Ronéo P2 n° 3 T3 Semaine du 24/04 au 28/04/17 Ouvre ton compte à la BNP ! Le formulaire est dans ton mail de la semaine, mais tu peux surtout utiliser ce flashcode pour y accéder !! 1 2 Sommaire de la ronéo n° 1 du 3e trimestre Semaine du 27 au 31 mars Errata et précisions ................................................................................................................................ 5 UE 8 Immunologie .......................................................................................................................................................... 7 Cours 13 : Cours de révisions interactif .................................................................................................... 7 Cours 15 : Physiologie des réponses lymphocytaires T, activation et différenciation des lymphocytes T .................................................................................................................................................. 17 Cours 16 : Cytotoxicité, hypersensibilité retardée ............................................................................ 29 Cours 17 : La physiologie des réponses lymphocytaires B (1) : coopération lymphocyte Blymphocyte T .................................................................................................................................................... 47 Cours 18 : Les plasmocytes et les maladies auto-immunes............................................................ 69 Hématologie ........................................................................................................................................................ 79 Cours 5 : Cibles et mécanismes d’action des anticoagulants et des fibrinolytiques ............. 79 Cours 6 : Endothélium, lutte contre la thrombose, angiogenèse .................................................. 95 Cours 7 : Régulation de l’hématopoïèse myéloïde .......................................................................... 109 Cours 8 : Lymphopoïèse précoce et sa régulation ........................................................................... 123 Cours 9 : Eléments d’oncogenèse : hématologie et classification des hémopathies malignes ............................................................................................................................................................................. 137 Cours 10 : Physiopathologie des globules rouges ........................................................................... 149 Cours 11 : Métabolisme de la vitamine B12 et des folates, physiopathologie des anémies mégaloblastiques ......................................................................................................................................... 161 UE 9 Anatomie ............................................................................................................................................................ 173 Cours 4 : Anatomie du petit bassin féminin ....................................................................................... 173 Physiologie ........................................................................................................................................................ 187 Cours 4 : Régulation de la glycémie ...................................................................................................... 187 ED 2 : Physiologie des glandes endocrines ........................................................................................ 205 Histologie ........................................................................................................................................................... 225 Cours 5 : Histologie de l’appareil génital masculin ......................................................................... 225 TP1 : Les glandes endocrines ................................................................................................................. 251 3 TP2 : L’appareil génital masculin ........................................................................................................... 261 Sémiologie ..................................................................................................................................................... 271 Cours 5 : Définitions et termes utilisés en gynécologie, examen gynécologique et sémiologie de la glande mammaire ...................................................................................................... 271 4 ERRATA ET PRECISIONS Pas de nouveautés cette semaine. Pensez à aller consulter le doc dans le Drive « Parcours & extras » ! Ça avance la ronéo ?? La RB : 5 6 UE8 – Immunologie et hématologie– Immunologie - cours n° 13 RT : Imane IDYAHIA 24/04/2017 RL : Carole GHANAME Pr Peter Van Endert [email protected] Cours de révision interactif I. Les cellules NK II. Présentation antigénique et CMH III. LT – Activation et différenciation IV. Réponses à médiation cellulaire V. Réponses B VI. Interférons de type I Abréviations : NK : Natural Killer IL : Interleukine CD : cellule dendritique LB : Lymphocyte B LT : Lymphocyte T IFN : Interferon TcR : T cellreceptor CMH : complexe majeur d’histocompatibilité Mot du RT : Petit cours de synthèse/révision avec 10 QCMs portant sur les cours 2 à 12. Le professeur en a profité pour rappeler les modalités de l’épreuve : au format QCM/QCU et QROC. Pas de gros pavés attendus, mais plutôt des mots clés, le tout sur tablette. Ronéo relue par le prof. 7 I. Les cellules NK QCM1 :Les cellules NK: A - Sont des lymphocytes T et expriment le CD3 B - Interviennent dans les phases précoces de l’infection par différents pathogènes intracellulaires C – Expriment des récepteurs invariants D - Sont présentes dans les organes lymphoïdes secondaires mais pas dans le sang E - Contiennent des granules cyotoxiques Réponses : B, C, E A. FAUX. Les cellules NK n’expriment pas le TcR (T cellReceptor), donc pas complexe de signalisation CD3 non plus. Le TcR possède 2 chaînes : alpha et beta avec chacune une partie variable et une partie constante. Elles sont entourées, de part et d’autre par les unités de transduction du signal CD3. B. VRAI. Elles interviennent bien à la phase précoce. Dans une réponse virale par exemple, les cellules NK sont activées par l’IL12, une cytokine produite par les cellules dendritiques (CD). La cellule NK activée va ensuite produire de l’IFN-gamma, qui, avec l’IL12, orchestrera la réponse Th1. C. VRAI. Un groupe important de ces récepteurs est appelé KIR (killer inhibitor receptor). D. FAUX. On les trouve aussi dans le sang. E. VRAI. Ces granules contiennent des perforines(qui perméabilisent la membrane cellulaire) et des granzymes (qui activent la voie apoptotique de la cellule). QCM2 : Les cellules NK A - Subissent un processus « d’éducation » (« licensing ») au cours duquel leurs récepteurs interagissent avec les molécules CMH-I soi B - Doivent proliférer et se différencier avant de pouvoir acquérir des propriétés cytotoxiques face à une cellule anormale C - Elles reconnaissent l’absence de molécules du CMH de classe I, grâce à des récepteurs inhibiteurs D - Elles reconnaissent des molécules de « détresse » présentes sur des cellules anormales grâce aux récepteurs inhibiteurs E - La somme des signaux activateurs et inhibiteurs régule l’activation de la cellule NK Réponses : A, C, E 8 A. VRAI. Les cellules NK doivent apprendre quel est le niveau normal d’expression d’une molécule CMH-I pour savoir quelles cellules attaquer ou pas. B. FAUX. Il s’agit de cellules de l’immunité innée, prêtes à agir en cas de besoin et déjà munies de leurs granules cytotoxiques. Elles sont déjà différenciées. C. VRAI. Si la cellule ne présente pas suffisamment de molécules HLA-I cela est perçu comme étant anormal, et la cellule est détruite. D. FAUX. Elles reconnaissent bien des molécules de détresse mais grâce aux récepteurs activateurs. E. VRAI. II. Présentation antigénique et CMH QCM3 : Parmi les notions ci-dessous, lesquelles sont exactes ? A -Les peptides sont logés dans un sillon dont les parois sont formées par des feuillets beta B - Les peptides présentés par les molécules CMH-I ont une longueur supérieure aux peptides présentés par les molécules CMH-II C - Les peptides interagissent avec les chaînes latérales de résidus polymorphes au sein du sillon D - Dans un peptide, on distingue des résidus « ancres » et des résidus en contact avec le TCR E - Les peptides présentés par les molécules CMH-I sont en général ancrés dans quatre poches du sillon Réponses : C, D. A. FAUX. Les parois des sillons sont formées par des hélices alpha. Le plancher, lui est bien formé par des feuillets beta. B. FAUX. C’est l’inverse. Les peptides présentés par les molécules CMH-I ont une longueur de 9 acides aminés (aa)(8 à 10) et ceux présentés par les molécules CMH-II ont une longueur assez variable, entre 10 et 15 aa. C. VRAI. C’est bien au niveau des chaînes latérales des poches (dépressions) du sillon que l’on retrouve le plus grand nombre de polymorphismes constituant les motifs de fixations, propres à chaque molécule HLA. D. VRAI. Ces résidus ancres interagissent avec les résidus polymorphes au sein du sillon. Les positions de ces résidus, sont pour les peptides présentés par les molécules CMH-I : 2 et 9, et par les molécules CMH-II : 1,4,6 et 9. E. FAUX. Ils sont ancrés dans deux poches du sillon, en position 2 et 9. 9 III. Lymphocytes T – Activation et différenciation QCM4 : Parmi les notions ci-dessous, lesquelles sont exactes ? A - Un lymphocyte T ne peut être activé uniquement par un peptide du non-soi en association avec une molécule CMH du soi B - Le chaîne alpha du TCR reconnaît la molécule CMH et la chaîne beta le peptide C - Le terme « restriction de la reconnaissance des antigènes par les lymphocytes T » fait référence au nombre très limité de peptides reconnus par un TCR individuel D - Le TCR interagit avec des résidus polymorphes au sein des hélices alpha de la molécule CMH E - Le TCR interagit avec les domaines alpha 2 et alpha 3 d’une molécule CMH de classe I Réponse : D A. FAUX. Le « uniquement » rend la proposition fausse. Il y a deux autres cas où le LT peut être activé (exceptionnellement) • • autoimmunité : cellules autoréactives qui n’ont pas été purgées la réponse allo (contexte de greffe) où une molécule CMH du non-soi (du donneur) et un peptide du non soi peuvent activer le LT B. FAUX. Les chaînes alpha et beta contiennent toutes deux des CDR (ComplementaryDeterminingRegion) : CDR1, CDR2 et CDR3, qui sont à la fois en interaction avec le peptide et avec la molécule CMH (synonyme de HLA, chez l’homme). Les CDR-alpha3 et beta3 ont une position plutôt centrale. C’est la surface formée par le complexe peptide/CMH qui est détecté par l’ensemble duTcR. C. FAUX. / !\ La « restriction de la reconnaissance des antigènes par les LT », fait référence au fait que le TcR ne reconnait le peptide que s’il est lié à la bonne molécule HLA du soi. D. VRAI. C’est de cette manière que se différencient les molécules HLA. E. FAUX. Il interagit avec les domaines alpha 1 et alpha 2 d’une molécule CMH-I. Rappel : structure d’une molécule CMH-1 • • une chaîne lourde à 3 domaines : alpha1, alpha2 exposés au TcR du LT et alpha3, ancré à la membrane une chaîne légère beta2-microglobuline non polymorphe 10 QCM5 : Les lymphocytes T CD8 naïfs : A - Sont issus d’un précurseur produit dans le thymus B - Subissent une sélection thymique qui éliminera 50% d’entre eux C - Ont besoin d’être éduqués par la cellule dendritique pour devenir cytotoxique D - Une forte reconnaissance d’un complexe CMH-peptide sur la cellule dendritique est suffisante à leur éducation E - Une petite fraction des lymphocytes T CD8 cytotoxiques deviendront des cellules mémoires Réponses : C, E. A. FAUX. Les précurseurs sont produits dans la moelle osseuse. B. FAUX. Entre 90 et 95% seront éliminés. C. VRAI. D. FAUX. Item totalement faux. Une forte reconnaissance d’un complexe CMH-peptide par le LT est délétère et aboutit à l’élimination de la cellule. Cette affinité doit être non nulle, mais faible pour une molécule HLA du soi. E. VRAI. Les LTCD8 comme les LTCD4 peuvent laisser des cellules mémoires. La très grande majorité d’entre eux mourant par apoptose. QCM6 : La différentiation fonctionnelle des T CD4 A - Aboutit à une polarisation des cellules T CD4+ en lymphocytes TH1/TH2/Th17 ou Treg B - Va orienter la réponse immunitaire adaptative dans des actions différentes telles que la production d’anticorps ou la réponse T CD8 cytotoxique C - L’IL-4 est une cytokine de l’orientation TH2, alors que l’IFNg est une cytokine de l’orientation TH1. D - Les lymphocytes T CD4 TH1 induisent des réponses immunes les plus efficaces contre les virus, les bactéries et les tumeurs. E - La réaction allergique dépendante de la production d’IgE est indépendante de l’orientation immunitaire Th1 ou Th2 Réponses : A, B, C, D. 11 A. VRAI. Les LTCD4 se différencient en plusieurs sous-types, qui orchestrent différents types de réponses, que l’on distingue par les cytokines produites. • • • • Th1 IFN-gamma Th17 IL17 Th2 IL4 Treg (Tregulation) TGF-beta et IL10 B. VRAI. L’orientationTh1 mène à l’activation des LTCD8 (cascade de l’IL12, IFN-gamma...) et l’orientationTh2 mène à la production d’anticorps par activation et différenciation des LB. C. VRAI. D. VRAI. E. FAUX. La réaction allergique dépendante de la production d’IgE est dépendante de l’orientation immunitaire Th2. IV. Réponses à médiation cellulaire QCM7 : Les réponses effectrices à médiation cellulaire: A - Peuvent dépendre de cellules qui portent une spécificité antigénique B - Peuvent dépendre de cellules qui ne portent pas de spécificité antigénique C - Sont indépendantes de la réponse humorale D - Peuvent dépendre du système du complément E - Jouent un rôle majeur dans l’élimination des cellules tumorales Réponses : A, B, D, E. A.VRAI. Ces cellules sont les LTCD8 et les LTCD4. B. VRAI. Ces cellules sans spécificité antigénique peuvent être les cellules NK ou bien des cellules présentatrices de l’antigène, à l’image des macrophages et des cellules dendritiques. C. FAUX. La réponse humorale intervient de deux manières : • • les LB internalisent les antigènes et les présentent aux LTCD4 l’opsonisation des antigènes : en les recouvrant d’anticorps reconnus par les récepteurs FC des macrophages et des cellules dendritiques, qui vont les internaliser pour les présenter. D. VRAI. Le complément a un effet d’activation et, comme les anticorps, d’opsonisation en recouvrant les pathogènes. E. VRAI 12 V. Réponses B QCM8 : À propos des réponses B thymo-dépendantes: A - L’interaction du lymphocyte B avec l’antigène a lieu dans la moelle-osseuse B - Les lymphocytes T folliculaires coopèrent avec les lymphocytes B via l’interaction de CD40L (L pour ligand) avec CD40 C - Les lymphocytes T folliculaires coopèrent avec les lymphocytes B via la synthèse de cytokines D - Après avoir été activé par un lymphocyte T folliculaire, les lymphocytes B peuvent migrer dans un centre germinatif pour proliférer E - Après avoir été activé par un lymphocyte T folliculaire, les lymphocytes B peuvent se différencier en plasmocytes produisant des IgM de faible affinité Réponses : B, C, D, E. A.FAUX. Elle a lieu dans les follicules des organes lymphoïdes secondaires. B. VRAI. Les lymphocytes T folliculaires sont d’ailleurs un sous-type des LTCD4. C. VRAI. L’interaction entre les LT folliculaires et les LB se décompose en 3 signaux : • • • signal 1 : reconnaissance de l’antigène par les Ig de surface du LB signal 2 : interaction CD40-CD40L signal 3 : mise en jeu de cytokines (IL2, IL4 et IL5) D.VRAI. Ce centre germinatif est le lieu de l’hypermutation somatique : processus aléatoire qui consiste, par des mutations dans les régions CDR des anticorps à augmenter leur affinité pour l’antigène; et de la commutation isotypique : remplacement des domaines constants des anticorps de manière à ce que la spécificité antigénique codée dans les domaines variables d’un anticorps soit transférée sur une IgG par exemple. E. VRAI. Dans le follicule, se produit l’interaction avec l’antigène, puis l’interaction avec le LTfh (LT follicularhelper) qui produit des cytokines. 90-95% des LB activés peuvent se différencier directement en plasmocytes et produire des IgM, de faible affinité car ils n’ont pas subi les processus d’hypermutation somatique et de commutation isotypique. C’est une réponse primaire. QCM9 : À propos de la réponse B: A - Les hypermutations somatiques permettent une diversification du répertoire des anticorps B - Les hypermutations somatiques introduisent des mutations ponctuelles dans les zones constantes des immunoglobulines C - La réponse primaire à un antigène thymo-dépendant conduit à la production majoritaire d’IgM de faible affinité 13 D- La réponse secondaire à un antigène thymo-dépendant conduit à l’expansion de lymphocytes B mémoires, et à la production majoritaire d’Immunoglobulines de forte affinité E - Les antigènes thymo-indépendants n’induisent pas de réponse «secondaire» accélérée et amplifiée Réponses : A, C, D, E. A.VRAI. B. FAUX. Ces mutations sont introduites dans les zones variables. C. VRAI. D.VRAI. La réponse secondaire est de plus forte affinité et est plus rapide. C’est la base de la vaccination. E. VRAI. C’est le cas par exemple des polysaccarides, contre lesquels une réponse mémoire est difficile à développer. VI. Interférons de type 1 QCM10 : Les Interférons de type I: A - Sont principalement sécrétés par les cellules dendritiques myéloïdes B - Inhibent la synthèse des protéines virales mais sont produits tardivement C -Augmentent l'expression des molécules HLA de classe I sur les cellules infectées D- Stimulent l'activité des cellules NK E - Possèdent des activités immunomodulatrices Réponses : C, D, E. Les IFN1 sont de type alpha et beta. A.FAUX. Ils sont principalement sécrétés par les CD plasmacytoïdes (pCD), qui se trouvent uniquement dans les organes lymphoïdes secondaires. B. FAUX. Les IFN1 ont un effet antiviral direct sur la cellule, donc leur production est rapide. Ils appartiennent au système immunitaire inné. C. VRAI. Par exemple, dans le cas d’un traitement de l’hépatite C par l’IFN-beta, ce dernier augmente l’expression des molécules HLA-I par lescellules bêta des ilots de Langerhans (du pancréas) ce qui cause un diabète auto-immun par destruction de ces ilots. D. VRAI. E. VRAI. Mot du RT : Si vous voulez encore vous entrainer, dans la ronéo 2 de l’an dernier il ya des QCMs différents de ceux là! 14 UE8 – SICS – IMMUNOLOGIE - Cours n° 15 RT : Lahmi Chloé 25/04/2017 RL : Couturaud Agathe Franck Pagès, [email protected] Physiologie des réponses lymphocytaires T Activation et différenciation des lymphocytes T Plan : I. Rappels A. Les organes lymphoïdes B. Le répertoire lymphocytaire T II. L’activation et la différenciation du lymphocyte T : concept des 3 signaux A. La cellule dendritique B. C. D. E. 1er signal : interaction TCR/CMH-peptide 2nd signal : co-stimulation 3ème signal : cytokines En résumé III. Devenir des lymphocytes T activés IV. Conclusion Abréviations : DC : Cellule dentritique TCR : récepteurs des lymphocytes T LT : lymphocyte T Ag : Antigène CPA : cellule présentatrice d’antigène GR : Globule rouge IL 2 : interleukine 2 CD : Cellule dendritique 15 I. Rappels A. Les organes lymphoïdes Organes lymphoïdes primaires (centraux) C’est le lieu où l’on fabrique des effecteurs lymphocytaires matures, mais naïfs. Ils vont partir en périphérie et être sélectionné s’il y a besoin au niveau d’organes lymphoïdes secondaires. Ils acquièrent leur spécificité antigénique avec un recepteur à l’antigène mature, mais ils demeurent naïfs. Le lymphocyte T nait dans la moelle osseuse et mature dans le thymus. Son récepteur à l’antigène est le TCR. Le lymphocyte B, nait et mature au même endroit : la moelle osseuse., et son récepteur est l’immunoglobuline. Organes lymphoïdes secondaires (périphériques) C’est le lieu de mise en place des réponses immunitaires et de la coopérations antigène-cellules lymphocytaires. • Ganglions Lieu de filtration de substances exogènes et bactéries (macrophages, DC). On a des sites de drainage qui vont converger vers les ganglions et où vont se retrouver des cellules dendritiques qui ont capté un antigène et qui vont sélectionner les bons lymphocytes pour pourvoir mettre en place cette réponse adaptative. Il y a donc tout un jeu de sélection et une co-localisation antigène/lymphocyte T, indispensable à l'activation de ce dernier -> c’est le siège de l’éducation lymphocytaire et son activation • Rate C’est l’organe phagocytaire principal • MALT (Mucosa-Associated lymhoïd Tissues) Il assure la protection de 400 m2 de muqueuses B. Répertoire lymphocytaire T La grande diversité du répertoire (qui devra couvrir l’ensemble des motifs antigéniques qui pourraient être trouvés dans le monde extérieur) est le fruit des recombinaisons et de la diversité jonctionnelle. Cela va créer des TCR uniques avec des motifs hypervariables (CDR) en contact avec le CMH/Peptide. Cette diversité est indispensable pour appréhender les différentes attaques de notre organisme. L’éducation thymique se fait sur des motifs CMH/peptides du SOI (AIRE). Le but est d’avoir un récepteur à l’antigène qui soit capable de reconnaître le CMH peptide, cependant l'affinité ne doit pas être trop forte, dans ce cas-là il y aurait un risque d’auto-immunité. Le répertoire de LT est donc auto-réactifs mais pas auto-immuns! Les lymphocytes T sélectionnés par le thymus vont s’activer en périphérie par des réactions croisées secondaires à des similitudes tridimensionnelle CMH/peptide. Le thymus va involuer à partir de l’adolescence/jeune adulte : la génération de nouveaux 16 répertoires lymphocytaires va être de plus en plus pauvre. Il y aura une diminution de lymphocytes naïfs mais surtout il y aura un reliquat lymphocytaire qui est en fait des cellules mémoires qu’on a généré sur des conflits antérieurs. Plus les années passent, plus l’on s’appuie sur notre répertoire mémoire, le pool naïf s’amenuisant. II. Activation et différenciation des lymphocytes T Les lymphocyte T naïfs qui sortent du thymus migrent ensuite dans un organe lymphoïde secondaire. Ils s’activent s’ils reconnaissent un Ag (CMH/peptide) présenté par des cellules spécialisées (CPA). Pour s’éduquer (= activation), le lymphocyte a besoin : - L’interaction entre TCR et CMH/peptide (1er signal) De molécules de co-stimulation (2ème signal) - De cytokines (3ème signal). - Rappel : un lymphocyte T CD8 naïf est programmé pour aller vers le ganglion (signaux d'entraînement CD45RA+, CD62L, CCR7+). Le "permis de tuer" est délivré par la CPA. A. Les cellules dendritiques : un rôle clef. Elles sont équipées d’une panoplie de récepteurs de reconnaissance à l’antigène (TLR,..). Ce sont des cellules qui sont à l’interface entre l’immunité innée et l’immunité adaptative. Au début, ce sont des cellules de l’immunité innée. La DC immature a des grosses capacités de phagocytose (un peu comme un macrophage), mais en même temps elle a une panoplie de récepteurs de reconnaissance de pathogènes ( TLR : toll like receptor,..) qui va la renseigner sur la qualité/nature de l’agent qu’elle est en train d’ingérer. Cela va lui permettre de comprendre ce qui se passe pour donner les bons signaux aux lymphocytes T et par la suite pour orienter la réponse immunitaire. C’est cette cellule dendritique qui va décider de l’orientation immunitaire qu’elle va donner au lymphocyte. La migration de la CD dans le ganglion est permise par l’acquisition d’un récepteur à chimiokines : CCR7 et par l’expression d’un gradient de chimiokines (CCL19 et CCL21). Elle va migrer vers les ganglions pour se mettre à la disposition des lymphocytes, aller sélectionner les lymphocytes qui vont pouvoir réaliser l’élimination de cet agent. Les cytokines inflammatoires présentes sur le lieu de l’inflammation ainsi que la phagocytose de l’antigène vont permettre à la DC de devenir mature. En migrant elle change totalement de structure : - Son nombre de dendrites va augmenter (cela augmente la surface de contact et va lui permettre d’être en relation avec le maximum de lymphocyte en un moment donné : une DC peut tester 500 17 lymphocytes T/heure). - L’expression des molécules du CMH va aussi augmenter, - Elles vont se mettre à exprimer des molécules de co-stimulation. Ces différentes modifications vont permettre une présentation de l’Ag optimale. Suite à la rencontre entre la CPA et l’Ag, il y aura une sélection des LT puis 2 issues possibles : une réponse humorale ou une réponse cytotoxique. Les cellules dendritiques vont orienter la différenciation des T CD4 vers une réponse Th1/Th2/Th17. Elles ont également une capacité unique de stimulation initiale des lymphocytes T CD8+ "naïf" Pour conclure, le permis de tuer est vraiment délivré au niveau du ganglion par la CD. Conclusion de cette première partie Activation et différenciation des LT: - Induction de la réponse primaire dans les organes lymphoïdes périphériques - Migration des DC par la lymphe vers les tissus lymphoïdes (CCR7/CCL19 et CCL21) - Les DC activées sont retenues dans les zones T des ganglions NB : un LT peut être activé par une CPA n'exprimant que 0.03 % de CMH/peptide spécifique. L’éducation des lymphocytes T naïfs par les DC matures se fait par le biais de 3 signaux : Signal 1 : interaction TCR/CMH peptide Signal 2 : costimulation Signal 3 : cytokines (polarisation Th1 ou Th2 ou Th17 ou Treg ou..) 18 B. L’interaction TCR/CMH-peptide : 1er signal TCR/CMH-peptide : comme on l’a vu plusieurs fois c’est une reconnaissance tridimensionnelle sur le système clef-serrure. Cette interaction se réalise au sein d’une structure dynamique qui va se construire : une synapse immunologique. La synapse immunologique : qu’est-ce que c’est ? Le lymphocyte T va émettre des protubérances membranaires qui vont faire que l’ensemble des éléments de la membrane du LT (nécessaires à l’interaction TCR/CMH peptide) vont se placer de façon spécifique - Au centre : le lymphocyte T avec son TCR, le corécepteur (CD4, CD8) et la co-stimulation - En périphérie : Les molécules d’adhésion. Cette configuration-là, cette redistribution au niveau sein des radeaux lipidiques, fait qu’on crée un élément de la plus forte stabilité possible. Ce complexe a pour but d’avoir un maximum de cohésion possible entre le lymphocyte T et le TCR 19 Le TCR reconnaît un motif 3D composé d’un peptide au sein d’un CMH (et pas seulement un peptide=notion importante d'immunologie). Le lymphocyte T CD8 reconnaît des petits peptides issus de protéines intracellulaires logés dans le CMH de classe I. Les critères de stringence(=spécificité) sont plus importants. Les LT CD8 surveillent le contenu protéique des cellules de l’organisme et éliminent les cellules avec des protéines anormales (ex : une infection virale ou d’un cancer). C’est donc un moyen de sauvegarde de l’intégrité de nos cellules (les GR sont les seules cellules à ne pas exprimer CMH de classe 1) Le lymphocyte T CD4 reconnaît et surveille des peptides de plus grande taille issus de protéines exogènes et logés dans le CMH de classe II (présent seulement dans quelques types de cellules, comme les CPA). Il y a une acceptation d’un beaucoup plus grand nombre de peptides différentes. Les TCD4 vont être au contact des CPA et coopérer (« T helper » : lymphocyte T helper) par la production des cytokines pour orienter la réponse immunitaire (Th1, Th2 ou Th17), et par l’interaction avec des lymphocytes B pour produire des anticorps. L’engagement du TCR Le TCR, composé de deux chaines α et β ne peut pas transmettre de signal intracellulaire. Il est entouré d’un complexe transducteur de signal TCR, le complexe CD3. Il est formé de dimères constitués à partir de chaînes invariantes (gamma, delta, epsilon, et zêta essentiellement intracellulaire). Les parties intracytoplasmiques du complexe contiennent des motifs particuliers que l’on appelle les motifs ITAM (Immunoreceptor Tyrosine based Activation Motif) : motifs permettant l’activation des récepteurs par une tyrosine kinase. Ces motifs ont une séquence d’acides aminés particulière avec notamment des tyrosines qui pourront être phosphorylées. Ces motifs permettent le démarrage de la transduction du signal en activant des récepteurs par une tyrosine kinase qui aboutira à l'expression de gènes Remarque: Les déficits immunitaires combinés sévères (DICS) sont des déficits impliquant par exemple des défauts sur les chaines du complexe CD3 annulant ainsi l’activation du lymphocyte T 20 Mécanisme de transduction du signal du lymphocyte T jusqu’au noyau Il va y avoir une cascade de phosphorylation, en général sur des résidus tyrosine. Les enzymes responsables de ces phosphorylations sont des kinases. Le corécepteur CD4 (ou CD8) apporte une première kinase, Lck qui va phosphoryler un résidu tyrosine de ce motif ITAM. Cette phosphorylation va créer un site d’ancrage pour une autre kinase appelée ZAP70, qui va elle-même phosphoryler d’autres protéines. La cascade de phosphorylations va activer plusieurs voies différentes. Il y a trois voies principales qui sont activées - la voie NF kB - la voie calcineurine avec NFAT - la voie AP 1 Une des conséquences est l’activation de la transcription de gènes (qui va aboutir par à la production d’interleukine 2+++) mais cela va aussi induire une réorganisation de l’actine qui engage la cellule vers la prolifération et l’entrée dans le cycle cellulaire. Les corécepteurs CD4 et CD8 Ils permettent de subdiviser les lymphocytes T en « helper » et en cytotoxique. Ces corécepteurs interagissent avec des domaines conservés du CMH (I et II) et permettent d’apporter la première enzyme de la cascade de signalisation, Lck via leur domaine intracytoplasmique. Ils permettent aussi de renforcer la liaison entre le lymphocyte T et la cellule présentatrice de l’antigène : l’affinité du TCR pour le CMH peptide est multipliée par 100 si CD4 est présent. (NB : Le CD4 est le corécepteur de fixation VIH). Ils sont nécessaires pour la phosphorylation des tyrosines de CD3 (recrutent Lck) Conclusion sur le 1er signal : L’interaction TCR/CMH peptide entraîne une cascade de phosphorylation qui active des voies de transcription et de prolifération. Le 2ème signal va suivre ( co-stimulation). En l’absence de 2ème signal (B7/CD28), le processus d’activation est incomplet ce qui entraîne une anergie (le lymphocyte T va beaucoup moins bien réagir face à un antigène, il faudra une grande dose d’Interleukine 2 pour l’activer) ou une apoptose. Cette capacité à s'activer et à proliférer uniquement sous co-stimulation est importante car le répertoire est très auto-réactif à ce stade. 21 C. La co-stimulation : 2ème signal L’interaction principale de la costimulation est l’interaction CD28 sur le LT avec soit CD80 (B7 1) ou CD86 (B7 2) sur la CPA . Cette interaction va créer un signal de signal de signalisation positif qui va induire l’expression de CD40L (L pour ligand) à la surface du lymphocyte T, qui va interagir avec CD40 présent sur la cellule présentatrice de l’antigène. Cela va renforcer cette boucle d’activation. Il y a ensuite un rétrocontrôle négatif en fin d’activation du lymphocyte T : CTLA4 qui a le même ligand que CD28 avec une plus grande affinité. On va donc avoir un signal inhibiteur (par diminution du signal d’activation de CD28 par compétition à la fixation) pour éteindre la réponse. Il existe aussi d’autres interactions qui induisent une inhibition comme celle entre PD 1 sur le lymphocyte T et PD L1 sur la CPA. 2 exemples de régulation de l’activation des lymphocytes utilisés en cancérologie : C’est un jeu très fin qui se fait pour réguler l’activation des lymphocytes. Il a été créé des anticorps médicamenteux qui vont moduler ces récepteurs. Ils vont bloquer des signaux inhibiteurs ou activer des signaux activateurs. On va avoir une efficacité thérapeutique en cancérologie qui ouvre un champ complètement nouveau. 1) Exemple du mélanome : c’est une tumeur cutanée. Jusqu’à présent cette maladie est traitée par chirurgie quand on peut l’enlever et dans ces situations trop avancées on donne de la chimiothérapie. Quand on est à ce stade-là, la courbe de survie est catastrophique. Il y a moins de deux ans, un nouveau traitement a été mis en place. On donne maintenant un traitement qui ne cible pas la cellule tumorale mais un anticorps qui va bloquer ce signal PD1 (un des signaux inhibiteurs). On va donc favoriser la réponse immunitaire en déverrouillant des lymphocytes T capables d’attaquer la tumeur. La courbe de survie a été très largement amélioré (70% de survie à 15 mois contre 20% avec l’ancien 22 traitement) 2) Exemple de la kinase mTOR : Les signaux de co-stimulation d’activation lymphocytaire convergent vers mTOR (une kinase) un régulateur central du métabolisme et de la survie cellulaire qui régule la prolifération/croissance/mobilité/survie/synthèse protéique/transcription. Quand il y a une activation du TCR et que mTOR est mobilisée, cela va favoriser l’engagement dans le cycle cellulaire (progression de la phase G0 à G1) et l’expression de gènes codant pour l’IL 2 et l’IL 2R. Il existe des immunosupresseurs qui vont inhiber mTOR et empêcher cette activation du lymphocyte : la rapamycine, l’everolimus (inhibent à la fois la prolifération cellulaire lors des cancers, mais aussi la prolifération immunitaire) Notion de seuil d’activation Le seuil d’activation d’une cellule est atteint par une sommation d’informations. Pour le lymphocyte T, l’atteinte ou non du seuil d’activation va dépendre de : - La force d’interaction, c’est à dire de l’affinité du TCR pour le CMH peptide ; - Le nombre d’interactions (avidité) c’est à dire le nombre de TCR impliqués ; - Le temps d’interaction entre la cellule T et la cellule dendritique ; - Les molécules adaptatrices et de co stimulation ; - L’état physiologique de la cellule avant cette interaction. C’est l’ensemble de ces paramètres qui vont permettre de dépasser ou non le seuil d’activation du lymphocyte T. Rappel : le seuil d’activation d’un lymphocyte T mémoire est plus bas que le seuil d’activation d’un lymphocyte T naïf. D. Cytokines : 3ème signal Lors de l’interaction des CD4 avec les CPA il va y avoir une décision sur l’orientation fonctionnelle du lymphocyte en fonction des cytokines présentes dans le micro environnement et produites par la CPA. Le milieu cytokinique va orienter la différenciation des TCD4. Au départ la cellule T CD4 est Th0. Ensuite suivant les ordres qu’elle reçoit, la cellule T va se différencier en Th1, Th2, Th17, ou Treg. Selon le type de différenciation les fonctions immunitaires ne seront pas les mêmes : immunité cellulaire, immunité humorale, inflammation chronique, tolérance. 23 Un certain nombre de cytokines vont être produites pour orienter la différenciation (IL 12 et IFNγ (NK) pour Th1 et IL 4 et TSLP pour Th2). Ces sous populations sont mutuellement antagonistes ce qui signifie que l’engagement dans une voie de différenciation va inhiber l’autre. Mais il existe quand même une certaine plasticité entre les différents profils de T CD4 qui fait que cette différenciation Th1/Th2 n’est pas définitive. E. Résumé Signal 1 : Interaction TCR-CMH/peptide Signal 2 : Tout ce jeu de co-stimulation qui implique un très grand nombre de récepteurs (le plus important étant B7/CD28) Signal 3 : Ce jeu de cytokines qui en plus sont des médiateurs produit par la cellule dendritique 24 III. Devenir des lymphocytes T Une fois que l’éducation de ces populations immunitaires est terminée le lymphocyte T va partir en périphérie à travers les réseaux lymphatiques, canal thoracique et circulation sanguine pour enfin revenir sur le site du conflit antigénique pour commencer son travail et arriver à éradiquer le conflit et si possible garder une information grâce aux lymphocytes T mémoire. Après l’éducation lymphocytaire, les lymphocytes activés vont subir plusieurs cycles de divisions cellulaires : c’est l’expansion clonale (2 à 3 divisions par jour pendant 5 jours : moins de 10h par divisions), tous les lymphocytes T auront le MÊME TLR. Après résolution du conflit et élimination du stimulus immunitaire, il y a désactivation des lymphocytes (CTLA4, PD1), puis délétion clonale par apoptose : c’est la contraction. Cependant certains lymphocytes survivent et retournent à l’état quiescent : ce sont les lymphocytes mémoires qui constituent un échantillon réutilisable par l’organisme s’il est confronté au même stimulus. Il y a deux principaux types de cellules mémoires : 25 1. les cellules T mémoires effectrices (TEM) qui vont dans les tissus périphériques et qui ont des fonctions effectrices immédiates 2. les cellules T mémoires centrales (TCM) qui vont dans les organes lymphoïdes secondaires qui sont capables de se différencier et de proliférer en cellules effectrices. Ces deux types cellulaires sont reconnaissables phénotypiquement - TCM CD45RO+ et CD62L+, CCR7+ (récepteur présent sur la DC lui permettant d’aller dans le ganglion) - TEM CD45RO+ et CD62L- , CCR7 - IV. Conclusion - Migration des DC par la lymphe vers les tissus lymphoïdes (CCR7/CCL19 et CCL21) - Les DC activées sont retenues dans les zones T des ganglions Le lymphocyte T naïf arrive par la lymphe ou les vaisseaux (HEV) reçoit 3 signaux fournis par les DCs matures : - Signal 1 : interaction TCR/CMH-peptide - Signal 2 : co-stimulation - Signal 3 : polarisation (orienter Th1 ou th2 ou th17 ou Treg, ou…) En l’absence de 2ème signal (costimulation (B7/CD28) -> anergie Les T CD4 vont coopérer (Thelper) par la production de cytokines pour orienter la réponse immune (th1/Th2/Th17) et par l’interaction avec les lymphocytes B pour la production d’Ac Les T CD8 surveillent le contenu protéique des cellules de l’organisme (CMH1+) -> éliminent les cellules avec des protéines anormales. 26 Fiche récapitulative RAPPELS : 1) Les organes lymphoïdes primaires sont le lieu de maturation des lymphocytes générés par l’hématopoïèse, ainsi que le lieu d’acquisition d’une spécificité antigénique. - thymus : LT - moelle osseuse : LB 2) Les organes lymphoïdes secondaires sont le lieu de mise en place des réponses immunitaires et coopérations : ganglions, rate, MALT. 3) Le répertoire lymphocytaire T : la diversité du répertoire est le fruit des recombinaisons et de la diversité jonctionnelle, ce qui crée des TCR uniques avec des motifs hypervariables (CDR) en contact avec le CMH/peptide. ACTIVATION ET DIFFERENCIATION DES LYMPHOCYTES T : Les LT naïfs qui sortent du thymus s’activent s’ils reconnaissent un Ag (CMH/peptide) présenté par des cellules spécialisées (CPA). Il est nécessaire d’avoir des molécules de co-stimulation + cytokines. Les cellules dendritiques (DC) : rôle clef - Il s’agit d’une cellule de l’immunité innée et de l’immunité adaptative. - La DC est équipée de nombreux récepteurs de reconnaissance de pathogènes (TLR par exemple). La DC immature a une grande capacité de capture d’Ag. - La migration des DC se fait vers les ganglions par l’acquisition de récepteurs de chimiokines (CCR7) et l’expression d’un gradient de chimiokines (CCL19 et CCL21). La DC mature a une capacité de présentation d’Ag très efficace (500 LT/heure peuvent être testés). - Les DC orientent la différenciation des T CD4 vers une réponse Th1/Th2/Th17. L’éducation des lymphocytes T naïfs par les DC matures Le lymphocyte T naïf arrive par la lymphe ou les vaisseaux (HEV) et reçoit 3 signaux fournis par les DC matures : - signal 1 : interaction TCR/CMH-peptide au sein d’une synapse immunologique Il y a création de protubérances membranaires et redistribution au sein des radeaux lipidiques des molécules : TCR, co-récepteurs (CD4, CD8) et co-stimulation CD28 au centre et des molécules d’adhésion en périphérie. T CD8 : reconnaît des petits peptides issus de protéines intracellulaires logés dans le CMH de classe I. Les T CD8 surveillent le contenu protéique des cellules de l’organisme et éliminent les cellules avec des protéines anormales. T CD4 : reconnaît des peptides de plus grande taille issus de protéines exogènes et logés dans le CMH de classe II. Les T CD4 vont coopérer (« T helper ») par la production de cytokines pour orienter la réponse immune, et par l’interaction avec les lymphocytes B pour la production d’anticorps. Activation du lymphocyte T : l’engagement du TCR : Le TCR est associé à un complexe de transduction du signal (le complexe CD3) dont les parties intracytoplasmiques contiennent des motifs ITAM permettant l’activation des récepteurs par une tyrosine kinase. Mécanisme de transduction du signal : il s’agit d’une cascade de phosphorylations. L’interaction TCR/CMH-peptide active des TYR kinases (dont Lck) qui vont phosphoryler les résidus TYR des ITAMs, créant un site d’ancrage pour une autre kinase ZAP70 qui va phosphoryler d’autres protéines. Il y a activation de plusieurs voies (NF kB, calcineurine avec NFAT, AP 1) => activation de la transcription et réorganisation de l’actine (proliferation + entrée dans le cycle cellulaire) - signal 2 : co-stimulation (B7/CD28) En l’absence de signal 2, il y a un processus d’activation incomplète (anergie ou apoptose). 27 Il y a une stimulation mutuelle entre la DC et le LT : interaction CD28 (LT) avec CD80 (B7-1) ou CD86 (B7-2) sur la CPA. Cette interaction va induire l’expression à la surface du LT d’une molécule, CD40L (L pour ligand) qui va se lier à CD40 présent sur la CPA. Puis il y a un rétrocontrôle négatif en fin d’activation du LT (CTLA4 utilise les mêmes récepteurs que CD28 avec une plus grande affinité : diminution du signal d’activation de CD28 par compétition à la fixation). Pour le lymphocyte T, l’atteinte ou non du seuil d’activation va dépendre de : - la force d’interaction (affinité) ; - le nombre d’interactions (avidité) ; - le temps d’interaction entre la cellule T et la cellule dendritique ; - les molécules adaptatrices et de co-stimulation ; - l’état physiologique de la cellule avant cette interaction. - signal 3 : cytokines (polarisation pour le T CD4 et IL-2 pour les T CD8) Le milieu cytokinique va orienter la différenciation des T CD4. Les sous-populations sont mutuellement antagonistes. Il existe une certaine plasticité entre les différents profils de T CD4. Devenir des lymphocytes Après éducation, les lymphocytes activés subissent une expansion clonale. Après résolution du conflit, il y a désactivation des lymphocytes, délétion clonale par apoptose (contraction), certains survivent et retournent à l’état quiescent (mémoire). les cellules T mémoires effectrices (TEM) qui vont dans les tissus périphériques et qui ont des fonctions effectrices immédiates les cellules T mémoires centrales (TCM) qui vont dans les organes lymphoïdes secondaires qui sont capables de se différencier et de proliférer en cellules effectrices. 28 UE 8: IMMUNOLOGIE HEMATOLOGIE Immunologie- Cours 16 27 Avril 2016 Mohamed Jeljeli : [email protected] RT: LARBI Sarah RL: Philippine d’Hébrail Cytotoxicité - Hypersensibilité retardée Plan: I. Généralité-Polarisation de la RI II. Réponse effectrice à médiation cellulaire par les lymphocytes T A- Intérêts B- Education des LT CD8 cytotoxiques C- Déclenchement de la cytotoxicité III. Hypersensibilité retardée A- Généralités B- Exemple tuberculinique C- Hypersensibilité retardée de contact D- Hypersensibilité granulomateuse E- La maladie coeliaque F- HSR et pathologies infectieuses 29 I. Généralités- Polarisation de la RI On trouve deux principaux types d’immunité adaptative: la réponse à médiation cellulaire et la réponse à médiation humorale. Suite à l’introduction (i.e) d’un Ag étranger dans l’organisme, celui-ci va être apprêté par les cellules dendritiques puis présenté, via le complexe CMH2, à une cellule T naïve qui va induire soit une réponse de type TH1, soit une réponse de type TH2. Le type de réponse est d’une part dépendant de la nature de l’Ag initial, et, d’autre part, de celle des cytokines sécrétées: - IFN-g, IL-2, : médiation cellulaire => médiateurs= NKC et LT cytotoxiques - IL-4, IL-5, IL-6 ou IL-13: médiation humorale => médiateurs= LB qui vont sécréter des anticorps et activer d’autres cellules L’immunité cellulaire concerne plutôt des lymphocytes dits TH1. Les TH1 produisent de l’interféron gamma (IFN-‑γ) et de l’interleukine 2 (IL‑2). L’IL-2 va plutôt activer les lymphocytes TCD8 cytotoxiques. L’IFN-‑γ va plutôt activer les macrophages et les NK qui seront évoqués dans le prochain cours. Les réponses de type TH2 entraînent plutôt une immunité à médiation humorale (c’est-‑à‑‑‑dire médiée par les anticorps) Ces deux réponses sont toutefois totalement intriquées. Elles cohabitent. Même si telle ou telle maladie peut produire telle ou telle cytokine de manière préférentielle.Physiologie des réponses T (partie II) : cytotoxicité et réponse retardée La réponse effectrice à médiation cellulaire concerne surtout la protection intracellulaire, pour les pathogènes rentrant à l’intérieur des cellules comme les virus ou certaines bactéries intracellulaire. Elle peut aussi permettre d’éliminer les cellules modifiées (tumeurs). Cette réponse aboutira à la lyse des cellules. Les cellules tumorales sont des cellules du soi modifié. Exprimant à leur surface des antigènes différents des cellules tumorales ce qui peut permettre de les reconnaître et de les lyser avant qu’elles prolifèrent. Les anticorps (médiation humorale) permettent plutôt la protection extracellulaire. Là encore, 30 réponse à médiation cellulaire et humorale ne s’opposent pas complètement et ces deux réponses sont liées. Premièrement, les cellules qui n’ont pas de spécificité antigénique (immunité innée principalement) comme les PNN, les macrophages et les NK. Ces cellules, grâce à leur récepteur de surface FC, peuvent se lier au fragment FC des immunoglobulines (des anticorps), le fragment constant ce qui leur permettra de repérer (et détruire) les cibles antigéniques. Dans le cas i.e d’une infection par un virus, ce dernier va exprimer ses Ag au niveau de la membrane qui vont être reconnus par les Ac lui étant spécifiques → Formation d’un complexe d’opsonisation qui va être reconnu par la cellule phagocytaire activée qui va l’ingérer et se débarrasser de la cellule infectée. Deuxièmement, les anticorps, sur le fragment FC ont un site de fixation du système du complément. L’activation du complément va permettre la production de C3a, C4a, C5a,… (Peptides chimiotactiques) afin de recruter des cellules immunitaires effectrices et de les activer. Cela crée un mécanisme indirect de cytotoxicité qui est initialement dû aux Ac. II. Réponses effectrices à médiation cellulaire par les lymphocytes T: A) Intérêts - Ce mécanisme permet à l’organisme de se débarrasser de bactéries intracellulaires (cf. tuberculose qui infecte le macrophage et ne peut pas vivre en dehors de ce dernier) inaccessibles aux anticorps. Toutefois, l’élimination ne se fait que par destruction ou modification des cellules infectées. - Participation à l’immunité anti-tumorale: élimination de cellules présentant des modifications génétiques potentiellement dangereuses. - La réponse effectrice à médiation cellulaire est assurée par les lymphocytes TCD8 cytotoxiques principalement et, à moindre proportion, par les LT CD4. (NB: c’est pour cela que par “ lymphocytes T cytotoxiques”, on entend surtout les lymphocytes TCD8, le rôle principal des TCD4 est d’orienter la réponse immunitaire TH1 ou TH2) - Elimination de la cellule infectée sans détruire les tissus sains. Il y a différents types de réponses effectrices. On peut les classer en deux types: - Les réponses dépendantes de cellules avec une spécificité antigénique (donc un immuno récepteur à l’antigène) : les lymphocytes TCD8 et secondairement TCD4. - Et les réponses dépendantes de cellules sans spécificité antigénique. La cytotoxicité peut être directe, lyse de la cellule cible sans intervention du lymphocyte TCD8 et la cytotoxicité indirecte (ADCC, Antibody dependant Cytotocité) dépendant des anticorps, via les cellules NK, les macrophages, les neutrophiles ou les éosinophiles. Ces cellules ayant des récepteurs au fragment FC. 31 B) Education des TCD8 cytotoxiques Les cellules TCD8 naïves ne sont pas cytotoxiques il y a un processus d’éducation dans les organes lymphoïdes secondaires, là où les cellules présentatrices de l’antigène ayant capté un antigène (cellules dendritiques immature qui devient mature “grâce” à l’antigène qu’elle a pécho. une fois mature, elle exprime des molécules de co-stimulation) vont migrer et présenter l’antigène à un lymphocyte T qui pourra ensuite s’activer. Pour éduquer ces lymphocytes : ● 1ier signal : La reconnaissance par le TCR du complexe CMH--peptide (attention le complexe doit contenir un CMH de classe 1 pour être reconnu par le TCD8) va engendrer la surexpression de la molécule B7 qui va se lier au CD28 (présent sur le TCD8): cela active encore plus TCD8. Il y a conjointement activation d’un TCD8 et d’un TCD4. Toutefois, l’épitope reconnu n’est pas nécessairement le même (mis appartient à la même molécule). ● 2ième signal : Signaux de co-stimulation CD28 et B7 vont permettre la surexpression des récepteurs à l’IL-2. Le TCD8 est à la fois co‑stimulé et reçoit de l’IL--2 produite de manière autocrine et par le TCD4 La transduction du signal dans le TCD8 va entraîner à la fois sa prolifération et sa différentiation le faisant passer du stade de TCD8 naïf à TCD8 effecteur cytotoxique vis‑à‑vis des cellules présentant l’épitope reconnu. Il va alors pouvoir quitter l’organe lymphoïde secondaire et rejoindre la périphérie. 32 Le lymphocyte TCD8 activé va pouvoir migrer dans la circulation générale et être attiré par les facteurs chimiotactiques (le TCD8 exprime des récepteurs aux chimiokines) et les molécules d’adhérence pour aller à l’organe cible et leur permettre d’effectuer leurs fonctions de cytotoxicité . C) Déclenchements de la cytotoxicité Pour déclencher la cytotoxicité, il faut une reconnaissance par le TCR du même complexe CMH-peptide que lors de l’éducation. Mais un moins grand nombre est requis que pour les LT naïfs. Le TCD8 adhère à sa cible par les molécules CD2 et LFA-‑1. (L’adhésion est facilitée car il y a 2 à 4 fois plus d’intégrines que sur les T naïfs). Le lymphocyte n’a pas besoin de molécules de costimulation pour agir, contrairement à l’éducation. (Les cellules cibles n’en présentent d’ailleurs généralement pas). TCD8 possède des granules cytoplasmiques contenant des substances qui vont permettre de tuer la cellule infectée. - La perforine qui permet de créer des pores dans la membrane de la cellule cible 33 - Les granzymes (sérine protéases) qui vont permettre d’activer l’apoptose La granulosyn (également apoptotique) à propriétés anti-microbiennes directes. 1. Induction de l’apoptose A) : Reconnaissance d’une cellule cible infectée par le complexe TCD8-CMH-peptides B) : Libération de protéines cytotoxiques des granules lytiques pour entraîner l’apoptose par fragmentation de l’ADN. C) : Décrochage du lymphocyte et recyclage de la cellule pour tuer d’autres cibles. D) : Mort de la cellule cible par apoptose (condensation de la chromatine, perte de l’intégrité de la membrane cellulaire,…). Revenons sur l’étape 2, les granules cytotoxiques. Il y a formation d’un conjugué TCD8‑‑‑cellule cible en quelques minutes. Les granules cytotoxiques s’orientent vers la cible. Elles contiennent de la perforine, des sérines protéases ou granzymes et de la granulosine à action plutôt antimicrobienne. Le contenu des granules est libéré par exocytose dans l’espace de jonction entre les deux cellules. Après ancrage des perforines et polymérisation calcium dépendante pour former des pores dans la membrane de la cellule cible, il y a entrée des granzymes, activation de la cascade des caspases, entraînant l’apoptose de la cellule cible. Le granzyme va activer la pro-‑‑‑ caspase 3 ainsi que BID, qui entraîne aussi l’apoptose via la mitochondrie par libération du cytochrome C. La reconnaissance de la cellule cible a lieu à t=1’ environ et la cellule cible commence à rentrer en apoptose à t=40’. (Rapide !) 34 2. Production de cytokines Les LT produisent de l’IFN‑γ et du TNF-α. L’IFN-γ inhibe la réplication virale, augmente l’expression des CMH I (reconnaissance des cellules cibles), active les macrophages et recrute les macrophages dans les foyers infectieux (cellules effectrices et CPA). Le TNF-α permet l’activation des macrophages. 3. Voie de Fas-Fas Ligand Après formation, en quelques minutes, d’un conjugué LT-‑cellule cible, il y a liaison entre le FasL lymphocytaire et le Fas de la cellule cible. Cette liaison entraîne l’activation du domaine de mort de Fas donc l’activation de la pro-‑caspase 8 et l’activation de la cascade des caspases apoptotiques (→apoptose). 35 Les CD8 tuent par l’une ou l’autre des deux voies (granules cytotoxiques et Fas--FasL). Après l’infection, les LT peuvent mourir par apoptose (la majorité) ou retourner à l’état quiescent en tant que cellules mémoires ( auto-régulation de la cytotoxicité lymphocytaire) La cytotoxicité lymphocytaire est un mécanisme SPÉCIFIQUE, DYNAMIQUE et EFFICACE. 4. Les lymphocytes mémoires .Les LT mémoire produisent assez d’IL-‑‑2 pour se passer des TCD4 Th1. Ils peuvent également se passer de costimulation. On trouve deux types de LT mémoire. Les lymphocytes effecteurs mémoire dans les tissus périphériques, avec des fonctions effectrices immédiates et des lymphocytes centraux mémoires dans les organes lymphoïdes secondaires, capables de se différencier et de proliférer en cellules effectrices. III. Hypersensibilité retardée A) Généralités Hypersensibilité : Réponse avec des effets « néfastes » qui conduisent à des lésions tissulaires alors qu’une réponse immunitaire suscite en général une réponse adaptée infra-clinique avec réponse localisée sans lésion au site du conflit. (→Réponse exagérée) Retardée : N’apparaît que quelques jours après la rencontre avec l’antigène. On réponse 4 types de réponses : ❒❒ Type I : IgE (anaphylaxie) ❒❒ Type II : IgC (ADCC et complément) ❒❒ Type III : ICC (complément et inflammation) ❒❒ Type IV : LT CD4 et CD8. Les 3 premières réponses sont humorales, la dernière (type IV) est cellulaire et va plus particulièrement nous intéresser. 