Optimiser les performances et le bien être des utilisateurs de tablettes :

Optimiser les performances et le
bien être des utilisateurs de tablettes :
quelques recommandations
La tablette tactile est entrée dans le cartable des collégiens et compte parmi les outils
d’apprentissage pertinents à bien des égards. Il importe alors de vérifier si son ergonomie convient aux usages et selon quelles modalités.
Un premier point peut être fait sur un élément important dans le choix de déploiement des outils
numériques en milieu scolaire : celui du souhait d’allègement du poids des cartables. Le cartable de
deux enfants de sixième scolarisés pour l’un au collège Gaston Couté de Meung-sur-Loire et doté
d’une tablette iPad, pour l’autre dans un collège non doté de tablettes a été pesé tout au long d’une
semaine.
Tablette
Manuels
Lundi
4,4 kg
4 kg
Mardi
5,9 kg
7,3 kg
Mercredi
5,2 kg
5,7 kg
Jeudi
5,1 kg
6,4 kg
Vendredi
5,9 kg
6,8 kg
Le cartable du collégien doté d’un iPad est au mieux allégé en moyenne d’1 kg. Cela peut s’expliquer
par le fait qu’au-delà des manuels, les cahiers et classeurs continuent à être très utilisés ; la tablette
ne supplante pas encore ces fournitures traditionnelles.
Deux types d’observations ont d’ores et déjà été menées qui permettent de proposer quelques recommandations afin d’éviter que l’outil devienne une source d’inconfort au même titre que d’autres
outils scolaires.
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Les postures d’utilisation des tablettes tactiles ont été observées par des chercheurs américains en
lien avec les angles de flexion de la tête et de la nuque1 ; on en déduit ainsi des recommandations
susceptibles d’éviter les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS).
L’influence du rétro-éclairage par LED des écrans sur la vision est également questionnée2, par les
scientifiques mais aussi par le grand public.
© CLAIRE LORILLARD, RESEAU CANOPE, 2015
Les postures
Les usages scolaires de la tablette tactile sont d’une grande diversité et génèrent donc des modalités d’utilisation variées. De la recherche ponctuelle d’informations à la fabrication de documents –
seul ou à plusieurs – en passant par l’utilisation de fonctionnalités intégrées comme la prise de vue,
l’écoute, le montage audiovisuel, l’enregistrement sonore…, les activités sollicitent des postures de
durée variable et donc des incidences musculo-squelettiques également variables.
La recherche américaine réalisée à Harvard en 2012 a porté sur 4 configurations d’utilisation de deux
types de tablettes distinctes : un iPad2 et une tablette Xoom (Motorola).
Quinze adultes – en position assise sur un fauteuil dont l’assise était à 44 cm de hauteur et le dossier
légèrement incliné, sans accoudoir – ont effectué quatre tâches différentes :
●● une recherche d’informations sur Internet de 5 minutes,
●● une séquence de 3 minutes d’un jeu vidéo,
●● une séquence de 3 minutes de réponses et d’envoi de courriels,
●● le visionnage d’un film pendant 5 minutes.
Ces tâches renvoient à des activités de loisirs chez des adultes.
Les configurations testées
tablette posée sur les genoux
sans support,
une main libre
avec support,
deux mains libres
tablette sur une table
utilisation des mains
visionnage
1 Extraits de l’article en ligne : Touch-screen tablet user configurations and case-supported tilt affect head and neck flexion
angles. Justin G. Toung, Matthieu Trudeau, Dan Odell, Kim Marinelli and Jack Dennerlein, Harvard School, boston School, 2012,
IOS Press.
2Avis de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation de l’Environnement et du travail) : effets sanitaires des
systèmes d’éclairage utilisant des diodes électroluminescentes, octobre 2010.
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Les observations réalisées ont porté sur les angles de flexion de la tête, de la nuque et l’angle craniocervical (port de tête).
Les conclusions et recommandations
Les supports de tablette ont une incidence réelle sur les tensions musculaires de la tête et du cou ;
l’angle de vision qui procure le moins de tension est de 45°, il sera donc intéressant de :
●● solliciter des constructeurs qu’ils prennent en compte ces données,
●● inciter les acheteurs à y être attentifs.
