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Autrement dit, la question que pose cette troisième catégorie d’aides n’est pas de savoir si
on est « pour » ou « contre ». La question est de savoir comment faire en sorte que ces aides, qui ont
été inéluctables pour libéraliser le marché des services à la personne, ne conduisent pas la France à
entrer dans une politique coûteuse de soutien public indéfini à ces activités alors qu’elle peine déjà à
financer les aides aux personnes fragiles.
Le plan de développement des services à la personne mis en place en 2005 par Jean-Louis
Borloo proposait une stratégie pour y parvenir1.
Cette nouvelle stratégie est fondée sur l’idée que tous les services, y compris les services
à la personne, vont devenir productifs. Ils vont devenir productifs, non parce qu’on les produira plus
vite, mais parce que, grâce aux technologies de l’information, on sera capable de les organiser sur les
lieux de vie des consommateurs, donc de les diversifier et d’en augmenter structurellement la qualité.
Cette nouvelle façon de satisfaire les besoins des consommateurs permettra de mieux les satisfaire et
donc de soutenir une croissance porteuse d’un grand nombre d’emplois non délocalisables.
Il est donc possible de transformer ce qui était une politique de soutien public indéfini à la
création de « petits boulots » en une politique de soutien à l’innovation, une sorte de politique
« industrielle » dans des services d’avenir. Dans une telle perspective, les aides ont vocation à être
réduites et supprimées au fur et à mesure que les services à la personne deviendront productifs. Le rôle
de l’Etat ne consiste plus à freiner le développement indéfini des aides aux services de confort pour
tous les Français, mais à les distribuer à un rythme compatible avec la capacité des acteurs à les utiliser
pour mettre en place une organisation productive des services à la personne.
C’est aussi en facilitant la naissance de tous ces services à la personne productifs que
l’Etat préparera le mieux le pays à satisfaire les besoins croissants des personnes fragiles.
La stratégie du plan I a globalement bien fonctionné mais elle n’en est qu’à son début
Le plan I n’a pas touché les aides accordées aux personnes fragiles. Conformément à la
nouvelle stratégie, il s’est concentré sur les services de confort à tous les Français.
Avant la mise en place du plan I, l’égalité de concurrence entre tous les acteurs
(entreprises privées, association et particulier employeur) était assurée au niveau des aides. Les
Français qui sont imposables bénéficiaient, via une réduction d’impôt sur le revenu, d’une réduction
de prix de 50 %, que le service soit rendu « directement » par un salarié employé par un « particulier
employeur » ou « indirectement » par un salarié d’une entreprise ou d’une association qui vend le
service au particulier.
Dans ce contexte, le plan I a néanmoins ajouté trois nouvelles aides fiscalo-sociales aux
dispositifs existants. En 2007, le coût de ces aides nouvelles apportées par le plan I représente que
449 millions d’euros sur le total de 4,6 milliards d’euros d’aides.
Le plan I a surtout fait en sorte que toute structure qui remplit les conditions requises,
puisse obtenir un agrément « simple », pour les services de confort, dans un délais de moins de 2 mois,
et un agrément « qualité », pour les services aux personnes fragiles, dans un délais de moins de 3 mois.
Ces mesures ont permis d’impulser une nouvelle dynamique aux structures rendant des
services de confort à tous les Français. Les entreprises privées qui n’étaient que de 710 au moment du
plan, sont 2 704 en 2007 et devraient être 4653 en 2008. Pour rendre ces services à tous les Français,
27 540 emplois ont été créés en 2006, puis 48 300 en 2007. Mais la dynamique ne fait que s’amorcer.
1 A la suite de la présentation du rapport n°42 du Conseil d’analyse économique « Productivité et emploi dans le tertiaire » de
Pierre Cahuc et Michèle Debonneuil, Jean-Pierre Raffarin, alors premier ministre, et Jean-Louis Borloo, alors ministre de
l’emploi et des affaires sociales décident de mettre en place un plan de développement des services à la personne