36 Les manifestations cliniques de cette hypersensibilité sont l’érythème induré, des papules, des vésicules, un prurit. Les étiologies peuvent être infectieuses (pathogènes intracellulaires résistants comme des mycobactéries) ou allergiques (eczéma de contact avec les haptènes par exemple, comme le nickel ou le chrome). Elle a beaucoup insisté sur le nickel et le chrome. L’hypersensibilité retardée présente deux étapes: - Une première étape de contact avec l’élément allérgène dite d’induction et qui est silencieuse - La deuxième étape est celle de l’expression des lésions (24 à 72h après la première étape) On distingue: l'hypersensibilité tuberculinique, l’hypersensibilité de contact et l’hypersensibilité de granulomateuse (survenant après REcontact) La maladie cœliaque causée par l’ingestion de gluten, présent dans certaines céréales comme le blé est à la frontière avec l’auto‑immunité et agit par mécanisme d’hypersensibilité retardée. B) Exemple tuberculinique L’exemple type est la réaction induite par le test tuberculinique (le tubertest à faire avant le stage infirmier pour ceux qui étaient en Paces). Vaccin fait durant l’enfance. Il y a un stock de LT mémoire. Les LT mémoire arrivent au site de l’injection, produisent des cytokines pour permettre le recrutement de cellules. Il y a formation d’une papule, d’une induration au niveau de l’injection. L’IFN-‑γ est très important dans ce processus pour le recrutement des macrophages et la libération d’autres molécules inflammatoires. Ces réactions peuvent concerner le tractus respiratoire, digestif, génito-‑‑‑urinaire, des plaies,… La réponse immunitaire doit normalement être adaptée au niveau de l’agression, selon le nombre de bactéries et leur virulence. Si l’agression est faible, on utilisera principalement les défenses naturelles non spécifiques, les défenses spécifiques adaptatives sinon avec une réponse humorale pour des bactéries extracellulaires, cellulaire pour des bactéries intracellulaires. Certains pathogènes intracellulaires ont développé des mécanismes d’échappement contre le système de défense phagocytaire. 4 possibilités : ● Empêchent la fusion des lysosomes et des phagosomes. ● Leur paroi a des constituants résistants aux substances contenues dans les lysosomes. ● Produisent des enzymes qui inactivent les composés réactifs de l’oxygène/ 37 ● S’échappent des phagosomes et prolifèrent au sein du cytoplasme. Cette persistance du micro-‑‑‑organisme entraîne l’hypersensibilité retardée. Ces bactéries résistantes sont par exemple les mycobactéries comme mycobacterium tuberculosis (agent de la tuberculose). Exemple de la tuberculose La tuberculose est en augmentation dans les pays du Tiers-‑‑‑Monde avec 3 millions de morts par an. En France, il y a également une incidence importante (17/100 000). Et des souches résistantes aux antituberculeux apparaissent. Contamination salivaire. Le bacille est ingéré par les macrophages mais ils vont y survivre et s’y multiplier. Lors de la lyse du macrophage, les bacilles vont être libérés, déclenchant une HSR décrite par Kock (1890). L’infection se déroule en deux phases : - La phase de sensibilisation dure de 1 à 2 semaines. C’est le 1ier contact avec l’Ag. Le bacille est ingéré par les macrophages. Il y a présentation de l’Ag par les macrophages/cellules de Langerhans sur le CMH II. Production d’IL-‑‑‑1, IL-‑‑‑12 et IL-‑‑‑6. Activation et multiplication clonale de T CD4 helper. Différenciation en T CD4 Th1 (IFN‑‑‑γ +++). Mais le macrophage ne peut pas éliminer complètement la bactérie. - Vient ensuite la phase effectrice. Lors d’une seconde exposition à l’antigène. Elle est visible 48 à 72h après le contact avec l’antigène. Les TCD4 Th1 vont produire des cytokines et des chimiokines, en particulier de l’IFN-‑‑‑γ, activant les macrophages. Prolifération. Différenciation. Recrutement. Perméabilité vasculaire. On trouve dans les cellules recrutées 5% de cellules spécifiques et beaucoup de non spécifiques. Les macrophages, activés par l’IFN-‑‑γ vont augmenter leurs molécules de classe II, leurs récépteurs au TNF, leur quantité de radicaux de l’oxygène et d’oxyde nitriques. Normalement, les macrophages deviennent alors capables de détruire le bacille qu’ils ont phagocytés mais dans les infections persistantes, une stimulation antigénique prolongée entraîne la transformation des macrophages en cellules épithéloïdes (hypersensibilité retardée granulomateuse). Les cellules épithéloïdes fusionnent leurs membranes pour créer des cellules géantes multinucléées avec une couronne périphériques de lymphocytes et de fibroblastes. Il y a production fibroblastique de collagène avec fibrose tardive + ou – calcifiée. Créant des cavernes. Notamment au niveau pulmonaire. Dû à l’inefficacité du macrophage à lyser la mycobactérie. La même suite de réactions est observée dans le cadre de manifestations allergiques d’hypersensibilité retardée. 38 Rôle des cytokines dans la HSR tuberculinique C) Hypersensibilité retardée de contact C’est une hypersensibilité retardée qui fait suite à la réintroduction d’un Ag non protéique donc non infectieux. Elle est très répandue et souvent liée aux haptènes (Nickel, Chrome). Les haptènes sont dépourvus de propriétés immunogéniques. Ils se déposent au niveau dermique et sont absorbés au niveau de la peau. Ils se couplent à des protéines et deviennent ainsi des Ag et donc immunogène. Ce modèle d’hypersensibilité retardée de contact peut être mis en évidence, par exemple chez la souris, en badigeonnant (#topchef) son ventre avec du DNCB. Au premier contact on n’observe absolument aucune réaction chez la souris. Lorsque, trois semaines plus tard, on lui met du DNCB au niveau de la patte, elle fait une réaction d’hypersensibilité de contact. 39 Ici, l’étape d’induction désigne la première pénétration de l’haptène au niveau de la peau où il va être ingéré par les cellules dendritiques présentes au niveau dermique et, soit former des substances immunogènes avec les peptides de la peau, soit transloquer directement dans le cytoplasme grâce à leur propriété lipophile et devenir immunogène. La cellule dendritique va migrer et rencontrer les LT naïfs qu’elle va éduquer à l’Ag. Le LT migre et reste comme un soldat au niveau de la peau. A la seconde rencontre avec l’haptène, le TCD8 cytotoxique va directement le reconnaître comme étranger. Tout se passe ensuite comme d’habitude, on a les mêmes mécanismes. Il existe des CD4 régulateurs qui vont inhiber la réponse des CD8 cytotoxiques d’où le fait que tout le monde ne soit pas sensible aux montres en chrome. 40 D)Hypersensibilité granulomateuse Induite par des Ag persistants au niveau des lésions et qui ne peuvent pas être éliminé par une RI normale. Cela peut concerner un Ag difficilement ou non phagocytable, ou encore un Ag produit de façon continue à partir d’un foyer infectieux que l’on arrive pas à traiter. Ceci conduit à une suractivation puis à une activation altérée du macrophage formant un granulome: les macrophages présents fusionnent et contiennent une grande quantité de l’Ag. Ils sont ensuite entourés par des lymphocytes et éventuellement par des fibroblastes. Ce granulome peut entraîner une fibrose et donc altérer la fonction normale du tissu (on peut avoir des granulomes tuberculeux au niveau du poumon dans le cas de la tuberculose par exemple.) Cette HSR est souvent causée par des bactéries intracellulaires comme la Listeria ou le Mycobacterium tuberculosis. Aussi des infections virales comme la variole ou encore des infections mycotiques ou parasytaires comme la toxoplasmose E) La maladie coeliaque Elle est observée chez des patients génétiquement pré--disposés (95% des patients sont HLA DQ2 ou HLA DQ8). C’est une réaction à la gliadine qui est désamidé par la transglutaminase tissulaire et qui peut se lier au HLA DQ2 ou DQ8. Il y a une activation spécifique de cellules CD4 Th1 qui s’accumulent dans la lamina propria, tuent les cellules épithéliales de la muqueuse via FasL et produisent de l’IFN-‑‑‑γ (→inflammation). On observe une réaction d’hypersensibilité retardée avec l’intervention des TCD4 Th1, des TCD8 et de plasmocytes producteurs d’IgA anti-‑‑‑ gliadine. Cliniquement, on observe des atrophies villositaires et une malabsorption (cassure de la courbe de croissance,…). F) HSR et pathologies infectieuses Certains pathogènes intracellulaires ont développé des mécanismes d’échappement contre le système de défense phagocytaire : 1) empêchent la fusion des lysosomes et des phagosomes et prolifèrent au sein des phagosomes 2) ont des constituants de parois R aux substances contenues dans les lysosomes 3) produisent des enzymes qui inactivent O2 et H2O2 (M leprae) 41 4) s’échappent de phagosomes et prolifèrent au sein du cytoplasme 42 Fiche récapitulative Immunité adaptative Médiation cellulaire Médiation humorale Cytokines IFN-g, IL-2 IL-4, IL-5, IL-6, IL-13 Médiateurs NKC, LTc LB Voie Th Th1 Th2 Pathogènes Virus, bactéries IC, tumeurs Mécanisme Lyse cellulaire Protection extracellulaire Education lymphocytaire Interaction TCR-CHM I-peptide => surexpression de B7 → liaison CD28 → LTCD8 ↗ Surexpression des récepteurs à IL-2 grâce aux signaux de co-stimulation CD28 et B7. Déclenchement de la cytotoxicité TCD8 se lie à sa cible via les molécules CD2 et FA-1. Il n’a pas besoin de molécule de costimulation pour agir. Les granules cytoplasmiques de TCD8 contiennent différentes substances : - Perforine ; crée des pores dans la membrane de la cellule cible Granzines activent l’apoptose Granulosyn : propriétés antibactériennes Induction de l’apoptose E) : Reconnaissance d’une cellule cible infectée par le complexe TCD8-CMHpeptides F) : Libération de protéines cytotoxiques des granules lytiques pour entraîner l’apoptose par fragmentation de l’ADN. G) : Décrochage du lymphocyte et recyclage de la cellule pour tuer d’autres cibles. H) : Mort de la cellule cible par apoptose (condensation de la chromatine, perte de l’intégrité de la membrane cellulaire,…). 43 Production de cytokines IFN-Υ TNF-α Inhibe la réplication virale ↗ expression de CMH I Active les macrophages Active et recrute les macrophages Lymphocytes mémoires : lymphocytes effecteurs dans les tissus périphériques et centraux dans les organes lymphoïdes secondaires. Hypersensibilité retardée Réponse avec des effets « néfastes » qui conduisent à des lésions tissulaires. N’apparaît que quelques jours après la rencontre avec l’antigène secondaires. 4 types : • 3 HSR humorales : Type I, IgE (anaphylaxie) ; Type II, IgC (ADCC et complément) ; Type III, ICC (complément et inflammation) • 1 HSR cellulaire : Type IV, LT CD4 et CD8. Les manifestations cliniques : l’érythème induré, des papules, des vésicules, un prurit. Les étiologies peuvent être infectieuses (mycobactéries) ou allergiques (eczéma de contact avec les haptènes par exemple, comme le nickel ou le chrome). 2 étapes : - Induction silencieuse : contact avec l’Ag - Expression des lésions Echappement au système phagocytaire : ● Empêchent la fusion des lysosomes et des phagosomes. ● Leur paroi a des constituants résistants aux substances contenues dans les lysosomes. ● Produisent des enzymes qui inactivent les composés réactifs de l’oxygène/ eau oxygénée ● S’échappent des phagosomes et prolifèrent au sein du cytoplasme. Persistance du micro-organisme → hypersensibilité retardée. Tuberculinique : infection en 2 phases : sensibilisation et phase effectrice. Hypersensibilité retardée de contact C’est une hypersensibilité retardée qui fait suite à la réintroduction d’un Ag non protéique donc 44 non infectieux. Hypersensibilité retardée de contact Induite par des Ag persistants au niveau des lésions et qui ne peuvent pas être éliminé par une RI normale. Ceci conduit à une suractivation puis à une activation altérée du macrophage formant un granulome: les macrophages présents fusionnent et contiennent une grande quantité de l’Ag. Ce granulome peut entraîner une fibrose et donc altérer la fonction normale du tissu. Maladie cœliaque C’est une réaction à la gliadine qui est désamidé par la transglutaminase tissulaire et qui peut se lier au HLA DQ2 ou DQ8. Cliniquement, on observe des atrophies villositaires et une malabsorption +++ : la cytotoxicié dépend de la libération des perforines et granzymes et des interactions FasL/Fas. La majorité des LT CD8 meurent par apoptose mais certains retournent à l’état quiescent (mémoire). 45 46 UE8 – Physiologie Immunlogique – Immunologie - Cours n°17 RT : Marie Lapillonne 27/04/2017 RL : Julie Dalibot Pr. Simon Fillatreau [email protected] Plan : La physiologie des réponses lymphocytaires B (I) : coopération lymphocyte T - lymphocyte B Organisation des lymphocytes B dans les organes secondaires : ganglions lymphatiques et rate 1. Ganglions lymphatiques 2. La rate Les différentes sous-populations de cellules B 1. Les cellules B folliculaires 2. Cellules B de la zone marginale Les différents types d’antigènes et leurs modalités d’activation des cellules B Antigènes T-indépendants de type 1 Antigènes T-indépendants de type 2 Antigènes T-dépendants Les modalités de l’activation des cellules B par des antigènes contenant des parties protéiques 1. Dialogue avec les cellules T CD4+ 2. Où les cellules TCD4 et les cellules B se rencontrent-elles 3. Comment se rapprochent-elles spécifiquement ? 47 L’activation des cellules B par les TFH : 3 signaux 1. 2. 3. 4. Premier signal d’activation : la reconnaissance du BCR par l’antigène et la signalisation activée par l’engagement du BCR Deuxième signal d’activation : la reconnaissance du BCR par l’antigène et la signalisation activée par l’engagement du BCR 3ème signal : les cytokines produites par les TFH stimulent les cellules B Conséquences au finale de cette coopération Les caractéristiques des cellules T « follicular helper » = TFH 1. 2. Voie 1 : La réponse extra-folliculaire (commune également dans les immunisations avec les antigènes T-indépendants) Voie 2 : La formation de centres germinatifs dans les follicules La maturation de l’affinité des anticorps : sélection et mutation 1. 2. 3. Quantitativement La sélection Mécanisme de la commutation isotypique des Ig Critères de définitions des lymphocytes B mémoires 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Caractéristiques générales Localisation Durée de vie Caractéristiques de la réponse induite par les B mémoires Formes mono- et multi-mériques des différentes immunoglobulines Importance de la réponse humorale Propriétés des différents isotypes d’immunoglobulines BILAN Abréviations : LB : lymphocytes B LT : lymphocytes T CMH : Complexe Majeur d’Histocompatibilité TCR : récepteur des cellules T BCR : récepteur des cellules B ag : antigène ac : anticorps TFH : lymphocytes T Follicular Helper CFD : cellules folliculaires dendritiques 48 Objectif du cours : Comprendre les différentes manières dont les cellules B peuvent être activées pour se différencier en plasmocytes, cellules productrices d’anticorps. On note par ailleurs, que cette différenciation est associée à un remodelage important de la cellule avec une augmentation du réticulum endoplasmique qui est associée à une forte augmentation de la capacité de la cellule à synthétiser et à sécréter des protéines. Rappel : Il existe deux voies au sein de l’immunité adaptative : l’immunité humorale et l’immunité cellulaire. L’immunité cellulaire qui est médiée par les cellules T activées au contact de cellules présentatrices de l’Ag. Une fois activées, elles acquièrent la capacité de produire des cytokines. Cytokines qui vont ensuite amener à une activation des macrophages et/ou une fonction cytotoxique pour la destruction de la cellule infectée. L’immunité humorale qui est porté par les cellules B activées et dont la marque caractéristique est la production d’anticorps qui circulent dans le sang. Ces anticorps peuvent directement neutraliser les pathogènes à leur entrée et par la suite soit favoriser une lyse par activation du complément ou bien faciliter la capture du pathogène par les phagocytes : neutrophiles, monocytes macrophages. Dans ce cours, c’est l’immunité humorale de l’immunité adaptative qui nous intéresse. Le schéma différencie les deux voies mais il faut savoir que dans la réalité les choses ne sont pas aussi séparées, en effet on verra plus tard qu’une partie de l’activation des cellules B (immunité humorale) dépendent des cellules CD4+ helper (immunité cellulaire). Les LT et LB reconnaissent des types d’antigènes complètement différents. - Les LB sont les seuls à pouvoir reconnaitre les antigènes solubles. Ils sont par ailleurs capables de reconnaitre l’ensemble des univers chimiques auxquels les antigènes peuvent appartenir : 49 protéines, lipides, sucres; de plus la structure conformationnelle de l’épitope est primordiale pour la reconnaissance. La perte de la conformation de cet épitope peut amener à une perte de la reconnaissance de l’antigène par l’anticorps. - Les LT ne peuvent pas reconnaitre les antigènes solubles et ont besoin que ces derniers soient présentés via des molécules du CMH (complexe majeur d’histocomptabilité). La nature chimique des antigènes est peptidique et son épitope doit être linéaire. Ainsi : Les cellules T reconnaissent via leur TCR (récepteur des cellules T) des peptides présentés par les molécules du CMH. I. Organisation des lymphocytes B dans les organes secondaires : ganglions lymphatiques et rate 1. Ganglions lymphatiques Les ganglions lymphatiques sont organisés de manière spécifique avec différentes zones : cortex externe riche en follicules B, cortex interne riche en cellules T et médullaire où peuvent résider les plasmocytes. La lymphe arrive via un vaisseau lymphatique afférent dans le sinus (partie extérieure du ganglion) puis traverse la frontière avec l’intérieure du ganglion. (frontière = surface tapissée de macrophages particuliers) Sur une vue d’un ganglion lymphatique par tomographie optique de projection, on voit bien la compartimentalisation : les follicules avec B = coussinets bombés qui sont vraiment sur la zone externe. A l’intérieur, il y a le réseau de veinules à endothélium épais où on peut faire rentrer du sang dans le ganglion. 2. La rate La rate est compartimentalisée de manière similaire au ganglion lymphatique avec des zones B et des zones T. Zone B dans laquelle il n’y a quasiment pas de cellules T et inversement. Dans la pulpe blanche : - zone T avec des cellules T et des cellules dendritiques - zone B avec des cellules B folliculaire et des cellules dendritiques folliculaires (qui n’ont rien à voir avec les cellules dendritiques, elles ne viennent pas de la moelle osseuse mais dérive de cellules stromales et qui sont à très longue durée de vie) - zone marginale avec des cellules B particulières (les cellules B de la zone marginale) et une souspopulation particulière des cellules dendritiques. Cette zone est un peu comme le sinus dans les ganglions lymphatiques : zone où le sang arrive (avec tous les antigènes). 50 Attention !! Ne pas oublier que la rate est un organe systémique et ne fait pas partie du réseau lymphatique à proprement parlé donc il n’y a pas de vaisseaux lymphatiques afférents ou efférents. On retiendra donc que dans la rate il y a une zone marginale où affère le sang VS dans le ganglion lymphatique, il y a une zone appelé le sinus où affère la lymphe !! Tous deux amènent les antigènes respectivement à la rate et aux ganglions lymphatiques. II. Les différentes sous-populations de cellules B 1. Les cellules B folliculaires - Elles se développent dans la moelle osseuse. - Ce sont les cellules B principales dans les ganglions lymphatiques. En effet, on ne trouve pas de cellules B de la zone marginale dans les ganglions lymphatiques. - Phénotype : IgM+/IgDhigh (le high signifie : exprimé à des taux élevés à la surface de la cellule) - Ce sont des cellules circulantes : passent de la rate aux ganglions lymphatiques et inversement. - Elles semblent avoir la plus grande capacité à générer des centres germinatifs, des cellules B mémoires et des plasmocytes à longue durée de vie qui peuvent résider dans la moelle osseuse. 2. Cellules B de la zone marginale - Elles se développent aussi dans la moelle osseuse Ainsi, quand les précurseurs des cellules B naïfs sortent de la moelle osseuse, ils ne sont pas encore différenciables, c’est une fois arrivés à la rate que la bifurcation se fait : soit en cellules B de la zone marginale soit en cellules B folliculaires - Elles sont absentes des ganglions lymphatiques chez la souris (chez l’Homme il semble y avoir des cellules qui leurs ressemblent mais n’ont pas encore été identifiées) - Phénotype chez la souris : IgMhigh / IgD- (le moins signifie pas d’IgD à la surface) et représentent 510% des cellules B de la rate. Chez l’Homme, elles garderaient un peu IgD à leurs surfaces. - Elles sont localisées dans une région spécifique : dans le sinus de la zone marginale de la rate - Elles participent à des réponses spécifiques : réponses rapides contre les antigènes bactériens particuliers. C’est donc une des raisons pour lesquelles les patients splénectomisés sont plus susceptibles aux infections encapsulées. - Cellules sessiles chez la souris donc qui ne re-circulent pas dans le sang alors que chez l’Homme, elles semblent circulantes dans le sang 51 III. Les différents types d’antigènes et leurs modalités d’activation des cellules B On a vu, ci-dessus, qu’il existait différentes populations de cellules B, ne réagissant pas de la même manière à une activation et ne réagissant pas avec les mêmes antigènes, on va donc décrire les différents types d’antigènes. Il existe 3 types d’antigènes distincts : les antigènes T-indépendants de type 1, les T-indépendants de type 2 et les T-dépendants. Les indépendants ont été définis, historiquement, par le fait qu’ils pouvaient induire une activation des cellules B et une production d’anticorps spécifiques, chez des populations de souris dépourvus d’un thymus fonctionnel ou dépourvus de cellules T. Au contrairement les dépendants ont besoin de la présence du thymus, organe dans lequel les cellules T se développent, pour pouvoir monter une réponse anticorps. Ils ont donc des propriétés différentes liées à leur nature intrinsèque. On parlera aussi de leurs modalités d’activation. 1. Antigènes T-indépendants de type 1 a. Caractéristiques Ce sont des produits microbiens qui activent les récepteurs de la famille Toll (Toll-like receptor, TLR) (rôle de ces TLR découverts par Jules Hoffman à Strasbourg, Prix Nobel pour ces travaux) L’activation induite par ces antigènes, à forte dose, est indépendante des BCR (récepteur des cellules B) Ces antigènes n’ont pas de mémoire, il s’agit donc d’une réponse momentanée. Il n’y a pas non plus de maturation de l’affinité du récepteur. (Notion décrite plus tard dans le cours : la spécificité du récepteur à l’antigène change par l’introduction de mutations somatiques et qui permettent aux cellules B de reconnaitre, plus spécifiquement encore, l’antigène) b. Activation des cellules B par les antigènes T-indépendants de type 1 : A forte concentration : la reconnaissance de l’antigène par le Toll-like receptor suffit pour activer l’ensemble des cellules indépendamment de leur spécificité antigénique (leur anticorps de surface ne reconnait pas forcément cet ag) et pourtant elles se multiplieront et se différencieront en plasmocytes qui sécrèteront leurs anticorps NON spécifiques. Ce qui amène à une réponse polyclonale qui est observée dans plusieurs maladies infectieuses. A faible concentration : il y a une synergie entre les signaux fournis par les TCR et les BCR qui fait que seules les cellules B exprimant un BCR spécifique de l’ag seront activées et se différencieront en plasmocytes. C’est la subtilité de ces antigènes : selon la dose de l’ag, la nécessité de signaux différents pour l’activation des cellules B. 52 2. Antigènes T-indépendants de type 2 a. Caractéristiques Ce sont des polysaccarides capsulaires. Propriété essentielle : ce sont des antigènes répétitifs qui peuvent donc activer les cellules B de manière dépendante et via le récepteur BCR en engageant un grand nombre de BCR. De même que les type 1, ils n’ont pas de mémoire, ni de maturation de l’affinité (dans la plus part des cas, sauf exception, il y a des types 2 qui semblent induire une certaine forme de réponses à longue durée de vie, en recherche encore) Ils sont localisés à la surface des particules virales. b. Activation des cellules T-indépendants de type 2 : Le principe de cette activation est la suivante : grâce à leurs motifs répétés, ils vont pouvoir engager une réponse avec plusieurs BCR en même temps. Il faut néanmoins que ce soit des polymères contenant 12 à 16 motifs répétés, espacés de 5 à 10 nm ce qui fait qu’il faut environ 10 à 20 BCR engagés par une même molécule pour induire une réponse et les amener à se différencier en plasmocytes et produire des anticorps spécifiques de types IgM, Ig3, Ig1 (en moins forte quantité pour les 1). Ex : - les polysaccarides encapsulés à la surface de Streptococcus pneumonie (bactérie encapsulée) - la flagelline des bactéries : on voit vraiment la répétition de ses motifs. Cette réponse semble avoir besoin d’une aide. L’engagement du récepteur ne semble pas suffisant et les récepteurs des cytokines semblent jouer un rôle important pour faciliter cette réponse. (pas encore tout à fait clarifié donc pas détaillé dans ce cours) Comme dit plus haut, ces antigènes n’ont pas de mémoire et induisent une réponse transitoire qui durera quelques semaines. Cependant, il existe tout de même des vaccins T-indépendants de type 2. Exemples : - Pneumovax : 23 polyamides issus de 23 stéréotypes différents de Streptococcus pneumoniae - Mencevax : tétravalent A, C, W135, Y contre Nesseiria meningitidis On ne sait pas bien pourquoi certains de ces antigènes sont capables de produire une réponse qui dure un peu plus longtemps même si moins longtemps que les T-dépendants. Pas de bénéfice en cas de rappel. Il faut tout de même noter que ces vaccins ne fonctionnent pas chez l’enfant de moins de 2 ans. 53 3. Antigènes T-dépendants Ce sont des antigènes avec des parties protéiques qui peuvent donc être à la base de peptides qui peuvent activer les cellules T (cf. le tableau de la page 2). (C’est à dire qui peuvent être présentés sous formes de peptides via le CMH des cellules B aux cellules T, les activant et pouvant aller fournir aux cellules B les signaux dont elles ont besoin pour proliférer, se différencier et survivre surtout). Cette réponse est T dépendante et est celle à la base de la mémoire et de la constitution des plasmocytes de longue durée de vie donc celle qui est en priorité dans la constitution de nouveaux vaccins. IV. Les modalités de l’activation des cellules B par des antigènes contenant des parties protéiques 1. Dialogue avec les cellules T CD4+ Les cellules B expriment, non seulement un récepteur à la surface pour détecter les Ag spécifiques : le BCR, mais expriment aussi d’autres molécules de surface : - CMH de classe II qui leurs permet d’interagir avec les T CD 4+ (ce sont les rares cellules à avoir un CMH de classe II) - Récepteurs aux cytokines qui leurs permet de recevoir et d’intégrer des signaux délivrés par T CD4+ - molécules de co-stimulation qui permettent aussi un dialogue avec les cellules T Ainsi les cellules B sont bien équipées pour interagir avec les cellules T lorsque la situation se présente c’est à dire quand elles présentent via le classe II des peptides aux cellules T qui sont capables de reconnaitre via leur TCR spécifique de l’antigène. L’activation des cellules B par des Ag protéiques dépend de cellules T CD4+ helper. 54 Pourquoi la réponse B dépend des cellules T ? Un rôle dans la tolérance ? Mécanisme : L’injection d’une protéine purifiée (qui n’a pas de motif permettant une activation T indépendant) n’induit pas l’activation des cellules B (et donc n’active pas la production d’anticorps spécifiques). Ceci reflète un défaut d’activation des cellules T CD4+ qui ne peuvent pas aider les cellules B qui en ont besoin et donc l’activation B est abortive. Raison pour laquelle le système fonctionne de cette manière : Le répertoire primaire des immunoglobulines exprimées à la surface des cellules B est généré de manière aléatoire au cours des réarrangements V, D, J. Malgré les processus de tolérance : délétion, révision du récepteur et anergie, il y a tout de même des clones auto-réactifs qui persistent en périphérie. Ainsi si ces cellules sont activées, elles peuvent bien évidemment produire des anticorps auto-réactifs potentiellement pathogéniques. OR le fait que l’activation des cellules B soit indexée sur l’activation des CD4 + helper signifie que toute la tolérance sur les cellules T est transmise aux cellules B. C’est à dire que : Si les cellules T sont tolérisées contre un ag n°A, par exemple, même si la cellule B auto-réagit contre cet ag A, elle ne pourra pas s’activer car elle ne recevra pas l’aide des cellules T spécifiques de l’ag n°A car celles-ci sont tolérantes. C'est à dire que le destin d’une cellule B quand elle voit l’ag est dépendant du contexte d’activation et de la disponibilité des cellules T CD 4 activées ayant acquis des fonctions spécifiques pour les aider. Aparté : Comment la réponse T CD 4 peut être activée et de quoi a-t-elle besoin ? Si on injecte une protéine seule à un individu, il n’y aura pas de réponse activée, il faut une activation des cellules présentatrices d’ag. C’est le rôle des adjuvants dans les vaccins et au cours d’infections ce sont les pathogènes eux-mêmes qui contiennent ces propres signaux de danger. Une fois ces cellules T activées, elles sont alors capables d’aider les cellules B. Exemples d’adjuvants Adjuvants expérimentaux : - Adjuvant complet de Freund (mycobactérie tuée à la chaleur + huile minéraux) - oligonucléotides contenant des CpG qui stimulent TLR9 Adjuvants utilisés en vaccination : - alum (aluminium hydroxide) : immobilise l’antigène + stimule l’inflammasome NLRP3 - squalène (triterpen avec 30 carbons) = MF59 : mécanisme pas très bien élucidé. 2. Où les cellules TCD4 et les cellules B se rencontrent-elles ? Comment est-ce que ces cellules peuvent se rencontrer ? En effet, les cellules B spécifiques d’un ag sont rares : fréquence de 1 sur 10-4 sur 10-6. Les LT naïf spécifiques d’un ag sont, eux aussi, rares : fréquence de 1 sur 10-4 sur 10-8. Ainsi la probabilité que ces deux cellules spécifiques se rencontrent est très faible. C’est pourquoi des lieux de rencontre ont été créés. 55 Les organes lymphoïdes secondaires sont ce lieu de rencontre. Dans ces tissus, des mécanismes précis favorisent l’interaction entre les cellules T et B spécifiques de l’antigène. Où les cellules B détectent-elles l’antigène dans les organes lymphoïdes secondaires ? Comment la chorégraphie de l’activation des cellules B et des cellules T les amènent-elles à se rencontrer ? Schéma d’un ganglion lymphatique Au sein du vaisseau lymphatique afférent se balade des Ag de petite taille (< 70 kDa) et de grosse taille (> 70kDa). Ces antigènes ont différentes possibilités pour rentrer dans le cortex externe où se trouvent les follicules B. Les petits ont deux possibilités : - passer dans des conduits folliculaires où les cellules B peuvent directement les reconnaitre (conduits constitués de cellules fibroblastiques réticulaires, les cellules B peuvent y introduire des protusions pour capter les ag y circulant) - passer par les pores qui séparent le sinus du reste du ganglion Les gros n’ont qu’une seule possibilité : passer par des macrophages particuliers (=macrophages spécifiques de la région sous-capsulaire) situés au niveau de cette zone frontière. Deux possibilités : soit ils sont transloqués, soit ils sont véhiculés par trancytose, dans les deux cas ils terminent à l’intérieur du ganglion et rentrent en contact avec les cellules B. 56 Pour la rate, il n’y a pas de connexion à la lymphe, les ag arrivent par le sang et ils sont reconnus par les cellules B au niveau de la zone marginale. 3. Comment se rapprochent-elles spécifiquement ? Une fois les cellules B activées, elles vont changer leur expression de molécules de récepteur aux chimiokines. En effet, elles augmentent l’expression du récepteur CCR7, récepteur spécifique de la chimiokine CCL21 produite dans la zone T (et CCL19 qui n’est pas représenté ici) et migrent des follicules vers les zones T car attirées par ces chimiokines. De la même manière, certaines cellules T activées par les cellules dendritiques vont exprimer un récepteur aux chimiokines appelé CXCR5. CXCR5 est aussi exprimé de manière constitutive par les cellules B. Ce récepteur répond à la chimiokine CXCL13 qui est produite par les cellules folliculaires dendritiques. Ceci va donc amener les cellules T vers la zone B. Voilà comment ces cellules très rares dans le répertoire se rencontrent de manière rapide et efficace après activation. 57 V. L’activation des cellules B par les TFH : 3 signaux 1. Premier signal d’activation : la reconnaissance du BCR par l’antigène et la signalisation activée par l’engagement du BCR Le premier signal d’activation des cellules B dans ce mécanisme est un signal qui provient de la reconnaissance de l’antigène par le BCR. BCR n’a pas lui-même de motif de signalisation mais il signale en s’associant à deux co-récepteurs Ig-⍺ et Ig-β qui eux contiennent des motifs ITAM : Immunoreceptor tyrosine-based activation motif = motif d’activation des récepteurs immuns basé sur la tyrosine. Et qui eux vont induire après phosphorylation tout un ensemble de cascade de signalisation impliquant d’autres co-récepteurs (à ne pas connaitre). Les cascades engendrées permettent plusieurs choses : - L’activation de facteurs anti-apoptotiques : BCL2, BCLXL, qui favorisent la survie de ces cellules - L’activation de MyC et de cycline D qui vont permettre de rentrer en cycle cellulaire : prolifération - Les cellules se préparent à leur rencontre avec les T CD4+ helper (qui est primordiale car si pas de helper pas d’activation) : augmentation de l’expression des molécules de co-stimulation CD80 et CD86 + augmentation de l’expression des CMH classe II pour présenter plus efficacement l’ag + augmentation de leurs récepteurs aux cytokines pour pouvoir capter les cytokines sécrétées par les T helper. Schéma de reconnaissance d’un ag par BCR : 1. Le LB naïf se lie à un antigène via le BCR 2. Endocytose avec le BCR et dégradation dans les endolysosomes ce qui produit des peptides et les ramènent à la surface 3. Présentation des peptides à des cellules T 4. Si reconnaissance via le bon TCR alors formation d’un complexe et dialogue commence 58 2. Deuxième signal : dialogue entre les cellules B et les cellules T CD4+ Follicular Helper (TFH) via des protéines membranaires. Le dialogue est permis grâce à des molécules de surface : - les cellules T (activées via TCR) vont exprimer à la surface CD40L (ligand) qui va stimuler CD40 des cellules B (étape clé : absence de cette interaction fait qu’il n’y a pas de centre germinatif après, rôle non redondant pour la survie et la prolifération de la cellule) - CD28 sur la cellule TFH et B7 (CD80/86) sur la B - ICOS sur TFH et ICOSL sur B - SAP et SLAM : deux molécules qui permettent de stabiliser cette interaction, stabilisation qui permet un contact assez long entre les cellules et est aussi essentiel à l’activation des cellules T (activation qui demande plus de temps que l’activation entre les cellules T et les cellules dendritiques par exemple, pour dire à quel point elle est longue et la stabilisation importante) 3. Troisième signal : les cytokines produites par les TFH stimulent les cellules B Les cytokines produites par les TFH : IL-21 et IL-4 par exemple vont permettre la différenciation des cellules B et stimuler leur division. 4. Conséquences de cette coopération : Pour les cellules B : - survie et prolifération en dépend - induire la formation de centres germinatifs où il y aura une altération du BCR par un processus de mutation somatique et de commutation isotopique (sur les gènes codant le BCR). A la fin de leur passage dans le centre germinatif, elles peuvent devenir soit des B mémoires soit des plasmocytes. Interaction non pas unidirectionnelle mais aussi importante pour les T : - stimule leur prolifération fixe leur phénotype migration vers l’intérieur des follicules tout en promouvant leur sécrétion de cytosines : IL-4 et IL-21 59 Interaction importante au point où certains immunologistes, pensent que cette interaction joue un rôle majeur dans la formation des cellules T mémoire également. VI. Les caractéristiques des cellules T « follicular helper » = TFH Cellule T particulière distincte d’autres sous-populations des cellules T helper telles que TH1, TH2, TH17. Caractérstiques : - phénotype particulier lié à leur fonction - molécules de surface : CD4, CXCR5 (récepteur aux chimiokines, qui les distinguent du reste et permet leur migration aux zone B/T dans les ganglions), ICOS (qui participe directement au dialogue entre T et B), PD1 (molécule inhibitrice qui facilite l’interaction entre T et B) - expression du facteur transcription BCL6 - absence de facteur de transcription spécifique d’autres sous populations T (T-bet pour TH1, GATA-3 pour TH, RORgt pour TH17, FoxP3 pour les T régulatrices) - expression de molécules directement impliquées dans l’aide aux cellules B (CD40L, IL-21, IL-4, BAFF, autres cytokines) L’interaction entre les cellules B et les cellules TFH à la frontière des organes conduit à deux voies de développement de la réponse B. 1. Voie 1 : La réponse extra-folliculaire (commune également dans les immunisations avec les antigènes T-indépendants) Cellules B prolifèrent et se différencient en plasmocytes et vont se localiser dans les zones extrafolliculaires qui sont ni riches en B ni T. Production d’ac de type plutôt IgM, de faible affinité pour l’ag. La caractéristique de cette réponse est rapide, 3 jours après l’immunisation/activation de la réponse immunitaire. Parmi les premiers signes après une immunisation de la réponse adaptative 2. Voie 2 : La formation de centres germinatifs dans les follicules Et cette fois-ci spécifiquement activée par des ag-T dépendant, c’est la formation de centres germinatifs, qui s’initient aussi à la frontière des zones B et T. Les cellules B profilèrent de manière clonale et très rapide (toutes les 12h) et un grand nombre de fois avant de rentrer dans un processus de différenciation. Prolifération dans la zone sombre. Puis dans la zone claire : où les cellules B ne se divisent plus, elles sont déjà un peu sélectionnées. De plus, elles sont proches de cellules dendritiques folliculaires qui vont décider de leur destin : sélection et différenciation Pour rentrer plus en détails sur le centre germinatif : 1. Quand les cellules B prolifèrent dans le centre germinatif, un processus de mutation somatique des gènes de l’Ig est mis en place et va permettre aux cellules B d’acquérir de nouvelles propriétés de reconnaissance de l’Ag. Ces mutations somatiques sont introduites de manière aléatoire et vont permettre une grande diversité de progéniture créée à partir d’une seule cellule B. 60 2. Cependant après cette diversité, il y a une phase de sélection : les cellules B qui rentrent dans la zone claire sont celles ayant le meilleur récepteur à l’Ag, elles ont été sélectionnées. Par exemple : les BCR mutés ayant perdus la capacité à reconnaitre l’ag meurent par apoptose ; les auto-réactifs qui contiennent des mutations non-sens ne peuvent plus exprimer BCR et donc meurent de la même manière 3. Seuls celles qui ont le meilleur BCR peuvent recevoir les signaux de survie et devenir soit des cellules plasmocytaires à longue vie (dans le cours 18) soit des cellules B mémoires de type IgG, IgA ou IgM. On observe par ailleurs, qu’on a, à présent, différents isotypes d’Ig : il y a eu non seulement mutation somatique des gènes des Ig mais aussi commutation isotypique donc la partie constante des Ig peut changer, elle n’est plus forcément IgM, et peut être : différents types des IgG, IgA, IgE. C’est donc un remodelage assez fort du gène d’Ig dans les centres germinatifs. 4. Néanmoins, il y a aussi les cellules qui ne connaissent pas de mutation et qui reste des IgM mémoires. Ce sont ces plasmocytes à longue durée de vie et mémoire qui sont responsable de l’immunité à longue durée Les plasmocytes qui sont générés dans les foyers extra-folliculaires (vue ci-dessus dans la voie 1) sont eux des plasmocytes à courte durée de vie qui vont mourir au bout de quelques jours, et qui disparaitront, il n’y a pas de mémoire, c’est une réponse transitoire. 61 VII. La maturation de l’affinité des anticorps : sélection et mutation 1. Quantitativement Pour qu’une cellule B puisse être à même de recevoir les signaux de survie dont elle a besoin pour survivre, il faut qu’elle ait une constante de dissociation d’au moins 10-8. Encore une étape de sélection avant de devenir B mémoires ou plasmocytes à longue durée de vie. Si ce n’est pas le cas, la cellule meurt par apoptose. 2. La sélection Lors d’une immunisation, des ag arrivent dans le sang et peuvent être captés par des cellules B via la réponse extra-folliculaire puis production d’ac qui fixent l’ag. Ce complexe immun Ag + Ac peut être capté par les cellules folliculaires dendritiques. Une fois capté, il peut persister jusqu’à une année à la surface des CFD. Ce qui constitue la mémoire des Ag rencontrés par l’organisme. Les cellules B, ayant subi ce processus de mutation somatique des gènes des immunoglobulines, peuvent être amenées à revoir cet Ag (qui les a activée en première place). Seules les cellules B ayant les meilleures BCR vont pouvoir recapter cet Ag, l’internaliser, le digérer, donnant naissance à des peptides présentés à la surface des cellules B via CMH II aux cellules TFH via TCR. Réponse qui fournit aux cellules B les signaux de survie en particulier via CD40 dont elles ont besoin pour persister. 62 3. Mécanisme de la commutation isotypique des Ig Les mécanismes de commutation isotypique permettent de passer à d’autres isotypes des IgM tels que les IgG, IgA et IgE. Le locus de la chaîne lourde des gènes de Ig comprend : - une région avec les segments VH, DH et JH - une région qui code pour la partie constante de Ig par exemple le domaine Cμ et Cδ qui codent pour IgM et IgD et puis tous les segments qui codent pour IgG1, 2, 3, IgE et IgA. La commutation isotypique est le processus de combinaison qui permet de rapprocher des régions et d’éliminer ce qu’il y a entre les deux ce qui permet d’obtenir différents Ig. En revanche, une fois une région coupé dans le gène des Ig, la cellule ne pourra plus jamais revenir en arrière et par exemple ne pourra plus exprimer IgG1. (une fois délété, c’est perdu) Ce processus est fortement influencé par les cytokines de la TFH : - IFN- γ induit plutôt vers IgG, - IL-4 vers IgE - TGFβ vers IgA (Ig spécifique de l’intestin) Ce processus a lieu grâce à une enzyme particulière : AID = Activation Induced Cytidine Deaminase, découverte en 1999. Mécanisme pas très bien connu mais on sait qu’il y a la désamination d’une cytidine transformée en uracile qui ressemble à un T donc ça introduit des mismatchs entre les doubles brins qui doivent être réparés par des polymérases qui ont peu de fidélité et donc c’est ça la base de l’introduction des mutations somatiques. C’est la même enzyme, AID, qui est à la base de la commutation isotypique. DONC : S’il n’y a pas AID : toutes les Ig restent des IgM. Remarques : Ces différents types isotope d’ac ont des fonctions différentes dont on parlera à la fin du cours. La commutation est dangereuse car introduire des mutations dans son génome est dangereux. 63 Les deux phases dans la réponse humorale B fournissent différent types de réponse humorale 1ère phase : réponse extra-folliculaire (IgM>>>IgG) : réponse avec des ag T-dépendants ou indépendants, production rapide d’IgM, 7 jours après immunisation 2ème phase : réponse des centres germinatifs : plus de temps entre 9 à 10 jours, et donc plasmocytes qui produisent des IgG, sont détectables plus loin dans le temps : 10 j à deux semaines après immunisation Exemple de déficience immunitaire associé à une coopération B-T déficiente Déficience en CD40L : syndrome Hyper-IgM (décrit à l’Hôpital Necker) Cette maladie est associée à des infections récurrentes des voies respiratoires par des bactéries pyrogéniques et causées par l’absence d’IgG et IgA. Il peut aussi y avoir des manifestations autoimmunes. Le traitement est l’injection d’IgG en intraveineuse de manière régulière. Le partenaire de CD40L peut être touché aussi : c’est CD40 de la cellule T = maladie appelée déficit HIGM3. VIII. Critères de définitions des lymphocytes B mémoires 1. Caractéristiques générales Les cellules B mémoires représentent un des aspects de la mémoire de l’immunité adaptative. L’autre aspect est celui les plasmocytes à longue durée de vie qui résident dans la moelle osseuse. Les cellules B mémoires sont caractérisées par : - Phénotypiquement : elles ont perdu IgD chez l’Homme et elles expriment le marqueur CD27 à la surface En cytométrie de flux : Dans le sang, on voit qu’il y a 60% de cellules B naïves (CD27– c’est à dire pas de CD27 à la surface) et 40% de CD27+. Au sein des CD27+ mutés, il y a deux populations : celles qui ont IgD+ qui sont les cellules B de la zone marginale qui recirculent (15%) et celles qui n’ont pas IgD qui sont les LM mémoires (25%). - Fonctionnellement : elles peuvent se différencier en plasmocyte de manière plus rapide et clonale après une injection de rappel donc capacité à générer une réponse ac accélérée et de plus forte amplitude - Moléculairement : Ils ont des gènes mutés donc expriment des récepteurs de meilleure affinité pour l’ag donc plus efficace pour le neutraliser ou l’amener aux phagocytes. 2. Localisation Etude : localisation des cellules B mémoires spécifiques de la vaccine (variole de la vache = ce qui est utilisé pour vacciner). La variole a, par ailleurs, été dite éradiquée mondialement en 1977. En regardant la fréquence de ces cellules dans le sang et dans la rate, on se rend compte que la localisation préférentielle est dans la rate. Par ailleurs, chez des patients splénectomisés, il y a très peu de cellules dans le sang : ils sont plus sujets à des infections. 64 3. Durée de vie Ces cellules peuvent avoir une extrêmement longue durée de vie. Etude de 2002, des chercheurs ont étudié des individus nés entre 1906 et 1916, qui avait subi l’infection H1N1 Influenza pandemic qui a tué 3% de la population mondial à l’époque. 7 des 8 individus testés avaient des cellules B mémoires contre H1N1 ce qui montre que les cellules B peuvent survivre jusqu’a 90 ans = propriété ++ particulière 4. Caractéristiques de la réponse induite par les B mémoires La réponse primaire a un pic de réponse de 7 à 10 jours. Alors que le pic de la réponse secondaire est entre 3 et 5 jours et avec beaucoup plus de production d’IgG et augmentation forte de l’affinité de la réponse. La réponse secondaire, la mémoire, amène une protection bien supérieure contre l’infection. Mode retenu pour les vaccins bien entendu. 5. Formes mono- et multi-mériques des différentes immunoglobulines Dans le sang, on peut retrouver différents types d’Ig : IgA sous dimérique, IgG sous forme monomérique, IgM sous pentamérique. 6. Importance de la réponse humorale Ces Ac permettent de neutraliser les pathogènes de différentes manières : - neutraliser les virus, bactéries ou toxines en les recouvrant - opsoniser et favoriser leur phagocytose par les phagocytes tels les neutrophiles - activation du complément qui va lyser les pathogènes lui-même - induire une activité cytototoxique par les cellules NK qui vont tuer les cellules cibles 7. Propriétés des différents isotypes d’immunoglobulines La propriété des Ig est fortement liée à l’isotope qu’elle exprime. Par exmeple, les demi-vies ne sont pas les mêmes, l’activation des compléments est favorisée par certains plus que d’autres, de même pour le transfert placentaire. Les demi-vies varient beaucoup, par exemple : IgG1 a une demi-vie de 21 jours et IgE a une demivie à 2 jours. L’activation des compléments est plus ou moins associée à des Ig particuliers : IgM, IgG3, IgG1 sont ceux qui la favorise le plus. Le transfert placentaire est surtout favorisé par : IgG1, IgG3 La liaison aux mastocytes et basophiles est surtout de la caractéristique de l’IgE dont sa caractéristique est de répondre aux allergies. BILAN : Signaux de l’activation des LB ➤ 1er signal : activation du BCR par son antigène Favorise survie et prolifération du LB, mais insuffisant pour l’activer 65 Déclenche le dialogue avec le TFH : présentation Ag/CMH II (stimule TCR), co-stimulation (B7/CD28) ➤ 2ème signal : dialogue membranaire entre LB et TFH CMH II-p/TCR ; B7/CD28 ; CD40/CD40L ➤ 3ème signal : sécrétion de cytokines par le TFH IL-4 et IL-21 BILAN : Etapes et lieux de la réponse T-dépendante ☞ La collaboration T-B s’initie à la frontière des zones T/B dans les organes lymphoïdes secondaires Rôle des changements coordonnés d’expression des récepteurs de chimiokines (CXCR5/CXCL13 ; CCR7/CCL21) ☞ 1ère phase = réponse extrafolliculaire Prolifération + différenciation en plasmocytes et sécrétions d’anticorps ☞ 2ème phase = réaction de centre germinatif Prolifération + commutation isotypique + maturation d’affinité + différentiation en LB mémoire et en plasmocytes à longue durée de vie 66 Fiche récapitulative - Organisation du ganglion lymphatique : cortex externe riche en follicules B, cortex interne riche en LT, médullaire riche en plasmocytes - Organisation de la rate : dans la pulpe blanche : zone T riche en LT et cellules dendritiques, zone B riche en LB et cellules dendritiques folliculaires, zone marginale riche en cellules B spécifiques - Sous populations de cellules B : Cellules B folliculaires : génèrent des centres germinatifs, circulantes, phénotype IgM+/IgDhigh Cellules B de la zone marginale : localisées, phénotype IgMhigh/IgD-, circulantes chez l’Homme - 3 types d’Ag : Ag T-indépendants type 1 : TLR activé par des produits microbiens, indépendamment des BCR. Pas de mémoire, pas de maturation de l’affinité du récepteur. A forte concentration, l’activation des cellules B par ces Ag permet la sécrétion d’Ac non spécifiques, donc une réponse polyclonale. Ag T-indépendants type 2 : ce sont des polysaccharides capsulaires, Ag répétitifs, dépendants des BCR. Pas de mémoire, pas de maturation de l’affinité. Vaccins utilisant ces Ag : Pneumovax et Mencevax (ne fonctionnent pas chez l’enfant de moins de 2 ans) Ag T-dépendants : Possèdent une partie protéique. Entraine une réponse à la base de la mémoire (donc cible prioritaire pour les vaccins). - Activation des LB par des Ag : Les cellules B expriment : les BCR, Le CMH II, des récepteurs aux chimiokines et des molécules de co-stimulation L’activation des cellules B est dépendante du contexte d’activation et de la disponibilité des T CD 4+ activés Les cellules TCD4 et les cellules B se rencontrent dans les organes lymphoïdes secondaires. Dans le ganglion, les Ag de petites tailles peuvent passer du vaisseau lymphatique au cortex externe par des conduits folliculaires ou des pores, les gros Ag doivent utiliser les macrophages spécifiques de la région sous capsulaire (translocation ou transcytose). Dans la rate, les Ag arrivent par le sang. Rencontre T/B : ↗ CCR7 dans le LB actif migration du LB vers la zone T ↗ CXCR5 dans le LT actif migration du LT vers la zone B - Activation des LB par les TFH : a) Reconnaissance du BCR par l’Ag b) Protéines membranaires pour la liaison cellules B/TFH c) Cytokines (IL-21 et IL-4) stimulant les cellules B - TFH : Exprime des molécules de surface (CD4, CXCR5, ICOS, PD-1), le FT BCL-6, des molécules d’aide aux LB (CD40L) Interaction cellule B/TFH voie 1 (extra folliculaire) ou voie 2 (formation de centres germinatifs dans les follicules, par les Ag T-dépendants) - Maturation de l’affinité des Ac : Sélection des cellules B : elle doit avoir une constante de différenciation d’au moins 10-8, porter des BCR des meilleure affinité pour l’Ag. 67 Commutation isotypique : pour obtenir de nouveaux Ig, irréversible. Consiste à rapprocher 2 régions d’un gène codant pour un Ig et de couper ce qu’il y a entre les deux. Permise par l’enzyme AID (activation induced cytidine deaminase) - Les cellules B mémoires : Pas IgD, expriment CD27 à la surface, différenciables des autres cellules B par cytométrie de flux. Plus efficaces pour neutraliser l’Ag, peuvent se différencier plus rapidement en plasmocytes, par rapport aux autres cellules B. Localisées dans la rate, longue durée de vie. 68 UE 8 –Immunologie n°18 28/04/2017 Simon Fillatreau [email protected] RT : Camille Lavril RL : Donatien Fouche Les plasmocytes et les maladies auto-immunes Plan : I. La découverte de l’immunité humorale spécifique A. La sérothérapie B. Les plasmocytes II. Stratégies pour cibler les plasmablastes et les plasmocytes A. Stratégie n°1 : déplétion des cellules B B. Stratégie n°2 : déplétion des plasmablastes et plasmocytes C. Stratégie n°3 : cibler la niche des plasmocytes à longue durée de vie Abréviations : -Ac : anticorps -Ag : antigène -CPA : cellule présentatrice d’antigène Mot du RT : Nouveau cours de cette année qui s’appuie sur beaucoup d’exemples. C’est un cours qui n’est pas très long et pas très compliqué dans l’ensemble ! Bon courage ☺ Dernier cours sur l’immunité lymphatique humorale. 69 I. La découverte de l’immunité humorale spécifique A. La sérothérapie La découverte de l’immunité humorale spécifique date de décembre 1890, à Berlin par deux chercheurs : Behring et Kitasato. Expérience : ils ont immunisé des lapins d’un tétanos atténué en les vaccinant puis prélevé leur sérum et l’ont transféré à des cochons d’inde immunologiquement naïfs, ayant également reçu une injection de tétanos pathogénique. Observation : cochon d’inde protégés du tétanos pathogéniques grâce au sérum de lapin. C’est une protection spécifique et également efficace sur des cochons d’inde ayant déjà été infectés par le tétanos pathogénique. Premier essai clinique de sérothérapie : A Berlin en 1893 (3ans après la découverte de l’efficacité de la sérothérapie chez l’animal) : sérum de cheval, infecté par la diphtérie. Résultats cliniques : tous les patients traités 1 jour après la détection de la maladie ont été guéris et pour ceux traités 5jours après la détection de la maladie : 56% de protection. Récompensé par le 1er prix Nobel de médecine pour la sérothérapie en 1901. Tout ceci montre le pouvoir de l’immunité humorale, par un simple transfert de sérum on pouvait déjà protégés des milliers de personnes contre certaines maladies. B. Les plasmocytes Les plasmocytes (cellules productrices d’Ac) ont été découverts après l’immunité humorale, en 1948, ils ont été identifiés sur la base de coupes histologiques. Coupe de rate de lapin colorée par de l’Unna-Pappenheim (marquage de l’ARNm), permet d’identifier des grappes de cellules beaucoup plus foncées que les autres : cellules avec une synthèse protéique beaucoup plus importante que les autres cellules, ces cellules sont les plasmocytes. Les plasmocytes ont l’activité protéique la plus importante parmi les cellules immunitaires. Après infection par un virus LCMV, on observe une persistance de l’immunité humorale qui est en fait due à une persistance de plasmocytes producteurs d’Ac, qui s’accumulent d’abord dans la rate puis dans la moelle osseuse. Base de la découverte des plasmocytes à longue durée de vie, pilier de la réponse vaccinale. Dans la moelle osseuse, ces plasmocytes ne sont pas répartis de façon aléatoire, il existe des contacts particuliers avec d’autres cellules : -avec les cellules stromales : 80% des plasmocytes de la moelle osseuse sont en contact direct avec une cellule stromale. Partenariat entre UN plasmocyte et UNE cellule stromale (pas plusieurs plasmocytes sur une cellule stromale). -avec les éosinophiles : 15-20% des plasmocytes sont en contact avec les éosinophiles /!