L’utilisation de la tablette à l’horizontal sur la table génère donc des tensions à long terme.
Cependant, l’activité d’écriture avec le support de tablette, peut, si elle dure longtemps, avoir un
impact douloureux sur les poignets et les bras (aucune étude à ce jour n’a été menée sur ce point).
Il est souhaitable d’éviter l’utilisation de la tablette sur les genoux ; une table à la bonne hauteur permet dans une activité où l’utilisation des mains est requise mais aussi dans les situations de lecture
ou de visionnement d’une vidéo de réduire les tensions.
Les auteurs de l’étude rappellent que « le risque est une combinaison de postures, de durée et de fréquence de l’exposition » aux activités. Les observations (portant sur des activités de loisirs chez des
adultes) peuvent être extrapolées sur les activités scolaires. Pendant une séquence en classe, l’utilisation de la tablette est discontinue (temps d’écoute, d’activités, de réflexion se succèdent) ; elle
est également plus diversifiée en matière de tâches (activités en position debout pour des prises de
vue par exemple, puis en position assise pour analyser des données, écrire…) et en matière de durée.
Au collège Gaston Couté de Meung-sur-Loire, dans la mesure où la protection de la tablette ne permet pas un usage en mode incliné (entre 30 et 45°) on privilégiera en mode lecture comme en mode
écriture le positionnement de la tablette en légère surélévation de la partie haute sur une trousse ou
tout autre objet permettant ce confort de travail.
La vision
Les écrans (des ordinateurs, des tablettes, des smartphones) provoquent-ils des troubles de la vision ? On connaît d’ores et déjà les manifestations fréquentes de la fatigue visuelle : difficulté à fixer
un objet spécifique et sécheresse oculaire en particulier. Ces symptômes ne sont pas spécifiques de
l’usage des écrans, ils interviennent en effet lorsqu’une durée longue (plus de deux heures successives) de fixation du regard est sollicitée.
Deux caractéristiques des écrans des outils numériques font l’objet de recherches scientifiques à ce
jour :
●● le rétro-éclairage à l’aide de leds (diodes électroluminescentes),
●● la pixellisation.
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L’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’Environnement et du travail (ANSES)
a produit en octobre 2010 un rapport sur les effets sanitaires des systèmes d’éclairage utilisant des
diodes électroluminescentes3. Les risques identifiés tiennent essentiellement pour cette technologie à la forte proportion de lumière bleue dans les LED blanches d’une part, et aux fortes luminances
(densités lumineuses émises). Les écrans de télévision et a fortiori de tablettes présentent une faible
luminance (347 candela/m2 pour l’IPad avec écran Retina) et ne présentent pas de risques. À titre de
comparaison, une lampe à LED utilisée pour l’éclairage intérieur d’une maison présente une luminance de 10 000 candela/m2.
Pour ce qui concerne la pixellisation, les ophtalmologues constatent que plus la définition d’un écran
est précise et fine moins l’œil se fatigue à distinguer les unités visuelles – les pixels en l’occurrence.
À cet égard les écrans Retina qui proposent une haute définition (2048 x 1536 pixels pour l’iPad audelà de la version 2).
Les activités autour des écrans et sur écran maintenant – avec les tablettes tactiles en particulier – sollicitent l’attention et donc la vision dans des contextes multiples : comme outil de travail et
comme outil de loisir essentiellement. Dans les deux cas, les recommandations sont simples :
●● éviter de tenir l’écran trop près des yeux ;
●● s’obliger à cligner des yeux régulièrement pour empêcher que l’œil s’assèche ;
●● faire des pauses toutes les 20 ou 30 minutes et focaliser pendant ce temps son regard sur un
objet lointain pendant quelques secondes.
L’utilisation des tablettes par les enseignants et les élèves au collège de Meung-sur-Loire est rarement d’une durée supérieure à une séquence de cours (55 minutes) et le plus souvent le temps d’utilisation est fractionné et permet d’accommoder la vision (regarder au loin) et d’éviter l’assèchement
de l’œil.
3Rapport disponible sur le site de l’ANSES : https://www.anses.fr/fr/content/syst%C3%A8mes-d%C3%A9clairage-utilisant-desdiodes-%C3%A9lectroluminescentes-led-des-effets-sanitaires-%C3%A0
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