu lieu », affirme-t-il convaincu. Cette conclusion
est également partagée par des chercheurs qui ont participé au séquençage du génome
néandertalien.
Mais se pourrait-il que la même série de mutations se soit produite à la fois chez l’homme de
Néandertal et chez l’homme moderne sans qu’il y ait eu de croisements entre les deux? « Ce
n’est pas impossible, mais il est hautement improbable qu’une même mutation survienne
deux fois au même endroit du génome », répond le chercheur.
Le fait que l’haplotype ne se retrouve pas chez l’Homo sapiens africain indique que ces
allèles sont apparus chez le Néandertalien et que c’est ce dernier qui a transmis ces gènes à
l’homme moderne.
Au moins deux croisements
Selon l’équipe de l’Institut Max-Planck, de un à quatre pour cent de notre génome
proviendraient des Néandertaliens. En outre, de quatre à six pour cent de l’ADN de certaines
populations asiatiques, dont les Mélanésiens, proviendraient de l’homme de Denisova, un