\ Pas de contact des plasmocytes entre eux, ils sont distribués de manière individuelle sur l’ensemble de la moelle osseuse. Les niches dans lesquelles se situent les plasmocytes ont des compositions cellulaires différentes, avec à la base une cellule stromale et autour d’autres cellules accessoires telles que les éosinophiles. 70 Ces cellules de l’environnement fournissent les signaux qui permettent de garder les plasmocytes en vie pour une longue durée (ce n’est pas une propriété intrinsèque des plasmocytes, si ces derniers sont retirés de leur niche ils meurent en 24-48h). Les éosinophiles sécrètent des facteurs de survie indispensables à la survie des plasmocytes, telle que la cytokine APRIL (les mégacaryocytes en sécrètent aussi). Durée de vie de l’immunité humorale spécifique : Très importante pour la vaccination, car va déterminer la durée de vie d’un vaccin et à quelle fréquence il faudra revacciner un individu. Quand on suit le taux sérique d’Ac spécifiques de la variole on calcule une ½ vie de 90ans. Pour la rougeole, on arrive à une ½ vie de 3000ans. Cela montre que les plasmocytes, qui sont des cellules actives (produisent des Ac), peuvent rester sans se diviser dans la moelle osseuse pendant des durées infinies. Mais d’autres vaccins protéiques comme le tétanos et la diphtérie ont une survie de 11 ou 20ans hétérogénéité entre les vaccins. Auto anticorps : Paul Ehrlich en Allemagne, a postulé qu’il y avait des Ac dirigés contre les Ag du corps (horror autotoxicus) et donc qui pouvaient être à l’origine de maladies auto-immunes. Rappel : synthèse de la chorégraphie de la réponse humorale : Les cellules B se développent dans la moelle osseuse avec une hiérarchie de développement, puis elles passent dans le sang : cellules B dans la zone marginale ou dans la zone folliculaire. Ces cellules peuvent ensuite être activées : on obtient des plasmocytes à courte durée de vie. Au niveau de la zone folliculaire, on aura également des cellules B mémoires et des plasmocytes à longue durée de vie. On n’en parlera pas dans ce cours mais il existe des plasmocytes présents au niveau des tissus inflammés qui sont maintenus en vie grâce à l’inflammation. A différencier des plasmocytes de la moelle osseuse qui persistent indépendamment de l’inflammation. 71 II. Stratégies pour cibler les plasmablastes et les plasmocytes Trois stratégies thérapeutiques ont été développées. A. Stratégie n°1 : déplétion des cellules B Utilisation d’un Ac anti CD20, le Rituximab qui élimine directement les cellules B (naïves et activées) et indirectement les plasmablastes et les plasmocytes à courte durée de vie (sans cellules B on ne peut pas générer de plasmablastes ni de plasmocytes). /!\ Ne touche PAS les plasmocytes à longue durée de vie. 72 Vascularites à ANCA : Patients traités avec le Rituximab : on observe une forte réduction du taux d’auto Ac responsables de la maladie. On en déduit que ce sont des cellules à courte durée de vie qui produisent ces Ac. De plus le Rituximab stabilise les patients en rémission, pas de rechute de la maladie. Succès du Rituximab dans les vascularites à ANCA. Lupus : Maladie associée à une accumulation de plasmablastes, le marquage CD20 montre une accumulation de plasmablastes dans le sang du patient, cellules qu’on ne retrouve habituellement pas dans le sang d’un individu sain. De plus on remarque que l’accumulation de plasmablastes est en corrélation avec la sévérité de la maladie. Traitement avec le Rituximab des patients lupiques : déplétion importante des cellules B, mais réduit très faiblement les taux d’auto-Ac anti-dsDNA (Ac caractéristiques du Lupus). Echec du Rituximab dans le lupus, hypothèse : les plasmocytes à longue durée de vie sont une source importante d’auto Ac pathogéniques. Quelques marqueurs : -CD27 : permet de distinguer les cellules mémoires des cellules naïves. -HLA DR : permet de distinguer les plasmocytes à courte durée de vie (HLA DR+) des plasmocytes à longue durée de vie (HLA DR -) B. Stratégie n°2 : éliminer directement les plasmablastes et les plasmocytes Deux stratégies thérapeutiques. 73 i. La transplantation hématopoïétique autologue Traitement du lupus : Patients traités par un traitement immuno-abatteur. Au départ, on trouve environ 1% de plasmocytes à longue durée de vie dans la moelle osseuse de ces patients. Après 1mois de traitement, disparition de ces plasmocytes à longue durée de vie, mais également perte des Ac des vaccins anti tétanos et anti rougeole, patients qui doivent être revaccinés. Effet clinique du traitement : possible rémission complète du lupus grâce à une élimination de la mémoire pathologique du système immunitaire, qui inclue les plasmocytes à longue durée de vie. ii. Inhibiteurs du protéasome Du fait de leur production importante de protéines, les plasmocytes sont dépendants du protéasome. Essai réalisé sur des patients lupiques : Patients tous réfractaires aux traitements immunosuppresseurs, sont traités par un inhibiteur du protéasome (bortezomib). On observe une diminution du taux d’auto Ac anti-dsDNA et une élimination des plasmocytes à longue durée de vie de la moelle osseuse. Après ce traitement par les inhibiteurs du protéasome, tous les patients sont redevenus sensibles aux traitements immunosuppresseurs classiques. On suppose donc que les plasmocytes à longue durée de vie de la moelle osseuse sont responsables de cette résistance des patients aux traitements immunosuppresseurs classiques. Conclusion : -les approches thérapeutiques qui ciblent les plasmocytes à longue durée de vie permettent de réduire les taux d’auto Ac tel que anti-dsDNA et d’améliorer le lupus. -ces deux approches sont associées à des toxicités importantes. 74 C. Stratégie n°3 : cibler spécifiquement la niche des plasmocytes à longue durée de vie Ceci revient à cibler les facteurs de survie, tel que APRIL. Atacicept : Testé pour le lupus. Quand tous les patients étaient considérés, diminution du taux d’Ac anti-dsDNA mais pas d’effet bénéfique global pour le lupus. Quand les patients sont catégorisés en fonction du taux d’APRIL et de BAFF (cytokines permettant la survie des plasmocytes pendant de longues durées) circulant dans le sang, on observe chez les patients lupiques avec un fort taux, une amélioration de la maladie qui est proportionnelle à la dose d’Atacicept utilisée. Testé dans la sclérose en plaques, dans l’idée que l’Atacicept aller éliminer les plasmocytes qui produisent des auto Ac et donc une amélioration de la maladie. Mais s’est produit le contraire : exacerbation de la maladie. Pourquoi le traitement par Atacicept a-t-il induit une aggravation de la sclérose en plaques ? Les cellules B ont aussi une fonction régulatrice par la production de cytokines, comme l’IL 10 (cytokine anti inflammatoire), elles peuvent donc arrêter complètement un épisode inflammatoire causé par les cellules T pro inflammatoires. Chez les patients atteints de sclérose en plaques, la production d’IL 10 par les cellules B est diminuée, ce qui suggère que la fonction anti inflammatoire de ces cellules B est réduite. Quand on regarde la production d’IL 10 par les cellules B de patients atteints de sclérose en plaques ET infectés par des helminths (vers parasites), on observe que cette production d’IL 10 est rétablie. On observe ainsi une amélioration nette de l’évolution de la maladie qui est associée à une amélioration de la fonction régulatrice des cellules B. Aujourd’hui on sait que les sous populations de plasmocytes qui produisent de l’IL 10 et de l’IL 35 sont éliminées après traitement par Atacicept, ce qui pourrait expliquer l’exacerbation de la maladie après ce traitement. 75 L’IL 35 est une cytokine de la famille de l’IL 12, famille qui comporte 4membres : -IL 12 : hétérodimère formé de p35 et p40. Stimule les réponses Th1 -IL 23 : hétérodimère formé de p19 et p40. Stimule les réponses Th17 -IL 35 : hétérodimère formé de p35 et Ebi3 -IL 27 : hétérodimère formé de p28 et Ebi3 IL 35 et IL 27 ont des fonctions régulatrices permettant de supprimer les réponses immunitaires. Ainsi les plasmocytes produisant de l’IL 35 peuvent supprimer la réponse inflammatoire. Chez l’homme on retrouve des cellules B engagées dans la voie plasmocytaire, qui sont susceptibles d’exprimer IL 35 et donc d’avoir un rôle anti inflammatoire. Conclusion : -La déplétion des cellules B est une approche efficace dans les maladies impliquant les plasmocytes à courte durée de vie (vascularites à ANCA), et dans les maladies causées par les cellules T pro inflammatoires quand les cellules B sont des CPA essentielles pour cette réponse T pathogénique. -Les plasmocytes à longue durée de vie semblent être impliqués dans la résistance de certaines maladies auto-immunes aux traitements immunosuppresseurs et au Rituximab (lupus). -Aujourd’hui il n’y a pas d’approche permettant d’éliminer les plasmocytes à longue durée de vie sans effets secondaires importants. -La déplétion des plasmocytes régulateurs peut avoir un effet contre-productif, car ces plasmocytes ont un effet protecteur en limitant l’inflammation. Aujourd’hui il y a un besoin de nouvelles thérapies qui ciblent de nouvelles fonctions des cellules B et des plasmocytes, qui sont liées à leur production de cytokines et à leur fonction de CPA. 76 Fiche récapitulative •Concernant la sérothérapie, un simple transfert de sérum permet de guérir complètement une maladie. •Les plasmocytes ont été découverts après l’immunité humorale (plasmocyte= cellule productrice d’Ac), ils ont également l’activité protéique la plus importantes parmi les cellules immunitaires. •Les plasmocytes ont des contacts privilégiés avec certains types cellulaires dans la moelle osseuse au sein des niches comme les cellules stromales (80% des plasmocytes au contact des cellules stromales), les cellules éosinophiles. Il n’y a pas de contact entre les plasmocytes. •Les plasmocytes peuvent avoir des durée de vie dans la moelle osseuse extrêmement variable (ex rougeole= demi vie de 3000 ans, 90 ans pour la variole) ceci explique que certains vaccins doivent être renouvelés. •Paul Ehrlich en Allemagne, a postulé qu’il y avait des Ac dirigés contre les Ag du corps (horror autotoxicus) et donc qui pouvaient être à l’origine de maladies auto-immunes. •3 stratégies thérapeutiques: - déplétion des cellules B (seulement les B naïves et activées, ne touche pas les plasmocytes à longue durée de vie). - déplétion des plasmablastes et plasmocytes (par transplantation hématopoïétique ou inhibiteurs du protéasome). -cibler la niche des plasmocytes à longue durée de vie. •Quelques marqueurs : -CD27 : permet de distinguer les cellules mémoires des cellules naïves. -HLA DR : permet de distinguer les plasmocytes à courte durée de vie (HLA DR+) des plasmocytes à longue durée de vie (HLA DR -) •Les cellules B ont aussi une fonction régulatrice par la production de cytokines, comme l’IL 10 (cytokine anti inflammatoire), elles peuvent donc arrêter complètement un épisode inflammatoire causé par les cellules T pro inflammatoires. •Les sous populations de plasmocytes qui produisent de l’IL 10 et de l’IL 35 sont éliminées après traitement par Atacicept, ce qui pourrait expliquer l’exacerbation de la maladie après ce traitement. •L’IL 35 est une cytokine de la famille de l’IL 12, famille qui comporte 4 membres: IL-12, IL-23, IL27, IL-35. •IL 35 et IL 27 ont des fonctions régulatrices permettant de supprimer les réponses immunitaires. Ainsi les plasmocytes produisant de l’IL 35 peuvent supprimer la réponse inflammatoire. •Chez les patients atteints de sclérose en plaques, la production d’IL 10 par les cellules B est diminuée, donc la fonction anti inflammatoire est semble-t-il réduite. 77 •La déplétion des cellules B est une approche efficace dans les maladies impliquant les plasmocytes à courte durée de vie (vascularites à ANCA), et dans les maladies causées par les cellules T pro inflammatoires quand les cellules B sont des CPA essentielles pour cette réponse T pathogénique. •Les plasmocytes à longue durée de vie semblent être impliqués dans la résistance de certaines maladies auto-immunes aux traitements immunosuppresseurs et au rituximab (ex lupus). •Aujourd’hui il n’y a pas d’approche permettant d’éliminer les plasmocytes à longue durée de vie sans effets secondaires importants. •La déplétion des plasmocytes régulateurs peut avoir un effet contre-productif, car ces plasmocytes ont un effet protecteur en limitant l’inflammation. •Aujourd’hui il y a un besoin de nouvelles thérapies qui ciblent de nouvelles fonctions des cellules B et des plasmocytes, qui sont liées à leur production de cytokines et à leur fonction de CPA. 78 UE8 –HEMATOLOGIE - cours n°5 21 Avril 2017 Anne-Marie FISCHER RT : Damien JEUNE RL : Aude CLEMENCIN Cibles et mécanismes d'action des anticoagulants et des fibrinolytiques Plan : I. Introduction II. Les anticoagulants 1) L'héparine et ses dérivés 2) Les anti-vitamines K 3) Les anticoagulants oraux directs III. Les fibrinolytiques 1) Les indications IV. Conclusion (ou thrombolytiques) Abréviations : AVK : Anti‑Vitamine K HNF: Heparine non fractionnée HBPM : Heparine de Bas Poids Moléculaire Mot du RT : La prof a dit qu'elle voulait que l'on retienne les choses importantes comme les mécanismes d'action mais que les noms des médicaments, etc. ne sont pas très importants. En fait cette annee vous devez retenir surtout les noms des grandes classes de medicaments et peut-etre le nom des AOD : HNF,HBPM ,Pentasaccharide, AVK,AOD anti IIa (Dabigatran ),AOD anti Xa (Rivaroxaban et Apixaban )idem pour les noms des medicaments interferrants avec les anticoagulants : Tout ce qui est à retenir est dans le référentiel !! Bon courage :) 79 I. Introduction Les anticoagulants sont largement utilisés dans la médecine aujourd'hui, notamment chez les sujets âgés. Ils présentent cependant un risque hémorragique majeur, c'est pourquoi il faut bien apprendre à les manier et à connaître leurs modes d'action. Il existe différents types de médicaments anti‑thrombotiques : ‑ Les antiagrégants plaquettaires, qui vont inhiber les plaquettes (non abordés aujourd’hui), comme l'aspirine. La partie de l’hémostase liée aux plaquettes est appelée hémostase primaire. ‑Les anticoagulants, qui vont inhiber la production de thrombine, ou bien agir directement sur la thrombine. Ce sont eux qui vont nous intéresser aujourd’hui ! ‑Les fibrinolytiques, qui détruisent les molécules de fibrine. On les utilise plus rarement, seulement à la phase aiguë de l'infarctus du myocarde, ou lors de l'embolie pulmonaire nottament dans les services de réanimation. Les plaquettes et les facteurs de coagulation vont entrainer l’activation de la coagulation et la formation de thrombine, enzyme clé de la coagulation. Elle transforme le fibrinogène en fibrine. Principales indications des anticoagulants : • Prévention de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et de l’embolie systémique (ES) chez les patients présentant une fibrillation auriculaire non‑valvulaire • La maladie thromboembolique veineuse (en effet les thromboses artérielles sont causées par les plaquettes et ne sont donc pas traitées principalement ou uniquement par les anticoagulants) qui peut donner une embolie pulmonaire si le caillot migre : ‑ Traitement préventif (en médecine, en chirurgie) ‑ Traitement curatif (à la phase aiguë de la maladie, ou en prévention de récidives) • Indications cardiologiques : ‑ Traitement de l’infarctus du myocarde aigu, en association avec un traitement thrombolytique, chez les patients éligibles ou non à une angioplastie coronaire secondaire ‑Traitement de l'angor instable et de l'infarctus du myocarde sans onde Q à la phase aiguë, en association avec l'aspirine. 80 ‑ Valves cardiaques mécaniques Remarque : L’exposition aux anticoagulants augmente avec l’âge : 13,3% des sujets âgés de 65 ans et plus ont été exposés au moins une fois à un anticoagulant en 2011. On va utiliser plusieurs cibles différentes et plusieurs modes d'administration, en fonction de la maladie à traiter. II) Les anticoagulants 1. Les dérivés hépariniques C’est un produit d’origine naturelle ,enchainement de sucres extrait à partir de muqueuse intestinale de porc (ce ne sont donc pas des molécules de synthèse sauf le pentasaccharide ). Il existe donc des risques de contamination (allergies, etc.). 81 Tout d'abord, on a eu recours au HNF (Héparines Non Fractionnées). Celles‑ci peuvent être sous forme IV ou bien SC. Elles ont un poids moléculaire de 2 à 30 kDa, avec une moyenne de15kDA. Les chaines polysaccharidiques actives contiennent chacune une structure de base, enchainement de 5 sucres , le pentasaccharide, qui permet l'efficacité des héparines. On a ensuite fractionné ces HNF en chaînes plus courtes, par dépolymérisation chimique ou digestion enzymatique, pour obtenir de HBPM: Héparines de bas poids moléculaire (<8 kDa). Enfin, on a pu synthetiser le pentasaccharide, structure de base de 1728 Da. a. Mécanisme d'action Le pentasaccharide, présent chez la plupart des dérivés hépariniques, va leur permettre de se fixer sur l'antithrombine (AT), qui elle même va se lier aux facteurs de coagulation IIa (= la thrombine) et Xa et les inactiver : ce sont donc des anticoagulants indirects, contrairement aux nouveaux anticoagulants directs, que nous verrons plus tard. (Si le pentasaccaride est absent le dérivé héparinique est inefficace). En se liant à l'AT, le pentasaccaride modifie la conformation de l'AT, ce qui augmente par mille son efficacité, et donc l'inactivation des facteurs de coagulation. L’héparine potentialise donc les effets de l'antithrombine. 82 Le pentasaccharide est donc essentiel et suffisant pour fixer l’AT et ainsi inhiber le F Xa (car l’héparine n’a pas besoin de se lier au FXa pour l’inhiber ) ; mais il faut au moins 16 sucres (chaines suffisamment longues: > 5400 Da) pour inhiber le facteur IIa . En effet le facteur IIa ne pourra etre inhibé que si l’héparine se lie à la fois au facteur IIa et à l’AT. C’est pourquoi l’HNF inhibe à la fois Xa et IIa alors que l’HBPM qui a une chaîne beaucoup plus courte inhibe essentiellement le Xa (seulement petite action anti IIa). Il n’est pas plus intéressant pour la thérapeutique d’inhiber spécifiquement l’une ou l’autre. Ce sont en fin de compte leurs propriétés pharmacocinétiques qui rendent les HBPM intéressantes: une ou2 injection sous cutanée par jour (HBPM ) est plus pratique qu’une perfusion IV ou 2 à 3 injections SC (HNF ). Les différents dérivés hépariniques diffèrent par leur poids moléculaire, mais aussi par leur rapport anti‑Xa/anti‑IIa. Thérapeutiquement parlant ce rapport n’est pas très important ; seule la pharmacocinétique compte réellement. 83 => Ce qui a et demi‑vie). fait le succès des HBPM sont leurs propriétés pharmacocinétiques (biodisponibilité b. Pharmacocinétique A cause de sa demie vie l’héparine NF est peu utilisée sauf quand on veut une action de courte durée. Par exemple avant une intervention chirurgicale ou un accouchement… 84 Le Fondaparinux (pentasaccharide ) a une élimination exclusivement rénale ce qui limite son utilisation chez le sujet âgé (insuffisance rénale) et n’a pas d’antidote contrairement à l’héparine NF qui a la protamine et l’HBPM en a un partiel. HBPM et Fondaparinux: pas de surveillance nécessaire, administration en fonction du poids, contrairement à l’héparine NF qui nécessite une surveillance accrue et des adaptations fréquentes de posologie. L’héparine non fractionné est donc surtout utilisée chez les patients qui ont une insuffisance rénale, car elle a une élimination par liaison à la cellule endothéliale en premier lieu ( puis rénale si on augmente la dose) contrairement à l’HBPM et le Fondaparinux qui ont une élimination exclusivemnt rénale. En l’absence d’insuffisance rénale les HBPM sont les plus utilisées. 2. Les Anti‑Vitamine K a) Mécanisme d'action Les AVK, administrés par voie orale, sont utilisés en relais des héparines qui ont une action immédiate. Ils inhibent le cycle de régénération de la vitamine K au niveau de l’hépatocyte, ce qui entraîne une diminution de l'activité biologique des facteurs vitamine K dépendants : - facteurs II (Prothrombine) ‑ X (Stuart) ‑ VII (Proconvertine) ‑ IX (Anti‑hémophilique B) 85 Les facteurs vitamine K dépendants ont dans leur partie NH2 terminale un acide glutamique qui grâce à l’action d’une carboxylase vont avoir un deuxième radical COO- . Ce qui donne des acides bicarboxylé. Cela permet de fixer le calcium qui s’amarre aux phospholipides chargés négativement de la membrane plaquettaire et de lancer la cascade de coagulation… Il faut donc une carboxylase qui a comme coenzyme la vitamine K, elle est donc indispensable. Pour avoir une vitamine K active il faut qu’elle soit réduite. Et c’est à ce niveau qu’agissent les anti vitamines K. Les AVK inhibent le cycle de réduction de la vitamine K. Les AVK agissent sur les enzymes de réduction de la vitamine K à 2 niveaux: ‑ Vitamine K époxyréductase ‑ Vitamine K réductase b) Précaution d'emploi Les AVK vont entraîner une diminution de synthèse sous forme active des différents facteurs de coagulation vitamine-K dépendants, mais avec une cinétique différente. Ainsi, quand on commence un traitement AVK, on va associer pendant 5 jours de l'héparine, du fait du retard, délai d’action des AVK (il faut attendre la diminution de tous les facteurs de coagulation). De même il y a un effet prolongé du médicament quelque jours après son arrêt. Si le malade saigne il faut le suppléer en vitamine K. De plus il y a une grande variabilité de la réponse d’un patient à l’autre, d’où une surveillance accrue de ces médicaments. c) Les différents types d'AVK 86 Plus la durée de vie est longue plus le patient sera stable dans son traitement .La Warfarine est celui qui a la demi vie la plus longue et est donc le plus utilisé. d) La surveillance du traitement : l'INR Pour vérifier l'état de coagulation du patient, on (International normalised ratio). mesure l'INR, indice international Le temps de quick est le temps de coagulation. La valeur de l'INR doit normalement être comprise entre 2 et 3 (sauf cas particuliers, notamment chez les patients porteurs d'une valve cardiaque mécanique, ou l'INR doit être entre 2,5 et 3,5). C’est une fourchette très étroite si le malade est en dessous de 2 il n’est pas assez traité, risque de thrombose. Si le malade est au-dessus de 3 il y a un risque hémorragique. 87 e) Les facteurs de variabilité de la réponse a un traitement • La génétique : La variabilité de réponse aux AVK est due aux polymorphismes génétiques de VKORC1 et CYP450 2C9. Ces seuls 2 polymorphismes sur ces gènes expliquent 50% de la variabilité interindividuelle. • L'observance: c'est un traitement à long terme, voire à vie. • L'alimentation: Avant, on prônait une alimentation pauvre en vitamines K. Aujourd'hui on conseille seulement une alimentation équilibrée. • Les médicaments ( par exemple aspirine, AINS , les antibiotiques qui vont attaquer le microbiote intestinale qui fabrique la vitamine K et donc modifier le rapport vitamine K/ antivitamine etc…) • La pathologie: une insuffisance rénale ou hépatique augmente le risque d'hémorragie par accumulation du traitement. ( CCP : concentré de complexe prothrombique contient :FII,FVII,FIX,FX) 3. Les anticoagulants oraux directs AOD Depuis 2010, il existe de nouveaux anticoagulants : les anticoagulants directs oraux. Ils ont été développés pour : - plus de sécurité : En effet, ils ont une marge thérapeutique plus grande que les AVK qui sont la première cause d’hospitalisation pour accident iatrogène (17 000 hospitalisations/an et 5000 décès/an en France). Les complications les plus graves qu’ils peuvent entrainer sont des hémorragies du SNC et il semblerait que les AOD fassent moins saigner dans la tête. - plus de simplicité: on utilise une dose fixe sans surveillance biologique. On n'a donc pas besoin d’adapter constamment la posologie du traitement. Efficacité comparable aux AVK 88 a) Mécanisme d'action Contrairement aux autres molécules, ces anticoagulants agissent directement sur le facteur Xa (pour le Rivaroxaban et l'Apixaban), et sur le facteur IIa (pour le Dabigatran).Ils ont une action immédiate et une demi‑vie courte : 12h. 89 b) Comparaison des différents médicaments - Le Dabigatran a une forte élimination rénale il est donc contre indiqué lors d’une insuffisance rénale sévère et à dose adaptéé dans l’insuffisance rénale modérée. Les autres (anti Xa ) peuvent être prescrits dans l’ insuffisance rénale modérée Il faut absolument adapter la dose en fonction de l’atteinte rénale surtout pour l’anti-IIa. Le choix du médicament peut donc se faire sur le critère de la fonction rénale, de la 1/2 vie… Des antidotes sont disponibles actuellement pour le Dabigatran et d’autres sont en développement : Pour le Dabigatran l’anti-dote est un anticorps dirigé spécifiquement contre lui . Pour les anti Xa directs et indirects, on va administrer du facteur Xa recombinant humain non fonctionnel, qui va rentrer en compétition avec l’ Xa physiologique au niveau de l’anti Xa et bloquer son effet inhibiteur . c) Interactions médicamenteuses: rôle de la P glycoprotéine et du cytochrome P450 (CYP3A4) ● - P-gp: transporteur, pompe d’efflux, protection vis-à-vis des toxiques (médicaments): limite l’absorption intestinale favorise l’élimination (par le rein) ● CYP3A4: métabolisme (Rivaroxaban et Apixaban) 90 Les AOD sont susceptibles aux interactions médicamenteuses, en effet les trois sont des substrats de la Pgp . C’est un système d’efflux qui rejette le médicaments soit dans les urines soit dans l’intérieur du tube digestif. Cela permet d’éliminer le médicament. Si vous prenez d’autres médicaments eux aussi substrats de la Pgp il va y avoir une compétition et inhibition de son action vis-à-vis des AOD. Pour les anti Xa ( et eux seuls) ils sont métabolisé par le CYP 3A4, donc en présence de médicaments inducteurs ou inhibiteurs de ce cytochrome on va influer sur la concentration de cet AOD. d) Indications Dabigatran Rivaroxaban - prévention de MTEV en prévention chirurgie chirurgie orthopédique orthopédique - prévention d'AVC dans la - prévention d'AVC dans la fibrillation atriale fibrillation atriale - traitement de la thrombose veineuse et de la récidive de MTEV -embolie pulmonaire MTEV: Maladie Thrombo-embolique Veineuse Apixaban prévention chirurgie orthopédique - fibrillation auriculaire - traitement de la thrombose veineuse et de la récidive de MTEV -embolie pulmonaire Les posologies sont différentes pour chaque médicament, et il faut l'adapter en fonction du patient. Certaines doses sont à effet préventif et d'autres à effet curatif. 91 III) Les Thrombolytiques Il s’agit de traitements destinés à faire disparaître un caillot de fibrine plus rapidement que ne pourrait le faire la fibrinolyse physiologique par l’activation du plasminogène en plasmine (directement ou indirectement). On a une destruction du caillot physiologique ET pathologique, ainsi qu’une destruction de la fibrine ET du fibrinogène (ce qui entraîne une lyse systémique) . Ils vont activer la fibrinolyse et vont servir à limiter la nécrose tissulaire lors de phénomènes aigus. Surveillance du traitement: - Inutile pour adapter les posologies du fibrinolytiques ‑ Utile pour quantifier l’état lytique systémique: dosage du fibrinogène - Utile pour adapter un traitement anticoagulant concomitant 1) Les indications • Traitement thrombolytique à la phase aiguë de l'infarctus du myocarde dans les 6 heures suivant l'apparition des symptômes. • Traitement fibrinolytique de l'accident vasculaire cérébral ischémique à la phase aiguë: le traitement doit être instauré dans les 4 heures suivant l'apparition des symptôme d'accident vasculaire cérébral et après avoir exclu le diagnostic d'hémorragie intracrânienne par des techniques appropriées d'imagerie. • Traitement fibrinolytiques après embolie pulmonaire aiguë massive avec instabilité hémodynamique. IV) Conclusion En résumé : utilisation des anticoagulants: • Lors d'une phase aiguë de thrombose, on utilise: -de l'HBPM en sous cutané (attention à la contre indication si le patient a une insuffisance rénale on utilise alors l’HNF) -des anticoagulants oraux directs • Pour un traitement au long cours, on utilise: ‑des AVK (mais risques hémorragiques, nécessité d'une surveillance et interférences médicamenteuses +++) ‑des anticoagulants oraux directs (attention à l’insuffisance rénale) 92 Fiche récapitulative Anticoagulants = utilisation majeure, mais risque hémorragique +++ (personnes âgées) Différents types de médicaments anti-thrombotiques : antiagrégants plaquettaires (inhibent les plaquettes) / anticoagulants (inhibent la production de thrombine) / fibrinolytiques (détruisent le caillot de fibrine) Principales indications des anticoagulants : ✓ prévention de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et de l’embolie pulmonaire chez patients avec FIBRILLATION AURICULAIRE NON-VALVULAIRE. ✓ maladie thromboembolique veineuse (risque de stase = phlébite ,migration du caillot = embolie) ✓ indications cardiologiques (IDM aigu, angor instable, et surtout valves mécaniques) Différents types d’anticoagulants : 1) Les héparines et dérivés hépariniques : le pentasaccharide, présent chez tous les dérivés hépariniques va leur permettre de se fixer sur l’antithrombine, qui elle-même va se lier aux facteurs de la coagulation : IIa (la thrombine), Xa et les inactiver => Mécanisme indirect, l’héparine potentialise donc les effets de l’antithrombine (présente à l’état physiologique, qui inhibe très lentement les sérines protéases). HNF (Héparine non fractionnée) Origine = naturelle HBPM (héparine de bas poids moléculaire) Origine = naturelle Fondaparinux Origine = synthèse ½ vie Dose-dépendant 4h 15h Elimination Cellulaire et rénale (on peut en donner même si IR) Rénale Exclusivement rénale (ATTENTION aux personnes âgées et IR) Biodisponibilité Variable selon la dose > 90% (SC) 100% (SC) Action Anti-Xa et anti IIa Essentiellement Anti-Xa Seulement anti Xa Antidote Protamine Partiel (protamine) NON => Les plus utilisés en milieu hospitalier sont les HBPM grâce à leurs propriétés pharmacocinétiques (biodisponibilité et demi-vie). 2) Les anti-vitamines K : administrés par voie orale, en relais des héparines à action immédiate. ils inhibent le cycle de régénération de la vitamine K au niveau de l’hépatocyte, entrainant une diminution de l’activité biologique des facteurs vitamine K dépendants : facteurs II, VII, IX X et protéines C et S (inhibiteurs de la coagulation). En effet, les facteurs de coagulation vitamine K dépendant doivent subir une gamma carboxylation pour être actif, réaction nécessitant vitamine K. 93 Quand on commence un traitement AVK, on va associer de l’héparine pendant 5 jours du fait du retard d’action des AVK. (Attendre diminution de tous les facteurs de coagulation) Pour vérifier l’état de coagulation, on mesure INR (temps de quick du patient / temps de Quick d’un témoin) normalement situé à 2-3. Si < 2 => thrombose, si > 3 => risque hémorragique Attention il y a des facteurs de variabilité de la réponse aux traitements : polymorphisme génétique (VKORC1 et CYP2C9), l’observance, l’alimentation, interactions médicamenteuses, l’IR ou hépatique. Inconvénients des AVK : Fenêtre thérapeutique très étroite + variabilité inter et intra individuelle !!! 3) Les anticoagulants oraux : agissent directement sur les facteurs Xa (pour le Rivaroxaban et l’Apixaban) et sur les facteurs IIa (pour le Dabigatran), ils se fixent directement sur le site actif de l’enzyme à inhiber. Ils sont métabolisés par la P-glycoprotéine et le cytochrome P3A4 (CYP3A4) => interactions médicamenteuses. Les posologies sont différentes pour chaque médicament. Certaines doses sont à effet préventif et d’autres curatif. Les thrombolytiques : détruisent le caillot de fibrine. On les utilise plus rarement seulement pour la phase aigüe de l’IDM ou de l’embolie pulmonaire grave ou de l’Accident vasculaire cerebral ischemique. Médoc pour dissoudre le caillot de fibrine plus rapidement que ne pourrait le faire la fibrinolyse physiologique par activation du plasminogène en plasmine (par t-PA ou l’urokinase). 94 UE8 – Hématologie Cours n° 6 RT : Astrid La Rosa 24/04/2017 RL : Cyril Cosse Anne-Marie FISCHER [email protected] Endothélium, lutte contre la thrombose, angiogenèse I. La cellule endothéliale et l’hémostase A. Le rôle de l’hémostase B. La cellule endothéliale II. Cellule endothéliale et formation de nouveaux vaisseaux A. L’angiogenèse i. ii. Différentes étapes Les facteurs de croissance pro-angiogènes B. La vasculogenèse i. Définition ii. Les progéniteurs endothéliaux circulants C. Thérapie cellulaire de l’ischémie D. Angiogenèse tumorale 95 I) La cellule endothéliale et l’hémostase A) Le rôle de l’hémostase L’endothélium joue un rôle important dans le mécanisme de l’hémostase : Il active la formation du caillot. Il protège contre la thrombose. Il intervient aussi dans la création de nouveaux vaisseaux (rôle indirect dans l’hémostase) ; qu’on appelle l’angiogenèse. Rappel : Structure de la paroi vasculaire L’endothélium est un organe diffus, qui correspond à la partie interne des vaisseaux. Il constitue l’interface entre le sang et tous les organes. Il est constitué de 3 couches : ‑ L’intima : c’est le feuillet qui est directement en contact avec le sang. Il repose sur une membrane basale. ‑ La média : ce feuillet est constitué de cellules musculaires lisses (couche très épaisse dans les artères contrairement aux veines, et très fine dans les capillaires, voire absente). ‑ L’adventice : c’est le feuillet le plus externe, de cellules de soutien. L’endothélium est caractérisé par son immense surface d’échange entre le sang et les organes irrigués (700m2). Il joue un rôle dans la perméabilité vasculaire, le transport de cellules et métabolites, la régulation du flux circulatoire, la protection contre la thrombose, l’hématopoïèse etc … Le processus d’hémostase : Il est physiologique (lésion) ou pathologique (thrombose). Ses principaux acteurs sont les plaquettes, les protéines de la coagulation et l’endothélium. Lorsqu’un vaisseau est lésé, il y a formation d’une brèche vasculaire, sur laquelle vont adhérer les plaquettes (par agrégation plaquettaire). Ces plaquettes, adhérentes au sous‑endothélium (grâce au collagène), deviennent actives et expriment des phospholipides chargés négativement (par remaniement de leur membrane). Ces phospholipides concentrent, à la surface de la plaquette, les protéines de la coagulation qui interagissent entre elles pour donner de la thrombine. Celle-ci transforme le fibrinogène soluble en réseau de fibrine insoluble : c'est la formation du caillot fibrino‑plaquettaire. Le caillot est ensuite lysé puis une nouvelle couche de cellules endothéliales se reconstitue en dessous. B) La cellule endothéliale. C’est un agent majeur de l’hémostase mais difficile à explorer. La cellule endothéliale est dotée d’une part d’un rôle dans la lutte contre la thrombose (quand l’endothélium est sain), et d’autre part d’un rôle dans le phénomène de thrombose (quand il y a une lésion). 96 i) Effets anticoagulants de la cellule endothéliale. Un endothélium sain, c’est à dire qui n’a pas été lésé, doit en permanence se défendre contre la formation d’un caillot de manière active. La cellule saine présente, en effet, à sa surface, des héparanes sulfates, qui sont des polysaccharides avec une structure proche de l’héparine (=anticoagulant). • L’héparane sulfate lie l’antithrombine, ce couple est un inhibiteur de la thrombine (facteur IIa), ainsi que de toutes les sérines protéases de la coagulation. • L’héparane sulfate permet également la concentration de TFPI sur la cellule (inhibiteur de la voie extrinsèque de la coagulation par inhibition du couple Facteur VIIa/Facteur tissulaire). • La cellule endothéliale saine présente aussi la thrombomoduline qui lie la thrombine. Lorsqu’elle s’y lie, la thrombine perd toutes ses propriétés pro‑coagulantes et devient capable de scinder la protéine C, qui s’active et dégrade alors les catalyseurs de la coagulation, qui sont le Facteur Va et le Facteur VIIIa. La protéine C a donc un effet anticoagulant : double effet anticoagulant. Ainsi, la cellule endothéliale saine active les 3 processus d’inhibition de la coagulation : TFP1, Antithrombine et protéine C. ii) Effets procoagulants de la cellule endothéliale Quand un endothélium est lésé, la cellule endothéliale est activée et il devient procoagulant. Si l’endothélium est lésé et qu’il laisse du sous endothélium à nu, les plaquettes vont adhérer à ce sous-endothélium (collagène). La cellule endothéliale activée exprime différents éléments à sa surface : 97 • • • Le facteur tissulaire : lie le facteur VII qui devient, par changement de conformation, le facteur VIIa (activé) et déclenche la cascade des réactions enzymatiques de la coagulation exogène. Des phospholipides chargés négativement (par remaniement de sa membrane externe, comme les plaquettes) : qui concentrent les facteurs de coagulation grâce à des ponts calciques et leur permettent d’interagir avec les facteurs vitamine K dépendants (II, VII, IX et X) et d’activer la cascade de la coagulation. De la P‑sélectine : elle fixe des monocytes et macrophages. Les macrophages activés expriment à leur tour du facteur tissulaire. • Des microparticules (= morceaux de cytoplasme de cellules entourés de la membrane de la cellule mère). Ces microparticules ont donc toutes les caractéristiques de la cellule mère : elles portent le facteur tissulaire, des phospholipides chargés négativement et vont disséminer le processus pro thrombotique. Ainsi, la cellule endothéliale activée est pro thrombotique. 98 II) La cellule endothéliale et la formation de nouveaux vaisseaux A) L’angiogenèse C’est la capacité à faire de nouveaux vaisseaux. Dans le cas physiologique, la lésion d’une cellule endothéliale provoque une réparation endothéliale. Dans le cas pathologique, la lésion d’une cellule endothéliale (par une plaque d’athérome par exemple) entraine la mise en place du phénomène de thrombose qui provoque une hypoxie en aval. Si la thrombose se prolonge, la zone ischémique peut à terme se nécroser. Pour éviter la nécrose, une circulation collatérale se développe. De nouveaux vaisseaux contournent l’obstacle pour irriguer la zone ischémique. On parle d’angiogenèse pour désigner cette formation de nouveaux vaisseaux. Celle‑ci est stimulée par des facteurs de croissance pro-angiogènes : le FGF et le VEGF. La formation de nouveaux vaisseaux sanguins est un processus actif au cours du développement embryonnaire puis faible chez l’adulte mais réactivé dans certaines conditions. - Physiologiques : embryogénèse, développement des muscles et du tissu adipeux, cicatrisation, placentation, maturation du corps jaune et de la muqueuse utérine. Pathologiques : o Bénéfiques = revascularisation des tissus ischémiques en aval d’un thrombus o Délétères = rétinopathies, athérosclérose, inflammation, croissance tumorale ++ i) Les facteurs de croissance pro‑angiogènes Pour pouvoir créer de nouveaux vaisseaux, la cellule doit adopter un profil pro‑angiogénique. Des récepteurs aux facteurs de croissance pro‑angiogènes sont situés à la surface des cellules endothéliales pour répondre à des stimuli angiogèniques, proliférer, migrer et faire un nouveau vaisseau. 99 Il existe beaucoup de facteurs angiogènes qui sont regroupés en familles. On s’intéresse ici à la famille la plus puissante : HBGF (Heparin Binding Growth factor) : facteur de croissance capable de se fixer à l’héparine et aux héparanes sulfates, avec leurs 2 acteurs les plus étudiés : ‑ VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), spécifique des cellules endothéliales. ‑ FGF (Fibroblast Growth Factor) exprimé par les fibroblastes et les cellules endothéliales. Comment ça se passe ? Lors d’un phénomène de thrombose, on observe une situation d’hypoxie qui entraîne localement la sécrétion de facteurs de croissance, en particulier de VEGF. Les fonctionnements du VEGF et du FGF sont similaires même si les récepteurs sont différents. Il existe à la fois différents types de VEGF et différents récepteurs. Exemple (pas à retenir) : - VEGFR3 n’est présent que sur les cellules lymphatiques : les VEGF qui sont capables d’interagir avec le VEGF R3 vont activer la lymphoangiogenèse. - VEGFR1 et le VEGFR2 sont situés sur les vaisseaux et pour le R1 il y a un autre facteur de croissance, le PLGF, qui interagit aussi. Ce qui est important, c’est que nous avons différents types de VEGF et différents récepteurs, ce qui pour le moment n’est pas très exploité. Mais on peut supposer que les différents types de vaisseaux des différents organes n’expriment pas tous les mêmes récepteurs : on pourrait moduler en thérapeutique l’angiogenèse en fonction du VEGF introduit. Explication du mécanisme : En situation d’hypoxie, de grandes quantités de VEGF et FGF sont sécrétées localement. A la surface de la membrane endothéliale se trouvent 2 types de récepteurs : - Les HSPG (=heparan sulfate proteoglycan) à basse affinité MAIS plus nombreux - Les FGF-R à haute affinité. VEGF et FGF vont se lier aux héparanes sulfates de la membrane de la cellule endothéliale en premier, malgré leur basse affinité car ils sont plus nombreux à la surface des cellules par rapport aux récepteurs de haute affinité. Puis, les héparanes sulfates les présentent aux récepteurs de haute affinité FGF-R. Ces récepteurs se dimérisent, ce qui entraîne la transduction d’un signal qui module l’expression de gènes responsables de plusieurs phénomènes : - la prolifération la migration : les cellules doivent se détacher de la matrice extracellulaire sur laquelle elles reposent et qui est riche en fibres de fibronectine, laminine et de collagène grâce à l’u-PA - la différenciation de cellules endothéliales : surexpression de PECAM (molécules d’adhésion qui permet à 2 cellules endothéliales d’être jointives) ou du récepteur u-PA-R qui transforme le plasminogène en plasmine permettant la migration. On va également inhiber l’expression d’intégrines (αVß3 et ß1α6) , qui sont des intégrines qui permettent à la cellule endothéliale de s’amarrer au sous‑endothélium. 100 ii) Les différentes étapes de l’angiogenèse L'endothélium n’est pas un tissu à renouvellement rapide : l’angiogenèse intervient de manière physiologique lors de la croissance, lors de la réparation de la membrane utérine tous les mois lors du cycle menstruel, ainsi que lors de la réparation de toutes les lésions vasculaires. En revanche, elle est très importante en pathologie : une angiogenèse anormale hyperactive intervient dans beaucoup de pathologies, comme la rétinopathie des diabétiques, comme la croissance des tumeurs qui stimulent leur propre vascularisation (utilisation d’anti-angiogèniques en adjuvant de la chimiothérapie), comme les plaques d’athérosclérose, ou comme certaines pathologies rhumatismales... Les différentes étapes de l'angiogenèse sont : 1 ‑ l’augmentation de la perméabilité des vaisseaux induite par un facteur angiogène (VEGF, FGF-2 …) : les cellules ne doivent plus être jointives et les protéines et protéases capables de dégrader la matrice doivent pouvoir passer de la cellule à l’extérieur pour exercer leur action → diffusion des protéines plasmatiques en dehors du vaisseau et remodelage de la matrice extracellulaire (avec modification des jonctions cellule‑cellule et cellule‑protéine). 2 ‑ l’activation des cellules endothéliales vasculaires : sécrétion de protéases (t‑PA, u‑ PA, métalloprotéases) puis dégradation de la membrane basale ; 3 ‑ la prolifération puis le déplacement des cellules endothéliales vers le stimulus angiogène (hypoxie) : migration et prolifération cellulaires ; 4 ‑ la formation de nouvelles membranes basales ; 5 ‑ la différenciation cellulaire : organisation en tubes, en bourgeons et formation de la lumière ; 6 ‑ la formation de nouveaux capillaires. Tous ces phénomènes se produisent en très grande majorité au niveau des capillaires et non au niveau des artères : on peut reformer des capillaires via l’angiogenèse. L’angiogenèse ne peut se faire que si les péricytes se détachent des capillaires pour que la migration des cellules puisse s’accomplir. Cela se fait grâce au système des angiopoiétines. L’Angiopoietine1 lorsqu’elle est sécrétée, se fixe à tie2, ce qui induit la fixation des péricytes aux vaisseaux. Lorsque la concentration en Angiopoitetine2 devient dominante, elle prend la place de l’Angiopoietine1 et induit le détachement des péricytes de l’endothélium et donc la régression vasculaire. Si le deuxième cas se produit lors d’une grande concentration de VEGF (hypoxie), cela induit l’angiogenèse. 101 B) La vasculogenèse i) Définition Jusqu'en 1997, on distinguait deux phénomènes dans la création des vaisseaux sanguins. Durant la vie embryonnaire, les cellules du mésoderme migrent et forment des îlots vasculaires qui contiennent à la fois les précurseurs hématopoïétiques et les précurseurs de vaisseaux. Dès que ces premiers vaisseaux sont formés, il n’y a plus de migration et la formation des vaisseaux se fait par prolongement in situ d’un vaisseau déjà existant. On parlait alors de vasculogenèse au stade de l'embryon qui forme ses premiers îlots, puis d'angiogenèse dès qu'il s'agissait d'allonger un vaisseau par contiguïté au cours de la croissance, ou de former de nouveaux vaisseaux lors de situations pathologiques par exemple. En 1997, on découvre l’existence de progéniteurs endothéliaux circulants (PEC). Cela signifie qu’il existe des cellules provenant de la moelle osseuse capables d’aller jusqu’à un site d’ischémie et qui participent à la formation des vaisseaux. Il y a donc formation de néo-vaisseaux à partir de précurseurs circulants des cellules endothéliales. Cela ouvre la voie à la thérapie cellulaire de l’ischémie. 102 ii) Les progéniteurs endothéliaux circulants (PEC) En situation d’ischémie, on observe la sécrétion de facteurs de croissance pro‑angiogènes tels que le VEGF, le FGF ou des cytokines. Ces facteurs de croissance ont deux fonctions : • Soit stimulent la prolifération et l’élongation du vaisseau à partir du vaisseau in situ : c’est l’angiogenèse. • Soit attirent à partir de la moelle osseuse les progéniteurs endothéliaux qui vont migrer vers le site d’ischémie, attirés par les facteurs de croissance pro‑angiogènes. Ces progéniteurs sont capables de s’incorporer dans les nouveaux vaisseaux et donc de participer à leur formation ; c’est la vasculogenèse. L’existence et la découverte des PEC à renouvellement rapide, contrairement aux cellules endothéliales à renouvellement lent, laissent entrevoir la possibilité de thérapie cellulaire à l’avenir pour traiter l’ischémie par exemple. Ces deux grands systèmes (angiogenèse et vasculogenèse) agissent ensemble dans un même vaisseau : des cellules matures se multiplient par contiguïté, et on trouve également un apport des PEC. On a aussi découvert autre chose : pour l'angiogenèse, il faut qu'il y ait une sensibilisation d'une cellule endothéliale aux stimuli hypoxiques et toutes les cellules endothéliales ne sont pas égales vis‑à‑vis de la réponse au stimulus hypoxique. On sait qu'il y a des cellules endothéliales appelées Tip Cells qui sont hypersensibles. Elles répondent rapidement au stimulus angiogénique et migrent vers ce stimulus, et entraînent avec elles les autres cellules endothéliales. C) Thérapies cellulaire et génique de l’ischémie On suppose l’existence d’un précurseur commun entre les PEC et les cellules hématopoïétiques : l’hémangioblaste, qui donne rapidement les cellules endothéliales et les cellules myéloïdes. Les PEC ont un pouvoir prolifératif bien supérieur aux cellules endothéliales ; ils sont peu matures. Pour les essais de thérapie cellulaire, purifier ces hémangioblastes pour obtenir juste les populations donnant naissance aux cellules endothéliales n’est pas une méthode optimale : les chercheurs utilisent alors des progéniteurs à un stade précoce, qui sont un mélange de vrais progéniteurs endothéliaux et des progéniteurs de la lignée monocytaire (réservoirs à facteurs de croissance). Ainsi, quand on injecte ces 2 populations, l’un apporte des facteurs de croissance et l’autre se différencie en vraies cellules endothéliales puis s’incorpore dans le vaisseau. Thérapie cellulaire : La thérapie cellulaire permet le traitement de l’ischémie cardiaque ou des membres inférieurs par une injection locale de progéniteurs endothéliaux par une greffe autologue (propres progéniteurs du sang ou de la moelle issus du patient). Une autre méthode possible est le traitement de l’ischémie aussi par administration directe de facteurs de croissance (in situ ou en thérapie génique en introduisant le gène du VEGF). 103 Mais les progéniteurs sont présents en très petite quantité dans la moelle et dans le sang. Pour les utiliser, les chercheurs doivent augmenter leur capacité de prolifération, leurs propriétés pro‑ angiogènes et leurs propriétés d’adressage au site d'ischémie. Pour améliorer la thérapie cellulaire on peut essayer d’isoler les cellules par tri cellulaire, puis les cultiver avec des facteurs de croissance et les stimuler pour ensuite les réinjecter. Exemples : ‐ Chez la souris, la ligature de l’artère fémorale provoque une ischémie du membre inférieur. La patte est ischémiée avec des orteils nécrotiques. Si les chercheurs injectent des progéniteurs endothéliaux, ils obtiennent une meilleure vascularisation et moins de nécrose. S’ils injectent des progéniteurs stimulés par un facteur pro‐angiogène, la patte est encore mieux revascularisée. ‐ Depuis 2002, des essais chez l’homme montrent une amélioration et augmentation de la formation de vaisseau en angiographie. De même pour les essais de thérapie génique mais ces essais restent restreints à un petit nombre de patients et n’ont pas encore de résultats cliniques très importants. D) Angiogenèse tumorale L’angiogenèse intervient dans énormément de pathologies : DMLA; le diabète où la prolifération anarchique de vaisseaux est responsable de la cécité (on utilise des anti‑angiogènes en thérapeutique), les cancers etc... Dans la cancérisation, la tumeur secrète beaucoup de produits pro-angiogènes (car plus elle grossit, plus l’intérieur de la tumeur est hypoxique) et lorsqu’elle attire des vaisseaux, elle est irriguée et la taille de la tumeur explose. La vascularisation de la tumeur est différente d’une vascularisation normale. Il s’agit d’une vascularisation anarchique, désorganisée avec des culs de sac, des fuites car les vaisseaux ont une très grande perméabilité, ils n’ont pas de péricytes (ainsi leur forme est différente et ils manquent de structure solide) et elle est très dépendante de facteurs de croissance (VEGF). Cette vascularisation d'une part alimente la tumeur et d'autre part empêche aussi les chimiothérapies d’atteindre le bon endroit et en concentration voulue (par la perméabilité et le peu d’accessibilité). Les anti‑angiogènes doivent donc être administrés de manière à assécher l’irrigation de la tumeur. Mais on s’est rendu compte que les anti-angiogènes n’ont pas seulement qu’une propriété d’inhibition de l’angiogenèse mais aussi de normalisation des vaisseaux. Ce qui régule la vascularisation anarchique des vaisseaux tumoraux, et permet un bon apport des produits de chimiothérapie à la tumeur et donc un meilleur traitement par radiothérapie. De nos jours on travaille donc plus sur l’accord anti‑angiogène et traitement anti‑tumoral. 104 Objectifs du cours Articles à traiter pour le cours inversé du 19 mai : Avantages et inconvénients respectifs des AVK et des anticoagulants oraux directs (AOD) Article 1 : 105 Article 2 : Article 3 : 106 Fiche récapitulative Endothélium : 1) rôles - formation du caillot (hémostase) / lutte contre la thrombose / participe à l’angiogenèse 2) structure - intima / média / adventice Endothélium et hémostase : 1) Effets anticoagulants de l’endothélium - Présence d’héparanes sulfates à la surface de la cellule endothéliale → liaison à l’antithrombine → inhibition de la thrombine et des sérines protéases de la coagulation. - augmentation de la concentration de TFPI → inhibition voie extrinsèque de la coagulation - liaison à la thrombomoduline → fixation thrombine et activation de la protéine C 2) Effets procoagulants de l’endothélium (lésé) - expression par la cellule endothéliale du facteur tissulaire, phospholipides chargés négativement, P-sélectine, microparticules Endothélium et angiogenèse : - formation de néo-vaisseaux pour lutter contre l’ischémie et la nécrose stimulée par FGF et VEGF - Facteurs pro-angiogéniques : HBGF / FGF-VEGF ; différents types de VEGF et différents types de récepteurs. ➯ application en thérapeutique - Etapes de l’angiogenèse : augmentation de la perméabilité vasculaire sous l’action d’un facteur pro-angiogéne ; activation des cellules endothéliales vasculaires ; prolifération et migration vers le stimulus ; formation de nouvelles membranes basales ; différenciation cellulaire ; formation des nouveaux vaisseaux. Endothélium et vasculogenèse : - formation des vaisseaux à partir des précurseurs circulants des cellules endothéliales Applications : - Thérapie cellulaire, chimiothérapie anti-tumorale (lutte contre l’angiogenèse tumorale) 107 108 UE8 – Hématologie – Cours n°7 Mardi 25 avril 2017 Dr Nicolas Chapuis [email protected] RT: Lainé Eliott RL: Courtier Sophie Régulation de l’hématopoïèse myéloïde I. Hématopoïèse / Myélopoïèse A. Généralités B. Régulation par les facteurs intrinsèques C. Régulation par les facteurs extrinsèques 1. Récepteurs à activité tyrosine-‑ ‑kinase intrinsèque 2. Récepteurs de cytokines II. Régulation de la mégacaryopoïèse A. Régulation intrinsèque: Fli-‑ ‑1 et EKLF B. Régulation extrinsèque: Thrombopoïétine III. Régulation de l’érythropoïèse A. Régulation de la production de globules rouges B. Protéines Tyrosine-‑ ‑kinase la famille JAK C. Mécanisme d’activation de l’Epo-‑ ‑R 1. Voie STAT5 2. Voie PI3-‑ ‑kinase/Akt/mTOR 3. Régulation negative IV. V. Régulation de la granulopoïèse Applications cliniques A. Maladies constitutionnelles 1. Déficit Immunitaire Combiné sévère (SCID) 2. Polyglobulie familiale B. Maladies acquises 1. Polyglobulie de Vaquez 2. Leucémie Aiguë Myéloïde (LAM) Mot du RT : Même cours que l’année dernière avec peu de modifications. Bon courage !! 109 I. Hématopoïèse / Myélopoïèse A. Généralités L’hématopoïèse est l’ensemble des mécanismes qui assurent une production constante et finement régulée des différentes cellules sanguines. Nombre Durée de vie Production/j Hématies 20.1012 120j 200.109 PN Neutro 0,5.1012 24h 50.109 Plaquettes 1,0.1012 7j 100.109 On obtient à partir d’une Cellule Souche Hématopoïétique (CSH=Hematopoietic stem cell/HSC en anglais) de nombreux types cellulaires ayant des morphologies et fonctions différentes. Ex : Les globules rouges vont être impliqués dans l’oxygénation tissulaire, les plaquettes dans les processus d’hémostase et de coagulation, les lymphocytes dans la réponse immunitaire ou encore les neutrophiles dans la réponse infectieuse. La production et différenciation des cellules sanguines à lieu dans la moelle osseuse sauf pour la lymphopoïèse T (Thymus). Cette CSH est en général quiescente mais elle à la capacité de s’auto-‑ ‑renouveler. Sous l’influence de différents signaux la CSH va rentrer dans un processus de différenciation, prolifération et survie. #débrouillardàjamais Il existe différents compartiments dans le système hématopoïétique: 1) Lymphopoïèse: L’ensemble des mécanismes qui permettent la production des cellules lymphoïdes: • Lymphocytes B • Lymphocytes T • NK 2) Myélopoïèse: • Granulopoïèse: production des neutrophiles • Monocytopoïèse: production de monocytes • Erythropoïèse: production de globules rouges • Mégacaryopoïèse: production de plaquettes 110 Il existe 2 types de régulation de l’hématopoïèse: par des facteurs intrinsèques et extrinsèques: B. Régulation par les facteurs intrinsèques Les facteurs intrinsèques sont le plus souvent des facteurs de transcription qui auront principalement pour rôle d’orienter la différenciation. Schéma global de la myélopoïèse: Selon l’expression de certains facteurs de transcription le CMP (progéniteur myéloïde commun) s’engage vers une différenciation différente: • si facteur GATA-‑ ‑1 → évolution vers érythromégapoïèse (erythroïde ou megacaryocytaires) • si expression prédominante de C/EBPα et PU-‑ ‑1 → évolution vers GMP (granulo-‑ ‑mono-‑ ‑ macrophagique) - si maintien du facteur PU-‑ ‑1 → évolution vers la différenciation terminale en monocyte - si maintien du facteur C/EBPα → évolution vers la lignée des neutrophiles Cette régulation se base sur une balance d’expression entre différents facteurs de transcription qui vont activer la transcription des gènes impliqués dans telle ou telle différenciation et en même temps vont réprimer d’autres programmes de différenciation. Illustration: Ceci est le schéma d’une cellule multipotente capable de se différencier en cellule de type A sous l’influence de facteur A ou en cellule de type B sous l’influence de facteur B: Si expression préférentielle de facteur de transcription A: → Activation de la transcription de gène type A 111 → Inhibition de facteur de transcription B (qui entraine l’inhibition de la transcription de gène de type B) D’autres facteurs intrinsèques comme les facteurs épigénétiques vont permettre la modulation de l’acétylation et de la méthylation des histones/ADN et ainsi modifier l’accès des FT à l’ADN. La méthylation de l’ADN est régulée par des enzymes comme les DNA méthyltransférases ( DNMTs), les protéines TETs interviennent dans la déméthylation. Il a été montré que dans des modèles murins avec une expression diminuée de la DNA methyltrasférase de type 1 dans les HSC, on constate un défaut de méthylation de l’ADN dans les HSC et une accélération vers une différenciation myéloïde au détriment d’une différentiation lymphoïde. D’autres travaux ont étudié la méthylation de l’ADN dans les différents compartiments des HSC. On a logiquement trouvé que les promoteurs de facteurs de transcription impliqués dans le maintien de la quiescence ou de l’auto-renouvèlement des HSC sont globalement plutôt déméthylés ce qui favorise la transcription de ces gènes cibles qui permettent l’auto-renouvèlement des HSC. Au contraire au cours de la différenciation, ces promoteurs deviennent méthylés, ce qui empêche la fixation des FT impliqués dans la transcription des gènes nécessaire à l’auto-renouvèlement des HSC. C. Régulation par les facteurs extrinsèques Les facteurs extrinsèques sont produits par le micro environnement médullaire constitué de cellules endothéliales, adipocytes, fibroblastes, et également constitué par une matrice extracellulaire qui est un réseau de fibres auquel vont adhérer les cellules hématopoïétiques. Ce sont essentiellement des cytokines et des facteurs de croissances qui stimulent les cellules hématopoïétiques et favorisent la prolifération, survie et différenciation de ces cellules. Ces facteurs extrinsèques agissent à différents stades de maturation des cellules hématopoïétiques en se fixant sur leurs récepteurs. Les récepteurs sont exprimés à la surface des cellules hématopoïétiques. 2 grandes familles de récepteurs des facteurs de croissance hématopoïétique : 1. Récepteurs à activité tyrosine-‑ ‑kinase intrinsèque Ils sont très nombreux. Ces récepteurs ont un domaine intra-‑ ‑cytoplasmique ayant une activité tyrosine-‑ ‑kinase intrinsèque qui va activer les voies de signalisation cellulaire pour la survie et/ou la prolifération. (à gauche sur le schéma) Exemples: • Récepteur M-‑ ‑CSFR • Récepteur c-‑ ‑Kit (Récepteur au CSF) • Récepteur Flt3/Flk2 (Récepteur au Flt3L) 112 2. Récepteurs de cytokines Les récepteurs aux cytokines sont dépourvus d’activité tyrosine-‑ ‑kinase intrinsèque et doivent donc se coupler à des protéines à activité tyrosine-‑ ‑kinase (principalement de la famille JAK) (à droite sur le schéma) Exemples: • La plupart des récepteur interleukines IL (2,3,4,5,6,7,8,9,11,12,13,15,21,23,…) • Facteur de croissance GM-‑ ‑CSF et G-‑ ‑CSF • Récepteur à la Thrombopoïétine (TPO-‑ ‑R) • Récepteur à Erythropoïétine (Epo-‑ ‑R) Récepteurs homodimériques Ayant Récepteurs hétérodimériques 2 sous-‑ ‑unités Composés d’une chaine α spécifique au ligand et une chaine β transmembranaire qui identiques qui se permet la transduction du signal. dimérisent après fixation Certaines sous-‑ ‑familles ont des chaînes β communes du ligand. ➾ En conséquent plusieurs substrats (#différente α) sont capables Ex: EPO-‑ ‑R, TPO-‑ ‑R, G-‑ ‑CSF-‑ ‑ d’induire le même signal (#même β). Ex: R, GH-‑ ‑R IL3-‑ ‑R IL6-‑ ‑R IL2-‑ ‑R Production de Rôle multiple (SNC, Développement et cellules myélo-‑ ‑ immunité innée, croissance des monocytaires développement des cellules lymphoïdes → Chaîne 𝛽c granuleux) → Chaîne ɣc → Chaîne gp130 Explication : Dans la famille des IL6-R, les récepteurs expriment tous la chaine gp 130 et une chaine alpha spécifique, il en est de même pour les autres familles IL3-R et IL2-R qui expriment respectivement les chaines béta-c et gamma-c ainsi qu’une chaine alpha spécifique. II. Régulation de la mégacaryopoïèse Endoreplication: Phénomène de mitose qui n’aboutit pas à la métaphase par un phénomène d’inhibition de migration des 2 chromatides. La cellule va accumuler des chromatides, cela aboutit à un mégacaryocyte hyperpoloïde. 113 La fragmentation du cytoplasme du mégacaryocyte va permettre la production des plaquettes. L’ensemble de ce processus se déroule sous l’influence de thrombopoïétine. A. Régulation intrinsèque: Fli-‑ ‑1 et EKLF Fli-‑ ‑1 oriente vers la lignée mégacaryocytaire alors que EKLF oriente vers une lignée érythrocytaire. Ils sont en "compétition" pour former un complexe avec GATA-‑ ‑1. Déroulement: Fixation du facteur de transcription GATA-‑ ‑1 sur le promoteur des gènes impliqués à la fois dans la différenciation érythroïde et mégacaryocyte → Recrutement au sein du complexe au niveau du promoteur d’autres facteurs de transcription spécifiques: • Cas du facteur Fli-‑ ‑1: Si l’interaction se fait au niveau du promoteur mégacaryocytaire → Fixation de Fli-‑ ‑1 sur le promoteur → Interaction Fli-‑ ‑1 et FOG1 → Transactivation de GATA → Induction de la transcription du gène impliqué dans la différenciation mégacaryocytaire. Cette même interaction ne se fait pas de la même manière au niveau d’un promoteur érythroïde : Fli-‑ ‑1 va interagir avec le complexe FOG1/GATA-‑ ‑1 mais ne pourra pas se fixer sur le promoteur, cela entraine une inhibition de la transcription du gène impliqué dans la différenciation érythrocytaire. • Cas du facteur EKLF : mécanisme inverse. B. Régulation extrinsèque: Thrombopoïétine(TPO) La TPO va stimuler la mégacaryopoïèse. Elle est synthétisée dans le foie et régulée par le nombre de plaquettes dans le sang. En cas de diminution du 114 nombre de plaquettes circulantes, la moelle va essayer de compenser cette perte en déclenchant la production de TPO et la stimulation de la mégacaryopoïèse. III. Régulation de l’érythropoïèse Après une orientation érythrocytaire par des facteurs intrinsèques comme EKLF, la cellule va dans un premier temps passer par une phase d’amplification et puis des étapes de différenciations terminales avec des cellules ayant un aspect cytologique particulier. Pro-‑ érythroblaste → érythroblaste basophile → érythroblaste polychromatophile → érythroblaste acidophile → réticulocyte après l’expulsion du noyau (c’est un globule rouge qui vient d’être expulsé de la moelle et qui contient encore un peu d’ARNm pas encore traduits en protéines) → globule rouge => Au fil de la différenciation terminale des érythrocytes on observe une diminution de la taille des cellules et une diminution de la basophilie du cytoplasme (reflet de la quantité d’ARNm). L’érythropoïèse est notamment sous le contrôle de l’érythropoïétine (EPO). A. Régulation de la production de globules rouges Le rein, et accessoirement le foie, est capable de synthétiser de l’EPO en réponse à une hypoxie tissulaire. L’EPO permet de répondre au manque d’oxygène dans les tissus en favorisant l’engagement des HCS vers la lignée érythroïde et en augmentant la synthèse d’hémoglobine. B. Protéines Tyrosine-‑ ‑kinase de la famille Jak Cette famille comporte 4 membres : Tyk2, Jak1, Jak2, Jak3. Ces protéines ont un domaine JH1 kinase juxtaposé au domaine JH2 pseudokinase. JH2 est dépourvu d’activité kinase et possède une activité inhibitrice sur le domaine kinase. Ces protéines font le sujet de nombreuses mutations. Ces protéines kinase sont associées à un grand nombre de récepteurs pour permettre la signalisation intra-‑ ‑cellulaire en réponse à la fixation d’un grand nombre de ligand. 115 C. Mécanismes d’activation du Epo-‑ ‑R La fixation de l’EPO à son récepteur, qui est un récepteur homodimérique de type cytokines, permet de rapprocher les parties intra-‑ ‑cytoplasmiques et donc les protéines JAK2. • Au repos: Les protéines JAK sont espacées • Après la fixation du ligand: Modification conformationnelle du récepteur aboutit au rapprochement de la partie intra-‑ ‑cytoplasmique du récepteur et donc rapprochement des protéines à activité Tyrosine-‑ ‑kinase JAK2 qui vont s’auto-‑ ‑phosphoryler et ensuite permettre la phosphorylation d’un grand nombre de résidus Tyrosine localisés dans la partie intra‑ ‑ cytoplasmique du récepteur. • Grand nombre de protéines contiennent un domaine SH2 qui confère aux protéines une forte affinité pour des Tyrosines phosphorylées, et il va en résulter l’activation des voies de signalisation. 1. Voie STAT5 (Signal Transducers and Activators of Transcription) Les STATs sont des facteurs de transcription qui sont localisés dans le cytoplasme de la cellule érythroïde au repos et sont inactifs. En réponse à la fixation de l’EPO, il va y avoir un recrutement des protéines STAT5 au niveau de la partie intra-‑ ‑cytoplasmique du récepteur via le domaine SH2. Cela permet la phosphorylation de STAT5 via la kinase JAK. STAT5 ainsi phosphorylé perd son affinité pour le récepteur à l’EPO et favorise l’affinité de son domaine SH2 pour son propre résidu Tyrosine phosphorylé ce qui entraine sa dimérisation. Sous forme dimérique STAT5 est transloqué dans le noyau où il peut jouer son rôle en tant que facteur de transcription en se liant à l’ADN, par exemple au gène Bcl-‑ ‑XL (gène anti-‑ ‑apoptotique). • KO STAT5: défaut de production de Bcl-‑ ‑XL et apoptose des cellules érythroïdes. 116 • KO Bcl-‑ ‑XL: Létal avec forte diminution de l’érythropoïèse fœtale. 2. Voie PI3-‑ ‑kinase/Akt/mTOR Les PI3-‑ ‑kinases de sous-classe 1A (principalement exprimé dans les HSC) sont constituées de 2 sous-‑ ‑unités : une catalytique( p110α, p110β, p110δ) et une régulatrice(p85) comportant le domaine SH2. Ce dernier permet le recrutement de PI3‑kinase au niveau de résidus Tyrosine‑kinase phosphorylés et donc une relocalisation membranaire de ces PI3‑kinases. Les PI3‑kinases sont recrutées dans la partie intra-cytoplasmique du récepteur soit directement par interaction du domaine SH2 avec des résidus Tyrosine phosphorylés, soit indirectement par le recrutement des protéines plateformes de signalisation comme la protéine IRS. La protéine PI3‑kinase phosphoryle le PIP2 (phosphatidyl‑inositol‑biphosphate) qui va être transformé en PIP3 (phosphatidyl‑inositol‑triphosphate). Accumulation du PIP3 au niveau de la membrane permet le regroupement d’un certain nombre de protéines de signalisation qui vont s’activer. C’est le cas de la protéine Akt: Elle est recrutée au niveau de la membrane via l’interaction avec PIP3 ce qui aboutit au regroupement de Akt, PDK1 et mTORC2 (protéines phosphorylant Akt). Une fois Akt activée il agit sur de très nombreux substrats qui jouent un rôle dans des processus anti-‑ ‑ apoptotiques mais aussi de croissance et de prolifération cellulaire 3. Régulation négative La phosphatase SHP-‑ ‑1, recrutée par des résidus tyrosine phosphorylés du récepteur aux cytokines, va déphosphoryler JAK2 et STAT5 et ainsi diminuer la signalisation intracellulaire induite par l’EPO. 117 IV. Régulation de la granulopoïèse La granulopoïèse aboutie à la production de polynucléaires neutrophiles : Myéloblaste-> promyéloblaste-> myélocyte-> métamyélocyte-> polynucléaire neutrophile. Au cours de sa différenciation le noyau se segmente. La granulopoièse est aussi soumise à des facteurs intrinsèques: C/EBPα et PU-1 (puis maintien que de C/EBPα) et des facteur extrinsèques: G-CSF, GM‑CSF , SCF, IL-3. Applications cliniques A. Maladies constitutionnelles 1. Déficit Immunitaire Combiné sévère (SCID) Une mutation sur la chaine γc du récepteur de la famille l’IL-‑ ‑2 entraîne la formation d’une protéine tronquée et rend la liaison avec JAK3 impossible. Les récepteur IL-‑ ‑2 étant principalement impliqués dans la lignée lymphoïde, la mutation entraine des infection sévères à cause de la déficience en lymphocytes B et T. 2. Polyglobulie familiale Polyglobulie est une pathologie caractérisée par la production élevée de globules rouges entraînant une augmentation de la viscosité sanguine et des complications type thrombose. Une mutation autosomique dominante du gène EPO-R entraine l’apparition d’un codon stop et aboutit à un récepteur à l’EPO tronqué en sa partie C-‑ ‑terminale. Elle empêche le recrutement de la phosphatase SHP-‑ ‑1. Ce défaut de contrôle négatif par SHP-1 entraine une persistance d’activation de Jak2 et STAT5 responsable d’une polyglobulie. 118 B. Maladies acquises 1. Polyglobulie de Vaquez C’est un syndrome myéloprolifératif (stimulation anormale de la moelle osseuse) qui prédomine sur la lignée érythroblastique. Elle se caractérise par la mutation V617F sur le segment JH2 pseudokinase de JAK2. Cela empêche son action régulatrice sur la protéine JAK qui est alors active de manière constitutive même en absence d’EPO (présence de colonies spontanées ou endogènes en absence d’EPO). On assiste alors à une activation non régulée de progéniteurs érythroïdes, granuleux et mégacaryocytaires (la mutation est présente dans les 3 lignées myéloïdes). On traite ce syndrome par des inhibiteurs de l’activité kinase de JAK2: JAKAVI(Ruxolitinide). 2. Leucémie Aiguë Myéloïde (LAM) La LAM est une prolifération de cellules immatures bloquées dans leur différenciation due à de nombreuses anomalies : • Anomalies de facteurs de transcription • Mutation inactivatrice de C/EPBα (5 à 14% des LAM) • PU-‑ ‑1 (7%) • RUNX1 => blocage de différenciation • Facteurs épigénétiques: DNMT3a (23% des LAM), TET2 (8%) Anomalies de type FLT3, récepteurs à activité Tyrosine-‑ ‑kinase intrinsèque mutés dans 30% des LAM : • • FLT3-‑ ‑ITD (plus fréquent, duplication en tandem, aboutit à une activation anormale de FLT3 même en absence de ligand) • FLT3-‑ ‑TKD (mutation touchant directement le domaine Tyrosine-‑ ‑kinase) =>prolifération cellulaire anormale 119 Mot du RT : Grosse dédicace aux sportifs et aux supporteurs du PIMP pour ce magnifique week-end. Bravo à l’équipe du football AMPC qui remporte son championnat universitaire. (les rangeux diront « gagné par forfait ») #championmonfrère 120 Fiche récapitulative I. La myélopoïèse L’hématopoïèse est l’ensemble des mécanismes qui assurent une production constante et finement régulée des différentes cellules sanguines. Différents compartiments dans le système hématopoïétique : 1. Lymphopoïèse : L’ensemble des mécanismes qui permettent la production des cellules lymphoïdes (Lymphocytes B et T, NK) 2. Myélopoïèse: • Granulopoïèse: production des neutrophiles • Monocytopoïèse: production de monocytes • Erythropoïèse: production de globules rouges • Mégacaryopoïèse: production de plaquettes Régulation par des facteurs intrinsèques : souvent des facteurs de transcription qui auront pour rôle d’orienter la différenciation du CMP • GATA-1 : érythromégapoïèse (EMP) • C/EBPα et PU-1 : évolution en GMP puis en monocyte si maintien de PU-1 ou en neutrophile si maintien de C/EBPα Ces facteurs intrinsèques peuvent aussi être des facteurs épigénétiques : DNA méthyltransférases, protéines TETs. Régulation par des facteurs extrinsèques : produits par le micro environnement médullaire, sont essentiellement des cytokines et des facteurs de croissances et favorisent la prolifération, survie et différenciation. • Récepteurs à activité tyrosine-‑ ‑kinase intrinsèque • Récepteurs aux cytokines : dépourvus d’activité tyrosine-‑ ‑kinase intrinsèque et doivent donc se coupler à des protéines à activité tyrosine-‑ ‑ kinase (comme les JAK). Peuvent être homodimériques (TPO-R, EPO-R, G-CSF), ou hétérodimériques (interleukines : IL3-R-> chaine βc, IL6-R-> chaine gp130, IL2-R-> chaine γc) II. Mégacaryopoïèse (production de plaquettes) Prolifération -> endoréplication -> maturation Régulation intrinsèque : Fli-‑ ‑1 oriente vers la lignée mégacaryocytaire alors que EKLF oriente vers la lignée érythrocytaire : ils sont en "compétition" pour former un complexe avec GATA-‑ ‑1. Régulation extrinsèque : se fait via la TPO qui va stimuler la mégacaryopoïèse. Elle est synthétisée dans le foie et régulée par le nombre de plaquettes dans le sang. 121 III. Erythropoïèse Orientation érythrocytaire par des facteurs intrinsèques comme EKLF : phase d’amplification puis différentiation terminale. Pro-érythroblaste→ érythroblaste basophile→ érythroblaste polychromatophile→ érythroblaste acidophile → réticulocyte → globule rouge L’érythropoïèse est sous le contrôle de l’EPO qui est synthétisée par le rein, et accessoirement le foie, en réponse à une hypoxie tissulaire Protéines Tyrosine kinase de la famille Jak : ces protéines ont un domaine JH1 kinase juxtaposé au domaine JH2 pseudokinase. JH2 est dépourvu d’activité kinase et possède une activité inhibitrice sur le domaine kinase. La fixation de l’EPO à son récepteur, qui est un récepteur homodimérique de type cytokines, permet de rapprocher les parties intra-cytoplasmiques et donc les protéines JAK2. Elles vont s’auto-‑ ‑phosphoryler et permettre la phosphorylation d’un grand nombre de résidus Tyrosine de la partie intra-‑ ‑ cytoplasmique du récepteur. Beaucoup de protéines ont un domaine SH2 qui a une forte affinité pour les tyrosines phosphorylées. Voie STAT5 : fixation de l’EPO → recrutement de STAT5 via son domaine SH2 au niveau de la partie intra‑cytoplasmique de EPO-R → phosphorylation de STAT5 par JAK2 →dimérisation de STAT5 → STAT5 transloqué dans le noyau où il joue son rôle de facteur de transcription (notamment pour le gène anti-apoptotique Bcl-XL) Voie PI3-kinase : recrutement de PI3‑kinase au niveau de résidus Tyrosine‑kinase phosphorylés → relocalisation membranaire de PI3‑kinases → phosphorylation de PIP2 qui devient PIP3 → activation d’Akt et phosphorylation par PDK1 et mTORC2 → Akt activée agit sur des substrats et sur les processus de prolifération, croissance et anti apoptotiques. Régulation négative : La phosphatase SHP-1 va déphosphoryler JAK2 et STAT5 et ainsi diminuer la signalisation intracellulaire induite par l’EPO. IV. Granulopoïèse Myéloblaste → neutrophile. promyéloblaste → myélocyte → métamyélocyte → polynucléaire La granulopoièse est aussi soumise à des facteurs intrinsèques: C/EBPα et PU-1 (puis maintien que de C/EBPα) et des facteur extrinsèques: G-CSF, GM‑CSF , SCF, IL-3. V. Applications cliniques Maladies constitutionnelles: • Déficit Immunitaire combiné sévère : mutation IL2-R → liaison avec JAK3 impossible • Polyglobulie familiale: mutation EPO-R tronquée à sa partie C-ter → empêche recrutement de la phosphatase SHP-1 → persistance d’activation de Jak2 et STAT5 → production trop élevée de GR Maladies acquises: • Polyglobulie de vaquez : mutation du segment JH2 pseudokinase de JAK2 → JAK est alors active de manière constitutive même en absence d’EPO • Leucémie aiguë myéloïde : prolifération de cellules immatures bloquées dans leur différenciation due à de nombreuses anomalies 122 UE8 – SIH – Hématologie - n° 8 27/04/2017 Vahid Asnafi [email protected] RT : Eddy-Alex LAGADEC RL : Balthazar CROC Lymphopoïèse précoce et sa régulation I. Introduction II. Généralités sur la lymphopoïèse. A) Modèles d’hématopoïèse. B) Processus de maturation des lymphocytes. III. Lymphopoïèse B. A) Étapes moléculaires de la lymphopoïèse B précoce. B) Régulation de la lymphopoïèse B. i. Régulation par facteurs extrinsèques ii. Régulation par facteurs intrinsèques. C) Leucémie aiguë lymphoblastique B (LAL B). IV. Lymphopoïèse T. A) Anatomie du thymus. B) Étapes moléculaires de la lymphopoïèse T. C) Régulation de la lymphopoïèse T. D) LAL T. V. Déficits immunitaires. A) Maladie de Bruton. B) Syndrome de Di George Abréviations : CSH : cellule souche hématopoïétique. GR : globules rouges. Ag : antigène. Ig : immunoglobuline. Ac : anticorps. MO : moelle osseuse LT : lymphocyte T LB : lymphocyte B Mot du RT : Ronéo utilisée comme référentiel par le prof. Il m’a demandé de laisser ce qu’il n’avait pas dit cette année, donc je l’ai mis en italique. Il faut retenir le vocabulaire pour comprendre globalement et non pas tout apprendre par cœur. Seuls les noms et phrases en gras sont à apprendre, ainsi que leur rôle. 123 I. Introduction L’hématopoïèse est un modèle de différenciation hiérarchisé par étapes où les cellules les plus immatures aboutissent aux cellules les plus matures. Nous avons deux lignées possibles pour l’hématopoïèse : -‑‑‑ Myélopoïèse = granulopoïèse + monocytopoïèse + érythropoïèse + thrombocytose (retenir que cela correspond à tout ce qui n’est pas lymphocytaire) -‑‑‑ Lymphopoïèse (qui donne le système immunitaire) = LT + LB + NK On distingue plusieurs stades de différenciation • : Les cellules souches hématopoïétiques (CSH) n’exercent pas de fonction, mais ont des capacités d’auto-‑ ‑renouvellement (maintien d’un pool) et de différenciation multipotente qui sont le seul moyen de les identifier (une injection murine va entraîner la production de cellules humaines chez la souris) Capable de donner l’ensemble des lignées hématopoïétiques et ont une durée de vie illimitée. • Les progéniteurs ne sont plus des cellules souches, ils ont un potentiel de différenciation restreint, mais encore multiligné: ils peuvent par ex donner des érythroblastes OU des plaquettes ; des granuleux OU des lymphocytes. • Les précurseurs sont des cellules immatures restreintes engagées dans une lignée donnée (ex : granuleuse, erythroblastique…), mais n’ont pas les caractéristiques phénotypiques et fonctionnelles de la cellule mature. • Les cellules matures exercent une fonction, mais sont incapables de se multiplier. (Globule rouge transportant de l’oxygène, LB jouant un rôle dans la défense immunitaire) 124 Comment identifier ces différents types de cellules ? -‐‐‐ Pour les cellules matures et les précurseurs : par leurs caractéristiques morphologiques, phénotypiques et moléculaires, on peut les identifier de manière directe. Elles portent également des marqueurs de différenciation. -‐‐‐ Pour les CSH et les progéniteurs : elles n’ont pas de marqueurs de différenciation. On est incapable de les identifier individuellement. On doit les isoler, les mettre en culture et déterminer a posteriori, en fonction du type de cellules obtenues, de quel progéniteur il s’agissait. II. Généralités sur la lymphopoïèse A) Modèle d’hématopoïèse. • MODÈLE CLP (historiquement) CLP = précurseur lymphoïde commun. Dans la MO, la CSH se divise assez tôt en deux lignées différentes à savoir la lignée myéloïde et la lignée lymphoïde, qui restent distinctes l’une de l’autre. Il suggère une séparation précoce des 2 lignées. Il s’agit d’une pré orientation lymphoïde ou myéloïde. Au niveau lymphoïde, la CSH puis le CLP ont la capacité de donner la lymphopoïèse B dans la MO, ou de migrer dans le thymus pour donner la lymphopoïèse T, ou encore de donner la lymphopoïèse NK (non abordé dans ce cours). • MODÈLE ACTUEL (plus proche de la réalité, moins dichotomique) En réalité la division n’est pas aussi drastique que ça ! Le système est plus complexe. On observe une bipotentialité lympho-‑ ‑myéloïde à partir de la CSH (progéniteur lympho-‑ ‑myéloïde ou progéniteur érythro-‑ ‑mégacaryocytaire). Les voies de la lymphopoïèse sont étroitement liées à celles de la myélopoïèse. B) Processus de maturation des lymphocytes. • La lymphopoïèse primitive, précoce ou centrale Au hasard, en absence d’antigène Au cours de son processus de maturation chaque lymphocyte crée un récepteur unique à un Ag : -‑‑‑ Rc TCR (T – cell receptor) -‑‑‑ Rc BCR (B – cell receptor). L’Ac est la forme excrétée du BCR, autrement dit le BCR est un Ac membranaire. Ces récepteurs se créent par une mécanique recombinatoire génique (V, D, J), source de diversité. On obtient un répertoire lymphocytaire. 125 Rque : la recombinaison génique survient dans deux situations qui visent la diversité : l’élaboration du répertoire lymphocytaire (diversité de reconnaissance antigénique) et la méiose (diversité de l’espèce). L’acquisition du récepteur des cellules lymphocytaires se fait dans les organes lymphoïdes primaires : (tombe aux partiels) -‑‑‑ LB = moelle osseuse -‑‑‑ LT = thymus Rque : au cours de la vie embryonnaire et fœtale, l’hématopoïèse a lieu au niveau du foie et disparaît rapidement avant la naissance. • La lymphopoïèse secondaire, tardive, périphérique Expansion des lymphocytes activés par l’antigène. Elle a lieu dans les organes lymphoïdes secondaires ou périphériques (=la rate, le système ganglionnaire lymphatique et le système lymphatique associé aux muqueuses MALT). Il ne s’agit pas d’une néo-‑ ‑lymphopoïèse, mais d’une amplification d’un lymphocyte déjà formé. Cela consiste à prendre des lymphocytes du répertoire dont le récepteur reconnaît l’Ag mis en cause, et à affiner ces lymphocytes. EN RÉSUMÉ : Organes lymphoïdes primaires = thymus + moelle osseuse + foie (embryon uniquement) Organes lymphoïdes secondaires = rate + réseau lymphatique (ganglions) + MALT -‐ ‐ Étape antigène-‐ ‐indépendante = lymphopoïèse précoce, primitive ou centrale qui permet la mise en place du récepteur à l’antigène -‐ ‐ Étape antigène-‐ ‐dépendante = lymphopoïèse tardive dans les organes secondaires (amplification polyclonale) 126 III. Lymphopoïèse B Elle se caractérise par différentes étapes immuno-‑ ‑phénotypique progressives qui sont des associations phénotypiques. On va avoir des marqueurs immuno-‑ ‑phénotypiques distincts selon la progression dans la lymphopoïèse, en voici quelques exemples ; CD19 et CD21: marqueur des lymphocytes immatures précoces. CD34 : marqueur de l’immaturité qui disparaît assez rapidement. IL7recepteur : marqueur de la lymphopoïèse précoce. CD10 : caractéristique de l’engagement dans la lymphopoïèse B. Au fur et à mesure de cette différenciation, on va avoir des recombinaisons phénotypiques. Ces étapes ne peuvent pas être assimilées à des « arrêts d’autobus » (les cellules pro-‑ ‑B ne décident pas de faire un « stop » avant de devenir pré-‑ ‑B) C’est une évolution phénotypique continue. Par exemple : les marqueurs CD10 et CD21 sont « opposés », pendant la différenciation CD10 disparaît petit à petit pendant que CD21 apparaît. A) Étapes moléculaires de la lymphopoïèse B précoce. Ces étapes phénotypiques sont corrélées à des réarrangements des chaînes lourdes et légères des Ig qui vont permettre la formation du récepteur B à l’Ag. -‑‑‑ Au stade CSH, aucun réarrangement de la chaîne lourde des Ig. -‑ ‑ Au stade CLP Pro-‑ ‑B, réarrangements D-‑ ‑JH (H : heavy = chaîne lourde Ig) qui sont incomplet. -‑ ‑ Au stade Pré-‑ ‑B, réarrangements V-‑ ‑DJH, complet. Lorsqu’ils sont productifs, ils permettent l’expression intra-‑ ‑cytoplasmique d’une chaîne µ (=première chaîne lourde possible à faire) qui va se fixer à des protéines invariantes, les pseudos chaînes légères, pour former le préBCR. Le préBCR formé déclenche un signal de prolifération massif des cellules préB, ayant pour but d’amplifier les « bons élèves » (préB gentils ayant des préBCR réussis exportés à la membrane). A la suite de ce signal, on observe un réarrangement de la chaîne légère V-‑ ‑JL (L=light), pour les « bons élèves » seulement. On a alors formation d’une IgM (qui par la suite pourra subir des switchs phénotypiques pour donner des IgA, E, G etc) 127 Rque : l’Ac est la forme excrétée du récepteur B à l’Ag, initialement sous la forme IgM Pourquoi produit-‑ ‑on d’abord la chaîne lourde associée aux pseudo-‑ ‑chaînes suivies par la production des vraies chaînes légères ? Nous avons sur le schéma ci-‑ ‑dessous le préBCR avec ses deux chaînes lourdes µ construites par le LB (remaniement somatique) : cette protéine n’était pas codée par le génome initialement, mais des remaniements du génome ont formé un nouveau gène codant pour une nouvelle protéine (le préBCR) donc on ne sait pas ce qu’elle vaut. La cellule va alors « coller » des protéines invariantes qualifiées de pseudo-‑ ‑chaîne légère (ou VpreB et gamma5 sur le schéma – pas à retenir) pour voir si le préBCR en question est capable de faire de la signalisation. Si c’est le cas, on va avoir un signal de prolifération qui permet l’expansion du clone (on donne un bonus aux « bons élèves »). Ensuite, la synthèse et le remaniement d’une vraie chaîne légère est induite. Ainsi, seulement les « bons élèves » auront un vrai BCR. B) Régulation de la lymphopoïèse B i. Régulation par facteurs extrinsèques. Régulation par les cytokines : IL7 (sécrété par cellule stromale) est un régulateur positif indispensable qui permet le signal de prolifération lors de la sélection préBCR. Il y a aussi des facteurs inhibiteurs (TNF-α). ii. Régulation par facteurs intrinsèques. Régulation par des facteurs de transcription : EBF et PAX5, nécessaires et suffisants pour les remaniements VDJ de la chaîne lourde des Ig. Ces facteurs sont affectés par des mutations de type perte de fonction. Ils régulent les étapes encadrées ci-dessous. 128 C) Modèle pathologique : Leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) Il existe des maladies par excès (LAL) ou par défaut (déficit immunitaire) de lymphopoïèse B. LAL : proliférations malignes, clonales ou oligo-‑ ‑clonales, développées à partir de précurseurs lymphoïdes immatures avec blocage du processus de maturation. On a alors, une accumulation de cellules immatures appelées « blastes ». Les cellules immatures restent bloquées à un stade donné et accumulent d’autres évènements oncogéniques aboutissant à la formation d’une tumeur. Première cause de tumeur infantile. Le diagnostic est immunologique : on classe les cancers selon les stades de blocage. On étudie donc les marqueurs exprimés par les blastes (CD10, présence de chaîne lourde, légère, …) A titre informatif : les formes pro-B de cancer représentent la première cause de tumeur néo-natale et ont un pronostic effroyable. Les formes Pré-pré-B touchent les enfants de 4 à 10 ans et sont curables aujourd’hui dans 95% des cas. Beaucoup d’anomalies, à l’origine de ces cancers, ciblent les mécanismes de régulation de la lymphopoïèse B. Une des anomalies les plus fréquentes est la perte de fonction (mutation ou délétion) de PAX5 et EBF ce qui empêche la formation du BCR. IV. Lymphopoïèse T Des progéniteurs quittent la MO pour coloniser le thymus pendant la vie fœtale. La lymphopoïèse T a lieu exclusivement dans le thymus. Question actuelle en recherche : le progéniteur thymique le plus multipotent est visiblement différent d’une CSH. En effet, il peut donner à peu près tout sauf les érythrocytes et les mégacaryocytes. Il pourra donner des cellules dendritiques, des lymphocytes et faire de la granulopoïèse. Les CSH ne migrent pas dans le thymus. On ne sait pas comment se fait la colonisation du thymus ni où se pré-engage en précurseur de LT. 129 A) Anatomie du thymus. Il s’agit d’un organe volumineux (1/3 médiastin antérieur) chez l’enfant, qui régresse rapidement et qui va subir une involution après la puberté. Il deviendra un liseré adipeux pour ne plus être détectable, anatomiquement, à la puberté. De la périphérie vers la profondeur, plusieurs régions organisées de façon cortico-‑ ‑médullaire : -‑‑‑ Région sous capsulaire : zone où rentrent les thymocytes les plus immatures (double négatif DN) -‑‑‑ Région corticale : zone où migrent les thymocytes vers la profondeur et où se fait la mise en place du récepteur T à l’Ag. -‑‑‑ Région médullaire : lieu où se trouvent les thymocytes les plus matures qui vont partir coloniser les organes lymphoïdes secondaires. SP=simple positif (ou CD4+ ou CD8+). B) Étapes moléculaires de la lymphopoïèse T. 130 Plus compliquée que la lymphopoïèse B car elle n’est pas linéaire : comprend plusieurs embranchements (double dichotomie): -‑‑‑ Formation du TCR, qui peut être : ➢➢ Un hétérodimère γδ ➢➢ Un hétérodimère αβ -‑‑‑ Au sein de chaque catégorie (δγ ou αβ), choix de devenir : ➢➢ CD4+ ➢➢ CD8+ Dans le cortex du thymus, les cellules ont un phénotype CD1a+ (marqueur cortical) et CD4/CD8 double positif (c’est-‑ ‑à-‑ ‑dire que les thymocytes expriment à la fois CD4 et CD8). Remaniements du TCR (plus complexe que chez les BCR): D’abord remaniement δ, puis très vite un γ, plus tardivement un β et enfin un α qui survient après la sélection des cellules ayant fait un β productif. Lors du remaniement du TCR β on va avoir l’expression d’un préTCR (chaîne β et protéine invariante pré-‑ ‑Tα) ce qui donne la β sélection (équivalent stricte de la sélection chez les BCR). Mécanisme de β sélection : On a créé une nouvelle protéine donc pour évaluer son efficacité, la cellule « colle » une protéine pré-‑ ‑Tα (qui ressemble vaguement à une chaîne α). On a donc un préTCR qui engendre une signalisation qui crée une multiplication de la cellule (on a trouvé le « bon élève »). Les cellules avec un réarrangement productif de la chaîne β du TCR seront amplifiées (dans le cortex). Puis la prolifération va s’arrêter et les cellules vont commencer à remanier le TCR α pour remplacer la protéine invariante, pré-‑ ‑Tα. Le TCR αβ est formé. Le LT a un rôle central dans la régulation de la réponse immune. Ainsi, il subit une double sélection : -‑‑‑ La sélection positive : signal de survie aux récepteurs qui reconnaissent le CMH1. -‑‑‑ La sélection négative : signal de mort cellulaire aux cellules qui reconnaissent trop bien le CMH2 donc qui reconnaissent les cellules du soi. moins de 1% des « bons élèves » survivent ! Dans l’organisme, on a 50 fois plus de LT αβ que de γδ. La différenciation vers la lignée γδ est très précoce (dès le stade pré-‐ ‐T1) : ces thymocytes ne subissent pas de remaniement β (ça ne les concerne pas puisqu’ils n’ont pas de chaîne β !) et ils ne subissent donc pas de β Sélection. 3 modèles pour expliquer la bifurcation rapide : • Modèle stochastique (sans doute faux) : Le réarrangement γδ survient avant le αβ, donc si on ne réussit pas à faire un γδ productif, on a un αβ PAR DÉFAUT. Ceci impliquerait qu’on aurait autant de γδ que de αβ ce qui n’est pas le cas (on pourrait le justifier par une extension périphérique ou par la β sélection qui induit une amplification clonale) • Modèle compétitif : lignée αβ favorisée car ne nécessite que le réarrangement β. Dans la lignée γδ il faut que le réarrangement γ et le réarrangement δ soient productifs en même temps (pas facile car cadre de lecture doit rester ouvert donc 2/3 seulement est productif car 2 allèles (1/3 pour chaque allèle)), alors que, dans la lignée αβ, il suffit d’un β réussi pour bénéficier de la β sélection et faire l’amplification clonale. • Modèle de pré-‐ ‐engagement (sans doute le plus vrai des trois) : il y a une prédétermination avant même les réarrangements, avec des facteurs de transcription qui dirigent tel ou tel remaniement de manière prédominante pour que la cellule s’engage dans une lignée. 131 C) Régulation de la lymphopoïèse T. Notch1 qui est un récepteur transmembranaire, et a aussi un rôle de facteur de transcription. Il est INDISPENSABLE en agissant à plusieurs niveaux : il permet le commitment T (orientation du progéniteur dans la lignée T), il est important lors de la β sélection (permet la prolifération) et la dichotomie CD4 CD8. Le Rc transmembranaire est en 2 morceaux : une partie extra cellulaire (EGF-‑ ‑like) → fixation du ligand de Notch (contact avec cellule présentatrice nécessaire) qui entraîne le clivage protéolytique de la partie EC (par des métalloprotéinases), qui est endocytée. Une deuxième série de clivages (par la γ-‑ ‑sécrétase) libère, dans le cytoplasme, la partie IC de Notch (NIC) qui devient un FT migrant dans le noyau pour réguler l’expression génique. En s’associant avec MAML1 et CSL au niveau des gènes cibles, NIC déclenche un programme transcriptionnel qui permet le commitment et la différenciation T. La régulation négative est assurée par le domaine PEST qui permet de recruter des ligases (FBXW7). Ce complexe va poly-‑ ‑ubiquitinyler NIC qui sera adressé au protéasome. Rque : Le prof a précisé que Notch1 tombe très souvent à l’examen, il le trouve très « mimi » 132 D) LAL T. Comme vu précédemment, il s’agit de proliférations malignes et clonales, avec blocage de maturation, à partir de précurseurs T. Elles sont plus tumorales avec des masses médiastinales. A prédominance masculine. Dans plus de 70% des cas des LAL T, on a des mutations activatrices de Notch (gain de fonction). 1) Mutation concernant le domaine d’hétérodimérisation (domaine transmembranaire) : la protéine s’auto-‑ ‑clive toute seule sans fixation du ligand. Il s’agit d’une mutation gain de fonction car le récepteur devient constitutivement actif. 2) Mutation tronquante de PEST (perte de fonction) ou mutation de FBXW7 qui sont des éléments de régulation négative -‑ ‑> augmentation de la demi-‑ ‑vie de la partie IC de Notch qui ne peut plus être ubiquitinée donc dégradée. Ici, la fixation du ligand est nécessaire. Ces mutations ont un intérêt clinique car les patients avec une mutation de Notch ont un comportement clinique différent. On stratifie les patients d’un point de vue thérapeutique en fonction de leur statut mutationnel de Notch. Ceci va déterminer si le patient reçoit ou pas tel ou tel traitement. Il s’agit d’un traitement personnalisé, où le profil mutationnel de la tumeur va indiquer la prise en charge thérapeutique. Le gain de fonction de la cellule tumorale la rend moins résistante à de la chimiothérapie par rapport aux cellules saines. V. Déficits immunitaires A) Au niveau de la lymphopoïèse B ; maladie de Bruton. Il s’agit d’une dérégulation par défaut. L’exemple ici est l’Agammaglobulinémie liée au sexe (maladie de Bruton) : on a un déficit de la tyrosine kinase Bruton (Btk) → blocage de la maturation au stade préB (maladie de la sélection PréBCR). Le gène qui code Btk est localisé sur le chromosome X donc chez le garçon, si mutation gène Btk, impossibilité de faire de la lymphopoïèse B, donc pas de production d’Ac. 133 B) Au niveau de la lymphopoïèse T ; syndrome de Di George. Ce syndrome correspond à une embryopathie qui touche les troisième et quatrième arcs branchiaux. On n’a pas de mise en place du thymus (agénésie thymique) et donc pas de lymphocytes T : c’est la preuve que les LT sont exclusivement thymiques. Cette agénésie va entraîner une hypocalcémie et de fréquentes malformations des vaisseaux du cœur. Conclusion : 134 Fiche récapitulative 2 lignées possibles pour l’hématopoïèse : ➢ Myélopoïèse = granulopoïèse + monocytopoïèse + érythropoïèse + thrombocytose ➢ Lymphopoïèse (qui donne le système immunitaire) = LT + LB + NK 4 stades de différenciation : o Les cellules souches hématopoïétiques (CSH) : auto‑renouvellement et différenciation multipotente. Capable de donner l’ensemble des lignées hématopoïetiques +++ o Les progéniteurs potentiel de différenciation restreint mais encore multiligné. o Les précurseurs cellules immatures engagées dans une lignée, mais n’ont pas les caractéristiques phénotypiques et fonctionnelles de la cellule mature. o Les cellules matures, exercent une function. Pour les cellules matures et les précurseurs : identification directe possible, mais pour les CSH et les progéniteurs, elles n’ont pas de marqueurs de différenciation. On est incapable de les différencier. La lymphopoïèse Modèle CLP (historiquement) : séparation précoce des 2 lignées Modèle actuel : progéniteur lympho-myéloïde (‑> bipotentialité) érythro‑mégacaryocytaire. et progéniteur Lymphopoïèse précoce, primitive ou centrale qui permet la mise en place du récepteur à l’antigène unique : Rc TCR (pour LT) et Rc BCR (pour LB). Ces récepteurs se créent par une mécanique recombinatoire génique (V, D, J) dans la moelle osseuse (LB) et le thymus (LT) (étape antigèneindépendante) Lymphopoïèse tardive, dans les organes secondaires : rate + réseau lymphatique (ganglions) + MALT(amplification polyclonale) (étape antigène‑dépendante) 1. Lymphopoïèse B, elle se caractérise par différentes étapes immuno-phénotypique (marqueurs immuno-phénotypiques distincts selon la progression dans la lymphopoïèse). C’est une évolution phénotypique continue. Étapes moléculaires de la lymphopoïèse B précoce : o Au stade CLP Pro-‑‑‑B, réarrangements D-‑‑‑JH incomplets. o Au stade Pro-‑‑‑B, réarrangements V-‑‑‑DJH, complets. o expression intra-cytoplasmique d’une chaîne µ (=première chaîne lourde) qui se fixe à des protéines invariantes, les pseudos chaînes légères, pour former le préBCR. o préBCR déclenche un signal de prolifération : amplification des « bons élèves » puis réarrangement de la chaîne légère V-‑‑‑JL pour ces « bons élèves » seulement. On a alors formation d’une IgM Régulation de la lymphopoïèse B o par facteurs extrinsèques : cytokines : IL7 +++ (sécrété par cellule stromale) est un régulateur positif indispensable qui permet le signal de prolifération lors de la sélection préBCR. o par facteurs intrinsèques : facteurs de transcription : PAX5 +++, nécessaire et suffisant pour les remaniements VDJ de la chaîne lourde des Ig 135 Modèle pathologique : Leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) : LAL : proliférations malignes, clonales ou oligo‑clonales, développées à partir de précurseurs lymphoïdes immatures avec blocage du processus de maturation. Le diagnostic est immunologique : on classe les cancers selon les stades de blocage. Une des anomalies les plus fréquentes est des pertes de fonction de PAX5 ce qui empêche la formation du BCR. 2. Lymphopoïèse T (exclusivement dans le thymus) Des progéniteurs (multipotent ≠ CSH) quittent la MO pour coloniser le thymus pendant la vie fœtale. Anatomie du thymus : organe volumineux (1/3 médiastin antérieur) chez l’enfant qui va subir une involution après la puberté. Il deviendra un liseré adipeux. De la périphérie vers la profondeur : région sous capsulaire, puis corticale et enfin médullaire. Étapes moléculaires de la lymphopoïèse T. Plus compliquée que la lymphopoïèse B car elle n’est pas linéaire : comprend plusieurs embranchements (double dichotomie): -> Formation du TCR, qui peut être : Un hétérodimère δγ ou αβ -> Au sein de chaque catégorie (δγ ou αβ), choix de devenir : CD4+ ou CD8+ Remaniements du TCR : D’abord remaniement δ, puis très vite un γ, plus tardivement un β et enfin un α qui survient après la sélection des cellules ayant fait un β productif. Lors du remaniement du TCR β on va avoir l’expression d’un préTCR (chaîne β et protéine invariante pré-‑‑‑Tα) ce qui donne la β sélection (équivalent stricte de la sélection chez les BCR). Puis la prolifération va s’arrêter et les cellules vont commencer à remanier le TCR α pour remplacer la protéine invariante, pré-‑‑‑Tα. Le TCR αβ est formé. Le LT a un rôle central dans la régulation de la réponse immune. Ainsi, il subit une double sélection : positive et négative (moins de 1% des « bons élèves » survivent) La différenciation vers la lignée γδ est très précoce On distingue 3 modèles pour expliquer la bifurcation rapide. Régulation de la lymphopoïèse T : +++ Notch1 est un récepteur transmembranaire, qui a aussi un rôle de facteur de transcription. Il est INDISPENSABLE en agissant à plusieurs niveaux : il permet le commitment T, la β sélection et la dichotomie CD4 CD8. Le Rc transmembranaire est en 2 morceaux : fixation du ligand de Notch qui entraîne le clivage protéolytique de la partie EC et un deuxième de clivages qui libère, dans le cytoplasme, la partie IC de Notch (NIC) qui devient un FT migrant dans le noyau pour réguler l’expression génique. LAL T (proliférations malignes et clonales, avec blocage de maturation, à partir de précurseurs T). Dans plus de 70% des cas des LAL T, on a des mutations activatrices de Notch. Il existe des traitements personnalisés, où le profil mutationnel de la tumeur va indiquer la prise en charge thérapeutique. Déficits immunitaires : Au niveau de la lymphopoïèse B ; maladie de Bruton : déficit de la tyrosine kinase Bruton (Btk) → blocage de la maturation au stade préB Au niveau de la lymphopoïèse T ; syndrome de Di George : pas de mise en place du thymus. 136 UE8 –Hématologie- cours n°9 27/04/2017 RT : Iris Layani Pr. Felipe Suarez : [email protected] RL : Isabelle de Malliard Eléments d’oncogenèse : hématologie et classification des hémopathies malignes Plan : I. Principaux mécanismes d’oncogenèses A. Définition de la cellule cancéreuse B. Les altérations cardinales du cancer C. Oncogenèse i. Exemple 1 ii. Exemple 2 iii. Exemple 3 iv. Exemple 4 II. Application à l’hématologie A. Rappel de la lymphopoïèse B B. Rappel de la lymphopoïèse T et des autres cellules hématopoïétiques C. Survenue d’évènements oncogènes III. Classification des hémopathies malignes A. La leucémie aigue B. Les néoplasmes myéloprolifératifs C. Les leucémies lymphoïdes D. Les myélomes multiples E. Les lymphomes Mot du RT : Le prof a dit que les 15 dernières diapositives n’étaient là que pour enrichir notre culture générale. Je ne les ai donc pas replacées dans la ronéo 137 I. Principaux mécanismes d’oncogenèse A.Définition de la cellule cancéreuse Une cellule cancéreuse est une cellule qui a acquis une ou plusieurs anomalies génétiques. Ces anomalies sont des mutations somatiques qui ont lieu dans un tissu différencié, elles n’ont pas vocation à être transmises à la descendance. Ces anomalies dérégulent la prolifération et l’homéostasie cellulaire. Ce sont des mutations qui donnent un avantage sélectif à la lignée de la cellule mutée par rapport aux cellules normales. B.Les altérations cardinales du cancer Les altérations cardinales du cancer sont des altérations que l’on retrouve systématiquement dans les cellules cancéreuses et qui permettent à la tumeur de se développer. Dans tous les cancers on retrouve au moins un de ces 6 types d’altérations. Ils confèrent à la cellule cancéreuse des avantages qui augmentent ses capacités prolifératives. C. L’oncogenèse L’oncogenèse est un processus pathologique, multi-étape où la cellule accumule un grand nombre de mutations. Au terme de ce processus, la capacité proliférative de la cellule est largement augmentée. Lors de la prolifération cellulaire, la réplication de l’ADN est une étape qui peut comporter des erreurs. Le mécanisme de la réplication est donc régulé et précis afin d’éviter l’introduction de mutations. En particulier les voies de ATM et p53 sont des processus de contrôle qui arrêtent le cycle cellulaire pour permettre à la cellule de réparer l’erreur. Cependant, parfois ces mécanismes de protection ne sont pas suffisant et des erreurs échappent à leur contrôle. Ces erreurs peuvent être un élément dans le parcours de l’oncogenèse. Les mutations peuvent être diverses : ponctuelles, de duplication, de délétion, translocations chromosomiques… Ces phénomènes peuvent mener à des altérations oncogéniques. C’est-à-dire entrainer un phénotype particulier qui va conférer des propriétés oncogéniques à la cellule fille. Les altérations oncogènes peuvent être regroupées en deux catégories : 138 1) Une mutation qui va venir activer un gène oncogène qui va favoriser la prolifération. 2) Une mutation qui va inactiver un gène suppresseur de tumeur. Par exemple le gène p53 qui a pour rôle de repérer une mutation, d’arrêter le cycle cellulaire pour permettre la réparation de l’ADN, d’induire l’apoptose si la réparation n’est pas efficace. En cas d’altération de ce gène, les cellules filles ont un plus grand risque de porter des mutations. Il existe différents mécanismes permettant à ces altérations de voir le jour : a) La dérégulation de la transcription. Une mutation dans le promoteur d’un gène oncogène peut entrainer une augmentation de la transcription. b) Phénomènes épigénétiques (non-inscrits dans le génome) : une anomalie de la méthylation des promoteurs ou une anomalie de l’acétylation des histones. Peuvent entrainer des anomalies de volume de traduction. c) Phénomènes de translocation. Un oncogène peut se retrouver transloqué à proximité d’une séance régulatrice différente. Qui imposera une transcription différente, souvent une hyper expression de l’oncogène d) Transcrits de fusion. Un nouveau gène va être créé dont la propriété sera oncogénique. e) Mutation en cis ou en Trans. Une mutation peut avoir lieu à côté d’un oncogène et va avoir des effets sur l’oncogène à proximité. Par exemple une mutation dans un facteur de transcription en cis peut avoir des conséquences sur la transcription de l’oncogène. 1)Exemples 1 : voie des kinases On prend ici l’exemple d’une voie de signalisation impliquant des protéines kinases. La transduction du signal se fait par phosphorylation de tyrosines. Ce sont des mutations que l’on retrouve dans un grand nombre de cancer. Des mutations sur le récepteur peut entrainer une activation plus importante de son domaine kinase. Des mutations sur des tyrosines kinases en aval du récepteur peut les rendre constitutivement actives. Les phosphorylations seront donc plus importantes en aval. On s’intéresse à la PI3K qui est mutée dans sa région catalytique p110. Cette mutation a pour effet la phosphorylation du PIP2 qui devient alors PIP3. PIP3 est très important pour la transduction du signal, car il permet l’encrage 139 d’autres molécules de transduction du signal à la membrane. Ces différentes molécules vont ensuite mener à des modifications de l’apoptose, du cycle cellulaire, du métabolisme glucidique… D’autres mutations peuvent entrainer la dérégulation de cette voie. La phosphatase PTEN a pour rôle de dé-phosphoryler le PIP3. Il permet donc de réguler la voie. Une mutation inactivatrice de PTEN va donc entrainer un maintien de la voie alors qu’elle aurait dû se stopper. 2) Exemple 2 : NOTCH1 dans les leucémies aigues lymphoblastique T NOTCH1 est un récepteur de surface primordiale dans le développement des lymphocytes T. On retrouve dans un grand nombre de leucémies lymphoblastique des mutations touchant le gène de cette protéine. NOTCH 1 est activé par un ligand transmembranaire présent sur une autre cellule. Son activation va mener à des modifications dans son domaine juxta membranaire et à un clivage protéolytique qui va libérer la partie intracellulaire de NOTCH : ICN1. ICN1 va agir comme un facteur de transcription. La transcription accrue des gènes cible de NOTCH1 va entrainer la prolifération et la différentiation des lymphocytes T. Certaines mutations vont empêcher la dégradation naturelle d’ICN1. Ces mutations touchent le domaine PEST d’ICN1. Ce domaine a pour fonction d’être polyubiquitiné et de conduire ICN1 au protéase pour qu’il soit dégradé. Des mutations sur PEST induisent une activation permanente de cette voie. 3) Exemple 3 : prolifération liée à MYC Le gène MYC est un gène très important dans l’oncogenèse impliqué dans la prolifération cellulaire. Cependant ce gène active des mécanismes d’apoptose et de sénescence quand la prolifération devient importante, il doit donc être par la suite contrecarré par les cellules tumorales. La mutation présentée ici est très fréquemment retrouvée dans les tumeurs lymphoïdes. Il s’agit d’une translocation entre le chromosome 8 porteur du gène MYC et le chromosome 14 qui porte le locus des 140 chaines lourdes des immunoglobulines. Or les chaines lourdes des Ig sont exprimées à forte concentration dans les lymphocytes B matures. Si le gène MYC est transloqué à proximité des séquences de régulation des Ig, alors il sera exprimé en grande quantité dans les lymphocytes B. Cette mutation est présente dans le lymphome de Burkitt en particulier. 4) Exemple 4 : inhibition de l’apoptose liée à BCL2 BCL2 est impliqué dans les deux voies de l’apoptose. La voie extrinsèque impliquant le récepteur FAS dont l’activation par FAS L va entrainer une cascade de signalisation activant les caspases qui vont former des pores à la surface de la mitochondrie permettant la sortie du cytochrome C. Le cytochrome C va rejoindre d’autres protéines pour former l’apoptosome qui va activer la caspase 3 dont la fonction protéolytique va entrainer l’apoptose. Ainsi que la voie intrinsèque où des signaux intracellulaires vont entrainer l’apoptose. BCL2 est un anti apoptotique, il va empêcher la sortie du cytochrome C de la mitochondrie en bloquant la formation du pore. Quand la cellule est normale, si l’on stimule la cellule avec un facteur de croissance (ici IL3) on a une prolifération. Si, pendant cette phase de prolifération, on prive les cellules d’IL3, ces cellules vont entrer en apoptose. Cependant, si BCL2 est surexprimé dans ces cellules alors l’apoptose n’est plus déclenchée même si elles sont privées d’IL3. On observe ce phénomène dans le lymphome folliculaire, où le gène de BCL2 est transloqué dans le locus des chaines lourdes des Ig (voir mécanisme de l’exemple précédent.). Cette maturation induit une activation constitutive de BCL2 Dans un centre germinatif normal, les LB n’expriment pas BCL2, car lors des processus de sélections seuls les LB les plus affins doivent survivre, les autres entrent en apoptose. Lorsque cette mutation est exprimée les LB expriment BCL2 et n’entrent plus en apoptose. 141 II- Application à l’hématologie A-Rappel de la lymphopoïèse B La lymphopoïèse B commence dans la moelle osseuse à partir de précurseurs lymphoïdes communs. Qui vont procéder à un réarrangement de leur ADN au cours de leur maturation. D’abord un réarrangement des chaines lourdes des Ig : V(D)J. Qui va permettre d’exprimer une chaine lourde unique qui va donner un signal de survie au LB si elle est correctement réarrangée. La cellule va ensuite réarranger la chaine légère si elle a survécu à la première sélection. Quand le réarrangement complet est correctement réalisé le LB naïf va sortir de la moelle osseuse et poursuivre sa maturation dans les organes lymphoïdes secondaires. Dans le centre germinatif d’un ganglion lymphatique en le LB est mis en présence l’anti gène présenté par une cellule dendritique et d’un LTCD4 helper qui vont induire des signaux de survie chez le LB. Dans le centre germinatif on a une maturation exotypique : la chaine lourde µ devient gamma ou alpha. On passe d’une IGM à une IGA ou une 142 IGG ce qui confère différentes propriétés physico-chimiques au LB. Au cours de cette maturation seules les cellules dont les modifications augmentent l’affinité avec l’anti gène survivent. Les autres, n’exprimant pas BCL2 entrent en apoptose. Les LB mémoires vont ensuite circuler en périphérie tandis que les plasmocytes vont migrer dans la moelle osseuse où ils assureront la production d’anti corps pendant des mois voire des années. B-rappel de la lymphopoïèse T et des autres cellules hématopoïétiques La lymphopoïèse T débute par la colonisation du thymus par un précurseur T. Les réarrangements V(D)J vont s’y dérouler ce sont des lymphocytes T matures soit CD4 soi CD8 qui vont quitter le thymus. On peut calquer ce modèle sur les autres cellules hématopoïétiques qui sont issues de cellules pluripotentes qui au cours de différenciation vont mener à la formation de toutes les cellules sanguines. C- survenue d’évènements oncogènes Les mutations sont le plus souvent spontanées. La seule division cellulaire constitue un risque de mutation. Cependant ce risque peut être accrus si la prolifération est accrue. En effet plus il y a de divisions, plus la fréquence de l’évènement mutationnel augmente. D’autre part la fréquence des mutations peut augmenter si le corps est exposé à des évènements la favorisant comme les rayonnements ionisants et les chimiothérapies. En effets ces traitements du 143 cancer se basent sur la moindre capacité des tumeurs à réparer leur ADN. Ils augmentent le nombre de cassures double brin. Cependant certaines cellules non tumorales sont-elles aussi subir les effets de la chimiothérapie et si elles réparent ces cassures avec des erreurs elles peuvent à leur tour devenir tumorales. Ces traitements augmentent donc le risque de faire des cancers secondaires. De plus les lymphocytes sont intrinsèquement plus instables sur le plan génétique à cause de leur capacité à faire des réarrangements somatiques dans leur ADN. En effet le processus de réarrangement mène à la formation de cassure dans l’ADN qui si elles ne sont pas correctement réparées peuvent entrainer des mutations. Cette fragilité explique les évènements vus dans les exemples en oncologie lymphoïde. III- Classification des hémopathies malines Lorsque l’on classe les différents types d’hémopathies malignes, on le fait selon que le cancer soit lymphoïde ou myéloïde et selon le son caractère aigu ou chronique. Un cancer aigu concernera des cellules précurseurs ou immatures. A contrario, un cancer chronique touchera des cellules matures. Ces caractères s’intéressent donc au stade de différenciation de la cellule touchée par le cancer. La classification différencie également les cancers selon qu’ils touchent la moelle osseuse et le sang ou les ganglions. A- La leucémie aigue Les leucémies aigues peuvent être myéloïdes ou lymphoïdes et se définissent par leur caractère aigu. En effet cette maladie est la conséquence de mutations qui va toucher des cellules précurseurs et bloquer la différenciation normale de la cellule. Les cellules proliférant sont donc bloquées à un stade de maturation. La moelle osseuse va donc se remplir de cellules immatures et incapables de se différencier. Ces amas cellulaires vont venir « étouffer » tous les foyers de maturation médullaire. On observe donc des symptômes d’insuffisance médullaire avec une diminution du nombre de tous les globules. On peut aussi avoir des symptômes d’infiltration. En effet les cellules tumorales peuvent venir coloniser d’autres organes et les faire grossir en empêchant leur fonctionnement. De même lorsque le cancer touche les lymphocytes T le thymus est également atteint. On définit deux types principaux de leucémies aigues : les lymphoblastiques (ou leucémie aigue lymphoïde ou LAL) ou les mésoblastiques (LAM) selon que les cellules touchées soient lymphoïdes ou myéloïdes. Ces deux types de leucémie touchent la moelle osseuse. Cependant on trouve aussi plus rarement des leucémies aigues qui touchent d’autres organes. Les lymphomes lymphoblastiques touchent ainsi les ganglions et les sarcomes granulocytaires sont une atteinte de la peau. La caractéristique principale de ces cancers est donc que les mutations empêchent la maturation des cellules, qui restent au stade de précurseurs. 144 B- Néoplasies myéloprolifératives (NMP) C’est le pendant chronique de la leucémie aigüe. Dans ce cas il n’y a pas de blocage de maturation. Les cellules cancéreuses vont proliférer mais elles ne s’arrêtent pas dans leur différenciation. On retrouve donc une accumulation de la forme la plus terminale de la cellule touchée dans le sang. Les organes les plus touchés sont donc le sang, la moelle osseuse mais aussi d’autres organes myéloïdes comme la rate. Les symptômes sont associés à l’hyperleucocytose qui rend le sang plus visqueux. De plus les cellules cancéreuses peuvent sécréter certaines cytokines, provoquant de la fièvre (sans rapport avec une infection) ou une inflammation. Ce type de cancer peut évoluer vers une leucémie aigüe. En effet comme les cellules prolifèrent beaucoup, il peut y avoir une accumulation de mutations secondaires qui peuvent bloquer la différenciation des cellules touchées. C- Leucémies lymphoïdes chronique Il s’agit pour cette pathologie plus d’un défaut d’apoptose que de prolifération. Comme les cellules meurent moins, elles vont s’accumuler dans la moelle osseuse et le sang. Les ganglions et la rate peuvent aussi être atteints. Elle touche en particulier les lymphocytes B. A terme ce cancer peut provoquer une insuffisance médullaire. En effet les cellules touchées vont venir la recoloniser et vont entrainer une anémie une neutropénie et une thrombopénie. Ce type de leucémie peut évoluer en lymphome à grande cellules, par acquisition de mutations secondaires qui vont-elles activer la prolifération. Elle ne se transforme pas en leucémie aigüe car celleci concerne des cellules immatures. D- Le myélome multiple (MM) Le myélome multiple est une autre forme d’hémopathie lymphoïde mature. Touche la forme terminale du lymphocyte B. Il s’agit à la fois de problèmes de prolifération et d’apoptose, qui conduisent à une accumulation de plasmocytes dans la moelle osseuse ou ils résident habituellement. On observe des symptômes d’insuffisance médullaire liés à une trop grande prolifération des plasmocytes. Il y a également ce qu’on appelle un pic monoclonal : en effet toutes les cellules cancéreuses sont issues de la même cellule mère, elles secrètent donc toutes le même anticorps qui se retrouve en très large excès dans le sang (plus de 10g par litre). Ces anticorps vont encombrer le sang et le rendre plus visqueux, ce qui va entrainer des troubles. On va aussi retrouver des troubles métaboliques dus à l’excès de cellules dans la moelle. Comme une hypercalcémie. Celle-ci, ajoutée à l’hyper filtration rénale des anticorps produits peuvent mener à une insuffisance rénale aigue. C’est souvent par cette complication que le myélome se révèle. Les myélomes multiples peuvent évoluer en devenant plus agressifs mais il n’y a pas de retour en arrière vers des formes de cellules plus immatures car elle touche des cellules déjà très différenciées. E- Le lymphome Ces cancers sont dus à des problèmes de prolifération et d’apoptose. Ils ont pour conséquence une accumulation de lymphocytes matures en périphérie. Les organes atteints sont donc les ganglions, mais le foie, la rate, les poumons et le tube digestif peuvent être également touchés. Ces lymphocytes matures peuvent revenir en arrière et recoloniser la moelle osseuse. 145 Le myélome est un type de lymphome mais plasmocytaire. On distingue dans cette catégorie les lymphomes Hodgkiniens et non Hodgkiniens. Dans les lymphomes Hodgkiniens, la cellule cancéreuse est extrêmement modifiée et perd toute ressemblance avec un LB normal. Tandis que les lymphomes non Hodgkiniens peuvent toucher des LB ou des LT mais les cellules seront moins modifiées. On distingue également les lymphomes indolents (de bas grade) des lymphomes à grande cellule (de haut grade) plus agressifs. Cette distinction se faite fonction de la capacité de prolifération qui est basse dans les lymphomes indolents et élevée dans les lymphomes à grande cellule. Les symptômes observés sont ceux associés au syndrome tumoral : adénopathies (gros ganglions), compression d’un organe. Mais aussi des signes généraux dus à la sécrétion anormale de cytokines inflammatoires par ces lymphocytes anormaux. 146 Fiche récapitulative I. Principaux mécanismes d’oncogenèse Altérations cardinales du cancer = 6 altérations que l’on retrouve systématiquement dans les cellules cancéreuses permettent à la tumeur de se développer - Indépendance par rapport aux facteurs de croissance - Résistance à l’apoptose - Résistance par rapport aux signaux inhibant la prolifération - Stimulation de l’angiogenèse - Franchissement des membranes basales / migration cellulaire - Prolifération cellulaire indéfinie (immortalisation) II. Classification des hémopathies malignes Distinction : myéloïde / lymphoïde (en fonction du type de cellules) et aigu / chronique (en fonction du stade de différenciation de la cellule touchée par le cancer) Cancer aigu : concerne des cellules précurseurs / immatures Cancer chronique : touche des cellules matures Leucémie aigüe - Myéloïde ou lymphoïde - Cause : mutations qui touchent les précurseurs et induisent un blocage de maturation - Accumulation de précurseurs immatures dans la moelle osseuse - Insuffisance médullaire : symptômes traduisant une baisse de la fonction de la moelle osseuse + infiltration d’organes - 2 types qui touchent la moelle osseuse : o Leucémie aigüe lymphoblastique / lymphoïde = LAL (cellule touchée = lymphoïde) o Leucémie aigüe mésoblastique / myéloïde = LAM (cellule touchée = myéloïde) - Types de leucémies aigües qui touchent d’autres organes : o Lymphome lymphoblastique : ganglions o Sarcomes granulocytaires : atteinte de la peau Néoplasies myéloprolifératives (NMP) - PAS de blocage de la maturation - Organes touchés : sang, moelle osseuse, autres organes myéloïdes (rate) - Symptômes : hyperleucocytose à tous les stades de maturation, fièvre, … - Risque d’évolution vers LAM et LAL Leucémies lymphoïdes chroniques (LLC) - Cause : défaut d’apoptose - Accumulation des LB matures dans la moelle osseuse et le sang - Risque d’évolution en lymphomes à grandes cellules Pas de transformation en leucémie aigüe car touche des cellules déjà différenciées Myélome multiple (MM) - Cellule touchée : plasmocyte = forme terminale du LB - Problème de prolifération et d’apoptose accumulation de plasmocytes matures dans la moelle osseuse - Symptômes associés à une insuffisance médullaire 147 • • • Pic monoclonal Métabolique (hypercalcémie, insuffisance rénale) Atteinte osseuse lytique Lymphome - Problèmes de prolifération et d’apoptose accumulation de lymphocytes matures en périphérie - Organes atteints : ganglions, foie, rate, poumons, tube digestif, moelle osseuse (si recolonialisation par des lymphocytes matures) - 2 catégories : lymphome de Hodgkin et lymphome non-hodgkinien • Lymphome de Hodgkin : cellule cancéreuse extrêmement modifiée perd toute ressemblance avec un LB • Lymphome non-hodgkinien : touche LB ou LT mais cellules moins modifiées - Distinction entre lymphomes indolents (bas grade, à « petites cellules ») = capacité de prolifération basse et lymphomes agressifs (haut grade, à « grandes cellules ») = capacité de prolifération élevé - Symptômes associés au syndrome tumoral (compression d’un organe à proximité), signes généraux (cytokines) fièvre sans cause inflammatoire par exemple Hémopathies malignes Moelle osseuse Ganglions Aigu Leucémie aigüe myéloïde (LAM) Lymphome lymphoblastique Chronique Néoplasie / syndrome prolifératif (NMP/SMP) Aigu Leucémie aigüe lymphoïde (LAL) Myéloïde Lymphoïde myélo- Leucémie lymphoïde chronique (LLC) Chronique Lymphome Myélome multiple (MM) 148 UE8 Hématologie Cours n°10 RT : Tiffany Petreto RL : Odile 28.04.2016 Dr. Ludovic Lhermitte [email protected] Physiopathologie des globules rouges Plan : I. Le globule rouge A. B. C. D. Naissance Vie Mort Homéostasie et anémie Abréviations : GR : globule rouge, Hb : hémoblobine, VGM : volume globulaire moyen, EPO : érythropoïétine, HIF : hypoxia inductible factor. Les autres abréviations de cellules sont indiquées dans le cours. Mot du RT : Le prof a commencé son cours en nous demandant de toujours avoir cette phrase en tête : « la connaissance de la physiologie et de la la physiopathologie est indissociable de la compréhension du raisonnement diagnostic ». On va ici parler de la physiologie et de la pathologie du globule rouge, et on abordera le syndrome anémique qui est sa principale conséquence pathologique. C’est un cours plutôt normal, voila (plus court que celui de l’an dernier, so cheer up 😊!) 149 I. Le globule rouge Le globule rouge (GR), hématie, ou encore érythrocyte est une cellule anucléée mature, que l’on schématise en sac d’hémoglobine, complètement dévolue au transport et à la protection de l’hémoglobine. On en retrouve environ 5 millions par mm3 de sang. Quand on a une cellule avec les suffixes : - Cyte : cellule mature - Blaste : cellule immature Il a la forme d’un disque biconcave (la dépression centrale liée à l’absence du noyau se traduit par une clarté sur les frottis), de 7 microns de diamètre, et caractérisé par son importante plasticité qui lui permet de circuler dans les capillaires les plus fins. Sa membrane est une membrane classique, double couche de phospholipides stabilisée par du cholestérol, qui comporte des protéines transmembranaires et sous-‑ ‑membranaires, ainsi qu’une couche externe riche en mucopolysaccharides qui porte le groupe sanguin. Le GR mature ne comporte aucun organite intra-cellulaire, il n’y a donc pas de mitochondrie ni de possibilité de métabolisme oxydatif. Le cytoplasme est riche en eau, ions, glucose, enzymes indispensables au métabolisme anaérobique (vu qu’on a pas de mitochondries on ne peut rien faire en aérobie, et ça tombe drolement bien, comme ça on consomme pas l’oxygène qu’on transporte !) ; et surtout en hémoglobine : 300 millions de molécules par cellule, ce qui représente 1/3 de sa masse. L’hémoglobine est l’unité fonctionnelle de transport de l’oxygène : la quasi unique fonction du globule rouge est donc le transport de l’oxygène. A. Naissance : l’érythropoïese L’érythropoïèse est le processus par lequel un cellule souche hématopoïétique de la moelle (cellule complètement immature, doté d’autorenouvellement et de totipotence) va conduire à la production d’un globule rouge mature et fonctionnel dans le sang (incapable de se diviser et complètement dédiée au transport de l’oxygène). C’est un mécanisme homéostatique très 150 hautement régulé. Les différentes étapes sont décrites sur le schéma ci-‑ ‑dessous. Différence progéniteur et précurseur : - Progéniteur : pour les différencier on a besoin de les mettre en culture pour savoir dans quelle voie de différenciation ils s’engagent (restreint à 1 ou 2 lignées) : pas de morphologie caractéristique. - Précurseur : peuvent êtres reconnus morphologiquement. On part d’une cellule souche hématopoïétique qui va se différencier en progéniteur (CFU, BFU), ce sont des cellules engagées dans la lignée érythroblastique, elles sont toujours douées de capacités prolifératives mais pas encore bien différenciées ; elles vont ensuite se différencier en précurseurs. La phase des précurseurs (cellules dans la case « Légende ») est divisée en deux étapes : tout d’abord, la prolifération cellulaire afin d’obtenir un nombre de cellules important, puis la maturation. Ces 2 étapes sont elles mêmes divisées en stades : o Pro-érythroblaste : grosse cellule bleu. o Erythroblaste basophile (type 1 puis 2, non différenciés morphologiquement) : ce sont aussi des cellules bleu, mais avec un volume cellulaire diminué. o Erythroblaste polychromatophile : donc entre bleu et rose o Erythroblaste acidophile : rose Après ce dernier stade d’érythroblaste, il va expulser son noyau (qui était auparavent indispensable aux mitoses) : il devient alors un réticulocyte comportant la substance réticulée (ou réticulaire) avec les organites intracellulaires (mitochondries et réticulum endoplasmique) et les acides nucléiques. Sur un frottis il parait plus gros et plus bleu qu’un érythrocyte. Il restera 24 heures dans la moelle osseuse puis va migrer dans le sang périphérique, y rester encore 24 heures, puis au final il expulsera son matériel réticulo-endothélial : il devient un véritable sac d’hémoglobine, c’est le stage globule rouge. Au cours de cette maturation érythroblastique on observe 2 phénomènes remarquables : - La prolifération : Entre le stade PROER (proérythroblaste), le plus haut et le stade ERA (érythroblaste acidophile), il y a précisément quatre divisions cellulaires (une entre chaque stade et type de stade). La taille de l’érythroblaste est de moins en moins importante au fur et à mesure qu’on avance dans la maturation/divisions mitotiques/expulsion du noyau/expulsion de la substance réticulée... 151 - Acquisition du stock d’hémoglobine : Hémoglobinisation (différenciation en gros) : elle est de plus en plus importante au fur et à mesure qu’on avance dans la maturation. L’hémoglobine étant une protéine acidophile rose, le cytoplasme bleu au stade PROER (proérythroblaste) à cause des ARN, change progressivement de couleur = au fur et à mesure que les ARN sont traduits pour donner de l’hémoglobine, on passe de bleu à rose. Ce taux d’hémoglobine est aussi responsable, lorsqu’il arrive à 32%, de l’ expulsion du noyau de l’ERA qui devient un réticulocyte, et donc entraine un blocage de la mitose. Il y a donc en réalité une synchronisation nucléo-‑ ‑cytoplasmique très précise entre le nombre de mitose et le taux d’hémoglobine. Le Volume Globulaire Moyen (VGM) est donc déterminé par cette synchronisation et il reflète le nombre de mitoses : le VGM diminue quand le nombre de mitoses augmente. C’est donc un indicateur utile pour identifier des situations pathologiques (la rupture de la synchronisation est toujours synonyme de situation pathologique) : - Trouble de la synthèse d’Hb : le temps nécessaire pour atteindre les 32% est allongé alors que les divisions cellulaires se passent normalement, une mitose surnuméraire peut donc avoir lieu => une diminution du VGM permet d’identifier ce trouble = microcytose. - Troubles de la synthèse d’ADN : ils peuvent être dus à un déficit en vitamine B9 et/ou B12. Les mitoses se font donc plus lentement pendant que le taux d’Hb augmente normalement (asser de fer) et celui-‑ ‑ci stoppera les divisions plus tôt, il peut donc y a voir une division mitotique en moins => une augmentation du VGM permet d’identifier ce trouble = macrocytose. Les « matières premières » nécessaires à l’érythropoïèse sont de 2 types : - le fer, qui est un composant essentiel de l’hémoglobine ; - les vitamines B9 et B12 sont quant à elles nécessaires à la synthèse d’ADN. ➢ La quantité de ces éléments est donc un élément majeur qui module l’érythropoïèse. REGULATION DE L’ERYTHROPOIESE Accélérateurs L’érythropoïétine (EPO) : essentiellement ; elle est produite majoritairement par les cellules tubulaires du rein qui comportent des récepteurs sensibles à l’hypoxie (au Hypoxia Inductible Factor (HIF) et au facteur VHL (Von Himpel Lindau)), elle permet l’engagement des progéniteurs en précurseurs (induction différenciation terminale CFU-E) et des précurseurs, l’accélération du processus (synthèse de l’hémoglobine et sortie du réticulocyte de la moelle). L’EPO peut être synthétisé dans une moindre mesure par le foie. Androgènes, hormones thyroïdiennes (lien possible entre hypothyroïdie et anémie) Freins Protéines impliquées dans l’inflammation : IL1, IL-6 et TNFα (on peut donc développer une anémie inflammatoire, par l’inhibition de l’érythropoïèse entrainée par le syndrome inflammatoire) B. Vie La production du GR est tellement importante quantitativement qu’elle est parfois imparfaite. Il peut effectivement rester dans la cellule des reliquats du noyau appelés corps de Jolly, qui sont éliminés par la rate lorsque les GR passent dans les capillaires spléniques où les macrophages agissent pour éliminer les résidus. 152 En cas de splénectomie (résection de la rate) ou asplénie fonctionnelle (drépanocytose ayant donné précédement des infarctus spléniques : quasi morte/non fonctionnelle) : cette fonction ne peut pas être assurée et des GR imparfaits sont présents dans le sang. Donc quand on les voit sur le frottis on peut en déduire automatiquement que la rate ne fait pas son travail (ou qu’elle est plus là). D’autres résidus comme des grains d’homosidérine peuvent montrer l’imperfection des GR (le professeur les a évoqués à titre d’exemple). Le GR a trois rôles principaux : 1) Accéder aux tissus périphériques pour leur fournir de l’oxygène => grâce à sa plasticité, rôle de la membrane et du cytosquelette : Les GR peuvent passer les capillaires les plus fins qui sont ceux de la rate (3 microns) et du foie (4 microns) alors que leur diamètre de 7 microns (les autres capillaires font entre 5 et 7 microns). Cela est permis par la compliance du cytosquelette, qui est lié à la membrane par la protéine transmembranaire bande 3. Et permis par d’autres protéines intracytoplasmiques : ce cytosquelette a une composante verticale composée de la glycophorine et la protéine 4.1 ; et une composante horizontale avec la spectrine et l’actine. L’ankyrine (et protéines d’ancrage) permet de consolider ensemble les deux composantes. Une anomalie du cytosquelette du GR entraîne une perte de la biconcavité. On peut alors observer, par exemple, des cellules sphériques, les sphérocytes, en cas de sphérocytose héréditaire don’t la cause la plus fréquente est une mutation de la spéctrine. Ces GR anormaux n’ont pas la capacité de passer les capillaires les plus fins dans lesquels ils éclatent : c’est l’hémolyse pathologique. Toutes les maladies génétiques qui vont atteindre les protéines du cytosquelette vont produire ce type d’hémolyse avec une forme particulière du GR (sphéride, elliptique…). Mais attention il n’y a pas que les anomalies du cytosquelette qui peuvent produire de l’hémolyse : une autre anomalie très connue colmme la drépanocytose n’atteint pas le cytosquelette mais atteint le gène de la globine, ce qui va entrainer la précipitation de la globine dans le GR, et ça le fragilise et l’empeche de se déformer correctement, et au passage dans un capillaire il va prendre une forme de faux qui va soit entrainer sa lyse contre les fourches des capillaire, soit le boucher (accidents hémolytiques et thrombotiques). Donc les anomalies du cytosquelette provoquent de l’hémolyse mais elles n’en sont pas la seule cause. 2) Préserver sa propre intégrité => rôle des enzymes : 153 Cette protection se divise en 3 mécanismes principaux : - Empêcher l’oxydation des constituants : des systèmes réducteurs permettent de préserver l’Hb et son fer ferreux (Fe2+) qui peut s’oxyder en fer ferrique (Fe3+). - Lutter contre l’hyperhydratation : cela entrainerait une augmentation du volume de la cellule et ça le rendrait sphérique et favoriserait l’hémolyse, cela est assuré par la présences de pompes Na+/K+ ATPases. - Assurer l’asymétrie membranaire (renouveller les phospholipides membranaires) : les flippases permettent l’internalisation des phosphatidylsérines (afin qui les GR ne soient pas phagocytés) et les floppases permettent, quant à elles, l’externalisation des phospholipides. Ces mécanismes de protection sont coûteux en énergie et celle-‑ ‑ci est apportée par le métabolisme de glycolyse anaérobie des GR. 2 voies principales Voie Trioses phosphates Pentoses Voie principale Voie accessoire Enzyme Pyruvate kinase G6PD + Produits NADH + H et 2 ATP NADPH + H+ L’ATP permet de renouveler les phospholipides membranaires et de lutter contre l’hyperhydratation. Le NADH est un co-factuer très important de la méthémoglobineréductase principale, qui empêche le fer de rouiller (ferreux Fe2+ => ferrique Fe3+) = système réducteur protecteur du fer. Le NADPH sert aussi à empécher l’oxydation du fer (via la méthémoglobineréductase accessoire), mais surtout il est essentiel pour faire fonctionner la glutathion réductase qui sert à protéger la globine = système réducteur protecteur de la globine. 3) Assurer les échanges gazeux => rôle de l’Hb (il passe vite dessus : voir cours dédié) : L’hémoglobine c’est de l’hème et de la globine. L’hème c’est un complexe tétrapyrolique ( = 4 noyaux pyroles) centrés par un atome de 154 fer. Cet hème est ancré par des liaisons fortes et fialbes qui va protéger l’oxygène. Les échanges sont permis par cette association. L’hémoglobine peut être touchée par des défauts de synthèse de l’hème ou de la globine, ou encore par un dysfonctionnement dans le métabolisme du fer. C. Mort La durée de vie du GR est d’environ 120 jours (4 mois) dans des conditions physiologiques. On va avoir une dégradation de ses constituants, une perte de l’équipement enzymatique et un défaut énergétique (hyperhydratation et perte de l’asymétrie membranaire) car sans noyau, la synthèse protéique est impossible. La mort cellulaire va être causée par le non-‑ ‑renouvellement de la flippase, ce qui entraîne une externalisation de la phosphatidylsérine, et donc l’apoptose par le biais de la reconnaissance du GR par les macrophages du foie et de la moelle osseuse => hémolyse physiologique avec des globules rouges scénéscents pour la grande majorité. Cette hémolyse physiologique dans le foie et la moelle se distingue de l’hémolyse pathologique qui a lieu dans la rate (elle est là pour prendre en charge un possible excès d’émolyse : c’est l’émonctoire des globules rouges déféctueux) ; une splénomégalie peut donc en être un signe. Une fois détruit, les constituants du GR sont réutilisés : - La globine est dégradée en acides aminés qui serviront à la néosynthèse protéique (cela fait un peu d’effet Joule, l’hémolyse peut donc être accompagnée d’un peu de fièvre #secouchermoinsbête). - Le fer est intégralement recyclé dans un cycle fermé du métabolisme du fer pour permettre l’érythropoïèse. - L’hème est converti biliverdine puis en bilirubine non conjuguée et transportée par l’albumine jusqu’au foie où elle sera conjuguée grâce à la glucoronyl transférase (gamma-GT), puis finalement éliminée dans les voies biliaires. Arrivée dans les intestins elle va devenir du stercobilinogène qui sera éliminé par les fécès. Il y a une possibilité de recyclage : réabsopriton de la bilirubine conjuguée, qui va être transformée en urobiline et ainsi être sécrétée dans les urines. Tout ça, ça nous explique que l’hème est un pigment : rouge quand il est oxygéné, bleu quand il est réduit, vert lorsqu’il est métabolisé en biliverdine, jaune en bilirubine, noir en stercobiline… C’est aussi ce qui explique les différentes couleurs de l’hématome. 155 On peut donc avoir 2 types d’excès de bilirubine : - Un obstacle dans les voies biliaires entraîne donc un passage dans le sang de bilirubine conjuguée. (il nous renvoie aux cours d’hépatogastro, si tu mooourais d’envie de les relire, la voila ton excuse, petit canaillou 😉) - On peut observer de manière pathologique chez le nouveau-‑ ‑né un déficit fonctionnel physiologique et transitoire de glucoronyl transférase (immaturité de l’enzyme) et donc un taux élevé de bilirubine non conjuguée dans le sang, ce qui entraîne un ictère néonatal. Un déficit congénital de cette enzyme peut être observé dans les maladies de Gilbert (forme légère, révélée tardivement) ou de Crigler-Najjar (forme sévère, dès l’enfance). On peut aussi avoir un excès de bilirubine non conjuguée à cause d’un excès d’hémolyse, car on dépasse les capacités de la glucuronyl transférase. (Astuce : un petit verre de rouge par jour au troisième trimèstre de grossesse permet d’induire cette enzyme, et donc de diminuer le risque d’ictère néonatal ! Par contre ne vous attendez pas à enfanter d’un prix Nobel…) D. Homéostasie et anémie 1. Adaptation à l’anémie Chaque jour on remplace le 120ème de notre volume de globules rouge total via l’hémolyse physiologique. Il peut y avoir une augmentation des besoins en hémolyse ou une diminution (cas de l’anémie). L’anémie est une baisse du taux d’Hb dans le sang. En réponse à cette situation, il y a une réponse extra‑ ‑érythrocytaire et une réponse érythrocytaire. REPONSE EXTRA-‑ ‑ ERYTHROCYTAIRE - Réponse cardio-‑ ‑vasculaire (adaptation immédiate) : le débit cardiaque est augmenté et on observe une vasoconstriction des territoires non nobles (peau, vaisseaux mésentériques), cela permettant de maximiser une meilleures oxygénation des territoires nobles (cerveau, foie, reins) - Stimulation de l’érythropoïèse (adaptation plus tardive) : les cellules rénales sont stimulées par l’HIF, et stimulent l’EPO en réponse. Cela permet l’engagement des progéniteurs (CFU-‑ ‑E) dans l’érythropoïèse, l’accélération de la synthèse de l’Hb et de la sortie des réticulocytes de la moelle. Ainsi l’érythropoïèse est multipliée par 7 et raccourcie de 7 jours à 3 jours, afin de raccourcir le processus, il peut éventuellement y avoir une mitose en moins. Les conséquences dans le sang de cette adaptation sont donc : - augmentation du nombre de réticulocytes circulants => polychromatophilie due au fait que les réticulocytes sont bleus alors que les GR sont rouges (leur présence est un reflet de la qualité de l’érythropoïèse ; si ils sont absents il faut se poser des questions sur l’état de la moelle). - augmentation du VGM car le volume des réticulocytes est supérieur à celui des GR - présence de quelques érythroblastes circulants Ces conséquences vont nous permettre d’apprécier l’anémie et son adaptation sur un hémogramme. REPONSE INTRA -ERY THROCYTAIRE La glycolyse anaérobie est majorée, ce qui entraîne l'augmentation de la production de 2,3-DPG (di phospho-glycérate, produite dans la voie des trioses phosphates) qui est un régulateur allostérique de la globine. Celui-‑ ‑ci entraîne une baisse de l’affinité de l’Hb pour l’oxygène, et facilite donc l’oxygénation tissulaire périphérique. On a un gradient : il y a beaucoup de 2,3-DPG dans les tissus périphériques (là où on vuet relacher l’oxygène) et quand on revient dans les poumons, le pH est moins 156 acide et il y a moins de 2,3-DPG ce qui permet à l’Hb de ne pas être génée pour reprendre de l’oxygène. Aussi comme dans l’hémoragie, où on va avoir une hypoxie tissulaire et le 2,3-DPG va aussi intervenir. 2. Classification physiopathologique des anémies a) Causes centrales (défaut de production) : d’origine médullaire - Insuffisances quantitatives de l’érythropoïèse, trois situations possibles, dans lesquelles le VGM ne varie pas : (1)Le tissu hématopoïétique se raréfie : si ça ne touche que la lignée érythroblastique, on parle d’érythroblastopénie ; tandis que si cette raréfaction touche toutes les lignées, on parle d’aplasie médullaire. On peut aussi avoir un cas particulier avec une prolifération de tumeurs ou métastases dans la moelle osseuse et qui va occuper tout le champs de la moelle, ce qui fait que les érythroblastes n’auront pas la place de se développer, ce qui va créer un défaut d’érythropoïèse. (2) Défaut de stimulateurs : La stimulation de l’érythropoïèse est diminuée en cas de déficit en EPO (insuffisance rénale) ou en hormone thyroïdienne (insuffisance thyroïdienne). (3) Excès d’inhibiteurs : En cas d’inflammation, IL-‑ ‑1, IL-‑ ‑6 et TNFα inhibent directement l’érythropoïèse. - Insuffisances qualitatives de l’érythropoïèse, deux situations principales, dans lesquelles le VGM varie : (1) Défaut de vitamine B9/B12 => anomalie de la synthèse de l’ADN / augmentation du VGM. (2) Carence en fer (ou trouble de l’hémoglobino-synthèse) => anomalie de synthèse de l’Hb / diminution du VGM. Encore une fois, on remarque que le VGM est un indicateur primordial dans l’identification des anémies. b) Causes périphériques (pertes excessives de GR) - Hémorragie aiguë : la perte de sang en périphérie entraîne une perte d’Hb. - Hémolyse pathologique (durée de vie < 120j) : les GR sont anormalement détruits, on distingue deux types de causes, celles directement liées au GR (corpusculaires) et les causes externes (extra-‑ ‑corpusculaires) (1) Hémolyse corpusculaire a. anomalie membranaire : sphérocytose héréditaire b. anomalie enzymatique : déficit en G6PD, PK c. anomalie d’Hb : drépanocytose (2) Hémolyse non corpusculaire a. toxique : venin de serpent b. infectieuse : paludisme (tropisme fort du parasite pour le GR) c. mécanique : valve cardiaque mécanique d. immunologique : accident transfusionnel ABO Mot de la RT : Fini ! Et oui le prof s’est arrété là, l’an dernier il y avait une 2nde petite partie sur les globules blancs, je ne l’ai pas mise, mais si vous voulez y jetter un coup d’œil elle est sur la ronéo de l’an dernier ! =D 157 C’est pas un cours monstrueux et c’est plutôt intéressant, on peut facilement faire des arbres des sujets abordés (c’est ce que le prof pense, pour apprendre l’hémato). Comprendre les réactions suffit, juste connaitre les grandes lignes (il est cool en vrai) Accrochez vous et bonne chance ! 158 Fiche récapitulative LE GLOBULE ROUGE Cellule anucléé, sans organites, biconcave, 7 μm de diamètre, très plastique, 5 millions par mm3 de sang, transport de l’O2 grâce à l’hémoglobine. Naissance : l’érythropoïèse : progéniteurs : non distinguable morphologiquement. Dans la moelle. précurseurs : prolifération puis maturation (hémoglobinisation d’où le changement de couleur). 4 divisions cellulaires. ↗ taux de Hb jusqu’à 32% d’où expulsion du noyau au stade acidophile, devient un réticulocyte, arrêt des mitoses, c'est la synchronisation nucléo-‑ ‑ cytoplasmique entre nombre de mitose et taux d’Hb, qui détermine le VGM (indicateur utile en cas de troubles de la synthèse d’Hb ou d’ADN). ➔Régulation : accélérateurs (EPO, androgènes, hormones thyroïdiennes) et freins (protéines de l’inflammation). Vie : Production très importante donc parfois imparfaite, comme présence de corps de Jolly (reliquats du noyau non macrophagés dans la rate). Rôles de l’érythrocyte : accéder aux tissus périphériques grâce à sa plasticité, rôle de la membrane et du cytosquelette protéger de sa propre intégrité, rôle des enzymes : lutte contre oxydation/hyperhydratation, assurer asymétrie membranaire. Energie apportée par la glycolyse anaérobique. Assurer les échanges gazeux, rôle de l’Hb Mort : Durée de vie de 120 jours car épuisement des enzymes indispensables. Hémolyse physiologique par macrophages foie + moelle osseuse car externalisation de la phosphatidylsérine (non renouvellement des flippases). / ! \ Hémolyse pathologique dans la rate. Anémie : Baisse du taux d’Hb dans le sang. réponse extra-‑ ‑érythrocytaire : cardiovasculaire et stimulation de l’érythropoïèse. ↗ VGM + réticulocytes circulants réponse érythrocytaire : ↘ affinité de l’Hb pour l’O2 en périphérie pour faciliter la distribution classification des anémies : causes centrales défaut de production : insuffisances quantitatives de l’érythropoïèse sans variation du VGM ou insuffisances qualitatives de l’érythropoïèse, avec variation du VGM causes périphériques pertes excessives de GR : hémorragie aiguë ou hémolyse pathologique (durée de vie < 120 jours, corpusculaire ou non corpusculaire. 159 160 UE8 –Système Hématologique et Immunologique–Hématologie- Cours n° 11 RT : Aline Lazberg RL : Maximilien de Méritens 28/04/17 Métabolisme de la vitamine B12 et des folates Physiopathologie des anémies mégaloblastiques Plan : I. Métabolisme des vitamines B12 et B9 A. Métabolisme de la vitamine B12 B. Trajet et absorption de la vitamine B12 C. Métabolisme de la vitamine B9 D. Absorption de l’acide folique II. Carences en folates ou en vitamine B12 A. Physiopathologie B. Les anémies mégaloblastiques : symptômes C. Etiologies des carences III. Biochimie des folates A. Présentation générale B. Rôles des folates C. En résumé – carences IV. Vitamine B12 A. Présentation générale B. Impact d’une carence en vitamine B12 C. Application thérapeutique : Le méthotrexate (MTX) Abréviations : FI : Facteur Intrinsèque DHFR : dihydrofolate réductase THF : trihydrofolate MTX : méthotrexate 161 I) Métabolisme des vitamines B12 et B9 A. Métabolisme de la vitamine B12 (=cobalamine) La B12 provient quasi exclusivement d’une source animale (très rare dans végétaux). On en trouve dans le foie, dans les animaux marins (poissons, mollusques, crustacés et dans le jaune d’œuf). Les AJR sont de 2,5 µg/j, ils sont largement couverts sauf dans le cas d’une alimentation végétalienne. Nos réserves sont hépatiques et très importantes, pouvant durer 3 à 5 ans. B. Trajet et absorption de la vitamine B12 Estomac : La vit B12 est dissociée des protéines alimentaires par l’hydrolyse peptique acide, puis transportée et protégée du milieu acide par l’haptocorrine(TCN1) Duodénum: Lorsque le complexe B12+haptocorrine arrive au duodénum, l’haptocorrine est hydrolysée par les protéases du pancréas. La B12 peut alors se fixer au facteur intrinsèque (FI) produit par les cellules pariétales gastriques. Iléon terminal, lieu d’absorption : Le complexe B12+FI est absorbé par les récepteurs entérocytaires « cubam » (cubuline+ amnioless). L’ensemble est internalisé puis la vitamine B12 passe dans le sang. Sang : le transport de la B12 se fait avec la Transcobalamine 2 (TCN2) qui distribue la vitamine B12 aux cellules et avec l’Haptocorrine (TCN1) qui la met en réserve. C. Métabolisme de la vitamine B9 (= acide folique = acide ptéroylmonoglutamique) Elle provient essentiellement des légumes verts sous formes de folates alimentaires, du foie et des œufs. Les AJR sont de 200 µg/j et nos réserves sont plus faibles que la vitamine B12, elles s’épuisent au bout de 4 mois maximum sans apport de vitamine B9. D. Absorption de l’acide folique Les folates alimentaires sont des polyglutamates. L’absorption se fait au niveau du jéjunum après déconjugaison en monoglutamate (grâce à la folate conjugase) et conversion en N5-méthyl-THF Le Transport est actif et spécifique. Le transport sanguin se fait sous forme de N5-méthyl-THF. 162 II. Carences en folates ou en vitamine B12 A. Physiopathologie Il y a des points communs aux carences en vitamine B9 et B12 : - Défaut de synthèse d’ADN ce qui donne un allongement du cycle cellulaire (G1 et S) - Retentissement sur les tissus à forte activité mitotique. Cela va surtout concerner la lignée érythroïde des cellules hématopoïétiques et l’épithélium du tube digestif. Rappel sur l’érythropoïèse : Le proérythroblastes subit quatre divisions successives. Il se divise en : Érythroblaste basophile de type1 Érythroblaste basophile de type 2 Érythroblaste polychromatophile Érythroblaste acidophile mature Pour devenir un réticulocyte. Au fur et à mesure des divisions, la cellule diminue et le cytoplasme devient de plus en plus acidophile (coloration rouge). En condition physiologique, Il y a toujours un synchronisme entre la maturation du noyau et du cytoplasme. . - Retentissement sur l’érythropoïèse : le mégaloblaste : o Érythroblaste anormal résultant d’une anomalie de synthèse de l’ADN o Trop grande taille (car moins de mitoses) o Maturation nucléaire ralentie o Maturation cytoplasmique normale car asynchronisme de maturation nucléo-cytoplasmique o Fragile meurt déjà dans la moelle osseuse : avortement intramédullaire = hémolyse intramédullaire = érythropoïèse inefficace D’où une anémie mégaloblastique. 163 - Retentissement sur la granulopoïèse : o Myélocytes et métamyélocytes géants o PNN hypersegmentés (formation d’une dizaine de lobes D’ou une neutropénie - Retentissement sur la thrombopoïèse : Thrombopénie B. Les anémies mégaloblastiques : symptômes Symptômes communs aux anémies mégaloblastiques : – – – Symptômes d’anémie ( Hb), d’installation progressive o Asthénie o Dyspnée d’effort Atrophie des muqueuses : o Glossite atrophique o Atrophie de la muqueuse intestinale diarrhée o Atrophie des muqueuses génitales infertilité Syndrome hémorragique si thrombopénie sévère Symptômes spécifiques des carences en vitamine B12 : – o Signes neurologiques : Atteinte démyélinisante o Atteinte centrale et périphérique o Syndrome cordonal postérieur, (= atteinte des faisceaux postérieur de la moelle épinière responsables de la sensibilité) syndrome pyramidal (atteinte des fx antérieurs de la ME responsable de la motricité) o Paresthésies (= fourmillements/ engourdissement au niveau des extrémités) Symptômes spécifiques des carences de la vitamine B9 : – Risque de spina bifida en cours de grossesse (défaut de fermeture du tube neural) Symptômes communs aux carences en folates et en vitamine B12: – Cytopénies : 164 Anémie (Hb) macrocytaire (VGM) normochrome (CCMH) (concentration en hémoglobine est normale) et arégénérative (réticulocytes) la MO est touchée donc ne peut pas produire d’érythrocytes. – – Neutropénie (PNN) Thrombopénie (plaquettes) Signes d’hémolyse (intramédullaire) : – Bilirubine non conjuguée – Haptoglobine ( capte l’Hb qui circule dans le sang pour qu’elle ne soit pas libre puis l’amène au foie pour dégradation) – LDH C. Etiologies des carences Etiologies des carences en vitamine B12 : L’origine des carences de vitamine B12 peut être d’apport : - Alimentation végétalienne - Allaitement exclusif chez le nourrisson - Maladie de Biermer - Gastrectomie (la B12 ne peut plus se fixer sur le FI) - Utilisation chronique d’antiacides qui diminue la synthèse de FI - Pullulation bactérienne au niveau de l’iléon - Résection de l’iléon Cependant la 1ere cause de carence sévère en B12 est la maladie de Biermer. C’est une maladie auto-immune, qui détruit les cellules pariétales gastriques. Par conséquent il n’y a plus de production d’acide chlorhydrique ni de FI. Diagnostique : L’atrophie gastrique visible par endoscopie et la présence d’Ac anti-Fi permettent de faire le diagnostic de la maladie. Traitement : Supplémentation de vitamine B12 tous les mois tout le long de la vie. Etiologie des carences en acide folique (B9) : - Carence d’apport (pays en voie de développement, sujets âgés dénutris) Malabsorption digestives (maladie coeliaque, résection du jéjunum) Troubles du métabolisme des folates (cirrhose) Médicaments antifoliques ( méthotrexate, cotrimoxazole = antibio on veut bloquer le mb des folates des bactérie) 165 Augmentation des besoins (grossesse, hémolyses chronique la MO compense en produisant des réticulocytes en excès pour compenser donc on a besoin de plus de vitamine B9) - III) Biochimie des folates A. Présentation générale Ils ont un rôle essentiel dans la synthèse des bases puriques (synthèse d’ADN), des bases pyrimidiques (synthèse d’ADN) et de certains acides aminés. Structurellement, l’acide folique est un acide ptéroïque (forme de double cycles liés en aile) lié à un acide para-‑ ‑aminobenzoïque lui-même lié à un acide glutamique. Pour activer cette molécule d’acide folique, il faut réduire les deux doubles liaisons du second cycle, grâce à la DHFR (dihydrofolate réductase) pour ainsi obtenir l’acide tétrahydrofolique : B. Rôles des folates Les folates interviennent dans 3 voies métaboliques essentielles, au cours desquelles le N5-‑ ‑N10 méthylène THF tient un rôle central : - Interconversion Sérine, Glycine - Synthèse du dTTP (désoxythymidine triphosphate) et des purines - Synthèse de la méthionine à partir de l’homocystéine (intervention de la vitamine B12) 1) Conversion Sérine Glycine La sérine donne au THF un groupement monocarboné, qui en fait donc un transporteur de groupement monocarboné, la véritable molécule active. 166 Interconversion sérine-glycine Glycine Dihydrofolate réductase Sérine 2) Synthèse de dTTP (désoxythymidine triP) et des purines Cette synthèse est essentielle à la formation d’ADN Ici on étudie la synthèse du dTTP : suite à la formation du N5N10 méthylène THF, il peut à son tour donner le groupement méthyl nécessaire à la transformation du dUMP en dTMP, grâce à la thymidylate synthase. Le dTMP devient ensuite du dTDP puis du dTTP par l’action d’autres enzymes, permettant de participer à la synthèse d’ADN. 167 Synthèse des bases puriques 10 Formyl THF dTDP Gly C2 et C8 du noyau purique DHFR dTTP dCTP dGTP dATP Ser Purine IMP ARN ADN ATP GTP dATP dGTP ADN Ensuite, même type de synthèse essentielle, on se penche maintenant sur celle des bases puriques. Le N5N10 méthylène THF est transformé en 10 formylTHF, qui donne ensuite deux carbones pour le noyaux purique, tout en redevenant du THF. 3- Synthèse de la méthionine à partir de l’homocystéine (intervention de la vitamine B12) Reméthylation de l’homocystéine 10 Formyl THF dTDP Gly C2 et C8 du noyau purique Met ser Purine Met synthase méthylB12 IMP ARN DHFR ATP dATP ADN SAM MTHFR GTP dGTP dTTP dCTP dGTP dATP Hcy 5-méthyl THF Forme de transport et de réserve ADN La vitamine B12 est indispensable pour passer du méthyl-THF au THF donc au méthylène-THF Il s’agit en fait de la reméthylation de l’homocystéine, pour donner de la méthionine. Le donneur de méthyl est le 5-‑ ‑méthylTHF (qui entre dans la cellule suite au transport) pour qu’il puisse ensuite être utilisé au cours des autres réactions étudiées. Ceci est permis par l’enzyme méthionine synthase, qui utilise comme cofacteur la vitamine B12 sous sa forme de 168 méthylcolbalamine. De plus, la MTHFR permet la réduction (réaction unilatérale) du N5N10 méthylène THF en 5‑ ‑ méthylTHF, ce qui mène à une accumulation de cette forme dans la cellule, d’où sa caractéristique également de stockage. C. En résumé – carences Les folates sont indispensables : - à la synthèse de novo des purines - à la synthèse de dTTP ( pyrimidine) MAIS Les déficits enzymatiques héréditaires de la synthèse de novo et de la voie de récupération des purines (HGPRT) indiquent que la synthèse de novo des purines n’a qu’un rôle accessoire dans la synthèse des nucléotides puriques. DONC : Une carence en folates perturbe principalement la synthèse de dTTP, donc la synthèse d’ADN. IV. Vitamine B12 A. Présentation générale Elle est exclusivement synthétisée par certains micro-organismes et absente du monde végétal. La vitamine B12, à la structure complexe, présente un atome de Cobalt qui peut prendre plusieurs valences (trivalent/divalent/monovalent, au sein d’un composé de coordination), et ne sera métaboliquement actif que lorsqu’il sera chargé positivement (donc réduit). Il peut lier différents substituants, au nombre de 4, donnant lieu à différentes formes de la vitamine B12 : - OH hydroxocobalamine (alimentaire et pharmaco) - CN cyanocobalamine (alimentaire et pharmaco) - CH3 méthylcobalamine (cofacteur méthionine synthase) (via métabolisme de la cobalamine) - Adénosyl adénosylcobalamine (cofacteur méthylmalonylCoA mutase – catabolisme de certains acides aminés ramifiés ou des acides gras à nb impair de carbones) (via métabolisme de la cobalamine) 169 B. Impact d’une carence en vitamine B12 On a résumé le métabolisme des folates à la fin du I. On y a vu le rôle essentiel de la vitamine B12 dans la transformation du méthylTHF en THF, forme qui va être polyglutamatée. Ainsi, une carence en vitamine B12 provoque la « séquestration » des folates sous forme de méthylTHF (on parle de « methylfolate trap ») (il n’est pas retenu dans la cellule car monoglutamate, donc à la suite de son accumulation il finit par sortir de la cellule) et une perte des folates intracellulaires. Déficit en B12 = " déficit en folates" Asynchronisme Diminution de la synthèse d'ADN Synthèse d'ARN et de protéines relativement conservée Mégaloblastose cytoplasmique Mais attention ! La supplémentation en acide folique masque les effets neurologiques du déficit en vitamine B12, i.e. déficit en méthionine et SAM défaut de méthylation de la myéline, augmentation de l’homocystéine. C. Application thérapeutique : Le méthotrexate (MTX) Le méthotrexate est un inhibiteur des folates. Le MTX est utilisé comme anticancéreux et dans le traitement des maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde+++ : le MTX est utilisé le but de bloquer la mitose des lymphocytes. Le MTX est un analogue structurel de l’acide. En tant qu’analogue de structure il va suivre le même chemin d’absorption, et va inhiber la DHFR qui reconvertissait la DHF en THF. (Le pool de THF n’est donc pas récupéré, et par suite celui de N5N10 méthylène THF ne l’est pas non plus, les réactions sont bloquées.) Il a un effet antimitotique puissant. Mot du RT : Le détail des réactions n’est pas à connaitre par cœur. Mot du RL : Application de la partie II dans l’épisode 14 de la saison 3 de Dr House… 170 Fiche récapitulative I : Métabolisme de B12 & B9 Métabolisme de B12 : Vitamine d’origine animale (foie & animaux marins) AJR = 2,5µg/j Largement couvert sauf si alimentation végétarienne Réserves = Hépatiques très importantes : 2 à 5 ans de réserve. Trajet & Absorption de B12 : Estomac = transporté & protégé du milieu acide par l’haptocorrine Duodénum = B12 + facteur intrinsèque (FI) Iléon terminal = B12 + FI absorbés par les récepteurs « cubam » : (cubuline+ amnioless). Sang : B12 + Transcobalamine 2 Métabolisme de B9 : Issue des légumes verts + foie + œuf = ss forme de folates alimentaires AJR : 200µg/j Réserves : s’épuisent en 4 mois maximum sans apports. Absorption de la B9 : Acide folique = Polyglutamate Jéjunum : Déconjugaison en monoglutamate puis conversion en N5-methyl-THF Sang : Transport sanguin sous forme de N5-methyl-THF II : Carences en Folates (B9) et Vitamine B12 : Physiopathologie : Défaut de synthèse d’ADN & Ralentissement d tissus à forte activité mitotique Retentissement sur l’érythropoïèse = Anémie megaloblastique Retentissement sur la granulopoïèse = Neutropénie Retentissement sur la thrombopoïèse = Thrombopenie Anémie Megaloblastiques : Symptômes communs : ○ Symptômes d’anémie : Asthénie, Dyspnée d’effort ○ Atrophie des muqueuses : Intestinal (Diarrhée), Génital (Infertilité). ○ Syndrome hémorragique : si thrombopénie sévère Symptômes des carences en B12 : ○ Signes neurologiques : Atteintes démyélisantes, syndrome cordonal postérieur, syndrome central et périphérique, syndrome pyramidal, Paresthésies… Symptômes des carences en B9 : ○ Risque de Spina Bifida (défaut de fermeture tube neural) pendant la grossesse. Symptômes communs B9 & B12 : ○Cytopénies, Neutropénies, Thrombopénies, Signes d’hémolyse. Etiologie des carences : B12 : Végétarisme, Maladie de Biermer+++, Gastrectomie ou résection de l’iléon, Antiacides, Pullulation bactérienne Diagnostic : Atrophie gastrique + présence d’AC anti-F1 Traitement : Supplémentation de vitamine B12 B9 : Carence d’apport (dénutrition), Malabsorption (inflammation ou résection), TTT antifolique (MTX), Hausse des besoins en B9 (Grossesse ou hémolyse chronique). 171 III : Biochimie des Folates (B9) Présentation générale : Les folates permettent Synthèse des bases puriques (ADN) Synthèse des bases pyrimidiques Synthèse de certains acides aminés Pour être actif l’acide folique doit être réduit en acide tetrahydrofolique par la DHFR. Rôles : les folates interviennent dans 3 voies métaboliques 1) Conversion Serine Glycine 2) Synthèse de dTTP & de purines Nécessaires à la formation d’ADN 3) Synthèse de la méthionine à partir de l’homocysteine Intervention indispensable de la B12 dans ce processus (MethylTHF THF via la B12) En résumé : Les folates sont indispensables à la synthèse de novo de purines & de dTTP qui sont eux-mêmes essentiels à la synthèse d’ADN ! IV : Vitamine B12 Présentation générale : elle est absente du monde végétal Sa structure complexe peut donner lieu à 4 différentes formes : 1) OH hydroxocobalamine 2) CN cyanocobalamine 3) CH3 Methylcobalamine 4) Adenosyl Adenosylcobalamine Impact des carences en B12 : La B12 permet la transformation methylTHF THF Sans B12 : séquestration des folates sous forme de methylTHF « méthyl folat trap » Conséquence : mitose impossible. V : Application thérapeutique : Methotrexate (MTX) Le methotrexate est un inhibiteur des folates car c’est un analogue structurel de l’acide. Il va inhiber le DHFR qui convertissait DHF THF ○C’est donc un antimitotique puissant ○Utilisé comme anticancéreux ○Mais aussi en traitement contre les maladies auto-immunes (bloque la mitose des lymphocytes). 172 UE9 –Endocrinologie et reproductionAnatomie n°4 21/04/17 Sylvie Beaudoin [email protected] RT : JULIA Pierre-Amaury RL : CHKOLNAIA Zlata Anatomie du petit bassin féminin Plan : I. Les constituants osseux II. Le périnée III. Filière urinaire IV. Filière génitale A- Les gonades B- Les trompes C- L’utérus D- Le vagin E- Vulve et vestibule F- Les corps érectiles 173 I) Constituants osseux : Le petit bassin osseux féminin présente des caractères particuliers différents du petit bassin masculin qui font son dimorphisme sexuel : - Les ailes iliaques sont plus larges, plus horizontales, plus évasées que celles de l’homme. - Le détroit supérieur est plus large et a une forme ovalaire. - L’angle sous pubien est largement plus ouvert que celui de l'homme. - Le foramen obturé est triangulaire. - Les épines ischiatiques s’effacent : elles débordent moins dans la cavité pelvienne. Toutes ces différences ont un unique but : permettre la parturition ; c’est-à-dire la mise au monde d’un enfant. (En effet, ces différences donnent au bassin féminin plus de compliance et de place.) Il est important de noter que le détroit inférieur est essentiellement fermé par des ligaments, qui ont une teneur en eau bien supérieure à celle de l’os et qui varie selon l’imprégnation hormonale des tissus. La souplesse de ces ligaments augmente avec leur teneur en eau, ce qui va permettre d’adapter la compliance pour laisser passer la tête du fœtus. Sur une vue sagittale, on constate que la symphyse pubienne est plus basculée en avant, moins verticale (ouvre le plan du détroit supérieur), la pointe du coccyx va affleurer le bord supérieur et non plus inferieur de la symphyse pubienne (et sera susceptible de bouger au moment du travail pour permettre le passage du fœtus) et le plan du détroit supérieur va former un angle avec l’horizontale de 60° (contre 45° chez l’homme), ce qui donne une excavation du pelvis plus évasée. L’organisation globale du pelvis est exactement la même que chez l’homme. On retrouve une filière digestive en arrière (le rectum), une filière urinaire en avant (la vessie et l’urètre), et, interposée entre ces deux structures, une filière génitale (dont le réservoir est l’utérus). II) Le périnée : Le périnée féminin est étudié en position gynécologique et est situé sous le pelvis et séparé de celui-ci par le muscle élévateur de l’anus. Il présente des repères osseux palpables dans cette position : le bord inférieur de la symphyse pubienne en avant, la pointe du coccyx en arrière et les ischions latéralement. On a donc deux périnées, un ventral délimité par les tubérosités ischiatiques et le bord inférieur du pubis (triangle 174 du haut) contenant les filières urogénitales , et un dorsal délimité par les tubérosités ischiatiques et la pointe du coccyx (triangle du bas) avec un anus situé entre les deux ischions. Ces deux périnées sont séparés par un noyau fibreux central. Les plans périnéaux ne changent pas par rapport à l’homme : l’anus regarde en bas et en arrière, le plan urogénital en bas et en avant et le noyau fibreux central est horizontal. III) La filière urinaire Celle-ci est simple est courte; elle est constituée d’une vessie un col vésical un urètre (mesurant environ 3cm chez la femme adulte) un peu oblique en bas et en avant, muni d’un sphincter strié s’abouche dans l’infundibulum de la vulve au niveau du méat urétral. Ce méat se situe d’ailleurs juste au-dessus du vagin, à distance du clitoris qui est plus haut (c’est quand même bon à savoir, il paraît que les patientes se plaignent un peu quand on essaye de leur sonder le clitoris à « grands renforts de vaseline » parce qu’on l’a confondu avec leur urètre, oppressif quand même). On y trouve des glandes annexées dans le tissu conjonctif lâche, de part et d’autre de l’urètre, aussi appelées glandes de Skene, susceptibles de s’infecter donnant alors des douleurs à la miction et des tuméfactions de la vulve. 175 IV) Filière génitale La filière génitale est organisée comme celle de l’homme avec : deux gonades, deux gonoductes (les trompes), un réservoir génital de volume variable (utérus), et des organes destinés à la copulation. A) Les gonades Les gonades sont les ovaires. Au nombre de deux, de formation ovoïde (en forme d’amandes) avec un grand axe qui fait 3-4 cm, blancs, leur aspect et leur taille varient en fonction de l’âge et de l’activité génitale. Au bord ventral de l’ovaire on décrit le hile, où arrive le pédicule ovarien et donc les vaisseaux qui le vascularisent. L’ovaire a pour particularité d’avoir un gonoducte qui n’est pas en continuité avec lui. Il est situé dans la cavité péritonéale : le péritoine s’arrête au niveau du hile pour faire place à l’albuginée ovarienne (au niveau d’une ligne qu’on appelle ligne de Farre) On dit que l’ovaire est le seul organe véritablement dans la cavité péritonéale (pas recouvert de péritoine). La position de l’ovaire dans la cavité péritonéale dépend également de l’âge et du nombre d’enfants qu’a eu sa propriétaire. En effet, chez la femme jeune et nullipare (c’est-à-dire qui n’a eu aucun enfant), celui-ci se trouve en avant du pédicule obturateur, posé sur l’utérus dans la fossette ovarienne, mais après plusieurs enfants, il a tendance à basculer en bas et dorsalement pour se retrouver derrière le pédicule obturateur dans la fossette de Claudius. 176 Vascularisation : Les vaisseaux ovariens forment le pédicule de la gonade. Ils sont complètement péritonisés, et l’ensemble vaisseaux + péritoine qui les recouvre forme le ligament suspenseur de l’ovaire. •Artère ovarienne : origine aorte abdominale en L2, L3, souvent de façon asymétrique. Elle descend en avant de l’uretère, puis pré-croise les vaisseaux iliaques latéraux et se termine au pôle crânial du hile de l’ovaire. •Veine ovarienne : remonte en formant un plexus pampiniforme, le long de l’uretère, formant un maillage. Elle se jette (de la même manière que la veine spermatique) à droite directement dans la veine cave caudale et à gauche dans la veine rénale. Le drainage lymphatique va directement dans les nœuds lombo-aortiques. Mais il se fait également dans les nœuds iliaques médiaux et nœuds latéraux et latéroaortiques. Mais à la différence du testicule, il n’y a pas de drainage inguinal. 177 B) Gonoductes Le canal excréteur de l’ovaire est la trompe. Elles émanent de l’utérus, où on leur reconnaît un isthme, puis une portion qui s’élargit avec un trajet vers le haut et l’arrière, un évasement ou ampoule tubaire et enfin un infundibulum avec un ostium garni de franges (= pavillon de la trompe), améliorant la cohésion de la trompe sur l’ovaire. La trompe est un organe mobile, en effet, une trompe droite peut tout à fait se ventouser sur l’ovaire gauche. Ce conduit excréteur n’est pas branché de façon fixe sur sa glande. Vascularisation : L’ovaire est une glande endocrine et a donc plusieurs arcades vasculaires qui l’entourent et qu’elle va partager avec son gonoducte. Le premier pédicule fait intervenir l’artère ovarienne. Un second pédicule vient de l’artère utérine qui donne une branche pour la trompe : l’artère tubaire, cette branche donnant ellemême un rameau pour l’ovaire. Ces rameaux de vaisseaux entourés de péritoine dessinent deux nouveaux ligaments : un ligament propre de l’ovaire tendu entre celui-ci et l’utérus (l’ovaire est donc suspendu par ce ligament et le ligament suspenseur) et un ligament tubo-ovarien correspondant à la nappe située entre l’ovaire et la trompe. On parle d’annexes de l’utérus pour désigner l’ensemble trompe + ovaire de chaque côté. Leurs rapports sont différents à droite et à gauche : (je vous mets direct la diapo, c’est plus sûr et moins chiant à taper) 178 C) Utérus L’utérus est le réservoir génital de la femme (ses homologues chez l’homme sont les vésicules séminales). C’est un muscle creux (myomètre) tapissé de muqueuse (endomètre). Ses fibres sont orientées de façon plexiforme. Il est relié aux ovaires par les ligaments propres (et il est recouvert par le péritoine qui s’étend sur lui mais aussi de part et d’autre, au-dessus des vaisseaux, formant ainsi deux grandes nappes : les ligaments larges.) On décrit : - le corps de l’utérus qui est constitué du fond, des cornes, qui vont se relier aux isthmes tubaires et d’un isthme qui est l’endroit où l’utérus va caudalement se rétrécir pour pouvoir rejoindre sa partie terminale : le col. - le col, portion caudale, resserrée, caractérisée par des fibres circulaires. Le col est conique à base crâniale, pourvu d’un orifice externe (vers le vagin) et interne (vers la cavité utérine), d’un endocol et d’un exocol décrit comme un museau de tanche (Non, moi non plus ça ne me parle pas des masses). Le canal cervical est la portion du col entre les deux orifices, oblitéré par la glaire cervicale. Le col de l’utérus se projette sur l’épine de l’ischion sur une vue de profil alors que la vessie se projette sur le foramen obturé. 179 L’utérus procède de la fusion des canaux de Wolff. Une fusion incomplète entraine des malformations de l’utérus (comme l’utérus didelphe ou « en cœur » qui entraîne souvent des prématurés par manque de place). Vascularisation : Artères : On trouve d’abord l’artère utérine. Elle est de gros calibre (afin de pouvoir nourrir le fœtus), et spiralée (afin de pouvoir s’adapter aux changements de taille de l’utérus). Elle naît de l’artère iliaque médiale, atteint l’utérus par le col puis remonte le long de la paroi de l’utérus en envoyant sur son trajet de nombreuses branches pour vasculariser l’endomètre. Elle donnera l’artère ovarique, l’artère tubaire et se terminera par l’artère du fond. Elle donnera également des artères vaginales courtes (par opposition aux longues qui sont des branches directes de l’artère iliaque médiale) et des artères cervicales. L’ensemble forme un véritable maillage autour de l’ensemble tubo-utéro-vaginal. Veines : Les veines utérines vont se disposer autour de l’uretère à leur origine dans des courants rétro utériques et pré utériques qui vont également recevoir les veines ovariques et les arcades sous tubaires. Cette vascularisation complexe entraîne de grandes difficultés dans les greffes d’utérus pour arriver à récupérer une bonne circulation. Lymphatiques : Le drainage lymphatique va se faire localement vers les nœuds iliaques médiaux et communs mais aussi vers les nœuds lombo-aortiques. Orientation et soutènement : L’utérus est classiquement couché sur la vessie, les deux trompes en arrière, ce qui correspond à l’antéversion (il est antéversé : il se couche en avant). L’antéflexion correspond au fait que l’utérus est penché en avant par rapport au col (de 100 à 120°). L’utérus est maintenu en place par plusieurs éléments : 180 - La vessie, grâce à l’antéversion, fait un coussin hydraulique qui permet le maintien de l’utérus - Le vagin et le tissu sous-jacent qui l’entoure qui augmente en résistance avec l’imprégnation hormonale. - Des ligaments : ¤le ligament rond, ventralement, unie le fond de l’utérus à l’orifice profond du canal inguinal, il est constitué de tissu fibreux recouvert de péritoine. ¤Les ligaments utéro-sacrés de part et d’autres s’étendent frontalement depuis la face frontale du sacrum jusqu’aux faces latérales de l’utérus. Ils appartiennent à la Lame-sacro-rectogénito-vésico-pubienne. C’est un ensemble vasculo-nerveux mais c’est ici surtout ses propriétés de tissu conjonctif de soutien, hormono-imprégné, saturé en eau qui nous intéressent. ¤Les ligaments larges (à savoir) qui viennent d’une description macroscopique : ce sont des nappes de tissus entourés de péritoine des deux côtés de l’utérus, mais qui regroupent en fait les ligaments ronds, les méso salpinx (méso de la trompe) et les ligaments propres de l’ovaire. Le paramètre est la région située sous le ligament large, à sa base et contient le croisement de l’uretère et des vaisseaux utérins (grande valeur pathologique, premier drainage du cancer utérin, à la base des complications de l’exérèse de l’utérus, localisation à connaître ++), des relais ganglionnaires directs du col et de l’utérus. Son examen est difficile, par un toucher vaginal. Rapports de l’utérus : - la vessie : en bas et en avant -le rectum en rapport avec le col, permet d’explorer l’endocol par TR (seul l’exocol est accessible par toucher vaginal) -le vagin : en bas - les paramètres : latéralement - les anses intestinales : cranialement, en rapport avec le fond utérin 181 Les rapports sont modifiés lorsque l’utérus est plein : l’utérus gravide prend beaucoup plus de place, entrant en rapport avec les reins, le foie, l’estomac… D) Le Vagin Le vagin fait suite à l’utérus. C’est un conduit musculaire aplati frontalement, il s’insère obliquement sur le col, dorsalement plus haut qu’en avant, cela délimite des culs de sac vaginaux ou fornix, plus profond dorsalement. Il présente aussi une membrane plus ou moins occlusive avant son ouverture dans l’infundibulum vulvaire ; l’hymen. Il est orienté vers le bas et l’avant et est tapissé d’une muqueuse plissée qui lui permet de subir d’importants changements de taille (hehehe) et est équipé de glandes nombreuses permettant de lubrifier ce conduit. Dans certaines pathologies, cet orifice vaginal partage une portion commune avec l’urètre entrainant un mauvais drainage des secrétions vaginales et un remplissage du vagin et de l’utérus par des urines. 182 E) Vulve et Vestibule La vulve est constituée latéralement de 2 grandes lèvres ; médialement de 2 replis, plus pigmentés, de longueur variable ; les nymphes ou petites lèvres. Ces 2 nymphes se rejoignent ventralement pour former le capuchon qui recouvre plus ou moins le gland du clitoris. Au centre se trouve l’orifice vaginal et au-dessus, l’orifice urétral. La vulve se termine par une fourchette dorsale, fermée. A distance de la fourchette se trouve l’orifice anal 2 Grandes lèvres + fourchette + nymphes = vestibule de la vulve Qu’est ce qu’on repère pendant un examen gynéco pédiatrique ? -on compte les trous (c’est très sérieux, on peut trouver des malformations ano-rectales basses) -on vérifie que l’anus se situe bien entre les deux ischions -on effectue une palpation du clitoris afin de vérifier sa présence F) Les corps érectiles Comme chez l’homme, il y a une paire de corps caverneux et un corps spongieux. Les corps caverneux sont pareillement insérés à la face inférieure des branches ischio-pubiennes, ils se rejoignent sous la symphyse pubienne et vont se couder sur leur portion terminale avant de s’unir en formant le petit gland du clitoris. Latéralement et sous la base des nymphes, le corps spongieux prend une forme de fer à cheval et se dispose latéralement à l’infundibulum vulvaire. Ainsi une plaie vulvaire saigne abondamment mais cicatrise aussi très bien. De part et d’autre de l’infundibulum vulvaire et à proximité du corps spongieux, on trouve les glandes vestibulaires dites de Bartholin qui sécrètent un lubrifiant. Elles peuvent s’infecter, formant une tuméfaction vers les grandes lèvres. Ces corps érectiles sont entourés des mêmes muscles : l’ischio caverneux qui va gainer le corps caverneux, la racine du clitoris jusqu’à la face inférieure de la symphyse pubienne où se trouve un petit ligament de fixation et le muscle bulbo spongieux va recouvrir le corps spongieux et entourer l’infundibulum vulvaire. Ce muscle est sous commande volontaire (innervé par le nerf pudendal), il est aussi appelé chez la femme, compresseur du vestibule et constricteur de la vulve. 183 Mot du RT : La prof a précisé pour l’examen de s’abstenir de faire des « schémas pourris ». Elle préfère qu’on le fasse que si on est totalement sûr de nous. 184 Fiche récapitulative Dimorphisme sexuel du petit bassin féminin : -ailes iliaques plus larges, horizontales et évasées -détroit supérieur plus large, de forme ovalaire, angle avec l’horizontale de 60° -angle sous pubien plus ouvert -foramen obturé triangulaire -épines ischiatiques qui s’effacent -> But : permettre la parturition (+fermeture du détroit inférieur par des ligaments) Organisation du pelvis : filière digestive en arrière (rectum), filière urinaire en avant (vessie et urètre), entre les 2 filière génitale (utérus). Périnée (vue en position gynécologique) : -triangle ventral délimité par les tubérosités ischiatiques et le bord inférieur du pubis (plan urogénital regardant en bas et en avant) -triangle dorsal délimité par les tubérosités ischiatiques et la pointe du coccyx (anus regardant en bas et en arrière) -ces deux périnées sont séparés par un noyau fibreux central horizontal. Filière urinaire : vessie col vésical urètre (environ 3cm) oblique en bas et en avant, avec sphincter strié et glandes de Skene infundibulum de la vulve au niveau du méat urétral. Filière génitale : 2 gonades (ovaires), 2 gonoductes (trompes), l’utérus et des organes destinés à la copulation. Ovaires : ovoïdes, hile au bord ventral, dans la cavité péritonéale (ligne de Farre : limite péritoine-albuginée ovarienne), d’aspect et de position variable (fossette ovarienne puis celle de Claudius). Vascularisation et drainage lymphatique de l’ovaire : -A. ovarienne : origine aorte abdominale en L2-L3 (asymétrique) ; trajet descendant en avant de l’uretère, pré-croise les vaisseaux iliaques latéraux ; terminaison pôle crânial du hile de l’ovaire. -V. ovarienne : origine plexus pampiniforme ; trajet ascendant le long de l’uretère ; terminaison à droite directement dans la veine cave caudale et à gauche dans la veine rénale. ->pédicule de la gonade + péritoine : ligament suspenseur de l’ovaire. -Drainage lymphatique : nœuds lombo-aortiques + nœuds iliaques médiaux, latéraux et latéroaortiques (pas de drainage inguinal). Trompes : émanant de l’utérus, isthme, trajet vers le haut et l’arrière, évasement en ampoule tubaire puis infundibulum avec ostium garni de franges (cohésion de la trompe sur l’ovaire). La trompe n’est pas branchée de façon fixe sur l’ovaire, c’est un organe mobile. Vascularisation des annexes (trompe + ovaire en homolatéral): a. ovarienne, a. utérine qui donne a. tubaire + a. ovarique 185 ->ligament propre de l’ovaire (entre l’ovaire et l’utérus) ->ligament tubo-ovarien (nappe entre l’ovaire et la trompe) Rapports des annexes +++ : -à droite : caeco-appendice, anses grêles, paroi du pelvis, ligament large -à gauche : côlon sigmïde, paroi du pelvis, ligament large Utérus : muscle creux (myomètre plexiforme) tapissé de muqueuse (endomètre) ; formé d’un corps (fond, cornes et isthme) et d’un col (conique à base crâniale avec endocol, canal cervical et exocol) ; en antéversion (couché en avant sur la vessie) et en antéflexion (angle avec le col de 100-120°) ; soutènement assuré par la vessie, le vagin, et les ligaments : -ligament rond entre le fond de l’utérus et l’orifice profond du canal inguinal -ligament utéro-sacré entre le sacrum et les faces latérales de l’utérus (appartient au LSRGVP) -ligament large formé du ligament rond, du méso salpinx et du ligament propre de l’ovaire (on trouve le paramètre en dessous qui contient le croisement de l’uretère et des vaisseaux utérins, les relais ganglionnaires du col et de l’utérus) +++ Vascularisation de l’utérus : -A. utérine (spiralée): origine a. iliaque médiale; arrive au niveau du col puis remonte le long de la paroi; branches pour l’endomètre + a. tubaire, a. ovarique, a. vaginales courtes, a. cervicales -V. utérine : origine autour de l’uretère avec courant pré et rétro utériques -Drainage lymphatique : nœuds iliaques médiaux et communs, nœuds lombo-aortiques Rapports de l’utérus : vessie (en bas et en avant), rectum (avec le col, exploration de l’endocol par TR), vagin (en bas), paramètres (latéralement), anses intestinales (cranialement avec le fond utérin). L’utérus gravide prend beaucoup plus de place, entrant en rapport avec les reins, le foie, l’estomac … Vagin : conduit musculaire aplati frontalement s’insérant obliquement sur le col en formant des culs de sac vaginaux ou fornix, plus profond dorsalement ; orienté vers le bas et l’avant ; muqueuse plissée avec de nombreuses glandes ; hymen avant son ouverture dans l’infundibulum vulvaire. Vestibule de la vulve: 2 grandes lèvres (latérales) + 2 petites lèvres/ nymphes (médiales) + fourchette (dorsale). Au centre se trouve l’orifice vaginal et au dessus l’orifice urétral. Les nymphes forment ventralement le capuchon du clitoris. Examen gynéco-pédiatrique : compter les trous, vérifier que l’anus est entre les 2 ischions, effectuer la palpation du clitoris Corps érectiles : -paire de corps caverneux : insertion à la face inférieure des branches ischio-pubiennes, réunion sous la symphyse pubienne, coudés sur leur portion terminale, union en formant le gland du clitoris, gainés par les muscles ischio-caverneux. -corps spongieux en forme de fer à cheval sous la base des nymphes, glandes vestibulaires de Bartholin à proximité, associé au muscle bulbo-spongieux (m. compresseur du vestibule ou constricteur de la vulve). 186 UE9 – SERD – Physiologie - n° 4 26/04/2017 RT : Chloé Lalet Dominique Prié [email protected] RL : Marie d’Amonville Régulation de la glycémie Plan : I. Le Glucose A. Apports et acteurs B. Voies d’utilisation C. Variations de la glycémie D. Les transporteurs du glucose II. La régulation hormonale de la glycémi A. L’insuline B. Le glucagon C. Action des autres hormones hyperglycémiantes D. Contrôle central de la libération hormonale III. Rôle du rein dans l’homéostasie du glucose A. Réabsorption du glucose filtré B. Néoglucogénèse C. Lien avec le diabète IV. Anomalies de la régulation de la glycémie A. Les Diabètes B. MODY2 C. Mutations des transporteurs D. Anomalies de sécrétion de l’insuline Abréviations : SNC : système nerveux central IC : intracellulaire EC : extracellulaire CRE : éléments de réponses TCP : tube contourné proximal DFG : débit de filtration glomérulaire FT : facteur de transcription IR : insuffisance rénale Mot du RT : les parties II-D. et IV- n’avaient pas été traitées l’an dernier. Bonne lecture 😊 187 I- Le Glucose La glycémie est la concentration de glucose dans le sang. Le glucose est une source énergétique indispensable, permettant la synthèse d’ATP. Il s’agit de la seule source énergétique utilisable par le cerveau qui en est donc complètement dépendant. En clinique on mesure la concentration de glucose dans le plasma veineux. Cette valeur est régulée, elle augmente après un repas c’est pourquoi on la mesure à jeun (minimum 4h après un repas). Valeurs normales à jeun : 3,9 – 6,1 mmol/l ou 0,7-1,10 g/l La glycémie est contrôlée de manière à ne jamais s’élever au‑dessus de 10Mm. • Hypoglycémie : glycémie < à la normale inférieure Risque de dysfonctionnement de certains organes, notamment du SNC. 1ers signes : irritabilité, asthénie, troubles de la concentration… pouvant aller jusqu’au coma, voire la mort cérébrale. • Hyperglycémie : glycémie > à la normale supérieure Conséquences aigues : - déshydratation IC dû au pouvoir osmotique du glucose. - déshydratation EC par passage du glucose dans les urines, entrainant avec lui l’eau et le sel. Conséquences chroniques, d’apparition lente : - détérioration de l’endothélium, du SN périphérique - polynévrite - destruction progressive des nerfs périphériques Une hyperglycémie représente un facteur de risque de développer un diabète. Les conséquences chroniques d’une hyperglycémie peuvent survenir pour une augmentation modérée de la concentration maintenue sur le long terme. A-Apports et acteurs Apports Le glucose provient : - de l’alimentation, sous forme de glucose ou sous forme liée à d’autres sucres métabolisés en glucose (ex : saccharose) - de l’organisme, par néoglucogenèse et glycogénolyse Le foie Lorsque le glucose est abondant, le foie le stocke en glycogène et le libère dans le sang pour maintenir la glycémie stable à distance des repas. Rôles : - synthèse de glycogène pour stocker le glucose : en raison de son fort pouvoir osmotique, le glucose ne peut être stocké tel quel, c’est pourquoi il doit être transformer en glycogène, de plus faible pouvoir osmotique que le glucose. - synthèse de glucose par néoglucogénèse (à partir du lactate, glycérol, acide aminés, mais pas à partir des acides gras pour l’espèce humaine) 188 - libération du glucose dans la circulation à partir du glycogène (par glycogénolyse) ou directement par néoglucogenèse. La néoglucogenèse nécessite un système particulier présent uniquement dans le foie et les reins. Le foie permet ainsi en cas d’hypoglycémie un relargage de glucose dans la circulation sanguine à partir du glycogène et de la gluconéogenèse pour maintenir la glycémie. Le rein Le rein est incapable de fabriquer du glycogène, donc en condition normale, il stocke très peu de glucose et ne fait pas de glycogénolyse. Il fabrique du glucose par néoglucogénèse à partir de substrats réabsorbés dans l’urine et libère ensuite ce glucose dans la circulation. Enfin il empêche la perte de glucose dans les urines. Le glucose est filtré au niveau du glomérule, mais il ne doit pas apparaître dans l’urine en condition normale. (voir III-) NB : Le muscle peut stocker le glucose en glycogène mais ne peut pas le libérer dans la circulation. Le glycogène musculaire sera dégradé en intégralité par le muscle. B- Voies d’utilisation Voie de la glycogénolyse La glycogénolyse se produit dans plusieurs organes, mais seuls le foie et les reins sont capables de libérer du glucose dans le sang (glycogénolyse et/ou gluconéogenèse). On rappelle qu’il n’y a pas de glycogénolyse dans le rein puisque pas de glycogène. 1)La glycogène phosphorylase change le glycogène en G1P. 2) La phosphoglucomutase transforme le G1P en G6P. 3) Suivant les cellules et les conditions métaboliques, l’avenir du G6P va être différent : ➢ Pour un organe qui consomme le glucose pour ses propres besoins, comme les muscles ou le cerveau, on passe par la voie de la glycolyse et on obtient soit du CO2 + H2O, soit des produits intermédiaires comme le lactate (forme anaérobie). ➢ Pour le foie, le G6P est transformé en glucose à l’aide d’une G6Pase qui est uniquement exprimée dans le foie et le rein. Le glucose, par inversion du gradient, va pouvoir sortir du foie. 189 ➢ Enfin la voie des pentoses phosphates abouti à la formation de ribose et de NADPH. Contributions respectives du foie et des reins sur la valeur de la glycémie à distance d’un repas : On utilise 10 micromol/kg/min de glucose. Le glucose circulant provient à 80% du foie, principalement de la glycogénolyse et à 20% du rein exclusivement par néoglucogenèse en condition basale. Dans le foie, la part de contribution entre glycogénolyse et néoglucogenèse va varier : à distance des repas la part de la glycogénolyse diminue et celle de la néoglucogenèse augmente. A jeun, le glucose est utilisé de la manière suivante : - 45% du glucose est absorbé par le cerveau - le muscle et le foie consomment tous deux peu de glucose (environ 15%), ils le stockent - le rein, l’intestin et les autres organes consomment très peu de glucose Lors de la période postprandiale on observe une augmentation de l’accumulation de glucose dans les tissus (environ x5 : 55micromol/kg/min). - la consommation globale du cerveau reste la même mais sa contribution relative au captage est moindre par rapport aux autres organes - le muscle et le foie doublent leur capacité à absorber du glucose pour le stocker. A glycémie haute, c’est le muscle qui capte majoritairement le glucose. - on observe également une augmentation dans l’intestin pour assurer la digestion ainsi qu’au niveau des reins Il faut donc une masse musculaire suffisante pour assurer la régulation de la glycémie. C’est pourquoi le sujet âgé est susceptible de perdre ses capacités de régulation de la glycémie, et ceci explique aussi pourquoi l’exercice est recommandé chez le sujet diabétique. NB : Le cœur en condition normale ne consomme pas de glucose (quasi exclusivement des acides gras ). L’apport énergétique du cerveau dépend essentiellement du glucose mais les autres tissus tirent principalement leur énergie de l’utilisation des acides gras. C- Variations de la glycémie En période postprandiale on observe une augmentation significative de la glycémie qui débute 15-20min après le repas, et pouvant se poursuivre pendant 1-2h suivant la nature du repas. Puis il y a un maintien à une valeur maximale de 10mmol/L et la glycémie redescend progressivement pour se stabiliser à 4 ou 5 mM. A jeun pendant plusieurs jours, la glycémie reste la même grâce au stockage notamment du foie. 190 L’augmentation de l’insuline précède légèrement la montée de la glycémie grâce à des systèmes sensor dans l’intestin. Elle va donner l’ordre aux organes de stocker le glucose. Lors d’un jeûne l’insuline descend jusqu’à s’annuler complétement (contrairement à la glycémie qui se maintient). Dans ce cas le glucagon augmente, et ordonne au foie de libérer du glucose. Une anomalie de la glycémie est caractéristique d’un déséquilibre entre l’apport de glucose (alimentation + néoglucogénèse) et son utilisation (glycolyse). Le plus souvent, les deux sont impliqués car production et utilisation sont toutes deux contrôlées par un système commun. 2 organes ont une consommation de glucose indépendante de la glycémie : ➢ La consommation de glucose par le cerveau est indépendante de la glycémie, seule l’affinité du transporteur influe sur l’entrée de glucose dans la cellule. Il exprime des transporteurs spécifiques pour transporter du glucose dans la cellule même avec une glycémie très basse. En effet la Km du transporteur est inférieure à la glycémie normale. Il est néanmoins nécessaire de maintenir la glycémie au‑dessus d’une certaine valeur afin que cette captation puisse se dérouler convenablement. ➢ La consommation de glucose par le muscle dépend de l’insulinémie et non de la glycémie. La cellule musculaire exprime un transporteur particulier, GLUT4 qui n’est exprimé à la membrane qu’en présence d’insuline. Le glucose est alors transformé en G1P et ne sort plus de la cellule. D- Les transporteurs du glucose Pour faire rentrer du glucose dans les cellules il faut un transporteur, et en règle générale le gradient est favorable à l’entrée. Il existe 2 familles de transporteurs qui font entrer le glucose dans la cellule : SGLT : transporteurs dépendants du sodium (secondairement actifs). Présents au pôle apical des cellules intestinales et des tubules proximaux rénaux, ils utilisent le gradient de Na+ généré par la Na/K/ATPase pour faire entrer un glucose avec le sodium. La fixation du Na+ dans sa poche modifie la conformation du transporteur. La fixation du glucose modifie encore sa conformation, pour se retrouver en IC. Le gradient favorise le relargage de glucose, diminuant l’affinité pour le Na+ qui se décroche également : le transporteur retourne à sa conformation initiale (voir ci-dessous). Les SGLT permettent l’entrée active de Na par réabsorption. 191 - - SLGT1 présente une haute affinité pour le glucose ainsi que pour le sodium phosphate. Il est exprimé par les entérocytes et dans la partie distale du tube proximal (tube proximal droit). Il permet l’absorption de glucose mais aussi de galactose. La capacité du canal est de 2Na/1Glucose. SGLT2 est de basse affinité pour le glucose et se situe dans la partie initiale du TCP où la présence de glucose est encore importante. La capacité du canal est de 1Na/1Glucose. Il joue aussi un rôle dans la sécrétion de glucagon. GLUT : transporteurs indépendants du sodium. C’est un transport facilité suivant le gradient de concentration. Il y a plus de glucose en EC qu’en IC car dans la cellule le glucose n’existe pas : il est nécessairement transformé en G6P, à l’exception du foie et des reins qui peuvent libérer du glucose (ce qui augmente la concentration de glucose dans la cellule permettant sa sortie via les GLUT, suivant le gradient). Il existe 14 GLUT différents, dont : - GLUT1/GLUT3 : exprimés en particulier dans le SNC. Très forte affinité pour le glucose (Km << glycémie normale) - GLUT2 : est présent dans le pancréas, au pôle basolatéral des cellules du tube proximal rénal et au niveau des cellules intestinales. Il a un rôle dans le couplage de la régulation de la glycémie à la sécrétion d’insuline. Lorsqu’une molécule de glucose se fixe sur son site, GLUT2 change de conformation pour faire entrer cette dernière, suivant le gradient. GLUT2 peut également fixer en IC des systèmes de signalisation qui sont libérés dans la cellule à l’entrée du glucose. Ceci déclenche une cascade de signalisation pour modifier le métabolisme de la cellule (voir ci-dessous). - GLUT4 : est exprimé dans les muscles et les adipocytes. Son expression très spécifique est complétement dépendante de l’insuline. - GLUT5 : transporte le fructose. Un marquage différentiel des GLUTs et des SGLTs, permet de localiser sur un pet scan les régions spécifiques de ces transporteurs : les GLUT se retrouvent surtout dans le cerveau et dans la vessie et les SGLT dans le reste de l’organisme (reins, foie, pancréas…) 192 II- La régulation hormonale de la glycémie De manière générale la régulation hormonale du foie se fait par l’insuline qui inhibe la sortie de glucose et le glucagon qui a l’effet inverse. On distingue 3 hormones principales : 1-Insuline : seule hormone hypoglycémiante de l’organisme. Au niveau du foie, elle inhibe la glycogénolyse et la néoglucogénèse. Au niveau du muscle, elle induit l’entrée de glucose par GLUT4. Elle agit également sur le tissu adipeux et le rein. 2-Glucagon : hormone hyperglycémiante. Au niveau du foie : - elle augmente la glycogénolyse et la libération de glucose dans la circulation - elle diminue la glycogénogenèse - elle inhibe la synthèse d’acide gras 3-Catécholamines : action hyperglycémiante La norépinéphrine agit sur le foie et sur le rein par voie nerveuse, tandis que l’épinéphrine exerce son action à partir de la médullaire de la surrénale par voie vasculaire. 4-Autres hormones (hyperglycémiantes) : - hormone de croissance, - cortisol, - hormones thyroïdiennes . A - L’insuline L’insuline est synthétisée dans les cellules β du pancréas au sein des îlots de Langerhans sous la forme d’une pré‑hormone. C’est une molécule volumineuse possédant des ponts disulfures intra- et inter-caténaires. Un peptide signal l’adresse au RE où elle subit une maturation aboutissant à la coupure du peptide C. Ce dernier est libéré dans le sang en même temps que l’insuline. Le peptide C ayant une demi‑vie plus longue, on peut le doser afin d’évaluer la sécrétion endogène d’insuline. Il permet également de détecter des injections exogènes d’insulines (ex : si l’insulinémie est élevée et la concentration de peptide C normale, cela révèle une injection d’insuline exogène). Mécanisme de sécrétion • • • • Plus la glycémie est élevée, plus le glucose entre dans la cellule par GLUT1/GLUT2 Ceci abouti à la formation d’ATP dans la mitochondrie avec consommation d’ADP : il y a augmentation du ratio ATP/ADP. L’augmentation d’ATP entraîne la fermeture du canal K+-ATP dépendant, à l’origine d’une hyperpolarisation membranaire. Le canal Ca2+-voltage dépendant peut alors s’ouvrir et l’entrée de Ca2+ permet la fusion des vésicules à la membrane et la libération d’insuline. 193 Une partie du glucose capté peut ne pas être transformé en ATP. L’UCP2 (uncoupling protein) est une enzyme qui diminue le couplage de la phosphorylation oxydative. Il y aura donc moins d’ATP produit, moins d’insuline secrétée. L’UCP2 détermine la relation glycémie – insuline. Le canal potassique K+-ATP est la cible de médicaments utilisés dans le traitement du diabète. Il est constitué de 2 sous‑unités : - un pore central (kir6), partie sensible au ratio ATP/ADP, - entouré d’une sous‑unité régulatrice (SUR : récepteur aux sulfonyle‑urées) qui inhibe le canal indépendamment de l’ATP. Ces deux sous-unités forment deux tétramères qui s’associent en octamères. Les sulfonylurées sont utilisés dans le traitement du diabète (tolbutamide, glibenclamide). Ils vont inhiber l’ouverture du canal et donc déclencher une augmentation de la sécrétion d’insuline. Modulation hormonale de la synthèse d’insuline La sécrétion d’insuline peut être sous la dépendance d’autres hormones qui viennent essentiellement du tube digestif et qui sont sécrétées pour sensibiliser le pancréas à la sécrétion d’insuline. Les hormones augmentant directement l’expression du gène de l’insuline ou amplifiant sa libération sont : • Glucagon like peptide-1 (GLP-1) : possède un récepteur sur la cellule pancréatique beta où il stimule la synthèse d’AMPc qui se fixe au CRE du promoteur du gène de l’insuline et augmente la stabilité de son ARNm. Il est exprimé par les cellules L du jéjunum et de l’iléon. • Glucose dependent insulinotropic peptide (GIP) : exprimé par les cellules K du duodénum, il possède un récepteur sur la cellule pancréatique beta et utilise la même voie que GLP1. • Cholecystokinin (CCK) : favorise la digestion et possède un récepteur sur la cellule pancréatique beta. Synthétisée par le duodénum et le jéjunum, elle stimule les phospholipases C et A2 • Prolactine : rôle durant la grossesse. • Somatostatine : inhibiteur de la sécrétion d’insuline Le récepteur de l’insuline Le récepteur de l’insuline possède une activité tyrosine-kinase. Il est présent à la surface des organes sensibles tels que le foie, le muscle, les adipocytes. La fixation d’insuline induit une autophosphorylation de la sous unité beta du récepteur ce qui active 2 voies : 194 1- action sur le métabolisme : voie du substrat du récepteur à l’insuline (IRS) qui une fois phosphorylé, active la PI3K et entraîne une modification des métabolismes glucidique et lipidique. 2- action sur la prolifération cellulaire : après phosphorylation de Shc, l’insuline devient un facteur de croissance. Une maman diabétique va avoir tendance à accoucher d’un bébé plus gros. Le bébé n’est pas diabétique mais il détecte l’hyperglycémie maternelle, se met à sécréter de l’insuline puis à croitre : hypertrophie du fœtus pathologique. Effets de l’insuline sur le foie Le glucose rentre dans le foie par un GLUT, puis A u g m e n t a ti o n d e l’ i n s u li n e >stimulation de l’expression de la GK (glucokinase) qui transforme le glucose en G6P et l’empêche de ressortir B a is s e d e l’ i n s u li n e >stimulation de la glycogène phosphorylase, libération de G1P >stimulation de la glycogène synthase (G1P en glycogène) >formation des acides gras ; une surabondance d’apport en glucose peut mener à une stéatose hépatique >stimulation de la G6Pase et inhibition de la GK : transformation de glycogène en glucose >favorise la resynthèse de glucose par la PEPCK (phosphoénolpyruvatecarbonate kinase) 195 Effets de l’insuline sur la cellule musculaire A l’état basal, le muscle de capte pas de glucose. s’il n’y a pas d’insuline car l’expression de GLUT4 se fait uniquement dans le cytoplasme. GLUT4 passera à la membrane uniquement en présence d’insuline. Le glucose est transformé en G6P après être entré dans la cellule. Comme il n’y a pas de G6Pase, le glucose ne ressort pas. Le G6P sera transformé en glycogène et récupéré par le muscle pour ses propres besoins (contraction, production d’acides gras, synthèse du ribose pour régénération de l’ADN et l’ARN). Une inhibition parallèle de l’utilisation des acides gras par le muscle, favorise la captation de glucose. De manière générale dans le muscle le métabolisme glucidique est augmenté par l’insuline. Toutes les autres hormones ont un effet opposé à l’insuline, à l’exception de la T3 qui permet d’utiliser le glucose. B- Le glucagon Le glucagon est un peptide de 29 acides aminés, hyperglycémiant, synthétisé par les cellules α du pancréas. NB : les cellules alpha représentent 25% du pancréas, beta : 70% A l’état basal ce dernier est dans de très basses concentrations. Il n’augmente qu’à distance d’un repas. Le glucagon agit sur le foie en prévenant l’hypoglycémie. Sa sécrétion est stimulée par : - une baisse de la glycémie - les acides aminés - l’effort - le stress Elle est inhibée par l’insuline. En cas de résistance à l’insuline, comme dans le diabète, on observe une élévation de la glycémie et du glucagon. Le glucagon possède un récepteur à 7 domaines transmembranaires qui stimule la voie AMPc – IP3 – Ca2+. Il va finalement inhiber la glycolyse et la glycogénèse mais augmenter la néoglucogénèse et la glycogénolyse dans le but d’augmenter la quantité de glucose libre dans la cellule hépatique, puis dans le sang. Il va aussi empêcher la phosphorylation du glucose libéré. L’organe cible principal du glucagon est le foie, il a peu d’effet sur le muscle. 196 Mécanisme de sécrétion du glucagon Même principe que l’insuline mais dans la cellule alpha (entrée de glucose par SGLT2 et GLUT1) : • S’il y a peu de glucose, la cellule produit peu d’ATP et le canal KATP reste ouvert = hyperpolarisation. • Lorsque la ddp atteint -60mv il y a ouverture des canaux VOC Ca2+ de type T, qui font entrer du Ca2+ = dépolarisation • Ceci déclenche l’ouverture des canaux TTX et l’entrée de Na+ • La dépolarisation permet l’ouverture des canaux Ca2+ L ou N et une entrée de Ca2+ accrue • Fusion des granules à la membrane • Repolarisation par ouverture du canal KDR C- Action des autres hormones hyperglycémiantes Il existe plusieurs hormones hyperglycémiantes (voir intro II-). La plus puissante et la plus rapide est le glucagon (pic du taux sanguin à 30min), suivi de l’épinéphrine. Pour un effet optimal, ces différentes hormones travaillent en synergie et en particulier le cortisol, le glucagon et l’épinéphrine. Le glucagon répond au pic mais le maintien d’une glycémie normale sur le long terme est assuré par le cortisol, qui mobilise le glucose plus tardivement mais pendant plus longtemps. L’hormone de croissance joue un rôle dans le maintien de la glycémie lors du jeûne. NB : une hormone pour diminuer la glycémie, plusieurs hormones pour éviter l’hypoglycémie. D- Contrôle central de la libération hormonale Le glucose est détecté par des cellules du système porte qui déclenchent la sécrétion des hormones évoquées précédemment. Elles envoient également un signal au SNC inhibant la libération de glucagon et d’épinéphrine. Il existe donc un contrôle central de la sécrétion d’insuline localisé au niveau du tronc cérébral et de l’hypothalamus. Dans une expérience on induit une hypoglycémie périphérique pour provoquer la libération de glucagon. Si en parallèle on perfuse du glucose dans la vaine porte la libération de glucagon est moins importante (inhibée) De plus, le glucose peut être directement détecté par les astrocytes et les neurones du SNC. Une seconde expérience montre que si on injecte du glucose dans l’artère carotide ou dans le SNC en situation d’hypoglycémie périphérique, on observe à nouveau une inhibition de la sécrétion de glucagon. III – Rôle du rein dans l'homéostasie du glucose En retirant le foie chez certains animaux, on observe une diminution de la production de glucose mais la glycémie ne tombe pas à zéro grâce à une production rénale de l’ordre de 40%. Pour une autre experience, on prend des animaux chez qui on inhibe l'expression de la G6Pase hépatique, induisant ainsi une incapacité pour le foie à libérer du glucose, qui reste donc stocké sous forme de glycogène. On observe qu’en période de jeûne la glycémie ne s'effondre pas, notamment grâce à une production de glucose par le rein. En effet il y a une augmentation de la G6Pase rénale permettant ainsi l'augmentation de la sortie de glucose. Enfin, l’invalidation spécifique du récepteur de l’insuline dans le rein induit une hyperglycémie même avec un foie sain. Il y a une augmentation de la production d’insuline mais ne pouvant se fixer à son récepteur, la réponse rénale n’aura pas lieu. Le rein est également sensible à l'insuline. 197 Cela favorise le développement du diabète. En effet au cours d’un diabète on observe une diminution d’expression du récepteur à l’insuline au niveau du rein et de sa signalisation d’aval (baisse de la phosphorylation de GSK3). Le rein joue deux rôles dans la régulation de la glycémie. A- Réabsorption du glucose filtré Le glucose est filtré au niveau des glomérules puis réabsorbé au niveau du TCP par des transporteurs apicaux. A la partie proximale du TCP, le glucose entre par SGLT2 et ressort du côté basolatéral par GLUT2. En distal, le glucose entre par SGLT1 qui a une forte affinité pour le glucose et ressort en basolatéral par GLUT1. La quantité de glucose filtré varie linéairement avec la glycémie : quantité de glucose filtré = DFG x glycémie. Il n’est pas censé y avoir de glucose dans l’urine. Mais lorsque le seuil de saturation est atteint, le rein n'arrive plus à réabsorber tout le glucose qui passe dans les urines. Ce seuil correspond au TM du glucose, qui est modifié dans le diabète. En cas de glycosurie il faut donc trouver la cause : glycémie trop élevée ou anomalie de réabsorption rénale. B- Néoglucogénèse Le tubule proximal (cortex), lieu de réabsorption du glucose, représente 80% de la masse tubulaire rénale et se caractérise par une néoglucogenèse à partir du lactate, glycérol, acides aminés et (je vous ai indiqué en cours que l’espèce humaine ne peut synthétiser du glucose à partir des acides gras, le cortex rénal peut utiliser les ac gras comme source d’énergie comme le coeur) car il exprime la G6Pase et PEPCK. La médullaire quant à elle fait de la glycolyse mais pas de néoglucogenèse car elle n'exprime pas la G6Pase. Elle utilise ce glucose de manière insulino-dépendante. La production de glucose par le rein est nettement supérieure à la quantité qu’il utilise. B- Lien avec le diabète Depuis quelques années, il apparaît que le rein participe à la genèse du diabète. En toute logique, si la glycémie augmente le rein devrait s'adapter et laisser fuir le glucose dans les urines. Mais au contraire chez les sujets atteints de diabète, de type 2 en particulier, le rein synthétise et réabsorbe plus de glucose car ses transporteurs SGLT2 et GLUT2 sont surexprimés. Cette augmentation de l’absorption est notamment due à une expression accrue du facteur de transcription HNF‑1 alpha. La résistance à l’insuline induit l’expression de ce FT qui possède des éléments de réponses sur les promoteurs de GLUT2 et SGLT2. On observe également une augmentation de l’expression des enzymes de la néoglucogenèse (G6Pase, PEPCK) dans le diabète ou l’invalidation du récepteur de l’insuline. Diabète et hyper filtration Au cours du diabète bien que la glycémie augmente, le DFG reste identique et le rein augmente la quantité réabsorbée : ceci alimente le diabète. L’insuffisance rénale est une des complications majeures du diabète. Au niveau du rein apparait dans un premier temps une augmentation du DFG. Cette augmentation est responsable dans un second temps de la détérioration de la fonction rénale. Le mécanisme de cette détérioration peut s’expliquer de la manière suivante : Il existe un contrôle au niveau de l’appareil juxta-glomérulaire de la quantité d’eau et de NaCl qui arrive. En cas d’excès, on observe une vasoconstriction pour diminuer la filtration, et en cas de quantité trop faible on aura la situation inverse. (cf UE7). Dans le cas d’un diabète : 198 1. La surexpression des transporteurs du glucose augmente la réabsorption tubulaire de glucose, accompagnée d’eau et de sodium. 2. L’augmentation de la réabsorption proximale d’eau et de NaCl, doexplique qu’il en arrive moins au niveau de l’appareil juxta glomérulaire 3. Levée du rétrocontrôle tubulo-glomérulaire : vasodilataion de l’artériole afférente et augmentation du DFG 4. Cette hyper filtration induit l’IR Thérapeutiques Dans un diabète on a donc une augmentation de l’absorption du glucose par le rein ET une augmentation de la néoglucogenèse. Dans le traitement du diabète actuel on utilise des inhibiteurs du SGLT2 qui empêchent la réabsorption de glucose au niveau du rein et sa fuite dans l’urine. Ils permettent d’équilibrer le diabète. Avec ce traitement on a donc un contrôle de la glycémie, on évite l’hyper filtration glomérulaire, et à long terme on diminue l’évolution vers l’IR. On peut aussi inhiber la néoglucogenèse par les agonistes des PPARgamma tels que le Rosiglitazone. IV – Anomalies de la régulation de la glycémie A – Les diabètes On distingue couramment 2 types de diabète. Le diabète de type 1 correspond à un défaut de production d’insuline due à une destruction auto-immune des cellules béta. Il est observé chez le sujet jeune. Le diabète de type 2 est caractérisé par une résistance à l’insuline. C’est une maladie métabolique plus générale, aux mécanismes complexes (modifications rénales, hépatiques, adipocytes…) avec résistance à l’insuline pouvant aboutir à un défaut de production d’insuline. Il y a un défaut d’utilisation du glucose et une augmentation de sa production. Il est souvent associé à une obésité. B – MODY2 (Maturity Onset Diabetes of the Young) Il s’agit d’une forme de diabète retrouvée chez le sujet jeune, débutant avant 25 ans. Il est dû à une mutation inactivatrice de la glucokinase à l’origine d’un défaut de sensibilité à la glycémie. La glycémie sera régulée mais à un niveau plus élevé. On observe : • Un défaut de phosphorylation du glucose pancréatique. Il faudra plus de glucose pour stimuler l’insuline, on a donc un défaut de sécrétion d’insuline. • Un défaut de phosphorylation du glucose hépatique. On a une baisse de la capture post prandiale de glucose par le foie. Quand la glycémie s’élève légèrement : la production de glucose s’interrompt et l’insulinémie augmente de manière inappropriée. Quand la glycémie baisse, la production hépatique de glucose augmente pour des glycémies supérieures à la normale. De même, la sécrétion de glucagon se fait pour des glycémies supérieures à la normale. La régulation est identique à celle d’un individu normal mais décalée (modification du set point). 199 C - Mutations des transporteurs Mutations inactivatrices de GLUT1 Ces mutations ont des conséquences sur le cerveau, liées à une hypoglycorachie (baisse de la concentration de glucose dans le LCR). Les patients souffrent de crises convulsives. Ces anomalies sont de découvertes tardive (parfois chez l’adulte). Mutations inactivatrices de GLUT2 = syndrome de Fanconi Bickel Le foie ne peut pas libérer le glucose dans le sang, donc il stocke du glycogène. Cela mène à une hépatomégalie et une hypoglycémie. Cette mutation touche aussi le transport rénal de glucose. Le glucose ne peut plus sortir donc il va passer dans les urines ou se transformer en glycogène (normalement absent du rein) développant ainsi une tubulopathie proximale. Cette tubulopathie est à l’origine d’une hypophosphatémie et d’une phosphaturie. La sécrétion d’insuline reste normale. Mutations inactivatrices de SGLT2 Cette anomalie est plutôt bien supportée. Elle est à l’origine de glycosuries isolées, présentes à l’état normal. On utilisera des inhibiteurs de SGLT2 comme traitement de l’hyperglycémie diabétique D – Anomalies de sécrétion de l’insuline Mutation gain de fonction de kir 6.2 : - Canal KATP moins sensible au ratio ATP/ADP - Ouverture du canal - Diminution de la sécrétion d’insuline - Diabète néonatal Perte de fonction de kir 6.2 : - Canal KATP fermé quel que soit le ratio ATP/ADP - Sécrétion permanente d’insuline quel que soit la glycémie - Hyperinsulinisme, hypoglycémies néonatales 200 Fiche récapitulative GLYCEMIE = concentration de glucose dans le sang, permet la synthèse d’ATP (seule source d’énergie pour le cerveau) Valeurs normales à jeun : 3,9 à 6,1 mmol/l (ou 0,7 à 1,10 g/l) Régulation de manière à ne jamais dépasser 10 Mm 2 organes en charge de la régulation - FOIE : synthèse de glycogène (rôle de stockage) + néoglucogénèse (synthèse de glucose) + glycogénolyse (libération de glucose dans la circulation sanguine) - REIN : néoglucogénèse mais PAS de fabrication de glycogène (donc pas de glycogenolyse) + filtre le glucose qui n’est donc pas dans les urines 2 organes avec consommation de glucose indépendante de la glycémie - CERVEAU : c’est l’affinité du transporteur qui influe sur l’entrée de glucose - MUSCLE : car dépend de l’insulinémie via les transporteurs GLUT 4. GLYCOGENOLYSE 1. Glycogène => G1P via la glycogène phoshorylase 2. G1P => G6P via la phosphoglucomutase 3. Voie de la glycolyse et production de C02 et H20 (dans les muscles et le cerveau) ou G6P => glucose via la G6Pase (dans le foie ) • Hypoglycémie : risque dysfonctionnement SNC • Hyperglycémie : risque déshydratation IC et EC + risque détérioration endothelium, SNP + risque développement d’un diabète de manière chronique Origines des apports : alimentation et organisme (néoglucogenese + glycogenolyse) 10 micromol/kg/min de glucose consommés : 80% d’origine hépatique (surtout grâce à la néoglucogénèse à distance des repas) et 20% rénale Période post prandiale : • Augmentation du glucose dans les tissus : muscles et foie doublent leur capacité à l’absorber (c’est surtout le muscle qui capte le glucose si la glycémie est haute) • Augmentation de la glycémie 15-20 mn après les repas (sans dépasser la valeur de 10 Mm) • Augmentation de l’insuline juste avant la montée de la glycémie grâce aux systèmes sensor de l’intestin LES TRANSPORTEURS DE GLUCOSE • LES SGLT = transport actif secondaire (dépendant du sodium) Localisation : pole apical des cellules intestinales et des tubules proximaux rénaux Fonctionnement : entrée glucose + sodium via le gradient de la pompe NA/K ATPase - SGLT 1 : Partie distale du tube proximal rénal, entérocytes. Haute affinité pour le glucose et le phosphate. Permet l’absorption de glucose et de galactose. 2Na/1glucose. - SGLT 2 : Partie initiale du TCP. Basse affinité pour le glucose. Rôle dans la sécrétion du glucagon. 1Na/1glucose. • LES GLUT = transport passif (indépendant du sodium) 201 - GLUT 1 et 3 : ++ dans le SNC. Forte affinité pour le glucose - GLUT 2 : Pancréas, pole basolatéral des cellules du tube proximal rénal et cellules intestinales. Rôle pour la sécrétion d’insuline. - GLUT 4 : Muscles et adipocytes. Expression indépendante de l’insuline. - GLUT 5 : transporte le fructose REGULATION HORMONALE GLYCEMIE • INSULINE - Synthèse par les cellules B du pancréas - Libérée avec le peptide C qui permet de la doser - Mécanisme sécrétion : entrée glucose => augmentation ratio ATP/ADP => fermeture canal K+/ATP (formé de 2 sous unités: un pore central + 1 sous unité régulatrice) => ouverture canal Ca2+ => entrée Ca2+ => fusion vésicules à la membrane et libération d’insuline - Modulation de la sécrétion par le GLP1, le GIP, les CCL,la prolactine, la somatostatine - Récepteur à activité tyrosine kinase qui a 2 actions: sur le métabolisme + sur la prolifération cellulaire - Effets de l’insuline sur le foie : Si augmentation : GK augmente et transforme le glucose en G6P => plus de sorties de glucose, stimulation de la glycogène synthase et augmentation de la formation d’acides gras. Si diminution : G1P libéré (via stimulation de la glycogène phosphorylase), stimulation de la G6Pase et inhibition de la GK, favorise resynthèse glucose par la PEPCK. - Effets de l’insuline sur la cellule musculaire : métabolisme glucidique augmenté, glucose => G6P avant d’être transformé en glycogène (absence de G6Pase dans le muscle) GLUCAGON Hyperglycémiant, synthétisé par les cellules alpha du pancréas Très basse concentration a l’état basal Agit sur le foie Sécrétion stimulée par la baisse de glycémie, les acides aminés, l’effort, le stress et inhibée par l’insuline - Peu d’effet sur le muscle - même mécanisme de sécrétion que l’insuline avec des canaux différents • - Autres hormones hyperglycémiantes : épinephrine, cortisol … Elles travaillent en synergie Bilan : 1 hormone hypoglycémiante mais plusieurs hyperglycémiantes CONTROLE DE LA LIBERATION D HORMONES - Contrôle central au niveau du tronc cérébral et de l’hypothalamus - Glucose détecté par les cellules du sytème porte => signal SNC => inhibition de la libération de glucagon ROLE DU REIN - Glucose filtré dans les glomérules puis réabsorbé dans le TCP don pas de glucose dans les urines - Si seuil saturation atteint => glucose dans les urines : TM de glucose : glycosurie - Néoglucogénèse dans le tube proximal du rein à partir du lactate, glycérol, AA et AG libres via l’expression de G6Pase et de PEPCK - Glycolyse dans la médullaire mais pas de néoglucogénèse car pas de G6Pase 202 DIABETE - Rein synthèse et réabsorbe plus de glucose car ses transporteurs SGLT2 et GLUT2 sont surexprimés via augmentation du facteur de transcription HNF 1 alpha - Augmentation des enzymes de neoglucogenese et donc de la neoglucogenese - Augmentation de l’absorption de glucose - Traitements = inhibiteurs de SGLT2 (pour empêcher la reabsorption de glucose) ou inhibiteurs de la neoglucogenese via des agonistes des PPARgamma - 2 types de diabetes • Type 1 = défaut production insuline : destruction auto immune des cellules B , sujet jeune • Type 2 = résistance à l’insuline , mécanismes complexes , souvent associé à l’obésité • Mody 2 : sujet jeune, mutation inactivatrice de la glucokinase => défaut sensibilité glycémie : défaut de phosphorylation du glucose pancréatique et hépatique. AUTRES ANOMALIES QUE LE DIABETE - mutations inactivatrices de GLUT1 entraînent une hypoglycorachie (baisse concentration glucose dans le LCR) - Mutations inactivatrices de GLUT2 = syndrome de Fanconi Bickel - mutations inactivatrices de SGLT2 = bien supportées - Anomalies de sécrétions de l’insuline (mutation gain de fonction ou perte de fonction) 203 204 UE9 – Endocrinologie et reproduction – Physiologie – ED n°2 RT : Esther Hubert Delisle RL : Laura Colombani 24/04/17 Physiologie ED n°2 : Physiologie des glandes endocrines Plan : I. Principes des dosages des hormones A. Mesure des concentrations plasmatiques des hormones B. Exercice 1 : dosage de la TSH par la méthode sandwich C. Exercice 2 : dosage du cortisol par compétition II. La thyroïde A. Rappels B. Cas cliniques : hypothyroïdies C. Cas clinique : chez la femme enceinte D. Cas cliniques : hyperthyroïdies Abréviations : Ac = anticorps Ag = antigène RC = rétrocontrôle TG = thyroglobuline TBG = Thyroxine Binding Globulin = Globuline liant la thyroxine 205 I. Principes des dosages des hormones A. Mesure des concentrations plasmatiques des hormones On distingue diffé rentes mé thodes de dosage plasmatique d’hormones : • • Les mé thodes de ré fé rence, comme la chromatographie liquide (LC) ou gazeuse (CPG) et la spectromé trie de masse. Ces mé thodes ne sont pas les plus utilisé es, elles ne peuvent pas toujours ê tre mises en place en pratique mais donnent des ré sultats fiables et pré cis. Les mé thodes de routine, comme le dosage par compé tition et le dosage par IRMA (ou mé thode sandwich). Ce sont des mé thodes indirectes qui font intervenir des couples Ac/Ag (mé thodes immunologiques). Pour ces dosages, on utilise des marqueurs radioactifs (chauds) ou non radioactifs (froids). B. Exercice 1 : dosage de la TSH par la mé thode sandwich On explore la fonction thyroïdienne d’une patiente. Pour doser la TSH, on dispose : • • • d’un anticorps monoclonal de souris anti-TSH marqué par la biotine, d’un anticorps polyclonal de chèvre anti-TSH marqué par l’ester d’é thidium de billes magné tiques couplé es à de la streptavidine. Les anticorps utilisé s reconnaissent tous les deux la TSH, mais sur des zones (é pitopes) diffé rentes. Principe du dosage : Dans une cupule solide, placé e sur un aimant, on effectue le « mé lange » : Dans un premier temps on a un Ac anti-TSH primaire marqué par de la biotine qui va se diriger contre la TSH du patient. Les billes magné tiques couplé es à la streptavidine vont se coller à la biotine pré sente sur le premier Ac (la streptadivine est une substance possédant une forte affinité pour la biotine), et ces billes seront-elles-mê mes retenues par l’aimant placé sous la cupule. Ce premier Ac est appelé Ac de capture (ou de fixation). Le second Ac, aussi dirigé contre la TSH, est marqué par l’ester d’é thidium. C’est un Ac de ré vé lation. En effet l'ester d’é thidium est utilisé comme marqueur chimio-luminescent (fluo). Il é met de la lumiè re en pré sence de peroxyde d’hydrogè ne (H2O2) et d’une solution alcaline. Enfin, on é limine par rinçage tout ce qui n’a pas é té fixé et on observe le signal lumineux. Cette mé thode est le dosage en sandwich : on a deux Ac qui fixent l’Ag (qui est donc pris « en sandwich » entre les 2 Ac) dont on veut mesurer la concentration dans l’é chantillon. 206 Le signal lumineux que l’on observe est exprimé en RLU (Unité Relative de Lumière) : il faut alors relier cette mesure à une certaine concentration de TSH. Pour cela, on é tablit une gamme é talon. L’étalonnage se fait grâce à des solutions de concentrations connues de TSH dont on mesure le signal lumineux correspondant. Les valeurs normales de TSH sont comprises entre 0,4 et 4,2 mUI/l. Pour notre patiente, on a : RLU = 190 : on a donc une concentration de TSH é gale à 10 mUI/l : cette valeur étant trop é levé e, on suspecte une hypothyroïdie. En effet on peut avoir une augmentation de la TSH dans plusieurs cas : • • origine centrale (rare) : à cause d’une augmentation de la sé cré tion de la TRH ; origine périphérique : l’augmentation de la concentration de TSH répond à une faible quantité d’hormones T3 et T4 (par diminution du rétrocontrôle négatif). 207 La méthode sandwich permet de clairement distinguer une euthyroïdie d’un trouble pathologique par dosage de la TSH. Cependant, le dosage peut ne pas fonctionner correctement et donner des ré sultats incohé rents. On parle alors d’interfé rences : - lorsqu’on a une molé cule de structure trè s proche de celle de la TSH (molé cule interfé rente) pré sente dans le milieu, elle peut se fixer sur l’Ac primaire ou secondaire à la place de la TSH. Le signal sera alors faussement abaissé après rinçage. - si on a un excè s d’Ag dans le milieu (ici, excè s de TSH), certains Ac secondaires (lumineux) peuvent se fixer sur des Ag non fixés sur la plaque par des Ac primaires. Ils seront donc éliminés lors de l’élution et l’indice lumineux obtenu sous-estimera la concentration réelle d’Ag. C’est l’effet crochet observable sur la courbe à partir d’une certaine concentration d’Ag (au-delà de la zone d’étalonnage). Un traitement par la biotine soumet également la méthode à des interférences rendant le dosage ininterprétable. Ce dosage par la mé thode sandwich est utilisé pour des molé cules relativement grosses et à plusieurs é pitopes (ex. : HCG, LH,...). Cette technique est é galement trè s utilisé e pour les marqueurs tumoraux. 208 C. Exercice 2 : dosage du cortisol par compé tition On explore la fonction surré nalienne d’un patient. Pour doser le cortisol, on dispose : • • • d’un anticorps de lapin anti-cortisol fixé sur la paroi des tubes : le nombre d’anticorps sur la plaque est donc un facteur limitant ; de cortisol radioactif marqué à l’iode 125 d’un compteur de radioactivité L’iode 125 est ici utilisé à la place de l’ester d’é thidium de la mé thode de dosage par sandwich. On ne va pas mesurer un signal lumineux, mais la radioactivité (l’iode 125 est un é metteur gamma) à l’aide d’un compteur. La radioactivité est mesuré e en CPM (Coups Par Minute). On procè de à un dosage par compé tition : on met en compé tition le cortisol de notre patient et le cortisol marqué radioactivement. Si l’échantillon de sérum du patient contient peu de cortisol, beaucoup du cortisol radioactif ajouté se fixera sur la plaque et on observera un signal radioactif important. Au contraire, si l‘échantillon du patient contient beaucoup de cortisol, il sera retenu par les anticorps donc peu de ces derniers seront libres pour fixer du cortisol radioactif. Le signal radioactif diminue donc lorsque la concentration de cortisol du patient augmente ; dans l’hypercorticime, le signal est presque nul. On a une relation inverse entre la concentration de cortisol du patient et la radioactivité détectée. 209 On utilise ce type de dosage pour les petites molé cules, comme les sté roïdes, pour lesquelles on a trè s peu d’é pitopes disponibles. Pour notre patient, la radioactivité mesuré e est de 28 054 cpm. Grâ ce à une gamme é talon, on va pouvoir déterminer la concentration de cortisol : On obtient pour notre patient 184 nmol/L. Les valeurs normales de la concentration de cortisol (mesuré e à 8h du matin) sont comprises entre 9 et 21 μg/dl, ce qui correspond à 248-580 nmol/L. (Attention aux unité s : lorsqu’on a des μg/dl il faut multiplier par 27,6 pour passer en nmol/L. Pour notre patient on a donc une concentration de cortisol de : 6,63 μg/dl). La concentration est donc trop basse par rapport aux valeurs normales. On suspecte une insuffisance surré nalienne. Le taux de cortisol étant soumis à des variations nycthémérales et multifactorielles (diminution si jetlag, augmentation si stress…), un simple dosage statique est non suffisant pour poser un diagnostic. En cas d’hypercorticisme, on dosera le cortisol à différents moments de la journée. Pour l’hypocorticisme (situation du patient ci-dessus), on choisira plutôt un test dynamique : on stimule la surrénale pour vérifier qu’elle synthétise correctement du cortisol en réponse à des injections d’ACTH synthétique. Pour bien interpréter les résultats de nos dosages d’hormone, il nous faut : - les valeurs normales ; les unités (µg/dl, nmol/l…) ; l’âge, le sexe (variation avec la grossesse par exemple, cf. cas clinique II. C) l’heure de prélèvement (toujours à 8h pour le cortisol par exemple) l’hormone totale ou libre ; les interférences : 210 ✓ autres hormones (stéroïdes, cortisone, cortisol) ✓ anticorps circulants ✓ traitements - II. la cohérence (erreur de tube) La thyroïde A. Rappels La thyroïde est une glande endocrine de structure folliculaire. Les cellules ainsi organisées enferment de la substance colloïde au-delà de leur pôle apical : y a lieu le stockage de la thyroglobuline, molécule synthétisée dans la cellule et composée de 70 AA de tyrosine. Elle s’y associe également à des résidus d’iode pour former les hormones thyroïdiennes T3 et T4. 30 molécules de thyroxine (T4) correspondent à une réserve hormonale de 2-3 mois. Le pôle basolatéral des cellules est au contact de vaisseaux sanguins qui permettent ensuite la libération des hormones T3 et T4 dans le sang. Il y a de la T4 en permanence dans la thyroïde : c’est l’absorption dans le sang qui est régulée, alors la production est permanente. La T4 est la principale forme sécrétée par la thyroïde dans la circulation sanguine (la thyroïde libère 40 fois plus de T4 que de T3), mais elle est transformée en T3 par une iodinase lorsqu’elle arrive aux organes, puisque T3 y est la forme la plus active. 211 80% de la T3 provient de la conversion extra-thyroïdienne. La T4 peut également être transformée en rT3 qui est une forme inactive. L’arrivée de T3 dans les cellules se solde par une modification de conformation d’un récepteur nucléaire démasquant ainsi certains gènes cibles alors transcrits puis traduits en protéines. L’axe thyré otrope L’hypothalamus sé crè te de la TRH (Thyrotropin Releasing Hormone), qui va stimuler l’hypophyse. L’hypophyse sé crè te alors de la TSH (Thyrotropin Stimulating Hormone) qui va aller stimuler la glande thyroïde : on a la synthè se de T3 et de T4. T3 et T4 exercent un ré trocontrô le né gatif sur cet axe au niveau de l’hypothalamus et de l’hypophyse. 212 T3 et T4 existent sous deux formes : • • une forme libre (T3L et T4L) : c’est cette forme qui est active et qui permet le RC ; une forme lié e : T3 et T4 peuvent se lier à des proté ines de transport comme la TBG (80% des hormones liées), l’albumine (15%) et la pré albumine. La T4 a une meilleure affinité (x6) que la T3 pour la TBG : c’est logique, puisque la T3 étant la plus active dans les tissus (elle représente 90% de l’activité au niveau des cellules), il est nécessaire qu’elle soit plutôt sous forme libre. Par contre, la T4 a une durée de vie plus longue que la T3 : la ½ vie de libération aux tissus est de 6 jours pour la T4 et de 1 jour pour la T3. En clinique, administrer plutôt de la T4 permet d’éviter l’hypothyroïdie en cas d’oubli de prise. Les différents troubles ➢ Les problè mes pé riphé riques (thyroïde) sont les plus fré quents : - Hypothyroïdie d’origine pé riphé rique : T4, T3 ↓ du coup TSH ↑ à cause du faible RC. ATTENTION : T3 et T4 peuvent toutefois conserver une concentration normale grâce à l’adaptation de la TSH, c’est ce que l’on appelle l’hypothyroïdie fruste (TSH augmentée mais T3 et T4 normales). Il est donc nécessaire, pour éviter de passer à côté d’un trouble, de doser la TSH et non T3/T4 qui peuvent apparaitre normales. - Hyperthyroïdie d’origine pé riphé rique : T4, T3 ↑ du coup TSH ↓ à cause du fort RC 213 ATTENTION : encore une fois, les hormones T3 et T4 peuvent être normales au dosage ! On a alors une hyperthyroïdie fruste (TSH diminuée mais T3 et T4 normales). C’est la variation de la concentration de TSH qui sera indicatrice du trouble. Donc, pour diagnostiquer une hypo ou hyperthyroïdie périphérique, on utilise le dosage de la TSH. C’est en effet le test le plus sensible. ➢ Les problè mes centraux (au niveau hypothalamo-hypophysaire) sont plus rares : - Hypothyroïdie d’origine centrale : TSH basse donc T4 et T3 faibles, mais la TSH peut également être normale. Donc pour une hypothyroïdie d’origine centrale, il est nécessaire de doser le couple TSH/T4 et pas seulement la TSH. Ce double dosage est recommandé si l’on observe des signes cliniques d’hypothyroïdie avec une TSH basse. - Hyperthyroïdie d’origine centrale (exceptionnelle) : TSH, T4 et T3 élevées. Mini bilan : Origine périphérique : dosage de TSH Hypothyroïdie d’origine périphérique : T4, T3 ↓ ou normales et TSH ↑ Hyperthyroïdie d’origine périphérique : T4, T3 ↑ ou normales et TSH ↓ Origine centrale : dosage du couple TSH/T4 Hypothyroïdie d’origine centrale : T4, T3 ↓ et TSH ↓ ou normale NB : on pourrait doser systématiquement TSH + T4 mais c’est infaisable concrètement pour des raisons financières #troudelasécu Les dosages de routine des hormones thyroïdiennes Le dosage de première intention est celui de la TSH (+++), mais on peut aussi mesurer T3 et T4 libres ainsi que l’iode urinaire (iodurie des 24h) ou plasmatique. L’iode est en effet nécessaire à la synthèse des hormones thyroïdiennes. L’iodurie est le reflet direct de l’iode ingéré : on peut alors détecter une carence (qui entraine le crétinisme) ou un surdosage en iode (dû aux produits de contrastes iodés, à un traitement par Cordarone contre l’insuffisance cardiaque et les troubles du rythme…). Le dosage de la thyroglobuline peut avoir un intérêt pour le dépistage des cancers de la thyroïde. 214 Les valeurs normales d’un bilan thyroïdien sont : B. Cas cliniques : hypothyroïdies Les signes d’hypothyroïdie sont des signes variés et peu spécifiques : - ralentissement du catabolisme, dont celui des lipides : prise de poids, hypercholestérolémie asthénie hyperglycémie frilosité (voire hypothermie), baisse de la thermogenèse : T4/T3 ↑ la consommation d’O2 et la production de chaleur cœur : bradycardie peau : épaississement constipation SNC : idéation lente, perte de l’initiative reproduction : trouble des règles apathie, dépression perte de cheveux et de la pilosité (queue des sourcils…) faciès lunaire Cas clinique n°1 Une patiente de 50 ans vient consulter pour des douleurs d’angor et une asthé nie; Sur quels é lé ments cliniques pouvez-vous suspecter une hypothyroïdie et à quels effets physiologiques des hormones thyroïdiennes correspondent-ils ? On cherche à savoir si l’hypothyroïdie est pé riphé rique ou centrale. On regarde s’il n’y a pas de causes « centrales » tel qu’un accident de voiture qui aurait affecté l’hypothalamus, ou la pré sence d’un adé nome. 215 Si non, on dose la TSH. Si elle est augmenté e (norme 0,5 à 4 mU/L), l’hypothyroïdie pé riphé rique est confirmée. La TSH suffit au diagnostic d’hypothyroïdie, mais elle peut ê tre normale si l’hypothyroïdie est d’origine centrale (rare). On regarde donc le bilan biologique de notre patiente : La TSH est augmenté e, et T4L et T3L sont diminué es : c’est donc bien une hypothyroïdie d’origine pé riphé rique. La cause de cette hypothyroïdie est une maladie auto-immune fré quente chez les femmes de cette tranche d’â ge : la maladie d’Hashimoto (ce sont des auto-Ac qui dé truisent les enzymes et molé cules qui interviennent dans la synthè se thyroïdienne). Dans le cas ci-dessus, le dosage de T4 n’est pas indiqué mais on peut le rechercher dans d’autres situations : - en cas d’hypothyroïdie centrale chez la femme enceinte (risque pour le fœtus) pour surveiller le traitement substitutif (ré action plus rapide que celle de la TSH) au dé but du traitement Cas clinique n°2 Ici, on suspecte une hypothyroïdie d’origine centrale : hypothyroïdie due à la rupture de la tige pituitaire. En effet la TSH est normale (mais basse) et T3/T4 sont basses. Dans ce cas on dose la T4 et la TSH, et le suivi se fait é galement avec le dosage de T4. De plus, on va supplé menter l’enfant en T3 et T4 pour compenser l’hypothyroïdie. Comme l’axe hypothalamo-hypophysaire est directement touché , on peut s’attendre aux dé ficits d’autre axes qui en dé pendent (axe gonadotrope, axe corticotrope...). Cas clinique n°3 216 Ici on a une TSH trè s é levé e, avec T3 et T4 basses : on a une hypothyroïdie d’origine pé riphé rique qui est ici une hypothyroïdie congé nitale. Elle est systé matiquement dépistée à la naissance grâce au test de Guthrie car si ce dé faut de sé cré tion des hormones thyroïdiennes n’est pas traité cela peut avoir des consé quences sur les systè mes neurologiques et staturaux (les enfants atteints ont un faciè s typique, on en voit beaucoup moins aujourd’hui grâ ce au dé pistage). On remarque également un goitre chez le nouveau né car la TSH stimule la croissance de la glande thyroïde. Goitre : augmentation de volume de la glande thyroïde stimulée par la TSH en excès, examen clinique par la déglutition. Test de Guthrie : dépistage néonatal de la mucoviscidose, phénylcétonurie, drépanocytose, galactosémie congénitale, hypothyroïdie congénital et, hyperplasie congénitale des surrénales. 217 C. Cas clinique : chez la femme enceinte Une femme traitée par thyroxine pour une hypothyroïdie est enceinte de 3 mois. Elle se trouve anormalement fatiguée et frileuse, un peu déprimée. Sa TSH est augmentée, la T4 est normale mais sa T4L est abaissée. Comment interprétez-vous ces dosages ? Qu’attendez-vous à trouver comme valeurs chez des femmes enceintes non carencées : hormones totales ? hormones libres ? TSH ? Chez la femme enceinte on a une é volution au cours de la grossesse de l’é quilibre entre les diffé rentes hormones : Durant le premier trimestre, l’augmentation de HCG (sé rum CG) est concomitante à la diminution de la TSH, elles se compensent. L’HCG a en effet une structure proche de celle de la TSH (c’est une hormone TSH-like). On a aussi une augmentation de la synthè se proté ique, et notamment une augmentation de TBG avec un pic à 3 mois de grossesse : la T4 se liera donc plus avec la TBG et la synthè se de T4 sera alors augmenté e, (par augmentation de la TSH) pour maintenir l’é quilibre entre la forme libre et la forme liée. On a donc une hyperthyroïdie physiologique au dé but de la grossesse. Il faudra donc doser la forme libre T4L lors du suivi, car la quantité totale de T4 augmente suite à l’augmentation de la quantité de T4 liée à la TBG. Ainsi, les valeurs normales des hormones thyroïdiennes ne sont pas les mêmes chez les femmes enceintes : suite à l’augmentation de la T4 liée, on observe une augmentation de la T4 totale pour maintenir une T4L correcte, or l’hypothyroïdie de la patiente ne permet pas cette adaptation. 218 Il faut donc penser à ajuster les traitements : on augmente la posologie de thyroxine chez notre patiente. Le dé pistage de l’hypothyroïdie est né cessaire chez la femme enceinte puisque jusqu’à 20 SA, c’est la mè re qui fournit au fœtus les hormones thyroïdiennes. A partir de 20 SA le fœtus commence à synthé tiser progressivement ses propres hormones thyroïdiennes. La grossesse n’est pas la seule cause de variations de TBG : D. Cas cliniques : hyperthyroïdies Les signes d’hyperthyroïdie : - hypermétabolisme : perte de poids, amyotrophie… tachycardie nervosité , difficulté à dormir chaleur On rappelle qu’une hyperthyroïdie se manifeste par une augmentation de T3 et T4. Si elle est d’origine pé riphé rique, la TSH sera basse alors que si elle est d’origine centrale la TSH sera é levé e. Vous suspectez un patient de pré senter une hyperthyroïdie ; quels examens biologiques demandezvous ? On procè de à un dosage de la TSH pour voir s’il y a une anomalie et si cette anomalie est d’origine centrale ou pé riphé rique, mais dans le cas de l’hyperthyroïdie ce qui nous inté resse le plus ce sera le dosage de T4 qui va nous permettre d’é valuer l’intensité de l’hyperthyroïdie puis de suivre l’é volution de cette hyperthyroïdie. 219 On a une hyperthyroïdie d’origine pé riphé rique : T4 et T3 sont é levé es, et la TSH est trè s basse. On a é galement des TRAK é levé s : les TRAK sont des auto-anticorps dirigé s contre les ré cepteurs à la TSH. Ils se fixent aux ré cepteurs de la TSH et les stimulent, ce qui entraine la synthè se importante d’hormones thyroïdiennes. La cause de cette hyperthyroïdie est une maladie auto-immune, la maladie de Basedow (surtout chez la femme vers 30/40 ans). Dans ce cas le ré trocontrô le né gatif fonctionne trè s bien. 220 Fiche récapitulative I. Principes des mesures des concentrations des hormones Deux types de méthodes de dosage : • • Méthodes de référence = chromatographie liquide ou gazeuse ; spectrométrie de masse Méthodes de routine / immunologiques = dosage par compétition ; dosage par IRMA ou méthode sandwich Dosage de la TSH par la méthode sandwich (plutôt utilisée pour les grosses molécules à plusieurs épitopes) Les Ag (ici la TSH) à doser sont pris en sandwich entre les Ac de capture / de fixation (ici Ac monoclonaux anti-TSH marqués à la biotine) et des Ac de révélation (ici Ac polyclonaux anti-TSH marqués à l’ester d’éthidium fluo). La fixation de l’ensemble est assurée par des billes magnétiques couplées à de la streptadivine (forte affinité pour la biotine), elles-mêmes fixées par un aimant. Le signal lumineux (en RLU = Unité Relative de Lumière) est mesuré après rinçage. Il doit ensuite être reporté sur une gamme étalon afin de trouver la concentration de TSH correspondante. Les valeurs normales de TSH sont comprises entre 0,4 et 4,2 mUI/L. Attention aux interférences possibles : • • Présence de molécules d’interférence qui occupent des Ac primaires = structuralement proches de la TSH signal faussement abaissé. Excès d’Ag dans le milieu fixation directe à l’Ac secondaire sans fixation à l’Ac primaire, donc élimination au rinçage signal faussement abaissé. Dosage du cortisol par compétition (plutôt utilisé pour les petites molécules, à peu d’épitopes). On provoque une compétition entre le cortisol du patient et du cortisol exogène marqué à l’iode 125 (radioactif) pour la fixation des Ac anti-cortisol fixés sur la paroi du tube utilisé. La radioactivité du cortisol marqué et fixé aux Ac est mesurée en coups par minute (CPM) à l’aide d’un compteur. La relation sera donc inverse entre le taux de cortisol du patient et la quantité de radioactivité détectée. 221 Les valeurs normales du cortisol (à 8h) sont comprises entre 9 et 21 µg/L. II. La thyroïde L’axe thyréotrope Les hormones thyroïdiennes T3 et T4 existent sous forme libre = ACTIVE, ou sous forme liée à des protéines de transport (type TBG, albumine et préalbumine). Le but est de distinguer les hypo et hyperthyroïdies d’origine périphérique des hypo et hyperthyroïdies d’origine centrale. Pour cela, on dose la TSH en première intention, puis T3 et T4 libres, voire l’iode urinaire (iodurie) ou plasmatique. • Hypothyroïdies Signes cliniques = catabolisme ralenti, asthénie, prise de poids, hypercholestérolémie, hyperglycémie, frilosité, bradycardie, épaississement de la peau, constipation, idéation lente et perte de l’initiative, troubles des règles. Le dosage de la TSH suffit au diagnostic d’hypothyroïdie périphérique dans laquelle elle est augmentée. En revanche, la TSH peut être normale si l’hypothyroïdie est d’origine centrale (plus rare). L’hypothyroïdie périphérique congénitale est dépistée systématiquement à la naissance. Pour l’hypothyroïdie centrale, penser aux lésions traumatiques de l’hypothalamus (type accident de voiture) et aux adénomes. Le dosage de T4 libre est quant à lui indiqué en cas d’hypothyroïdie centrale mais aussi chez la femme enceinte ; et pour la surveillance du traitement substitutif. La maladie d’Hashimoto se caractérise par une hypothyroïdie périphérique due à la présence d’auto-Ac ciblant les enzymes et molécules de la synthèse thyroïdienne. Elle touche plus particulièrement les femmes d’une cinquantaine d’années. 222 • Hyperthyroïdies Signes cliniques = tachycardie, nervosité et difficulté à dormir, perte de poids, chaleur. Le dosage de la TSH permet, comme ci-dessus, de détecter l’origine centrale ou périphérique de l’hyperthyroïdie. Le dosage de la T4 libre permet d’évaluer l’intensité de l’hyperthyroïdie et de suivre son évolution sous traitement. Chez la femme enceinte, on observe une hyperthyroïdie PHYSIOLOGIQUE en début de grossesse. La maladie de Basedow se caractérise par une hyperthyroïdie périphérique de cause autoimmune. Elle touche plus particulièrement les femmes de 30/40 ans. 223 224 UE9 – Endocrinologie Reproduction Histologie - n° 5 RT : Cyprien Labouche 24/04/17 RL : Marin Cottin Virginie Barraud-Lange [email protected] Histologie de l’appareil génital masculin Plan : I. II. A. B. C. D. III. IV. Rappel anatomique Le testicule Organisation générale du testicule Les espaces interstitiels Les tubes séminifères 1. Les cellules somatiques 2. Les cellules germinales Spermogramme Le tractus génital A- Tubes droits B- Rete testis C- Canal efférent D- Canal épididymaire E- Canal déférent F- Urètre G- Pénis Les glandes annexes A- Vésicules séminales B- Prostate C- Biochimie séminale Abréviations : spz : spermatozoïde ; TS : Tube séminifère 225 I. Rappel anatomique L’appareil génital masculin est composé : - De la gonade (testicule), - Des voies excrétrices : l’épididyme, le canal déférent qui se jette dans l’urètre prostatique par le canal éjaculateur après que ce dernier ait reçu l’afférence de la vésicule séminale, De la prostate et des vésicules séminales qui font partie des glandes annexes, De l’urètre, Du pénis. 226 II. Le testicule A. Organisation générale du testicule A l’âge adulte, le testicule est présent dans le scrotum en position extra-abdominale. Cette particularité est très importante puisque le testicule n’est alors pas exposé à une température de 37° mais 33°/34. Ceci est indispensable pour la spermatogenèse (=production des spz). Le testicule possède 2 fonctions : • Une fonction exocrine => synthèse et excrétion des cellules germinales différenciées (spz) c’est-à-dire la spermatogenèse, • Une fonction endocrine => sécrétion de testostérone. Le testicule est un organe ovoïde qui mesure 4 à 5 cm de longueur, 3 cm d’épaisseur, 2 à 3 cm de large et pèse entre 10 et 15 g. Il est suspendu dans le sac scrotal par le cordon spermatique qui contient le canal déférent, les vaisseaux artériels et veineux ainsi que les lymphatiques. Le testicule se développe en premier lieu dans l’abdomen en partie postérieure haute mais contrairement à l’ovaire, il va migrer en direction du scrotum au 7ème mois de la grossesse. Il suit alors le trajet du canal inguinal. Il existe des anomalies de migration du testicule appelées ectopies testiculaires ou cryptorchidies. Le testicule peut ne pas du tout migrer ou bien s’arrêter sur le trajet du canal inguinal pendant sa migration. Il va donc être exposé, dès la naissance, à des températures excessives. Les cellules qui constituent le parenchyme testiculaire sont plus ou moins sensibles à cette élévation de température. Les cellules germinales souches qui donneront les spz sont particulièrement sensibles. Cette ectopie testiculaire peut entrainer une infertilité si elle n’est pas traitée, suite à la dégénérescence des cellules souches. Même si l’on détecte, lors de l’examen clinique, l’absence de testicule dans le scrotum à la naissance, et que l’on provoque très tôt sa descente en le fixant dans le scrotum (orchidopexie), il existe toujours un grand risque pour ce testicule de développer un cancer plus tard. Le testicule présent dans son sac scrotal est entouré sur toute sa surface par plusieurs enveloppes : • La vaginale : double feuillet formé à partir d’une expansion du mésothélium. Entre ces deux feuillets, il existe un espace virtuel dans lequel on trouve un liquide servant de lubrifiant et facilitant les mouvements du testicule dans le scrotum. Dans certaines situations pathologiques, on peut avoir un épanchement liquidien dans cet espace virtuel. Cette présence de liquide est appelée hydrocèle et risque d’augmenter la température locale. 227 • L’albuginée (située en dedans) : capsule fibreuse épaisse. Cette dernière s’épaissit en arrière pour former le médiastinum testis, creusé par un réseau canaliculaire qui sont les voies excrétrices intratesticulaires (=rete testis). Elle émet des cloisons fibreuses conjonctives séparant le parenchyme testiculaire en 200 à 300 lobules. Le parenchyme testiculaire est constitué de tubes séminifères (support de la fonction exocrine). Les TS sont des anses fermées contournées non ramifiées et communiquant entre elles par leurs parties distales. On trouve 2 à 3 TS par lobule. Ces TS vont tous fusionner pour former, à la partie postérieure de leur lobule, un seul et même tube que l’on appelle tube droit. Les tubes droits s’anastomosent pour se jeter dans le rete testis. Ainsi les TS communiquent avec le rete testis par le biais des tubes droits et les spz synthétisés dans les tubes sont excrétés dans le rete testis. On observe histologiquement cette continuité entre le rete testis (conduit bordé par un épithélium simple) et le tube séminifère. Dans le parenchyme testiculaire, on distingue le TS (siège de la spermatogenèse) et le tissu interstitiel entre les tubes qui contient les cellules responsables de la fonction endocrine (=cellules de Leydig). La vascularisation du testicule arrive par le cordon spermatique et pénètre le parenchyme, entre les TS, par le médiastinum testis et surtout par l’albuginée. 228 En aide à la procréation, lorsqu’il n’y a pas de spz dans l’éjaculat, une biopsie testiculaire est souvent faite. Une biopsie de la pulpe testiculaire sert à récupérer des spz. On distingue ici l’albuginée qui est une capsule fibreuse épaisse, richement vascularisée. On incise ensuite l’albuginée pour faire sortir la pulpe testiculaire. Cette pulpe testiculaire possède un aspect un peu nacré dû aux TS et le rosé entre les tubes représente le tissu interstitiel. Structure histologique du testicule : - Cette coupe sagittale d’un testicule humain a été préalablement colorée par un trichrome de Masson. On a les noyaux en violet foncé, en rose le cytoplasme et le tissu interstitiel et en bleu le tissu conjonctif. A faible grossissement, on apprécie l’architecture globale : - L’albuginée à la périphérie qui s’épaissit à sa partie postérieure dans laquelle est creusé un réseau canaliculaire (=rete testis), Le parenchyme divisé en lobules (cloisons fibreuses qu’envoie l’albuginée dans le parenchyme), l La pulpe testiculaire avec les sections transversales des TS, -une partie de l’épididyme (ici la tête), La vascularisation à partir du médiastinum testis => le testicule est richement vascularisé. 229 A plus fort grossissement, on observe les deux parties du parenchyme testiculaire : les TS (fonction exocrine) et le tissu interstitiel (fonction endocrine) entre les tubes, qui comporte des fibres et des cellules. B. Les espaces interstitiels Chaque tube est normalement en contact direct avec le tissu interstitiel. Sur la photo précédente, l’espace visible entre les cellules est un artéfact dû à la réalisation de la coupe. Le tissu interstitiel est constitué d’un tissu de soutien avec des fibres de collagène, les cellules de Leydig responsables de la sécrétion de testostérone et de nombreux vaisseaux dans lesquels est sécrétée la testostérone. Les cellules de Leydig se regroupent en amas. Elles sont polygonales, avec un noyau, arrondi, volumineux et central, qui possède un gros nucléole central et une chromatine en motte périphérique. Le cytoplasme est éosinophile, spumeux, riche en enzymes de la stéroïdogénèse et en gouttelettes lipidiques. On trouve aussi des amas dans le cytoplasme qui sont des éléments pathognomoniques de la cellule de Leydig : les cristalloïdes de Reinke dont le rôle reste encore totalement inconnu. C. Les tubes séminifères Les TS sont entourés d’une membrane basale. A ce niveau, on distingue des cellules myoïdes péritubulaires dont la contraction favorise la propulsion des spermatozoïdes dans la lumière du tube (les spz tubulaires sont encore immobiles et doivent être éliminés dans les tubes droits puis le rete testis alors qu’ils n’acquièrent leur mobilité que dans l’épididyme). La paroi du 230 tube est tapissée par un épithélium séminifère : stratifié. Il est constitué de 2 types de cellules : les cellules germinales à différents stades de différenciation et les cellules somatiques (= cellules de Sertoli). Si l’on met les TS (150µm de diamètre et 80 cm de long) bout à bout on obtient une longueur estimée de 300 à 900 m. Ces tubes sont vraiment pelotonnés et forment une grande quantité de tissu. 1. Les cellules somatiques Les cellules de Sertoli qui ont un rôle de soutien, d’architecture, créent un environnement propice à la production de spz : la niche. Elles représentent 10% des cellules totales de l’épithélium et ne se divisent plus. Elles sont difficilement visibles (on ne peut pas individualiser toute la cellule) mais elles possèdent un noyau caractéristique (nucléole bien visible). Les cellules sont cylindriques hautes et leur noyau dit en flamme de bougie possède un axe perpendiculaire à l’axe du tube, contrairement aux noyaux des autres cellules qui sont plutôt ronds. Elles se posent toutes sur la basale et ont donc leur noyau au niveau du tiers inférieur de l’épithélium. Ces cellules s’élèvent sur toute la hauteur de l’épithélium. Ainsi la partie apicale de la cellule va jusqu’au contact de la lumière. Elles émettent également des expansions qui se connectent entre deux cellules de Sertoli pour établir des contacts. Cela va permettre de créer un support mécanique aux cellules germinales qui vont aller s’intercaler entre les digitations des cellules de Sertoli. Il existe donc un contact très étroit entre les cellules de Sertoli et les cellules germinales => la cellule de Sertoli donne son architecture à l’épithélium séminifère. Au niveau du pôle basal, les cellules de Sertoli établissent entre elles des jonctions serrées. On a donc un système entièrement étanche au niveau du tiers basal. Ce système va donner la barrière hémato-testiculaire. Ceci va créer deux compartiments : un compartiment basal avec les cellules germinales diploïdes indifférenciées et un compartiment adluminal avec les cellules germinales différenciées. Ainsi ces cellules sont isolées du système immunitaire de l’individu. Ces cellules hautement différenciées vont devenir haploïdes lors de la méiose et risquent d’être reconnues comme étrangères par le système immunitaire avec la formation d’autoanticorps. La barrière hématotesticulaire est essentielle et est supportée par les jonctions serrées entre les cellules de Sertoli. Deux connexines testis spécifiques (connexine cx33 et connexine cx43) entrent en jeu dans la constitution cette barrière hémato-testiculaire, notamment dans la formation de ces jonctions serrées. Le sertoli cell only syndrome correspond à l’absence totale de cellules germinales dans les TS (aucune spermatogonie, ni spermatocyte, ni spermatide). On observe uniquement des cellules de Sertoli. Il est alors possible d’apprécier pleinement la structure des cellules de Sertoli (ce qui n’est pas le cas en condition physiologique). 231 Les cellules de Sertoli ont surtout un rôle de support mais également un rôle essentiel dans la spermatogenèse. En effet, elles régulent, dans une phase très précoce de la spermatogenèse, le devenir des cellules germinales primitives indifférenciées par sécrétion de facteurs paracrines. Lors de la phase de différenciation, elles ont un rôle important dans la phagocytose des résidus cellulaires que vont émettre les spz en formation. Les cellules de Sertoli sécrètent également l’AMH tout au long de la vie. De plus, sous l’influence de la FSH et de la LH, elles vont sécréter de l’activine et de l’inhibine (facteurs protéiques qui régulent le renouvellement de l’épithélium séminifère et la spermatogenèse). Elles secrètent aussi l’androgen binding protein qui va fixer la testostérone. 2. Les cellules germinales La spermatogenèse est la production de cellules hautement différenciées haploïdes (spz) à partir de cellules souches diploïdes indifférenciées : spermatogonies. Cette différenciation se fait de façon centripète. Initialement, les cellules souches sont au contact de la lame basale et se différencient en migrant vers la lumière du TS. Elle dure 74 jour (=1cycle). Il y a 3 phases essentielles : la différenciation/auto-renouvèlement, la méiose et la spermiogenèse. Il y a une vague de spermatogenèse tous les 16 jours, cela crée une spermatogenèse en hélice : c’est à dire que lorsqu’on fait une coupe histologique on peut observer plusieurs stades. La différenciation et l’auto-renouvèlement permettent de maintenir un stock de cellules souches. Certaines de ces cellules souches vont rentrer en différenciation et donner des spermatocytes primaires. Ces spermatocytes primaires vont donner lors d’une 1ère division de méiose des spermatocytes secondaires qui vont eux-mêmes donner des spermatides lors d’une 2ème division de méiose. La méiose dure 24 jours : la 1ère division dure 23 jours alors que la 2ème division ne dure que 24h. C’est pourquoi, sur une coupe histologique, on observe essentiellement des spermatocytes primaires parmi les spermatocytes visibles. Les spermatides ne vont pas se diviser mais se transformer pendant la période de la spermiogenèse. La spermiogenèse dure 23 jours pendant lesquels on va passer d’une cellule haploïde ronde à une cellule toujours haploïde 232 mais de forme allongée avec toutes ses spécificités. On trouve donc également beaucoup de spermatides sur une coupe histologique. 1) Différenciation/Auto-renouvèlement On distingue différents types de spermatogonies que l’on caractérise par leur morphologie mais aussi par leur sructure moléculaire. Il existe au sein des cellules souches plusieurs sous-types : • Les spermatogonies Adark : ce sont des cellules très indifférenciées avec un petit noyau rond et foncé et un cytoplasme très clair. Elles sont présentes contre la membrane basale et représentent les cellules souches primitives. En effet, elles possèdent la capacité de s’autorenouveler (division symétrique) mais également de donner deux types de cellules au cours d’une division asymétrique => une cellule Adark (restant souche mais ne se différencie pas) et une cellule Apale. A partir de cet instant, on est déjà rentré en voie de différenciation. • Les spermatogonies Apale : elles présentent un noyau plus clair. Ces cellules présentent une certaine plasticité, c’est-à-dire qu’elles peuvent revenir sous la forme Adark, mais à priori, elles vont rentrer en voie de différenciation pour donner ensuite un spz. Les spermatogonies Apale se différencient (attention ce n’est pas une division) en spermatogonies B qui contiennent un noyau avec une chromatine en motte. /.\Toutes ces spermatogonies sont des cellules indifférenciées et situées au pôle basal de l’épithélium. Les spermatogonies B vont traverser la barrière hémato-testiculaire pour devenir des spermatocytes primaires. Ces spermatogonies ont un intérêt essentiel en reproduction et dans la préservation de la fertilité. Dans le testicule d’un garçon pré-pubère on trouve beaucoup de cellules de Sertoli et quelques spermatogonies Adark. Les spermatogonies Adark constituent moins de 1% des cellules présentes dans le TS mais sont essentielles car elles possèdent un potentiel à donner des spz. Chez le petit garçon, il n’y a pas de spz car les spermatogonies Adark ne rentrent en différenciation qu’à partir de la puberté. Ainsi avant la puberté, on ne trouve que les cellules de Sertoli et les cellules spermatogoniales. Les enfants souffrant d’un cancer risquent de développer un risque d’infertilité à cause de certains traitements qui sont gonado-toxiques et qui vont détruire les cellules souches spermatogoniales. On peut prélever la pulpe testiculaire chez l’enfant, avant le traitement anti-cancéreux, et la congeler afin de pouvoir isoler les cellules souches et les retransplanter chez la personne devenue adulte et stérile suite au traitement. La transplantation a lieu dans le rete testis. Les cellules seraient capables de faire le chemin inverse et se nicher à la membrane basale des TS au niveau d’un environnement optimal organisé par la cellule de Sertoli. Elles pourraient donc se renouveler et se différencier grâce aux facteurs hormonaux sécrétés par l’adulte. Une autre option est de regreffer la pulpe entière pour que la spermatogenèse puisse avoir lieu directement dans le testicule ou de faire une spermatogenèse in vitro. Ce sont des voies prometteuses de la restauration de la fertilité chez des hommes qui auraient survécu à un cancer de l’enfant. Afin de confirmer ces voies thérapeutiques, on a associé, chez des souris, un gène ubiquitaire (gène de l’actine) à une protéine fluorescente verte => toutes les cellules de l’organisme sont alors colorées en vert fluo. On prend alors les testicules des souris donneuses et on isole les 233 spermatogonies (qui sont elles aussi vertes fluo). On retransplante ces spermatogonies dans le testicule (au niveau des canaux déférents dans cette expérience) d’une souris receveuse préalablement traitée par un stérilisant (traitement anti-cancéreux gonado-toxique) qui a détruit les spermatogonies de la souris hôte. La suspension de spermatogonies de la souris donneuse est introduite avec un produit bleu afin de suivre l’évolution. Les TS de la souris receveuse se colorent en bleu pour montrer que les cellules ont bien été injectées. 10 semaines après, on constate des TS verts (une très grande proportion des cellules de l’épithélium séminifère sont donc fluorescentes) ce qui indique que les cellules injectées ont recolonisé les TS et se sont différenciées avec un cycle de spermatogénèse complet. La souris receveuse a ensuite été accouplée et eu des naissances =>restauration de la fertilité. De plus, si l’on cultive des spermatogonies in vitro, on est capable de les maintenir afin qu’elles produisent des clones (elles ne se différencient pas et gardent leur caractère souche). Cela va permettre une amplification des cellules avant de les transplanter pour améliorer le rendement de la transplantation. 2) La Méiose (la prof est passée rapidement dessus) Un spermatocyte primaire va subir la méiose I, dite réductionnelle pour former 2 spermatocytes secondaires (haploïdes). Puis ces deux spermatocytes secondaires vont entrer en méiose II, dite équationnelle, pour former 4 spermatides (haploïdes). 3) La spermiogenèse Au cours de ce processus, il n’y a plus de division mais uniquement une maturation cytologique du spermatide afin de former un spermatozoïde. Elle est séparée en plusieurs phases : • La phase golgienne : migration et fusion d’éléments golgiens au niveau de la future partie antérieure de la tête pour former le futur sac ou vésicule acrosomial (élément essentiel à la fonction du spz et à la fécondation). Les 2 centrioles vont se déplacer du côté opposé du 234 • • • sac acrosomial, en position postérieure. Le centriole distal se place perpendiculaire à l’axe de la cellule et c’est à partir de ce dernier que se formera le futur axonème (=élément central du flagelle) ; La phase de la cape : la vésicule acrosomiale change de forme, elle s’allonge et vient coiffer le tiers antérieur du noyau. On observe aussi une compaction de l’ADN avec un remplacement des histones par des protamines (spécifiques du spz). Cette compaction va permettre la protection de l’ADN du spz pendant sa migration dans les voies génitales mâles puis femelles. Ainsi des défauts de compaction de l’ADN peuvent être responsables d’infertilité : l’ADN va se fragmenter sous l’effet de stress oxydatif. Cela entraine des échecs de fécondation et de développement embryonnaire. Pendant cette phase, le noyau s’allonge et la cellule commence à s’orienter avec la tête tournée vers le compartiment basal et la partie postérieure vers la lumière ; La phase acrosomiale : on a la création du flagelle avec le développement de l’axonème. Cet axonème est composé d’un doublet de microtubules centraux et de neuf doublets périphériques. Il est présent sur toute la longueur du flagelle. Les mitochondries vont migrer et former une gaine autour de l’axonème au niveau du tiers supérieur du flagelle que l’on nomme la pièce intermédiaire. Cette pièce intermédiaire contient donc l’axonème et la gaine de mitochondries qui permet de la production d’ATP nécessaire au battement du flagelle. L’annulus est la jonction entre la pièce intermédiaire et la pièce principale du flagelle. A partir de cet endroit, la gaine de mitochondries disparait, il n’y a plus qu’une gaine fibreuse qui va, elle, disparaitre au niveau de la partie terminale ; Phase de maturation : modification du cytoplasme avec l’émission de corps résiduels (région du col et de la pièce intermédiaire) phagocytés par les cellules de Sertoli. L’axonème final a la même structure générale que les cils vibratiles, puisqu’il est doté d’un mouvement On distingue : Une membrane plasmique, un doublet central de microtubules et de 9 microtubules périphériques (composés d’un tubule B et un tubule A). Le doublet central a une longueur intermédiaire, il descend moins bas que les microtubules périphériques, c’est à dire jusqu’à la partie terminale du flagelle. Depuis les tubules A partent des bras de dynéines qui peuvent se fixer de manière transitoire au tubule B du doublet voisin. La dynéine possède une activité ATPasique, ce qui permet le glissement des bras de dynéine sur les tubules B voisins et la production d’un mouvement ondulatoire de la tête vers l’extrémité du flagelle. Il est possible dans certaines pathologies d’avoir une absence des bras de dynéines dans le flagelle, cela provoque une immobilité du spz, et donc une cause d’infertilité. 235 La spermiogenèse aboutit à la formation de spz qui sont des cellules hautement différenciées avec un noyau très compacté et allongé, et un sac acrosomial dont le but est de libérer ses enzymes acrosomiques dans l’espace extracellulaire lors du contact avec l’ovocyte afin de traverser les différentes enveloppes (notamment la zone pellucide). Lors d’une biopsie testiculaire, il est important de vérifier si l’on retrouve bien les différentes phases de la spermatogenèse et si l’absence de spz dans l’éjaculat est lié à un blocage de maturation (beaucoup de spermatocytes mais aucune spermatide par exemple), à une absence de cellules germinales ou un problème de spermiogenèse. D. Spermogramme 236 C’est un examen qui permet d’évaluer les capacités fécondantes d’un homme. L’utilité de la détection des ces anomalies est qu’on peut contourner ces déficits grâce à l’assistance médicale à la procréation. Dans certains cas extrêmes, d’absence totale de spz dans l’éjaculat (azoosperie), il est possible de réaliser une biopsie testiculaire à la recherche de spermatozoïdes dans les tubes séminifères (pas assez nombreux pour être dans l’éjaculat) que l’on congèle puis qu’on micro injecte dans des ovocytes par ICSI. Ceci permet l’obtention d’embryons in vitro et de naissances III. Les voies spermatiques Le tractus génital permet l’acheminement du sperme formé par les sécrétions des testicules, des vésicules séminales et de la prostate jusqu’au bout de l’urètre et ainsi son expulsion lors de l’éjaculation. Il est composé des : • Voies spermatiques intra-testiculaires : tubes droits et rete testis • Canaux ou cônes efférents • Canal épididymaire • Canal déférent • Canal éjaculateur • Urètre A. Tubes droits Les tubes droits relient les tubes séminifères du testicule et le réseau du rete testis. - Très courts - 25 microns de diamètre - Epithélium cubique simple - Rôle : conduction exclusivement 237 La transition entre les TS et les tubes droits est très brutale. Elle est caractérisée par - - la disparition de l’épithélium séminifère et l’apparition d’un épithélium simple. La présence sur une courte portion transitionnelle de cellules de Sertoli uniquement (flèche bleue) . B. Rete testis L’albuginée est un épaississement de la capsule du testicule au niveau postérieur qu’on appelle le médiastinum testis (tissu conjonctif très dense) Le réseau du rete testis est creusé au sein de ce médiastinum testis. Le rete testis est composé de canalicules aux diamètres irréguliers. - Epithélium pavimenteux simple aux cellules très aplaties - Rôle : Transport, pas de contraction musculaire. Les spz progressent grâce à la pression intra-testiculaire et à la contraction des cellules musculaires lisses autour des TS. Fonction d’échange visant à modifier la composition du fluide testiculaire (pas de sécrétion mais exclusivement de la réabsorption) C. Canaux efférents Les canaux efférents, qui font suite au rete testis, assurent la sortie du testicule. Ils partent de la partie haute du médiastinum et vont jusqu’à la partie haute de l’épididyme. Ils ont une forme hélicoïdale. ▪ Epithélium simple pseudostratifié qui repose sur une basale comportant trois types cellulaires : o Cellules prismatiques ciliées (cils fragiles qui disparaissent lors des préparations histologiques) o Cellules prismatiques glandulaires : cytoplasme spumeux, noyau au 1/3 basal, 2/3 apicaux remplis par le produit de sécrétion. - Rôle : sécrétion et réabsorption = modification du liquide séminale à la sortie du testicule o Cellules basales de renouvellement ▪ En péri épithélial, on remarque des formations de cellules allongées musculaires lisses. - Rôle : contraction et mise en mouvement des spermatozoïdes immatures encore immobiles à ce stade. 238 Le mouvement de ces spermatozoïdes dépend ainsi de 3 facteurs : o Battements ciliaires des cellules ciliées o Pression intra-testiculaire o Contraction du manchon musculaire (péristaltisme) Les canaux efférents fusionnent en arrivant au niveau de la tête de l’épididyme pour donner naissance au canal épididymaire D. Canal épididymaire Le canal épididymaire est un très long tube mesurant entre 3 et 6m. Il est néanmoins très pelotonné et s’enroule dans un organe de quelques centimètres. Son diamètre est inférieur à 1mm. Il est très facilement palpable lors d’un examen clinique et l’on peut facilement détecter des anomalies. Il est divisé en trois segments correspondants à ceux de l’épididyme : la tête, le corps et la queue. • Epithélium cylindrique (très haut) avec un aspect pseudostratifié de hauteur constante o Cellules à stéréocils : très hautes et cylindriques - Stéréocils : immobiles. Rôle : seulement de disperser les substances sécrétées par l’épithélium o Cellules basales de renouvellement donnant l’aspect pseudo stratifié On remarque une diminution de la hauteur des cellules de la portion proximale (tête) vers la portion distale (queue) avec par conséquent une lumière de plus en plus grande. Il faut 1 semaine environ (chez l’humain) pour que les spermatozoïdes aillent de la tête à la queue. • En péri tubulaire : des formations de cellules musculaires lisses, nécessaires au péristaltisme et au mouvement des spermatozoïdes qui n’acquerront leur mobilité qu’à la sortie de l’épididyme. L’épididyme a un rôle essentiel dans la maturation spermatique : - Fonction de transport grâce à : Pression intra luminale favorisant le mouvement • Péristaltisme (CML péri tubulaires) 239 Maturation : - - Réabsorption au niveau de la tête et du corps Sécrétion de protéines et de lipides au niveau de la queue (α1-4 glucosidase) Concentration de molécules sanguines : carnitine (nutrition) Modification de la composition de la membrane spermatique : des facteurs décapitant vont venir recouvrir les molécules de surface et ainsi empêcher la capacitation et la réaction acrosomique (empêcher l’activation du spz). Ces facteurs décapitant seront détruits et retirés par la glaire cervicale permettant la réaction acrosomique au niveau de l’utérus Modifications structurales, biochimiques, métaboliques des spz : Noyau : condensation accrue de la chromatine : formation de ponts disulfures entre les cystéines des protamines. • Acrosome : maturation des enzymes acrosomiales • Cytoplasme : disparition des dernières gouttelettes cytoplasmiques • Membrane plasmique : modification de la composition lipidique et stabilisation du rapport (stérols/phospholipides) Les spermatozoïdes ont acquis leur mobilité et leur capacité fécondante à la sortie de l’épididyme. E. Canal déférent Le canal déférent est un tube rectiligne vertical qui fait suite au canal épididymaire. Il sillonne dans le cordon spermatique, accompagné des artères, veines, nerfs et lymphatiques du testicule. Les spermatozoïdes restent stockés dans l’épididyme jusqu’à l’éjaculation où ils sont émis par contraction du cordon spermatique. Le cordon spermatique mesure 40 cm de long et 2mm de diamètre. Sa lumière est très étroite et sa paroi est épaisse, tonique et essentiellement musculaire. Elle est composée d’une muqueuse, d’une musculeuse et une adventice. 240 • Epithélium prismatique pseudo stratifié (même cellules que le canal épididymaire) Cellules à stéréocils : dispersion des sécrétions Cellules basales de renouvellement • Chorion muqueux, avec fibre de collagène et élastique, qui soulève l’épithélium de revêtement. Cela donne un aspect étoilé à la lumière avec des replis muqueux. La lame basale est peu visible. • 3 couches de CML : Longitudinal Interne, Circulaire Moyenne, Longitudinal Externe. Ces 3 couches permettent la propulsion des spz mobiles en grande quantité lors de l’éjaculation, par une contraction réflexe des déférents. • Adventice • Sur sa partie terminale, le canal déférent se dilate pour donner l’ampoule du déférent. A cet endroit l’épithélium est prismatique simple. Cette portion a un rôle de réservoir. La vasectomie est une opération de stérilisation masculine consistant en une section/ligature de ce canal déférent. Lors de l’examen clinique, le canal déférent a un aspect tonique à la palpation : « il roule sous les doigts ». Il peut être l’objet de kystes et d’obturation chez un patient infertile. Il peut aussi être absent dans certains cas et cela est dû à une maladie génétique appelée la mucoviscidose génitale ou l’agénésie bilatérale des canaux déférents (ABCD) qui entraine une azoospermie. Les spz ne sont pas éjaculés et restent accumulés dans l’épididyme. 241 F. Urètre L’urètre est un tube creux, composé de 3 portions différentes : ➢ Urètre prostatique : il reçoit le canal éjaculateur qui lui même réunit le canal déférent et le canal de la vésicule séminale. Cet urètre prostatique a un aspect irrégulier et traverse la prostate. ➢ Urètre membraneux : siège du contrôle de la miction grâce à un sphincter externe composé de muscles striés. Cette portion traverse les muscles du plancher pelvien. ➢ Urètre spongieux ou pénien : Son chorion est entouré du corps spongieux (qui est l’un des 3 corps érectiles). On remarque un aspect étoilé donné par le soulèvement de l’épithélium par le chorion. L’épithélium des urètres spongieux et membraneux est cylindrique pseudo stratifié avec glandes muqueuses intra épithéliales (sécrétions lubrifiantes) A la partie distale de l’urètre spongieux, au niveau de la transition avec le gland, on retrouve un épithélium malpighien stratifié Au niveau histologique, l’urètre possède une paroi musculaire épaisse et tapissé par un urothélium. Urothélium : épithélium pseudostratifié particulier composé de cellules basales, de cellules médianes polygonales et de cellules superficielles en parapluie (éviter la réabsorption de l’urine + protection de l’épithélium). Elles reposent toutes sur la membrane basale. Au niveau du gland on a une transition avec l’épithélium malpighien. ▪ G. Pénis Le pénis est constitué d’une série d’enveloppes : ▪ Le muscle dartos, le plus extérieur, juste en dessous des téguments ▪ Fascia cellulo graisseux : (de Buc) ▪ L’albuginée Il comporte 3 corps érectiles : ▪ 2 corps caverneux dorsaux (comportant en leur centre les artères profondes du pénis) recouverts d’albuginé, qui relient ces 2 corps caverneux ▪ 1 corps spongieux ventral (traversé par l’urètre) Un tissu érectile est un tissu comportant de nombreux espaces vasculaires interconnectés : vides au repos et qui se remplissent de sang lors de l’érection grâce aux artères dorsales profondes. Les trabécules (bandes de tissu entre les lacunes) sont formées d’un tissu conjonctif fibro élastique avec du muscle lisse. Les lacunes sont bordées par un endothélium très fin. 242 IV. Les glandes annexes Les glandes annexes au système génital mâle sont : - Les vésicules séminales - La prostate - Les glandes bulbo urétrales (non décrites), rôle de lubrifiant 80% du volume de l’éjaculation est produit par les vésicules séminales et la prostate. A. Vésicules Séminales (70-80% du volume de l’éjaculat) Les deux vésicules séminales sont des sacs ou diverticules, paires, qui s’abouchent au niveau des canaux déférents pour donner les canaux éjaculateurs. La paroi de cette vésicule est très bosselée (organe de 15 cm mais très repliée) - Muqueuse : o Epithélium prismatique simple non cilié • Cellules prismatiques non ciliés mais à rôle de sécrétion avec quelques stéréocils. • 1 seul type de cellules sécrétrices : vacuoles de sécrétion et aspect spumeux du cytoplasme o Chorion fibro-élastique comportant de nombreux replis - Quelques cellules myoépithéliales près de la basale - Muscle lisse en périphérie permet la propulsion du produit de sécrétion dans le canal éjaculateur. Il y a deux couches de cellules musculaires lisses irrégulières. L’éjaculation est un phénomène saccadé : l’épididyme et l’ampoule du déférent se vide en premier puis la vésicule séminale se vide par saccades. - Capsule Conjonctivo-musculeuse - Adventice La vésicule séminale a donc un rôle de sécrétion, et de spermatophagie par la sécrétion de fructose qui est le premier nutriment des spermatozoïdes. Le fructose est donc l’un des marqueurs de bon fonctionnement des glandes séminales (+++). La dysfonction d’une des glandes peut entrainer une diminution de la survie des spz : nécrospermie. B. Prostate La prostate est une glande exocrine lobulée, c’est un organe musculo-glandulaire situé en dessous de la vessie et traversé par l’uretère prostatique et les 2 canaux éjaculateurs. Elle comporte 2 sphincters qui empêchent que l’éjaculat remonte dans la vessie (éjaculation rétrograde) 243 • Interne, lisse, proximal ou supérieur • Externe, strié, distal ou inférieur On décrit 2 zones anatomopathologiques dans la prostate : ➢ Le noyau central à composante fibromusculaire, et à l’origine de tumeurs bégnines ➢ La périphérie à composante glandulaire et qui peut donner des tumeurs malignes La capsule fibro-conjonctive de la prostate s’invagine et émet des cloisons pour former les différents lobes de la prostate. La paroi musculaire de la prostate est épaisse : Longitudinale Interne et Circulaire Externe. Les contractions de ces CML sont nécessaires à l’éjaculation. Le parenchyme glandulaire de la prostate est composé de glandes tubulo-alvéolaires ramifiées donnant à la prostate un aspect en feuille de fougère à fort grossissement. On retrouve une organisation en trois couches de ces glandes : • Muqueuse : proche de l’urètre et se vide directement dans l’urètre : les cellules qui excrètent le produit formé, sont en même temps sécrétrices du liquide. • Sous muqueuse : possédant des cellules musculaires dont la fonction est de favoriser l’éjaculation du liquide. Ces glandes sont revêtues d’un épithélium prismatique simple ou pseudo stratifié • • Cellules cylindriques ou cubiques sécrétoires (cytoplasme spumeux) Cellules basales de renouvellement aplaties : aspect pseudo stratifié On retrouve beaucoup de collagène entre les glandes, ainsi que des fibres musculaires dans les cloisons conjonctives séparant la glande en lobules. Ces fibres musculaires participent à l’expulsion des produits de sécrétion et donc à l’éjaculation. Les sécrétions prostatiques sont nombreuses et diverses - Phosphatase acide et zinc : marqueur du fonctionnement de la prostate - Prostate spécifique antigène (PSA) : suivi dans les adénomes, K, prostatite - Enzyme : Amylase (permet la liquéfaction du sperme) - Fibrinolysine Lorsque la prostate dysfonctionne le pH du liquide prostatique devant basique ce qui n’est pas propice à la survie des spz. Le pH du liquide séminal est un bon témoin du fonctionnement de la prostate. On retrouve des corps amyloïdes sécrétés : ils correspondent à des agglutinats de sécrétions prostatiques : des calculs/sable prostatiques provoquant des crises douloureuses chez certains patients. 244 C. Biochimie Séminale La biologie séminale permet l’exploration du fonctionnement de l’épididyme (carnitine, alpha 14 glucosidase), de la vésicule séminale (fructose) et la prostate (zinc, citrate, phosphatase acides). Ces marqueurs sont importants pour connaître le fonctionnement des glandes. Ils peuvent montrer la présence et préciser la localisation d’une obstruction en cas d’azoospermie. En cas de nécrospermie (spermatozoïdes morts) ils peuvent permettre de diagnostiquer un disfonctionnement de l’épididyme par exemple. Cette biologie séminale permet de diagnostiquer différentes pathologies du tractus génital. Voir tableau. 245 Mot du RT : Cours était divisé en deux l’an dernier, voilà la raison pour laquelle il est long … Il a été relu par la prof. Petite Boutade : C'est deux potes : - Hey mec, ta bite fait la même taille que mon tic tac menthe. - Oui, mais hier c'est ta mère qu'avait l'haleine fraîche ! 246 247 248 249 250 UE9 – histologie – TP n°1 RT : Solenne Hulot 26/04/2017 RL : Marine Consigny TP1 d’histologie : les glandes endocrines Plan : I. La thyroïde II. Les parathyroïdes III. Les surrénales IV. L’hypophyse Objectifs : Savoir reconnaître les lames : thyroïde, surrénale, hypophyse Savoir décrire un organe plein et identifier les structures Savoir reconnaître le type d’architecture d’une glande Savoir décrire un épithélium glandulaire Connaître l’organisation histologique et fonctionnelle et la relation structure/fonction Mot du RT : Ce n’est pas un TP compliqué, ça reprend bien le cours. Je vous conseille d’aller voir les lames sur le site de la fac pour pouvoir zoomer à votre guise. 251 I – La thyroïde Poids : 30-40g Fonction : régule le métabolisme, synthétise les hormones thyroïdiennes Organe plein Coloration : quand on zoom, on peut voir du rose, du violet et du jaune-orangée en périphérie qui correspond au tissu conjonctif. C’est donc une coloration HES (safran). On peut observer : • Une capsule de tissu conjonctif qui a une fonction de protection (présence d’adipocytes), de vascularisation (capillaires fenêtrés) et d’innervation • Des travées de tissu conjonctif qui pénètrent dans la glande et apportent la vascularisation. • Des follicules entourés d’un épithélium cubique simple formé par les thyréocytes, possédant de la substance colloïde au centre (zone de stockage) et des vacuoles de résorption. • Il n’y a pas de canaux excréteurs. L’activité de la glande est mise en évidence par une diminution de la taille des follicules, par un épithélium qui devient prismatique et par la présence de vacuole de résorption. Elle permet de différencier en anapath si on a à faire à des nodules froids ou des nodules chauds. Enfin, on peut trouver dans la thyroïde entre le pole basal des thyréocytes et la membrane basale des cellules C qui sont difficilement visible avec une coloration classique. Leur cytoplasme est plus clair, aplati. Ces cellules sécrètent la calcitonine. 252 Question 1 : Parmi ces propositions concernant la thyroïde, lesquelles sont exactes? A. la synthèse des hormones thyroïdiennes se fait en deux temps, stockage dans la colloïde puis excrétion dans un canal excréteur B. on peut observer plusieurs vésicules de colloïde sur une même coupe C. les thyréocytes possèdent des récepteurs à la TSH D. les vacuoles de résorption traduisent une activité cellulaire et proviennent de l'endocytose de la colloïde E. les cellules C, sont situées à la partie apicale des thyréocytes Réponse : B, C et D vraies II- Les parathyroïdes Au nombre de 4 Poids = 35 mg : 1er critère de pathogénicité, varie peu en fonction du poids de la personne mais varie un peu en fonction de l’âge à cause de l’infiltration graisseuse Organe plein Coloration : on n’observe pas 3 couleurs donc ce n’est pas un trichrome. C’est une coloration au PAS qui colore en violet le glycogène de la lame basale. Sur le bord : espèces de grandes cellules qui ont l’air vide : tissu adipeux on observe : • une capsule de Tissu conjonctif : fonction d’innervation, de vascularisation et de protection • une architecture en lobule avec des travées qui pénètre dans la glande • des adipocytes, plus on vieillit plus il y en a, on appelle ça l’involution adipeuse de la parathyroïde. 253 • Des cellules homogènes, organisées en travées, de même taille, avec un noyau rond, et des grains de sécrétions (parathormone) Le dosage de la parathormone permet directement en chirurgie de voir l’efficacité de l’opération car il y a une régulation immédiate de la sécrétion => contrôle qualité. III- Les surrénales Situation : au-dessus des reins Jaune-orange en macroscopique, ce qui montre que c’est une glande très grasse dû à la sécrétion de corticoïdes (=lipides) Organe plein Coloration : on voit 3 couleurs, c’est un trichrome vert On peut voir une capsule de tissu conjonctif qui apparaît verte avec des adipocytes. On observe deux couches : le cortex (provient du coelome) et la médullaire (d’origine neuroblastique) • Cortex, 3 zones : ▪ La glomérulée est caractérisée par des cordons boursoufflés, sécrète des mineralocorticoïdes (=aldostérone), les cellules sont plus foncées. ▪ La fasciculée est caractérisée par des cellules alignées, plus claires, avec des vacuoles blanches, ce sont des vacuoles lipidiques. Elle sécrète des corticoïdes et un peu d’androgène. ▪ La réticulée est la couche la plus proche de la médullaire, les cellules y sont plus foncées, elles forment un maillage désorganisé. On peut aussi y trouver 254 des grains marrons, ce sont des grains de lipofuscine (=sécrétion d’androgènes). On y trouve aussi une petite sécrétion de cortisol. • La médullaire est plus claire, ressemble à l’organisation de la parathyroïde, les cellules sont peu organisées, les noyaux sont ronds et on y trouve des grains de sécrétion qui contiennent des catécholamines et deux types de cellules mais pas reconnaissable sur une coupe classique (faudrait faire une immunohistochimie) Vascularisation : l’artère surrénale donne des artérioles puis des capillaires dans le cortex qui rejoignent la médullaire puis donne des veinules qui se jettent dans la veine centrale puis dans les veines surrénaliennes. Question 2 : Parmi ces propositions concernant la surrénale, lesquelles sont exactes? A. la médullosurrénale est d'une origine embryologique distincte de celle de la corticosurrénale B. la médullosurrénale élabore deux hormones: l'adrénaline et la noradrénaline C. la médullosurrénale n’est pas vascularisée D. la noradrénaline et l’adrénaline sont sécrétées par deux types cellulaires distincts constituant la médullosurrénale E. la médullosurrénale comporte une couche glomérulée externe Réponse : A, B et D vraies Question 3 : Parmi ces propositions concernant les glandes endocrines, lesquelles sont exactes? A. les glandes endocrines produisent des hormones B. Le produit de sécrétion des glandes endocrines est déversé dans la circulation sanguine C. l’immunohistochimie permet l’identification de types cellulaires particuliers D. l’action hormonale est à distance sur les organes cibles E. les cellules endocrines sont toujours d’origine épithéliale Réponse : A, B, C et D vraies 255 IV – L’hypophyse Deux parties : l’antéhypophyse et la posthypophyse qui ont deux origines embryologiques différentes. La première dérive de l’entoblaste stomodéal qui s’invagine et forme la poche de Rathke, le deuxième dérive d’une évagination du plancher du diencéphale. Ce n’est pas une hypophyse humaine mais animale sur la lame. L’antéhypophyse est constituée de 3 lobes = antérieur, intermédiaire (tout petit chez l’homme mais utile chez les animaux qui vivent de nuit car sécrète la MSH) et tubéral. L’adénohypophyse (partie supérieure de la lame) comportent des cellules organisées en lobules, de manière homogène. Les différents types de cellules ne sont pas différenciable en marquage classique mais en immunohistochimie. Il est tout de même important de savoir que les cellules somatotropes (GH) sont les plus nombreuses et que les cellules thyréotropes (TSH) sont les plus rares. Les autres types de cellules sont : corticotrope (ACTH), gonadotrope (LH, FSH), lactotrope (Prolactine) La neurohypophyse est composée de la tige pituitaire et du lobe postérieur, l’architecture est différente, ce sont des axones entourés de gaine de myéline (plus claires), les corps cellulaires sont dans l’hypothalamus. On y trouve des cellules de soutien : des cellules gliales (astrocytes et pericytes) 256 Question 4 : Parmi ces propositions concernant l’adénohypophyse, lesquelles sont exactes? A. les techniques immunohistochimiques ont dépassé les méthodes histologiques traditionnelles dans l'étude de l'antéhypophyse B. on définit cinq types de cellules antéhypophysaires en fonction de leur produit de sécrétion C. les cellules somatotropes, sécrétrices de l'hormone de croissance, sont les plus nombreuses D. les cellules sécrétrices de prolactine augmentent pendant la grossesse E. les cellules sécrétant l’hormone antidiurétique sont situées dans l’antéhypophyse Réponse : A, B, C et D vraies Question 5 : Parmi ces propositions concernant l’hypophyse, lesquelles sont exactes? A. l’adénohypohyse et la neurohypohyse ont une origine embryologique différente B. les cellules corticotropes sécrè tent l'ACTH ne sont retrouvées que dans la neurohypophyse C. les cellules thyréotropes sont les moins nombreuses occupant seulement 5 % de l’adénohypohyse D. les cellules gonadotropes sont responsables de la sécrétion des gonadotrophines FSH et LH uniquement chez la femme E. il existe des tumeurs de l’adénohypophyse qui produisent des hormones en quantité importante Réponse : A, C et E vraies A vous de jouer ! : découvrez l’organe représenté sur les différentes lames Lame 1 : • • Organe plein Capsule en périphérie 257 • Organisation folliculaire et présence de colloïde Thyroïde inactive (pas de vacuole de résorption) Lame 2 : • • • Capsule Adipocyte Architecture homogène, en cordons avec des grains de sécrétion parathyroïde Lame 3 : • • • • organe plein architecture cunéiforme, lobulaire tissu conjonctif autour avec des travées avec des angles aigus 2 types cellulaires : - acini séreux avec des canaux excréteurs - Amas de cellules plus claires : ilots de Langerhans Pancréas 258 259 260 UE9 – Histologie – TP n°2 28/04/17 RT : Charles MADAR RL : Paul de Chargères TP2 d’histologie : L’appareil génital masculin Plan : I. Lame 1 : Testicule et épididyme II. Lame 2 : canal déférent III. Lame 3 : prostate IV. Lame 4 : Pénis et urètre pénien Mot du RT : On était dans la salle de TP de le professeur d’amphi ce qui m’a permis de lui poser quelques questions. (Non ce n’est pas de la chance, on était tellement peu qu’ils n’ont ouvert qu’une seule salle) Elle trouve que les ronéos de TP d’histo sont inutiles, en effet le tp n’est pas un cours mais plutôt quelque chose d’interactif qui nous permet de visualiser tout ce qu’on voit en amphi et poser nos questions. Elle comprend donc que les étudiants attendent la ronéo pour les cours magistraux mais ne pas venir aux TP c’est dommage car on aura une épreuve d’histo en D1 et c’est en TP qu’on s’y prépare. 261 I. Lame 1 : Testicule – épididyme Sur cette lame, on distingue une coupe de testicule : on voit le testicule en bas, épididyme en haut. On s’intéresse d’abord au testicule. On observe du tissu conjonctif autour qui contient : des noyaux, des fibres et des vaisseaux. L’organe est délimité par cette capsule conjonctive observable en périphérie. C’est l’albuginée. Elle envoie des cloisons de tissus conjonctifs dans le parenchyme, ces cloisons délimitent des lobules. A l’intérieur de cette capsule, on observe à première vue une multitude de tubes. Ces tubes sont séparés les uns des autres par du tissu conjonctif. Dans un lobule il y a 2 ou 3 tubes séminifères. Description de la cavité (= du tuyau) : -‑‑ L’épithélium : on observe des noyaux de différentes formes et hauteurs (on en observe des longs et des allongés). L’épithélium est ici stratifié complexe car les cellules évoluent de la périphérie vers le centre). -‑‑ Le tube séminifère est entouré d’une lame basale à l’intérieur de la partie collagénique (collagène, fibroblastes) -‑‑ La cavité possède une bonne lumière. Plusieurs types de cellules dans l’épithelium → Cellules de Sertoli : Ce sont de grosses cellules, dont le noyau est en flamme de bougie et reconnaissable grâce à son gros nucléole. On les retrouve au tiers basal de l’épithélium. Elles délimitent un compartiment basal et un compartiment adluminal. Elles forment la barrière hématotesticulaire qui protège les spermatozoïdes (haploïde) du système immunitaire. → Cellules souches : les spermatogonies. Il faut les chercher près de la lame basale sur les coupes. Elles ont un cytoplasme clair. → Spermatocytes : reconnaissables à leur chromatine hétérogène → Spermatides Dans l’interstitium (entre les tubes séminifères) : 262 → Amas de cellules = cellules de Leydig, elles sont regroupées autour de vaisseaux sanguins et synthétisent de la testostérone. (L’épithélium n’est pas vascularisé mais il y a de nombreux vaisseaux alentours) → Cellules polygonales, gros cytoplasme clair (car elles sécrètent la testostérone à partir de cholestérol qui rend le cytoplasme clair) → Fibroblastes Détail de la lame 1 : Ici, grossissement sur un tube séminifère. Les tubes séminifère sont normalement accolés les uns aux autres, l’espace est un artefact de coupe. On retrouve des cellules musculaires lisses péri-tubulaires avec un noyau allongé contre la lame basale. 263 Détail de la lame 1 : Rete testis : C’est un épaississement de l’albuginée (médiastinum testis ) avec des fentes qui sont des canaux anastomosés. Epithélium simple pavimenteux. Dans la lumière : spz et débris cellulaires. A la transition tube séminifère, tube droit l’épithélium est uniquement composé de cellules de Sertoli. L’épithélium du tube droit est cubique simple. L’épithélium du rete testis est pavimenteux simple. Cônes efférents : Le passage à l’épididyme se fait par les cônes efférents qui ont un épithélium irrégulier) et des cellules ciliées. 264 Tête de l’epididyme : --- capsule de tissus conjonctifs --- l’épididyme récolte les canaux efférents : on passe d’un épithélium irrégulier à un épithélium régulier (toujours de la même taille) pseudo stratifié, avec des cellules prismatiques. (comparer cette lame avec la précédente, on voit très bien la différence). -‑‑ stéréocils (non vibratils !! c’est pour la sécrétion/réabsorption) -‑‑dans la lumière, les spz acquièrent leur mobilité / !\ La hauteur des cellules épithéliales et la taille des stéréocils diminuent de la tête vers la queue de l’épididyme. --- Cellules de renouvellements --- Cellules musculaires II. Lame 2 : canal déférent Le canal déférent part de la queue de l’épididyme. On observe un canal centré sur une lumière en étoile. La paroi est très épaisse par rapport à l’épithélium. (très caractéristique) La paroi comporte 3 tuniques : -‑‑ la muqueuse : épithélium (borde la lumière) + chorion -‑‑ musculeuse (+++) -‑‑ l’adventice en périphérie 265 La musculeuse comporte 3 couches : -‑‑ la plus interne a une organisation longitudinale, -‑‑ celle du milieu (la plus grosse des couches) possède une organisation circulaire, -‑‑ l’externe possède une organisation longitudinale. Ce qui est caractéristique de ce tuyau c’est la musculaire très épaisse et la petite lumière. Détail lame 2 : épithélium et chorion L’épithélium est pseudostratifié, les cellules comportent des stéréocils comme différenciation apicale. Le chorion est riche en fibres élastiques. Le chorion est en bleu (c’est du tissus conjonctif: le collagène apparait en bleu en coloration au trichrome de Masson) 266 III. Lame 3 : prostate Organe lobulé, entouré d’une capsule. La prostate est une glande tubulo--alvéolaires ramifiée. Sa capsule émet des travées ; le parenchyme est dit en feuille de fougères Le canal au centre est l’urètre. Détail lame 3 Dans la prostate : travées conjonctives et au milieu de toutes ces travées, on retrouve un labyrinthe d’épithélium formant des replis formant une cavité centrale. L’épithélium de ces travées est simple. Il y a des cellules basales et au‑dessus, on trouve des cellules prismatiques ou parfois cubiques, qui ont un cytoplasme clair et spumeux. Il y a aussi des cellules endocrines, mais 267 elles ne sont pas visibles ici en microscopie (il faut une coloration spéciale pour les voir à l’intérieur de l’épithélium). Le stroma de la prostate (sous l’épithélium) contient des cellules musculaires lisses (bien visibles sur ce détail). IV. Lame 4 : pénis – urètre pénien Coloration HES (hématéine/éosine/safran) On observe 3 éléments recouverts d’un tissu conjonctif. Les deux masses côte à côte correspondent aux 2 corps caverneux et celle au milieu en bas correspond au corps spongieux. En jaune c’est l’albuginée qui lie les corps spongieux. 268 Le corps caverneux est très vascularisé +++. Tout autour de cette artère, on observe une multitude de vaisseaux, de capillaires remplis de sang. On voit les globules rouges, délimités par endothélium : ce sont les sinus remplis de sang. Autour on trouve du tissu conjonctif (en jaune) repérable sur ce fort grossissement ci‑dessous, ainsi que les hématies L’urètre membraneux et pénien n’est plus tapissé d’un urothélium. On retrouve des glandes exocrines, lubrifiante au niveau de l’urètre pénien. 269 Fiche récapitulative Testicule/épididyme Le testicule est entouré en périphérie par une capsule conjonctive: l’albuginée. Elle émet des cloisons dans le parenchyme délimitant des lobules, au sein desquels on trouve 2 à 3 Tubes séminifères séparés par du Tissu Conjonctif. Chaque tube est entouré par une lame basale, tandis que la lumière du tube est bordée par un Épithélium stratifié contenant : - Les cellules de Sertoli : Noyau en flamme de bougie + gros nucléole - Les spermatogonies (cellules souches) - Les spermatocytes - Les spermatides L’interstitium contient, des Fibroblastes et des Cellules de Leydig. Ces dernières s’organisent en amas de cellules autour de vaisseaux sanguins, elles sont polygonales à cytoplasme clair. On voit également le Rete Testis (épaississement de l’albuginée) A la transition tube séminifère, tube droit l’épithélium est uniquement composé de cellules de Sertoli Les Canaux efférents caractérisés par un épithélium irrégulier à cellules ciliées partent du Rete testis L’épididyme récolte les canaux efférents, et est le lieu de stockage des spermatozoïdes. On y voit une capsule conjonctive avec nombreux Canaux, dont la lumière bordée par un épithélium régulier prismatique pseudo‑stratifié, permet la maturation des spz. Canal Déférent Part de la queue de l’épididyme. Il est centré sur une lumière virtuelle avec une paroi très épaisse en 3 couches : - La muqueuse bordée par un épithélium pseudo-stratifié à stéréocils, dont le chorion est riche en fibres élastiques. - La musculeuse en 3 couches (longitudinale interne/externe et une circulaire intermédiaire) - L’adventice. Prostate C’est une Glande tubulo alvéolaire ramifiée. Elle apparaît comme un Organe lobulé entouré par une capsule conjonctive. On y voit des travées conjonctives avec au milieu, un labyrinthe d’épithéliums simple, dont les replis forment une cavité centrale. Pénis‑Urètre pénien On distingue d’emblée 3 corps érectiles et une zone Conjonctive qui entoure les corps érectiles. Le corps caverneux est richement vascularisé, il est centré sur l’artère avec tout autour des sinus remplis de sang. Au niveau du corps spongieux, on voit une cavité, c’est l’urètre pénien, qui est bordé par un épithélium qui n’est plus pseudo stratifié, et n’est plus un urothé lium. 270 UE9 – Endocrinologie et reproduction – Sémiologie - n°5 28/04/17 Marie GOSSET [email protected] RT : LE GALL Aurore RL : DE PUYRAIMOND Chloé Définitions et termes utilisés en gynécologie, examen gynécologique et sémiologie de la glande mammaire Plan : I. L’interrogatoire A. Motif de consultation B. Antécédents C. Symptomatologie fonctionnelle 1) Saignements anormaux 2) Leucorrhées 3) Algies pelviennes 4) Syndrome pré-menstruel 5) Autres II. L’examen clinique A. Examen abdominal B. Examen gynécologique C. Examen au spéculum D. Frottis cervical E. Colposcopie F. Toucher vaginal G. Toucher rectal III. Troubles de la statique pelvienne A. Prolapsus génital B. Douleurs pelviennes C. Incontinence urinaire IV. Examen des seins 271 I. L’interrogatoire A. Motif de consultation Dans un premier temps, il faut prendre contact avec la patiente pour la mettre en confiance, et ne pas sauter sur le spéculum. On peut lors de l’interrogatoire demander s’il y a un motif de consultation précis. Une consultation peut faire partie d’un simple suivi, ou alors peut être l’objet d’un motif plus particulier. Dans ce cas, la patiente pourra ne pas forcément dire explicitement la raison de sa venue puisque c’est un sujet intime qu’elle peut avoir du mal à évoquer. C’est à vous de voir, au cours de l’interrogatoire, s’il peut y avoir une raison particulière en demandant des informations, notamment les antécédents et les symptômes. Ces renseignements permettent de savoir si la patiente fait partie d’un groupe à risque ou non, et si elle présente des contreindications à certains traitements. B. Antécédents Antécédents gynécologiques • • • • • • • • Puberté : âge de survenue, troubles éventuels, Âge des premières règles et description des cycles : régularité (tous les combiens ?), abondance et durée des règles, syndromes prémenstruels (douleur), Âge des premiers rapports (attention aux patientes vierges qui ne le disent pas spontanément : un examen au spéculum ne se fait pas) et nombre de partenaire(s), Notions d’infections génitales Suivi de gynécologique correctement effectué, avec frottis tous les 3 ans, et examens des seins faits régulièrement, Contraception : nature (stérilet, pilule, implant, préservatif …) durée, tolérance (parfois, les patientes changent de contraception, si elles ne sont pas bien tolérées) Pré ménopause ou ménopause : date, modalités, traitements (traitement hormonal, substitutif de la ménopause, notamment pour les suspicions de cancers) Traitement : coelioscopique, au laser ou inducteurs de l’ovulation Antécédents obstétriques • • • • • • Nombre de grossesses : gestité, et nombre d’enfant : parité, on note GxPx (par exemple, grossesse gémellaire G1P2, ou une grossesse et une fausse couche G1P0), Date des accouchements, Interruption Volontaire de Grossesse, fausses couches ou grossesse extra-utérine, Pathologies éventuelles survenues pendant la grossesse : diabète gestationnel, ou autre Déroulement de l’accouchement : hémorragie pendant la délivrance, déchirure du périnée, infections des seins, Complications après l’accouchement. Antécédents personnels • • • • • • Traitements personnels, Allergies, Antécédents de chirurgie abdominale : gynécologiques, digestifs, urologiques, Ne pas oublier une éventuelle malformation congénitale, Facteurs de risque cardio-vasculaires, Traitements thromboemboliques. 272 Antécédents familiaux • • • Maladies générales, notamment diabète (qui peut être un facteur de risque gestationnel), Pathologies tumorales : beaucoup de cancers gynécologiques sont liés à des facteurs génétiques, on veut savoir s’il y a eu des cancers du sein, de l’ovaire, ou du colon (le syndrome de Lynch touche le colon et l’endomètre) Maladies familiales génétiques (syndrome de Turner ou X fragile qui peuvent avoir un impact sur la fertilité de la patiente) La gynécologie touche parfois au couple, on peut ainsi avoir un couple en consultation, ou une femme seule. Il faut également poser des questions sur le conjoint, savoir si son partenaire a changé récemment, ou si elle est dans une relation stable, savoir s’il s’agit d’une consultation de fertilité ou de début de grossesse, et il faut savoir si le conjoint a des pathologies. C. Symptomatologie fonctionnelle Rappel : Le cycle se déroule comme suit : • Premier jour des règles = desquamation de l’endomètre • Phase folliculaire = prolifération de l’endomètre • Ovulation • Phase lutéale = phase sécrétoire 1. Saignements anormaux Il faut différencier : • Ménorrhées : saignements en rapport avec les règles • Métrorragies : saignements anormaux d’origine utérine sans rapport avec les règles (Ces deux termes ne s’appliquent qu’aux saignements d’origine utérine.) On distingue ensuite différentes anomalies : • Troubles du cycle : o Pollakiménorrhée : cycles menstruels courts, tous les 20 jours ou moins, o Spanioménorrhée : cycles menstruels longs (allongement de l’intervalle qui sépare les règles), supérieurs à 45 jours (patientes infertiles et/ou avec ovaires poly‑kystiques), o Anisoménorrhée : cycles anarchiques. • Troubles de la durée : o Hypoménorrhée : règles < 3 jours o Hyperménorrhée : règles > 8 jours • Troubles de l’abondance o Oligoménorrhée : règles trop peu abondantes o Polyménorrhées : règles trop abondantes o Ménorragies : hyperpolyménorrhée • Aménorrhée : absence de règles. o Dite primaire, lorsque la patiente n’a jamais eu ses premières règles. On ne s’inquiète pas de cela tant que la patiente n’a pas encore 18 ans. o Dite secondaire lorsque la patiente n’a pas eu ses règles depuis 3-6 mois. La première cause d’aménorrhée secondaire est la grossesse, donc il faut toujours faire un test de grossesse avant une investigation plus poussée. 273 • Troubles sexuels o Vaginisme : contractions involontaires des muscles péri-vaginaux. o Dyspareunie : douleurs survenant au cours des rapports sexuels ; superficielle quand elle survient au moment de l'intromission ; profonde quand elle survient durant le rapport. o Baisse de la libido : déficience persistante et récurrente des fantasmes et des désirs incitant à l’activité sexuelle o Anorgasmie : absence réitérée et persistance d’orgasme, malgré une phase de stimulation appropriée dans sa localisation, sa durée et son intensité. 2. Leucorrhées Les leucorrhées sont définies comme étant des écoulements vaginaux non sanglants. Elles peuvent être physiologiques (plus abondantes lors de l’ovulation, blanches ou transparentes et non odorantes) ou pathologiques (malodorantes, verdâtres). Par exemple une mycose va causer des leucorrhées très reconnaissables blanchâtres et grumeleuses. 3. Les algies pelviennes On distingue les douleurs pelviennes aigues, des douleurs chroniques. Elles sont à mettre en relation avec le cycle, par exemple l’endométriose est une pathologie qui entraine des douleurs durant les règles. On doit faire préciser la localisation (fosse iliaque droite ou gauche, ou région hypogastrique), et le type de douleur pour s’orienter vers la bonne pathologie. 4. Syndrome pré-menstruel Ensemble de symptômes physiques, psychologiques et comportements gênants sans cause organique, survenant régulièrement pendant la phase pré-menstruelle et disparaissant ou régressant de façon significative pendant le reste du cycle. Les signes physiques sont dominés par des manifestations congestives œdémateuses qui touchent électivement certains territoires : seins (augmentations de volume ; tension mammaire, mastodynies (= seins douloureux), abdomen (ballonnement), extrémités (œdèmes). Une prise de poids est parfois possible. Les signes neuropsychiques sont constitués principalement par l’altération de l’humeur : irritabilité, agressivité, dépression, anxiété, nervosité, crise de larmes, labilité émotionnelle. On peut également voir des difficultés de concentration, des modifications du comportements alimentaires (anorexie, boulimie) et de la libido. Dans certains cas, ce syndrome pousse à prescrire la pilule, pour que les symptômes soient moins envahissants. 5. Autres Une patiente peut se présenter en consultation pour un problème d’infertilité (terme préférable à stérilité). Elle est primaire si la patiente n’a jamais eu d’enfant, ou secondaire, si elle en a déjà eu (fausse couche, grossesse extra-utérine et IVG sont également pris en compte). Une pathologie mammaire ou des troubles de la vie sexuelle peuvent aussi conduire une patiente à aller voir un gynécologue. 274 II. Examen Clinique On essaie de mettre en condition la patiente, et on commence par un examen général : taille, poids, âge… A. Examen abdominal On fait en premier lieu un examen abdominal classique en décubitus dorsal, jambes allongées, puis semi-fléchies, paroi abdominale relâchée. Inspection : on cherche des cicatrices, on regarde l’orifices ombilicales, les orifices herniaires. Palpation : on peut palper un syndrome tumoral abdomino-pelvien, on examine les 9 cadrans abdominaux et on cherche à localiser les zones douloureuses ; on peut voir une ascite liée à la carcinose péritonéale engendrée par l’endométriose. B. Examen gynécologique On installe la patiente en position gynécologique, en décubitus dorsal, jambes fléchies en abduction, avec les genoux vers l’extérieur pour faciliter l’examen, et les fesses au bord de la table pour ne pas gêner l’utilisation du spéculum. Dans un premier temps, on regarde les organes génitaux externes : en regardant la vulve, on peut apprécier la trophicité des tissus et le développement des caractères sexuels secondaires : pilosité et anatomie avec grandes lèvres développées et pigmentées, clitoris apparent et petites lèvres (pigmentées à l’extérieur et non pigmentées à l’intérieur). En cas de pathologie infectieuse, différents symptômes sont visibles : une mycose se manifeste par une vulvite (vulve très rouge), l’infection au papillomavirus se traduit par des condylomes, et l’herpès apparaît sous forme de sortes de verrues à la surface des lèvres (ressemble à un herpès labial : vésicule qui éclate et voit une phase crouteuse). Il peut également y avoir des abcès ou kystes touchant des glandes vestibulaires, s’abouchant à l’entrée du vagin (glandes de Skene ou de Bartholin). On cherche d’éventuelles séquelles d’accouchement (traces d’épisiotomie, de déchirure, de fistules, brides vaginales) qui peuvent être source de béance vulvaire. On peut aussi voir des malformations vulvo-vaginales (cloison vaginale) ou encore des problèmes d’imperforation de l’hymen. En cas d’hyperpilosité, on peut suspecter un problème hormonal : on parle de virilisation, aussi appelé hirsutisme, souvent accompagné d’autres signes physiques (acné, séborrhée, calvitie avec ébauche de golfes temporaux, voix grave, rauque, hypertrophie musculaire avec morphotype masculin, hypertrophie clitoridienne et modification du caractère). Attention : on distingue l’hirsutisme qui est une hyperpilosité androgéno-dépendante, et l’hypertrichose qui elle est non androgéno-dépendante. 275 C. Examen au spéculum Pour insérer le spéculum, il faut s’appuyer sur la fourchette postérieure (rebord inférieur du vagin). Plusieurs techniques existent. Souvent, on insère le spéculum de manière horizontale (sens de la vulve), puis on le tourne horizontalement avant de l’ouvrir pour observe le col. Il faut toujours être très doux, lubrifier le spéculum avant, écarter les petites lèvres (sinon elles rentrent dans le vagin ce qui est très désagréable). Il faut appuyer le spéculum contre la fourchette postérieure spéculum, car s’il est appuyé contre le méat urétral, l’examen peut être très douloureux. Les spéculums de bloc opératoire sont assez gros et en métal, tandis qu’en consultation des spéculums en plastique plus petits sont utilisés. Lors de cet examen, on peut voir l’orifice cervical, et la zone de transition entre l’épithélium malpighien stratifié du vagin sur l’exocol, et l’épithélium glandulaire monocouche de l’endocol. On peut ainsi reconnaitre des ectropions (sortie de l’exocol dans le vagin, peut survenir en début de grossesse et entrainer des saignements car l’exocol est une zone plus fragile et plus friable) ou bien des cancers : L’examen va aussi nous permettre d’apprécier d’éventuelles leucorrhées dont l’aspect pathologique évoque une infection génitale basse et doit faire rechercher des signes associés : fièvre, douleurs pelviennes, métrorragies, prurit vulvovaginal, dyspareunies, troubles urinaires. Les leucorrhées sont physiologiques si elles sont isolées, sans signe d’irritation, sans odeur nauséabondes et sans polynucléaires au prélèvement vaginal. 276 D. Frottis cervical Un frottis permet le dépistage du cancer du col de l’utérus. Les frottis sont réalisés dès le début de l’activité sexuelle de la patiente, ou bien à partir de 25 ans jusqu’à 65 ans. Les deux premiers frottis se font à 1 an d’écart, puis s’ils sont normaux, les autres se font tous les 3 ans. Ils sont toujours réalisés après le toucher vaginal, de préférence en dehors de la période des règles et en dehors d’un épisode infectieux génital, qui risqueraient de fausser les résultats. On effectue un double prélèvement : prélèvement de l’exocol et de l’endocol. Pour l’exocol, on récupère des cellules à l’aide d’une spatule Ayre en bois, et par un mouvement rotatif sur la partie externe du col. Pour l’endocol, on introduit un écouvillon dans le canal endocervical et par un mouvement de va-et-vient, on recueille des cellules glandulaires. Chaque prélèvement est étalé sur une lame de verre, et fixé immédiatement à l’aide d’un spray, puis envoyé à l’anapath. E. Colposcopie En cas de zone suspecte (ulcération, zone rouge, ou vascularisation anormale), on peut aller plus loin et faire une colposcopie. Il s’agit d’un examen plus précis, puisqu’on observe le col à l’aide d’une loupe. La colposcopie suit un protocole en 3 étapes : 1. Prélèvement sans préparation. 2. Coloration à l’acide acétique, qui localise la zone de jonction, et colore les protéines des cellules en multiplication, ce qui donne une zone blanchâtre. 3. Coloration au Lugol, qui colore le glycogène, donc les cellules matures. La zone iodo-négative (qui ne prend pas la coloration) est anormale. On pourra ensuite faire des biopsies dirigées sur les zones de transformation atypique acidophiles iodo-négatives. F. Toucher vaginal C’est un examen fondamental dans l’exploration du pelvis féminin, qui ne se fait pas si la patiente est vierge. Le toucher vaginal se fait en position gynécologique et est bi-digital et bi-manuel. On s’appuie sur fourchette postérieure pour éviter méat urétral, puis on remonte pour aller jusqu’au col La deuxième main est au-dessus de la symphyse pour aller palper l’utérus, en apprécier sa taille, voir s’il est douloureux (signe d’infections génitales hautes). Le toucher vaginal permet d’apprécier : • • • • • Face postérieure de la vessie Col utérin : sa position, sa consistance (ferme et élastique), sa taille et sa mobilité Cul-de-sac vaginal postérieur (cul-de-sac de Douglas) Corps utérin : sa position, sa forme, sa consistance, sa mobilité, et les éventuelles douleurs à la mobilisation (s’il y a rétraction des ligaments utérins comme dans l’endométriose, alors l’utérus est figé et rétracté par les lésions, et douloureux à mobilisation) Annexes : en temps normal, on ne les sent pas, sauf en présence de kystes ou de lésions Il faut prendre en compte le fait qu’un droitier explore mieux le côté droit du vagin (il faut donc répéter le toucher avec la main gauche), le toucher est peu concluant sur les patientes obèses puisque la main sus-pubienne ne peut pas sentir l’utérus. En cas d’atrophie vaginale, l’examen doit être fait à un seul doigt. 277 G. Toucher rectal Il n’est pas systématique, mais peut être combiné dans certaines situations : prolapsus, endométriose, patiente vierge, femme âgée. Dans le cas d’un cancer, il est très important de faire ce toucher pour évaluer l’extension loco-régionale du cancer en arrière de l’utérus. Il permet d’apprécier les paramètres (tissu cellulo-graisseux qui se situe en externe par rapport au col et à l’utérus), tissu dans lequel chemine des nerfs et les uretères. III. Troubles de la statique du petit bassin A. Prolapsus génital Un prolapsus est une chute des organes génitaux, utérus et vagin, qui peut parfois être associée à une chute de la vessie et du rectum. A l’aide d’un spéculum désarticulé ne contenant qu’une seule valve, on va pouvoir étudier les 3 étages concernés (antérieur contenant la vessie, moyen contenant l’appareil génital, et postérieur contenant le rectum). B. Douleurs pelviennes Ces douleurs peuvent être aigues ou chroniques, et peuvent survenir dans des circonstances particulières : dyspareunie, dysménorrhée. On doit rechercher une endométriose, qui peut prendre différentes formes. Elle est bénigne si elle se présente par des kystes ovariens, mais peut parfois toucher la vessie, le rectum, ou encore créer des troubles urinaires pendant les règles. C. Incontinence urinaire On ne la voit pas pendant un examen clinique, donc on doit se référer à ce que la patiente nous dit pendant l’interrogatoire. On distingue l’incontinence à l’effort et l’incontinence par impériosités. On peut en revanche demander à la patiente de tousser pendant l’examen pour constater une incontinence à l’effort. IV. Examen des seins Les pathologies mammaires sont particulièrement dominées par le cancer du sein, mais il existe également beaucoup de pathologies bénignes. Des mammographies sont réalisées tous les 5 ans pour dépister les cancers du sein. C’est un examen minutieux, bilatéral et comparatif. Pour le faire, la patiente doit être nue jusqu’à la ceinture. On commence par l’inspection : on doit avoir un bon éclairage pour chercher une asymétrie mammaire (fréquente, pas forcément pathologique), une anomalie de contour mammaire, une modification du galbe (fossette, tuméfaction), une anomalie de surface (ride cutanée, peau d’orange, signes inflammatoires) une anomalie du mamelon (rétraction, déviation, surélévation). La palpation s’effectue avec les mains à plat en appuyant sur le grill costal du plat des doigts (et non les doigts crochetés) cardan par cadran (le sein est réparti en 4 cadrans : inféro-interne, inféro-externe, supéro-externe et supéro-interne), sans oublier le prolongement axillaire. On va palper les seins lorsque la patiente est assise puis debout, les mains sur les hanches pour toucher les cadrans supérieurs, puis lorsqu’elle et allongée, les mains derrière la tête pour palper les cadrans inférieurs. 278 Si on sent un nodule, il est important de le caractériser : nombre, consistance (dur, mou, kystique ou rénitent), contours (bien délimité ou non), sensibilité (douloureux ou indolore), siège, taille et distance par rapport à l’aréole ou sillon mammaire. De plus, on essaie de le faire rouler sous les doigts, selon la manœuvre d’adduction contrariée de Tillaux, pour voir si la masse est attachée à la glande, muscle grand pectoral ou à la peau. On finit l’examen par une pression des mamelons. Un mamelon est l’abouchement de tous les canaux galactophoriques du sein à travers des pores. Une pathologie peut causer : une galactorrhée (écoulement mamelonnaire bilatéral laiteux) qui signe un dysfonctionnement hormonal, ou des écoulements sanglants, pouvant signaler un cancer. En cas d’écoulement laiteux, on cherche le signe de Budin : si l’écoulement ne contient que du lait, ce dernier est entièrement absorbé par la compresse sur laquelle on l’a recueilli, le signe est alors négatif. En revanche, si du pus est présent dans l’écoulement, il ne sera pas absorbé par la compresse et le signe sera positif, le lait est alors infecté, et l’allaitement est contre-indiqué. De plus, un écoulement est inquiétant s’il est unipore et unilatéral. 279 Fiche récapitulative I. L’interrogatoire L’examen gynécologique n’est pas simple, il est important d’instaurer un climat de confiance. La patiente peut avoir du mal à s’exprimer, mais il faut penser à : - Déterminer les motifs de la consultation - Répertorier les antécédents (personnels, familiaux, gynécologiques, obstétricaux, médicaux, chirurgicaux) - Informations sur le conjoint - Faire décrire la symptomatologie fonctionnelle (vocabulaire ++) o Saignements anormaux en rapport avec les règles (ménorrhées) ou pas (métrorragies) ▪ Troubles du cycle : pollakiménorrhée (cycle trop court <20j), spanioménorrhée (cycle trop long >45j), anisoménorrhée (cycles irréguliers) ▪ Troubles de la durée : hypoménorrhée (<3 jours), hyperménorrhées (>8 jours) ▪ Troubles de l’abondance : oligoménorrhées (trop peu abondantes), polyménorrhées (trop abondantes), ménorragies (hyperpolyménorrhée) ▪ Aménorrhée (absence de règles) primaire (jamais de menstruation) ou secondaire (absence de règles depuis 3-6 mois) o Leucorrhées, écoulements non sanglants, physiologique ou pathologique (description couleur, odeur) o Algies pelviennes, aigue/chronique, avec/sans rapport avec le cycle, localisation - Evoquer des troubles sexuels (sujet délicat) o Vaginisme o Dyspareunie, superficielle ou profonde o Baisse de la libido o Anorgasmie - Infertilité (incapacité à tomber enceinte après 2 ans de rapports bien conduits avec le même partenaire) - Pathologie mammaire Le syndrome prémenstruel est un ensemble de symptômes physiques, psychologiques et comportementaux gênants, sans cause organique, survenant régulièrement pendant la phase prémenstruelle et disparaissant ou régressant de façon significative pendant le reste du cycle. II. L’examen clinique 1. L’examen abdominal Il s’effectue en décubitus dorsal, jambes allongées puis semi-fléchies, paroi abdominale bien relâchée Inspection : cicatrices, orifice ombilical, région sus-pubienne, orifices herniaires Palpation : syndrome tumoral abdomino-pelvien, douleur abdomino-pelvienne spontanée ou déclenchée, fosses lombaires (retentissement des pathologies par compression des uretères), ascite 2. L’examen gynécologique Inspection des organes génitaux externes en position gynécologique, qui permet : - Apprécier l’imprégnation hormonale (trophicité des tissus et développement des caractères sexuels secondaires) - Rechercher la présence d’une pathologie infectieuse du revêtement cutanéomuqueux ou des glandes, de séquelles obstétricales ou de malformations vulvo-vaginales. L’inspection permet également de dépister des pathologies hormonales comme des signes de virilisation, aussi appelé hirsutisme (hormono-dépendant), à ne pas confondre avec 280 l’hypertrichose, qui correspond à une simple exagération de la pilosité féminine, indépendante des androgènes. 3. L’examen au spéculum On introduit le spéculum verticalement, puis on le place horizontalement avant de l’écarter afin d’observer le col de l’utérus. Il est important de s’appuyer sur la fourchette vaginale postérieure. On peut alors observer le col, ainsi que la présence éventuelle de leucorrhées ou de saignements anormaux. 4. Frottis cervical Il doit s’effectuer avant le TV, en dehors des règles et en dehors d’un contexte infectieux. Il permet le dépistage du cancer du col. Il s’effectue tous les 3 ans à partir du début de la vie sexuelle de la patiente. Prélèvement double : exocol et endocol. 5. Colposcopie Examen du col au microscope, plus précis que le frottis, s’effectue en 3 temps : 1. Sans préparation 2. Acide acétique (coloration des cellules en multiplication) 3. Lugol (coloration des cellules matures de l’exocol, zone iodonégative (sans coloration) suspecte • 6. Le toucher vaginal Il est bi-digital et bi-manuel. La 2ème main se place au-dessus de la symphyse pour aller palper l’utérus. Il permet d’apprécier la face postérieure de la vessie, le col utérin, le cul de sac de Douglas, le corps utérin ainsi que les annexes. Le TV présente toutefois des limites : un droitier explore mieux le côté droit du vagin (ne pas hésiter à répéter le toucher avec la main gauche), examen compliqué chez les patients obèses, en cas d’atrophie vaginale, l’examen s’effectue à un seul doigt. Enfin, chez une patiente vierge, on évite l’examen au spéculum et le TV. 7. Le toucher rectal Examen non systématique, combiné au TV en cas de prolapsus, endométriose, cancer, chez la femme vierge ou chez la femme âgée. Concernant les troubles de la statique pelvienne, on notera - Le prolapsus génital : chute des organes génitaux pouvant concerner l’utérus et le vagin, mais aussi la vessie et le rectum. Importance d’étudier les 3 étages (antérieur, moyen, postérieur). On utilise un spéculum désarticulé, on n’utilise qu’une seule valve afin d’observer séparément les 3 étages. - L’incontinence urinaire, surtout à l’interrogatoire. On en distingue 2 grands types : l’incontinence d’effort et l’incontinence par impériosité • III. Examen des seins Examen bilatéral et comparatif, effectué sur la patiente assise puis couchée, les mains le long du corps puis derrière la tête. Inspection : asymétrie mammaire, anomalie du contour mammaire, modification du galbe, anomalie de surface, anomalie du mamelon Palpation : avec les 2 mains chaudes bien à plat, appuyant le sein contre le gril costal en essayent de trouver les contours d’un noyau. L’exploration se fait quadrant par quadrant, sans oublier le prolongement axillaire. On recherche également un écoulement au niveau des mamelons par pression des mamelons (pathologie hormonale ou cancer). Un écoulement inquiétant est unilatéral et unipore. Chez la femme enceinte ou qui allaite, il faut savoir diagnostiquer le signe de Budin, indiquant une infection du lait. En cas de nodule, il faut caractériser le nombre (unique ou multiple), la consistance (dur, mou, rénitent), la sensibilité (douloureux ou non), les contours (bien limité ou non), le siège (quadrant), la taille, et son degré de mobilité (recherche d’une fixation au grand pectoral ou à la peau). 281 BIENTOT LA FIN ? ▪ Après une année de bons et loyaux services, il est temps pour nous de PASSer la main. Nous sommes à la recherche de gens PASSionnés qui pourront prendre la relève. => Ne reste pas PASSif et tel un MauPASSant des temps modernes, lance toi dans la rédaction de ta lettre ! A toi de poster sur le site de l'AMPCfusion, section Forum, topic SOLEM (http://www.ampcfusion.com) avant le DIMANCHE 14 MAI 23h59. La suite c’est l’Assemblée Générale d’Election qui aura lieu le MARDI 23 MAI. On aura besoin de vous le plus possible pour élire les nouveaux membres de SOLEM ! 282